Voies vers des systèmes alimentaires durables en temps de crise
Déclaration
Communiqué des ministres de l’Agriculture du G7
Berlin, 14 mai 2022
1. Nous, les ministres de l’Agriculture du G7, nous sommes réunis à Stuttgart les 13 et 14 mai 2022 pour relever les défis mondiaux auxquels le secteur agricole est confronté aujourd’hui en prenant des mesures concrètes pour contribuer à tous les objectifs de développement durable (ODD).
2. Rappelant notre déclaration adoptée le 11 mars lors de notre réunion extraordinaire sur l’Ukraine, nous sommes consternés par la guerre offensive à grande échelle, non provoquée et injustifiée menée par la Fédération de Russie contre l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine, avec l’aval du gouvernement biélorusse, et nous la condamnons. Nous condamnons dans les termes les plus forts les atrocités épouvantables commises par les forces armées russes à Bucha et dans d’autres villes ukrainiennes et nous sommes profondément attristés par les pertes humaines et les souffrances dévastatrices. Nous restons pleinement solidaires de l’Ukraine et du peuple ukrainien.
3. Nous sommes très préoccupés par les graves conséquences attendues de la guerre offensive russe contre l’Ukraine sur la sécurité alimentaire et la nutrition mondiale. Son impact sur le secteur agricole ukrainien, d’importance internationale, met la sécurité alimentaire et la nutrition mondiales à rude épreuve, et intensifie davantage les besoins humanitaires mondiaux dont le président Poutine et ses complices portent l’entière responsabilité. La guerre a intensifié la pression sur les systèmes alimentaires mondiaux, qui sont déjà confrontés aux impacts croissants des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement, d’autres conflits et de la pandémie de COVID-19, entraînant une nouvelle augmentation de la faim et de toutes les formes de malnutrition. Cette situation grave est exacerbée par les restrictions à l’exportation. Nous notons avec une grande inquiétude les graves effets que la récente hausse des prix des produits agricoles, exacerbée par la guerre en Ukraine, a sur la situation économique, notamment celle des personnes vulnérables, et donc sur l’accès à une alimentation saine, en particulier dans les pays en développement. En outre, les prix de l’énergie et du fret augmentent les coûts de production tout au long de la chaîne alimentaire. Les ruptures d’approvisionnement et les prix élevés des engrais et autres intrants, qui réduisent leur accessibilité et donc leur utilisation, avec la baisse des récoltes qui en résultera probablement dans de nombreux pays, exerceront une pression supplémentaire sur la sécurité alimentaire et la nutrition au niveau mondial. Les risques accrus de maladies animales résultant de la guerre imposent également des contraintes supplémentaires aux agriculteurs. Nous réitérons notre soutien aux décisions prises par la séance spéciale du Conseil de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture du 8 avril sur l’impact du conflit Ukraine-Russie sur la sécurité alimentaire mondiale et les questions connexes.
4. Conscients de l’urgence de relever ces défis, nous nous engageons à prendre des mesures immédiates et continues pour réagir aux effets de la guerre offensive russe en Ukraine. Nous nous engageons à contribuer à assurer l’approvisionnement alimentaire de la population ukrainienne et à aider les agriculteurs ukrainiens à accéder aux intrants essentiels, notamment le carburant, les engrais, les aliments et les semences, et à produire des aliments suffisants, sûrs et nutritifs. Nous aiderons également l’Ukraine à reprendre ses exportations agricoles.
