Changements climaTIQUES : maladies infectieuses, tiques et réchauffement de la planète
Transcription
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Anita Michalkiewicz: Bonjour et bienvenue à Canadiens en santé, un endroit où nous vous offrons des conversations nuancées avec des experts de la santé. Mon nom est Anita Michalkiewicz, je suis votre animatrice et je suis jointe par Stéphanie Perrier Bélanger, ma co-animatrice. Bonjour !
Stéphanie Perrier Bélanger : Bonjour Anita.
Anita : Bonjour. Aujourd'hui on parle de l'émergence microbienne. Donc on parle avec un expert de la santé, Dr Nick Ogden qui est - attention le titre est très long - chercheur et directeur à la division des sciences des risques pour la santé publique de la direction générale du Laboratoire national de microbiologie à l'Agence de la santé publique du Canada.
Dr Ogden nous parle des maladies transmises par les zoonoses, donc par exemple comme la tique. On parle de maladies infectieuses qui sont de plus en plus courantes au Canada à cause des changements climatiques.
Stéphanie : Exactement, qui sont exacerbées par les changements. On rentre dans le sujet de la maladie de Lyme qui est vraiment un sujet d'actualité pour tout le monde avec le printemps et l'été qui arrive plus tôt que tard, on en parle beaucoup. Donc de quelle façon se protéger, les conseils, astuces, que notre expert nous donne.
On les aborde pendant l'épisode.
Anita : Oui et une petite mention que pendant l'épisode, moi je dis maladie de Lyme. C'est ce qu'on entend souvent dans les nouvelles, mais par contre, il faut dire comme Dr Ogden le fait pendant l'épisode, maladie de Lyme.
Donc une maladie qui est transmise par les tiques. On parle des astuces de comment se protéger contre une piqûre, mais également comment enlever une tique si elle est venue se loger dans notre peau.
Stéphanie : Exactement. Beaucoup de très bonnes informations très pertinentes comme je disais avec le printemps et l'été qui arrive, c'est ne pas manquer.
Anita : À ne pas manquer.
Mais avant de commencer, un petit mot de nous.
Le balado Canadiens en santé vous est présenté par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada. C'est une conversation et non un communiqué de presse, donc nos conversations ne vont pas toujours refléter les politiques officielles du Gouvernement du Canada.
Donc allons-y, parlons de l'émergence microbienne
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Anita : Alors, bonjour Dr Nick Ogden. Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Nous faisons un épisode super intéressant et important, mais je voulais commencer par votre titre, parce que c'est un titre qu'il faut décortiquer un petit peu.
Vous êtes chercheur principal et directeur de la division des sciences des risques pour la santé publique et vous faites de la recherche sur l'évolution des risques, des impacts des changements climatiques sur les zoonoses et les maladies transmises, à transmission vectorielle.
Donc, pour les gens qui nous écoutent, pourriez-vous nous expliquer qu'est-ce que vous faites concrètement?
Dr Nick Ogden : Mes recherches, mes travaux sont principalement axés vers comprendre où et quand le public va être à risque d'attraper une maladie infectieuse.
Il y a beaucoup de maladies infectieuses, mais notre spécialité, un petit peu, c'est les zoonoses. C'est les maladies transmises des animaux chez les humains.
Souvent, c'est les maladies de la faune ou les infections des pathogènes qui sont maintenus par la faune, par exemple la rage, qui sont directement transmises d'un animal infecté à un humain. Ou par un la piqûre d'un insecte ou une tique qui pique l'animal. Après ça, ça piqûre nous et transmettent le pathogène.
Il y a aussi des zoonoses qui sont présentes dans les fermes et qui peuvent être et nous pouvons être infectés par contact direct aussi contamination de l'eau et aussi contamination de de la nourriture
Anita : Donc quand on parle de zoonoses finalement c'est toute infection qui pourrait surgir d'un animal ou d'un insecte, de contact direct ou d'une piqûre.
Dr Ogden : Oui, il y a des maladies vectorielles que nous étudions qui sont transmises directement ou par un maringoin d'une personne à l'autre. Donc, les maladies comme la dingue, chikungunya et zika.
