Allocution de Jane Rooney au 5e symposium de recherche mondial de l’OCDE-GFLEC afin de promouvoir l’éducation financière

Discours

Le 18 mai 2018
Paris, France

La texte prononcé fait foi.

Bonjour! Je vous remercie de cette présentation.

J’ai le plaisir d’être ici aujourd’hui pour vous décrire comment l’éducation financière peut contribuer à assurer une croissance durable et inclusive.

On m’a demandé de parler de nos travaux auprès des personnes âgées.

Premièrement, j’aimerais vous décrire certains des problèmes financiers que les aînés doivent surmonter de nos jours au Canada.

Au cours des discussions qui suivront, je vous parlerai des efforts que nous déployons au Canada pour mieux éduquer nos aînés actuels et nos futurs aînés sur le plan financier, ainsi que des avantages de nos travaux pour l’économie canadienne en général.

À l’instar de plusieurs pays développés, la population canadienne est vieillissante. Plus de gens ont maintenant plus de 65 ans que moins de 15 ans.

Le Canada est également aux prises avec une dette élevée des ménages, alors que les chiffres les plus récents nous apprennent que le rapport entre la dette et le revenu disponible atteint 170 %.

Steven Poloz, gouverneur de la Banque du Canada, a émis plusieurs avertissements, aussi récemment que le mois dernier, car la dette élevée des ménages au Canada représente un risque croissant pour la stabilité financière et notre économie.

Nous savons également que le problème de la dette est en hausse chez les aînés.

Nous avons récemment publié une étude intitulée – La littératie financière et le bien-être financier à la retraite au Canada – dans laquelle nous avons constaté ce qui suit :

  • Au Canada, en 2014, 19 % des aînés avaient encore une solde à payer sur l’hypothèque de leur résidence principale, par rapport à 16 % en 2009.
  • La proportion de retraités ayant un solde de carte de crédit en souffrance est passée de 12 % en 2009 à près de 15 % en 2014.

Le nombre de faillites chez les aînés est aussi en hausse.

D’après les statistiques de l’organisme canadien chargé de réglementer les faillites, les personnes âgées de 65 ans et plus étaient responsables de 11 % des faillites personnelles au Canada en 2017.

Incidemment, ce nombre augmente chaque année depuis 2012.

En ce qui concerne les personnes âgées de 60 à 64 ans, elles représentaient, en 2016, 7 % de toutes les faillites personnelles.

Ainsi, en 2017, 18 % de toutes les faillites personnelles au Canada ont été déclarées par des aînés ou des personnes approchant 65 ans.

Ces développements ont de quoi inquiéter.

Les aînés sont particulièrement vulnérables à la hausse des taux d’intérêt, parce que leur revenu est fixe.

Et les aînés qui ont contracté des prêts à taux variables connaissent le plus de difficultés lorsque les taux d’intérêt augmentent, comme c’est actuellement le cas.

Notre analyse a également permis de constater un lien entre la confiance financière et le bien-être financier.

Les aînés et ceux approchant de l’âge de la retraite qui se sentent en contrôle de leurs finances – par exemple, qui sont convaincus d’être en mesure de joindre les deux bouts et de choisir leurs produits financiers – sont bien plus susceptibles d’avoir planifié ou d’être en train de planifier leur retraite.

Une augmentation de la confiance financière aide également les aînés à préparer un budget, à vivre selon leurs moyens, à économiser et à planifier en cas d’imprévus.

Cependant, le degré de confiance financière chez les aînés au Canada varie.

Les femmes qui appartiennent à ce groupe d’âge ont souvent une confiance financière moindre. Lorsqu’un conjoint contracte une maladie ou devient handicapé, elles peuvent devoir prendre des décisions financières pour la première fois de leur vie.

Alors que la confiance est importante, notre recherche a également révélé que certains aînés sont trop confiants et qu’un tel excès de confiance peut les amener à prendre de mauvaises décisions financières.

Lorsqu’on parle de comportements liés à la planification à long terme, nous avons découvert que les gens qui possèdent les meilleurs revenus ont également de meilleures connaissances sur le plan financier et davantage de confiance à cet égard.

En plus des problèmes d’un endettement plus élevé et de faillites plus nombreuses chez les aînés, il ne faut pas oublier que ceux-ci vivent plus longtemps qu’avant.

Autrement dit, ils devront planifier une retraite plus longue et possiblement des coûts plus élevés pour les soins de santé.

