Consultations sur la participation au marché du travail
des aînés et des personnes approchant de l’âge de la retraite et sur
les relations intergénérationnelles

Aperçu de la participation au marché du travail des aînés et des personnes approchant de l'âge de la retraite

Les aînés canadiens sont de plus en plus présents dans la population active. La proportion des travailleurs âgés de 55 ans ou plus a d'ailleurs augmenté au cours de la dernière décennie. À l'heure actuelle, 36,5 % des Canadiens de 55 ans ou plus font partie de la population active, ce qui représente une hausse de 0,8 % au cours de la dernière annéeFootnote 12. Parmi tous les Canadiens qui occupaient un emploi en 2009, un travailleur sur six était un travailleur âgé, comparativement à un sur dix en 2000. Il est prévu que le pourcentage de personnes de 55 ans ou plus au sein la population active (qui sont employées ou à la recherche d’un emploi) continuera de croître. En fait, d'ici 2036, ce pourcentage devrait atteindre 18,7 %, comparativement à 16 % pour l'année 2009Footnote 13. Plusieurs facteurs expliquent cette participation accrue, notamment des niveaux d'instruction plus élevés, une meilleure santé ainsi qu’une augmentation de l’espérance de vie. Cependant, l'insuffisance des revenus de retraite, l'importance des niveaux d'endettement et les répercussions du ralentissement économique empêchent également plusieurs aînés de prendre leur retraite aussi tôt qu'ils l’auraient souhaité.

Selon un sondage mené en 2008 auprès de travailleurs âgésFootnote 14, le trois quart (76 %) des personnes de 50 à 59 ans prévoient prendre leur retraite à 60 ans ou plus. Parmi ceux qui souhaitent prendre leur retraite avant 60 ans, environ la moitié (56 %) prévoient demeurer actifs sur le marché du travail, dont la plupart (88 %) à temps partiel. Les principaux motifs évoqués pour justifier un départ à la retraite incluent une préparation financière adéquate, une mise à pied, une santé précaire ainsi que le manque de satisfaction professionnelle. Par ailleurs, les principales raisons qui motivent le retour au travail après un départ à la retraite comprennent le désir d'interaction sociale ou d'exercer une activité, la satisfaction professionnelle et les besoins financiersFootnote 15.

La retraite est devenue une période de transition graduelle pour bon nombre de Canadiens. Plusieurs personnes prévoient en effet continuer d'exercer une activité professionnelle pendant au moins quelques années après avoir laissé leur emploi principal. Ceci démontre que les travailleurs ne conçoivent plus la retraite comme un point fixe dans le temps, mais plutôt comme une étape de transition durant laquelle ils passent d'un emploi à temps plein à l’exploration de nouvelles possibilités et modalités d'emploiFootnote 16.

Le taux de chômage chez les Canadiens de 55 ans et plus atteint 6,4 %, ce qui est moindre que le taux de chômage dans l'ensemble de la population, qui se chiffre à 7,4 %Footnote 17. Toutefois, les aînés et les personnes approchant de l'âge de la retraite qui sont au chômage prennent généralement plus de temps pour trouver un nouvel emploi et éprouvent davantage de difficulté à réintégrer le marché du travail que les personnes appartenant à d'autres cohortes d'âges. Ceci serait notamment attribuable au fait que les travailleurs plus âgés possèdent généralement des habiletés se rapportant spécifiquement à une entreprise, à une industrie ou à un poste. Pour des motifs que nous ne comprenons pas encore tout à fait, les habiletés plus générales qui se révéleraient utiles dans d'autres fonctions tendent à se perdre avec l'ancienneté accumulée au sein d'un même emploiFootnote 18. La rigidité du marché du travail, la possible discrimination fondée sur l'âge et le nombre réduit d'années avant la retraite constituent d'autres obstacles à l'obtention d'un nouvel emploi. Ceux-ci peuvent décourager les individus de parfaire leur formation ou de chercher du travail dans une autre régionFootnote 18.

