Stratégie de conservation des oiseaux de la région 13 : forêt mixte boréale de la plaine du Saint-Laurent et des lacs Ontario et Érié
Table des matières
- Version abrégée -
Juillet 2014
- Préface
- Remerciements
- Stratégie de conservation des oiseaux pour la région de conservation des oiseaux 13 de la région de l'Ontario : plaine du Saint-Laurent et des lacs Ontario et Érié
- Sommaire
- Introduction : Stratégies de conservation des oiseaux
La version abrégée de la stratégie disponible ici contient un résumé des résultats, mais ne comprend pas une analyse des besoins de conservation par habitat, une discussion sur les problèmes de conservation généralisés, ou l'identification des besoins en matière de recherche et de surveillance.
Autre format de ce document disponible :
Préface
Environnement et Changement climatique Canada a dirigé l’élaboration de stratégies pour la conservation de tous les oiseaux dans chacune des régions de conservation des oiseaux (RCO) situées sur le territoire canadien, en ébauchant de nouvelles stratégies qui, avec les stratégies déjà existantes, ont été intégrées à un cadre global de conservation de toutes les espèces aviaires. Ces stratégies intégrées de conservation de tous les oiseaux serviront d’assise à la mise en œuvre des programmes de conservation de l’avifaune au Canada, en plus d’orienter le soutien apporté par le Canada aux mesures de conservation déployées dans les autres pays importants pour les oiseaux migrateurs du Canada. La contribution des partenaires de conservation d’Environnement et Changement climatique Canada aux stratégies est tout aussi essentielle que leur collaboration à la mise en œuvre des recommandations contenues dans les stratégies.
Pour assurer l’emploi d’une méthode uniforme dans toutes les RCO, Environnement et Changement climatique Canada a établi des normes nationales pour la conception des stratégies. Les stratégies de conservation des oiseaux serviront de toile de fond à l’établissement, pour chaque région de conservation des oiseaux, de plans de mise en œuvre qui s’appuieront sur les programmes actuellement exécutés sous l’égide des plans conjoints ou d’autres mécanismes de partenariat. Les propriétaires fonciers, y compris les Autochtones, seront consultés avant la mise en œuvre des stratégies.
Les objectifs de conservation et les mesures recommandées dans les stratégies de conservation constitueront le fondement biologique qui soutiendra la formulation des lignes directrices et des pratiques de gestion bénéfiques favorisant l’observation des règlements d’application de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs. De plus, ces stratégies orienteront les mesures de conservation à l'appui de L'état des populations d’oiseaux du Canada, 2012 (Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord, 2012), qui souligne les fortes influences de l'activité humaine sur les populations d'oiseaux, tant positives que négatives, en plus de présenter des solutions pour la conservation des oiseaux communs et le rétablissement des populations en déclin.
Remerciements
Brigitte Collins et Paul Smith sont les principaux auteurs du présent document, qui s’appuie sur des modèles élaborés par Alaine Camfield, Judith Kennedy et Elsie Krebs, avec l’aide des planificateurs des régions de conservation des oiseaux dans chacune des régions du Service canadien de la faune au Canada. Un travail de cette envergure ne pourrait être accompli sans l’apport d’autres collègues qui ont fourni ou validé l’information technique, commenté les versions antérieures de la stratégie et soutenu le processus de planification. Nous tenons à remercier les personnes suivantes pour leur contribution à cette stratégie : Gregor Beck, Graham Bryan, Mike Cadman, Alaine Camfield, Lesley Carpenter, Britt Dupuis, Christian Friis, Krista Holmes, Jack Hughes, Judith Kennedy, Sarah Mainguy, Shawn Meyer, Dave Moore, Jocelyn Neysmith, Marie-France Noel, Michele Rodrick, Daniel Rokitnicki-Wojcik, Paul Watton, Chris Wedeles, et D.V. Weseloh.
Stratégie de conservation des oiseaux pour la région de conservation des oiseaux 13 de la région de l'Ontario : plaine du Saint-Laurent et des lacs Ontario et Érié
Description longue pour la carte
Carte des régions de conservation des oiseaux (RCO) du Canada avec la RCO 13 ON : Grands Lacs inférieurs et Plaine du Saint-Laurent mis en évidence. L’étendue de la carte comprend le Canada et l’Alaska; le Groenland et la partie nord des États-Unis apparaissent également. La carte est divisée par RCO (12 RCO canadiennes au total), mais leurs emplacements et leurs tailles exacts sont indiscernables, à l’exception de celle de la RCO 13 ON.
La RCO 13 ON mise en évidence couvre l’extrême sud de la province, entre les lacs Huron, Érié et Ontario.
