Plan national de recherche sur la littératie financière 2016-2018
Préambule
Le présent document fait état du Plan national de recherche sur la littératie financière du Canada de 2016 à 2018. Le Plan a pour objectif de cibler les efforts et d’améliorer la coordination entre les chercheurs afin de produire des données empiriques clés qui contribueront à la mise en œuvre fructueuse de la Stratégie nationale en matière de littératie financière – Compte sur moi, Canada.
Le Plan sert d’orientation pour les chercheurs en littératie financière en décrivant les principales possibilités de recherche et les domaines d’intérêt importants qui sont pertinents aux objectifs de la Stratégie nationale en matière de littératie financière. Il expose également les projets de recherche concrets qui seront entrepris entre 2016 et 2018. Le Plan sera réexaminé et révisé sur une base régulière pour s’assurer qu’il tient compte des besoins de la Stratégie nationale et qu’il aborde les nouveaux enjeux de manière adéquate.
Le présent document décrit la voie à suivre pour la communauté de recherche sur la littératie financière et montre de quelle façon une approche de recherche intégrée et coordonnée peut soutenir efficacement la Stratégie nationale en matière de littératie financière – Compte sur moi, Canada. Les données probantes dégagées au cours de l’exécution de ce plan seront utilisées pour améliorer les programmes et services de littératie financière dans l’ensemble du Canada. De plus, elles serviront à orienter des interventions concrètes et réalisables au niveau des politiques et des programmes en vue d’améliorer le bien-être financier et la protection des consommateurs de produits et services financiers.
Introduction
La Stratégie nationale en matière de littératie financière – Compte sur moi, Canada a été conçue pour mobiliser les secteurs public, privé et sans but lucratif et les faire intervenir de manière à renforcer la littératie financière des Canadiens et à leur permettre de :
- gérer leur argent et leurs dettes intelligemment;
- planifier et d’économiser pour l’avenir;
- prévenir la fraude et l’exploitation financière et de s’en protéger.
En 2016, la chef du développement de la littératie financière du Canada a mis sur pied un comité de recherche pour faciliter la mise en œuvre de la Stratégie nationale par le biais de la recherche factuelle et d’un leadership éclairé. Le Comité de recherche a dressé le Plan national de recherche sur la littératie financière actuel (le Plan) à l’appui de la mise en œuvre de la Stratégie nationale en matière de littératie financière – Compte sur moi, Canada. L’objectif du Plan est d’orienter les travaux de recherche du Comité et d’améliorer la coordination entre les intervenants travaillant dans le domaine de la littératie financière. Il encourage l’utilisation de méthodes quantitatives, qualitatives et mixtes et favorise l’interaction entre les équipes multidisciplinaires afin de renforcer la recherche sur la littératie financière. La collaboration avec les principaux intervenants dans le cadre de projets pilotes et de travaux de recherche appliquée est également encouragée pour examiner l’incidence des programmes sur des groupes démographiques précis.
La littératie financière renvoie au fait de posséder les connaissances, la confiance et les compétences nécessaires pour prendre des décisions financières responsables – décisions qui font partie intégrante de notre vie quotidienne. Ces décisions vont des dépenses et des décisions budgétaires de tous les jours au choix de produits d’assurance, de produits bancaires et de produits de placement, en passant par l’épargne-retraite, l’accession à la propriété et l’éducation postsecondaire. Les personnes qui ont un degré élevé de littératie financière sont plus susceptibles de participer aux marchés, de planifier leur retraite et d’épargner à cette fin, d’accumuler de la richesse et d’éviter le recours à des emprunts à coût élevé (Boisclair, Lusardi et Michaud, 2014). Le Plan vise à mieux comprendre les moyens d’habiliter les gens à prendre des décisions financières responsables et de contribuer à l’amélioration de la littératie financière à l’aide des politiques publiques (p. ex. la promotion de l’éducation en littératie financière au sein du système scolaire, l’accès aux programmes et services, et la réglementation de l’industrie).
Principales possibilités
Résumé de ce que nous savons au sujet des interventions en littératie financière
- De meilleures connaissances financières au sein de la population produisent des effets favorables sur les personnes et la société dans son ensemble.
