Sujets de recherche en sciences de la faune et du paysage : toxicologie des métaux
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Toxicologie des métaux |
Une exposition accrue aux métaux lourds peut causer ce qui suit :
- perte de poids, faiblesse
- cécité, paralysie musculaire, crises
- risque accru de prédation
- susceptibilité accrue aux maladies et infections
- patrons modifiés sur le plan des comportements en matière de recherche de nourriture, perte d’appétit
- capacité réduite à se reproduire
Les chercheurs utilisent une combinaison d’essais sur le terrain et d’analyses en laboratoire pour déterminer, surveiller et étudier les effets des métaux lourds chez les espèces sauvages, en particulier les oiseaux, et sur leur environnement. Lorsque l’on soupçonne la présence de métaux lourds, les chercheurs étudient les sources alimentaires, les transferts dans la chaîne alimentaire, les espèces individuelles et la dynamique de l’écosystème.
La recherche sur les métaux lourds aide à prévoir les effets néfastes de la contamination environnementale et favorise la mise au point de politiques et de lois environnementales fondées sur la science pour la gestion de la contamination environnementale par le plomb et le mercure.
Plomb
Les oiseaux aquatiques peuvent ingérer des granules de plomb utilisés ou des articles de pêche perdus, lesquels entraînent un empoisonnement. De plus, les oiseaux qui sont touchés par des granules de plomb et ne sont pas récupérés par les chasseurs peuvent devenir une source d’empoisonnement secondaire pour les prédateurs et les détritivores. D’autres animaux peuvent se nourrir de gibiers morts ou blessés chez lesquels les granules de plomb sont toujours présents dans les tissus.
Les recherches menées depuis les années 1960 ont permis aux chercheurs de conclure que les grenailles de plomb représentaient la cause la plus importante d’une exposition élevée au plomb chez la sauvagine et certaines espèces d’oiseaux aquatiques. On a estimé que le saturnisme touchait annuellement 250 000 oiseaux au Canada et environ 2,5 millions dans l’ensemble de l’Amérique du Nord.
À la lumière de ces recherches, Environnement Canada a interdit l’utilisation de grenailles de plomb pour chasser la plupart des espèces d’oiseaux migrateurs considérés comme gibier. Cette interdiction à l’échelle nationale, en application depuis 1999, a entraîné une diminution importante des cas d’exposition élevée au plomb chez la sauvagine. Il a été observé que les cas de concentration élevée de plomb dans les os de canards migrateurs avaient diminué de 52 à 90 % selon l’espèce et l’emplacement échantillonné.
Alors que ce problème était auparavant considéré comme unique aux marécages, les scientifiques de la faune et des paysages examinent aussi maintenant dans quelle mesure les grenailles de plomb ont une incidence chez les oiseaux de proie et les rapaces, tels que le Grand-duc d’Amérique, la Buse à queue rousse et l’Aigle royal, puisque l’on a observé que ces oiseaux se nourrissaient aussi de carcasses de gibiers non récupérés ayant été abattus par des grenailles ou des balles de plomb.
Par exemple, les spermophiles de Richardson représentent une proie prisée de la Buse de Swainson et de la Buse rouilleuse. Les spermophiles sont considérés depuis longtemps comme des organismes nuisibles, et une pratique de gestion courante consiste à utiliser des grenailles de plomb pour tirer sur ces animaux. Cependant, étant donné le grand nombre de spermophiles abattus et le fait que les carcasses sont rarement récupérées, celles-ci représentent un risque important d’exposition au plomb et de saturnisme pour les espèces de rapaces se nourrissant de carcasses. Il a été estimé que les buses avaient besoin de s’alimenter pendant seulement 23 jours avec ce type de proie pour ingérer des niveaux de plomb potentiellement mortels.
De plus, les chercheurs étudient dans quelle mesure les grenailles de plomb ont une incidence sur les espèces n’étant actuellement pas visées par l’interdiction de la chasse aux grenailles de plomb, notamment la Bécasse d’Amérique.
Des recherches portent aussi sur des pratiques de gestion pouvant remplacer celles utilisées actuellement afin de réduire les risques de saturnisme chez les espèces sauvages.
Mercure
Les études sur le mercure réalisées par les chercheurs spécialistes des espèces sauvages et du paysage visent principalement à déterminer à quel moment les espèces sauvages piscivores sont exposées à des niveaux de mercure entraînant des répercussions sur leur santé et leur taux de reproduction.