Légende : Régions de conservation des oiseaux du Canada. 13 ON - Grands Lacs inférieurs/plaine du Saint-Laurent; logo d’Environnement et Changement climatique Canada et logo du gouvernement du Canada.
Sommaire
La région de conservation des oiseaux des Grands Lacs inférieurs et de la plaine du Saint-Laurent, région de conservation des oiseaux (RCO) 13, couvre une zone de 201 300 km2 dans l'ensemble de l'Ontario, du Québec et des États-Unis (Partenaires d'envol - Ontario, 2008). En Ontario, la région comprend les zones situées entre le Bouclier canadien et les rives des Grands Lacs. Cette stratégie de conservation pour la partie de l'Ontario de la RCO 13 s'appuie sur les plans de conservation des oiseaux existants et complète ceux créés pour les autres RCO dans tout le Canada. Ces stratégies de conservation servent de cadre pour mettre en œuvre la conservation des oiseaux à l'échelle nationale, ainsi que pour déterminer les problèmes de conservation à l’échelle internationale associés aux espèces d'oiseaux prioritaires du Canada. Cette stratégie ne se veut pas très normative, mais vise plutôt à guider les efforts futurs de mise en œuvre par les divers partenaires et intervenants.
Le sud de l'Ontario est la région la plus peuplée du Canada. Environ un Canadien sur trois y habite et la croissance démographique dépasse celle du reste du pays. Les activités humaines ont eu un effet profond et irréversible sur le paysage dans cette région. Les forêts anciennes et denses, mixtes ou de feuillus, couvraient autrefois 90 % du territoire, mais ont été réduites à seulement 10 % en 1920 à mesure que les terres ont été défrichées au profit de l'agriculture. Les terres humides et les prairies naturelles ont également subi des pertes considérables. Bien que les terres agricoles dominent encore la région de conservation des oiseaux 13 de l'Ontario (RCO 13-ON), une tendance vers le reboisement a profité à certaines espèces et les efforts en vue de restaurer et de protéger les terres humides et d'autres types d'habitat sont continus. De plus, un certain nombre d'habitats naturels uniques demeurent, notamment les forêts caroliniennes, les alvars et l'arche de Frontenac. Chacun de ces habitats favorise une proportion exceptionnellement élevée d’oiseaux migrateurs et d’espèces en péril. Les terres humides côtières des Grands Lacs soutiennent également une riche diversité d'oiseaux et offre un habitat de rassemblement essentiel pour les oiseaux de rivage et la sauvagine à destination des aires de reproduction et de non-reproduction largement dispersées dans tout l'hémisphère occidental.
Deux cent quatre-vingt (280) espèces d'oiseaux se reproduisent, hivernent et séjournent durant toute l'année dans la RCO 13, ou migrent en passant par la régionFootnote1. Parmi celles-ci, 97 ont été désignées comme des espèces prioritaires dans cette RCO. Tous les groupes d'oiseaux figurent sur la liste des espèces prioritaires, même si la liste comprend en majorité des oiseaux terrestres (47 % du total de la liste). Cette liste comprend aussi des oiseaux aquatiques (25 %), des sauvagines (17 %) et des oiseaux de rivage (11 %). Plus des deux tiers des oiseaux aquatiques (77 %) et presque la moitié des sauvagines (48 %) présents dans la RCO 13-ON sont désignés comme des espèces prioritaires, par rapport à 34 % des oiseaux de rivage et à seulement 25 % des oiseaux terrestres. Parmi les 97 espèces prioritaires, 33 sont évaluées par le COSEPAC comme étant « en péril », 25 sont inscrites en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) et 30 en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario au moment de la rédaction de la présente stratégie. En outre, deux espèces sont définies comme étant d'intérêt en matière de gestion : la population de Bernaches du Canada nichant dans les zones tempérées de l'est et le Cygne tuberculé.
La détermination des besoins généraux en matière d’habitat de chaque espèce prioritaire au sein de la RCO permet de regrouper les espèces qui, sur le plan de l’habitat, présentent les mêmes problèmes de conservation ou nécessitent les mêmes mesures. Les espèces prioritaires sont associées à 10 types d'habitat dans la RCO 13. Les terres humides sont utilisées par le plus grand nombre d'espèces prioritaires (40 %), tandis que les forêts (de feuillus, 12 % et mixtes, 13 %) et les zones urbaines (6 %) sont les types d'habitat privilégiés pour une plus petite proportion des espèces prioritaires. Les habitats herbacés (p. ex., les prairies à herbes hautes, les savanes, les alvars) sont utilisés par 23 % des espèces, alors qu'ils représentent moins de 1 % de la couverture terrestre de la région et, en revanche, les zones cultivées et aménagées sont utilisées par une proportion semblable d'espèces (32 %), bien que ces types d'habitat dominent le paysage. Le grand nombre d'espèces prioritaires utilisant les habitats de zones cultivées et aménagées reflète l'adaptation à ces habitats anthropiques, et les hausses de population qui en résultent, des espèces qui se limitaient aux habitats herbacés indigènes avant l'arrivée des Européens. Les Grands Lacs sont l'une des principales caractéristiques de la région, et les plages, les vasières et autres « zones dénudées » côtières sont utilisées par 18 % des espèces prioritaires, tandis que 21 % utilisent les plans d'eau eux-mêmes.