- L’éducation financière visant exclusivement à transmettre des connaissances financières n’entraîne pas nécessairement un changement de comportement durable. Il est plus efficace d’adopter une approche d’éducation financière holistique axée sur des facteurs multiples. Par exemple, les décisions financières sont également influencées par la confiance au plan financier, les compétences, les préjugés cognitifs, les tendances comportementales et les facteurs contextuels et environnementaux.
- La quantité et le moment de l’éducation financière jouent un rôle important. Les programmes d’éducation ponctuels produisent des effets à court terme, mais peu d’effets à long terme. L’éducation financière portant sur une décision donnée est plus efficace lorsqu’elle précède de près la décision en question.
- La meilleure compréhension des besoins et caractéristiques uniques des groupes démographiques, notamment des nouveaux arrivants, des jeunes, des aînés, des peuples autochtones et des Canadiens à faible revenu, permettra de mieux adapter le contenu des programmes à leurs besoins particuliers et ainsi d’améliorer l’éducation financière au Canada.
- L’éducation financière au Canada tirera profit d’une approche systématique de mesure et d’évaluation afin d’évaluer les changements de comportement et de rendre compte des réussites et des progrès graduels.
La recherche offre une occasion exceptionnelle de contribuer à la mise en œuvre fructueuse de la Stratégie nationale en matière de littératie financière – Compte sur moi, Canada. Le fait de concentrer les travaux de la communauté de chercheurs sur un ensemble concis de questions de recherche importantes permettra aux programmes et aux interventions dans le domaine de la littératie financière de devenir plus judicieux, mieux ciblés et plus efficaces.
Interventions en littératie financière plus judicieuses
Les interventions en littératie financière visant exclusivement à transmettre des connaissances financières n’entraînent pas nécessairement un changement de comportement durable (Willis, 2008; Soman et Mazar, 2012; Soman, 2015; Fernandes, Lynch et Netemeyer, 2014). Dans le domaine de la littératie financière, il est plus efficace d’adopter une approche holistique axée sur des facteurs multiples. Par exemple, les décisions financières sont également influencées par la confiance au plan financier, les compétences, les préjugés cognitifs, les tendances comportementales et les facteurs contextuels et environnementaux (OCDE, 2013; Palameta et coll., 2016; Sunstein et Thaler, 2008). Pour les chercheurs, il s’agit d’une importante occasion de contribuer à rendre les interventions en littératie financière plus judicieuses. Par cela, nous entendons l’évolution éclairée des interventions en littératie financière au moyen de données empiriques sur les facteurs qui contribuent à la prise des décisions financières, le meilleur moment pour réaliser les interventions en littératie financière, et les sources et mécanismes les plus utiles pour effectuer les interventions financières (Groupe de la Banque mondiale, 2015; Fernandes, Lynch et Netemeyer, 2014).
Une des avenues les plus prometteuses pour la réalisation d’interventions en littératie financière plus judicieuses est l’intégration des connaissances issues des sciences du comportement. Par exemple, nous savons que les préjugés cognitifs et l’architecture des choix ont une influence directe sur la prise des décisions financières, et il est possible d’examiner davantage l’application de ces connaissances afin d’améliorer davantage le bien-être financier. Nous savons également que le comportement financier peut être influencé en ligne (An, Kim et Soman, 2016). Par exemple, de nouvelles recherches sont nécessaires pour examiner comment augmenter la pertinence des interventions en littératie financière pour les consommateurs, pour étudier la manière dont la distorsion du présent et les problèmes de prise en compte du temps interviennent dans les décisions ainsi que pour déterminer la manière dont les préférences sociales et l’influence des pairs affectent la participation aux programmes de littératie financière. En outre, les données probantes sur les difficultés liées à l’architecture des choix seront utiles aux intervenants et aux praticiens d’une myriade de professions qui influencent les résultats financiers.
Il est également possible de rendre les interventions en littératie financière plus judicieuses par d’autres moyens. Sur le plan de la recherche, il existe toujours des lacunes liées à la compréhension du bon moment aux fins des interventions en littératie financière et des sources d’intervention les plus efficaces en littératie financière.
