Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2014 : finalistes
Finalistes des événements marquants de 2014
- Début janvier, une tempête paralyse le Canada atlantique
 - Formation importante de glace, eaux plus froides et niveau des eaux plus élevé dans les Grands Lacs
 - Le retour de la glace de mer
 - Inondation d'est en ouest
 - Grands vents sur tout l'Ouest
 - Tempête en guise de poisson d'avril dans les provinces de l'Atlantique
 - Orages violents en septembre en Ontario
 
1. Début janvier, une tempête paralyse le Canada atlantique
Alors que l’hiver ne faisait que commencer mais n’était déjà plus le bienvenu, une forte tempête arrivant de Cape Cod le lendemain du jour de l’An a asséné un coup brutal au Canada atlantique. Elle a commencé par de la neige abondante, qui s’est transformée en blizzard aveuglant, suivi par un refroidissement éolien mordant pendant plusieurs jours. Il est tombé toute une gamme des précipitations variant entre 40 cm de neige et 47 mm de pluie, y compris de 5 à 10 mm de pluie verglaçante à certains endroits du centre du Nouveau-Brunswick. Ajoutons au mélange des bourrasques de vent qui ont atteint 60 km/h et créé des conditions de voile blanc, de la pluie battante et de la neige poudreuse qui a causé plus de problèmes que les accumulations.
La tempête a frappé particulièrement fort en Nouvelle-Écosse, où elle a entraîné la fermeture de magasins, des retards dans les déplacements, des conditions de conduite dangereuses, ainsi que l’annulation de vols. La plupart des universités, des campus collégiaux et des bibliothèques ont aussi fermé leurs portes, ainsi que de nombreuses garderies. Les autobus ont cessé de circuler et le service de traversier entre les provinces a été annulé. Des inondations se sont produites localement le long de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse, près de Liverpool, parce que le niveau des eaux était plus élevé qu’à la normale et que d’énormes vagues déferlaient. Des tempêtes de verglas ont privé de courant des milliers d’habitants de l’Île-du-Prince-Édouardet les ont laissés dans le noir. Une fois retombée, la tempête a fait place à un temps glacial, le refroidissement éolien s’établissant entre -35 et-45 °C, un froid peu commun dans les Maritimes. Il s’en est fallu de peu qu’un record de froid ne soit battu à Saint John le 2 janvier, journée où le thermomètre est descendu à -26,3 °C et où le refroidissement éolien était de -39; un record a été enregistré à Edmundston, où les températures sont descendues à -38,1 °C. Des records ont également été établis à Bathurst, Charlo, Saint-Léonard, Moncton et Fredericton.
Le mauvais temps s’en est pris au réseau électrique du Nouveau-Brunswick, la pluie verglaçante, le vent et la pluie privant d’électricité des milliers d’habitations et d’entreprises. C’était la deuxième tempête de verglas importante en deux semaines. Ensemble, la tempête avant Noël et celle du lendemain du jour de l’An ont coûté 12 millions de dollars en heures supplémentaires à Énergie NB pour la réparation des lignes de transport d’électricité et l’infrastructure endommagées par la mauvaise température. Ces deux tempêtes sont celles qui ont causé le plus de dommages au réseau électrique de la province depuis des décennies, des dommages dont l’ampleur et le coût dépassent de beaucoup ceux de la célèbre tempête de verglas de l’Est canadien en 1998.