Les objectifs de population pour cette stratégie reposent sur une évaluation quantitative ou qualitative des tendances associées aux différentes populations d’espèces. La majeure partie de la RCO 13 est bien couverte par les relevés des oiseaux à grande échelle. De plus, par rapport à certaines autres RCO au Canada, la situation des oiseaux dans le sud de l'Ontario est relativement bien connue. En fait, les données de surveillance indiquent des déclins avec suffisamment de certitude pour soutenir un objectif visant l'augmentation de la taille de la population pour 24 % des espèces prioritaires. En revanche, les populations sont suffisamment élevées pour justifier une diminution de la taille de la population de deux espèces prioritaires : la Bernache du Canada, population nichant dans les régions tempérées de l'est, et le Cygne tuberculé. Le maintien des populations aux niveaux actuels est l'objectif visé pour 23 % des espèces prioritaires dans la RCO 13 (y compris la plupart des sauvagines pendant la migration). Seulement 12 % des espèces prioritaires se voient attribuer un objectif de population « Évaluer/maintenir » étant donné que les données de surveillance sont insuffisantes pour proposer un objectif. Un objectif de rétablissement est affecté à 30 % des espèces prioritaires, qui sont toutes les espèces en péril dont l'aire de reproduction se trouve dans cette RCO. Neuf pour cent (9 %) des espèces prioritaires sont considérées comme migratrices dans la RCO 13-ON, y compris le Bécasseau maubèche (rufa) en voie de disparition à l'échelle fédérale et provinciale, et ne se voient pas attribuer d’objectifs, puisque ceux-ci sont établis dans le cadre des stratégies d’autres régions de conservation des oiseaux qui couvrent l'aire de reproduction de ces espèces.
Une évaluation des menaces a permis de cerner un grand nombre et une grande diversité de problèmes de conservation touchant les espèces prioritaires dans les divers habitats de la RCO 13-ON. Les principales menaces pour les espèces prioritaires sont liées à la perte et la dégradation d’habitat causés par divers facteurs, dont l'aménagement urbain, l'utilisation des ressources biologiques, la pollution et les perturbations d'origine humaine. En raison de la présence d'un grand nombre d'espèces en péril dans cette RCO, les menaces sont à la fois plus nombreuses et d'une plus grande ampleur que celles des autres RCO de la province. Les menaces généralisées liées à la conservation, tels que les changements climatiques, ont été prises en considération séparément en raison de leurs effets sur un grand nombre d’espèces et d’habitats. Le manque de données biologiques ou démographiques pour certaines espèces prioritaires est également considéré comme un problème de conservation important dans cette stratégie.
Les objectifs de conservation ont été conçus pour combler les lacunes en matière de connaissances et faire face aux menaces pesant sur les espèces prioritaires dans la région. Pour la RCO 13-ON, la majorité des objectifs de conservation visent à assurer une quantité et une qualité adéquate d’habitats, en s’assurant, par exemple, que les politiques et les pratiques d'utilisation des terres et des ressources maintiennent ou améliorent l'habitat des oiseaux. Les objectifs visant à améliorer la compréhension de déclin des populations et concernant la gestion des espèces particulières comptent parmi les plus fréquemment déterminés dans la RCO 13-ON. Ces objectifs ciblent le manque de connaissances sur l’écologie et la démographie de la population de certaines espèces prioritaires, ainsi que les efforts continus visant à établir des programmes de rétablissement et des plans de gestion pour les espèces en péril.