Interventions en littératie financière mieux ciblées
Il est possible de mieux cibler les interventions en littératie financière pour tenir compte des réalités uniques de populations de Canadiens précises. À cette fin, il est important de comprendre le rôle du contexte socioéconomique global dans le bien être financier (Lusardi, Schneider et Tufano, 2011). De manière générale, les personnes à faible revenu sont particulièrement vulnérables, et comprendre comment elles gèrent leurs finances est essentiel pour concevoir des interventions efficaces (Buckland, 2011; Prospérité Canada, 2015). Par exemple, bon nombre de peuples autochtones font face à des obstacles socioéconomiques qui ont une incidence sur leurs connaissances financières et leur bien-être financier (AFOA Canada, 2015; Prospérité Canada, 2015). Les nouveaux arrivants au Canada, les aînés, les jeunes et d’autres groupes nécessitent des approches uniques et adaptées (Prospérité Canada, 2015). Par conséquent, il est impératif de mieux connaître les besoins de ces populations en matière de littératie financière et d’accroître la pertinence et le caractère culturellement approprié des interventions à cet égard.
Programmes de littératie financière plus efficaces
L’évaluation des programmes est essentielle pour démontrer les incidences, acquérir des connaissances sur les pratiques efficaces et favoriser l’amélioration continue des programmes afin d’accroître l’efficacité des programmes de littératie financière. C’est ainsi que les interventions en littératie financière pourront être adaptées à diverses réalités changeantes et aux tendances et enjeux émergents. Il faut renforcer la capacité d’évaluation dans les organisations et mettre au point des outils leur permettant d’évaluer les résultats de leurs programmes. L’Association des banquiers canadiens et Prospérité Canada ont effectué des recherches et ont élaboré un outil d’évaluation des résultats en matière d’éducation financière pour aider les organisations à évaluer l’incidence de leurs programmes. Il est également nécessaire de documenter les pratiques exemplaires dans le but de mieux comprendre quelles interventions sont les plus efficaces pour quelles clientèles et pourquoi. La faisabilité d’établir un élément de rapport dans l’outil d’évaluation des résultats en matière d’éducation financière sera examinée.
Possibilités de recherche : interventions en littératie financière plus judicieuses, mieux ciblées et plus efficaces
Des recherches seront réalisées afin de produire d’autres données empiriques qui permettront de rendre les interventions en littératie financière plus judicieuses, mieux ciblées et plus efficaces (veuillez consulter l’annexe A). Par exemple, le Plan décrit les initiatives de recherche suivantesFootnote 1 :
- David Rothwell examinera l’incidence de l’éducation financière sur les comportements financiers à l’aide des données de l’ECCF.
- De plus, David Rothwell utilisera le même ensemble de données pour examiner les variations entre différents groupes démographiques au niveau des connaissances financières.
- Karen Duncan s’intéresse à la compréhension du stress et du bien-être financiers autour de la cinquantaine. Elle effectuera des recherches dans ce domaine afin d’accroître les connaissances sur les difficultés et les possibilités financières des adultes canadiens autour de la cinquantaineFootnote 2 .
- Comptables professionnels agréés du Canada examinera l’incidence d’un ralentissement économique sur la capacité des Canadiens d’absorber un choc économique. Ces recherches serviront à orienter l’élaboration de documents d’éducation financière.
- Comptables professionnels agréés du Canada effectuera également des recherches afin d’examiner la définition de « bien-être financier » et d’élaborer un outil d’autoévaluation qui permettra aux consommateurs de formuler leur vision du bien-être financier optimal et de déterminer où ils se situent par rapport à cette situation optimale.
- Pour mieux comprendre la littératie financière des élèves, l’ACFC participe au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA)Footnote 3. Cette enquête permettra de produire des données de référence sur les degrés de littératie financière des jeunes au Canada.
- Jodi Letkiewicz examine les connaissances financières, le bien-être financier ainsi que la performance et la persistance scolaires des étudiants des collèges et des universités du Canada.
- Sur le plan du changement de comportement, Dilip Soman examine comment les avatars peuvent être utilisés pour influencer positivement la prise de décisions financières.
- La Commission des valeurs mobilières de la C.-B. examine si les documents en langage simple donnent lieu à de meilleures conversations entre les investisseurs et les conseillers.
