Archivée - Décision n° 96-013 CODE CANADIEN DU TRAVAIL PARTIE II SÉCURITÉ ET SANTÉ AU TRAVAIL

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Révision en vertu de l’article 146 du Code canadien du travail, Partie II,
des instructions données par l'agent de sécurité

Requérante : Yellow Freight System
                     Mississauga (Ontario)
                     représentée par : John Curran, chef de service

Défenseur : Teamsters, section locale 938
                  Représenté par : A1 Morrison, vice-président

Mis-en-cause : John MacDonald
                        Agent de sécurité
                        Développement des ressources humaines Canada

Devant : Serge Cadieux
              Agent régional de sécurité
              Développement des ressources humaines Canada

Une audition a eu lieu le 10 avril 1996 à Mississauga (Ontario).

Contexte

Dans une plainte écrite déposée en juillet 1995, un employé de la Yellow Freight System allègue
que son employeur n'utilise plus de cales de roue à ses quais de chargement. Les cales de roue
sont normalement utilisées pour empêcher que les remorques se déplacent par accident pendant le
chargement ou le déchargement. En réponse à la plainte, (agent de sécurité a effectué (inspection
des lieux de travail de la compagnie et a enquêté sur les activités qui se sont déroulées à l’entrepôt
de la compagnie. Dans son rapport narratif, l'agent de sécurité décrit de la façon suivante la
situation relative aux cales de roue :

En ce qui concerne les cales de roue, bien qu'aucune activité de chargement ou de déchargement
de remorque n'ait eu lieu pendant l'inspection, M. MacLauchlan confirme que la Yellow Freight
n'exige pas des employés qu'ils les utilisent lorsqu'ils chargent ou déchargent des remorques à
l'aide de chariots automoteurs. M. MacLauchlan précise que la compagnie n'utilise pas les cales
de roue pour les raisons suivantes :

L'utilisation des cales de roues n'est pas nécessaire lors du chargement et du déchargement
des remorques de Yellow Freight parce que la compagnie a récemment installé des freins à
ressort Anchorlok sur toutes ses remorques.

En actionnant un robinet de commande monté sur le tableau de bord, on évacue l'air du
cylindre du frein à ressort et cette baisse de pression permet à la force du ressort de serrer
les freins de service à action directe.

La Yellow Freight System Inc., dont le siège social se trouve aux États-Unis, a effectué une
étude sur l'efficacité des freins à ressort et a conclu que l'utilisation de ces freins
permettait des économies de temps comparativement à l'utilisation des cales de roues lors
du chargement et du déchargement des remorques et ce, sans impact négatif sur la sécurité.

Des cales de roues sont toujours disponibles aux quais de chargement réservés aux autres
compagnies dont les remorques ne sont pas toujours équipées de freins à ressort.

II est convenu qu'il y aura un examen plus approfondi de ce point et que j'indiquerai sous peu à la
Yellow Freight si l'utilisation des cales de roue est ou non exigée. M. MacLauchlan accepte de
m'envoyer de l'information technique concernant les freins à ressort. Cette information a été reçue
le 11 août 1995.

Après des consultations avec le ministère et avec l'Association de sécurité dans les transports de
l'Ontario, j'ai conclu que, peu importe le genre de système de freins dont les remorques sont
équipées, l'utilisation de cales de roue au moment du chargement et du déchargement des
remorques au moyen de chariots automoteurs est une méthode reconnue et bien établie d'empêcher
que les remorques se déplacent par accident et qu'en conséquence, l'employeur a, en vertu de
l'article 124 de la Partie II du Code canadien du travail, l'obligation générale de veiller à ce
qu'elles soient utilisées.

Des instructions (voir l'Annexe) ont été données en vertu du paragraphe 145(1) du Code canadien
du travail, Partie II (ci-après appelée le Code). L'agent de sécurité a signalé que la Yellow
Freight System contrevenait à l'article 124 du Code et la contravention décrite ressemble à la
modification proposée de la Partie XIV (Manutention et entreposage des matériaux) du Règlement
canadien sur la sécurité et la santé au travail (appelé ci-après le Règlement).

