Revue exploratoire de la littérature : L'isolement social des aînés 2013-2014

Facteurs de risque

La documentation confirme que différents facteurs de risque augmentent la possibilité que les aînés soient isolés sur le plan social. Ces facteurs ont été regroupés en cinq thèmes, soit les transitions de la vie, les facteurs économiques, la santé physique et mentale, la prestation de soins et les facteurs sociaux.

Transitions de la vie

Les transitions essentielles de la vie, tels la retraite (Hall et al., 2003; Winningham et Pike, 2007; Cotten, Anderson, McCullough, 2013), le décès d'un conjoint (North Sky Consulting Group, 2013; O’Luanaigh et Lawlor, 2008; Cloutier-Fisher et al., 2006; Wenger et Burholt, 2004; Stewart, Craig, MacPherson, Alexander, 2001; Hall et al., 2003; AQCCA, 2007; Truchon, 2012), l'incapacité de conduire (Winningham et Pike, 2007), ou le déménagement dans un établissement de soins de longue durée ou dans une autre résidence (Winningham et Pike, 2007; Cotten et al., 2013) augmentent le risque d'isolement social (Keefe et al., 2006). Les changements à la structure familiale, telles la migration des membres plus jeunes de la famille à des fins professionnelles et la diminution des réseaux sociaux à un âge plus avancé ont des répercussions sur l'isolement social (Keefe et al., 2006; Butler, 2006; AQCCA, 2012; Cotten et al., 2013). Plus les transitions de la vie auxquelles les aînés doivent faire face et les facteurs de risque qui y sont associés sont critiques, plus les aînés sont vulnérables à l'isolement social épisodique ou chronique.

Facteurs économiques

Des facteurs économiques, tels un faible revenu (North Sky Consulting Group, 2013; Raymond, Gagné, Sévigny et Tourigny, 2008; Truchon 2011 et 2012), le manque d'options de transport accessible et abordable (North Sky Consulting Group, 2013; Hall et al., 2003; Abbott et Sapsford, 2005; AQCCA, 2007; Raymond et al., 2008; Sherman et Lacarte, 2012), le manque de logement abordable et convenable (Hall et al., 2003) et l'accès restreint aux principaux services de soins de santé (Abbott et Sapsford, 2005) pour répondre aux différents besoins des aînés sont aussi des facteurs de risque connus augmentant l'isolement social. Ces facteurs économiques peuvent aussi avoir un effet cumulatif sur l'isolement social. Par exemple, les aînés à faible revenu et vivant dans une région rurale ou éloignée où les options de transport sont rares peuvent être plus isolés, même s'ils souhaitent s'impliquer davantage dans leur collectivité locale.

Santé physique et mentale

Selon les études, l'absence d'un bon réseau social est liée à une hausse de 60 % du risque de démence et de déclin cognitif, tandis qu'un mode de vie intégré sur le plan social protège de la démence (Fratiglioni, Wang, Ericsson, Maytan et Windblad, 2000). Il est probable que la santé mentale a des effets sur la vulnérabilité à l'isolement social, et qu'une personne qui est socialement isolée soit plus portée à avoir des troubles de santé mentale. Au Canada, 44 % des aînés vivant dans des établissements de soins ont reçu un diagnostic de dépression ou affichent des symptômes de dépression sans avoir reçu de diagnostic. Les hommes âgés de plus de 80 ans affichent le taux de suicide le plus élevé parmi tous les groupes d'âge (Instituts de recherche en santé du Canada, 2010; Agence de la santé publique du Canada, 2010). C'est pourquoi il est impossible d'ignorer le lien entre la santé mentale et l'isolement social, même s'il est de nature complexe et possiblement bidirectionnel.

Dans le même ordre d'idées, le fait d'avoir une santé précaire (Cloutier-Fisher et al., 2006; Paul, Ayis et Ebrahim, 2006; Raymond et al., 2008; AQCCA, 2011; Truchon, 2012; Cotten et al., 2013), qu'on parle de santé physique (Butler, 2006; Truchon, 2011) ou mentale (AQCCA, 2007; Truchon, 2011), est considéré comme un facteur de risque pouvant accroître l'isolement social (O’Luanaigh et Lawlor, 2008). Parmi les problèmes de santé, il y a, mais sans en exclure d'autres, la démence, la multimorbidité (Keefe et al., 2006; Hall et al., 2003), la toxicomanie (AQCCA, 2007; Truchon, 2011) et les troubles auditifs ou de la vision (Wenger et Burholt, 2004; Hall et al., 2003). D'autres affections incapacitantes tardives ou associées à l'âge, telles l'incontinence, la fragilité, la peur de tomber lors de sorties ou une perte générale d’autonomie (AQCCA, 2007), sont aussi considérées comme des facteurs de risque de l'isolement social (Ramage-Morin et Gilmour, 2013).