Les mesures recommandées déterminent les activités qui aideront à atteindre les objectifs de conservation et, par conséquent, à atténuer les menaces pour les espèces prioritaires. Ces mesures sont généralement établies d’un point de vue stratégique, au lieu d’être hautement détaillées et normatives. Dans la mesure du possible, les mesures recommandées ont été élaborées pour profiter à de multiples espèces ou pour lutter contre plus d’une menace. Par ailleurs, seule une petite partie des mesures est liée à la protection des terres puisqu’une grande majorité des terres dans la RCO 13-ON sont des propriétés privées. La majorité des mesures sont plutôt axées sur la gestion et la restauration de l'habitat pour les espèces prioritaires en faisant participer les propriétaires fonciers et les autres intervenants aux efforts de conservation. L'élaboration et la mise en œuvre de politiques et de règlements efficaces; l'élaboration, l'utilisation et la promotion de pratiques de gestion bénéfiques; l'augmentation de la connaissance des enjeux liés à la conservation; la création de partenariats; la détermination des facteurs à l'origine du déclin des populations; et l'amélioration des connaissances scientifiques qui sous-tendent les décisions en matière de gestion occupent toutes un rôle de premier plan dans la série de mesures de conservation proposées pour cette région. L’implication des intervenants dans les mesures visant à restaurer la fonction et la résilience des écosystèmes les plus affectés favorise le succès à long terme des mesures de conservation.
Introduction : Stratégies de conservation des oiseaux
Contexte
Le présent document fait partie d’une série de stratégies régionales de conservation des oiseaux qu’Environnement et Changement climatique Canada a préparées pour toutes les régions du pays. Ces stratégies répondent au besoin qu’a Environnement et Changement climatique Canada d’établir des priorités de conservation des oiseaux qui soient intégrées et clairement formulées, afin de soutenir la mise en œuvre du programme canadien sur les oiseaux migrateurs, tant au pays qu’à l’échelle internationale. Cette série de stratégies prend appui sur les plans de conservation déjà établis pour les quatre groupes d’oiseaux (sauvagineFootnote2, oiseaux aquatiquesFootnote3, oiseaux de rivageFootnote4 et oiseaux terrestresFootnote5) dans la plupart des régions du Canada, et sur des plans nationaux et continentaux, et inclut les oiseaux qui relèvent des mandats provinciaux et territoriaux. De plus, ces nouvelles stratégies uniformisent les méthodes employées partout au Canada, en plus de combler des lacunes, puisque les plans régionaux précédents ne couvrent pas toutes les régions du Canada ni tous les groupes d’oiseaux.
Ces stratégies présentent un recueil des interventions requises selon le principe général préconisant l’atteinte des niveaux de population établis à partir de données scientifiques, principe promu par les quatre principales initiatives de conservation des oiseaux. Ces niveaux de population ne correspondent pas nécessairement aux populations minimales viables ou durables, mais sont représentatifs de l’état de l’habitat ou du paysage à une époque antérieure aux chutes démographiques importantes qu’ont connues récemment de nombreuses espèces, de sources connues ou inconnues. Les menaces dégagées dans ces stratégies ont été établies à partir de l’information scientifique actuellement disponible et d’avis d’experts. Les objectifs et les mesures de conservation correspondants vont contribuer à stabiliser les populations aux niveaux souhaités.
Les stratégies s’appliquant aux RCO ne sont pas des documents hautement directifs. En général, les praticiens devront consulter des sources d’information complémentaires à l’échelle locale afin d’obtenir suffisamment de détails pour pouvoir appliquer les recommandations des stratégies. Des outils comme des pratiques de gestion bénéfiques permettront aussi d’orienter la mise en œuvre des stratégies. Les partenaires qui souhaitent contribuer à mettre en œuvre ces stratégies, comme les participants aux plans conjoints pour l’habitat établis dans le cadre du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS), connaissent bien le type de planification détaillée de la mise en œuvre nécessaire pour coordonner et accomplir le travail de terrain.
Structure de la stratégie
La Section 1 : Aperçu des résultats - tous les oiseaux, tous les habitats de la stratégie contient de l’information générale sur la RCO et la sous-région, avec un survol des six élémentsFootnote6 qui résument l’état de la conservation des oiseaux à l’échelle de la sous-région. La Section 2 de la version complète fournit des renseignements plus détaillés sur les menaces, les objectifs et les mesures à prendre pour des regroupements d’espèces prioritaires, constitués selon chacun des grands types d’habitats de la sous-région. La Section 3, aussi dans la version complète de la stratégie, présente d’autres problématiques généralisées liées à la conservation qui ne s’appliquent pas à un habitat en particulier ou qui n’ont pas été prises en compte lors de l’évaluation des menaces pour une espèce donnée, et traite des besoins en matière de recherche et de surveillance, de même que des menaces affectant les oiseaux migrateurs lorsqu’ils sont à l’extérieur du Canada. L’approche et la méthodologie sont résumées dans les annexes, mais sont exposées plus en détail dans un document distinct (Kennedy et coll., 2012). Une base de données nationale contient toute l’information sous-jacente résumée dans la présente stratégie (migratorybirds_oiseauxmigrateurs@ec.gc.ca).