- Jennifer Robson a déterminé qu’il est possible d’utiliser le comportement fiscal pour comprendre le comportement financier. Les recherches de Jennifer Robson permettront d’examiner l’incidence et les obstacles en matière de déclaration de revenus pour les Canadiens à faible revenu.
- Comptables professionnels agréés du Canada effectue un suivi continu des recherches réalisées afin de déterminer les pratiques exemplaires et les possibilités pour le Canada.
En outre, il faut produire d’autres données empiriques pour mieux comprendre les besoins particuliers des Canadiens à faible revenu, des peuples autochtones et des nouveaux arrivants en matière de littératie financière. La Société canadienne d’hypothèques et de logement et l’Association des agents financiers autochtones se sont désignées comme chefs de file et contributeurs potentiels aux fins de ces recherches.
Domaines d’intérêt
Le Plan national de recherche est axé sur quatre principaux domaines : l’établissement d’un budget, le remboursement de la dette des ménages, l’accroissement de l’épargne, et la complexité de l’industrie des services financiers.
Établissement d’un budget
L’établissement d’un budget est un aspect fondamental de la littératie financière, car il permet aux consommateurs de classer leurs besoins par ordre de priorité en période de contrainte financière (Fernbach, Kan, Lynch, 2015). De plus, de nombreux Canadiens sont limités sur le plan financier. Un tiers des Canadiens ont du mal à joindre les deux bouts. Cette proportion s’élève à 42 % chez les personnes âgées de 35 à 44 ans (ACFC, 2015). Beaucoup de Canadiens s’appuient sur des sources de crédit, plutôt que sur leur épargne, lorsque leur revenu est insuffisant pour couvrir leurs dépensesFootnote 4 .
Malgré les avantages d’établir un budget, moins de la moitié des Canadiens ont un budget familial (ACFC, 2015). Cependant, plus de 90 % de ceux qui ont un budget le respectent presque toujours (ACFC, 2015). Pour cette raison, l’habilitation d’un plus grand nombre de ménages à établir un budget constitue une première étape importante afin d’aider les consommateurs à classer leurs dépenses par ordre de priorité et à gérer leurs dettes plus intelligemment.
L’établissement d’un budget est également une compétence importante qui aide le consommateur à planifier son avenir. Au total, seulement 40 % des Canadiens savent combien d’argent ils doivent épargner pour la retraite. Toutefois, les personnes qui respectent un budget sont deux fois plus susceptibles de savoir combien elles doivent épargner en vue de leur retraite que celles qui ne font pas de budgetFootnote 5 .
Il est évident que l’on peut améliorer les résultats financiers des consommateurs grâce à l’établissement d’un budget. Le Plan national de recherche traite de questions comme le meilleur moyen d’informer les consommateurs des avantages d’établir un budget, les méthodes d’établissement d’un budget et la façon d’accroître la confiance à l’égard de l’établissement d’un budget. La communauté de recherche a déjà commencé à aborder certaines de ces questions. Par exemple, dans une étude sur les consommateurs canadiens qui n’ont pas un budget, 44 % des répondants ont indiqué qu’ils ne savaient pas où commencer (ACFC, 2016). Bon nombre de ces consommateurs ont déclaré avoir commencé à établir un budget après avoir obtenu des renseignements sur l’importance de le faire et sur la façon de le faire.
Possibilités de recherche : établissement d’un budget
Dans le cadre du Plan national de recherche, les initiatives de recherche suivantes seront entreprises afin de produire des données empiriques sur l’établissement d’un budget (veuillez consulter l’annexe A)Footnote 6 :
- L’ACFC réalisera une expérience visant l’adoption de pratiques d’établissement de budget chez les personnes qui ne font pas de budget. L’ACFC évaluera l’efficacité des documents d’éducation des consommateurs et des outils connexes dans le cadre d’une application mobile novatrice.
- Comptables professionnels agréés du Canada examinera les déclencheurs de la motivation qui poussent les personnes à établir un budget ou un plan financier pour elles-mêmes.
- Christina Kan examine des moyens d’amener les gens à continuer d’utiliser un budget et des façons de tirer parti de la technologie pour encourager le maintien de pratiques d’établissement de budget.