Un autre défi dont il faut tenir compte avec ce groupe d’âge concerne la meilleure façon de communiquer avec eux.

Alors que certains se sentent à l’aise d’obtenir leurs renseignements et leurs services financiers en ligne, plusieurs ne le sont pas.

Les données de Statistique Canada de 2012 révèlent que moins de la moitié (48 %) des gens de 65 ans et plus utilisent Internet, ce qui est grandement inférieur à tous les autres groupes d’âge.

Cela signifie que nous devons tenir compte du besoin d’interventions en personne et sur papier.

Enfin, notre recherche nous apprend que l’argent représente la principale source de stress chez les Canadiens et que ce stress a des répercussions négatives sur leur santé mentale et physique.

Ainsi, lorsque nous parlons d’éduquer financièrement les aînés, il s’agit là clairement d’une proposition complexe dont les implications sont profondes pour la politique publique.

Le système de retraite du Canada repose sur trois piliers :

  • programmes gouvernementaux
  • régimes de retraite privés – qui se font de plus en plus rares
  • épargne personnelle

Le vieillissement de notre population entraîne une pression sans cesse croissante sur les programmes gouvernementaux, comme le Régime de pensions du Canada, la Sécurité de la vieillisse et le Supplément de revenu garanti auxquels sont admissibles les aînés à faible revenu.

Les individus ressentent également une pression plus grande que jamais lorsqu’il s’agit de planifier leur propre retraite et d’économiser en vue de celle-ci.

Cependant, nous savons que les gens parviennent de moins en moins à économiser.

Ces pressions viennent souligner l’importance d’une éducation financière efficace pour les aînés d’aujourd’hui et pour ces groupes d’âges plus jeunes qui deviendront les aînés de demain.

Nous devons doter notre population des connaissances, des compétences et de la confiance qui leur permettront de prendre des décisions financières responsables.

De cette façon, nous contribuerons à leur besoin financier personnel, ainsi qu’au bien-être de l’ensemble de l’économie.

Je suis impatiente de vous décrire certaines de nos initiatives en matière de politiques dans ce domaine au cours de notre discussion d’aujourd’hui.

Merci!

Questions et réponses

Que représente la Stratégie pour la littératie financière des aînés?

En 2014, le gouvernement du Canada a reconnu la nécessité de mieux évaluer les besoins financiers des aînés.

La même année, l’ACFC a lancé une série de consultations dans tout le Canada et pour tous les secteurs.

L’objectif de ces réunions était de cerner les défis financiers propres aux aînés et de déterminer en quoi la littératie financière pourrait se révéler utile.

Nous avons recensé des questions cruciales que se posent les aînés, par exemple :

  • « Comment m’assurer que j’aurai suffisamment d’épargne pour mes vieux jours? »
  • « À quelles prestations gouvernementales ai-je droit? »
  • « Puis-je continuer à travailler, et si je le fais, quelle incidence aurait mon revenu sur mes prestations et mes impôts? »

À la lumière de ces consultations, nous avons mis au point notre Stratégie pour la littératie financière des aînés. Cette stratégie met l’accent sur quatre objectifs :

  • amener davantage de Canadiens à se préparer financièrement à leur vie d’aîné
  • aider les aînés d’aujourd’hui à planifier et à gérer leurs finances
  • mieux faire comprendre les prestations publiques destinées aux aînés et en faciliter l’accès
  • offrir plus d’outils pour lutter contre l’exploitation financière des aînés

Nous avons travaillé à l’atteinte de ces objectifs sur plusieurs fronts.

Quels renseignements et ressources l’ACFC a à offrir aux aînés?

Pour faciliter la mise en œuvre de notre stratégie, nous avons produit du contenu spécialisé à l’intention des aînés et des personnes approchant l’âge de la retraite, par exemple sur des sujets comme la planification de la retraite et la vie à la retraite.

Les ressources que nous offrons, comme Travailler tout en touchant une pension ou Prendre soin d’une personne malade, tiennent compte des événements de la vie et du moment le plus opportun pour prendre connaissance de l’information.

Notre Base de données canadienne sur la littératie financière est une autre façon dont nous aidons les aînés à accéder à l’information.

Elle regroupe dans un guichet unique l’information sur les programmes et les initiatives offerts dans l’ensemble du pays, ce qui comprend plus de 150 ressources destinées aux aînés.

L’ensemble de notre matériel est disponible à l’adresse Canada.ca/argent.

Comment l’ACFC mobilise-t-elle les intervenants?

