Vidéo : Les fondements de la capacité financière au Royaume-Uni

Transcription

Nick Watkins : Alors, parlons du travail fait au Royaume-Uni, sur la manière dont, en nous basant sur nos recherches, nous pouvons aider les consommateurs à épargner. Grâce au travail d’Elaine, nous avons pu déterminer que l’épargne active et le fait de ne pas avoir recours au crédit pour répondre à des besoins quotidiens de base sont deux des éléments principaux qui ont une corrélation avec le bien-être financier. Par conséquent, il s’agit là des deux secteurs sur lesquels nous voulons nous concentrer.

Ainsi, nous souhaitons réellement comprendre de quelle manière nous pouvons aider les consommateurs britanniques à épargner. Actuellement, nous avons déjà établi qu’il y a beaucoup de points communs entre le Royaume-Uni, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Par conséquent, je suis convaincu que les statistiques d’ici sont très semblables à celles constatées dans les autres pays.

On estime que 22 % des adultes britanniques ont moins de 100 livres en épargne totale. En réalité, si on se penche sur l’argent dans un compte d’épargne, le montant est encore plus petit. Encore là, nous savons aussi qu’environ sept ménages sur dix recevront une facture inattendue au cours de l’année. Et si on se penche sur le montant auquel ces factures s’élèvent, une très grande proportion se chiffre à 250, 300, 400 ou 500 livres. Ainsi, comme nous sommes conscients que les gens n’ont pas d’argent, qu’est-ce qui se produit? Les gens auront tendance à emprunter cet argent, et si quelque chose d’autre va mal, la situation s’empire et ils ont des problèmes réels.

Selon un organisme britannique de bienfaisance offrant des conseils en matière de dette, si tous les ménages avaient 1 000 livres, on réduirait d’un demi-million le nombre de consommateurs britanniques ayant besoin de conseils complets en matière de dettes. Manifestement, il est important que nous puissions aider les gens à accumuler un tampon d’épargne. Encore une fois, et comme nous l’avons vu précédemment aujourd’hui, ce n’est pas une simple question de revenu. Je ne prétends aucunement que cela n’est pas plus difficile pour les gens ayant des revenus plus faibles. En effet, surtout pour ceux ayant les salaires les plus faibles, il est très difficile d’épargner.

Mais je pense que l’un des points importants à retenir, et je sais que ce point a déjà été soulevé, c’est qu’il ne suffit pas d’avoir un gros salaire, il faut aussi avoir de l’épargne. Si vous n’en avez pas, vous n’en avez pas. C’est exactement ce que nous avons constaté lorsque nous nous sommes penchés sur l’utilisation du crédit pour répondre aux besoins essentiels quotidiens. Nous avons découvert qu’il y avait autant de ménages ayant un revenu supérieur à 50 000 $ que de ménages ayant un revenu inférieur et 17 500 000 $ qui avaient recours au crédit à cette fin. Ce n’est donc pas une simple question de revenu.

Lorsque nous avons effectué notre sondage sur la capacité financière des adultes, nous avons découvert que la capacité d’épargner des gens dépend beaucoup plus de leur attitude et de leur état d’esprit. C’est une question de contrôle, d’engagement envers l’argent. En d’autres mots, il faut être prêt à consacrer du temps à la gestion de son argent et croire qu’on peut faire la différence. C’est une question d’avoir un état d’esprit d’épargne et croire qu’il est important d’épargner, de faire un budget et de s’y tenir.

Je suis d’avis – et je ne surprendrai personne – que cela rejoint beaucoup de choses qu’on a entendues aujourd’hui. Je veux maintenant me concentrer sur ce qui suit : Que peut-on faire pour remédier au problème? Nous l’avons compris. Nous avons constaté qu’il y a une corrélation plus forte avec l’attitude et l’état d’esprit qu’avec le revenu. Mais que peut-on faire réellement pour remédier au problème?

Je vais donc utiliser le modèle EAST de l’équipe d’introspection comportementale. Les économistes comportementaux doivent avoir un faible pour les acronymes à quatre lettres de l’économie comportementale, vous savez les modèles BEARs et EASTs, et les autres. Cependant, je pense que le modèle EAST est plutôt approprié pour la question. Il dit que si on veut qu’une personne change son comportement – et pas seulement son comportement financier; tout changement de comportement – on a plus de chance de réussir si on rend le changement facile (easy), attrayant, social et opportun (timely). Ainsi, dans une minute, je vais poursuivre et vous parler de chaque élément et d’une partie du travail que nous avons accompli, en plus de présenter quelques-unes des idées que nous testons.

