Revue exploratoire de la littérature : L'isolement social des aînés 2013-2014

Approches suggérées pour prévenir l'isolement social

Selon Hawton et al. (2010), les politiques et pratiques devraient cibler les aînés qui risquent de se retrouver isolés socialement, puisqu'il faut identifier les personnes tôt lors d'interventions, avant que leur santé ou leur qualité de vie ne se détériore. Par contre, selon Dickens, Richards, Greaves et Campbell (2011), les interventions qui visent les personnes isolées socialement ou qui éprouvent de la solitude sont moins portées à faire état d'effets positifs que celles n’ayant pas de cible explicite (Dickens et al., 2011). En outre, Seeman (2000) suggère que le soutien social peut avoir autant des effets positifs que négatifs sur la santé des aînés. C'est la raison pour laquelle les aspects de l'environnement social jouent un rôle important sur le plan des efforts de promotion de la santé déployés auprès des aînés (tel que cité dans Seymour et Gale, 2004, p. 61).

Selon la documentation, les aînés devraient activement prendre part à l'élaboration des programmes, ainsi qu'à la mise en œuvre des changements, parce qu'ils savent ce qui est important pour eux, ils connaissent les facteurs pouvant entraîner l’isolement social et comment faire la promotion de l'inclusion sociale (rapport du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2013; MacCourt, 2007; ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des aînés, 2007; Hall et al., 2003; Cattan, White, Bond et Learmouth, 2005). Selon Butler (2006) et l'AQCCA (2007), les programmes dans le cadre desquels des aînés aident d'autres aînés semblent être bénéfiques, puisqu'ils permettent au bénévole et à l'aîné d'avoir des contacts sociaux.

Les programmes intergénérationnels sont aussi considérés une approche positive pour aider à atténuer l'isolement social des aînés et des générations plus jeunes (AQCCA, 2007).

Selon le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique (2004), la plupart des interventions touchant les aînés socialement isolés qui sont abordées par la documentation sont de petits programmes particuliers à certaines populations. Il est important de connaître la population cible et d'évaluer les conséquences éventuelles des interventions planifiées (ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, 2004). Par exemple, la documentation discute des besoins de groupes spécifiques, tels les lesbiennes, les gais et les bisexuels. Il a été suggéré de donner aux fournisseurs de soins des lignes directrices, tout comme une campagne publique sur les enjeux sociaux et de santé de la communauté des lesbiennes, gais et bisexuels âgés (Guasp, 2011). Dans son évaluation sommative du Programme de soins à domicile et en milieu communautaire des Premières nations, Santé Canada (2009) a indiqué que des évaluations à domicile pourraient servir à identifier les aînés isolés. En outre, le Ministère a stipulé qu'en luttant contre des problèmes sociaux, tels la pauvreté, le logement, la toxicomanie et la dépression, il serait possible d'atténuer l'isolement social chez les aînés.

Dickens et al. (2011) ont conclu que les interventions futures devraient intégrer des caractéristiques particulières qui se sont révélées efficaces pour cibler les aînés socialement isolés. En fait, les études indiquent que les interventions de groupe s'avèrent efficaces auprès de certaines personnes (Wenger et Burholt, 2004; Cattan et al., 2005; Secrétariat des services consultatifs médicaux; Raymond et al., 2008; MacCourt, 2007). Cela comprend les activités de soutien social réalisées en groupe (p. ex. des réunions régulières au centre de réadaptation, la participation de personnes âgées, l'écriture thérapeutique, les activités physiques, telles que la marche nordique, la natation et autres), et les interventions créées sur des fondements théoriques et dans le cadre desquelles les aînés sont des participants actifs (Dickens et al., 2011; Pitkala, Routasalo, Kautiainen et Tilvis, 2009). En outre, une étude de Winningham et Pike (2007) a révélé qu'en exposant les aînés se trouvant en établissement à un programme d'amélioration neurocognitive (intervention en groupe), il pourrait y avoir une influence positive sur la qualité des réseaux sociaux de ces aînés, leur fonctionnement cognitif, leur santé mentale et leur qualité de vie. Les groupes de soutien permettent aussi de partager des expériences et aident à acquérir des mécanismes d'adaptation (ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des aînés, 2007).