La violente tempête qui s’est abattue sur les Maritimes a frappé aussi la presqu’île Avalon, à Terre-Neuve, dans les jours qui ont suivi. Les habitants de St. John’s ont constaté au réveil que la grosse tempête leur avait laissé près de 40 cm de neige au sol. Bien que la tempête ne se soit pas attardée, des vents puissants de 111 km/h ont persisté et ont amoncelé la neige en bancs monstrueux, et créé de la poudrerie et des voiles blancs qui ont rendu les conditions de conduite et de marche très périlleuses. La tempête a causé l’annulation des vols, l’interruption du transport en commun et la fermeture des routes, des bureaux gouvernementaux, des universités et des entreprises. Ce sont toutefois les pannes de courant qui sont survenues pendant une des périodes les plus froides depuis des années (facteur éolien de -35 °C) qui ont fait le plus mal. Pour atténuer les conséquences, les responsables ont ouvert partout dans la province des centres où les gens pouvaient aller se réchauffer. Ironiquement, dans les jours qui ont précédé la tempête, les autorités provinciales avaient décidé de couper le courant par intermittence pour éviter de surcharger le réseau. Donc, ce qui était d’abord une interruption touchant une centrale s’est transformé en pannes intermittentes, puis en pannes de courant générales qui ont laissé 90 000 clients grelottant dans le noir et enfouis dans la neige pendant des jours. Au point culminant de la panne d’électricité, quelque 190 000 clients étaient dans le noir, de sorte que les écoles ont dû fermer pendant une semaine.
2. Formation importante de glace, eaux plus froides et niveau des eaux plus élevé dans les Grands Lacs
Avec l’arrivée précoce de l’hiver et des températures plus froides pendant tout l’hiver, il n’est pas surprenant de constater que les glaces sur les Grands Lacs, en 2013-2014, ont été plus épaisses, plus vastes et ont mis plus de temps à disparaître au printemps. Le premier signe d’une saison de glaces épaisses et hâtives fut l’arrivée des brise-glaces à la mi-décembre, soit deux à trois semaines plus tôt que d’habitude. Pendant l’hiver, les voies de navigation sont devenues tellement étouffées par la glace que les brise-glaces de la Garde côtière canadienne et américaine ont été utilisés un nombre d’heures quatre fois plus élevé que la moyenne au cours de la même période des dernières années. Certains brise-glaces ont travaillé sans arrêt pendant 55 jours pour tenter d’ouvrir des voies pour des navires transportant des matières essentielles, comme du mazout domestique, du sel et du charbon. Il faisait si froid en janvier que les Grands Lacs sont devenus de véritables « machines à glace », regelant dès que les brise-glaces se frayaient un passage dans les glaces flottantes. Selon le Service canadien des glaces d’Environnement Canada, c’était l’une des saisons des glaces les plus prolifiques enregistrées pour les Grands Lacs, par rapport aux données enregistrées au cours des 40 dernières années. Les statistiques du Great Lakes Environmental Research Laboratory de la National Oceanic and Atmospheric Administration révèlent que la couverture de glace des Grands Lacs a atteint 92,2 % le 6 mars. Ce pourcentage n’avait pas été atteint depuis 1978-1979, alors que la glace avait atteint le record de 94,7 %. En comparaison, la couverture de glace de l’hiver 2012-2013 n’avait atteint qu’environ 40 % de son sommet. Les statistiques pour les différents lacs incluaient : 95 % ou plus pour les lacs Supérieur, Huron, Érié et la rivière Sainte-Claire; 93 % pour le lac Michigan; et 61 % pour le lac Ontario. Le signe final d’une année remarquable pour les glaces est venu dans la première semaine de juin, lorsque les dernières glaces du lac Supérieur ont fondu, faisant de cette date un record pour les dernières glaces sur les Grands Lacs.
Reliée à la tête des Grands Lacs, la voie maritime du Saint-Laurent a également été touchée, puisque sa 56e saison d’activité maritime ne s’est pas ouverte entièrement avant le 31 mars, soit neuf jours plus tard que l’année précédente, et son ouverture la plus tardive depuis 2009. Après son ouverture, les conditions de glace épaisse ont fait en sorte qu’il a fallu cinq semaines de plus pour que le trafic maritime atteigne ses niveaux normaux sur le lac Supérieur. Les ports et les terminaux ont également été fermés plus longtemps. Cette ouverture tardive a accru le stress et les coûts pour les expéditeurs et les clients, surtout les céréaliculteurs des Prairies qui avaient hâte de commencer l’expédition de l’abondante récolte de la dernière année vers les marchés d'outre-mer. Un point positif est qu’une couverture de glace épaisse et stable a aidé de nombreuses espèces de plantes et d’animaux aquatiques à survivre pendant l’hiver.