Anita : Et là donc, je vois aussi que dans votre titre on parle des impacts des changements climatiques. J'imagine ça c'est une partie de votre travail qui est plus récente.
Dr Ogden : Oui, mais on a commencé pas mal en 2003 à penser de l'impact. La première étude faite par les professionnels de de l'Agence de la santé publique à l'époque Santé Canada, a été publiée en 2002. C'est un rapport qui a rassemblé des experts pour c'est quoi potentiellement les effets des changements climatiques sur les maladies infectieuses.
Et beaucoup de personnes qui ont commencé à chercher mondialement parmi les maladies les plus sensibles à la météo et le climat. C'est les maladies à transmission vectorielle, c'est-à-dire les maladies transmises par les tiques et les maringoins, parce que le cycle de vie des maringoins et des tiques est tellement affecté par la température et la précipitation de la pluie, l'humidité.
Donc la survie des vecteurs ou il peut s'établir des populations, ça dépend du climat.
Anita : Donc quand on parle de vecteur on parle vraiment des insectes ou des animaux qui peuvent avoir une certaine maladie.
Dr Ogden : C'est donc certaines personnes parlent des animaux comme les vecteurs, mais dans mon contexte les vecteurs sont les tiques et les maringoins.
Les animaux sont les, on les appelle les réservoirs, c'est l'animal réservoir, qui est, qui est, l'hôte naturel pour le bactérie ou le virus qui qui est transmis par les vecteurs,
Anita : Mais c'est super intéressant, parce que quand qu'on parle de changements climatiques, on n'a pas nécessairement subitement l'impression que ça pourrait avoir un impact sur des maladies. Je sais qu'on en entend un petit peu parler de plus en plus aux nouvelles, mais vous, ça fait vraiment depuis 20 ans que vous regardez la situation.
Dr Ogden : Exactement, exactement.
Et la première maladie à transmission vectorielle que nous avons commencé, ou considérait le plus un risque pour nous, c'était pas mal la maladie de Lyme, qui est transmise par la tique vectrice, la tique à patte noire.
C'est la raison pour ça qu'on pense, on a constaté que le les changements climatiques vont faire plus propice l'environnement vers le nord au Canada et dans l'hémisphère du Nord pour l'établissement des populations des vecteurs et la maladie à transmission vectorielle qui était pas vraiment au Canada à l'époque en 2003, c'était la maladie de Lyme, mais c'était pas loin.
C'était donc dans les places les plus à risque, c'était les États-Unis qui sont nos voisins. New York, le Vermont, New Hampshire et Wisconsin et cetera. Donc proche de nous, donc peut-être ça va pas prendre beaucoup de réchauffement pour que la tique va monter vers le nord.
Anita : Donc on va parler un petit peu plus en détail des tiques et des moustiques un peu plus loin et de la maladie de Lyme qui peut être transmise par les tiques, mais avant de vraiment nous lancer là-dedans, je voulais savoir un peu. Vous, vous êtes passionné du sujet comme qu'on l'a mentionné. Ça fait vraiment des années que vous travaillez là-dedans, mais ça n'a pas commencé comme ça.
Vous avez commencé là, vous avez un parcours un peu différent. Donc parlez-nous de votre parcours. Qu'est-ce qui vous a mené à ce à cet emploi.
Dr. Ogden : Bien, j'ai commencé ma vie de travail, j'étais vétérinaire dans le Nord d'Angleterre. J'étais vétérinaire pour les fermes d'élevage des animaux d'élevage et il y avait un moment que j'ai constaté un de mes clients qui était un prof de d'une école d'agriculture, qui a construit pour lui-même un établi pour les veaux, qui était dessiné avec toute notre connaissance sur la transmission des maladies respiratoires, et qui sont un problème important de santé pour les élevages des veaux.
Et donc, il a construit ça pour être un environnement le plus propice pour les veaux et qui va mettre le risque d'une épidémie respiratoire, d'une maladie respiratoire, le moins possible, mais il a ouvert l'édifice rempli de veaux deux semaines plus tard : épidémie de maladie respiratoire.
