Comprendre l’interprétation simultanée à distance
Née vers le milieu du XXe siècle, l’interprétation simultanée est étroitement liée au développement des systèmes audio. C’est en effet grâce à l’invention du microphone et des écouteurs que les interprètes ont pu reproduire dans une autre langue ce qu’une personne est en train de dire, sans lui couper la parole.
L’arrivée de la téléconférence, puis de la vidéoconférence a engendré le concept d’interprétation simultanée à distance, où l’interprète ne se trouve pas au même endroit que la personne qui prend la parole. C’est tout un défi pour les interprètes, qui ont besoin de bien entendre et voir la personne qui parle pour rendre son message dans l’autre langue en utilisant les bons mots et le bon ton. De plus, la conversion du son pour qu’il soit transmis par le téléphone ou par Internet peut avoir un effet sur la qualité du son.
Au fil des ans, la demande pour interpréter des téléconférences et des vidéoconférences a augmenté au gouvernement du Canada. Les interprètes ont commencé à faire état de maux de tête et de problèmes d’ouïe, ce qui a incité le Bureau de la traduction à créer en 2015 un groupe de travail afin d’encadrer l’interprétation simultanée à distance. En avril 2019, à la suite de plusieurs accidents liés à la qualité du son transmis par le téléphone, le Bureau mettait fin à l’interprétation des téléconférences.
Au printemps 2020, le confinement lié à la pandémie a entraîné une explosion de la demande d’interprétation de vidéoconférences. Cela s’est immédiatement traduit par une hausse des problèmes de santé déclarés par les interprètes. Le Bureau a rapidement pris des mesures pour les protéger, mais encore aujourd’hui, les interprètes continuent à en ressentir les effets. C’est pourquoi le Bureau poursuit ses efforts afin de mieux comprendre et résoudre les problèmes liés à l’interprétation simultanée à distance.
Analyser le son
Même si on connaît bien les conséquences d’une exposition à de forts bruits, peu d’études ont été menées sur l’effet que peut avoir une exposition à long terme au son des vidéoconférences. Depuis quelques années, le Bureau fait donc appel à divers spécialistes du son et de l’ouïe, au Canada et à l’étranger, afin d’obtenir des données qui lui permettront de choisir les meilleures mesures pour protéger les interprètes.
Les tests peuvent porter sur de nombreux facteurs, comme le démontre la liste des études obtenues par le Bureau. Par exemple, au printemps 2023, des spécialistes du son ont testé pour le Bureau le spectre de fréquences Note de bas de page 11 (qualité du son) et le niveau de pression sonore Note de bas de page 2 (intensité ou volume du son) transmis aux interprètes dans les salles de comité du Parlement.
Le test du spectre de fréquences est assez simple : on branche un appareil qui mesure les fréquences reçues, et on établit si ces fréquences couvrent le spectre recommandé pour l’interprétation simultanée, soit de 125 à 15 000 hertz.
En ce qui concerne la pression sonore, on utilise pour la tester un mannequin de silicone conçu pour reproduire le corps humain, et plus précisément l’oreille humaine. Muni de capteurs, ce mannequin reproduit la vibration du son dans l’oreille et le corps, et permet d’analyser si la pression sonore est adéquate.
Le mannequin utilisé pour tester la pression sonore.
L’oreille du mannequin est conçue pour reproduire le conduit auditif humain, et reliée à un tympan électronique.
Les données ainsi recueillies au printemps 2023 ont été transmises à des spécialistes de l’ouïe pour qu’ils déterminent si le son transmis représentait un danger pour les interprètes et formulent des recommandations afin de réduire les risques. Voilà un exemple des efforts continus déployés par le Bureau pour améliorer sa compréhension des effets de l’interprétation simultanée à distance, et sa protection des interprètes.
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