Module 1 - Technologies de l’information et des communications : obstacles, avantages et mesures prioritaires en matière d’accessibilité

3.b. Aperçu des obstacles : documents non Web

Les documents non Web comprennent les fichiers PDF ou Microsoft Word, ainsi que les présentations en format PowerPoint ou autres. Les obstacles décrits ci-dessus pour le contenu Web s'appliquent également aux documents non Web. Voici d'autres exemples :

• documents non rédigés en langage clair et simple;
• absence de texte alternatif pour les tableaux, les graphiques et les images;
• utilisation excessive d'images et d'éléments similaires;
• manque de contraste entre les couleurs, taille de police insuffisante, absence de fonction permettant de redimensionner le texte;
• absence de titres et problèmes ayant trait à l'ordre de lecture;
• plusieurs diapositives portant le même titre dans une même présentation;
• champs de formulaire et liens inaccessibles.

Bon nombre d'utilisateurs impriment des formulaires et des documents non Web pour les utiliser hors ligne. Pour cette raison, les documents contenant des liens actifs ou intégrés menant à d'autres sites doivent aussi fournir l'adresse complète (URL) de chaque lien.

3.c. Aperçu des obstacles : logiciels

Les logiciels comprennent toutes les applications mobiles ou de bureau, ainsi que les systèmes qui les exécutent. Windows, iOS, Microsoft Teams, Skype et Zoom sont des exemples de logiciels. C'est la conception d'un logiciel qui détermine la manière dont les gens pourront interagir avec celui-ci.

Lorsqu'un logiciel est conçu sans tenir compte de la gamme de capacités parmi les utilisateurs, cela crée des obstacles pour ceux-ci, notamment pour les personnes en situation de handicap.

3.c.i. Incompatibilité avec les technologies d'assistance

Un logiciel qui n'est pas compatible avec les technologies d'assistance peut créer des obstacles. Il peut empêcher les utilisateurs de recourir aux technologies d'assistance pour entrer des données requises ou recevoir l'information qu'ils souhaitent obtenir.

Les dispositifs de commutation sont un exemple de technologie d'assistance. Ils permettent aux utilisateurs de sélectionner et de saisir des mots ou des expressions en entier au lieu de les taper une lettre à la fois sur un clavier. Pour que ce type de technologie d'assistance fonctionne, les logiciels installés sur l'ordinateur ou la tablette doivent permettre au dispositif de commutation d'envoyer des données à l'ordinateur ou à la tablette. L'absence d'un tel logiciel rend le dispositif inaccessible à l'utilisateur.

3.c.ii. Manque d'intégration avec le système d'exploitation de l'ordinateur

Certaines applications logicielles n'utilisent pas les éléments interactifs standards qui font partie du système d'exploitation d'un appareil. Au lieu de cela, ces applications interagissent parfois directement avec l'écran ou le clavier, contournant ainsi totalement le système d'exploitation. Cela risque de créer des obstacles importants pour les utilisateurs, notamment les personnes en situation de handicap.

Par exemple, certains utilisateurs peuvent avoir ajusté les réglages par défaut du système d'exploitation de manière à améliorer l'accessibilité de leur appareil. Ils peuvent par exemple avoir augmenté la taille de la police par défaut ou changé la palette de couleurs. Les applications logicielles qui contournent le système d'exploitation peuvent ignorer ces modifications et rendre l'application inaccessible à ces utilisateurs.

3.c.iii. Logiciels d'entreprise difficiles à utiliser

Les logiciels d'entreprise sont conçus pour répondre aux besoins d'une organisation plutôt qu'à ceux d'utilisateurs individuels. Les organisations utilisent ces logiciels pour tout un éventail de tâches internes comme la gestion des ressources humaines et le traitement des paiements. Les gouvernements, les entreprises et les écoles utilisent généralement des logiciels d'entreprise.