Caractéristiques de la région de conservation des oiseaux de la plaine du Saint-Laurent et des lacs Ontario et Érié
La région de conservation des oiseaux des Grands Lacs inférieurs et de la plaine du Saint-Laurent, RCO 13, s'étend dans tout le sud de l'Ontario et le sud-ouest du Québec, ainsi qu'au nord des États-Unis, de l'Ohio au Vermont. La région couvre une superficie totale de 201 300 km2, avec la plus grande partie de la région en Ontario (84 500 km2 ou 42 %; Partenaires d'envol - Ontario, 2008; figure 1). Située dans la partie la plus méridionale de la province et du Canada, la RCO 13-ON est unique à la fois en termes de géographie physique et de biodiversité. Les habitats situés le long de la limite nord de la RCO 13-ON reflètent la transition entre les roches sédimentaires et de till dans le sud de la province et le substrat rocheux ignée du Bouclier canadien vers le nord (figure 2). La forêt mixte domine le paysage de transition, et l'agriculture est limitée en comparaison aux autres parties de la région. Plus au sud, le till et les plaines de calcaire, l'argile ou le sable prédominent. Présentes dans l’ensemble de la région, les caractéristiques glaciaires comme les drumlins et les moraines sont souvent moins cultivés et comportent davantage d’habitats naturels en raison de leurs sols pauvres et d’une topographie accidentée. Toutefois, la majeure partie de la RCO 13-ON possède un sol fertile et profond; la culture intensive est une caractéristique dominante du paysage. En effet, près de 60 % de la région se caractérise par des terres cultivées ou aménagées (tableau 1). Malgré cet état fortement altéré, la RCO 13-ON continue d'offrir une variété d'habitats naturels uniques.
Figure 1. Carte des modifications apportées aux limites de la RCO 13-ON : plaine du Saint-Laurent et des lacs Ontario et Érié.
Description longue de la Figure 1
Carte de l’Ontario avec les régions de conservation des oiseaux et la délimitation mise à jour de leurs limites. La RCO 13 ON (Grands Lacs inférieurs et Plaine du Saint-Laurent) couvre l’extrême sud de la province, entre les lacs Huron, Érié et Ontario. Les limites des RCO 7 ON, RCO 8 ON, RCO 12 ON et toutes les autres RCO adjacentes au Québec et au Manitoba sont montrées à titre de contexte.
Il y a une légende bilingue à droite qui indique les RCO ON (Taiga Shield and Hudson Plains/ Taïga du Bouclier et plaines hudsoniennes, Boreal Softwood Shield / Forêt boréale coniférienne, Boreal Hardwood Transition / Forêt boréale mixte, Lower Great Lakes and St. Lawrence Plain / Plaine du Saint-Laurent et des lacs Ontario et Érié) and the original boundaries (Original BCR Boundaries/Limites d’origines de la RCO, OMNR Ecodistricts / Limites des écodistrictes du MNRO). La légende comporte aussi une représentation visuelle de l’échelle de la carte, elle indique la projection utilisée (UTM 16 NAD 1983) et indique que la source des données est le Ontario Ministry of Natural Resources, Queen’s Printer for Ontario 2013 / ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, l’Imprimeur de la Reine pour l’Ontario 2013.
Nota : Aux fins de planification de la conservation, les limites des RCO de l'Ontario, définies à l'origine par l'ICOAN, ont été légèrement modifiées afin de correspondre aux limites des écodistricts du ministère des Richesses naturelles de l'OntarioFootnote7.
Figure 2. Couverture terrestre de la RCO 13-ON
Nota : Les zones riveraines ne figurent pas sur cette carte, car elles représentent une « zone » et non une véritable catégorie de couverture terrestre. Une carte illustrant l'étendue des zones riveraines à des fins d'illustration se trouve dans la section sur les zones riveraines de la version complète de la stratégie.
Description longue de la Figure 2
Carte de la couverture terrestre de la RCO 13 ON : Grands Lacs inférieurs et Plaine du Saint-Laurent. L’étendue de la carte comprend le sud de l’Ontario et du Québec; les limites des RCO adjacentes sont délimitées.
La RCO 13 ON couvre l’extrême sud de la province, entre les lacs Huron, Érié et Ontario.
