Préserver les forêts caroliniennes de l'Ontario : préserver les espèces d'oiseaux chanteurs en péril : chapitre 5


Construire un meilleur habitat forestier

Les cinq espèces d'oiseaux chanteurs préfèrent les grandes étendues forestières pour se reproduire. Au Canada, on trouve dans les comtés de Halton et de Norfolk la couverture forestière la plus importante au sein de la zone carolinienne, où elle atteint respectivement 26 % et 25 % de toute la superficie.

Exemples d'habitat typique pour la reproduction en Ontario

Photo : Habitat typique pour la reproduction en Ontario

© Bill Rayner et Ron Kingswood
Le Moucherolle vert niche dans les vallées boisées à pentes raides, dans des marécages d'érables et des terrains boisés humides abritant des érables et des hêtres.
Photo : Habitat typique pour la reproduction en Ontario

© Bill Rayner et Ron Kingswood
La Paruline à capuchon niche dans des cavités se trouvant dans de grands terrains boisés abritant des arbres mûrs (chênes blancs, érables rouges, pins blancs ou hêtres à grandes feuilles).

Nécessité d'un habitat plus grand

Ces oiseaux vivent parfois dans des forêts faisant entre 10 et 20 hectares (environ entre 25 et 50 acres). Mais on les trouve davantage dans les forêts faisant au moins 100 hectares (environ 250 acres). On pense que la Paruline azurée préfère vivre dans au moins 250 hectares (675 acres). Les forêts de petite taille peuvent attirer certaines espèces (et y réussissent) si elles se trouvent dans un milieu où le couvert forestier est plus important dans la région.

Image des terrains boisés circulaires ou carrés

Miser sur la forêt intérieure
Les terrains boisés circulaires ou carrés ont proportionnellement plus de forêt intérieure que les terrains boisés étroits et en longueur ayant la même superficie. Le reboisement stratégique des lisières et des percées augmentera la superficie de la forêt intérieure et créera ainsi de plus grandes forêts. Service canadien de la faune - région de l'Ontario, adapté de Préservons les forêts caroliniennes de l’Ontario - Préservons les oiseaux chanteurs en voie de disparition (Friesen et Stabb, 2001)

Il y a plus de chance que les grandes forêts matures ayant un habitat situé à plus de 100 mètres de la lisière abritent différents microhabitats particuliers dont les oiseaux chanteurs ont besoin pour se reproduire, rechercher de la nourriture et se dissimuler. Elles représentent également une étape dans le développement des forêts où les grands arbres mûrs du couvert meurent et se déracinent, ce qui crée des cavités et des ouvertures naturelles ainsi que le microhabitat particulier que préfère la Paruline à capuchon.

À la différence des ouvertures et des cavités naturelles, les habitats nettement délimités se trouvent dans un milieu fragmenté composé de petites forêts. D'ailleurs, une de ses caractéristiques est la limite entre deux types d'habitats très différents (p. ex. la forêt et les champs agricoles). L'habitat nettement délimité a une fonction et une structure très différentes par rapport à l'habitat inhérent à la forêt intérieure. Par exemple, les prédateurs de nids tels que les ratons laveurs peuvent être plus nombreux dans les milieux fragmentés que dans des milieux possédant de grandes forêts vierges; en effet, dans les milieux fragmentés, le couvert forestier est constitué de petites parcelles plus isolées, entourées et limitées par d'autres terres utilisées à d'autres fins. Les habitats forestiers fragmentés se trouvent habituellement dans des milieux aménagés. Ils se caractérisent par des parcelles de forêt alternées avec des champs, des pâturages, des vergers et des zones résidentielles, et la proportion d'habitats en lisière de forêt y est plus importante.

Les oiseaux qui nichent dans de grands couverts forestiers sans limite sont moins exposés au Vacher à tête brune (Molothrus ater), espèce répandue des lisières de forêt. Connus comme étant des parasites de la reproduction, les Vachers à tête brune ne construisent pas leur nid. Ils pondent plutôt leurs œufs dans les nids des autres espèces aviaires, qui les couvent et élèvent la couvée comme s'il s'agissait de la leur. Il se peut que les adultes qui ont adopté la couvée élèvent uniquement quelques oisillons de leur propre couvée, voire aucun. La superficie des habitats de lisière peut être réduite au minimum en protégeant de grandes étendues de forêt et en augmentant la superficie des forêts grâce à des projets de reboisement.

Avantages des forêts matures

Les forêts matures, qui disparaissent rapidement dans le sud de l'Ontario, sont particulièrement importantes sur le plan écologique. Elles abritent souvent une diversité importante d'espèces d'arbres et de plantes ainsi que des habitats se trouvant à différents stades de développement, contrairement aux jeunes forêts. Elles offrent également une diversité d'habitats (microhabitats) dont ont besoin une variété d'oiseaux forestiers sensibles à la superficie, notamment les espèces en péril. Il y a également plus de chance qu'elles abritent (ou qu'elles soient aménagées pour conserver et améliorer) ce qui caractérise les peuplements d'arbres anciens, tels que les grands arbres, les chablis, les creux dans les arbres et les couverts à plusieurs niveaux.

Les propriétaires fonciers qui gèrent les forêts matures de manière durable peuvent de façon permanente avoir un revenu périodiquement, et ce, tout en préservant l'habitat des oiseaux vivant dans les terrains boisés avec des délais de retour à l'exploitation et des dispositions sur la récolte légèrement différents.Les propriétaires fonciers préserveront la diversité des peuplements de forêts et leur bon état à long terme en omettant d'abattre certaines zones, en laissant des semenciers plus anciens de diverses espèces et en permettant différentes périodes de régénération.

On encourage les organismes publics qui possèdent ou qui aménagent les seules forêts caroliniennes du Canada à aménager ces terres pour qu'elles deviennent des peuplements de forêts matures. Obtenir un engagement ferme de la part des propriétaires fonciers publics améliorerait considérablement la survie des espèces d'oiseaux chanteurs de la forêt en péril et d'autres espèces des forêts caroliniennes ayant des exigences particulières en matière d'habitat. Cela permettrait par la même occasion d'avoir des repères pour une intendance du même genre par les propriétaires fonciers privés.

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