Vidéo : Recherche sur le bien-être financier en Nouvelle-Zélande et en Australie

Transcription

Celestyna Galicki : Bonjour. Je vous remercie de m’avoir invitée. Je souffre encore des effets du décalage horaire. J’ai pris l’avion depuis la Nouvelle-Zélande.

(Rires)

Alors s’il vous plaît, ne me jugez pas trop durement aujourd’hui!

(Rires)

Je vais donc vous parler de la recherche sur le bien-être financier en Nouvelle-Zélande et en Australie. Je travaille pour la Commission for Financial Capability, un organisme gouvernemental indépendant qui a pour mandat d’aider les Néo-Zélandais à s’en sortir financièrement. Et nous y parvenons en mettant sur pied une gamme de programmes d’éducation financière en milieu de travail, dans les collectivités et aussi en ligne. Et la Nouvelle-Zélande et l’Australie étaient justement des pays abordés dans l’étude dont Elaine et Rebecca nous ont parlé précédemment. Nous avons également mis sur pied notre propre enquête, un baromètre de la capacité financière, qui revêtait un caractère moins scientifique étant donné que nous avons mesuré le bien-être en demandant simplement aux personnes ce qu’elles pensaient de leur situation financière. Et leurs réponses contiennent et contenaient des métaphores : « oh, je coule sérieusement », « je croule sous les dettes » ou « je suis à flot ». Et ceci était le résultat d’une étude qualitative; en effet, celle-ci a révélé que les personnes utilisent des métaphores lorsqu’elles parlent de leur situation financière. Nous avons donc différentes façons de mesurer le bien-être financier, et ceci est pour moi une grande découverte. On trouve des résultats similaires quand on cherche à connaître les facteurs qui influencent le bien-être financier. Et c’est précisément là-dessus que je vais me concentrer dans cette présentation. Si vous souhaitez en savoir plus sur les chiffres provenant de Nouvelle-Zélande, vous les trouverez sur le site Web de l’étude ANZ.

Voici donc la diapositive sur laquelle figure la modélisation effectuée dans l’étude de l’ANZ et qui montre quels types de facteurs influencent le bien-être financier et à quels degrés. Nous voyons donc que les facteurs économiques sont importants, mais ce ne sont pas les plus déterminants, comme nous l’avons constaté en passant en revue des exemples dans lesquels des personnes se comportent de différentes façons tout en étant dans la même tranche de revenus. Donc, dans l’étude ANZ, ces facteurs économiques représentent jusqu’à 15 % de l’influence; dans notre étude, nous trouvons quelque chose de similaire : le revenu représente environ 11 %. Et c’est très étonnant parce que lorsque vous demandez aux personnes ce qui, selon elles, influe sur leur bien-être financier et à quel degré, oh, quelque chose comme 70 % d’entre elles vous diront qu’il s’agit du revenu, mais ce n’est pas le cas. Et ces résultats nous sont très utiles parce que nous n’arrêtons pas d’expliquer aux décideurs politiques et aux autres organismes, que la capacité financière n’est pas seulement une question de revenus, c’est beaucoup d’autres choses.

Donc c’est une question de comportement financier et non le fait d’effectuer des emprunts pour les dépenses quotidiennes. Oui, c’est bien cela et nous constatons la même chose dans notre baromètre de la capacité financière. Nous avons également demandé aux personnes auprès de qui elles empruntaient, et il semble que le fait d’emprunter à leurs amis et à leur famille soit particulièrement préjudiciable au bien-être financier. D’après moi, c’est peut-être parce que cela change la structure de leurs réseaux de soutien. Leurs relations sociales ne sont plus les mêmes une fois qu’elles commencent à emprunter de l’argent. Nous observons également le gradient de santé entre les segments; celui-ci est semblable dans l’étude d’ANZ. Et je pense que c’est ce que nous avons constaté dans notre recherche qualitative, c’est-à-dire que le fait d’avoir des problèmes de santé, en particulier des problèmes de santé à long terme, peut rejaillir sur le bien-être financier des personnes. Le bien-être financier n’est donc pas seulement une question de finances. Le bonheur ou le malheur de ces personnes provenant d’autres domaines de la vie peut rejaillir sur ce bien-être financier et déformer la façon dont elles voient leur situation.