Et j'ai réalisé que notre connaissance est trop faible. C'est-à-dire qu' on a beaucoup de recherches à faire et avec plus de réflexion, j'ai pensé savoir plus sur la transmission des maladies infectieuses chez la faune, les animaux, l'origine de nos maladies infectieuses. Ça va nous aider à plus comprendre l'écologie de ces pathogènes pour être mieux capable de mettre en œuvre des méthodes de prévention plus efficaces.
Mais à l'époque, la seule maladie en Angleterre que j'ai été capable de trouver le subventionnement, c'est pour la maladie de Lyme, donc j'ai commencé à faire, j'ai fait un doctorat sur l'écologie de la Borrelia burgdorferi qui est le la pathogène qui cause la maladie de Lyme.
Anita : Donc, vous travaillez avec les tiques depuis bon nombre d'années.
Dr Ogden : Oui, j'ai travaillé avec les tiques qui transmettent la maladie de Lyme, les zoonoses qui affectent la santé publique, mais aussi en Afrique avec les autres maladies transmises par les tiques qui sont très importants pour l'élevage des animaux d'élevage.
Anita : On n'entend pas souvent parler de maladies transmises par les tiques. Je pense maintenant un peu plus au Québec, surtout on entend beaucoup plus parler de la maladie de Lyme, mais quand on parle de changements climatiques, ça c'est un volet qui est nouveau à la conversation.
Donc, parlez-nous de l'importance de parler des changements climatiques par rapport à votre travail.
Dr Ogden : C'est effectivement mon travail. Ici, au Canada a commencer avec l'hypothèse que les changements climatiques vont permettre l'émergence des maladies infectieuses, particulièrement la maladie de Lyme.
Au Canada, par le fait de faire le Canada plus propice pour l'établissement des populations de tiques vectrices, la tique à pattes noires. Donc, on a commencé avec un projet de modélisation, c'est de la modélisation mathématique, mais avec beaucoup de compréhension expérimentale et avec des études sur le terrain, pour comprendre c'est quoi les effets de la température particulièrement sur le cycle de vie de cette tique.
Avec ça, on était capables d'identifier un seuil de climat au-dessus duquel la tique est capable d'établir les populations et en dessous de ça c'est trop froid pour la tique, parce que la tique n'était pas capable de compléter son cycle de vie.
Donc ça c'est une hypothèse que ça c'est le seuil, mais on a fait des cartes de ça on avoue qu'il y a des endroits au Canada qui sont possiblement déjà propices, mais l'autre chose que nous avons constaté, c'est que le Canada était juste sur le seuil pas mal et ça prend pas beaucoup de changement climatique que le sud du Canada devient considérablement propice pour la tique.
Donc, nous sommes allés sur le terrain pour identifier, pour voir, est-ce qu'on a l'évidence que la commence à s'établir au Canada et on a commencé à trouver des tiques, pas beaucoup densité assez faible, mais l'évidence qu'ils sont en train de s'établir, des populations sont en train de s'établir.
Anita : Puis est-ce que c'est une émergence assez rapide, est-ce que c'est des changements qui sont rapides? Parce que là, on voit même avec notre hiver, on en parlait tout à l'heure, avec notre hiver québécois qui n'en est pas un, cette année, on se demande, est-ce que ça va devenir encore plus rapide? Est-ce que c'est une émergence qu'on voit?
Dr Ogden : Cette émergence de la maladie de Lyme a probablement commencé en 200,2 2003. Puis il y avait au Canada, à part du fait qu'en Colombie Britannique, il y a une autre tique qui est l'étendue géographique de cette tique est tellement plus large parce que le climat est plus doux, plus doux en Colombie Britannique. Là, mais on a commencé à constater l'émergence de cette tique en 2007, 2008. Et, par la suite, on a constaté l'augmentation en 2009, nous avons fait la maladie de Lyme une maladie à déclaration obligatoire nationalement et on a depuis ça commencé à voir le nombre de cas, ça augmente pas mal chaque année.
Anita : Donc, quand c'est identifié aujourd'hui, il faut que les gens le reportent il faut que ça soit rapporté ou année 2000, donc à partir de quelle année?
Dr Ogden : 2009.
Anita : Donc, à partir de 2009, c'est rapporté au gouvernement.