5. Nous nous engageons à surveiller les prix des intrants et des denrées alimentaires, qui devraient augmenter à la suite de l’offensive de la Russie contre l’Ukraine. Dans ce contexte, nous demandons au Agricultural Market Information System (AMIS) du G20, à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de fournir des analyses et des recommandations pertinentes, notamment en ce qui concerne les impacts sur la sécurité alimentaire, la volatilité des prix alimentaires et les niveaux des stocks alimentaires. Nous nous engageons à nous efforcer d’élargir la base des donateurs du AMIS afin d’obtenir des moyens de financer cette initiative. Nous soulignons la nécessité de surveiller de plus près les marchés des intrants. Nous nous engageons à travailler avec nos collègues du G20 pour fournir des données en temps utile et des informations complètes et transparentes, et nous invitons les autres membres du AMIS à faire de même. Nous fournissons des ressources financières supplémentaires au AMIS sur une base volontaire pour faciliter, en particulier, la surveillance étendue du marché des engrais, et nous encourageons les autres pays à faire de même.
6. Nous nous engageons à prendre des mesures rapides, efficaces et sans effet de distorsion, selon les besoins, pour stabiliser et permettre le bon fonctionnement des marchés et ainsi sécuriser les approvisionnements alimentaires et éviter le stockage excessif de denrées alimentaires qui peut entraîner de nouvelles hausses de prix. Nous répondons aux besoins de nutrition des plantes, compte tenu du défi que représentent les prix élevés des engrais et les ruptures d’approvisionnement. En outre, nous nous sommes engagés à travailler ensemble à la stabilisation des règles commerciales lors de la 12e conférence ministérielle de l’OMC afin d’assurer la sécurité alimentaire.
7. Nous condamnons tout particulièrement les restrictions à l’exportation imposées par la Russie, qui utilise les restrictions à l’exportation de denrées alimentaires et d’intrants pour des raisons géostratégiques et prive les marchés mondiaux de l’importante production ukrainienne, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire mondiale. Nous continuerons d’éviter toute mesure restrictive injustifiée sur les exportations, qui pourrait aggraver l’augmentation de la volatilité des prix des denrées alimentaires et des intrants déjà observée sur les marchés internationaux, et qui pourrait ainsi menacer la poursuite du redressement de toutes les facettes des chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales et, plus largement, la sécurité alimentaire et la nutrition. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné des risques importants pour la sécurité alimentaire et la nutrition au niveau mondial. Nous travaillerons ensemble pour obtenir des résultats positifs, notamment à l’OMC, afin de lutter contre le recours injustifié aux restrictions à l’exportation. Nous lutterons également contre tout comportement spéculatif qui met en danger la sécurité alimentaire ou l’accès à des aliments nutritifs pour les pays ou les populations vulnérables.
8. Tout en réagissant aux défis importants actuels, nous nous engageons explicitement à poursuivre notre travail en faveur d’une agriculture et de systèmes alimentaires durables et résilients. Dans ce contexte, nous soutenons le travail de toutes les organisations multilatérales concernées, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et les institutions financières internationales. Les changements climatiques et la perte de biodiversité, les conflits et la pandémie de COVID-19 sont toujours en cours, affectent toujours les moyens de subsistance et, malheureusement, se renforcent mutuellement. Nous mettons en garde contre le ralentissement des travaux sur l’un de ces défis afin de répondre aux crises alimentaires à court terme, car cela aura des conséquences négatives à moyen et long terme. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour traiter activement les répercussions directes de la guerre russe et ses conséquences indirectes sur les pays et aider l’Ukraine à reconstruire un secteur agricole résilient.
9. Nous soutenons le « Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière » dirigé par le Secrétaire général des Nations unies, qui réunit toutes les parties prenantes concernées autour de la table. Le G7 entend se faire le champion de ce processus avec les pays partageant les mêmes idées et encourage le groupe à agir rapidement et de manière transparente. Nous saluons l’accent mis par les dirigeants du G7 sur la sécurité alimentaire et la nutrition, qui ont déclaré que « nous nous attaquerons aux causes et aux conséquences de la crise alimentaire mondiale par le biais d’une Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire, en tant qu’initiative conjointe visant à assurer l’élan et la coordination, et d’autres efforts. Nous coopérerons étroitement avec les partenaires et organisations internationales au-delà du G7, dans le but de transformer les engagements politiques en actions concrètes, comme le prévoient diverses initiatives internationales telles que la mission de résilience en matière d’alimentation et d’agriculture (Food and Agriculture Resilience Mission ou FARM) et les principales initiatives régionales de sensibilisation, notamment en direction des pays africains et méditerranéens ».
