Vidéo : Capacité et bien-être financiers : une comparaison internationale

Transcription

Elaine Kempson : Je ne m’attarderai pas sur cette diapositive puisqu’elle répète essentiellement ce que Becky a déjà expliqué. Ceci présente l’indice de bien-être des cinq pays où le questionnaire a été rempli. Mon rôle est de prendre un moment pour vous expliquer ce que signifient ces résultats. J’imagine que certains d’entre vous les verront d’un point de vue plus technique que d’autres.

Au total, 11 questions visant à mesurer le bien être financier ont été posées pour ensuite être soumises à une analyse en composantes principales, ce qui nous a permis de déterminer qu’il était possible d’en tirer une mesure unique représentant la mesure globale du bien être financier, mais aussi que l’on pouvait tout aussi bien décomposer cette dernière en trois sous mesures, qui sont présentées ci dessous, soit le respect des engagements, le confort financier et la résilience financière.

Nous avons ensuite créé un indice à l’aide des coefficients que nous avons rattachés à zéro et 100. Je pourrais présenter les aspects techniques pour vous expliquer comment nous avons procédé pour établir ce lien, mais il est suffisant de dire que nous nous sommes référés aux réponses les moins aptes et aux réponses les plus aptes. Nous avons calculé le pointage sur un total de 100 afin d’être en mesure de comparer. Les coefficients sont quelque peu difficiles à expliquer à ceux qui sont responsables d’élaborer les politiques.

Nous pouvons constater que la Norvège est au premier rang, comme on nous a déjà signalé, et les Norvégiens en sont très heureux puisqu’en matière de littératie financière et de capacité financière, ils n’en sont qu’au tout début. Je crois qu’il s’agit là d’une bonne leçon pour nous tous. Il s’agit d’un pays qui n’a pas déployé de grands efforts. Il y a beaucoup de travail fait dans les écoles, mais il n’y a aucun fondement substantiel ni débat national sur le sujet.

Nous tentons actuellement de lancer le processus. J’espère qu’au fur et à mesure que nous avancerons, j’arriverai à vous expliquer les raisons pour lesquelles je crois que la Norvège excelle tant. Tristement, ceux qui ont obtenu les pointages les plus faibles pour l’ensemble des mesures sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, avec 20 points d’indice sous la Norvège, ce qui est très révélateur. Le Canada et l’Irlande se sont relativement bien illustrés. Ceci étant dit, vous avez obtenu dix points de moins que la Norvège et la résilience financière de l’Irlande est assez mauvaise, au même titre que celle de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Il s’agit d’un très rapide tour d’horizon des pointages obtenus. Cependant, pour les quatre autres pays, à l’exception du Canada, nous avons segmenté la population différemment. Nous avons segmenté les populations selon les pointages obtenus pour l’ensemble du bien-être financier, donc les personnes présentant une certaine sécurité financière sont celles qui ont eu une note de 80 ou plus. Ceux qui sont biens, mais qui n’ont que peu d’économies, ont obtenu entre 52 et 79,99, ceux qui arrivent tout juste à joindre les deux bouts ont eu entre 30 et 49,99 points, puis ceux qui sont en difficulté financière ont un score de 30 ou moins.

Les différences deviennent encore plus saisissantes. Ce qui mérite d’être souligné est le fait que la population de la Norvège présentant une certaine sécurité financière est deux fois plus élevée que celle des trois autres pays. Les populations les plus importantes en difficulté financière se trouvent en Australie et Nouvelle-Zélande et s’élèvent à quatre fois celle de la Norvège. Il s’agit là d’un résultat que je me permets de qualifier comme disproportionné lorsque l’on regarde les sommes dépensées par la Norvège pour la recherche sur les difficultés de paiement.

Ceci ne change pas grand chose sur le plan de la capacité financière, mais c’est inhérent à ceux qui présentent des problèmes de paiement, bien qu’il n’y en ait qu’un très petit nombre et que celui ci soit lié à un groupe de personnes en particulier, ce que je vous expliquerai plus loin. Le nombre est deux fois plus élevé en Australie et en Nouvelle-Zélande qu’en Irlande, malgré le fait que ce pays ait été touché gravement lors de la crise financière. Je crois que ceci est très intéressant.

