Le Plan de réduction des émissions du Canada pour 2030 - Annexe 7

Analyse comparative entre les sexes plus

Introduction

L'ACS Plus est un outil d'analyse utilisé par le gouvernement du Canada pour appuyer l'élaboration d'initiatives réceptives et inclusives, notamment des politiques, des programmes et d'autres initiatives. L'ACS Plus est un processus qui permet de comprendre qui est touché par la question abordée par l'initiative ; de déterminer comment l'initiative pourrait être adaptée pour répondre aux divers besoins des personnes les plus touchées ; d'évaluer les inégalités systématiques ; et de prévoir et d'atténuer tout obstacle à l'accès à l'initiative ou à sa mise en œuvre. De plus, l'ACS Plus est une analyse intersectionnelle qui va au-delà des différences biologiques (sexe) et socioculturelles (genre) pour prendre en compte d'autres facteurs, tels que l'âge, le handicap, l'éducation, l'ethnicité, le statut économique, la géographie, la langue, la race, la religion et l'orientation sexuelle, et la façon dont ils se combinent aux systèmes d'inégalité.

Une ACS Plus intersectionnelle est particulièrement pertinente pour comprendre comment les changements climatiques se superposent à une série de problèmes sociaux tels que la marginalisation raciale ou ethnique, la discrimination fondée sur le sexe, les divisions urbaines/rurales et la pauvreté, qui façonnent tous la justice climatique. Outre les risques disproportionnés liés aux impacts climatiques, certains groupes sont sous-représentés dans les industries de la croissance verte qui représentent une part importante de la stratégie canadienne de transition vers une économie carboneutre. Bien que certaines populations soient largement sous-représentées dans la politique climatique, elles peuvent jouer un rôle important dans l'amélioration des résultats climatiques. Par exemple, les connaissances et les pratiques autochtones peuvent contribuer - et contribuent - à accroître la résilience climatique.

Les changements climatiques menacent la santé humaine et exacerbent les inégalités

Les changements climatiques posent un défi aux systèmes de santé du Canada, en ayant un impact sur les soins aux patients et en augmentant les coûts des soins de santé ; ils ont également des effets néfastes sur la qualité de l'air ainsi que sur la sécurité des aliments et de l'eau. L'intensification des changements climatiques aura des répercussions importantes sur la vie quotidienne des Canadiens, notamment en raison de l'irrégularité du climat et des phénomènes météorologiques extrêmes, de la modification des écosystèmes et des répercussions sur les secteurs économiques.

Les communautés autochtones et les personnes vivant dans les régions nordiques et éloignées subissent déjà des impacts disproportionnés des changements climatiques, comme la perte de glace, de neige et de pergélisol dans le nord du Canada, qui a des coûts incalculables sur les infrastructures, le bien-être et les moyens de subsistance des Inuits du Nunangat. L'Institut climatique du Canada a constaté que le coût moyen par catastrophe a augmenté de 1 250 % depuis les années 1970. Le Bureau d'assurance du Canada a constaté que les phénomènes météorologiques violents ont causé 2,1 milliards de dollars de dommages assurés en 2021 et a déclaré que la « nouvelle norme » pour les pertes assurées dues aux phénomènes météorologiques violents au Canada est de 2 milliards de dollars par anNote de bas de page 1 . Les pertes non assurées sont estimées au double de ce montantNote de bas de page 2 .

Prendre des mesures pour atteindre les objectifs d'émissions du Canada pour 2030 et 2050 peut contribuer à réduire les risques d'impacts négatifs des changements climatiques. Comme l'a souligné le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son récent rapport intitulé Changement climatique 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité, il existe une corrélation directe entre la vulnérabilité des humains et celle des écosystèmes. Si les changements climatiques touchent tout le monde, leurs effets sont profondément discriminatoires et touchent plus durement les éléments les plus vulnérables de la société, notamment certaines populations de femmes, d'enfants, de personnes économiquement défavorisées, de personnes racialisées, de personnes âgées, de personnes handicapées, etc. Les personnes qui subissent des inégalités systémiques dues au racisme, au colonialisme et à d'autres systèmes d'oppression, ainsi que des obstacles supplémentaires dus à leurs facteurs sociaux, économiques, culturels et/ou à d'autres facteurs identitaires, sont exposées à des risques accrus et à des impacts disproportionnés dus aux changements climatiques. Cette situation peut être encore exacerbée si l'on tient compte des facteurs identitaires qui se croisent. 

Les facteurs en amont des inégalités en matière de santé, notamment les structures sociales, culturelles, économiques et politiques, ainsi que les systèmes d'oppression existants, dont le racisme systémique, le colonialisme et les changements climatiques, entraînent une répartition inégale du pouvoir et des ressourcesNote de bas de page 3 . Les personnes qui subissent de manière disproportionnée les effets négatifs des changements climatiques sur la sécurité alimentaire « sont celles qui souffrent déjà d'un lourd fardeau de mauvaise santé, comme les personnes à faible revenu, les personnes âgées, les membres des communautés racialisées, les ménages dirigés par des femmes seules et les personnes handicapées »Note de bas de page 4 . Les peuples autochtones, en particulier, subissent les effets disproportionnés des changements climatiques, qui ont des répercussions négatives sur leur relation unique avec la terre. L'insécurité alimentaire est nettement plus élevée dans le Nord canadien que dans le reste du pays, et les obstacles à l'accès des peuples autochtones aux aliments traditionnels persistent. En 2019, la proportion d'autochtones souffrant d'insécurité alimentaire modérée ou grave était plus de deux fois supérieure à celle de l'ensemble de la populationNote de bas de page 5 .