10. Nous soulignons le rôle central du secteur agricole dans l’alimentation d’une population mondiale croissante et dans la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Nous sommes convaincus que la poursuite de la transformation vers des systèmes alimentaires durables, en reconnaissant les trois piliers de la durabilité, au niveau national et international, est fondamentale pour atteindre la sécurité alimentaire et la nutrition à l’échelle mondiale. À cet égard, nous nous félicitons de la déclaration d’action du Secrétaire général des Nations unies lors du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires de 2021, qui préconise l’éradication de la faim et de toutes les formes de malnutrition et la mise en place de systèmes alimentaires durables, résilients et inclusifs, et nous prenons note des dialogues et des coalitions d’action nationaux, indépendants et mondiaux, ainsi que de la mise en œuvre des voies nationales.
11. Le G7 s’engage à faire preuve de leadership et d’ambition au niveau international en trouvant des voies vers des systèmes alimentaires durables, en répondant à la crise agricole provoquée par la guerre en Ukraine et en investissant de manière responsable dans l’avenir. Nous nous engageons à prendre des mesures décisives, coordonnées, intersectorielles et collectives pour la réalisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, ainsi que pour améliorer le niveau de vie des agriculteurs, notamment en soutenant les pays en développement par des politiques et programmes pertinents. Nous voulons donc augmenter durablement la productivité et la production agricoles, ainsi que la résilience des écosystèmes agricoles. Les pertes et gaspillages de nourriture et la promotion de régimes alimentaires équilibrés et sains doivent également être abordés. Nous reconnaissons qu’il n’existe pas d’approche unique et que les conditions locales doivent être prises en compte.
12. Nous sommes déterminés à poursuivre notre engagement à l’égard des objectifs du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires et à les soutenir. À cet égard, nous nous engageons à continuer d’évoluer vers un recours accru aux politiques pour promouvoir la production durable tout en respectant les règles de l’OMC. Ces politiques comprennent des efforts accrus d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation à ceux-ci, la protection de l’environnement, l’arrêt de la perte de biodiversité et la promotion de régimes alimentaires sains. À cette fin, nous nous engagerons à intégrer ces objectifs dans les politiques agricoles et alimentaires. Rappelant les engagements pris par les dirigeants du G7 sous la présidence du Royaume-Uni en 2021, nous attendons avec intérêt de nouvelles analyses pour évaluer les effets des politiques et des mesures incitatives agricoles sur l’environnement, en particulier sur la biodiversité et le climat, dans le but de continuer à promouvoir des politiques qui contribuent aux objectifs de développement durable, et de prendre des mesures, le cas échéant, pour obtenir des résultats positifs pour la nature.
13. Une approche multipartite forte et inclusive est essentielle pour transformer les systèmes alimentaires. À cet égard, nous nous félicitons du travail de collaboration réalisé au sein du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et de ses différents ensembles de lignes directrices, recommandations et principes volontaires. Nous soulignons la nécessité d’une collaboration et d’une coordination étroites entre le CSA et le FIDA. Nous demandons au CSA de travailler dans le cadre de son mandat sur les défis de la sécurité alimentaire et de la nutrition liés à l’atténuation des changements climatiques, à l’adaptation à ceux-ci et à la perte de biodiversité. Ces travaux doivent prendre en compte les besoins des petits exploitants, notamment les possibilités de revenus, ainsi que la contribution fondamentale des femmes en tant qu’agricultrices et travailleuses, tout en évitant toute forme de discrimination.