Les différents types d’habitat qui existent dans la RCO sont montrés sur la carte et sont expliqués dans la légende bilingue suivante (apparaissant à la droite de la carte) :
- Coniferous / conifères
- Deciduous / feuillus
- Mixedwood / forêt mixte
- Shrubs and early successional / arbustes et régénération
- Herbaceous / herbacées
- Cultivated and managed areas / zone cultivées et aménagées
- Wetlands / terres humides
- Bare areas / zones dénudées
- Urban / urbain
- Water bodies / plans d’eau
Le texte restant dans la légende fournit les sources des données pour la carte (c.-à-d. la carte de la couverture terrestre du Canada en 2005 (TRTS, 2008) et la projection de la carte (c.-à-d. UTM 9 (NAD 1983)), et il y a une représentation visuelle de l’échelle de la carte.
Pour la RCO 13 ON, les types d’habitat les plus courants sont les habitats cultivés et aménagés, et les habitats urbains.
Catégorie d'habitat de la RCOa | Catégories de couverture terrestre dans la province (PLC 27) |
SOLRIS v1.2 - couverture terrestre / catégories d'utilisation des terres | Aire (ha) | % de la superficie totale |
---|---|---|---|---|
Forêt conifériennes | Forêt de conifères dense | Forêt de conifères Plantations - Culture d'arbres | 322 782 | 3,79 % |
Forêt de feuillus | Forêt de feuillus dense Forêt - claire | Forêt de feuillus Forêt | 730 085 | 8,59 % |
Forêt mixte | Forêt mixte dense | Forêt mixte | 378 203 | 4,45 % |
Arbustes et régénération | Épuisement des forêts - coupes / déboisés Épuisement des forêts - brûlis Forêts épuisées - en régénération |
Zone boisée à hautes herbes Landes et dunes de sable boisées > 25 % de littoral végétalisé |
1 839 | 0,02 % |
Herbacées | Agriculture - pâturage / champs abandonnés | Prairie ouverte à herbes hautes, savane, alvar |
58 271 | 0,68 % |
Zones cultivées et aménagées | Agriculture - terres cultivées | Haies, indifférenciées |
4 974 029 | 58,53 % |
Zones dénudées | Sable / gravier / résidus miniers, Substrat rocheux | Littoral ouvert, landes et dunes de sable ouvertes Extractions, falaises et talus ouverts |
45 528 | 0,54 % |
Urbain | Agglomération / infrastructure | Transports, Zones construites perméables, zones construites imperméables |
668 898 | 7,87 % |
Milieux humidesb | Marais - à l'intérieur des terres Marécage - feuillus Marécage - conifères Fen - ouvert Fen - boisé Tourbière - ouvert Tourbière - boisé |
Marécage, Fen, Tourbière oligotrophe, Marais |
1 069 538 | 12,59 % |
Plans d'eauc | Eau - claire et profonde Eau - peu profonde et sédimentée |
Eaux libres | 246 932 | 2,91 % |
Zone riverained | Zone située à moins de 30 mètres du littoral | Zone située à moins de 30 mètres du littoral | 77 614 | S. O. |
Catégorie inconnue | Catégorie inconnue, zone nuageuse / ombrageuse | Catégorie inconnue, zone nuageuse / ombrageuse | 2 175 | 0,03 % |
- | - | Zone totale : | 8 498 280 | 100 % |
a Les catégories d'habitats de la région de conservation des oiseaux sont fondées sur le système de classification de la couverture du sol (« Land Cover Classification System »; LCCS) élaboré par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (2000).
b Les milieux humides côtiers ne sont pas différenciés au niveau de résolution des données de couverture terrestre de la province.
c La superficie des plans d'eau ne comprend pas les eaux libres des Grands Lacs. La région comprend les plans d'eau intérieurs seulement.
d Les zones riveraines ne sont pas incluses dans la superficie totale, car il s'agit de « zones » et non d'entités appartenant à une véritable catégorie de couverture terrestre.
Source de données : Grands Lacs inférieurs et plaine du Saint-Laurent - SOLRIS v1.2 (données d'image, 2000-2002)
Île Manitoulin et île du chenal du Nord - 27 catégories de couverture terrestre dans la province (Spectranalysis Inc., 2004)
Dans plusieurs zones de la RCO 13-ON, y compris l'île Manitoulin, la plaine de Carden et Napanee, les sols minces recouvrant du calcaire appuient un habitat à la végétation clairsemée, connu sous le nom d'alvar, un écosystème rare à l'échelle mondiale (Brownell et Riley, 2000). Dans le sud de la région, la zone la plus au sud du Canada, les forêts caroliniennes uniques soutiennent une grande diversité d'espèces d'oiseaux, dont une proportion inhabituellement élevée d'espèces en péril (Partenaires d'envol - Ontario, 2008). La partie est de la RCO 13-ON possède un paysage unique reconnu comme l'une des 13 réserves de la biosphère de l'UNESCO au Canada : l'axe de Frontenac (ou l'arche de Frontenac) est une crête de roche précambrienne qui relie le Bouclier canadien de la municipalité d'Algonquin Highlands aux monts Adirondack de l'État de New York. Cette crête de 50 kilomètres abrite une combinaison unique d'espèces, notamment une herpétofaune variée et des oiseaux rares, comme le Petit blongios et la Paruline azurée.