Arguments de l'employeur

L'exposé détaillé soumis par la Yellow Freight System figure au dossier. L'exposé écrit de la
compagnie porte sur les points suivants

1. Le calage des remorques n'est plus nécessaire.
2. Ce système présente plus de risques de blessures.
3. Le Comité de sécurité des Teamsters a approuvé la compagnie lorsqu'elle a cessé d'utiliser
les cales de roue.
4. Le fait de se fier aux cales de roue pour empêcher qu'une remorque soit trop tôt reculée d'un
quai est de la confiance mal placée.

M. Curran signale que le libellé de la description de la contravention figurant dans les instructions
ressemble beaucoup à la modification proposée dont il est question ci-dessus, mais il souligne que
cette modification n'est pas actuellement en vigueur et qu'il n'est pas du tout certain qu'elle sera
appliquée.

M. Curran est inflexible sur ce point. L'utilisation des cales est archaïque; c'est une pratique qui a
été adoptée quand les remorques étaient encore équipées de récepteurs de freinage simples (aussi
appelés freins de service) et de béquilles à roues, ce qui n'est plus le cas. Selon M. Curran, toutes
les remorques de la Yellow Freight Systems sont équipées de béquilles à pied plat et de freins à
ressort qui sont conformes aux spécifications du constructeur et qui constituent des freins de
stationnement tout à fait sûrs.

Les documents soumis par M. Curran expliquent que la différence entre les freins de service
ordinaires et les freins à ressort se situe au niveau de leur fonctionnement. Les freins de service
ordinaires s'appliquent par pression d'air en provenance du récepteur et se desserrent sous l'action
du ressort. Les freins à ressort s'appliquent sous l'action du ressort et se desserrent sous l'action
de l'air comprimé. Lorsqu'on applique les freins de stationnement d'une remorque à l'aide des
freins de service, il se peut que la pression d'air se perde en très peu de temps, ce qui pourrait
permettre à la remorque de se déplacer sous l'action d'un chariot élévateur entrant ou sortant de la
remorque durant les manoeuvres de chargement ou de déchargement. Par conséquent, il est
nécessaire d'utiliser des cales de roues pour empêcher que la remorque ne se déplace par
accident.

Les freins à ressort sont plus perfectionnés et il n'est plus nécessaire d'utiliser les cales de roues
puisque les freins sont appliqués automatiquement quand la remorque est désaccouplée ou, si la
remorque n'est pas désaccouplée, en appuyant sur un bouton monté sur le tableau de bord du
tracteur qui relâche l'air du cylindre et permet au ressort d'appliquer le frein. De fait, les
remorques construites aux É.-U. depuis le ler juillet 1973 et au Canada depuis 1976 doivent, en
vertu de la Norme sur la sécurité des véhicules automobiles du Canada (NSVAC) 121 sur les
systèmes de freinage à air et de la Federal Motor Vehicle Standard (FMVSS) 571.121 des
États-Unis, être équipées de freins qui s'appliquent automatiquement lorsqu'elles sont
désaccouplées de l'unité motrice ou du tracteur de manoeuvre.

Par surcroît, M. Curran pense qu'il est plus dangereux de forcer les manutentionnaires ou les
conducteurs des tracteurs de manoeuvre ou des camions-remorques à circuler constamment autour
des véhicules et sous les remorques pour placer les cales. En ajoutant un deuxième récepteur sur
le système de freinage de tous ses véhicules, la compagnie a effectivement réduit le nombre
d'accidents attribuables à la pose des cales. Elle a mené une étude qui a révélé une réduction de
77 % des demandes d'indemnisation des accidents du travail. Cette réduction appuie l'affirmation
de la compagnie selon laquelle elle fournit à ses employés un lieu de travail plus sûr.

Selon M. Curran, aucun incident sur des remorques qui auraient été éloignées des quais alors que
les freins à ressorts étaient appliqués n'a été signalé, ni aucune blessure liée à cette éventualité. Il
y a cependant des cas où des chauffeurs ont bel et bien, déplacé leur camion en passant sur les
cales et où des cales sont restées bloquées entre les roues des remorques ce qui a créé une
situation dangereuse pour ceux qui se déplaçaient à pied près des remorques et pour d'autres
chauffeurs. En plus de l'utilisation de freins à ressorts sur les propres quais de la compagnie, une
procédure complète l'utilisation de ce genre de freins d'immobilisation pour remplacer les cales
de roues.