14. Nous reconnaissons le rôle que jouent les systèmes alimentaires et le changement d’utilisation des terres en tant que moteurs des changements climatiques. Par ailleurs, nous reconnaissons la vulnérabilité particulière de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche et de l’aquaculture aux effets des changements climatiques. Nous reconfirmons notre engagement en faveur d’une mise en œuvre complète et rapide de l’Accord de Paris. Nous avons l’intention de jouer pleinement notre rôle dans la mise en œuvre urgente du Pacte climatique de Glasgow. Nous avons l’intention d’intensifier les efforts existants pour accroître les pratiques d’adaptation aux changements climatiques afin de fournir à tous une alimentation suffisante, sûre, saine et nutritive. Nous nous engageons à intensifier les efforts pour parvenir à des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles dès que possible, et au plus tard en 2050. Nous nous engageons à poursuivre l’intensification de l’action sectorielle dans les secteurs de l’agriculture et de l’utilisation des terres afin de maintenir l’augmentation de la température moyenne de 1,5 °C à portée de main. Nous nous engageons donc à promouvoir des mesures d’atténuation des changements climatiques en encourageant les méthodes d’agriculture durable et adaptée au climat, notamment les pratiques de réduction du méthane, la gestion durable des forêts et la réduction de la consommation d’énergie. À cet égard, nous rappelons les résultats de la COP 26 de la CCNUCC et soulignons, en particulier, notre engagement commun à l’égard de la Déclaration des dirigeants de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres. Nous nous réjouissons à la perspective de poursuivre les discussions dans le cadre et au-delà du travail conjoint sur l’agriculture de Koronivia et des initiatives respectives sur les solutions futures pour l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets.
15. Nous sommes conscients que l’agriculture et la biodiversité sont fortement liées. Alors que l’agriculture peut contribuer de manière importante à la conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité, les pratiques agricoles inappropriées sont un des principaux facteurs de la perte de la biodiversité à l’échelle mondiale. Nous soulignons et défendons la croissance durable de la productivité agricole, l’agriculture biologique, l’agroécologie et d’autres approches innovantes, ainsi que d’autres pratiques respectueuses de la biodiversité, qui peuvent contribuer à conserver et à améliorer la biodiversité mondiale. L’utilisation responsable et durable des pesticides, notamment la réduction des risques liés aux pesticides et la lutte intégrée contre les organismes nuisibles, apporte une contribution essentielle à la biodiversité. Nous nous engageons à préserver la biodiversité agricole, notamment les variétés et les espèces traditionnelles de plantes cultivées, les animaux et les pollinisateurs, ainsi que la santé des sols. Nous nous engageons à promouvoir et à mettre en œuvre rapidement un cadre mondial ambitieux et efficace pour la biodiversité après 2020, assorti d’objectifs et de cibles solides, qui sera adopté par les parties lors de la COP 15 (partie 2) de la Convention sur la diversité biologique.
16. Nous nous engageons à promouvoir la gestion efficace et durable des nutriments dans l’agriculture, y compris la réduction des pertes de nutriments dans l’environnement, le recyclage des nutriments et l’utilisation intégrée des engrais à partir de matières organiques. Nous nous engagerons à soutenir une utilisation efficace et responsable des engrais, adaptée aux besoins en nutriments des cultures, des arbres, des pâturages et des prairies, tout en réduisant les pertes de nutriments, en atténuant les changements climatiques et en arrêtant et en inversant la perte de biodiversité.
