Vidéo : Fragilité financière — les preuves au-delà de la constitution d’actifs

Transcription

Andrea Hasler : Je vous remercie beaucoup. Je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui. Je fais partie des 8 % de personnes venant de l’international, mais non, je ne suis pas en décalage horaire, je viens de Washington. Mais je parlerai aujourd’hui de la fragilité financière aux États-Unis. Alors, comment définir la fragilité financière? Il s’agit essentiellement d’une situation de fragilité financière, ou de l’incapacité de faire face à des dépenses urgentes comme des réparations de voitures ou de maison, une facture médicale ou de petits frais juridiques en peu de temps. En fait, nous avons mis à l’essai notre mesure, et nous allons en parler grâce à deux diapositives. Nous l’avons mise à l’essai en 2009. Et comme vous pouvez l’imaginer, en 2009, pendant la crise financière, 50 % des ménages américains étaient classés comme financièrement fragiles.

Alors, j’utilise les données des Études nationales sur les capacités financières de 2015, soit un échantillon représentatif national en ligne de plus de 27 500 répondants. Ces données nous permettent vraiment d’examiner plus attentivement les sous-groupes de la population. Elles offrent des renseignements inédits sur la littératie et les capacités financières, et depuis 2012, elles incluent notre mesure de la fragilité financière. Je limite l’échantillon aux personnes de 25 à 60 ans et aux personnes non retraitées. Parce que je pense que les gens qui sont plus jeunes vont peut-être à l’université ou à l’école, ont des besoins financiers différents; tout comme les gens qui sont plus âgés et qui sont peut-être retraités. Donc, pour obtenir un échantillon plus homogène, je limite l’âge des personnes à un intervalle de 25 à 60 ans et je l’appelle groupe d’âge actif.

Alors, quelle question posons-nous ici? Nous demandons : « dans quelle mesure êtes-vous certain de pouvoir trouver 2 000 $ si un besoin inattendu survenait au cours du mois suivant? » Donc, en gros, 2 000 $, c’est un montant moyen. Alors nous n’imposons pas de limites et ne disons pas qu’ils ont besoin de l’avoir en argent liquide. Nous leur laissons donc jusqu’à 30 jours pour se débrouiller ou trouver les 2 000 $. Il se peut donc que les gens pensent à vendre leur voiture, ou à avoir recours à leur réseau familial et amical, tout est possible. Et nous supposons ou pensons en fait que les personnes interrogées ici dans notre enquête y penseront et en tiendront compte. Et les réponses possibles à la question sont : je suis certain que je pourrais trouver la totalité des 2 000 $; je pourrais probablement y arriver; je ne pourrais probablement pas y arriver; et, je ne pourrais certainement pas trouver les 2 000 $. Et nous considérons les deux groupes qui disent pouvoir probablement ou certainement pas y arriver comme financièrement fragiles.

Voyons maintenant quelle était la situation en 2015. En 2015, 36 % de la population américaine en âge de travailler, âgée de 25 à 60 ans, était financièrement fragile. Et, oui, c’est inférieur aux 50 % de 2009, mais quand même, ça indique qu’en 2015, la fragilité financière est toujours présente malgré l’économie qui se redresse, et pas seulement le résultat de la récession.

J’aimerais maintenant examiner un peu plus en profondeur les différents sous-groupes que nous avons ici. J’ai d’abord examiné la fragilité financière selon l’âge. Et ce que nous voyons ici, c’est qu’il y a différentes tranches d’âge, de 25 à 29 ans, soit la tranche d’âge la plus jeune, et la plus âgée qui est de 55 à 60 ans. Et ce que nous voyons, c’est que nous avons une proportion semblable de personnes de tous âges qui sont financièrement fragiles, mais nous voyons aussi, et surtout ce qui ressort de nos résultats de régression, après avoir contrôlé le revenu et le niveau de scolarité, que les personnes d’âge moyen, de 40 à 49 ans, sont légèrement plus vulnérables financièrement que les autres groupes d’âge. Et c’est peut-être parce que les obligations financières atteignent un sommet. Ils doivent assumer les frais de garde d’enfants, le remboursement des prêts étudiants et les versements hypothécaires.