Les pays diffèrent dans la mesure de cette analyse. L’analyse la plus détaillée a été faite sur les données norvégiennes et celle ci a donné lieu à deux rapports techniques approfondis qui ont exploré absolument tous les éléments de ce modèle conceptuel ainsi que ce qui les motive. Je ne peux que vous en présenter qu’un résumé, mais notre compréhension aujourd’hui de la façon dont ces facteurs interagissent est bien plus profonde.

Ce que nous pouvons faire à l’aide des données sur la Norvège, l’Irlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande est d’étudier les modèles de régression, des modèles qui prédiront les niveaux généraux de bien-être financier dont le point de départ a été les modèles très généraux qui comprenaient tout ce qui était intégré aux diagrammes conceptuels que j’ai présentés plus tôt.

Ils évaluaient les connaissances, aptitudes ainsi que tous les autres éléments envisagés et ceux ci ont été modifiés à l’aide d’essais jusqu’à ce qu’on obtienne un modèle efficace. Les nombres présentés dans ce tableau, que vous voyez ici, sont les coefficients normalisés de ces modèles. Nous pouvons constater que pour tous ces pays, le bien être financier est déterminé en fonction d’une combinaison de circonstances économiques, notamment le revenu et les diminutions importantes de revenu.

Cependant, il ne s’agit pas uniquement de l’argent que vous avez, mais de la façon dont vous utilisez cet argent est aussi très importante. La valeur du coefficient indiquera l’importance de l’effet et renforcera ce que les autres ont avancé avant moi, c’est à dire que deux comportements qui motivent le bien être financier en général sont effectivement présents dans l’ensemble des pays et il s’agit de l’épargne actif et d’éviter d’emprunter pour les dépenses quotidiennes.

Nous tenions compte d’autres comportements dans le modèle original, par exemple de la préparation d’un budget, des décisions informées, des choix de produits actifs et de la surveillance des finances. Nous les avons retirés soit parce qu’ils n’étaient pas révélateurs ou qu’ils seront présentés en détail à un autre moment puisque le fait de préparer un budget et de surveiller ses finances a une corrélation négative. En d’autres mots, plus votre santé financière est bonne, moins il est probable que vous suiviez un budget.

Je peux vous expliquer ceci plus tard lors de la période de questions, mais il ne s’agit pas du tout d’une relation directe. Nous pouvons constater que deux autres facteurs sont aussi très importants, le lieu de maîtrise financière. Il s’agit du degré selon lequel vous assumez la responsabilité de vos propres résultats et décisions, ou, au contraire, vous sentez que cela ne relève pas de vous, qu’il s’agit d’une force extérieure. « Je dépense parce que je vis dans une société de consommation et que je dois suivre mes amis » par opposition à : « je décide de mes dépenses et je devrais les surveiller ».

En ce qui a trait à la confiance financière, le lien de cause à effet est un peu ambigu. Vous pourriez être très confiant puisque vous avez un niveau élevé de bien être ou votre niveau de bien être pourrait être élevé parce que vous êtes une personne confiante et que vous prenez des décisions en ayant confiance. En réalité, je crois que je suis un peu des deux. Ces capacités que nous pouvons noter dans les données irlandaises et norvégiennes sont grandement motivées par les personnalités. La connaissance et l’expérience sont bien moins importantes.

En effet, pour ceux qui sont plutôt techniques, lorsque nous procédons à une évaluation selon un modèle de régression par degrés, nous pouvons évaluer les connaissances et cela présente un effet important. Si à cela vous ajoutez la personnalité, les effets de la connaissance diminuent considérablement. En d’autres mots, la personnalité l’emporte sur la connaissance. Et cela, je crois, ne surprendra personne.

Ce qui est aussi intéressant dans cette diapositive est que les conversations entre parents et enfants au sujet de l’argent ont un effet très remarquable. Il s’agit d’une population où l’âge varie entre 18 et 80 ans et malgré cela nous pouvons constater un effet positif. De manière semblable, ce ne sont pas toutes les études qui comportaient des questions sur l’éducation financière. Il est encore possible de constater les effets chez les adultes qui ont eu une éducation financière à l’école.

Lorsque l’on compare les résultats obtenus par les différents pays pour les capacités financières clés, la Norvège s’est classée au premier rang pour l’ensemble des comportements, à l’exception des restrictions en matière de dépenses, où elle est arrivée tout juste derrière les autres et il s’agit là d’un des points vulnérables de ce pays, ce que j’expliquerai plus loin. Les Canadiens ont obtenu le pointage conjoint le plus élevé en matière de confiance financière et se sont relativement bien illustrés quant aux autres mesures.