17. Nous réaffirmons notre engagement à mettre en œuvre l’approche « Une santé » pour accélérer la lutte mondiale contre la résistance aux antimicrobiens dans les systèmes agricoles et alimentaires. Nous nous engageons à prendre des mesures pour réduire la nécessité et l’utilisation inutile des antimicrobiens afin de prévenir, réduire et gérer les menaces et les risques biologiques pour l’agriculture, les systèmes alimentaires et la santé humaine. Nous reconnaissons l’importance de la gestion des antimicrobiens dans la chaîne alimentaire comme élément fondamental de la protection de la santé humaine, animale et environnementale. Nous accueillons favorablement et nous nous engageons à respecter et à appliquer les « Lignes directrices sur le suivi et la surveillance intégrés de la résistance aux antimicrobiens d’origine alimentaire » (CXG 94-2021) et le « Code de pratique visant à réduire au minimum et à maîtriser la résistance aux antimicrobiens d’origine alimentaire » (CXC 61-2005) du Codex Alimentarius, qui constituent des étapes importantes vers la réduction de la résistance aux antimicrobiens conformément à l’approche « Une santé ». Dans le cadre de la mise en œuvre de ces lignes directrices, nous nous engageons à mettre en place ou à améliorer les systèmes nationaux intégrés de suivi et de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de l’utilisation des antimicrobiens existant dans nos pays respectifs. Il s’agit, s’il y a lieu, d’utiliser des données issues de la médecine humaine et vétérinaire, de l’agriculture, de la production végétale, de la production animale et de l’échantillonnage environnemental, d’améliorer la base scientifique et factuelle des évaluations des risques et de déterminer les possibilités d’atténuation. Nous demandons instamment à la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) d’élaborer des normes sur l’utilisation responsable des antimicrobiens sur les plantes ou les cultures à des fins phytosanitaires.
18. Nous soulignons le fait que les systèmes de production durables sont un facteur important pour maintenir les humains, les plantes et les animaux en bonne santé et ainsi réduire le fardeau de la résistance aux antimicrobiens et prévenir le risque de zoonoses. Nous prendrons des mesures contre les menaces et les risques qui pèsent sur les systèmes de production alimentaire durables, notamment les zoonoses, les agents pathogènes des animaux, les phytoravageurs, les agents pathogènes des plantes et les espèces exotiques envahissantes. Nous aborderons la prévalence et la transmission des maladies exotiques et endémiques chez les animaux destinés à la consommation. Nous saluons et encourageons les travaux, fondés sur la science et l’analyse des risques, des organisations quadripartites (OIE, FAO, OMS et PNUE) ainsi que du « Groupe d’experts de haut niveau sur l’approche Une santé » pour renforcer la mise en œuvre de cette approche afin de prévenir ou de combattre la résistance aux antimicrobiens et les zoonoses émergentes et endémiques, ainsi que d’autres menaces.
19. Nous soulignons que les pertes et gaspillages alimentaires sont un défi mondial permanent dans la transition vers des systèmes alimentaires durables et nécessitent des actions urgentes et collectives. Nous reconnaissons que la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires est une mesure transversale importante pour réaliser plusieurs objectifs de développement durable, tout en réduisant les émissions de GES. Nous renouvelons en particulier notre engagement à réduire de moitié, à l’échelle mondiale, le volume de déchets alimentaires par habitant, au niveau de la distribution comme de la consommation, et de diminuer les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte, et ce, d’ici 2030.
20. Nous reconnaissons que le commerce équitable, ouvert, transparent, prévisible, non discriminatoire et fondé sur des règles est essentiel pour mettre en place des systèmes alimentaires plus résilients, pour promouvoir la sécurité alimentaire et pour rendre les aliments nutritifs plus abordables et disponibles. Nous soulignons l’importance de politiques commerciales transparentes et prévisibles, conformes aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Nous insistons sur la nécessité de continuer à étudier comment améliorer la durabilité et l’inclusivité dans le commerce mondial et comment les règles du commerce mondial peuvent contribuer à relever les défis urgents dans les domaines de l’agriculture, de l’alimentation et de la durabilité. Une analyse plus approfondie des effets du commerce agricole sur la biodiversité, l’environnement et le climat serait utile pour étayer des politiques commerciales respectueuses du climat et de l’environnement. Nous nous engageons à travailler de manière constructive avec les autres membres de l’OMC dans le cadre de la préparation de la 12e Conférence ministérielle de l’OMC en vue de parvenir à un résultat positif, et à démontrer notre engagement continu à l’égard des objectifs en matière de changements climatiques et de perte de biodiversité.
