Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2014 : chapitre 3
Nº3 Feux de forêt dans l’Ouest et le Nord-Ouest
Même si les conditions n’étaient pas favorables pour causer des feux de forêt dans la plupart des régions du Canada en 2014, il s’agit malgré tout d’une année qui a connu de grands feux. Selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada, bien que le nombre absolu de feux aient affiché une diminution de 10 % par rapport à la moyenne sur 20 ans, la superficie brûlée a été trois fois plus grande que la moyenne nationale sur 20 ans (4,6 millions d’hectares par rapport à la normale de 1,5 million d’hectares). Donc, même si des régions du Canada étaient, parfois, trempées par les fortes pluies ou se trouvaient dans l’eau en raison d’inondations, les Territoires du Nord-Ouest et la Colombie-Britannique ont compensé par une chaleur et une sécheresse exceptionnelles propices à allumer des brasiers en un rien de temps.

Dans les Territoires du Nord-Ouest, l’année a commencé avec un hiver froid et peu de neige qui ont laissé la litière végétale et forestière bien sèche. L’été a ensuite fait place à un ciel clair et à des records de chaleur, ce qui a optimisé les conditions déjà parfaites pour que les feux se propagent. Un couloir immobile d’air sec situé, pendant des semaines, au-dessus de la vallée du fleuve Mackenzie, a constitué la principale cause du problème. Les températures de Tuktoyaktuk à Yellowknife ont été en moyenne bien au-dessus des moyennes historiques. La région de Mackenzie a affiché en moyenne 1,6 °C de plus que la normale - le septième été le plus chaud en 67 ans. En juin et juillet, Yellowknife a compté 22 jours, où la température a atteint ou dépassé 25 °C, comparativement à une moyenne de huit jours, avec seulement deux jours de pluie en juin, et trois en juillet. Pendant une période de 85 jours, à compter de la longue fin de semaine de mai, Yellowknife n’a reçu qu'une demi de ses précipitations normales. Comme autre preuve de la sécheresse, le niveau d’eau du fleuve Mackenzie était parmi les plus bas enregistrés depuis plus de 30 ans. Il n’était donc pas surprenant que les Territoires du Nord-Ouest connaissent leur pire saison de feux de forêt en 30 ans, où près de 3,4 millions d’hectares ont été détruits. C’est sept fois la superficie qui est normalement brûlée et six fois la taille de l’Île-du-Prince-Édouard. Au plus fort de la saison des feux, la fumée, les cendres et l’humidité dégagées des feux intenses se sont dispersées dans les airs jusqu’à une distance de 15 km, entourant facilement le globe. Certains panaches de fumée se sont dirigés vers le sud et l’est, affectant ainsi la qualité de l’air dans les plaines au nord des États-Unis, dans les provinces maritimes du Canada et même aussi loin qu’au Portugal. Les feux ont causé une foule de problèmes, y compris la fermeture d’autoroutes en raison de la visibilité réduite, la destruction de câbles de fibre optique et l’arrêt de la principale ligne d’alimentation électrique de Yellowknife. Les risques pour la santé ont également fait partie des préoccupations puisque l’hôpital de la ville a traité davantage de patients aux prises avec des problèmes respiratoires et des allergies, soit deux fois plus que le nombre habituel. La fumée était si épaisse que, parfois, il était difficile de respirer à l’intérieur même si les fenêtres étaient fermées, sans parler de la difficulté à respirer à l’extérieur. L’étendue des feux de forêt empêchait également les visiteurs de sortir de la région tout comme ils les empêchaient d’y entrer, ce qui avait des répercussions négatives sur l’achalandage des camps et des attractions touristiques. En août, les pompiers et les résidents ont finalement eu une pause avec l’arrivée de temps plus frais et plus humide. Les températures ont considérablement chuté, et les précipitations ont affiché une augmentation de 50 % par rapport à la quantité normale pour le mois.

En Colombie-Britannique, une saison des feux marquée par du temps très chaud a brûlé une grande quantité de bois d’œuvre dans la province; il s’agit de la troisième plus grosse perte depuis que les autorités ont commencé à enregistrer les statistiques sur les feux de forêt il y a plus de 60 ans. Les feux ont brûlé plus de 338 000 hectares dans la province, soit une superficie sept fois et demie plus grande que la superficie moyenne normalement brûlée sur une période de 20 ans. Aucune maison ou structure importante n’a été détruite, mais la province a plus que quadruplé son budget consacré à la lutte contre les incendies, dépensant 266 millions de dollars. Les conditions qui favorisent la saison des feux de forêt sont apparues en 2013 lorsque des endroits comme Victoria ont connu les mois d’octobre à décembre les plus secs jamais enregistrés. L’été a apporté les conditions idéales pour allumer et propager les feux, car la température moyenne dans l’ensemble des parties côtières et méridionales de la province en a fait le troisième été le plus chaud des 67 dernières années de consignation des données et l’un des dix étés les plus secs. Les températures maximales de juillet ont atteint un niveau jamais vu en grimpant à un peu plus de 40 °C dans plusieurs communautés de la province. À certains endroits, on affirmait qu’il s’agissait de l’été le plus sec depuis plus d’un demi-siècle. Parmi les plus gros feux, certains étaient situés dans de vastes forêts de pins morts, qui avaient été attaqués par des dendroctones du pin argenté, ou sur des terrains escarpés et inaccessibles, ce qui augmentait les risques et les défis pour les pompiers et les communautés. Près de 400 pompiers de l’Ontario, des provinces maritimes, de l’Alaska et même de l’Australie ont donné un coup de main. Le feu de forêt le plus gros et le plus difficile à contrôler se situait à proximité de la Chelaslie River au sud de Burns Lake dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Il a brûlé une superficie de 133 162 hectares, ce qui représente plus de 30 % de la superficie carbonisée dans la province cette année. Un autre terrible incendie s’est produit dans le nord de la Colombie-Britannique, près de la frontière de l’Alberta, lorsque la foudre, fouettée par des vents violents, a enflammé 3 800 hectares à Red Deer Creek. De plus, un feu à Smith Creek, à l’ouest de Kelowna, a chassé 2 500 personnes de leur domicile. Au cours de l’été, une série d’avis de fumée de feux de forêt et de bulletins spéciaux de qualité de l’air, respectivement publiés par la province et Environnement Canada, a été diffusée pour de nombreuses régions, y compris la vallée de l’Okanagan, où les résidents de Peachland ont été exhortés à garder les petits enfants, les personnes âgées et les animaux à l’intérieur. De temps à autre, même les résidents de Vancouver et de la vallée du Fraser recevaient des avis sur la qualité de l’air puisque des panaches de fumée flottaient lourdement dans le ciel.

Heureusement, la pluie et le temps frais qu’a opportunément connus la Colombie-Britannique de septembre à octobre lui ont épargné une deuxième saison désastreuse de feux de forêt et apporté l’humidité tant attendue dans une province au bord de la sécheresse. À Victoria et à Vancouver, les précipitations totales étaient de 40 % supérieures à la normale, et Vancouver a connu les mois de septembre et d’octobre les plus humides des dix dernières années.