Toutefois, la grande diversité d'espèces ne se limite pas à ces habitats uniques. Dans son ensemble, la RCO 13-ON possède la plus grande diversité d'oiseaux terrestres nicheurs au Canada (Rich et coll., 2004), et offre un habitat de reproduction pour de nombreuses espèces de sauvagine, d'oiseaux de rivage et d'oiseaux aquatiques. La diversité des espèces est plus importante là où se trouve un mélange de forêts, de terres humides et de prairies à proximité de la bordure du Bouclier canadien dans cette région (Mike Cadman, comm. pers. 2012). De plus, la région est d'une importance cruciale pour les oiseaux pendant la migration. Les terres humides côtières, les plages et les eaux proches du littoral des Grands Lacs sont les principales haltes migratoires pour de nombreuses espèces de sauvagine, d'oiseaux de rivage et d'oiseaux aquatiques. De plus, un grand nombre d'oiseaux terrestres se rassemblent à des endroits comme à Presqu'île, à Long Point et à la Pointe-Pelée avant de poursuivre leur route au-dessus des Grands Lacs vers le sud afin de terminer leur migration. Il y a également une proportion inhabituellement élevée d'espèces en péril, en partie en raison de la position de la RCO 13-ON aux latitudes les plus au sud du Canada et, par conséquent, à la limite nord de certaines aires de répartition des espèces. Toutefois, cette proportion élevée d’espèces en péril reflète également la profonde influence présente et passée que les humains ont eue sur le paysage dans cette région.
La couverture terrestre de la RCO 13-ON avant l'arrivée des Européens a peu de ressemblance avec celle que nous observons aujourd'hui. Au début du XIXe siècle, près de 90 % du sud de l'Ontario était couvert de forêts de feuillus et de terrains boisés mixtes, et peut-être 5 % comprenait des habitats ouverts, comme les prairies naturelles à herbes hautes, les savanes, les alvars et les marais (Larson et coll., 1999), et peut-être 25 % de la région comptait des terres humides (y compris les marécages boisés; Snell, 1987). Le défrichement des terres et le drainage des terres humides à des fins agricoles ont été généralisés et considérables. Les estimations suggèrent une perte maximale de 94 % des zones forestières sèches d'origine (Larson et coll., 1999), 97 % des prairies indigènes et des savanes (Rodger, 1998), et 68 % des terres humides (Snell, 1987) à différents endroits au XXe siècle. Bien que les conditions actuelles soient toujours radicalement différentes de la couverture des terres passée, elles sont le reflet d’une tendance récente vers le reboisement. En 2000, les forêts représentaient 17 % de la couverture terrestre, les terres humides représentaient 13 % de la région, alors que les habitats ouverts naturels occupaient moins de 1 % de la RCO 13-ON (figure 2, tableau 1). À cette époque, l’agriculture représentait plus de la moitié (58 %) de la superficie de la région et la majorité des autres habitats étaient d'origine anthropique ou gérés pour une variété d'utilisations.
Les changements considérables dans les habitats de la RCO 13-ON ont eu des répercussions très importantes sur l'avifaune de la région. Les oiseaux des prairies ont profité de manière significative du défrichage répandu des forêts au cours du XIXe siècle, mais leur nombre a beaucoup diminué depuis en raison de l'évolution des pratiques de gestion des terres, du reboisement et d'une variété d'autres menaces abordées dans la présente stratégie. En revanche, l’accroissement des populations d’oiseaux forestiers dans la région, comme le démontre une hausse de 31 % des dénombrements de nombreuses espèces forestières dans le Relevé des oiseaux nicheurs de 2001 à 2003 par rapport à celui de 1968 à 1977, reflèterait l’augmentation du couvert forestier dans certaines parties de la RCO 13-ON (Partenaires d'envol - Ontario, 2008). D'autres tendances relatives à l’abondance des oiseaux, comme un déclin allant jusqu'à 75 % dans le dénombrement des oiseaux de rivage migrateurs dans les aires de repos du sud de l'Ontario (Ross et coll., 2012), semblent peu liées au changement des habitats dans la RCO 13-ON (un grand nombre des haltes migratoires clés sont des aires protégées). Ces tendances pourraient avoir trait à l'évolution des conditions dans les aires de reproduction ou ailleurs dans l'aire internuptiale. D'autres tendances relatives à l’abondance des oiseaux dans la région, comme une diminution générale des populations d'insectivores aériens, demeurent mal comprises (Partenaires d'envol - Ontario, 2008).