21. Nous soulignons que les chaînes d’approvisionnement agricoles mondiales contribuent à un approvisionnement stable et diversifié en nourriture dans le monde entier et sont essentielles pour assurer la sécurité alimentaire et la nutrition au niveau mondial. Nous nous engageons à œuvrer pour que les chaînes d’approvisionnement agricoles soient diversifiées, durables, efficaces et résilientes, y compris au niveau local et régional, car elles contribuent de manière importante à la sauvegarde de l’approvisionnement alimentaire mondial, en particulier en période de crise et d’instabilité géopolitique.
22. Nous nous engageons à respecter et à promouvoir les droits de la personne, y compris les droits économiques, sociaux et culturels, tout au long des chaînes d’approvisionnement agricoles. C’est avec une grande inquiétude que nous reconnaissons que le travail des enfants, la traite des personnes, y compris le travail forcé, existent le long des chaînes d’approvisionnement agricoles et nous nous engageons à travailler pour éliminer ce traitement inhumain et dégradant. À cet égard, nous encourageons également les initiatives que le secteur privé et la société civile peuvent prendre pour lutter contre le travail des enfants et le travail forcé.
23. Nous insistons sur le fait que les chaînes d’approvisionnement agricoles durables requièrent une conduite responsable des entreprises. Nous rappelons la déclaration des ministres du Commerce du G7 de 2021 sur le travail forcé et l’engagement de renforcer la prévisibilité et la transparence pour les entreprises en promouvant les orientations internationales existantes sur la diligence raisonnable en matière de droits de la personne, y compris les pratiques de recrutement responsables. Nous nous engageons à prendre des mesures pour améliorer la diffusion et l’application par l’industrie des Principes directeurs de l’OCDE et de la FAO pour des chaînes d’approvisionnement agricoles responsables, qui constituent un cadre international complet. Nous appelons les acteurs internationaux, l’industrie et les initiatives de certification dans la chaîne d’approvisionnement agricole à s’aligner sur cette directive et sur les autres directives et principes directeurs internationaux relatifs à la conduite responsable des entreprises. Nous reconnaissons le travail d’évaluation de l’alignement effectué par l’OCDE et soutenu par les outils mis au point par le Centre du commerce international (CCI) afin d’améliorer ces initiatives.
24. Compte tenu des défis posés par la crise climatique, la perte de biodiversité, la déforestation et la dégradation des sols, nous soulignons l’importance capitale des chaînes d’approvisionnement agricoles mondiales durables et transparentes. En tant que pays développés, nous reconnaissons le rôle important que nous jouons sur les marchés mondiaux et pour stimuler une consommation et une production plus durables. La demande croissante de produits durables et de modes de consommation durables, facilitée par le bon fonctionnement des marchés, peut soutenir les efforts déployés par les producteurs et les entreprises pour passer à des modes de production durables. Nous reconnaissons le rôle que les agriculteurs familiaux, les pêcheurs et les petits exploitants peuvent jouer pour contribuer à des chaînes d’approvisionnement agricoles durables, y compris au niveau local, et nous nous engageons à promouvoir une plus grande inclusion, en particulier des femmes, des jeunes et des populations vulnérables, dans nos politiques. Nous nous engageons à promouvoir la transition continue vers des chaînes d’approvisionnement agricoles durables.