Un autre point positif pour plusieurs a été la poursuite de la montée des eaux dans les Grands Lacs. Voici quelques-uns des facteurs qui y ont contribué : un niveau record des chutes de neige et de la neige accumulée; des froids intenses et durables qui ont engendré une couverture de glace presque complète; un début de printemps froid et une fin de printemps tiède; un été plus frais et humide. Le fait qu’une grande partie de la neige venait du bassin versant des Grands Lacs a également contribué à faire monter les niveaux des lacs. En outre, le contenu en eau de la couverture de neige était le plus élevé des dix dernières années pour les lacs Supérieur, Michigan et Huron. Pour la première fois depuis 1998, tous les Grands Lacs étaient au-dessus de leurs niveaux moyens mensuels à long terme (1918-2013) en septembre. Les plus remarquables reprises étaient pour les lacs Supérieur, Michigan et Huron, où les niveaux de l’eau sont remontés à des niveaux jamais vus depuis la fin des années 1990. Étant donné que les lacs Michigan et Huron étaient aux niveaux les plus bas jamais vus en janvier 2013, soit 72 cm plus bas que la moyenne de 1918-2013, la hausse des niveaux de l’eau a été étonnante puisque les niveaux ont dépassé de 17 cm la moyenne en novembre 2014. Il est également important de signaler que la baisse saisonnière des niveaux de l’eau des lacs Supérieur, Michigan et Huron;commence habituellement entre le milieu et la fin de l’été; celle du lac Supérieur a été retardée jusqu’à assez tard à l’automne et celles des lacs Michigan et Huron n’a pas encore eu lieu. Ceci a été entraîné en partie par la poursuite de conditions météorologiques plus humides que la normale. Selon Environnement Canada, depuis 1918 les niveaux des lacs Michigan et Huron n’ont atteint leur sommet annuel après septembre que pendant sept ans seulement. Les plaisanciers, les propriétaires ou les locataires de chalets près de la plage, les touristes, les pêcheurs commerciaux, les navires de transport et de fret, et les sociétés hydroélectriques figurent parmi les ceux qui ont profité des niveaux élevés de l’eau. C’était également un avantage pour les habitats d’eau douce, les frayères et les aires d’alevinage.
Les Grands Lacs avaient non seulement des niveaux supérieurs à leurs niveaux habituels mais les eaux étaient plus froides. Au milieu des lacs Ontario et Huron, les températures des eaux de surface étaient plus froides d’environ 6 °C le jour de la fête du Canada 2014, par rapport à la température à la même date l’année précédente. Lors de la longue fin de semaine d’août, les températures des eaux de surface du lac Supérieur étaient plus froides de 2,9 °C par rapport à l’année précédente.
