Allocution de Lucie Tedesco, commissaire, Agence de la consommation en matière financière du Canada : Congrès national de Professionnels hypothécaires du Canada

Discours

Le 29 octobre, 2018
Montréal, Québec

La texte prononcé fait foi.

Bonjour. Je suis ravie d’être des vôtres et de vous parler aujourd’hui à l’invitation de Professionnels hypothécaires du Canada.

Depuis quelques mois, mon personnel travaille à renforcer les liens féconds qui unissent notre organisation, l’ACFC, à la vôtre. Nous avons déjà rencontré votre président-directeur général, Paul Taylor, entre autres personnes, dont les responsables de votre impressionnant programme de formation, pour discuter d’un accès éventuel à notre matériel à l’intention des consommateurs et des axes d’intervention à court terme. Votre association a accepté avec ouverture et empressement l’idée de réaliser nos objectifs communs à l’égard du grand public.

Permettez-moi de glisser un mot sur nos deux derniers examens de l’industrie. Ces études influeront directement sur les institutions financières dont s’occupe l’ACFC, et leurs résultats ont une incidence sur vos responsabilités envers les clients et leur littératie financière.

En juin 2017, nous avons publié un rapport intitulé Les marges de crédit hypothécaires : tendances du marché et questions touchant les consommateurs. Il y est question de l’offre de marges de crédit hypothécaires aux clients des banques et de l’usage que font les consommateurs des prêts sur la valeur nette.

En 2016, des quelque 3 millions de marges de crédit hypothécaires détenues par des Canadiens, 80 % se rattachaient à un prêt sur la valeur nette. Depuis, ce type de prêt hypothécaire gagne constamment des adeptes.

Lorsque son utilisation est responsable, le volet marge de crédit d’un prêt hypothécaire sur la valeur nette procure de nombreux avantages au consommateur, à savoir des taux d’intérêt avantageux, un accès facile à des fonds et des modalités de remboursement flexibles.

Cependant, d’après nos recherches, beaucoup de consommateurs se contentent de ne payer que les intérêts ou de rembourser le capital sporadiquement. En règle générale, ils finissent par traîner des dettes plus longtemps qu’ils ne l’escomptaient au départ. Ils risquent aussi de tomber dans des habitudes qui les plongeront dans une spirale d’endettement.

À ce titre, l’ACFC vient de sonder l’opinion publique, et bien que l’analyse des résultats soit en cours, nous pouvons déjà faire état d’un besoin urgent d’expliquer aux Canadiens et Canadiennes que l’utilisation déraisonnable d’une marge de crédit hypothécaire peut être lourde de conséquences sur leur bien-être financier.

Le sondage confirme notre constat initial, c’est-à-dire que bon nombre de titulaires de marge de crédit hypothécaire – 25 %, pour être plus précis – ne règlent que les intérêts la plupart des mois. Fait intéressant : 62 % de ces répondants nous ont dit viser un remboursement complet en cinq ans, un horizon qui paraît irréaliste quand on sait que le solde moyen de ces marges est de 70 000 $.

De toute évidence, il y a lieu de renforcer la littératie financière des consommateurs en général, et la connaissance des marges de crédit hypothécaires en particulier. Avant d’aborder nos possibilités de coopération sur ce plan, j’aimerais vous présenter les résultats d’un autre important examen de l’industrie fait par l’ACFC, en espérant qu’ils nourriront votre réflexion sur vos méthodes de vente.

Notre récent examen des pratiques de vente du secteur bancaire révèle que certains éléments des programmes de gestion du rendement, comme les primes ou autres mesures d’encouragement et les objectifs de vente, sont susceptibles d’accroître le risque de ventes inadéquates et de manquements aux obligations légales envers les clients.

Ce constat ne vaut pas seulement pour la vente au détail. Par exemple, il tombe sous le sens que les commissions proportionnelles sur les prêts hypothécaires peuvent conduire à la vente de produits contraires aux intérêts du client.

En tant que gens d’affaires, pour réussir, vous devez gagner et conserver la confiance de votre clientèle. Or, la confiance est un acquis qu’il vaut mieux ne pas mettre en péril, car elle est très difficile à rétablir.

Par ailleurs, comme source de conseils et de savoir auprès de vos clients, vous devriez toujours leur fournir des renseignements exacts et à jour.

C’est ici que l’ACFC entre en scène. Dans nos études de marché, nous nous penchons sur des questions qui touchent un grand nombre de consommateurs de produits et services financiers. Grâce au savoir que nous acquérons, nous créons d’ailleurs toutes sortes de ressources éclairantes et enrichissantes.

À titre de professionnels et de membres de votre association, vous entretenez avec l’ACFC une relation fiable qui peut vous aider à fidéliser vos clients. En améliorant leurs connaissances, leurs compétences et leur confiance dans le domaine des finances, vous apportez aussi votre pierre à l’édifice de la protection des consommateurs.

J’espère que nous pourrons continuer le travail que nous faisons ensemble depuis maintes années afin de produire des résultats positifs pour le bien-être financier des Canadiens et Canadiennes.

Merci.

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