Premièrement, en mobilisant les intervenants et en les mettant à contribution. Les intervenants ont cerné 36 mesures dans la stratégie visant les aînés. Toutes ont été menées à bonne fin ou sont en cours.

En outre, nous avons fait le suivi de 30 nouvelles activités qui contribuent à l’atteinte des objectifs de la stratégie et à poursuivre sur notre lancée.

Nous continuons à travailler en proche collaboration avec les intervenants pour mettre au point des programmes d’éducation en littératie financière qui s’adressent aux aînés.

Par exemple, nous avons travaillé avec les Comptables professionnels agréés du Canada et l’Association des banquiers canadiens afin de mettre au point des ateliers de littératie financière animés par des bénévoles  et s’adressant aux aînés. Ces ateliers sont maintenant offerts partout au Canada.

Comment l’ACFC collabore-t-elle avec les réseaux de littératie financière?

Nous travaillons également en proche collaboration avec les membres de 14 réseaux de littératie financière dans tout le Canada afin de veiller à ce que les aînés aient accès aux prestations auxquelles ils ont droit.

Comment l’ACFC collabore-t-elle avec les autres ministères et agences  du gouvernement fédéral?

En plus de mobiliser les intervenants et de créer nos propres ressources, nous travaillons également en étroite collaboration avec d’autres institutions fédérales.

Le Comité interministériel sur les aînés a été mis sur pied il y a dix ans afin de défendre les intérêts des aînés auprès des ministères et des organismes.

Pour ne citer qu’un exemple de cette collaboration, nous avons travaillé étroitement avec Emploi et Développement social Canada afin de produire une publication sur les procurations et les comptes de dépôt conjoints.

Nous travaillons également avec le Parlement dans son ensemble, par exemple dans le cadre d’un comité parlementaire qui a réalisé une étude sur les principaux enjeux touchant les aînés canadiens. 

J’ai comparu devant ce comité l’automne dernier afin de parler de sécurité financière, de fraude et d'exploitation financière chez les aînés.

L’ACFC a ensuite contribué à la formulation de la réponse du gouvernement au rapport du comité, qui sera déposé au Parlement en juin et qui ouvrira la voie à d’autres interventions.

Supplément de revenu garanti et autres initiatives fédérales

Parallèlement, le gouvernement fédéral a apporté des changements pour améliorer les services offerts aux aînés à faible revenu et veiller à ce qu’ils aient accès aux prestations.

Il a décidé d’élargir la portée de l’inscription automatique pour les prestataires du Supplément de revenu garanti, une prestation pour les aînés à faible revenu.

L’inscription automatique au Supplément de revenu garanti aidera les aînés à obtenir les services et les prestations dont ils ont besoin, d’une manière facile, conviviale et rapide. Aussi, elle contribuera grandement à réduire le taux de faible revenu chez les aînés. 

ARC et PCBMI

De plus, l’Agence du revenu du Canada a élargi la portée de son Programme communautaire des bénévoles en matière d’impôt (PCBMI) qui vise à aider les Canadiens qui ont un revenu modeste et dont la situation fiscale n’est pas complexe, y compris les aînés, à remplir leur déclaration de revenus.

Ce programme aide de nombreux Canadiens à accéder aux prestations publiques auxquelles ils ont droit, souvent pour la première fois.  

De plus, l’Agence du revenu du Canada offre maintenant de nouveaux services qui permettent aux Canadiens de produire leur déclaration de revenus plus facilement.  

Les particuliers à faible revenu ou à revenu fixe, y compris les aînés, peuvent dorénavant produire leur déclaration de revenus par téléphone.

Comment l’ACFC intégrera-t-elle la littératie financière en milieu de travail pour la prochaine génération?

Mais qu’en est-il de la prochaine cohorte d’aînés?

Notre recherche indique qu’aborder la question de la littératie financière tôt et fréquemment avec les plus jeunes adultes aide à prévenir les problèmes financiers plus tard dans la vie.

Ainsi, afin d’aider les aînés de l’avenir, nous contribuons cette année à la mise au point d’initiatives destinées aux adultes en milieu de travail.

Nous avons récemment mis sur pied un groupe de travail sur la littératie financière en milieu de travail.

Pour obtenir l’appui des employeurs, il fallait d’abord leur faire comprendre les répercussions du stress financier chez les employés, notamment les effets négatifs sur la productivité, et dans certains cas, sur leur bénéfice net.