Les logiciels d'entreprise peuvent être très complexes, et leur utilisation peut nécessiter des connaissances et des compétences spécialisées. Malheureusement, l'accessibilité n'est souvent pas prise en considération lors de leur conception. Cela peut créer des obstacles importants à l'emploi ou à l'avancement professionnel des personnes en situation de handicap.

3.c.iv. Plateformes de réunion en ligne non accessibles

Les réunions en ligne peuvent fournir beaucoup d'informations visuelles et sonores. Un manque de fonctions d'accessibilité peut empêcher les personnes en situation de handicap de participer pleinement à une réunion en ligne. Pour être inclusif et accessible, un logiciel de réunion en ligne doit inclure des fonctionnalités comme le sous-titrage codé, les transcriptions automatiques, la prise en charge d'un lecteur d'écran et des loupes^{Footnote 4}

Un logiciel permettant la lecture sonore de l'écran, par exemple, aiderait les participants ayant des déficiences visuelles à participer pleinement. Le lecteur d'écran pourrait transmettre des informations utiles, telles que le nom des participants à la réunion.

Les logiciels de réunion en ligne devraient également être compatibles avec la synthèse texte-parole^{Footnote 5}, pour garantir l'accès aux personnes qui ne peuvent pas parler ou qui éprouvent des troubles d'apprentissage comme la dyslexie.

Il importe de noter que l'accessibilité et l'inclusivité des logiciels ne constituent qu'1 aspect de l'accessibilité et de l'inclusivité des réunions en ligne. Il est également important de fournir des documents de réunion accessibles et inclusifs et de prévoir la réunion à un moment tenant compte d'une gamme de capacités.

3.d. Aperçu des obstacles : appareils mobiles

De nombreux téléphones intelligents offerts actuellement sont dotés de fonctions d'accessibilité, ce qui en fait des outils importants pour les personnes en situation de handicap et d'autres utilisateurs. Ces fonctions comprennent :

• la possibilité d'activer les descriptions sonores (pour les vidéos comportant des pistes de description sonore);
• les lecteurs d'écran;
• les agrandisseurs d'écran; et
• la compatibilité avec les appareils auditifs.

Par contre, les utilisateurs peuvent parfois rencontrer des obstacles lorsqu'ils utilisent des appareils mobiles comme des téléphones intelligents et des tablettes.

3.d.i. Problèmes liés à la petite taille de l'écran

La petite taille de l'écran de certains appareils mobiles peut présenter un obstacle pour les personnes dont la vision est basse, ainsi que pour celles présentant des troubles cognitifs ou liés à la dextérité. Voici quelques exemples :

• la fonction « zoom avant » peut contribuer à régler certains des problèmes liés à la petite taille d'un écran. Par contre, elle pousse également du contenu hors de l'écran, ce qui rend difficile la navigation dans la page. De plus, le « zoom avant » entraîne une pixélisation et une distorsion des images;
• les menus peuvent occuper beaucoup d'espace à l'écran, ce qui laisse peu de place pour d'autre contenu;
• pour utiliser un appareil mobile, les utilisateurs doivent souvent faire de petits mouvements. Cela peut être difficile pour les personnes ayant des problèmes de dextérité ou d'autres problèmes moteurs. Par exemple, un petit écran laisse habituellement moins d'espace entre les éléments interactifs. Ainsi, les risques de sélectionner la mauvaise option par mégarde augmentent.

3.d.ii. Aucune solution de remplacement pour la fonction d'écran tactile

Sur certains appareils mobiles, le seul moyen de saisir des informations est de passer par l'écran tactile, en utilisant des gestes tels que le balayage, le glissement et le zoom par pincement avec deux doigts. Cependant, un écran tactile peut créer des obstacles pour les personnes qui utilisent des méthodes différentes pour saisir des données. Permettre d'autres modes de saisie, comme les claviers ou la parole, rend l'appareil mobile accessible à un plus grand nombre de personnes.