Nous pouvons, nous avons également examiné différents niveaux de scolarité, de l’école secondaire à l’université, puis de l’université sans diplôme, au baccalauréat et aux études postdoctorales, et nous voyons que la fragilité financière diminue avec l’augmentation du niveau de scolarité. Mais, et ceci, cet effet, est très important, même après avoir contrôlé le revenu, nous voyons aussi que l’écart lié au niveau de scolarité est vraiment énorme, entre les personnes qui ont un diplôme universitaire et celles qui n’en ont pas. Et cela vaut également pour nos résultats de régression.

En ce qui concerne le revenu, ce qui nous a vraiment frappés et choqués, c’est que lorsque nous avons examiné la fragilité financière du revenu des ménages, nous avons constaté qu’elle diminue avec l’augmentation du revenu, mais qu’elle demeure très élevée pour les ménages à revenu moyen. Si vous regardez ici (il s’agit de dollars américains), chez les personnes qui gagnent de 50 000 $ à 75 000 $ par an, près de 30 pour cent n’ont pas pu trouver 2000 $ en moins de 30 jours. Et si vous regardez parmi le groupe au revenu plus élevé, de 75 000 $ à 100 000 $ par année, 20 % étaient classés comme étant financièrement fragiles. Et il faut tenir compte du fait que les 2 000 $ représentent la même somme, même si quelqu’un gagne 75 000 $ par année ou 25 000 $ par année. C’est pourquoi ce pourcentage est, relativement parlant, très élevé.

Et cela nous a menés à la recherche suivante, et la recherche que je suis en train de faire en ce moment. Voilà donc des conclusions préliminaires. Quels sont donc les facteurs contributifs à la fragilité financière des ménages à revenu moyen? Pourquoi, le taux de fragilité financière est-il si élevé chez les ménages à revenu moyen? Et ce que nous avons d’abord trouvé, c’est la taille de la famille. Donc la taille de la famille a une répercussion. Les ménages ayant plus d’enfants sont donc plus susceptibles d’être financièrement fragiles. Et c’est parce que les budgets familiaux sont fixes, donc ils ne peuvent pas vraiment trouver la somme de 2000 $ parce qu’ils ont des obligations financières. Ils ont des frais de garde d’enfants et ils doivent payer les études. Mais ce que vous voyez aussi, ce que nous constatons aussi, c’est que les ménages à revenu moyen et élevé qui sont fragiles financièrement sont plus susceptibles d’avoir plus d’enfants.

Un autre aspect que j’aimerais aborder ici pour compléter la discussion que nous avons eue auparavant avec David, est celui de la pauvreté des actifs et des revenus. La dette et la gestion de la dette sont très importantes en plus des actifs. Et ce que nous constatons, c’est que les ménages à revenu moyen ont des actifs, mais ces actifs s’accompagnent d’un fort endettement. Et ce que nous constatons aussi, c’est que la dette ne diminue pas, mais qu’en fait, elle augmente avec le revenu. Et c’est ce que j’aimerais montrer ici à l’aide de graphiques.

Donc, ce que nous voyons ici, c’est l’accession à la propriété des ménages. Et je les regroupe, les trois premières barres sur votre côté gauche représentent en fait ceux qui gagnent moins de 50 000 $, puis vous avez ceux qui gagnent de 50 000 $ à 75 000 $, qui constituent mon groupe à revenu moyen, et ensuite nous avons le groupe de plus de 75 000 $ par an. Et ce qui est indiqué avec les barres bleu foncé, ce sont des propriétaires de maison. Ainsi, parmi les familles à revenu moyen, 57 % sont des propriétaires.. Mais cela augmente, l’actif augmente avec le revenu du ménage. Mais ce que nous voyons aussi avec la barre bleu clair, parmi ceux qui ont une maison, de 70 à près de 80 % des ménages ont une hypothèque immobilière. Ils ont donc une hypothèque sur leur maison, leurs actifs s’accompagnent donc d’une dette. Et si vous regardez alors la gestion de la dette, qui est la barre verte, nous voyons que ceux qui ont une maison, qui ont une hypothèque, un tiers, soit de 31 % à 34 % des ménages sont en retard dans leurs paiements hypothécaires au cours de l’année précédant l’enquête. Eh bien, c’était en 2014.