L'employeur soumet des renseignements détaillés à l'appui de la règle de la compagnie concernant
la non-utilisation des cales de roue. Par exemple, dans ses exposés oral et écrit, l'employeur
soulève les points suivants :

*  Les freins à ressort représente une amélioration technologique importante par rapport aux
freins de service et tous les camions et toutes les remorques de la Yellow Freight System
sont équipés de ce système de freinage amélioré. Il y a deux unités de freinage à ressort
par essieu.

*  Les freins à ressort sont serrés en appuyant sur un bouton monté sur le tableau de bord
lorsque la remorque reste accouplée au tracteur, ou automatiquement lorsque la remorque
est désaccouplée.

*  Dans un terminal à plusieurs quais, la distance entre les remorques peut parfois être
inférieure à un pied, ce qui crée des problèmes additionnels aux employés qui doivent
poser les cales.

*  Le travail en terminal s'effectue 24 heures par jour, ce qui augmente les risques d'accidents
puisqu'il faut se déplacer entre les véhicules et sous les remorques dans un éclairage réduit
pour placer les cales; les dangers associés au calage sont plus élevés dans ces conditions,
sans compter que les employés doivent toujours circuler autour de véhicules en
mouvement.

*  Seules les remorques de Yellow Freight qui se trouvent au terminal de la compagnie ne
seraient pas calées; on continuera à caler toutes les autres remorques et les remorques de
Yellow Freight se trouvant dans d'autres terminaux, en conformité des politiques de calage
en vigueur aux terminaux en question.

*  La Yellow Freight System Inc. a élaboré et mis en oeuvre une procédure sur
l'immobilisation des remorques (un système de communication) qui détermine les
conditions à respecter pour déplacer les remorques en toute sécurité sans utiliser de cales
de roues.

*  Les essais suivants ont été effectués au centre de consolidation d'Atlanta : un chariot
élévateur, chargé d'une palette d'environ 1 500 à 2 000 livres pour plus de traction, a tenté
de déplacer diverses remorques chargées à différents degrés ou vides dont les freins à
ressort étaient serrés. Les remorques n'ont pas bougé.

*  Une étude a été menée par la compagnie dans l'ensemble du réseau et les résultats
indiquent une réduction importante du nombre de blessures liées au calage des roues; une
réduction de 77 % des demandes d'indemnisation des accidents du travail a été signalée en
conséquence directe de l'installation de freins à ressort sur les véhicules de la Yellow
Freight System Inc

*  Il a été démontré que les freins à ressort immobilisaient efficacement les remorques
pendant les activités de chargement et de déchargement sur les quais.

*  Depuis le moment où la Yellow Freight a mis en oeuvre sa règle concernant la
non-utilisation du calage, il n'y a eu aucun cas où un employé de la compagnie a été blessé
parce que les remorques n'ont pas été immobilisées par des cales. La conclusion de la
compagnie est que, dans les cas des remorques équipées de freins à ressort, il est plus
dangereux d'utiliser les cales de roue que de ne pas les utiliser.

M. Curran a aussi déposé comme éléments de preuve les dépositions d'experts, les décisions
d'organismes de réglementation et les arguments d'un syndicat qui appuie la règle concernant la
non-utilisation du calage. Par exemple :

*  Un agent de la patrouille routière de Californie qui applique les règlements du ministère
des Transports des États-Unis déclare dans son témoignage que les freins à ressort sont
aussi, sinon plus efficaces que le blocage des roues. L'agent a observé au cours de ses
inspections que lorsque les freins à ressort sont serrés, les chauffeurs ne peuvent pas ou
presque pas faire bouger leur camion. Cependant, si les roues sont bloquées et que les
freins à ressort ne sont pas serrés, ils peuvent littéralement passer par-dessus les cales.

*  Aux États-Unis, le Department of Consumer Services de l'Occupational Safety and Health
Division (direction de la santé et de la sécurité au travail) de l'État de l'Oregon a examiné
la question du calage des roues de remorques et de leur chargement et déchargement à
l'aide de chariots de manutention motorisés. On est arrivé à la conclusion qu'il n'était pas
nécessaire de caler les véhicules équipés de freins à ressort puisque ces derniers sont
spécialement conçus pour les empêcher de bouger lorsqu'ils sont au quai de chargement.
On fait cependant remarquer par souci de sécurité que si la remorque n'est pas équipée de
freins à ressort ou que si ces derniers ne fonctionnent pas correctement, on doit poser des
cales sous les roues. Un agent de conformité doit alors documenter qu'un risque existe et
le cas échéant ordonner le calage de la remorque.