En outre, dans le cadre de ce plan, l’ACFC coordonnera les membres du Comité de la recherche et les représentants de la communauté de recherche et collaborera avec eux afin d’encourager la réalisation d’autres recherches visant à :
- mieux comprendre les meilleurs moyens d’habiliter les personnes qui ne font pas de budget à commencer à utiliser un budget et à continuer de le faire à long terme;
- comprendre les différentes méthodes d’établissement d’un budget (p. ex. la comptabilité mentale, des plans de dépenses écrits et le suivi des dépenses) et l’incidence de ces différentes méthodes sur le comportement financier;
- déterminer les approches stratégiques qui permettent d’encourager l’établissement d’un budget dans les pays où les niveaux d’établissement d’un budget sont les plus élevés (p. ex. la France);
- orienter les efforts aux fins de l’utilisation du budget comme un moyen d’habiliter les consommateurs à privilégier des comportements clés, comme l’épargne en cas d’urgence, le remboursement des dettes et l’épargne en vue de l’avenirFootnote 7 .
Remboursement de la dette des ménages
Le ratio de la dette au revenu disponible des ménages canadiens continue d’augmenter et est l’un des plus élevés dans le monde (OCDE, 2016). La dette des ménages canadiens s’est non seulement alourdie, mais se concentre de plus en plus dans les ménages dont le niveau d’endettement est plus élevé. Selon la Banque du Canada, les ménages dont le ratio de la dette au revenu brut est supérieur à 250 % sont à risque et ceux dont le ratio de la dette au revenu brut est supérieur à 350 % sont le plus à risque (Banque du Canada, 2016).
Un examen plus approfondi des caractéristiques des emprunteurs fortement endettés indique que, comparativement aux emprunteurs moins endettés, les emprunteurs lourdement endettés sont généralement plus jeunes (moins de 45 ans), ont un revenu et des avoirs moindres, et sont moins susceptibles d’avoir suivi des études ou une formation postsecondaire (Banque du Canada, 2016). Ces constatations s’ajoutent aux préoccupations selon lesquelles les jeunes Canadiens comptent parmi les personnes les plus endettées.
Le nombre d’aînés endettés s’accroît également (Uppal, 2012)Footnote 8 . De 2009 à 2014, la proportion de retraités ayant une hypothèque sur leur résidence principale est passée de 16 % à 19 %, alors que celle des retraités ayant un solde impayé sur leur carte de crédit est passée de 12 % à 15 % (ACFC, 2015). L’endettement a donc nettement tendance à augmenter parmi les retraités actuels, et ceux qui prendront leur retraite au cours des 20 ou 30 prochaines années affichent, quant à eux, une tendance inquiétante.
Des recherches menées au Canada ont récemment permis de découvrir des moyens éprouvés et efficaces grâce auxquels les consommateurs peuvent réduire le niveau d’endettement de leur ménage. Par exemple, une série d’études réalisées par la Société de recherche sociale appliquée ont révélé que les connaissances financières ne suffisent pas pour orienter les consommateurs vers un comportement souhaitable à court terme, y compris la gestion de leurs dettes. Ces études ont permis de constater que la confiance en matière de finances est essentielle à la prise de décisions financières quotidiennes judicieuses (Palameta et coll., 2016; Shek-wai Hui, 2016). De plus, l’ACFC a récemment participé à l’enquête d’évaluation de la littératie financière de l’OCDE/l’INFE pour obtenir un aperçu de la gestion de l’argent et des dettes au Canada.
Possibilités de recherche : remboursement de la dette des ménages
Des recherches seront effectuées pour produire des données empiriques qui orienteront les pratiques grâce auxquelles les consommateurs pourront réduire le niveau d’endettement de leur ménage (veuillez consulter l’annexe A). Par exempleFootnote 9 :
- Jennifer Robson et David Rothwell travaillent de concert à l’examen de la pauvreté par manque d’actifs au Canada. Ces recherches permettront d’examiner les taux de pauvreté par manque d’actifs dans l’ensemble des groupes sociodémographiques pour obtenir des connaissances sur l’insécurité économique et d’analyser la façon dont l’âge et la géographie ont une incidence sur le risque de pauvreté par manque d’actifs.
