Allocution par Supriya Syal, Ph.D., commissaire adjointe, Recherche, politiques et éducation, Agence de la consommation en matière financière du Canada, à l’occasion du sommet de Paiements Canada, mai 2021

Discours

Le 31 mai 2021

Activité virtuelle, Ottawa (Ontario)

La version prononcée fait foi

Bonjour et bienvenue à cette table ronde.

Je me nomme Supriya Syal et je suis commissaire adjointe de la recherche, des politiques et de l’éducation au sein de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. Je suis heureuse de vous parler aujourd’hui.

Pendant la session nous allons discuter de l’évolution accélérée des comportements des acheteurs au détail et de sa répercussion sur l’industrie des services de paiements.

Je suis accompagnée aujourd’hui par :

  • Kristy Duncan, fondatrice et PDG de l’association Women in Payments, qui a figuré au palmarès des femmes les plus puissantes du secteur des technologies financières préparé par l’organisme Innovate Finance et la banque Lloyds Bank en 2017, 2018 et 2019;
  • Sue Lewis, grande théoricienne de la protection des consommateurs en matière financière, défenseure reconnue des droits des consommateurs et ancienne présidente du groupe consultatif sur les consommateurs de services financiers de l’agence de la consommation en matière financière du Royaume-Uni;
  • Richard Rémillard, président du groupe conseil Rémillard Consulting Group, qui occupe notamment le poste de directeur de l’association canadienne du financement participatif et des technologies financières.

Ce sont trois excellents invités, et j’espère que vous avez aussi hâte que moi d’entendre leur point de vue.

Pour commencer, je vais présenter rapidement l’Agence de la consommation en matière financière du Canada et expliquer en partie ce qu’elle fait en ce qui concerne les paiements.

L’Agence fait partie du gouvernement du Canada et son mandat est de protéger les consommateurs de produits et de services financiers. Elle s’acquitte de ce mandat en réglementant les pratiques commerciales des banques et autres entités réglementées par le gouvernement fédéral ainsi qu’en éduquant les consommateurs et en les aidant à prendre des décisions financières éclairées.

Mon rôle consiste à gérer ce deuxième secteur d’activités, dont le but est de comprendre et d’aider les consommateurs de produits et de services financiers du Canada.

Une partie de ce travail est axée sur le présent.

Nous ciblons nos efforts sur la collaboration avec les intervenants et les partenaires de l’ACFC afin d’augmenter la littératie financière, c’est-à-dire que nous nous penchons sur la façon dont nous pouvons utiliser les outils à notre disponibilité – la recherche, l’expérimentation, les politiques – pour aider les gens à acquérir la confiance et les comportements nécessaires pour améliorer concrètement leur situation financière.

Et l’autre partie est axée sur l’avenir.

Nous nous penchons sur l’expérience future des consommateurs et sur les mesures de protection et les éléments habilitants qui devront être mis en place en réponse aux changements émergents dans le paysage financier, comme l’innovation dans le secteur des paiements.

Parmi ces changements, il y a notamment le système bancaire ouvert. À cet égard, plus tôt cette année, nous avons publié nos commentaires à l’intention du Comité consultatif sur un système bancaire ouvert.

 En général, nous appuyons un système bancaire ouvert en raison des grands avantages qu’il pourrait offrir aux consommateurs grâce à l’augmentation de la concurrence et à l’émergence de choix réels. Bien entendu, nous voulons nous assurer que les consommateurs conservent les mesures de protection durement acquises mises en place pour leur éviter des préjudices, et cet objectif encadre notre perspective sur l’ensemble de l’innovation, y compris celle relative aux paiements. L’innovation consiste intrinsèquement à remettre en question le statu quo afin d’améliorer les choses, et il ne faut donc pas qu’elle nuise à la situation de certaines personnes.

Passons maintenant au sujet qui vous intéresse plus précisément, les paiements de détail et l’évolution des comportements des consommateurs.

Un de nos volets de recherche cible les comportements des consommateurs. À l’heure actuelle, nous nous intéressons bien entendu aux changements liés à la pandémie. Pour analyser la situation, nous avons tenu, de juillet 2020 au mois d’avril dernier, une enquête mensuelle sur l’utilisation par les Canadiens des produits et services bancaires.

Sans surprise, les résultats montrent que beaucoup de consommateurs sont passés au paiement sans contact. En effet, 53 % ont déclaré avoir augmenté leur utilisation de la technologie « toucher pour payer », 36 % leur utilisation de la carte de crédit et 46 % leur utilisation des virements électroniques et, parallèlement, 67 % ont déclaré avoir réduit leur utilisation de l’argent comptant.

Ainsi, en général, il y a eu une augmentation du nombre de personnes qui paient par carte de crédit ou par virement électronique et une diminution du nombre de personnes qui paient comptant.

Ces données, entre autres, sont accessibles dans le tableau de bord des données sur la COVID-19 de l’ACFC.

Nous examinons l’utilisation des plans « Achetez maintenant, payez plus tard » et particulièrement le moment où les consommateurs y ont recours ainsi que la façon dont ils les utilisent.

Nos analyses révèlent que la plupart des gens qui utilisent ces plans sont plus jeunes qu’avant, 53 % ayant moins de 44 ans, et que le groupe des 35 à 45 ans réunit la plus grande proportion des utilisateurs, à savoir 28 %.

Aussi, chez les moins de 35 ans, 32 % des consommateurs ont fait au moins quatre achats dans le cadre d’un tel plan.

Ces plans servent souvent à l’achat de meubles, d’électroménagers, d’appareils électroniques et de vêtements, mais certaines personnes les utilisent également pour des achats peu coûteux, comme des articles ménagers, de la nourriture et des billets de cinéma, entre autres.

La majorité, ou 75 %, des achats au moyen d’un plan « Achetez maintenant, payez plus tard » coûtaient au moins 200 $.

On pourrait croire que le recours à de tels plans est lié à l’incapacité de payer immédiatement le coût total d’un achat, et c’est le cas pour une certaine proportion de consommateurs. Or, une proportion égale déclare y avoir recours pour éviter de payer des intérêts ou pour faciliter la tenue d’un budget, et une proportion importante de consommateurs, à savoir environ 25 %, les utilisent simplement parce qu’on en a fait la publicité ou parce qu’ils voulaient en faire l’essai.

Bien entendu, à titre d’organisme de réglementation, l’Agence s’intéresse aux répercussions sur les consommateurs. Parmi les risques, on compte le surendettement, la diminution de la cote de crédit et l’absence d’une procédure de traitement des plaintes, qui sont tous mal compris par les consommateurs et qui peuvent avoir des conséquences importantes.

Par exemple, une personne sur cinq, ou 18 %, a déclaré avoir dépensé plus qu’elle ne l’aurait fait si elle n’avait pas eu recours au plan, 8 % déclarant avoir dépensé « beaucoup plus ».

De même, parmi les gens qui ont affirmé avoir fait une plainte, tous ont déclaré que le processus manque beaucoup de clarté et qu’ils n’ont pu obtenir un règlement.

En tout, 23 % des personnes qui ont déclaré avoir dépensé plus en raison du plan ont vu leur revenu diminuer depuis mars 2020.

Cela m’amène à la question principale dont nous réussirons je l’espère à discuter aujourd’hui : Comment pouvons-nous favoriser et accélérer l’innovation sans compromettre les protections qui offrent des filets de sécurité et des garde-fous aux consommateurs?

Est-ce que l’innovation et la réglementation sont diamétralement opposées?

Je ferai valoir qu’elles ne le sont pas. J’imagine que mes collègues partagerons aussi leur avis à cet égard.

Merci.

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