3.d.iii. Emplacement et conditions ambiantes difficiles

Les conditions ambiantes et l'emplacement peuvent avoir une incidence considérable sur l'accessibilité des appareils mobiles. Les gens peuvent faire face à des obstacles dans certains milieux de travail ou espaces publics où ils ne peuvent pas contrôler leur environnement. Des problèmes tels qu'un éclairage faible ou insuffisant, une lumière trop vive, des reflets ou un bruit excessif peuvent constituer des obstacles importants.

3.e. Aperçu des obstacles : matériel fixe

Le matériel fixe comprend les dispositifs reposant sur le sol (comme un kiosque d'information), ou fixés au mur ou à une autre structure immobile (comme un guichet automatique bancaire).

3.e.i. Emplacement physique inaccessible

L'inaccessibilité physique des kiosques d'information et des guichets automatiques bancaires peut créer des difficultés importantes pour les personnes en situation de handicap. Par exemple :

• certaines personnes pourraient ne pas être capables d'utiliser un guichet automatique bancaire ou un kiosque si les commandes sont hors de portée;
• certains appareils ne laissent pas assez d'espace pour les jambes, les pieds et les orteils des personnes en fauteuil roulant;
• les personnes en fauteuil roulant peuvent avoir du mal à lire l'écran si celui-ci est placé trop haut ou dans un mauvais angle.

3.e.ii. Effort physique nécessaire

Les kiosques dont le fonctionnement nécessite un effort physique peuvent constituer des obstacles pour les utilisateurs à mobilité réduite. Par exemple, certaines personnes peuvent avoir de la difficulté à appuyer sur les boutons ou les touches, à tourner des manettes, à insérer et enlever des cartes ou des billets.

3.e.iii. Problèmes liés à la complexité

De nombreuses personnes, y compris celles ayant des troubles cognitifs ou une faible habileté numérique, sont confrontées à des obstacles supplémentaires lorsqu'elles utilisent du matériel fixe. Par exemple, certains kiosques peuvent présenter des informations et des fonctionnalités complexes ou se désactiver après un certain délai.

3.f. Aperçu des obstacles : autre matériel

Les autres types de matériel comprennent des éléments comme :

• les pièces matérielles des ordinateurs, des souris et des claviers;
• l'équipement de bureau comme les imprimantes et les numériseurs;
• les terminaux de paiement électronique (TPE), portatifs ou fixes, que les clients utilisent pour payer des biens ou des services à l'aide de cartes de débit ou de crédit.

3.f.i. Absence de matériel, comme des points de raccordement d'entrée ou de sortie, compatible avec la technologie d'assistance

L'inaccessibilité de la souris ou du clavier est un exemple d'obstacle lié au matériel. Pour les personnes présentant une perte de fonctionnement des membres supérieurs ou des problèmes de dextérité, il peut s'avérer difficile ou même impossible d'utiliser une souris ou un clavier standard. Certaines touches ou autres pièces mécaniques peuvent nécessiter une force trop importante pour les actionner.

Il existe un éventail de solutions matérielles pouvant éliminer ces obstacles, notamment des claviers adaptés, des boules de commande, des dispositifs de pointage avec la tête et des manches à balai. Ces dispositifs permettent à leurs utilisateurs de se servir de leur menton, de leurs mains ou d'autres parties de leur corps pour diriger un curseur et faire fonctionner le matériel. Il importe de noter que ces produits peuvent nécessiter des ajustements pour répondre aux besoins individuels de l'utilisateur.

3.f.ii. Systèmes fermés ne permettant pas aux utilisateurs de brancher, d'installer ou d'utiliser des technologies d'assistance^{Footnote 6}

Certains types de matériel, comme les kiosques qui ne comportent que des écrans, n'acceptent qu'une seule méthode de saisie des informations. Il se peut qu'ils ne permettent pas l'utilisation de dispositifs d'entrée alternatifs. Cela empêche les personnes en situation de handicap, y compris celles ayant des problèmes de dextérité, d'accéder au matériel.

3.f.iii. Problèmes physiques comme la petite taille des écrans ou la lourdeur du matériel

Au Canada, la plupart des magasins et restaurants sont maintenant équipés de TPE. Pour la plupart des gens, ces terminaux représentent une manière simple et commode de payer.