Différentes sources d’information peuvent offrir un soutien. Selon Raina, Waltner-Toews et Bonnett (1999), la compagnie d'un animal peut réduire l'isolement social et le sentiment de solitude (tel que cité dans Seymour et Gale, 2004). Une autre étude montre que la compagnie d'un animal est un mécanisme d'adaptation accessible pour les femmes âgées de la collectivité (Krause-Parello, 2008).

Dans un rapport à l’intention de la Commission de la santé mentale du Canada, MacCourt, Wilson et Tourigny (2011) indiquaient qu'il faut accroître la sensibilisation auprès des aînés, de la population en général, et des fournisseurs de services sociaux et de santé afin de réfuter les mythes concernant le vieillissement. De plus, aider les gens à déceler les signes et symptômes des troubles mentaux pourrait favoriser la détection et l'intervention précoces.

Sum, Mathews, Hughes et Campbell (2008) ont étudié l'utilisation d'Internet comme moyen servant à atténuer le sentiment de solitude et à accroître le bien-être. L'utilisation accrue d'Internet comme moyen de communication est associée à l'atténuation du sentiment de solitude sociale (Sum et al., 2008; Seymour et Gale, 2004). Dans White, McConnell, Clipp, Branch, Sloane, Pieper et Box (2002), on a aussi réalisé un essai clinique randomisé qui évaluait l'effet psychologique lié à l'accès Internet offert aux aînés. On a constaté qu'il atténuait le sentiment de solitude et la dépression (tel que cité dans Seymour et Gale, 2004). Mickus et Luz (2002) ont réalisé une étude sur la possibilité d'utiliser des vidéophones à faible coût pour permettre aux résidents d'établissements de soins de communiquer avec leurs familles. Cette étude a révélé que la technologie réduisait l'isolement des aînés vivant dans des établissements (tel que cité par Seymour et Gale, 2004, p.62). Selon les auteurs, il faudrait offrir une formation aux aînés pour qu'ils utilisent des fonctions Internet particulières, afin de tenter d'atténuer le sentiment de solitude et d'accroître le bien-être (Sum et al., 2008). Dans Cotten et al. (2013), on mentionne aussi que l'utilisation d'Internet aide à contrebalancer les effets de l'isolement social. Selon Lennon et Curran (2012), l'attitude à l'égard des réseaux sociaux (p. ex. Twitter, Facebook) est positive chez les utilisateurs âgés; cependant, ils n'aiment pas qu'on exerce des pressions pour qu'ils soient actifs sur les sites des réseaux sociaux.

Initiatives fédérales

Le programme Nouveaux Horizons pour les aînés (PNHA)Footnote 2  encourage les aînés à s’engager dans leur collectivité grâce à une participation active et sociale (MacCourt, 2007; rapport du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2013). Selon l'évaluation sommative du programme Nouveaux Horizons pour les aînés (2010), les projets qui se fondent sur des collaborations communautaires et augmentent la sensibilisation à l'égard des ressources et des services offerts ou améliorent l'accès des aînés à ces ressources et services, aident les aînés à former et à solidifier des liens, et à prendre part à des réseaux de soutien social officiels ou non. Les données probantes montrent que, dans plusieurs cas, ces liens se poursuivent même si le projet a pris fin.

En outre, le gouvernement fédéral collabore avec les provinces pour promouvoir l'Initiative des villes amies des aînés de l’Organisation mondiale de la Santé qui cherche à faire des collectivités un meilleur milieu de vie plus sain et plus sécuritaire pour les aînés, en veillant à ce qu'ils aient accès au transport, et en améliorant l'accès aux activités civiques, culturelles, d'emploi et bénévoles dans leurs collectivités et en leur donnant la possibilité d'y participer (rapport du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, 2013).

Le gouvernement fédéral appuie aussi plusieurs programmes qui réduisent, de manière indirecte, les facteurs de risque associés à l'isolement social. Parmi ceux-ci, on note les régimes de retraite et les programmes d’appui au logement.

