Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2014 : chapitre 2
Nº2 Inondations estivales dans l’est des Prairies
Les inondations constituent la grande nouvelle dans les provinces des Prairies depuis plusieurs années. En 2005, des pluies torrentielles ont causé des inondations estivales. En 2011, la combinaison fonte des neiges et embâcle a causé une catastrophe massive qui a coûté des milliards de dollars en Saskatchewan et au Manitoba. L’an dernier, la rapidité de la fonte des neiges, conjuguée aux pluies torrentielles printanières qui ont frappé le sud de l’Alberta, a causé l’inondation la plus perturbatrice, la plus destructrice et la plus coûteuse jamais enregistrée au Canada - l’inondation des inondations a coûté 6 milliards de dollars. Malheureusement, quiconque souhaitait un peu de répit en 2014 a été profondément déçu. Cette fois-ci, les problèmes d’eau ont frappé l’est des Prairies une semaine à peine avant le début de l’été. Les précipitations excessives tombant sur un sol détrempé - trop de pluie, trop rapidement pendant trop longtemps - ont causé une énorme inondation et une autre catastrophe qui a coûté des milliards de dollars.
Le 15 juin, deux importants systèmes météorologiques lents survenus à quelques heures d’intervalle, et qui sont plus habituels le printemps ou l’automne se sont combinés pour produire quelques journées détrempées dans l’est des Prairies. Les tempêtes prolongées chargées d’humidité ont monté du nord des États-Unis et se sont immobilisées à proximité de la frontière de la Saskatchewan et du Manitoba. Des pluies incessantes se sont ensuite transformées en déluges d’une ampleur biblique qui ont duré trois jours. Certains endroits ont reçu l’équivalent de presque un an de pluie. Les pluies diluviennes ont été procédées de trois semaines de temps de pluie, ce qui a fait que l’eau des dernières pluies ne pouvait que s’écouler au sol. Une fois le sol saturé et les fossés pleins, l’eau s’est déversée dans des canaux qui ont alimenté rapidement des ruisseaux et des rivières.
Voici quelques-une des précipitations excessives des journées et des semaines qui ont précédé le 1er juillet :
- Le troisième printemps le plus humide jamais enregistré depuis 1892 pour Saskatoon. Le total des précipitations printanières (avril à juin) a atteint 230 mm ou 175 % de la normale.
- Yorkton avait reçu 252 mm de pluie en juin, ce qui était plus que trois fois l’accumulation normale et représentait la température la plus humide depuis 1884, année à laquelle remontent les premières statistiques. Il est tombé plus de 10 mm de pluie pendant neuf jours en juin (la normale s’établissant à 2 jours) et les précipitations printanières ont totalisé 357 mm - pour établir un autre record.
- Les observations à Brandon remontant à la décennie 1890, juin 2014 a été le mois le plus humide jamais enregistré avec 252 mm - trois fois le total normal de juin et, ce qui est incroyable, 34 mm de plus que le record antérieur du mois le plus pluvieux, soit août 1980. En juin, les précipitations ont dépassé 25 mm pendant quatre jours, y compris 75 mm le 19 juin, et trois jours de suite au cours de la dernière fin de semaine du mois - le tout s’ajoutant au fait que Brandon a connu le printemps le plus humide jamais enregistré.
- Un site météorologique de Regina a enregistré 198 mm de pluie en juin, ce qui est presque trois fois la normale de 70 mm et atteint presque le total du mois le plus humide jamais observé. Les précipitations d’avril à juin ont totalisé 312 mm, soit 216 % de la normale, ce qui fait de cette période la deuxième la plus humide depuis 1883.
- À l’extrême ouest, Lethbridge a connu son mois de juin le plus humide et son mois le plus humide jamais enregistré avec 280 mm de pluie, ce qui dépasse les précipitations que la ville reçoit au cours d’une année moyenne.
Les pluies et les inondations subséquentes de la fin de juin ont obligé à fermer une centaine de routes, y compris un tronçon de la route Transcanadienne à l’est de Regina où des dizaines de ponts, de ponceaux et de services publics ont été emportés, et des dizaines de sous-sols ont été inondés. Des tronçons de routes de campagne se sont retrouvés sous l’eau pendant des jours. Les pluies ont aussi gonflé à des niveaux record le débit de 17 rivières et cours d’eau du sud du Manitoba. Presque 100 collectivités, y compris les villes de Melville et Yorkton en Saskatchewan, ont décrété l’état d’urgence. Des citoyens volontaires et un millier de réservistes des forces armées se sont précipités pour remplir des centaines de milliers de sacs de sable afin de lutter contre les inondations. Quelque 1 000 personnes, principalement du sud-ouest du Manitoba, ont été déplacées et ont dû nettoyer leur sous-sol boueux et leur cour envahie par les débris à leur retour à la maison.
Des pâturages inondés ressemblaient à des rizières et des champs de culture se sont transformés en lacs aux vagues moutonneuses, ce qui a laissé des centaines de terres agricoles les plus productives du Canada trop détrempées pour la culture. Des agriculteurs ont craint de perdre complètement leur saison de culture. Au Manitoba et en Saskatchewan, plus d’un million d’acres de champs ensemencés ont été inondés ou noyés et deux autres millions d’acres n’ont pas été ensemencées. Jusqu’à six millions d’acres de terres agricoles dans l’ouest ont été endommagées, inondées ou reposaient sur un sol toujours gelé. Même si certaines cultures se sont rétablies après l’inondation, les rendements élevés en ont souffert. Les inondations ont coûté au total plus d’un milliard de dollars aux agriculteurs qui ont perdu des récoltes et aux collectivités qui ont dû nettoyer. Des semaines plus tard, les terrains détrempés et les étendues d’eau ont donné naissance à des vagues de moustiques. Les difficultés ont été particulièrement prévalentes dans plusieurs collectivités des Premières Nations où l’inondation devient un rituel qui cause des problèmes de santé psychologique et physique.
L’origine des inondations estivales remonte à l’automne 2013 lorsque des chutes de neige hivernales importantes ont recouvert des sols déjà saturés dans l’est des Prairies. Le problème a été amplifié par un hiver exceptionnellement dur, le manteau neigeux profond et une fonte tardive au printemps qui a gardé les sols saturés et les étangs remplis. Un autre facteur qui a aggravé les inondations dans les Prairies au cours des dernières années et que des hydrométéorologues spécialisés ont dévoilé réside dans le changement du drainage des terres agricoles de la Saskatchewan et du Manitoba et l’incidence accrue de précipitations qui durent plusieurs jours. Des précipitations qui frappent des superficies plus vastes durent plus longtemps que d’habitude. Le réseau des étangs et des marécages des Prairies est déjà rempli à ras bord et les eaux de ruissellement se déplacent maintenant au sol en créant un phénomène de « remplissage et déversement » qui arrache des routes, inonde des maisons et fait déborder les réseaux d’égout. Canards Illimités a déclaré que le drainage des terres humides des Prairies a augmenté les débits moyens de plus de 60 % et une étude menée par l’Université de la Saskatchewan a révélé que des changements du drainage des terres inondées depuis 50 ans ont augmenté jusqu’à 32 % le débit maximum des inondations récentes.
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