*  Après avoir été informé de la politique de la compagnie selon laquelle il faut cesser
d'utiliser des cales de roues pour les remorques et avoir obtenu les statistiques concernant
la réduction des demandes d'indemnisation des accidents du travail, l'International
Brotherhood of Teamsters (des États-Unis) a approuvé l'application plus large de cette
modification de la manière de procéder.

Arguments de l'employé

M. Morrison émet des réserves concernant les décisions présentées comme éléments de preuve et
les statistiques soumises. Il indique qu'elles tiennent compte des exigences des lois américaines
plutôt que des lois canadiennes et qu'il est donc injuste de comparer les deux modèles.
M. Morrisson précise ensuite que bien que les freins à ressort soient de bons freins, ils ne sont
qu'un système mécanique qui peut faire défaut et que, par conséquent, ils ne sont pas totalement
sûrs. De fait, un mécanicien de la Yellow Freight System déclare dans son témoignage qu'à
plusieurs reprises, il a décelé des réglages défectueux des freins à ressort sur certains des
véhicules de la compagnie. Dans certains cas, les freins sont brisés ou si mal réglés qu'ils sont
inefficaces.

Quant au syndicat de M. Morrison, il est d'avis que si la sécurité du chargement et du
déchargement d'une remorque à un quai peut être accrue grâce à l'utilisation de cales de roue,
cette procédure devrait certainement être utilisée.

Décision

L'agent de sécurité a donné des instructions en vertu du paragraphe 145(1) du Code canadien du
travail, Partie II (appelé ci-après le Code) pour une contravention à l'article 124 du Code. Le
paragraphe 145(1) et l'article 124 du Code se lisent comme suit :

145(1). S'il est d'avis qu'il y a contravention à la présente partie, l'agent de sécurité peut
ordonner à l'employeur ou à l'employé en cause d'y mettre fin dans le délai qu'il précise et,
sur demande de l'un ou l'autre, confirme par écrit toute instruction verbale en ce sens.

124. L'employeur veille à la protection de ses employés en matière de sécurité et de
santé au travail.

Par conséquent, ce qu'il faut déterminer en l'espèce c'est s'il y a eu contravention à l'article 124 du
Code. Le Règlement canadien sur la sécurité et la santé au travail (ci-après appelé le
Règlement) actuellement en vigueur ne traite pas de la question d'empêcher que les remorques se
déplacent par accident au cours de leur chargement et de leur déchargement à l'aide de cales de
roue ou de tout autre moyen visant à empêcher qu'elles bougent. Pour qu'il y ait contravention à
l'article 124, il faut démontrer que l'employeur a omis de prendre les mesures nécessaires pour
veiller à la protection de ses employés au travail. Le terme performatif de cette disposition est
« veille à » qui signifie qu'il doit s'en assurer.

L'agent de sécurité s'est en grande partie fondé sur la modification proposée à la Partie XIV
(Manutention et entreposage des matériaux) du Règlement pour justifier ses instructions. Cette
modification proposée dit ceci

14.37(2) Lorsque qu'un appareil de manutention des matériaux motorisé ou manuel est
nécessaire pour entrer dans un véhicule autre qu'un véhicule ferroviaire et en sortir afin de
charger ou décharger des matériaux, des marchandises ou des objets, le véhicule doit être
immobilisé et il faut empêcher qu'il se déplace par accident par des moyens qui s'ajoutent
au système de freinage du véhicule. [Traduction]

I1 faut se rappeler que, comme le souligne M. Curran, il n'est pas du tout certain que cette
modification proposée aura un jour force de loi. Je dois cependant admettre que la modification
proposée est le résultat d'un consensus entre les représentants de l'employeur et des employés qui
ont à coeur de défendre les intérêts des employés et qui connaissent bien l'existence des freins à
ressort et leur efficacité. De toute façon, si la modification proposée est adoptée, il deviendra
obligatoire de respecter cette disposition. Entre-temps, je rendrai une décision sur cette question
en me fondant sur les faits soumis et non sur la modification proposée.

