Revue exploratoire de la littérature : L'isolement social des aînés 2013-2014

Conséquences

L'isolement social peut avoir des conséquences néfastes pour les aînés. Souvent, il est difficile de les distinguer des facteurs de risque associés à l'isolement (p. ex. santé mentale et isolement social). En outre, il peut être difficile de déterminer le lien entre ces différents facteurs. Les résultats de cette association peuvent être des tendances cycliques ou autorenforcées d'isolement social qui peuvent être difficiles à renverser. En outre, puisque l'isolement social est, par définition, une séparation de la personne de son réseau social et de sa collectivité, il arrive souvent que ce problème soit caché. Les conséquences de l'isolement social ont été regroupées en trois thèmes, soit les facteurs économiques, la santé physique et mentale et les facteurs sociaux.

Facteurs économiques

La contribution des aînés dans la collectivité, tel le bénévolat, diminue lorsque ces derniers sont socialement isolés (ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, 2004; Raymond et al., 2008). Étant donné le taux de participation des aînés à titre de bénévoles et leur contribution précieuse à la communauté dans son ensemble, la collectivité en entier devrait considérer les répercussions négatives de l'isolement social comme un problème (ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, 2004).

En outre, les aînés canadiens font une contribution importante à l'économie et la population active (Edwards et Mawani, 2011). Les aînés et l'ensemble de la société bénéficient d'un engagement continu sur le plan du marché du travail (Conseil national des aînés, 2010) : revenu supérieur, possibilités d'apprentissage intergénérationnel accrues, et maintien des compétences techniques, des talents en leadership et de la mémoire organisationnelle. Cependant, plusieurs facteurs de risque associés à l'isolement social sont aussi des obstacles à la participation au marché du travail (mauvaise santé, information, responsabilités de proches aidants, âgisme, manque de sensibilisation aux possibilités et autres) (Conseil national des aînés, 2011).

Santé physique et mentale et utilisation

Le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique (2004) soutient qu’il y a des interactions à facettes multiples entre les variables de l'isolement social, de la solitude, de l'utilisation des services sociaux et de l'état de santé d'une personne. Il est donc difficile de déterminer l'orientation de la causalité; par cela, on entend que l'absence d'un réseau social peut être liée à une mauvaise santé et/ou qu’une mauvaise santé peut causer la dissolution du réseau social (Keefe et al., 2006). Selon certaines études, les personnes qui éprouvent de la solitude sont davantage portées à utiliser les services de santé (Geller, Janson, McGovern et Valdini, 1999, tel que cité dans Bolton, 2012, p. 20; AQCCA, 2011) ou à utiliser de manière inappropriée les services (Keefe et al., 2006; Secrétariat des services consultatifs médicaux, 2008), tandis que d'autres études ne révèlent aucune différence importante quant à l'utilisation des services de santé entre les personnes isolées et celles qui ne le sont pas (Cloutier-Fisher et al., 2006).

Selon Mistry, Rosansky et McGuire (2001), les études ont révélé des liens entre l'isolement social et la réadmission à l'hôpital (tel que cité dans Seymour et Gale, 2004, p. 41). Dans Cloutier-Fisher et al. (2006), on note qu'il est fort possible que les personnes isolées socialement représentent un fardeau financier accru pour le système de santé à longue échéance, puisqu'il arrive souvent qu'elles attendent d'être plus âgées et que leur santé se soit détériorée avant de consulter un médecin.

En outre, l'isolement social et la solitude sont associés à une utilisation réduite des services attribuable au manque de sensibilisation ou à une utilisation accrue attribuable au fait que la personne cherche à combler un vide (ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, 2004; Hall, 2004). Malgré tout, le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique (2004) a indiqué que les aînés disposant d'un bon réseau social semblent utiliser de manière convenable les services de santé et sociaux.

Hawton, Green, Dickens, Richards, Taylor, Edwards, Colin et Campbell (2010) ont étudié le lien entre l'isolement social et l’état de santé et la qualité de vie associée à la santé d’aînés isolés socialement ou vulnérables à l'isolement social. Ils ont découvert que l'isolement social est associé, de manière négative, à l’état de santé et à la qualité de vie en lien avec la santé des aînés. En outre, l'effet est pertinent sur le plan clinique et indépendant d'autres facteurs, tel le niveau de dépression, les comorbidités physiques, l'âge, le sexe et autres, ce qui est important pour les décideurs et les chercheurs (Hawton et al., 2010).

Selon Keefe et al. (2006), les conséquences de l'isolement social comprennent des effets néfastes pour la santé physique et psychologique (Li, 2010; Timonen et O’Dwyer, 2010; Cotten et al., 2013) pouvant causer la dépression (AQCCA, 2011), une baisse de l'immunité, de l'anxiété et de la fatigue, une mauvaise alimentation, ainsi que le placement prématuré en établissement et peut-être même la mort (Keefe et al., 2006). Plus précisément, la désintégration des réseaux sociaux et la solitude attribuable au manque de relations sont des éléments nocifs pour la santé mentale et le bien-être des aînés (Seymour et Gale, 2004; Hall et al., 2003; Secrétariat des services consultatifs médicaux, 2008). Selon Fratiglioni et al. (2000), le risque de démence augmente chez les personnes qui vivent seules et qui n'ont pas de réseau social étroit. C'est pourquoi les liens sociaux étroits sont considérés comme des facteurs qui protègent contre l'apparition de la démence (tel que cité dans Seymour et Gale, 2004, p. 37).

Facteurs sociaux

Les conséquences de l'isolement social peuvent avoir un effet négatif sur la collectivité et l'ensemble de la société. Par exemple, il y a l'utilisation inappropriée des services, le manque de cohésion sociale, une réduction de la participation civique et dans les activités communautaires (Keefe et al., 2006).

Dans l'ensemble, l'isolement social des aînés peut entraîner un manque de cohésion sociale au sein des collectivités (Hall, 2004), des coûts sociaux supérieurs et la perte d'une vaste expérience non quantifiable que les aînés offrent aux familles et aux collectivités (ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, 2004). Il peut aussi entraîner une réduction des aptitudes sociales, une vulnérabilité à l'égard des mauvais traitements réservés aux aînés, ainsi que l'alcoolisme ou la toxicomanie (Hall, 2004; Truchon, 2011; Social Planning and Research Council of British Columbia, 2011).

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