Notes d'allocution par Rumina Velshi, présidente et première dirigeante de la CCSN à la dixième réunion du Groupe de travail de l’AEN, sur l’amélioration de l’équilibre entre les genres dans le secteur nucléaire, Administration centrale de l’AEN, Boulogne-Billancourt (France), 29 et 30 juin 2023

Présentation

Bonjour à tous!

Je suis toujours heureuse de prendre la parole devant le groupe de travail de l’AEN.

Je ne consacrerai pas mon allocution d’aujourd’hui aux statistiques. Nous les connaissons toutes. Nous savons le défi qui nous attend.

Même au Canada – mon pays, un pays qui tire une grande fierté de son souci d’équité – l’équilibre entre les sexes dans le domaine nucléaire reste imparfait.

Il y a quarante ans, lorsque j’ai commencé à travailler dans une installation nucléaire, j’étais fière de faire figure de pionnière pour les femmes.

L’équipement de protection personnelle ne me faisait pas. Il n’y avait pas de vestiaires pour les femmes.

Mais je portais cette discrimination comme une sorte de blason d’honneur. Je me disais : « C’est le prix à payer pour ouvrir la voie aux autres ».

Quarante ans plus tard, je constate avec fierté que certaines femmes ont pris cette voie.

Mais pas assez. Loin de là!

Je vais être franche : je pensais que nous aurions fait beaucoup plus de chemin à l’heure qu’il est.

Voici ce qu’il importe de comprendre : il ne s’agit pas que d’atteindre l’égalité pour atteindre l’égalité.

Il s’agit de réaliser véritablement, pleinement et finalement notre potentiel.

Lorsque nous donnons du pouvoir aux femmes, lorsque nous embrassons la diversité et l’inclusion, nous élargissons notre horizon collectif.

Nous nous améliorons.

Et tout le monde en profite.

Alors, que pouvons-nous faire?

Nous devons d’abord nous occuper des choses élémentaires.

Nous devons trouver les personnes qui tolèrent ou cautionnent encore l’hostilité ou les microagressions subtiles contre les femmes dans leurs lieux de travail.

Nous devons aussi comprendre que certaines femmes vont vouloir fonder une famille et qu’elles chercheront une autre carrière si elles ne se sentent pas soutenues dans le secteur nucléaire ou si elles ont l’impression que leur grossesse est un obstacle à leurs perspectives de carrière.

Nous devons redoubler d’efforts pour convaincre davantage de jeunes femmes d’entreprendre des études et de poursuivre une carrière dans les disciplines des STIM.

En tant qu’industrie, nous devons les embaucher et les encadrer, afin que d’autres suivent leurs traces.

Nous devons créer un environnement dans lequel elles se sentent accueillies dès leur arrivée et comblées tout au long de leur vie professionnelle.

Comme de plus en plus de pays recherchent à la fois la sécurité énergétique et la carboneutralité, le secteur de l’énergie nucléaire est voué à se développer.

Nous aurons besoin de personnes intelligentes pour concevoir les installations, puis pour les construire, les gérer et les réglementer.

Ce sont là des conditions idéales pour le développement et la transformation de nos lieux de travail.

Oui, l’ampleur du défi est immense. Peut-être même intimidante.

Mais, quelle meilleure façon de s’adapter à un monde en évolution que d’insuffler à notre industrie une nouvelle énergie et de nouvelles perspectives – et de s’assurer qu’elle attire les meilleurs et les plus brillants, peu importe leur genre et leur origine?

Nous qui sommes réunis ici aujourd’hui, nous partageons une vision.

J’espère que beaucoup d’entre vous pensent, comme moi, que nous sommes sur le point de réaliser une percée.

Le nouvel instrument de politique du Conseil ministériel de l’OCDE représente une étape importante, en plus d’être un outil utile.

Nous pouvons être fiers de l’avoir soutenu.

Mais nous devons aussi ramener les résultats de ces rencontres dans nos propres pays.

Le gros du travail se fait à la maison.

Au cours de mon mandat à titre de présidente, j’ai accordé la priorité à la promotion de l’équité entre les sexes, non seulement à la CCSN, mais aussi dans le secteur nucléaire canadien et dans la communauté mondiale des organismes de réglementation du secteur nucléaire. Pour la communauté des organismes de réglementation, nous avons mis en place le groupe des Champions internationaux de l’égalité des sexes. Chaque organisme de réglementation s’est engagé sans équivoque en faveur de l’égalité entre les sexes en signant une charte pour le groupe des champions. 

Nous avons établi des objectifs précis. Surtout, nous avons commencé à rendre des comptes en indiquant comment nos organisations respectives ratent, atteignent ou même dépassent leurs objectifs.

Dans le cadre de chacune de ces initiatives, nous affirmons ce qui suit : « Nous sommes plus forts, plus avisés et plus efficaces lorsque tout le monde a sa place à la table. »

C’est la dernière fois que je m’adresse à ce groupe en tant que présidente et première dirigeante de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

Je tiens à vous remercier pour votre soutien, votre collaboration et votre inspiration.

Je vous encourage à continuer de profiter des rencontres comme celle-ci pour souligner les réussites, échanger des pratiques exemplaires et renouveler votre engagement à l’égard de cette noble cause.

Notre quête d’équilibre a pris plus de temps que nous l’avions imaginé – plus de temps qu’il n’aurait fallu.

Mais nous ne devons pas nous décourager.

Il y a de l’espoir – et la seule question est de savoir quand cet espoir deviendra réalité.

Il viendra un moment où notre persévérance sera récompensée.

Nous avons encore du pain sur la planche. Il reste des obstacles et des défis à surmonter.

Mais nous restons optimistes, et nous avons la vision d’un secteur qui avance à grands pas vers l’équilibre et l’égalité.

Un secteur qui offre un environnement accueillant à tout le monde…

Un secteur considéré comme un employeur de prédilection par toutes les personnes possédant les compétences et le talent nécessaires pour y travailler…

Un secteur qui a enfin réussi à réaliser son plein potentiel.

Merci.