Mais pour les personnes en situation de handicap, ils peuvent présenter des obstacles. Par exemple, les TPE ont généralement de petits écrans ou ne sont pas équipés de modes de sortie alternatifs, notamment audio. Les personnes âgées ou atteintes d'une déficience visuelle peuvent avoir de la difficulté à lire les informations sur un petit écran. Certains TPE peuvent être trop lourds à manipuler pour les personnes présentant une incapacité motrice. Certains terminaux sont également plus compliqués à faire fonctionner que d'autres. Les personnes ayant des troubles cognitifs peuvent avoir du mal à s'y retrouver.

Dans ces situations, un client en situation de handicap peut avoir à demander de l'aide pour faire des achats. Il peut aussi se voir dans l'obligation de divulguer son numéro d'identification personnel (NIP) à un inconnu.

3.g. Aperçu des obstacles : technologies d'assistance

Les technologies pouvant rendre les TIC plus accessibles sont de plus en plus présentes sur le marché. Les lecteurs d'écran et les logiciels de reconnaissance de la parole, entre autres, sont maintenant chose courante. Mais les personnes en situation de handicap qui les utilisent continuent de se heurter à des obstacles liés à l'accès aux TIC^{Footnote 7}.

Parmi ces obstacles, citons :

• l'absence d'activation systématique des fonctions d'accessibilité sur le matériel et les logiciels;
• le manque de soutien, par exemple en matière de sensibilisation et de formation, pour les personnes en situation de handicap; et
• le manque de connaissances et de conseils pour l'achat et l'installation de technologies d'assistance, et pour apprendre à s'en servir.

3.h. Autres facteurs intersectionnels

Bon nombre de facteurs socioéconomiques intersectionnels peuvent compliquer l'accès aux produits et aux services des TIC, notamment pour les personnes en situation de handicap. Par exemple, vivre dans une zone rurale ou éloignée sans accès à l'Internet haute vitesse peut créer des obstacles. Le manque d'habileté numérique peut aussi influer sur l'accessibilité des TIC. Les produits et services numériques conçus en fonction de l'habileté numérique de jeunes calés en informatique peuvent exclure de nombreux utilisateurs.

3.i. Pandémie de COVID-19

La pandémie mondiale de COVID-19 a mis en évidence l'importance de la connectivité numérique. Cette dernière a permis aux entreprises de continuer à exercer leurs activités, aux enfants de poursuivre leurs études et aux citoyens d'obtenir des produits et services essentiels en ligne.

La pandémie a également révélé d'importantes inégalités et exclusions dues à la numérisation des produits et services. C'est particulièrement vrai pour certaines populations, par exemple celles dont l'habileté numérique est faible ou celles qui vivent dans des régions sans accès à l'Internet haute vitesse, ainsi que pour certaines personnes en situation de handicap.

On estime qu'environ un milliard de personnes vivent avec une forme ou une autre de handicap dans le monde^{Footnote 8}. En 2020, l'Union internationale des télécommunications (l'institution des Nations unies se spécialisant dans les TIC) a organisé un webinaire public sur l'accessibilité numérique durant la COVID-19 (en anglais seulement). Les participants ont souligné l'importance d'assurer l'accessibilité aux TIC à l'échelle mondiale. Ainsi, le droit de toute personne à communiquer et à faire partie intégrante du monde numérique, durant et après la pandémie, serait respecté.

Les participants ont souligné que la conception de l'information numérique doit tenir compte des besoins et des capacités de tous les utilisateurs. Le type de TIC utilisé pour avoir accès à l'information ne devrait rien y changer.

Une note de synthèse sur l'inclusion du handicap dans la réponse à la COVID-19, publiée en 2020 par les Nations unies (en anglais seulement) indique que, lorsqu'il s'agit de fournir de l'information en santé publique, l'accessibilité des TIC est un facteur important pour garantir que les réponses aux pandémies et le rétablissement incluent les personnes en situation de handicap.