Dr Ogden : Et on a des donné des provinces parce que c'était rapportable avant dans certaines provinces. Donc, il y avait des données un petit peu avant, mais nous avons fait beaucoup d'études de surveillance sur terrain pour chercher les populations de tiques et nous avons depuis comme 1995, un système de surveillance passive qui était pour voir, est-ce qu'il y a des choses qui changent.
Ça, c'est l'implication des vétérinaires, des cliniques médicales, pour voir s'il y a des on peut voir l'émergence de cette tique.
Stéphanie : Est-ce qu'il y a des zones au Québec, en Ontario, qu'est-ce qui explique que certaines zones sont plus touchées par la présence des tiques que d'autres régions? Je me suis toujours posé cette question.
Dr Ogden : Premièrement, c'est les régions qui sont propices en termes de climat. C'est-à-dire que le climat ou la température est au-dessus d'un seuil pour les 2 à 3 années de la durée de cycle de vie des tiques qui est trois années. Donc, il y a trois stades de cette tique et il y a un long développement entre chaque stade qui dépend de la température.
Le plus chaud, le plus court, cette période, le plus froid, le plus long et éventuellement, si c'est trop froid c'est trop froid pour la tique est pas capable de compléter son cycle de de vie.
Donc, on a premièrement, il faut avoir le climat qui est propice, deuxièmement, il faut avoir les forêts, parce que la forêt protège la tique des températures très basses en hiver et la température haute et la chaleur en été.
Et aussi, la forêt garde l'humidité qui est important pour la tique aussi, mais encore plus important la tique est un parasite obligatoire la tique doit prendre un repas des animaux et c'est une tique qui est un parasite effectivement de la faune.
Les cerfs, les rongeurs, les écureuils, les tamias et les oiseaux.
Donc, la tique et ces animaux sont les hôtes normaux pour la tique, mais la tique elle est capable de prendre le repas de n'importe quel animal et aussi, si nous nous promenons dans la forêt, nous aussi.
Anita : Donc elle survit les hivers canadiens, la tique?
Dr Ogden : Oui, ça c'est une chose que beaucoup de personnes ont pensé que c'est le froid en hiver qui a protégé nous nous contre l'émergence de cette tique. Mais un collègue de Winnipeg a fait des études sur le terrain pour et a placé les tiques dans les forêts vraiment dans le Nord, et il a constaté que dans la couche forestière, la température reste peut-être -5.
Anita : Quand vous dites couche forestière vous…
Dr Ogden : Ça c'est en dessous, les feuilles.
Anita : Donc, elles sont bien protégées
Dr Ogden : Et là, la température est de moins 5, mais les tiques ont un petit peu d'antigène dans leur corps. Ils sont protégés contre le, mais dans l'air c'est moins 40, mais là-bas c'est -5 et les tiques survivent très bien. Donc, c'est l'effet de la température entre printemps et été qui a l'effet sur le durée du cycle de vie.
Stéphanie : Est-ce qu' une saison pendant laquelle, est-ce que l'été dans ce cas-là demeure la saison qui est la plus à risque?
Dr. Ogden : Oui, il un effet de la température sur le développement et la longueur du cycle de vie, mais aussi sur l'activité La tiques est un arthropode et si c'est trop froid, elle ne peut pas bouger, donc c'est pendant le printemps, fin du printemps jusqu'au commencement de l'automne, qui est la saison la plus importante pour la transmission, pour l'activité des tiques et pour le risque pour la maladie de Lyme.
Mais ce sont aussi les période où les personnes se promènent dans les dans les forêts aussi.
Anita : Donc on parle de tiques, de changements climatiques, il faut, il fait un peu plus chaud, est-ce que c'est qu'il y a plus de tiques, est-ce qu'elles sont plus actives est-ce qu'on les reporte plus ou c'est une combinaison de tout ça?
Dr Ogden : C'est une combinaison. Un, la tique est en train de, la zone géographique où on trouve les tique c'est en train de devenir, ça monte vers le nord tout le temps. Derrière cette frontière, il y a plusieurs choses qui arrivent en même temps, une c'est, derrière ça les populations augmentent, le nombre de tiques augmente tout le temps. Le cycle de vie est long, donc ça prend beaucoup d'années avant qu'on ait le nombre maximal de tiques. Et aussi avec le, on augmente le nombre de tiques, les cycles de transmission de la bactérie causant la maladie de Lyme, Borrelia burgdorferi, ça augmente aussi. Et donc on a derrière la frontière on a de plus en plus de tiques et de plus et plus de tiques infectées.