Les chômeurs âgés doivent souvent assumer des coûts de reconversion beaucoup plus élevés que les plus jeunes. Ces coûts prennent la forme d'une période de chômage prolongée et d'une perte de salaire. Les employés déplacés qui réussissent à obtenir un nouvel emploi perdent 40 % du revenu qu’ils gagnaient dans le cadre de leurs anciennes fonctions, ce qui est beaucoup plus que pour les personnes de moins de 45 ans se trouvant dans la même situation. Les travailleurs âgés qui réussissent à réintégrer le marché du travail obtiennent rarement des revenus équivalents à ceux de leur emploi précédent et ceux ci ne connaissent généralement pas d'augmentation significative dans les années subséquentes. Pour ces raisons, plusieurs d'entre eux préfèrent prendre leur retraite plus tôt au lieu d'accepter un salaire moindreFootnote 18.

Les répercussions du vieillissement de la population

Un nombre croissant de Canadiens quitteront le marché du travail à mesure que le vieillissement de la population canadienne s'accentuera. Malgré de récentes améliorations au chapitre de la participation à la population active des aînés et des personnes approchant de l’âge de la retraite, un déclin général de cette participation est à prévoir au cours des prochaines années. Cette situation pourrait entraîner une pénurie de main d'œuvre dans certains secteurs, particulièrement en ce qui concerne les emplois hautement qualifiésFootnote 19 comme les postes de gestion ou les emplois dans le domaine des soins de santé, ainsi qu'un excédent de main d'œuvre pour les emplois peu spécialisésFootnote 19.

La forte augmentation de la population active connue depuis les années 1960 a permis de soutenir la croissance économique du Canada pendant cette période. Comme la proportion de la population âgée de 50 ans et plus augmente et que les membres de la génération du baby boom prennent leur retraite, la croissance de la population active connaîtra un ralentissement. On estime en effet que cette croissance sera de l'ordre de 0,8 % entre 2009 et 2018, soit la moitié du 1,7 % connu au cours des dix années précédentes. La diminution de la main d'œuvre disponible pourrait provoquer un fléchissement de la productivité et une croissance plus faible du produit intérieur brut (PIB).Footnote 20 En dernier lieu, la décroissance de la population active entraînera une diminution de l'assiette de l'impôt sur le revenu et, par conséquent, une réduction des recettes fiscales. Étant donné le déclin anticipé de la croissance de la main d'œuvre, une augmentation du nombre de travailleurs âgés au sein de la population active pourrait réduire l'incidence économique de l'évolution démographique, ce en retardant la réduction de la main d'œuvre et en tirant profit de l'expertise et du leadership existantsFootnote 21.

La plupart des employeurs estiment que le vieillissement de leur effectif constitue une source de préoccupation. Ils semblent donc conscients des répercussions négatives d'une possible pénurie de main d'œuvre, comme la chute des revenus; l'augmentation des coûts des salaires, de la production et des avantages sociaux; le fléchissement de la productivité; et des pressions supplémentaires afin de procéder à la planification de la relève et à mettre sur pied des programmes visant à développer le leadership.Footnote 22 Très peu d'employeurs se concentrent toutefois sur le segment des travailleurs chevronnés dans leur gestion des ressources humaines. De nombreux organismes présument que les politiques, les stratégies et les avantages sociaux qu'ils ont instaurés pour l'ensemble de leur effectif suffiront à recruter, à maintenir en poste et à rallier les travailleurs âgés.Footnote 23 

Avantages et obstacles à la participation à la population active

Conformément à ce que le Conseil a constaté dans le cadre d'une étude menée en 2010 sur le bénévolat chez les aînés et sur le vieillissement actif et positif, tant les aînés que la société en général tirent profit d'une plus grande activité de la population âgée. Cette participation accrue peut se traduire par leur maintien au sein de la population active. Un mode de vie dynamique permet aux aînés de demeurer autonomes plus longtemps, de contribuer davantage à leur communauté et à la société, de mieux gérer une maladie chronique et de prévenir la détérioration de leur état de santé. Le fait d'occuper un emploi leur permet non seulement de compter sur des revenus additionnels, mais également d'agir à titre de mentor, de faciliter le transfert de connaissances aux générations suivantes et de contribuer au maintien des compétences techniques et de la mémoire collective, ainsi qu'au développement du leadership.