Prestation de soins

Parmi les autres groupes pour lesquels le risque d'isolement social est élevé, il y a les aînés qui jouent le rôle de proches aidants pour des parents, des frères ou sœurs ou pour d'autres membres de la famille (Sherman et Lacarte, 2012; North Sky Consulting Group, 2013; O’Luanaigh et Lawlor, 2008). Le fait d'avoir à offrir des niveaux élevés de soins à une personne ayant des problèmes physiques ou mentaux importants, surtout lorsque cela exige beaucoup d'heures ou des soins intensifs, peut faire en sorte que la personne soit isolée des autres. Cela peut représenter un fardeau pour le proche aidant et entraîner du stress et de la dépression, des facteurs qui sont tous associés à l'isolement social (Cloutier-Fisher et al., 2006; MacCourt, 2007).

Facteurs sociaux

Il a aussi été déterminé que des groupes particuliers d'aînés sont vulnérables à l'isolement social, tels les aînés autochtones (Santé Canada, 2009), les aînés qui viennent d'arriver au Canada ou les aînés immigrants, surtout ceux devant surmonter des barrières linguistiques, les aînés qui sont des proches aidants (Wenger et Burholt, 2004; MacCourt, 2007; Cotten et al., 2013), ainsi que les aînés qui sont lesbiennes, gais, bisexuels ou transgenres (Guasp, 2011).

Les immigrants âgés (Cloutier-Fisher et al., 2006; Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2013; Li, 2010; Truchon, 2011; Social Planning and Research Council of British Columbia, 2011) et les aînés des groupes minoritaires et à faible revenu, entres autres les femmes âgées qui vivent seules (Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2013; Truchon, 2011), sont plus vulnérables à la solitude et aux interactions sociales limitées pour un certain nombre de raisons, telles les barrières linguistiques (Li, 2010; Truchon, 2011), la littératie, la discrimination, l'absence d'un sentiment d'appartenance à la communauté et les interactions sociales limitées dans la nouvelle collectivité (North Sky Consulting Group, 2013). Les aînés autochtones font face à des problèmes semblables, y compris des barrières linguistiques et culturelles, des désavantages socioéconomiques et des différences régionales, tel le fait de vivre dans les régions rurales ou éloignées (Santé Canada, 2009; Cotten et al., 2013).

Selon le rapport publié par Stonewall, une organisation au Royaume-Uni, les gais, lesbiennes et bisexuels âgés sont davantage portés à être célibataires, à vivre seuls, à avoir un réseau social plus petit, à voir leur famille moins fréquemment, à boire plus d'alcool et à être plus portés à consommer des drogues, à avoir des antécédents de maladie mentale, et à devoir surmonter davantage d'obstacles pour accéder aux soins de santé nécessaires par rapport aux groupes d'hétérosexuels (Guasp, 2011). Puisque ces facteurs sont associés à l'isolement social, les aînés gais, lesbiennes ou bisexuels sont plus vulnérables à l'isolement social (Guasp, 2011; Truchon, 2011).

Le fait de vivre seul, le vieillissement (Keefe et al., 2006; Wenger et Burholt, 2004), un faible niveau d'éducation (Cloutier-Fisher et al., 2006; Raymond et al., 2008), le fait de vivre en région rurale plutôt qu'en région urbaine (Raymond et al., 2008), l'âgisme (Truchon, 2011), ainsi que le fait de ne pas avoir d'enfants ou d’avoir des contacts restreints avec la famille (Wenger et Burholt, 2004), sont aussi considérés comme des facteurs de risque qui peuvent accroître l'isolement social. En outre, certains aînés ont peur de quitter leur foyer parce qu'ils craignent pour leur sécurité physique dans les endroits publics en raison d'un taux de criminalité élevé réel ou perçu (Abbott et Sapsford, 2005; Sherman et Lacarte, 2012), d'un manque d'information ou de sensibilisation concernant l'accès aux services et programmes communautaires (Raymond et al., 2008; AQCCA, 2011), ou d'une hésitation à former de nouvelles relations ou du fait de ne pas vouloir prendre part seul à des activités (North Sky Consulting Group, 2013; Gilmour, 2012).

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