Anita : Oui parce que ça c'est important de faire la distinction c'est que pas toutes les tiques sont porteuses de la bactérie qui cause la maladie de Lyme, donc pas toutes les tiques sont nécessairement dangereuses. On va faire la distinction.
Dr Ogden : Il faut, ils ne sont pas nécessairement des vecteurs pour la maladie de Lyme, mais ça dit pas que c'est une tique qui ne porte aucun risque pour la santé publique, parce que nous avons des autres tiques ici qui sont capables de transmettre d'autres pathogènes. Heureusement, c'est assez rare d'être piqué par soit une tique et aussi, normalement la proportion de ces tiques infectées par les autres pathogènes est très faible.
Anita : Donc la tique peut être porteuse de plusieurs différents pathogènes et elle peut s'attacher à une personne ou, comme on a mentionné plus tôt, à un animal de compagnie également. Donc c'est pas juste les humains, nos animaux de compagnie peuvent nous amener la tique à la maison, c'est ça?
Dr Ogden : Oui oui, c'est vrai, donc la prévention de la maladie de Lyme ça dépend de nos actions pour prévenir les piqûres de la tique. Porter des vêtements, les pantalons…
Anita : Parlons de la prévention justement.
Dr Ogden : C'est de porter les pantalons longs, si possible, mettre les pantalons dans les bas parce que ça va permettre de prévenir les tiques de monter à l'intérieur des pantalons. Ouais, c'est pas très cool comme look mais voilà. Porter les chemises à manches langues ou porter les vêtements à couleurs légères donc couleur pâle, qui sont, et on est plus capables de voir les tique qui montent.
Anita : Ça fait le contraste…
Dr Ogden : Parce que la tique c'est pas comme un maringoin, c'est pas, ça ne vole pas, ça ne fait pas juste une piqûre et…
Anita : Est-ce que ça saute ou ça fait juste s'accrocher?
Dr Ogden : Non non, ça reste juste en embuscade dans le fond de la forêt et quand quelqu'un passe ça s'accroche à nos vêtements et ça monte et la tique va essayer pendant plusieurs minutes et ou peut-être des heures, essayer de trouver une place pour s'accrocher à notre peau pour creuser un trou, pour s'attacher, pour s'établir, pour prendre un repas qui peut durer une semaine.
Oui, oui, donc c'est vraiment différent que, en termes de animal qu'un maringoin.
Stéphanie : D'où l'importance de rester dans les sentiers le plus possible et d'éviter d'aller.
Dr Ogden : Dans les, oui c'est les, quand on est dans le forêt, restez dans les sentiers c'est une bonne chose. Nous avons fait des études sur ça et la densité des tiques sur les sentiers normalement c'est très faible si on se promène le plus, promène dans la forêt, vraiment dans le bois, le plus on a la possibilité de trouver une tique.
Anita : OK. Stéphanie, moi je sais que tu es une grande passionnée du plein air.
Stéphanie : Oui.
Anita : Quand tu vas te promener dans le bois ou peu importe, j'imagine tu restes dans les sentiers en général, mais côté vêtement, est-ce que c'est quelque chose à quoi tu penses?
Stéphanie : Moi de mon côté on a un chien aussi donc c'est certain que le chien est protégé de son côté le plus possible et de mon côté ce qu'on fait c'est qu'on essaie de se mettre leggings par-dessus les bas de randonnée, donc d'être protégé le plus possible…
Anita : Donc, tu fais déjà toutes les bonnes choses…
Stéphanie : On fait ce qu'on fait. Ce qui m'amène à une question pour vous, si c'est arrivé à plusieurs reprises, que pitou ramène une tique à la maison, donc en fait ma première question pour vous c'est de quelle façon inspecter les pattes de nos chiens, pour éviter.