- Jennifer Robson et David Rothwell réalisent également des recherches pour examiner les mesures de la vulnérabilité financière des ménages, notamment l’allocation des actifs en liquide, le recours aux services financiers parallèles et la difficulté de respecter les obligations financières.
- La compréhension de la relation entre les proches aidants et les difficultés financières fait partie des domaines d’intérêt de Karen Duncan. Cette dernière effectuera des recherches afin de mieux comprendre la fréquence des résultats financiers défavorables (p. ex. la vente d’actifs et la faillite) chez les proches aidants.
- Jodi Letkiewicz et le Conseil de crédit du Canada collaborent à la préparation d’un projet de recherche visant à examiner l’incidence des plans de gestion des dettes, des propositions de consommateurs et de la faillite sur les signes de difficultés financières.
L’ACFC coordonnera les membres du Comité de la recherche et les représentants de la communauté de recherche et collaborera avec eux afin d’encourager la réalisation d’autres recherches dans ce domaineFootnote 10 . Des recherches visant à comprendre la nature et la portée des difficultés financières auxquelles font face les ménages canadiens seront effectuées dans le cadre du Plan. Par exemple, les types de dettes des ménages et les obstacles au remboursement de la dette des ménages comptent parmi les domaines d’intérêt.
Accroissement de l’épargne
L’augmentation de l’endettement des ménages au Canada a coïncidé avec le déclin graduel du taux d’épargne des particuliers, qui est passé de près de 20 % du revenu disponible en 1982 à un peu moins de 5 % du revenu disponible en 2016 (Statistique Canada, 2016). Les constatations de récentes recherches ont montré qu’un tiers des Canadiens se sont récemment trouvés dans l’impossibilité de couvrir leurs frais de subsistance uniquement à l’aide de leur revenuFootnote 11 . La moitié (48 %) des membres de ce groupe a également déclaré utiliser une certaine forme de crédit pour joindre les deux boutsFootnote 12 . Une proportion relativement faible (entre 12 % et 18 %) de ménages de tous les groupes de revenu signalent utiliser leur épargne pour joindre les deux boutsFootnote 13 . En outre, selon les recherches, 50 % des ménages qui gagnent moins de 56 000 $ par année ont indiqué qu’ils devraient déménager dans un délai de trois mois s’ils perdaient leur principale source de revenusFootnote 14 .
D’après le sondage de 2015 sur l’épargne en prévision des jours difficiles mené par Pollara et BMO, 56 % des Canadiens ont moins de 10 000 $ d’épargne liquide pour les urgences, 44 %, moins de 5 000 $, et 21 %, moins de 1 000 $. Parmi les répondants, 29 % ont indiqué que leurs économies dureraient seulement un mois ou moins en cas de perte de revenu, tandis que 25 % ont signalé qu’ils auraient suffisamment d’économies pour plus d’un an. Compte tenu du fait que 46 % des Canadiens ont indiqué avoir une dépense imprévue chaque annéeFootnote 15 (CIBC, 2014), il est important que les consommateurs établissent un fonds d’urgence, y compris qu’ils créent un budget et incorporent l’épargne à leur budget.
Possibilités de recherche : accroissement de l’épargne
Dans le cadre du Plan national de recherche, les initiatives de recherche suivantes seront entreprises afin de produire des données empiriques sur l’accroissement de l’épargne (veuillez consulter l’annexe A)Footnote 16 :
- David Rothwell examinera la relation entre les connaissances et l’autoefficacité en ce qui touche l’épargne chez les personnes à faible revenu.
- L’utilisation d’instruments d’épargne libres d’impôt est l’un des principaux moyens d’épargner. Pierre-Carl Michaud examinera la perception des Canadiens, leurs connaissances et leur utilisation d’instruments d’épargne libres d’impôt (c.-à-d. le REER et le CELI).
- De plus, l’ACFC étudiera les approches utilisées dans d’autres pays, notamment l’établissement de comptes d’épargne et d’incitatifs à l’épargne au moment de la déclaration des revenus, qui faciliteront, pour les ménages, l’épargne d’une portion de leur remboursement d’impôtFootnote 17 .
L’ACFC continuera de coordonner les membres du Comité de recherche et les représentants de la communauté de recherche et de collaborer avec eux afin d’encourager la réalisation d’autres recherches dans ce domaineFootnote 18 . Par exemple, parmi les domaines d’intérêt figure un projet de recherche visant à examiner l’incidence des politiques publiques sur les niveaux d’épargne dans différents pays et divers groupes démographiques.