Avant de procéder, il serait pertinent que je vous parle de quelques-unes des choses qui ne fonctionnent pas selon moi. Une des choses qui ne fonctionnent pas est de dire aux gens qu’ils doivent épargner. Je ne crois pas que cela a une utilité quelconque. Vous savez, on parle à beaucoup de personnes, et seule une petite minorité nous répondra qu’ils n’ont pas besoin d’épargner. D’après mon expérience, ce sont les gens qui ont le plus tendance à avoir un revenu moyen ou légèrement supérieur à la moyenne qui disent qu’ils vont payer avec leur carte de crédit et qu’ils n’ont pas besoin d’épargner.

Ainsi, la majorité des gens sont d’avis qu’ils devraient épargner, et lorsqu’on leur parle, ils répondent : « Je sais que je dois épargner, mais je ne peux pas actuellement à cause de X, Y et Z. » Cela ne fonctionne donc pas. Je ne crois pas non plus que c’est une question d’accès à l’épargne. Il existe des produits au Royaume-Uni. Je ne dis pas qu’on ne pourrait pas les améliorer, mais je ne crois pas qu’ils sont problématiques. Lorsque nous avons discuté, nous avons effectué une étude consultative avec des gens dont le revenu était inférieur à la moyenne, et qui n’avaient pas d’épargne. Nous leur avons dit : « Savez-vous où aller pour épargner? » Ouais. Savez-vous comment ouvrir un compte d’épargne? Ouais, je ne l’ai simplement pas fait. Je ne crois donc pas qu’il s’agit d’un problème de produits.

Pour ce qui est de l’autre chose, je vais citer, je crois, Daniel Gilbert de l’université Harvard : La peur est une motivation terrible. C’est certainement le cas. Un des tests que nous avons faits consistait à mettre à l’épreuve la statistique selon laquelle sept ménages sur dix auront une facture imprévue. Croyez-vous que vous devriez faire quelque chose pour que cela ne vous arrive pas? Non, ça ne m’arrivera pas à moi. Ça arrive aux autres. Je fais partie des trois sur dix. On dit ainsi aux gens que de mauvaises choses arriveront. Il faut donc faire des choses qui ne fonctionnent pas pour encourager les gens qui n’épargnent pas.

Je ne parle pas de ceux qui épargnent déjà. C’est comme dire à ceux qui n’épargnent pas ce qui suit : « Vous savez, ce sera l’enfer sur Terre si vous n’avez pas d’épargne. » Cela ne fonctionne pas particulièrement bien.

Revenons donc à ce qui pourrait fonctionner. Comment pourrait-on permettre aux gens d’épargner facilement? Nous mettons à l’essai un instrument d’épargne qu’on appelle « Side car ». L’idée est qu’on accumule de l’épargne grâce à une pension à inscription automatique. C’est une idée qui a émané de Harvard, et nous la testons avec Nest au Royaume-Uni. Nous espérons procéder à des essais sur le terrain auprès des employeurs plus tard cette année. Nous avons effectué le travail qualitatif pour le tester, et nous avons obtenu des commentaires très positifs. Les gens disent apprécier le projet. Certaines personnes n’aiment pas leur employeur et ne leur font pas confiance. D’autre affirment aimer cette manière de faire puisqu’elle intègre de la discipline et leur facilite la vie. Il s’agit donc d’une idée à envisager.

Comment pouvons-nous rendre l’épargne plus attrayante? Encore une fois, je crois qu’on en a discuté plus tôt. On parle du côté social de l’épargne. Lors des groupes de discussion, plusieurs personnes m’ont dit qu’ils ne souhaitent pas épargner. Quelqu’un m’a déjà dit ce qui suit : « Oh, mon beau-frère épargne. Il épargne vraiment. Il a beaucoup d’argent. Et, vous savez, il porte le même manteau ennuyeux depuis cinq ans. » De la même manière, lorsqu’on parle d’épargne à un groupe de personnes dans la vingtaine, que nous répondent-ils? Et bien, les personnes qui épargnent sont seules. Ils ne sortent jamais. Je ne veux pas épargner.