Les facteurs psychologiques, donc le lieu de contrôle serait concerné, nos recherches confirment cela également ainsi que la confiance dans ses aptitudes en gestion du budget. Dans notre enquête, il semble également que le fait de parler d’argent fait une différence, et pour certains groupes, il existe un phénomène de tabou culturel qui entoure le fait de parler ouvertement d’argent. Et cela est préjudiciable au bien-être financier des personnes parce que cela empêche l’apprentissage ainsi que la modélisation du comportement. Et nous avons constaté que certaines des différences dans le lieu de contrôle semblent être culturelles parce que les différents groupes ethniques obtiennent des résultats différents sur ce point. Et dans certaines cultures, il n’est apparemment pas convenable de dire, « vous savez, j’ai le contrôle de ma vie », parce que ce sera considéré comme totalement arrogant alors que vous êtes censé penser que tout est entre les mains du destin ou de Dieu. Mais certaines de ces personnes s’en sortent assez bien financièrement, alors je pense que ces différences culturelles doivent faire l’objet de recherches plus détaillées à l’avenir.

Donc dans l’étude ANZ, encore une fois, les revenus sont importants en bas et en haut de l’échelle des revenus. Si votre revenu est très faible, il est probable que votre bien-être financier soit faible, par contre, si votre revenu est élevé, votre bien-être sera probablement élevé. Mais, au milieu, il y a peu de différences. Il existe une grande variété de types de bien-être financier dans les mêmes tranches de revenus lorsque vous examinez cette fourchette moyenne de revenus. Il en va de même pour le baromètre de la capacité financière; ainsi, le graphique du haut montre différentes catégories de bien-être financier, et ces diagrammes en boîte du revenu personnel, vous voyez donc qu’il y a une courbe. La diapositive du bas indique la fréquence d’épargne, c’est-à-dire la fréquence à laquelle les personnes épargnent, dans la même fourchette de revenus personnels, de 50 000 à 100 000 $ par année. Et ici, vous voyez que la pente est beaucoup plus raide, pour ainsi dire, et ce comportement, le comportement d’épargne, fait vraiment une différence, même s’il s’agit d’une fourchette similaire de revenus.

Nous savons donc que le comportement est important et la question suivante qu’on se pose est de connaître les facteurs qui influencent le comportement. Comment pouvons-nous modifier le comportement des personnes? Nous devons donc prendre en compte les attitudes, l’optimisme, un lieu de contrôle, mais également l’environnement auquel les personnes se comparent. D’après notre recherche qualitative, nous constatons que de nombreuses dépenses sont motivées par le type de groupe auquel les personnes se réfèrent. À qui se comparent-elles? Dans leur environnement immédiat, qui fixe les normes en matière de dépenses? Et il y a également les normes culturelles. Par exemple, dans certaines communautés, on perçoit l’épargne comme un acte égoïste. Et la Nouvelle-Zélande compte une population autochtone, les Maoris qui représentent 14 % de sa population. Il s’agit donc d’une population importante et la culture maorie valorise grandement la générosité, mais également les cadeaux, ce qui est absolument extraordinaire; mais cela a pour conséquence que certaines personnes s’endettent pour améliorer leur position sociale en se montrant généreuses à l’égard des autres.

Quant aux ressources dans lesquelles les gens peuvent puiser, les réseaux sociaux n’ont pas encore fait l’objet de recherches approfondies. Nous avons déjà effectué des recherches qualitatives à ce sujet, mais selon moi, cela vaut la peine que celui-ci soit inclus dans certaines enquêtes futures parce que cela peut faire une énorme différence : l’accès à des services gratuits, à des connaissances gratuites et à d’autres ressources gratuites dont les personnes disposent. Nous avons effectué un petit sondage : combien de parents aident leurs enfants adultes à acheter des voitures, des maisons, à payer leurs études universitaires? Il semble qu’ils sont nombreux et que certains jeunes adultes aient accès à cette aide et d’autres non; c’est quelque chose qui n’apparaît pas souvent quand on leur demande simplement leur revenu et non plus largement leur situation familiale.

Enfin, nous avons aussi mis sur pied une politique, grâce à laquelle nous essayons de rendre l’épargne plus facile. En Nouvelle-Zélande, l’épargne est facilitée principalement grâce au régime KiwiSaver scheme, que vous pouvez consulter en ligne si cela vous intéresse. Mais globalement, il existe de nombreuses influences complexes sur le comportement financier des personnes et cela demeure pour nous un casse-tête. Nous commençons juste à reconstituer des morceaux de ce casse-tête. C’est la raison pour laquelle je suis si heureuse d’être ici et d’entendre ce que d’autres chercheurs ont découvert. Et nous nous posons toujours les questions suivantes : comment modifie-t-on le comportement des personnes? Comment utilise-t-on l’éducation? Comment utilise-t-on la politique? Comment utiliser les incitations et que savons-nous de l’économie comportementale pour améliorer le bien-être financier des personnes? Merci.

(Applaudissements)

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