3. Le retour de la glace de mer
Après plusieurs années pendant lesquelles la couverture de la glace de mer a été plus faible que la moyenne le long de la côte Est, la glace a fait un retour impressionnant en 2014 en bloquant le détroit de Belle Isle et en s’étendant vers le sud jusqu’à atteindre l’embouchure du fleuve Saint-Laurent et le long des côtes des provinces maritimes. Du côté de l’Atlantique, la glace s’est étendue très loin dans l’océan, du Labrador en descendant jusqu’à Trinity Bay, dans la presqu’île d’Avalon. La Garde côtière canadienne n’avait pas vu de conditions de glace aussi épaisse dans l’Est de Terre-Neuve depuis 1993-1994. Les brise-glaces ont eu de la difficulté à libérer des glaces les parcours des traversiers et à assurer la navigation des navires commerciaux et des pétroliers dans des eaux encombrées. À la mi-février, après des semaines de froid et de calme inhabituel, les glaces ont commencé à s’accumuler dans le golfe du Saint-Laurent, où la glace atteignait des épaisseurs de 30 à 75 cm. Des vents dominants de l’ouest ont poussé les glaces vers la côte Ouest de Terre-Neuve, en plaques flottantes d’un mètre. On n’avait pas vu de glaces de cette épaisseur au début de mars depuis 25 ans, avec une augmentation de plus de 10 pour cent par rapport à la moyenne sur 30 ans. À la fin de mars, le golfe du Saint-Laurent était presque entièrement couvert d’une glace d’un mètre d’épaisseur. Selon le Service canadien des glaces d’Environnement Canada, l’année 2013-2014 a été la deuxième en importance en 20 ans en ce qui concerne les glaces dans le golfe. En avril, des centaines de passagers à bord de traversiers au large de l’île du Cap-Breton se sont trouvés pris dans les glaces déplacées par les vents. Ce fut une difficile période de deux semaines de retards importants pour Marine Atlantic en raison des phénomènes météorologiques violents et des épaisses glaces dans le détroit de Cabot. Au début de mai, les pêcheurs de homard ont éprouvé de la difficulté à installer leurs cages. Le long de la côte de Terre-Neuve-et-Labrador, une grande accumulation de icebergs (la plus importante depuis plus de 10 ans et s’étirant à 500 km plus au sud que la normale) a attiré les regards des touristes enthousiastes, mais inquiétait les marins, surtout ceux qui se sont retrouvés pris dans la brume, secoués par une mer agitée.
Vers le nord, les températures estivales de l’air dans l’Arctique étaient presque d’un degré plus chaudes que la normale. Le mois de juin a été un peu plus frais que la normale, mais les températures se sont élevées en juillet de 2 à 4 °C au-dessus des moyennes dans l’océan Arctique central. La chaleur et les vents favorables ont forcé la glace de mer à se retirer rapidement. À la fin de juillet, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC), situé aux États-Unis, l’étendue des glaces de mer était la quatrième plus faible depuis le début des observations par satellite, il y a 36 ans. Les conditions météorologiques ont changé en août avec des températures plus fraîches et un changement dans les vents, qui ont entraîné une dispersion de la glace. Le 17 septembre, le NSIDC signalait que les glaces de mer de l’Arctique avaient diminué pour atteindre sa sixième étendue la plus basse, accentuant la tendance à long terme à la baisse pour l’étendue des glaces de mer dans l’Arctique. À ce point de son étendue minimum, la glace de mer de l’Arctique couvrait 5,02 millions de km2. C’était 1,6 million de km2 au-dessus du record minimum d’étendue de 2012 et 1,2 million de km2 en dessous du récent minimum de la moyenne sur 30 ans, ou 19 % sous la moyenne. Dans l’Arctique canadien, la baie d’Hudson, la baie de Baffin et le détroit de Davis ont été essentiellement sans glace au milieu de l’été. Dans le chenal Parry, la couverture de glace était de 64 %, soit légèrement supérieure à la normale de saison et supérieure à celle des 10 dernières années. Contrairement aux dernières années, le passage du Nord-Ouest, le long de la côte de Sibérie, est demeuré ouvert, avec peu de glace dans la plus grande partie de la voie de navigation.
La découverte du NSM Erebus, l’un des navires perdus de l’expédition de Franklin il y a près de 170 ans, a été une nouvelle vraiment intéressante pour les Canadiens. Derrière la scène, les glaces de mer toujours présentes dans le détroit de Victoria ont joué un rôle en limitant considérablement les efforts de recherche.
