Installations de préservation du bois, bore inorganique ou borate : chapitre I-4
4. Effets sur la santé humaine
Le bore est un élément très répandu à l’état naturel auquel les humains sont ordinairement exposés (15). Toutefois, dans les milieux industriels, des mesures de sécurité appropriées (voir la section 6) doivent être mises en œuvre pour éviter une surexposition.
Le tableau 4 présente, les estimations de l’absorption quotidienne de bore par les Canadiens. Même aux concentrations maximales mesurées dans l’air marin, l’absorption du bore par inhalation est vraisemblablement négligeable par rapport à ce qui est ingéré dans les aliments et dans l’eau. Dans le passé, on considérait que le bore n’était pas essentiel pour les animaux. Toutefois, une étude indique une variation étroite des concentrations dans le sang humain, ainsi que des études sur la privation chez les rats, laissent entendre que le bore pourrait en effet être un élément essentiel (6).
Le bore a été classé dans le groupe IVC, c’est-à-dire qu’il est probablement non cancérogène pour les humains.
Le bore ne s’accumule pas dans les tissus normaux, mais il peut se concentrer dans les tumeurs malignes du cerveau. Le bore est éliminé de l’organisme principalement par les reins (urine), avec de faibles quantités excrétées dans les matières fécales, la sueur et la salive. Environ la moitié du bore absorbé par les humains est éliminée au cours de la première période de 24 heures après l’administration par intraveineuse de 562 à 611 mg d’acide borique; une élimination supérieure à 92 % a été observée moins de 96 heures après l’ingestion par des volontaires humains de 750 mg d’acide borique dans de l’eau ou de 50 mg (maximum) dans un onguent émulsif dans l’eau (6).
Un certain nombre d’intoxications aiguës à l’acide borique ou au borax ont été signalées chez les humains à la suite de l’ingestion, de l’injection par voie parentérale, de l’épuration des cavités séreuses, de lavements et de l’application de pansements, de poudres ou d’onguents sur de grandes zones de peau brûlée ou scarifiée. Parmi les symptômes d’intoxication aiguë au bore, on compte notamment les nausées, les vomissements, la diarrhée, les maux de tête, les éruptions cutanées, la desquamation et des signes de stimulation du système nerveux central suivie de dépression. Dans les cas graves, la mort survient généralement après cinq jours à la suite d’un collapsus cardiovasculaire et d’un état de choc. La dose létale aiguë d’acide borique a été estimée à environ 15 à 20 g pour les adultes, 5 à 6 g pour les enfants et de 1 à 3 g pour les nouveau-nés. Les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des problèmes de reins sont les plus sensibles aux effets toxiques aigus du bore (6).
Des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles ont mené une étude financée par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) auprès de plus de 1 000 travailleurs exposés au bore en Chine. Selon les résultats préliminaires, 9,6 % des travailleurs exposés au bore ont signalé des antécédents d’infertilité, par rapport à 4,8 % des travailleurs non exposés. Aucune corrélation significative n’a été observée entre les concentrations de bore dans le sang ou l’urine et les effets nocifs sur les caractéristiques du sperme. Les valeurs d’exposition n’ont pas atteint les valeurs causant des effets nocifs, tel qu’il a été publié dans les travaux sur la toxicologie animale, mais elles ont dépassé les valeurs publiées précédemment pour l’exposition au bore des groupes professionnels. Des mesures en laboratoire de la qualité du sperme, des hormones dans le sang et des concentrations de bore ont révélé que des niveaux d’exposition élevés modifiaient le rapport des spermatozoïdes porteurs des chromosomes Y et X, ayant ainsi une influence potentielle sur le genre de la progéniture des travailleurs, ce qui semble indiquer qu’une étude approfondie est nécessaire (16).