Il existe également un nombre croissant de documents confirmant une corrélation entre les événements climatiques et une augmentation significative de la violence sexiste et des agressions sexuelles. Par exemple, les femmes sont plus susceptibles de subir des violences domestiques à la suite d'événements extrêmes tels que des inondations, et les femmes qui subissent des violences après une inondation sont plus susceptibles de se déclarer dépressivesNote de bas de page 6 ; le rétablissement et la reconstruction prolongés (après une catastrophe) peuvent laisser les femmes et les filles déplacées dans des camps et des abris où elles courent un risque accru de subir des violencesNote de bas de page 7 .

La capacité d'adaptation des individus à faire face ou à gérer les impacts des changements climatiques est directement influencée par l'accès aux ressources économiques et autres, et les recherches ont établi que les ménages à faible revenu éprouveront le plus de difficultés à s'adapter aux changements climatiquesNote de bas de page 8 . Il est prouvé que la réduction de la pollution par le carbone peut contribuer à améliorer les résultats en matière de santé et le bien-être des communautés, en particulier des enfants, des personnes âgées, des personnes souffrant de handicaps physiques ou mentaux et des personnes à faible revenu. En outre, les politiques visant à développer l'utilisation de l'électricité propre peuvent améliorer la qualité de l'air et réduire l'exposition aux polluants atmosphériques. Ces avantages pourraient profiter à un large éventail de personnes, en particulier celles qui résident dans les zones urbaines et suburbaines (plus de 80 % des Canadiens) et celles qui souffrent de troubles respiratoires ou d'autres problèmes de santé.

Soutenir les collectivités pour un avenir à faible émission de carbone

La transition vers une économie à faible émission de carbone présente des défis et des possibilités pour les travailleurs et les collectivités du Canada. Il est essentiel que les travailleurs des industries à forte intensité de carbone, comme les travailleurs de l'énergie, soient soutenus pour acquérir les nouvelles compétences dont ils ont besoin pour prospérer dans une économie carboneutre diversifiée. L'accès aux solutions d'adaptation et d'atténuation dépend d'une série de facteurs favorables qui sont souvent moins faciles à obtenir pour les communautés autochtones. À l'avenir, il sera important que les politiques soient adaptées aux besoins locaux et que les travailleurs et les communautés soient au centre des efforts de création d'emplois et de diversification.

Lorsque de nouveaux emplois sont créés, certains groupes démographiques sont plus susceptibles d'en bénéficier en raison de multiples facteurs, notamment une plus forte représentation dans certains secteurs. Par exemple, les recherches montrent que les emplois dans le secteur de l'environnement et des technologies propres sont majoritairement occupés par des hommes, qui représentaient 71,8 % des travailleurs en 2017Note de bas de page 9 . En outre, la persistance des écarts salariaux selon le sexe et la race laisse penser que les nouvelles possibilités d'emploi apporteront moins d'avantages aux femmes et aux communautés racialisées au Canada. En comparant les salaires horaires médians des femmes et des hommes (âgés de 15 ans et plus) travaillant à temps plein en 2021, les femmes gagnaient 88 cents pour chaque dollar gagné par les hommesNote de bas de page 10 . Les données du recensement montrent qu'un écart salarial entre les travailleurs racialisés et non racialisés persiste, les hommes racialisés gagnant 78 cents pour chaque dollar gagné par les hommes non racialisés ; l'écart salarial est aggravé pour les femmes racialisées, qui gagnent 59 cents pour chaque dollar gagné par les hommes non racialisésNote de bas de page 11 . La transition vers une économie à faible émission de carbone représente une occasion de s'attaquer aux inégalités existantes sur le lieu de travail, et d'améliorer les soutiens à la formation pour les personnes confrontées à des obstacles sur le marché du travail en raison de facteurs liés à l'indigénéité, la race, l'ethnicité, l'âge, le sexe et le handicap.  

Conclusion

Le Plan de réduction des émissions 2030 devrait profiter à divers groupes de personnes au Canada en contribuant à atténuer les effets négatifs des changements climatiques et en renforçant la capacité du Canada à atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Le plan comprend également plusieurs mesures conçues pour bénéficier directement aux collectivités touchées par les changements climatiques et à celles qui cherchent à réduire leur impact sur les émissions de gaz à effet de serre, notamment celles qui vivent dans des collectivités éloignées et rurales.

Ces engagements visent à accroître l'ambition du Canada et à réduire l'intensité et la fréquence des effets des changements climatiques sur l'environnement, comme les températures plus élevées, les régimes de précipitations variables, l'élévation du niveau de la mer, l'acidification des océans, les inondations graves, les feux de friches, les sécheresses et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes. Cela profitera aux groupes qui sont touchés de manière disproportionnée par les effets négatifs des changements climatiques, notamment les enfants, les communautés à faible revenu, les personnes âgées et les peuples autochtones. L'optique climatique intégrée, telle qu'elle est présentée au chapitre 5.1, sera mise à profit pour veiller à ce que ces aspects soient dûment pris en compte lors de la phase de développement et de conception des programmes des politiques et actions individuelles qui découlent du PRE 2030.

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