Par le passé, la pratique établie dans toute l'industrie du camionnage consistait à bloquer les roues
à l'aide de cales afin de s'assurer que les remorques qui étaient chargées ou déchargées ne
bougeaient pas. Devant les arguments de la Yellow Freight System, je dois admettre que le calage
des remorques peut être une tâche comportant des risques pouvant avoir de graves conséquences
selon les conditions dans lesquelles le travail est effectué. Il semble que le calage des roues des
remorques aux terminaux de la Yellow Freight ait posé de graves problèmes, peut-être à cause du
grand nombre de remorques stationnées dans un terminal à un moment donné ou du grand nombre
de quais de chargement dans les terminaux. L'on m'informe que la réduction du nombre de
demandes d'indemnisation dont fait état l'étude menée par la compagnie est liée au calage des
roues des remorques. Si c'est le cas, il est alors évident qu'il faut adopter une autre méthode pour
empêcher que les remorques se déplacent par accident pendant leur chargement ou leur
déchargement.

J'accepte l'argument selon lequel les freins à ressort représentent une amélioration technologique
importante par rapport aux freins de service conventionnels. Les freins à ressort sont maintenant
utilisés à titre de freins d'urgence très efficaces. Cependant, ils sont des parties intégrantes du
système de freinage et, à ce titre, ne peuvent être considérés indépendamment de ce système. Le
fait qu'il y ait deux unités par essieu n'est pas suffisant pour en faire un système infaillible puisque
la compagnie reconnaît que la majorité de ses remorques sont des remorques à un seul essieu. Par
conséquent, si une unité tombe en panne, l'efficacité de l'ensemble du système est compromise.

On soutient que les employés peuvent être blessés lorsqu'ils placent les cales de roue sur les
remorques le soir dans de moins bonnes conditions d'éclairage. Cet argument est inadmissible
puisqu'il faut un minimum d'éclairage pour les employés dans n'importe quelles conditions. La
Partie VI (Niveaux d'éclairage) du Règlement peut être utilisée comme référence. Si les employés
sont blessés parce qu'ils trébuchent ou marchent sur des matériaux qui traînent, alors il semble
qu'il existe aussi un problème d'entretien des lieux qu'il faudrait régler sans tarder.

La procédure d'« immobilisation des remorques » élaborée par la compagnie pour appuyer sa
règle concernant la non-utilisation des cales de roue est essentiellement une procédure de
communication qui exige une compréhension approfondie de la méthode utilisée par toutes les
parties intéressées. Le problème avec cette procédure c'est qu'elle varie d'un terminal à l'autre en
fonction de leur taille. Dans certains cas, des miroirs sont utilisés, dans d'autres ce sont des
chaînes colorées, des quais fermés, ou des cones de sécurité qui servent à indiquer quand le
conducteur de tracteur de manoeuvre peut sans danger déplacer la remorque. Il n'y a toutefois pas
de communication directe entre les manutentionnaires et les conducteurs de tracteurs de manoeuvre
et par conséquent, aucun moyen de vraiment garantir que le chargement ou le déchargement d'une
remorque est terminé.

Je remarque également que l'agent de la patrouille routière de la Californie et l'Oregon
Occupational Safety and Health Division ne sont pas catégoriques en ce qui concerne l'utilisation
des freins à ressort. Il est particulièrement intéressant de noter que l'Oregon Occupational Safety
and Health Division reconnaît que, dans certaines circonstances, les freins à ressort peuvent mal
fonctionner et qu'en conséquence, il faut utiliser des cales de roue. L'inspecteur doit vérifier s'il y
a un risque et, le cas échéant, ordonner le calage de la remorque. À mon avis, cette note
d'avertissement nuit vraiment à la proposition selon laquelle les freins à ressort peuvent être
utilisés comme système de sécurité parce qu'elle montre les lacunes du système : il peut y avoir
défaillance des freins à ressort.

Le témoignage de l'agent d'entretien à l'audience est très important en l'espèce parce que ce
mécanicien déclare qu'il a vu des systèmes de freinage dont les ressorts étaient brisés.
Évidemment, il est impossible de déterminer de façon certaine l'état des freins au moyen d'une
simple inspection visuelle. De fait, à part l'inspection d'entretien, il n'existe pas de moyen de
vérifier le bon état des freins à ressort sauf si une remorque bouge et c'est là une situation tout à
fait inacceptable. La conséquence d'une défaillance d'un frein à ressort pendant le chargement ou
le déchargement peut être une blessure grave ou un décès si aucune autre méthode n'est utilisée
pour empêcher que la remorque ne se déplace par accident.