Il existe malheureusement de nombreux obstacles à la réintégration et à la participation à la population active des aînés et des personnes approchant de l'âge de la retraite. Parmi ceux ci, mentionnons l'inadéquation de l'équipement de travail aux besoins de ces employés, la santé précaire, les responsabilités à titre d'aidant informel, le départ à la retraite obligatoire à un certain âge, les perceptions erronées et les attitudes négatives envers les aînés (âgisme), les pratiques de dotation désuètes et inflexibles, le manque d'information sur les possibilités et les modalités d'emploi, les lacunes sur le plan des compétences et de la formation, la difficulté d'accès au perfectionnement professionnel pour actualiser ses compétences ou se réorienter vers un nouvel emploi, ainsi que le manque de satisfaction professionnelle. Les aînés et les personnes approchant de l’âge de la retraite peuvent également devoir affronter de plus grands obstacles au motif de leur statut socio économique, de leur sexe, de leur culture ou de leur origine ethnique. Pour leur part, les immigrants âgés font parfois face à d'importants obstacles en raison de la langue et du soutien limité qui leur est offert. Les difficultés financières et les problèmes de santé peuvent par ailleurs les placer dans une situation encore plus précaire. De plus, certains aînés autochtones font face à des contraintes financières, géographiques, de santé ou de logement qui réduisent grandement leur capacité à vieillir activement. Des approches variées visant notamment à éliminer les obstacles et à proposer des mesures incitatives à l'emploi seront par conséquent nécessaires afin de corriger cette situation.

Des occasions de passer à l'action

Bien que l'évolution démographique pose des défis économiques de taille, le vieillissement de la main d'œuvre offre une occasion d'examiner certaines politiques en matière d'emploi, de sécurité sociale et de fiscalité en vue d'offrir au travailleur plus de flexibilité tout au long de sa carrière ainsi que des modalités de retraite qui correspondent à ses besoins et à sa situationFootnote 24. Le vieillissement de la population constitue par ailleurs une occasion de mettre en valeur l'expérience et les compétences des travailleurs plus âgés et de leur offrir des possibilités d'emploi plus variéesFootnote 25.

Le gouvernement fédéral a en effet procédé à de nombreux changements de politiques afin de permettre une participation accrue des aînés à la population active et de réduire les obstacles que rencontrent les aînés désirant demeurer sur le marché du travail. Dans le discours du Trône 2011, le gouvernement du Canada s'est engagé à abolir les obstacles qui se dressent devant les aînés qui désirent poursuivre leur carrière. Le budget de 2011 comprend un engagement visant à amender les règles fédérales en vue d'éliminer tout âge de retraite obligatoire pour les employés assujettis à la législation fédérale, à moins qu'il ne s'agisse d'une exigence professionnelle justifiée, ce qui autorisera les travailleurs âgés à demeurer sur le marché du travail. Des changements au Régime de pensions du Canada (RPC) seront également implantés au cours des cinq prochaines années de manière à offrir plus de flexibilité aux cotisants et à leur permettre de prendre les décisions qui s'ajustent le mieux à leurs besoins au moment d'entreprendre la transition de l'exercice d'une activité professionnelle vers la retraite. Parmi les modifications qui seront mises en œuvre, signalons l'élimination du critère de cessation du travail, une mesure qui permettra aux individus qui sont toujours actifs sur le marché du travail de bénéficier d'une pension sans devoir cesser de travailler temporairement ni réduire leurs revenus; l'augmentation des prestations pour les personnes qui retardent leur inscription au régime de pensions; ainsi que des ajustements visant à permettre aux bénéficiaires de moins de 70 ans qui touchent des revenus de contribuer au RPC et d'augmenter le montant de leurs prestations.

Détails de la page

Date de modification :