25. Les forêts jouent un rôle essentiel dans la chaîne d’approvisionnement agricole grâce à leur rôle multifonctionnel dans l’environnement. C’est pourquoi nous sommes préoccupés par la déforestation mondiale et la dégradation des forêts, à savoir la déforestation induite par l’expansion agricole. Nous rappelons nos engagements à l’égard du plan stratégique des Nations Unies pour les forêts et ses six objectifs forestiers mondiaux. La perte permanente de forêts constitue une menace majeure pour le climat, la biodiversité et les sols, et par conséquent aussi pour la sécurité alimentaire et la nutrition. C’est pourquoi nous nous engageons à promouvoir la consommation de produits de bois récoltés légalement et issus de forêts gérées de manière durable. Nous nous engageons à accroître notre soutien aux chaînes d’approvisionnement durables qui dissocient la production agricole de la déforestation et de la dégradation des forêts. Nous nous engageons à travailler en collaboration, à partager les pratiques exemplaires et à explorer des approches, notamment en améliorant la gouvernance, la transparence et le renforcement des capacités afin de soutenir notre objectif d’arrêter la perte de forêts. Nous voulons atteindre cet objectif grâce à des chaînes d’approvisionnement durables pour les produits agricoles de base afin de faire progresser les objectifs mondiaux d’atténuation de la déforestation. Nous soulignons l’importance et notre volonté de dialoguer avec d’autres pays consommateurs et producteurs, le secteur privé et tous les intervenants concernés afin de trouver des solutions communes tout au long des chaînes d’approvisionnement, dans le respect des règles de l’OMC. À ce titre, nous prendrons part aux processus et initiatives internationaux visant à poursuivre les approches de lutte contre la déforestation, comme le Dialogue sur les forêts, l’agriculture et le commerce des produits de base (FACT) et d’autres initiatives pertinentes, en travaillant avec les producteurs et les consommateurs pour faciliter le passage à des chaînes d’approvisionnement durables. Nous apprécions le travail mené par l’OCDE et la FAO sur le Handbook for Business on Deforestation, Forest Degradation and Due Diligence in Agricultural Supply Chains (Manuel pour les entreprises sur la déforestation, la dégradation des forêts et la diligence raisonnable dans les chaînes d’approvisionnement agricoles).
26. Nous constatons qu’il existe différentes règles, directives volontaires et normes du secteur privé concernant les chaînes d’approvisionnement agricoles responsables. Nous reconnaissons l’opportunité de travailler vers une compréhension cohérente et des approches complémentaires tout en tenant compte des différentes circonstances nationales. Il convient de s’appuyer sur les normes et les lignes directrices de l’OCDE et d’autres organismes qui font autorité en matière de comportement responsable des entreprises, afin de favoriser la cohérence. Nous saluons l’initiative de la présidence de demander à l’OCDE de dresser un inventaire des mesures volontaires et obligatoires de diligence raisonnable du G7 pour les chaînes d’approvisionnement agricoles durables. Dans le cadre de cet exercice, l’OCDE examinera les autres normes environnementales, sociales et de droits de la personne applicables. Il s’agira notamment d’étudier les éventuels effets non intentionnels, en particulier sur les petits exploitants agricoles des pays producteurs. Cet inventaire permettra ensuite de déterminer les éléments dominants et les besoins pour renforcer la qualité et, si possible, la cohérence des mesures politiques du G7 visant à promouvoir les chaînes d’approvisionnement durables.
27. Nous insistons sur l’importance de faciliter des pratiques de gestion durable des terres et de l’eau qui renforcent les services écosystémiques, améliorent l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci et favorisent la conservation de la biodiversité. Nous nous engageons, le cas échéant, à promouvoir des solutions fondées sur la nature et respectueuses des mesures de sauvegarde sociales et environnementales dans nos pratiques agricoles et de gestion des terres au sens large, en reconnaissant leurs avantages connexes pour la résilience de la production agricole et alimentaire, le climat, la nature, la santé et les personnes.
28. Nous avons discuté de nos programmes actuels pour la séquestration du carbone dans le sol et de leurs possibilités et défis respectifs. Les activités visant à renforcer le piégeage du carbone sont une approche qui soutient une transformation vers une gestion durable des terres qui améliore l’intendance climatique et la sécurité alimentaire, renforce la conservation de la biodiversité et peut en même temps augmenter la productivité agricole et créer une source de revenus pour les agriculteurs. Nous avons mis en évidence les possibilités de créer des partenariats et de fournir du financement pour adapter les pratiques de gestion des terres afin d’atteindre nos objectifs en matière de climat et de biodiversité et de soutenir les efforts visant à maintenir et à accroître la matière organique du sol. Nous reconnaissons qu’il est important d’éviter la pollution des sols et de maintenir ou d’augmenter la matière organique du sol, en particulier les multiples avantages pour la santé des sols tels que la biodiversité des sols, la rétention d’eau, la réduction de la dégradation des sols et une résilience accrue, et nous nous engageons à favoriser et à mettre en œuvre des politiques nationales en conséquence.