4. Inondation d'est en ouest
Au début d’avril, des montagnes de neige commençaient à fondre rapidement, les températures étaient en hausse et de la pluie était sur le point de tomber, ce qui soulevait d’importantes préoccupations concernant un risque d’inondation dans les Maritimes. L’Île-du-Prince-Édouard avait reçu une quantité de chute de neige deux fois normale en mars, dont la teneur en eau était 36 % supérieure à la normale pour cette période de l’année. De plus, les températures en mois mars de cinq sous la normale dans les trois provinces avaient empêché la neige de fondre sur le sol encore gelé, réduisant sa capacité d’absorber des pluies excessives. Le 9 avril, tandis que les glaces commençaient à se déplacer sur la plupart des rivières, les niveaux de l’eau le long des rivières Kennebecasis et Nashwaak du Nouveau-Brunswick sont montés en crue. Le dégel soudain du printemps, les pluies printanières et les inondations ont entraîné la fermeture de routes, l’inondation de sous-sols et forcé des centaines de personnes à quitter leur foyer. À la mi-avril, l’eau des rivières se déversait sur les champs agricoles et dans les cours, ce qui causait davantage d’inondations de sous-sols et des dommages aux maisons de campagne et aux caravanes. Les eaux de crue ont aussi emporté des plates-formes routières, coupé des routes principales, délogé des ponts de leurs culées et causé des millions de dollars de dommages à l’infrastructure routière du Nouveau-Brunswick.
Dans le sud du Québec, les averses d’avril, d’une quantité quotidienne de 25 à 45 mm de pluie et la fonte rapide des neiges sur un sol encore gelé ont provoqué d’importants déversements dans les rivières et les lacs. À Beauceville, où il y avait un embâcle d’une longueur d’un kilomètre le long de la rivière Chaudière, les autorités de la sécurité publique ont donné l’ordre d’évacuer à plusieurs dizaines de résidents et d’entreprises. À environ 100 km au nord de Montréal, près de Morin-Heights, un glissement de terrain causé par la pluie a détruit plusieurs chalets d’été. Le terrain des flancs des collines est devenu instable lorsque de la neige fondante et de la pluie diluvienne constante ont saturé le sol et délogé de gros morceaux de terre. À Sherbrooke, la rivière Saint-François a atteint un niveau record de 7,6 m le 15 avril, ce qui a divisé la ville. Le service d’incendie a suggéré à 600 personnes de quitter leur domicile. Les rues inondées du centre-ville ont gelé rapidement lorsque la température est descendue à -8 °C le matin. Le 15 avril, des pluies torrentielles ont provoqué une montée de la rivière Sainte-Anne à St-Raymond, tout juste à l’ouest de Québec, à une vitesse vertigineuse, ce qui a inondé le cœur du centre-ville.
Dans le sud de l’Ontario, la possibilité d’inondations printanières était presque assurée en raison d’une épaisse couche de glace formée avant Noël recouvrait le sol d’une accumulation de neige qui est demeurée tout l’hiver et de températures froides qui ont perduré jusqu’au printemps. Les fortes pluies tombées au cours des crues printanières ont été suffisantes pour faire monter les rivières et provoquer des inondations. En avril, Belleville et d’autres villes situées le long de la rive nord du lac Ontario ont été mises en état d’alerte d’urgence lorsque les niveaux de l’eau de plusieurs ruisseaux et rivières sont montés, y compris les rivières Moira, Salmon et Napanee, ainsi que dans les régions du cours inférieur de la Trent et les zones de protection de la nature de la vallée Rideau. Au cours d’une période de risque d’inondation de 10 jours, 1 600 bénévoles plaçant des sacs de sable ont travaillé d’arrache-pied tandis que l’eau de la rivière Moira atteignait le même niveau qu’en 2008, soit la dernière fois où une inondation importante a eu lieu. Les dommages à l’infrastructure ont été estimés à des millions de dollars et des états d’urgence ont été déclarés pour Central Hastings et Tweed, dans l’est de l’Ontario. Dans la rivière Rideau qui gonflait, l’eau se trouvait à son niveau le plus élevé depuis plus de cinq ans. La montée des eaux a aussi entraîné l’émission d’avertissement de crue pour la rivière Grand, au sud de l’Ontario.