Les Irlandais étaient les moins probables de se restreindre financièrement, ce que j’ai pu moi même constater lors de mon passage dans ce pays. J’étais conseillère à la banque centrale de l’Irlande (Central Bank of Ireland) après la crise financière. J’y allais régulièrement pour examiner l’ensemble de leur législation sur la protection des consommateurs. J’étais très étonnée de constater que les gens continuaient à dépenser, bien que le pays traversait une crise terrible. Je ne pouvais pas y croire et les Irlandais ont confirmé qu’il s’agit d’une nation de gens qui dépensent beaucoup.

Ils ont aussi le plus faible niveau de confiance financière. Les Australiens et Néo-Zélandais sont les moins susceptibles d’épargner activement, bien qu’ils aient le faible niveau de contrôle financier; ce qui a bien fait rire lorsque j’étais en Australie pour le lancement. Tous ceux qui ont eu la chance de visiter l’Australie et la Nouvelle-Zélande vous diront que ce qui est merveilleux de ces deux pays est leur attitude détachée.

Oh, ce sera correct. Tout sera correct. Bien que ceci ait fait rire, il s’agit de leur talon d’Achille. Les gens ont reconnu que cela pouvait leur causer beaucoup de tort, comme tu l’as souligné Celestyna. Très rapidement, l’autre partie de l’équation est le revenu. Et c’est ce qui, à mon avis, explique les résultats obtenus par la Norvège. Il semble y avoir un lien entre le bien être financier et l’inégalité des revenus, et non les niveaux des revenus.

Rien de plus normal. Si un grand nombre de gens sont pauvres, alors il y a beaucoup plus de personnes qui sont susceptibles de voir leur bien-être détériorer. Vous pouvez constater que la Norvège a non seulement un revenu moyen assez élevé, mais aussi un coefficient de Gini incroyablement bas. Ce coefficient mesure l’inégalité des revenus. Zéro signifie que tous ont des revenus identiques et 100 signifie qu’il s’agit d’un pays présentant des inégalités incroyables.

La Norvège présente l’un des coefficients les plus bas au monde et n’a d’égal qu’une poignée d’autres pays scandinaves ainsi que quelques pays très pauvres où l’ensemble de la population est également très pauvre. Elle a les revenus les plus élevés. Elle présente les plus faibles inégalités à l’égard des revenus ainsi que le plus haut niveau de bien être financier.

Je crois que ce qui est intéressant, c’est de comparer le Canada avec l’Irlande, qui présentent des niveaux très semblables de bien être financier et des niveaux très semblables d’inégalités de revenus alors que leurs revenus moyens sont très différents. Nous pouvons vérifier ceci empiriquement. Nous n’avons que cinq pays, mais il me semble très évident que les inégalités liées au revenu jouent un rôle important.

Pour récapituler rapidement, il me reste zéro minute alors je ferai ça vite, pour l’ensemble des pays le bien être financier est déterminé par la relation entre l’argent qu’ont les gens et ce qu’ils en font. Le fait d’économiser activement et d’éviter d’emprunter pour les dépenses quotidiennes représentent l’élément qui a la plus grande incidence, alors que d’assumer ses responsabilités en matière de décisions financières et résultats est aussi très important.

Cependant, il existe une limite à ce que nous pouvons faire pour tenter de changer ces propensions s’il existe d’importantes inégalités quant au revenu. Les États Unis, par exemple, présentent un coefficient de Gini très élevé pour une économie développée et leurs efforts pour améliorer le bien être par l’entremise de changements au niveau du comportement seront toujours freinés s’ils ne s’attaquent pas aux inégalités en matière de revenus.

Il existe cependant des similitudes remarquables entre les pays. Je suis certaine que vous avez été surpris par la ressemblance entre les conclusions. Et pour moi, c’est très valorisant. Cela signifie que les instruments d’enquête fonctionnent, et ce, de manière significative. L’on s’attendrait à ce que les conclusions soient fondamentalement différentes.

Cependant, puisqu’il y a tant de similitudes, cela signifie plutôt que nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. Nous avons bien raison de transférer les leçons apprises d’un pays à l’autre. Mais, ce qui, à mon avis, est important est qu’il existe aussi des différences intéressantes. Elles nous indiquent là où les différents pays pourraient vouloir concentrer leurs efforts. Merci infiniment.

(Applaudissements)

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