29. Pendant nos discussions, nous avons également reconnu que les pratiques de piégeage du carbone pour compenser les émissions de gaz à effet de serre posent des défis tels que, entre autres, assurer le stockage du carbone à long terme et éviter les effets de fuite, le double comptage et les impacts négatifs potentiels sur la biodiversité, l’eau et les sols. Il convient d’y remédier pour garantir une mise en œuvre efficace, notamment pour les petits exploitants agricoles.
30. Nous affirmons la nécessité d’adopter des critères minimums et de mettre en place des procédures vérifiables pour la certification de l’élimination du carbone. Nous nous engageons à ce que les efforts visant à améliorer la séquestration du carbone ne remplacent pas les efforts nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, mais qu’ils les complètent. Nous reconnaissons l’importance d’améliorer les méthodes de surveillance, de déclaration et de vérification afin de comptabiliser avec précision les réductions et les éliminations d’émissions résultant des pratiques de gestion durable des terres, conformément aux méthodes pertinentes du GIEC. Nous saluons le projet de la présidence d’organiser un atelier multilatéral pour poursuivre l’échange de données scientifiques, éventuellement en collaboration avec le GIEC.
31. Nous nous engageons à promouvoir la recherche et l’innovation pour accroître la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires, y compris par des approches de laboratoires vivants, conduisant à une production durable et une productivité agricole accrue. Nous reconnaissons la nécessité d’accroître les investissements publics et privés dans la recherche et l’innovation agricoles. Nous nous engageons également à renforcer la collaboration en matière de recherche et le partage volontaire des connaissances à différents niveaux et à nous efforcer d’améliorer l’interface entre la science et la politique. Nous renouvelons notre engagement à mobiliser le système mondial de recherche agricole pour aider le monde à se remettre de la COVID-19, en relevant les défis de la sécurité alimentaire et de la nutrition, les impacts des changements climatiques et de la biodiversité sur les systèmes alimentaires et les répercussions de la situation actuelle en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale.
32. Nous affirmons que la technologie et les solutions d’agriculture numérique peuvent apporter une contribution cruciale à la mise en place de systèmes alimentaires durables. Elles devraient être développées à partir de données scientifiques solides et être adaptées et mises en œuvre de manière éthique, équitable, responsable et sensible au genre. En même temps, il convient d’offrir une protection appropriée de la propriété intellectuelle et de la confidentialité des données. Ces technologies et solutions doivent tenir compte des contextes et des systèmes de production variés et spécifiques, et contribuer positivement à la biodiversité et à l’atténuation des changements climatiques. Nous insistons sur la nécessité de solutions facilement disponibles, accessibles et abordables, en particulier pour les petits exploitants et les agriculteurs familiaux, les communautés autochtones, les femmes et les jeunes. Nous prévoyons poursuivre les mesures visant à garantir l’accès de nos agriculteurs à la formation, aux conseils et au financement.
33. Nous remercions la FAO et l’OCDE pour leur expertise et les invitons à poursuivre leur collaboration sur les questions traitées dans le Communiqué.
34. Nous attendons avec impatience la réunion des ministres de l’Agriculture de l’OCDE qui se tiendra en novembre prochain sur le thème « Bâtir des systèmes agricoles et alimentaires durables dans un environnement en évolution : Défis communs, solutions transformatrices ».
35. Nous saluons le travail de la présidence allemande du G7 et attendons avec impatience la présidence japonaise du G7 en 2023.
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