La littératie financière en milieu de travail vise à aider les adultes atteindre les objectifs de notre stratégie nationale, à savoir :

  • gérer leur argent et leurs dettes intelligemment
  • épargner et planifier pour l’avenir
  • bien connaître leurs droits et leurs responsabilités relativement aux produits et services financiers

Grâce à ces initiatives, les gens obtiendront l’information et acquerront les compétences dont ils ont besoin dans les années cruciales qui précèdent leur départ à la retraite.

Est-ce que la littératie financière a des répercussions sur les ainés?

Lorsque nous avons mené les consultations sur notre stratégie visant les aînés, nous avons appris que l’accès à des interventions en littératie financière permet aux aînés :

  • de mieux préparer leur retraite en constituant une épargne et des actifs personnels
  • de décider de façon responsable du moment auquel ils prendront leur retraite, et de la façon dont ils procéderont
  • de choisir les produits financiers les mieux adaptés à leurs besoins à la retraite
  • de prévoir les grandes décisions financières à prendre en ce qui a trait aux périodes de transition de la vie, et de faire face à ces moments de la vie
  • d’explorer les programmes et les services publics, et d’en profiter au maximum
  • de comprendre l’importance de produire une déclaration de revenus afin d’avoir accès aux prestations auxquelles ils ont droit en tant que Canadiens
  • de reconnaître l’exploitation financière des aînés et de se protéger contre cette forme d’abus
  • de déterminer les bons mécanismes pour se faire aider dans la prise de décisions financières et la gestion financière

Qu’est-ce que sont le Défi ma santé financière et Votre boîte à outils financiers?

Cette année, nous avons lancé deux nouvelles interventions en littératie financière en milieu de travail :

La première est le Défi ma santé financière, un programme d’apprentissage en ligne gratuit fondé sur des incitatifs. Tous les employeurs, indépendamment de leur taille et de l’industrie dont ils font partie, peuvent participer, et les employés peuvent accumuler des points en vue d’obtenir des prix en accomplissant diverses activités d’apprentissage. Parmi les sujets abordés, notons l’établissement d’un budget, l’épargne, l’emprunt, les dettes, ainsi que les droits et responsabilités des consommateurs.

Notre deuxième initiative est un programme pilote en milieu de travail qui a été adapté du programme Votre boîte à outils financiers. De janvier à mars 2018,  nous avons mené 13 projets pilotes qui ont été présentés à la fois en personne et par webinaire. Neuf organisations d’accueil différentes ont participé.

Nous avons obtenu une rétroaction positive des 300 employés participants.

  • 93 % ont attribué les notes « excellent » à « bon » à l’atelier
  • 97 % ont indiqué qu’ils appréciaient que ce type d’atelier leur soit offert au travail
  • 89 % ont indiqué qu’ils seraient intéressés à participer à un autre atelier sur un autre sujet

L’accès numérique et la littératie constituent-ils des obstacles lorsqu’on cherche à nouer le dialogue avec les aînés canadiens?

De nombreuses banques et autres organisations prennent le virage numérique.

Il n’y a nul doute que les voies de communication numériques sont ici pour rester. La plupart des organisations ont adopté les modes de communication numériques, y compris les médias sociaux, pour fournir de l’information à leurs publics.

Bien que nous ne nous attendions pas à ce que cette tendance change, nous devons tenir compte des besoins uniques des aînés et les façons dont ils accèdent à l’information.

Selon des données de 2012 de Statistiques Canada, moins de la moitié (48 %) de l’ensemble des personnes âgées de 65 ans et plus utilise l’Internet, un pourcentage considérablement plus faible que pour tout autre groupe d’âge.

Certains aînés sont plutôt à l’aise d’accéder à l’information et de faire affaire avec un commerce en ligne. Cependant, d’autres n’ont pas une littératie numérique adéquate ou n’ont pas confiance en l’information qui se trouve sur Internet, ou ne voient pas l’intérêt d’accéder à l’information de cette façon.

Aussi, certains aînés sont méfiants à l’égard des services bancaires ou du magasinage en ligne. Ils préfèrent recevoir de l’information tangible sur support papier ou un reçu papier lorsqu’ils font affaire avec un commerce.

Nous devons également tenir compte des besoins en matière d’accessibilité des aînés, sachant que leurs capacités sensorielles (c.-à-d. vision et audition) diminuent avec l’âge. Naviguer sur Internet pour trouver de l’information ou à des fins professionnelles peut se révéler frustrant pour ceux qui ont ces limitations sensorielles.

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