Vous pouvez aussi regarder rapidement l’épargne-retraite, la même chose, la même image, en fait : l’épargne-retraite augmente avec le revenu, mais aussi si vous regardez les barres bleues claires, ceux qui ont contracté le prêt, et la barre verte, donc le pourcentage des ménages financièrement fragiles qui ont effectué des retraits pour cause de difficultés financières. Et ça augmente aussi avec le revenu. Et c’était en fait assez bouleversant, ou surprenant pour nous. Donc, les gens empruntent vraiment contre eux-mêmes, et que ce que nous voyons ici aussi dans le dernier tableau parmi les répondants financièrement fragiles, 41 % dans le groupe à revenu moyen ont des factures médicales impayées.

Et de l’autre côté, si vous regardez la rangée suivante montre ceux qui ont beaucoup de frais liés aux cartes de crédit, parce qu’ils sont en retard sur les paiements, qu’ils prennent des avances de fonds, ou qu’ils dépassent la limite, essentiellement. Ainsi, environ 70 % des ménages financièrement fragiles parmi les groupes à revenu moyen ont ce comportement. De plus, l’utilisation des services financiers alternatifs est semblable dans toutes les catégories de revenus, et très élevée, en particulier dans les catégories à revenu moyen et élevé. Ainsi, 38 % avaient recours, avant l’enquête, au cours des cinq années précédant l’enquête, à des prêteurs sur gages, à des prêteurs sur salaire et à des magasins de location avec option d’achat.

Cela m’amène au troisième facteur contributif, qui est en fait la littératie financière. La littératie financière est vraiment importante, et les niveaux de littératie financière sont très bas, surtout parmi les ménages financièrement fragiles. Ce que nous voyons ici, ce sont les trois premières questions. Ce sont des questions très fondamentales sur l’intérêt, l’inflation et la diversification des risques, et encore une fois, dans les tranches de revenu des ménages, je sépare les personnes non financièrement fragiles et les personnes financièrement fragiles et j’examine les différents pourcentages qui répondent correctement aux questions, et nous voyons que l’éducation financière est globalement très faible. Ainsi, seul un tiers d’entre eux a pu répondre correctement aux trois questions de base. Mais il y a une différence significative entre les personnes financièrement fragiles et non fragiles. Et elle est vraiment énorme.

J’aimerais résumer rapidement. La fragilité financière est prédominante dans l’économie en reprise, et elle n’est pas seulement le résultat de la régression. Il s’agit d’un large échantillon représentatif de la population qui est financièrement fragile. Il ne s’agit donc pas seulement d’un problème lié aux jeunes, aux faibles revenus et au faible niveau de scolarité. Et ce dont je n’ai pas parlé ici, c’est que nous avons aussi examiné les conséquences à long terme. Nous avons également vu que les personnes qui sont financièrement fragiles sont en fait moins susceptibles de planifier leur retraite. Voilà donc les conséquences à long terme. Et nos recommandations reposent fondamentalement sur le fait que l’éducation financière est importante, surtout dans les écoles, au travail et dans la collectivité, et qu’il faut cibler les sous-groupes vulnérables, mais aussi avoir d’autres outils, comme des incitatifs à l’épargne préventive comme nous le faisons pour les comptes de retraite, institutionnalisant ainsi l’épargne à court terme d’une manière semblable aux comptes de retraite, puis favorisant la planification financière pour aider à réduire les niveaux d’endettement et à améliorer la gestion des dettes. Je vous remercie beaucoup.

(Applaudissements)

Détails de la page

Date de modification :