Complexité et disponibilité accrues des produits et services financiers
Les produits et services financiers sont de plus en plus complexes. Il est donc de plus en plus important de chercher à obtenir des sources d’information et des conseils, et de se renseigner sur les produits et services lors de la prise d’une décision financière. On demande aux gens d’assumer la responsabilité et le fardeau du risque de la planification de leur avenir et de l’épargne en prévision de celui-ci (OCDE, 2006). En outre, l’explosion des sociétés de technologie financière permet aux acteurs traditionnels et non traditionnels d’élaborer des solutions qui favorisent l’engagement et de créent de la valeur pour les commerçants et les consommateurs. Les monnaies numériques et les paiements électroniques en sont deux exemples.
L’obtention de conseils sur les produits financiers est une compétence financière importante associée au bien-être financier. Par exemple, le fait de demander des conseils sur les produits financiers est associé à des comportements favorables à l’épargne et à la planification financière (Simhon, 2016)Footnote 19 . De plus, une récente étude de l’ACFC sur les emprunteurs de prêts sur salaire a révélé que de nombreux répondants ne demandaient pas toujours des conseils financiers, même s’ils l’estimaient nécessaire. Par exemple, seulement 8 % des répondants ont déclaré toujours demander des conseils financiers lorsqu’ils le jugeaient nécessaire. Étonnamment, 27 % des répondants n’ont jamais demandé des conseils, même s’ils en avaient besoin (ACFC, 2016b). La faible proportion d’emprunteurs de prêts sur salaire qui demandent des conseils financiers souligne la nécessité d’encourager le recours à des conseils financiers professionnels chez les consommateurs. Étant donné que le choix des produits et services financiers est une des composantes de base de la littératie financière et que les données probantes indiquent que les consommateurs les mieux informés prennent des décisions financières plus judicieuses, il est important que la recherche considère qu’il s’agit d’une priorité.
Possibilités de recherche : choix de produits financiers dans un marché complexe
Les initiatives de recherche suivantes seront entreprises ou ont récemment été entreprises afin de produire des données empiriques sur des moyens efficaces d’aider les consommateurs à être mieux renseignés, plus confiants et plus avisés lorsqu’ils doivent choisir des produits financiers dans un marché complexe (veuillez consulter l’annexe A)Footnote 20 :
- L’ACFC effectue des recherches pour comprendre les caractéristiques démographiques des emprunteurs de prêts sur salaire et les raisons d’avoir recours aux prêts sur salaire. Dans le cadre de ces recherches, l’ACFC a déterminé que les domaines suivants pourraient faire l’objet de plus amples recherches :
- la nature des habitudes de consommation des emprunteurs de prêts sur salaire et l’effet qu’ont ces habitudes sur la mesure dans laquelle ils sont susceptibles d’avoir recours à de tels prêts;
- comment tirer pleinement parti des préjugés cognitifs afin d’encourager les consommateurs à utiliser leurs économies pour payer des dépenses nécessaires relativement petites et ainsi éviter de recourir à des produits de crédit;
- la nature de l’utilisation des prêts sur salaire en ligne et les différences dans le comportement des emprunteurs lorsqu’ils utilisent les services en ligne comparativement aux comptoirs de services de prêts sur salaire.
- Jerry Buckland dirigera un projet de recherche commandé par Affaires autochtones et du Nord Canada (AANC) afin d’examiner l’accès aux services bancaires dans les réserves. De plus, il collaborera avec SEED Winnipeg, organisme local sans but lucratif, à l’examen d’un produit de groupe du REEE, qui est particulièrement populaire chez les nouveaux arrivants canadiens, ainsi que des avantages, des coûts et des risques connexes pour le consommateur.
- Dilip Soman dirigera un projet de mise à l’essai du nouvel outil Financial Literacy in a Box (FLIB) afin d’examiner les possibilités de corriger l’écart entre les objectifs d’un programme d’éducation financière (c.-à-d. les connaissances) et une prise de décision efficace.