I1 a été indiqué que la règle concernant la non-utilisation de cales de roue est très efficace sur une
surface où il n'y a ni glace ni neige. Bien que ces conditions puissent être courantes à Atlanta,
elles ne le sont certainement pas au Canada où la neige recouvre le sol plusieurs mois par année.
Il serait aussi intéressant d'observer l'effet du mouvement d'une remorque qui est chargée ou
déchargée lorsqu'elle est stationnée sur une autre surface qui présente un coefficient de friction peu
élevé comme du sable, de la boue ou du gravier. Je crois qu'on peut sans problème supposer que
les freins à ressort sont moins efficaces dans ces conditions.

À moins qu'il n'existe un dispositif de blocage qui garantit qu'une pièce d'équipement ou une
machine en particulier n'est pas utilisée ou ne bouge pas pendant que quelqu'un d'autre l'utilise, les
freins à ressort ne sont pas totalement sûrs. Il font partie intégrante du système de freinage et
présente les avantages et les inconvénients d'un système de ce genre. Afin de garantir qu'une
remorque ne bouge pas pendant le chargement et le déchargement, un moyen additionnel
d'empêcher que la remorque se déplace par accident est, à mon avis, nécessaire.
Par conséquent, pour tous les motifs mentionnés ci-dessus, JE CONFIRME PAR LES
PRÉSENTES les instructions données le 5 octobre 1995 à Yellow Freight System Inc. par
l'agent de sécurité John MacDonald en vertu du paragraphe 145(1) du Code canadien du travail,
Partie II.

Décision rendue le 30 mai 1996.

Serge Cadieux
Agent régional de sécurité

DANS L'AFFAIRE DU CODE CANADIEN DU TRAVAIL
PARTIE II - SÉCURITÉ ET SANTÉ AU TRAVAIL
INSTRUCTIONS À LA YELLOW FREIGHT SYSTEM. INC. EN VERTU DU
PARAGRAPHE 145(1)

Le 9 août 1995, l'agent de sécurité soussigné a mené une inspection au lieu de travail exploité
par Yellow Freight System, Inc., employeur assujetti au Code canadien du travail, Partie II, au
6130, chemin Netherhart, Mississauga (Ontario).

L'agent de sécurité est d'avis qu'il y a contravention à la disposition suivante de la Partie II du
Code canadien du travail :

Article 124 du Code canadien du travail, Partie II.

Des appareils motorisés de manutention des matériaux sont utilisés pour entrer et sortir des
remorques au quai de chargement afin de charger ou de décharger des matériaux, des marchandises
ou des objets, et les remorques ne sont pas immobilisées pour éviter qu'elles se déplacent par
accident par des moyens autres que leur système de freinage.

Par conséquent, conformément au paragraphe 145(1) du Code canadien du travail, Partie II, je
vous ordonne de mettre fin à la contravention d'ici le 19 octobre 1995.

Fait à Toronto le 5 octobre 1995.

John MacDonald
Agent de sécurité
n° 1770

Dest. : Yellow Freight System, Inc.
           6130, chemin Netherhart
           Mississauga (Ontario)
           L5T 1137

Décision n° 96-013

RÉSUMÉ DE LA DÉCISION DE L'AGENT RÉGIONAL DE SÉCURITÉ

Requérante : Yellow Freight System Inc.

Défendeur : Teamsters, section locale 938

MOTS-CLÉS

Calage, blocage, totalement sûr, remorque, freins, freins à ressort.

DISPOSITIONS

Code : 124, 145(1)

RÉSUMÉ

Un agent de sécurité donne des instructions à une entreprise de transport parce que celle-ci
n'empêche pas que les remorques puissent se déplacer par accident au moment de leur chargement
ou déchargement grâce à un moyen additionnel au système de freinage du véhicule. La compagnie
soutient qu'il est tout à fait sûr de ne pas utiliser le calage des roues des remorques. Elle utilise la
technologie améliorée que sont les freins à ressort dans le cadre de son système de sécurité pour
empêcher que les remorques se déplacent par accident. L'agent régional de sécurité juge que bien
que les freins à ressort constituent une amélioration technologique, ils font toujours partie
intégrante du système de freinage. Un moyen additionnel est jugé nécessaire. L'agent régional de
sécurité CONFIRMS les instructions.

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