Initiatives provinciales et territoriales

Actuellement, plusieurs programmes et services provinciaux et territoriaux luttent directement ou non contre l'isolement social. Dans Ciliska, Hayward, Thomas, Mitchell, Dobbins, Underwood, Rafael et Martin (1996), on peut lire que les visites à domicile d'infirmiers de la santé publique auprès de tous les groupes au Canada s'avèrent efficaces pour lutter contre la dépression. En outre, elles réduisent le degré de soins dont les aînés ont besoin (tel que cité dans Seymour et Gale, 2004). Dans le même ordre d'idées, Hall et al. (2003) recommandent l'établissement de services de visites à domicile pour les aînés qui sont incapables de prendre part à des programmes communautaires ainsi que des initiatives encourageant les fournisseurs de services et les bénévoles à consacrer davantage de temps aux personnes incapables de sortir de leur résidence et dont le risque d'isolement social est plus élevé. Selon Timonem et O’Dwyer (2010), la prestation de programmes de repas livrés à domicile par des bénévoles peut aussi avoir des répercussions positives sur les aînés isolés socialement.

Selon le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique (2004), les modèles de visite par les pairs font partie des types de programmes les plus communs dont l'objectif est de réduire l'isolement social. Plusieurs villes canadiennes disposent de ce type de programme. Cattan et al. (2011) ont examiné l'incidence des programmes de conversation téléphonique amicale sur le bien-être des aînés. Un tel programme à faibles coûts a aidé les aînés à gagner de la confiance, à s'engager à nouveau auprès de la collectivité, et à devenir actifs sur le plan social.

Une autre stratégie facilitant l'accès aux ressources communautaires, soit la BC Health and Seniors’ Information Line, propose de l'information aux aînés sur les services sociaux et de santé provinciaux et fédéraux par le moyen d'un numéro de téléphone sans frais. Des agents d'information peuvent aussi répondre aux questions sur les services réservés aux aînés, offrir un contact direct avec d'autres organismes, et aider à remplir des formulaires (MacCourt, 2007). Parmi les exemples de stratégies qui facilitent la participation sociale et font la promotion du bien-être, il y a le BC Healthy Aging through Healthy Living: Blueprints for Healthy Aging (MacCourt, 2007).

Initiatives communautaires

Puisque les aînés sont plus vulnérables à l'isolement social lorsqu'ils sont proches aidants, des programmes de jour pour adultes ou des périodes de répit au domicile peuvent permettre aux proches aidants d'aller faire leurs courses, aller à leurs rendez-vous et demeurer actifs sur le plan social (MacCourt, 2007; Wenger et Burholt, 2004; Sherman et Lacarte, 2012). En outre, en leur fournissant un soutien à domicile pour des activités de la vie quotidienne, les aînés dont la santé est fragile peuvent conserver leur énergie pour réaliser des activités qui leur importent, telles des activités sociales (MacCourt, 2007).

La documentation discute aussi des liens entre le transport et le niveau de participation aux activités sociales. L'accès au transport collectif, aux taxis et au covoiturage a une valeur élevée, surtout pour les aînés (tout particulièrement les femmes) qui sont moins portés à conduire lorsqu'ils ont plus de 85 ans. Il faudrait encourager les organisations qui proposent des services aux aînés à leur offrir un moyen de transport et aussi encourager les collectivités à veiller à ce que les personnes à mobilité réduite disposent d'options de transport accessible (Turcotte, 2012; Hall et al., 2003; Pinquart et Sorensen, 2001; Abbott et Sapsford, 2005; AQCCA, 2007).

Parmi les autres stratégies qui facilitent l'accès aux ressources communautaires, autres que le transport, il y a l'accès à de l'information sur les ressources, les services et l'éducation offerts aux aînés à l'aide de différentes méthodes sensibles aux obstacles éventuels, tels la littératie et les problèmes de communication (MacCourt, 2007; ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des aînés, 2007; Hall et al., 2003; AQCCA, 2012). En outre, on devrait soutenir le personnel et les bénévoles en leur offrant des possibilités de formation continue pour veiller à ce qu'ils comprennent le sujet de l'isolement social et qu'ils identifient les personnes à risque d'isolement social (ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des aînés, 2007; Cattan et al., 2005; Paul et al., 2006).

Le programme Connexion communautaire de Santé publique Ottawa (2013) fournit de l'information sur les signes que manifestent les personnes âgées qui pourraient être à risque d'isolement social. Le programme aide les personnes âgées isolées socialement ou à risque de le devenir à obtenir des services et du soutien pour veiller à leur sécurité et à leur autonomie dans leur résidence. Il offre aussi une formation aux gens qui ont régulièrement des contacts avec les aînés.

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