Dr Ogden : Mais il y a des traitements de qui, et pour nous aussi, quand nous nous promenons, nous prenons une marche dans la forêt, les, utiliser les chasse-moustiques, qui contiennent le DEET et l'icaridine, ça marche aussi pour les tiques. Donc, ça c'est quelque chose que je j'utilise toujours et il y a des choses équivalentes pour les chiens aussi, donc c'est important, je pense que les produits pour les chiens sont les choses qui durent plus longtemps. On n'a pas besoin de les mettre à chaque fois qu'on sort, mais évidemment, il faut consulter votre vétérinaire pour savoir les produits les plus efficaces.
Stéphanie : Puis si je reviens dans l'auto, par exemple si j'inspecte les pattes de mon chien et je trouve une tique.
Anita : Puis est-ce que, c'est pas juste les pattes, ça pourrait être aussi sur le poil.
Stéphanie : Alors, qu'est-ce qu'on fait?
Dr Ogden : Mais, je pense que c'est une, quand la tique est accrochée, c'est peu probable que ça va décrocher et nous piquer. Donc, je suggère que vous prenez les conseils de votre vétérinaire pour ça, mais je dis pas mal la même chose pour nous. Après avoir essayé de prévenir une piqûre des fois on a des tiques que nous nous avons trouvé dans la forêt mais ils sont encore sur les vêtements. Quand on revient à la maison, si on lave les vêtements et les mettons dans le la sécheuse pour comme 10 minutes. Le chaud, la température élevée, ça va tuer les tiques.
Après ça, il faut s'examiner pour les tiques, parce que, comme je dis, les tiques accrochent. Il prend et…
Anita : Et ça s'accroche où habituellement? Ça peut être n'importe… il faut inspecter derrière les oreilles, le dos.
Dr Ogden : Exactement.
Anita : Même… n'importe où.
Dr Ogden : Non, on trouve chez les, chez les rangeurs c'est souvent autour de la tête, mais la raison pour ça c'est, les rangeurs s'examinent. S'ils trouvent des tiques…. et un petit peu le même pour les chiens aussi.
Donc, oui, on enlève les tiques, c'est important, avec une pince, il y a des illustrations, des vidéos sur notre site Web comment, c'est quoi la meilleure méthode pour faire ça. Et ça c'est important parce que la tique, si la tique est infectée, ça va pas transmettre transmettre la bactérie immédiatement. Ça prend peut-être un jour, 2 jours pour que les bactéries dans la tique, qui sont dans l'estomac de la tique, se dispersent dans le corps de la tique et arrivent dans les glands salivaires d'où elles sont livrées dans notre peau par la salive de de la tique. Donc, si on enlève la tique, pour la plupart si on trouve les tiques et on les enlève, on va éviter les infections pour la plupart. C'est parmi les méthodes de prévention les plus efficaces.
Stéphanie : Puis on en parlait tantôt Anita et moi, on se demandait du moment qu'on trouve si après une randonnée les vêtements sont la sécheuse, après ça on s'examine, et je trouve une on l'enlève. Comment on en dispose par la suite?
Dr Ogden : Si tu, on l'écrase un petit peu, on la met dans la poubelle, oui pas mal.
Anita : Donc il y a pas de protocole spécifique on peut juste l'écraser.
Donc, on a parlé des vêtements clairs, de bas sur les pantalons, on s'examine en revenant, on examine nos enfants, le chasse-moustique, on arrive à la maison on peut s'examiner, examiner pitou, examiner les enfants, si on trouve une tique on peut essayer de de la sortir avec une petite pince. Toutes ces étapes-là sont également étalées sur le site web qu'on va mettre en description de l'épisode.
Dr Ogden : Oui, oui.
Anita : Est-ce qu'il y a d'autres façons qu'on peut prévenir, par exemple autour de la maison, parce que les tiques se retrouvent autour de la maison également.
Dr Ogden : Oui, si on demeure dans une place avoisinante d'une une forêt on peut avoir des rongeurs qui se promènent dans le jardin, ils portent les tiques dans le jardin, donc il y a certaines places où c'est un risque autour de la maison est important partout dans la Nouvelle Angleterre, aux États-Unis, il y a souvent un risque autour de la maison, parce que les maisons sont vont construites dans dans la forêt effectivement.