La RCO 13-ON compte un certain nombre de zones protégées, y compris neuf réserves nationales de faune et six refuges d'oiseaux migrateurs totalisant 9 985 hectares (réseau des aires protégées, 2013) sous la gestion du Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada (figure 3). Un réseau de parcs nationaux et provinciaux, les réserves provinciales de faune, les réserves de conservation, et les forêts commerciales gérées à l'échelle locale (p. ex., les offices de protection de la nature et les forêts des comtés) contribuent également à la conservation des oiseaux et de la faune dans la RCO 13-ON. En date de 2013, 48 zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO Canada 2013) ont été déterminées dans la RCO 13-ON ainsi que six zones humides d'importance internationale en vertu de la Convention de Ramsar de 1981.
Figure 3. Carte des aires protégées dans la RCO 13-ON
Description longue de la Figure 3
Carte des aires protégées et autres aires désignées dans la RCO 13 ON : Grands Lacs inférieurs et Plaine du Saint-Laurent. L’étendue de la carte comprend le sud de l’Ontario et du Québec; les limites des RCO adjacentes sont délimitées. La RCO 13 ON couvre l’extrême sud de la province, entre les lacs Huron, Érié et Ontario.
Les différents types d’aires protégées qui existent dans la RCO sont montrés sur la carte et sont expliqués dans la légende bilingue suivante (apparaissant à la droite de la carte) :
- Protected areas/Aires protégées
- Agriculture and Agri-Food Canada/Agriculture et Agroalimentaire Canada
- Fisheries and Oceans Canada/Pêches et Océans Canada
- Environment and Climate Change Canada/Environnement et Changement climatique Canada
- Parks Canada/Parcs Canada
- Aboriginal Affairs and Northern Development Canada/Affaires autochtones et Développement du Nord Canada
- Provincial/Provincial
- Other designated areas/autres aires désignées
- Ramsar/Ramsar
- Important Bird Areas/Aires d'abondance d'oiseaux importants
Il y a également une représentation visuelle de l’échelle de la carte dans la légende et la projection de la carte (c.-à-d. UTM 9 (NAD 1983)).
Il y a quelques petits parcs provinciaux et nationaux, et plusieurs aires d’abondance d’oiseaux importants sur tout le territoire.
Les efforts de conservation dans la RCO 13-ON doivent reconnaître qu'un paysage dominé par les humains est la réalité pour cette région. Malgré sa faible superficie, environ un tiers de la population canadienne vit dans la région, alors que la croissance démographique dépasse celle de l’ensemble de la province (ministère des Finances de l'Ontario, 2010). La croissance démographique s’est accompagnée d’un aménagement urbain qui a souvent entraîné la perte d'habitats et de fonctions écologiques. Les fonctions écologiques que procurent les habitats intacts ou restaurés d’oiseaux migrateurs, comme les forêts et les terres humides, fournissent des biens et des services écologiques à une population humaine croissante. La valeur économique de ces services écosystémiques, de la purification naturelle de l'eau au contrôle de l'érosion ou des insectes ravageurs, est de plus en plus reconnue par les deux paliers de gouvernements et le public. Le concept du maintien des services écosystémiques par l'entremise du développement durable est largement favorisé et cette sensibilisation accrue peut offrir de nouvelles possibilités pour la conservation des oiseaux et de leurs habitats.
Environ quatre-vingt-dix pour cent (90 %) de toutes les terres du sud de l'Ontario sont des propriétés privées (Partenaires d'envol - Ontario, 2008). Par conséquent, la mise en œuvre de mesures de conservation dépend fortement de la participation des propriétaires fonciers privés. La conservation des oiseaux sur les terres privées, et en particulier les terres qui sont dans la plupart des cas gérées pour une variété d'utilisations humaines, est un défi considérable impliquant un grand nombre d'intervenants. Pourtant, des progrès importants ont été accomplis par l'entremise de programmes d'intendance, l'adoption de pratiques de gestion bénéfiques, des plans d'utilisation des terres municipales et provinciales, la protection stratégique des terres par les organisations non gouvernementales de l'environnement, la contribution des offices de protection de la nature collaborant avec les collectivités locales, et les efforts de partenariats tels que le Plan conjoint des habitats de l'Est. Par conséquent, la mise en œuvre des mesures proposées dans cette stratégie peut seulement se réaliser grâce à un partenariat large entre les gouvernements et les intervenants dans la poursuite d'un objectif commun de la conservation de la biodiversité dans la RCO 13-ON.
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