En ce qui concerne l’est des Prairies, l’accumulation de neige à la moitié de l’hiver dans le sud du Manitoba était deux fois supérieure à la moyenne, mais sa teneur en eau était étonnamment faible, ce qui a réduit le risque potentiel dû aux inondations printanières. De plus, les conditions du sol plus sèches que la normale en début d’hiver signifiaient que le sol offrait une bonne capacité d’absorption pour la fonte des neiges au printemps. Les autorités étaient toutefois préoccupées par la profondeur atteinte par le gel, soit près de trois mètres sous la surface, ce qui était suffisant pour causer des inondations par ruissellement. Les embâcles étaient aussi une source de préoccupation puisque la glace fluviale était 30 % plus épaisse que la normale. C’est le froid qui a sauvé la mise. Ironiquement, les températures glaciales desquelles les résidents se sont plaints durant tout l’hiver ont permis de garder la neige sèche et, par sublimation, de réduire sa teneur en eau. De plus, les températures printanières fraîches ont permis de ralentir le rythme de la fonte. En fin de compte, le temps est demeuré si froid au Manitoba et en Saskatchewan que les inondations printanières n’ont guère nécessité l’attention. La seule exception a été la rivière Fisher qui traverse la Première Nation de Pequis. Pour la septième fois en cinq ans, elle a débordé sur les rives, submergé des routes, inondé des propriétés et forcé des résidents à quitter leur domicile.
Ensuite, il y a eu l’Alberta. Seulement quelques jours avant le premier anniversaire de « l’inondation des inondations », une tempête se déplaçant lentement le 17 juin a suscité des craintes de scénario similaire alors que des pluies diluviennes frappaient le sud de l’Alberta. Un avertissement de pluie abondante atteignant jusqu’à 200 mm de pluie a fait grimper le degré d’anxiété dans plusieurs communautés de la région, surtout lorsque des avis de débit élevé ont été émis pour les rivières Bow, Oldman, Milk et Saskatchewan Sud. En fin de compte, les quantités de pluie totales ont certes été élevées (la quantité maximale de pluie pour la tempête a atteint 175 mm à West Castle) mais elles n’ont pas atteint le niveau annoncé, et la région touchée n’a pas été aussi vaste que l’année passée. Même si Calgary a été épargnée par le déluge, plusieurs municipalités et villes ont été durement touchées au sud. Quarante maisons ont été inondées à Claresholm et des états d’urgence ont été déclarés dans des dizaines de collectivités, y compris Medicine Hat, des parties du comté de Lethbridge, High River, Crowsnest Pass, Willow Creek et la réserve indienne de Blood. À Lethbridge, les précipitations totales ont dépassé 246 mm entre le 10 et le 19 juin, dont 171 mm en trois jours entre le 16 et le 18 juin. La moyenne annuelle de pluie à Lethbridge est de 276 mm. En conséquence, la rivière Oldman a monté de 3,5 m et a provoqué l’inondation du sous-sol de 350 maisons. Dans la réserve de Blood, 20 familles ont été forcées de quitter leur maison et on a signalé des dommages dans 200 domiciles, dont la plupart causés par des inondations par ruissellement et un refoulement des égouts.