- Grace Barakat mènera des recherches pour examiner la manière dont des personnes réussissent à payer leurs études en accédant aux ressources accessibles : prêts, bourses et bourses offertes par les universités de l’Ontario.
- Milos Vašić effectuera des recherches en vue d’accroître davantage l’inclusion financière au Canada. L’objectif est de comprendre comment les populations financièrement vulnérables peuvent accéder à des services bancaires de base à coût raisonnable et ainsi éviter d’avoir à se fier au système financier alternatif, qui est dominé par les prêteurs sur salaires et autres fournisseurs de services financiers parallèles.
Prochaines étapes
L’ACFC servira de plateforme centrale aux fins de la mise en commun des recherches, de l’amélioration des connaissances et de la communication des constatations des recherches. Les chercheurs et les organismes qui les financent garderont leurs droits sur leurs projets de recherche individuels, mais le Comité de recherche a l’intention de collaborer à des initiatives de recherche et d’en coordonner d’autres, et entend communiquer et promouvoir ses constatations. L’ACFC communiquera et encouragera les recherches sur la littératie financière en publiant les documents de recherche dans la Base de données canadienne sur la littératie financière. En outre, les chercheurs et les organismes de financement sont encouragés à diffuser largement leurs recherches.
Des séances d’information seront régulièrement organisées afin d’orienter les travaux des intervenants à l’appui de la mise en œuvre de la Stratégie nationale en matière de littératie financière – Compte sur moi, Canada. Des efforts seront consacrés à l’intégration des constatations des recherches aux interventions concrètes, réalisables et fondées sur des données probantes au niveau des politiques et des programmes en vue d’améliorer le bien-être financier et la protection des consommateurs de produits et services financiers au Canada.
Afin de faciliter les nouvelles initiatives de recherche dans les domaines recensés dans le présent plan et d’encourager la réalisation d’autres recherches, l’ACFC travaille à la détermination d’organismes de financement et de mécanismes de financement qui appuieront l’exécution du Plan.
Pour obtenir une description détaillée des projets du plan de recherche national, veuillez communiquer avec ResearchRequest@coll-pr.fcac-acfc.gc.ca.
Annexe A : Contributeurs
Grace Barakat, étudiante, Université York, sous la supervision de Brenda Spotton Visano
Simon Brascoupé, professeur auxiliaire de recherche, Université Carleton
Jerry Buckland, professeur, Collège Menno Simons
Andrea Cotroneo, avocate générale et secrétaire générale, Association des banquiers canadiens
Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)
Comptables professionnels agréés Canada (CPA Canada)
Conseil de crédit du Canada
Derek Dedman, Financial Planning Foundation
Karen Duncan, professeure agrégée, Université du Manitoba
Jan Dymond, directrice des affaires publiques, Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC)
Noah Gitterman, conseiller principal en politiques, Protection du consommateur de l’Ontario
Christina Kan, professeure adjointe, Université Texas A&M
Jodi Letkiewicz, professeure adjointe, Université York
Pierre-Carl Michaud, professeur, HEC Montréal
Prospérité Canada
Jennifer Robson, professeure adjointe, Université Carleton
David Rothwell, professeur adjoint, Université de l’État de l’Oregon
SEED Winnipeg
Dilip Soman, professeur, Rotman School of Management, Université de Toronto
Brenda Spotton Visano, professeure, Université York
Milos Vašić, étudiant à l’Université York, sous la supervision de Brenda Spotton Visano
Documents de reference
Agence de la consommation en matière financière du Canada. (2015). Gérer son argent et planifier pour l’avenir : principales constatations de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014 (p. 38).
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Arrowsmith, S., et Pignal, J. (2010). Capacité financière au Canada : document de travail, conclusions initiales tirées de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2009. Ottawa, Groupe de travail sur la littératie financière du Canada.
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BMO, Pollara (2015). Rapport sur le sondage sur l’épargne en prévision des jours difficiles.
Boisclair, D., Lusardi, A. et P. C. Michaud (2014). « Financial literacy and retirement planning in Canada ». Journal of Pension Economics and Finance, 1-20.
Buckland, J. (2010). « Are low-income Canadians financially literate? Placing financial literacy in the context of personal and structural constraints », Adult Education Quarterly, vol. 60, nº 4, p. 357-376.
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