Donc il y a plusieurs choses à faire - on peut produire des barrières autour de, comme les roches, qui sont pas une place que les rangeurs aiment marcher donc ça produit comme un barrière. Si on coupe le gazon, maintenir le gazon comme un niveau bas, c'est un habitat qui est pas bon pour les tiques, les tiques vont
devenir sèches et vont mourir assez rapidement. Il y a plusieurs choses à faire, il y a encore l'information comment, c'est quoi le bon aménagement de nos corps pour prévenir les tiques. On a cette information sur le site web aussi.
Anita : Mais il faut pas non plus avoir peur là de de sortir dehors, parce que je veux dire aller dehors, aller en nature, ça fait du bien, c'est bon pour la santé. On veut pas non plus que les gens en sortent en se disant mon Dieu Seigneur une autre affaire qu'il faut que…
Stéphanie : Il fait de plus en plus chaud…
Anita : Oui, on veut sortir dehors.
Dr Ogden : Oui exactement. Les randonnées dans la forêt c'est une chose qui est très bonne pour la santé, donc décider de, je fais plus ça, c'est pas un bon choix pour la santé. Mais, il faut s'informer sur le est-ce que le risque pour la maladie de Lyme le région où vous allez faire votre randonné, et après ça, si oui on va prendre les mesures telles que nous avons discuté pour prévenir les piqûres et pour prévenir la transmission si on est piqué.
Donc, c'est une question de de gérer le risque. Si on reste sur les sentiers comme je dis, les probabilités d'être piqué est pas mal faible. Pas zéro, mais avec les autres méthodes, on fait de notre mieux pour réduire le risque.
Anita : Pour certaines maladies infectieuses, c'est, il y a certaines populations qui sont plus à risque, est-ce que pour cette maladie-là il y a des populations qui sont plus à risque ou on est tous vraiment à risque?
Dr Ogden : Je pense que essentiellement pour cette maladie tout le monde est à risque, il y a pas une population qui est plus sensible à cette infection et les enfants et les plus vieux sont piqués plus souvent par les tiques, donc on a constaté et aussi plus souvent infectés. On pense que c'est vraiment parce que les enfants et peut-être les aînés sont, passent plus de temps dans les forêts en été pendant la période d'activité de la tique. Donc c'est une question de exposition pas nécessairement de sensibilité.
Stéphanie : Est-ce qu' existe un remède si une tique, si je me fais piquer par une tique et elle était porteur de la maladie de Lyme. Est-ce qu'il existe un remède?
Dr Ogden : Oui j'ai oublié de dire que pour beaucoup d'endroits où la tique est maintenant établie, si on trouve une tique et il y a une évidence que vous vous avez manqué, la tique a commencé à prendre du sang, on peut aller à la pharmacie ou au médecin pour prendre une, juste une pilule d'antibiotiques.
Donc, et donc c'est souvent efficace si le, si c'est dans la phase immédiate du repas de la tique. Après ça, si on a manqué ça, comme on commence d'avoir les symptômes pour la plupart, les, c'est traitable avec les antibiotiques.
Stéphanie : Les symptômes ressemblent à quoi?
Dr. Ogden : Le premier symptôme c'est, et ça prend comme peut-être une semaine après la piqûre, ou plus, on commence à constater où la tique a piqué, on a une inflammation dans sur l'érythème c'est un érythème migrant, ça devient de plus et plus grand et ça c'est la migration de la bactérie dans la peau et la réaction de notre corps contre la bactérie. Après ça, quelques semaines plus tard, et je veux dire dans cette période on se sent un petit peu grippaux peut-être, après ça, la bactérie commence à se disperser dans le corps et on a le, les autres symptômes plus sévères, neurologiques, cardiologiques, qui sont et on se sent vraiment malade et, mais encore avec les antibiotiques, pour la plupart ces infections sont bien traitables.
Stéphanie : Mais dès qu'on a une rougeur, moi je conseillerais d'aller voir votre pharmacien ou médecin.
Dr Ogden : Exactement.
Anita : Est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui sont affectés par la maladie au Canada et dans le monde?