5. Grands vents sur tout l'Ouest
Chevauchant un écoulement d’air rapide en provenance de la vallée du Mackenzie, les vents chauds du Pacifique ont frayé leur chemin à travers les provinces des Prairies au milieu de janvier. Cette « brise » chargée à bloc a apporté une pause méritée dans ce qui devenait des rigueurs hivernales extrêmes. On a alors battu des douzaines de records de chaleur, notamment à Edmonton, Saskatoon et Winnipeg. À Edmonton par exemple, le mercure s’est élevé à 9,1 oC, battant le record précédemment enregistré de deux degrés. Avec 7,5 oC le 15 janvier, Saskatoon a connu la plus haute température en saison depuis qu’on a commencé à tenir des statistiques en 1892. Pendant ce temps, les vents prenaient des vitesses d’ouragan à 120 km/h, balayant eux aussi les records. Les grands vents ont secoué et fracassé les fenêtres, fouetté les voitures et causé des dommages aux biens pour des millions de dollars. Les vents de tempête ont soufflé des semi-remorques, arraché enseignes et auvents, abattu des façades au centre-ville, renversé des piétons, tordu des tours de téléphonie cellulaire, écrasé des réservoirs à grain et fauché des feux de circulation. Des débris volants ont menacé les automobilistes et piétons sur les routes et les trottoirs. Du nord de la Colombie-Britannique à l’est du Manitoba, des milliers d’usagers ont été privés d’électricité à cause de chutes d’arbres entraînant des fils électriques. Le redoux de janvier a peu duré et la suite a pris une vilaine tournure avec des grains neigeux, des blizzards et des verglas accompagnés d’orages occasionnels comme surprise en plus. Ces conditions singulières ont chassé les autobus scolaires des routes et gardé les élèves au foyer. La poudrerie, la formation de congères et la glace noire ont fait fermer un grand nombre d’autoroutes et causé deux décès de la route en Alberta.
6. Tempête en guise de poisson d'avril dans les provinces de l'Atlantique
Une tempête de fin de mars qui s’est formée au large de la côte est des États-Unis a pris lentement la direction du sud-est de la Nouvelle-Écosse pour réserver un poisson d’avril à ceux et celles qui, peut-être et seulement peut-être, pensaient que le printemps était de retour dans la région de l’Atlantique. Du coup, les habitants du Nouveau-Brunswick ont encore eu à faire face à une panne d’électricité majeure devant frapper plus de 75 000 usagers dans des conditions de verglas, de grésil et de forte neige. On a dû ouvrir des abris à plusieurs endroits et un certain nombre de régions rurales ont été privées d’eau courante. Fredericton s’est couverte une fois de plus d’un épais manteau glacé qui a fait tomber des arbres sur des fils électriques, fauché des poteaux et arraché des transformateurs. La facture totale a été de plus de 3 millions de dollars pour Énergie NB. Le 1er avril, cette même Fredericton, qui normalement n’aurait qu’environ 5 cm de neige au sol en avait 68 cm, le couvert neigeux le plus épais jamais mesuré dans la capitale en avril. Les chasse-neige ont fait des tours d’horloge, car les congères mesuraient 2 m dans certaines rues, et les bretelles des autoroutes étaient bloquées par la neige et les camions enlisés. Piétinant dans la neige profonde, les cervidés épuisés sont devenus des cibles faciles pour les prédateurs. Dans le port de Sydney, de forts vents persistants du secteur nord-est ont soulevé la glace de mer jusqu’à 3 m par endroits, retardant de plusieurs jours les navettes de transbordeurs de Marine Atlantique. Pour le conseil scolaire régional de Cap Breton-Victoria, les 15 jours de congé de neige de l’année ont presque doublé par rapport à l’an dernier.
L’Île-du-Prince-Édouard, qui a dû s’extraire d’une autre chute de neige record, a paru la plus rudement touchée. La tempête l’a frappée pendant plus de 30 heures. Maritime Electric a comparé ce mélange de neige et de verglas à l’infâme tempête de verglas qui s’était déchaînée sur la province en janvier 2008. En 2013-2014, les tempêtes de neige ont été fréquentes et denses. Charlottetown a connu cinq tempêtes de 25 cm et plus en une journée. Le 26 mars, 48,5 cm de neige sont tombés et, au total, il y a eu quatrejours de fortes chutes de neige de plus que la moyenne. Dans toute la province, les chasse-neige ont été rappelés des routes secondaires et les écoles ont été fermées toute une semaine pendant que la poudrerie et le grésil continuaient à s’abattre sur l’île. En mars, certains élèves ont eu plus de congés forcés que de jours d’école, laissant loin derrière la nouveauté des congés pour cause de neige.