Alors, comment peut-on rendre l’épargne plus attrayante? Et bien, on peut se concentrer sur l’épargne axée sur des objectifs. On peut penser qu’épargner est ennuyeux, mais aller en vacances ou quelque chose du genre, c’est attrayant. Ma logique c’est, au moins vous épargnez. Ainsi, si le chauffe-eau brise ou si vous avez un problème, vous avez l’argent disponible.

Comment peut-on rendre l’épargne sociale? Nous avons lancé un défi. Nous avions une communauté en ligne. Encore une fois, à des gens ayant des revenus modestes et n’épargnant pas, nous leur avons demandé comment faire pour épargner 100 livres par mois. Ils ont répondu ne pas être capables d’épargner 100 livres par mois. Ils ont présenté toutes les raisons habituelles, comme le prix du loyer, les enfants, etc. En bref, c’était une petite étude portant sur 23 personnes. Après l’exercice, toutes les personnes épargnaient. Une seule femme n’a pas épargné parce que son chien était malade et qu’elle avait utilisé l’argent pour régler la facture du vétérinaire. Au bout du compte, lorsque nous avons repris contact avec eux après six mois afin de voir comment ils s’en tiraient, la femme épargnait beaucoup et elle était tout à fait d’avis que les factures inattendues peuvent arriver. Il faut toutefois en faire l’expérience.

Donc, la communauté en ligne, des gens comme vous, ING effectue un travail intéressant aux Pays-Bas. La société a pris une liste de clients d’un secteur homogène et a envoyé beaucoup de courriels ciblés à ceux qui n’avaient pas d’épargne afin de leur dire que les gens de leur secteur épargnaient plus ou moins qu’eux. L’étude n’a pas encore été publiée, mais je crois qu’elle a permis de constater une réelle hausse de l’épargne.

Encore une fois, nous avons testé l’idée d’un partenaire ou aidant en matière d’épargne. Les gens ne veulent pas dire qu’ils ne souhaitent pas nous communiquer leurs renseignements, je ne peux pas voir mon compte. En réalité, je leur réponds : « Karen, je vais épargner. Je veux épargner 500 livres. Je vais vous faire un rapport mensuel de ma progression ». À nouveau, les résultats étaient meilleurs que prévu.

Et « T », pour timely (durée), c’est aussi important, nous espérons participer à un essai sur le terrain l’année prochaine. C’est une question de logique. Si vous avez contracté un prêt de 200 $ par mois, par exemple, à la fin du prêt, vous pourriez demander à ce qu’un montant de 100 $ soit déposé par défaut dans un compte d’épargne tous les mois et garder l’autre tranche de 100 $ pour vos dépenses. C’est donc facile. On parle ici du concept de la sécurité en vue de l’avenir. Encore une fois, l’exercice s’est bien déroulé dans les laboratoires de Fincab (transcription phonétique) et nous souhaitons le mettre de l’avant au sein d’une des principales banques britanniques. C’est mon modèle EAST.

Je souhaite maintenant terminer – Il y a une diapositive qui s’est volatilisée. Il faut donc imaginer des enfants heureux parce que la clé est de commencer jeune. Il y a beaucoup de preuves. Une enquête longitudinale appelée le British Cohort Survey a d’ailleurs été réalisée auprès des personnes nées en 1970 au Royaume-Uni. On y constate une corrélation entre les comportements cognitifs et non cognitifs des enfants et des adultes. Au Pays de Galles, on a intégré un module sur la capacité financière à une intervention parentale existante, et nous avons vraiment obtenu d’excellents résultats.

Ainsi, si on donne régulièrement de l’argent à son enfant, et qu’on le rend responsable de cet argent, il y aura un effet très positif. Les enfants comprennent le concept de l’épargne à partir de cinq ou six ans. Encore une fois, cela prouve qu’il faut commencer jeune. Il est aussi très intéressant de souligner que, dans le cas de l’intervention parentale, les parents étaient deux fois plus endettés que la moyenne de la population. Au bout du compte, nous avons constaté que les parents avaient réduit leurs dettes. Ainsi, on aide les enfants et les parents.

C’est ce qui termine ma présentation. Il reste 14 secondes. Alors, je vous remercie vivement.

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