Dr Ogden : Mais aux États-Unis, maintenant ils ont peut-être 40 000 cas par année rapportés, mais maintenant, aux États-Unis il y a tant de de cas que les médecins rapportent pas beaucoup. Donc peut-être c'est US CDC ont fait des études et ils pensent avec les études sur les demandes d'assurance et informations des laboratoires peut-être c'est environ 400 000 cas par année. Donc c'est un grand nombre de cas. On a commencé à constater au Canada vraiment une grande augmentation du nombre de cas environ 2 à 3000 cas par année et ça va continuer à augmenter malheureusement.
Anita : Est-ce que c'est une augmentation de cas, ou c'est une augmentation de l'information qui circule et les gens sont plus informés, tandis qu'auparavant peut-être ils n'auraient pas su que ah c'est de c'est la maladie de Lyme?
Dr Ogden : On peut pas éliminer la possibilité qu'une une partie de cette courbe épidémiologique est due à l'information, un plus grand nombre des cas rapportés, mais je pense qu'également c'est ce qu'on voit dans l'environnement qui est responsable pour l'augmentation de cas, soit le nombre, la plus grande étendue géographique au Canada affectée, le plus abondant de tiques, la plus grande abondance de tiques infectées.
Anita : Parlez-moi de des recherches et des collaborations à l'internationale, parce que vous vous venez de l'Angleterre, mais vous vous parlez beaucoup des États-Unis également, est-ce qu'il y a de la collaboration qui se fait entre les pays?
Dr Ogden : Oui, il y a une grande collaboration, il y a grande, des partenariats directs avec nous avec, en Angleterre, Belgique, Allemagne, les États-Unis, CDC, les organisations de quelques états de santé publique, les universités, il y a une grande communauté de chercheurs en Europe et Asie aussi, et États-Unis sur la maladie de Lyme et les maladies transmises par les tiques. Donc c'est il y a une grande communauté, il y a beaucoup, beaucoup de recherche sur ce sujet, c'est reconnu comme un problème important mondialement pour la santé publique et on a la possibilité dans quelques années peut-être d'un vaccin donc…
Anita : C'est de bonnes nouvelles.
Dr Ogden : Oui.
Anita : Donc on voit un peu d'espoir et moi je voulais vous demander, si vous aviez un message à passer à nos auditeurs et les gens qui nous écoutent et nous regardent quel serait ce message-là?
Dr Ogden : Pour moi, le message c'est le, malheureusement l'effet des changements climatiques sur les maladies infectieuses, et particulièrement sur les maladies vectorielles, c'est une réalité. C'est, on a vraiment maintenant étudié prochement l'émergence de la maladie de Lyme au Canada et on peut identifier c'est l'empreinte des changements climatiques sur cette émergence. Deuxième chose, ça c'est quelque chose, c'est une réalité maintenant pour nous et nous devrons continuer à faire la recherche pour mieux comprendre c'est quoi les meilleures méthodes d'identifier le risque, prévenir le risque et traiter les personnes affectées et aussi il faut pas oublier que le risque, si on prend les mesures de prévention, le risque est gérable. Moi personnellement je prends les randonnées dans la forêt tout le temps…
Anita : Avec vos chaussettes par-dessus vos pantalons…
Dr Ogden : Ces mesures et parce que c'est bon pour ma santé physique, c'est bon pour ma santé mentale et donc gérer le risque c'est faisable et éviter de faire les sports de plein air c'est pas bon pour la santé.
Anita : Effectivement. Et puis vous, pour conclure notre entretien, je voulais savoir quelle est votre motivation. Vous en avez parlé un peu, mais quelle est votre motivation pour cette passion pour ce sujet?
Dr Ogden : Mais c'est quelque chose qui est important pour la santé publique, c'est quelque chose que je prends à cœur que c'est un devoir que je dois faire, mais aussi c'est fascinant, pour moi, c'est fascinant.
Anita : Merci beaucoup, Dr Nick Ogden de venir nous parler aujourd'hui des tiques et des changements climatiques, on l'apprécie grandement. Merci.
Stéphanie : Merci.
Dr Ogden : Merci.
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Anita : Merci d'avoir écouté Canadiens en santé, si vous nous regardez sur YouTube, n'oubliez pas de cliquer sur le bouton j'aime et de vous abonner à notre chaîne pour rester à l'affût des épisodes à venir. Trouvez-nous partout où vous trouvez vos balados. Pour plus de renseignements sur les sujets abordés, visitez canada.ca santé.
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