La tempête du début d’avril a également été une des pires d’un « hiver de tempêtes » à Terre-Neuve-et-Labrador, amenant une longue période de forts vents du secteur nord-est avec un mélange de neige, de grésil et de verglas pour le sud de cette province. D’abondantes chutes de neige combinées à des vents violents ont multiplié les congères et les voiles blancs. À St. John’s et aux alentours, des conditions de route dangereuses ont fait fermer un grand nombre d’écoles et de commerces.
7. Orages violents en septembre en Ontario
Après une des journées d’été les plus chaudes et les plus humides jamais connues un 5 septembre, un violent orage a traversé le sud de l’Ontario d’ouest en est. Provoqué par un front froid, il a charrié des pluies denses et de forts vents. London a été heurtée de plein fouet. Les vents y ont fauché des arbres et des fils, multipliant les pannes d’électricité dans la ville et aux alentours. Un concert a été annulé en soirée, les organisateurs de la Western Fair fermant la zone d’exposition. Ottawa a aussi été directement frappée avec des chutes d’arbres, des inondations de rues, d’intersections et de sous-sols et l’interruption d’une partie de football du Rouge et Noir d’Ottawa par une panne. À Christian Island au nord-ouest de Midland, les dommages causés ressemblaient dangereusement à ceux d’un ouragan de peu de force, une impression confirmée par la suite. On a parlé d’une force EF0 et de vents de 90 km/h. Les spécialistes ont également confirmé qu’une tornade de force EF1 avait heurté Udney à environ 20 km à l’est d’Orillia avec des vents s’attaquant aux bâtiments, notamment à une grange, un hangar et un pavillon. À Orillia, les dommages ont été soutenus avec des rafales descendantes qui ont abattu des douzaines d’arbres majestueux dans le parc du centre-ville en bordure de lac. Aux alentours de Six Mile Lake, des vents rectilignes d’une vitesse de 90 à 110 km/h ont assailli les arbres. On a relevé les vents de pointe les plus vifs à Windsor (96 km/h) et Lagoon City (85 km/h). La pluviométrie totale était tout aussi inquiétante : 75 mm se sont déversés sur St. Thomas, ce qui devait faire déborder localement les eaux. Grand Bend, Tillsonburg et Fergus ont été d’autres points chauds ayant reçu 60 à 90 mm de pluie. Fait tragique, la tempête a dérobé deux vies, la première tôt en journée à l’Université de Waterloo où un étudiant a été frappé par la foudre après s’être réfugié sous un arbre, la seconde à Orillia où un cycliste a été assommé par des chutes de branches pour ensuite succomber à ce traumatisme.
Cinq jours plus tard à peine, soit le 10 septembre, une autre puissante tempête traversait les mêmes lieux et déversait une pluie semblable sur le centre et le nord de l’Ontario. Après deux épisodes de denses précipitations en moins d’une semaine, les autorités ont lancé des avertissements d’élévation des eaux et de crue dans les régions basses. Les forts vents ont également sévi près de London et au sud de cette ville. À Windsor-Amherstburg, agglomération frappée par une seconde tempête de 60 à 100 mm de pluie, le sous-sol de plusieurs résidents s’est inondé à nouveau. La pluie diluvienne a également affecté London, submergeant les rues, étranglant la circulation, renversant des arbres et transformant les sous-sols en piscines intérieures. Pour la seconde fois, les responsables de la Western Fair ont fermé la zone d’exposition. Ensemble, les deux tempêtes ont arrosé London de 123 mm de pluie, Tillsonburg de 108 mm, Waterloo de 117 mm, Fergus de 126 mm et St. Thomas de 113 mm de pluie.