Le mercure qui pénètre dans les écosystèmes provient de sources géologiques naturelles et de diverses activités anthropiques telles que la combustion du charbon, les déchets municipaux, l’incinération ainsi que l’extraction et la fusion des métaux de base. Une certaine
Le méthylmercure est extrêmement toxique et est facilement absorbé par l’entremise de sources alimentaires, ce qui permet sa bioamplification dans la chaîne alimentaire. Ainsi, le méthylmercure est en fin de compte consommé et bioaccumulé par les espèces occupant un niveau trophique supérieur, et il est particulièrement prévalent dans les environnements aquatiques.
Les recherches visent à comprendre comment le méthylmercure cause des répercussions négatives mesurables sur la santé et le taux de reproduction d’espèces sauvages cibles, telles que le Plongeon huard, les aigles, la loutre de rivière, le vison et leurs proies. Ces études sont menées à plusieurs sites partout au Canada afin de représenter différentes conditions environnementales et divers niveaux de contamination.
Les chercheurs surveillent les tendances liées au mercure dans les réseaux trophiques des océans Atlantique, Arctique et Pacifique ainsi que des Grands Lacs et du Saint-Laurent en prélevant régulièrement des œufs d’oiseaux aquatiques vivant en colonies. Les chercheurs ont trouvé que les niveaux de mercure dans les œufs provenant de l’Arctique sont généralement en hausse, tandis que les tendances liées au mercure sont généralement en baisse dans les Grands Lacs. Les chercheurs mènent aussi des expériences en vue de déterminer dans quelle mesure différentes espèces d’oiseaux aquatiques sont sensibles au mercure dans leurs œufs.
Étant donné que les espèces sauvages sont à risque pour ce qui est des sources de mercure naturelles et anthropiques, il est important de mieux comprendre les conditions environnementales et anthropiques entraînant une augmentation du risque d’exposition. Les chercheurs mènent aussi des études visant à déterminer l’importance relative de l’exposition aux sources de mercure naturelles par rapport aux sources anthropiques chez les espèces sauvages.
Les chercheurs étudient aussi une variété de conditions leur permettant de déterminer les milieux associés à un risque supérieur de bioaccumulation et de toxicité du mercure. Des variables telles que l’acidification environnementale, les régions comptant des activités d’extraction et de fusion de métaux non ferreux ainsi que la présence d’une géologie sous-jacente présentant une teneur élevée en mercure sont prises en compte au moment d’établir ces milieux à risque élevé.
De plus, les chercheurs travaillent aussi en collaboration avec des chercheurs universitaires afin d’étudier ce qui suit :
- les niveaux de mercure et leurs effets chez le vison et la loutre de rivière;
- les niveaux de mercure ainsi que les tendances et leurs effets chez les oiseaux marins;
- les tendances et les effets du mercure chez les poissons d’eau douce;
- la bioaccumulation du mercure au sein des réseaux trophiques des lacs acides;
- l’influence des feux de forêt, de l’exploitation forestière et des activités humaines sur l’entrée du mercure dans les lacs;
- la mise au point d’une nouvelle méthode pour évaluer les répercussions du mercure sur la santé des populations d’espèces sauvages du Canada.
Ces recherches et activités de surveillance favorisent l’élaboration d’une carte des risques écologiques, laquelle représente un élément important du Programme scientifique sur le mercure du Programme réglementaire sur la qualité de l’air d’Environnement Canada visant à créer une carte complète des dépôts de mercure et des risques pour les espèces sauvages au Canada.
Les recherches portant sur le mercure aident à augmenter notre capacité à prévoir les effets néfastes de la contamination environnementale chez les populations d’espèces sauvages, et elles favorisent l’élaboration de politiques et de lois environnementales basées sur des principes scientifiques éprouvés pour la gestion de la contamination environnementale par le mercure.
Experts en matière de toxicologie des métaux
- Tony Scheuhammer
- Neil Burgess
- Birgit Braune
- Louise Champoux
- John Elliott
- Mark Wayland
- D.V. C. Weseloh
Suggestions de lecture
- Scheuhammer A.M., et al. 2007. Effects of environmental methylmercury on the health of wild birds, mammals and fish. Ambio36: 12-19.
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- Cet article a été reconnu par l’Essential Science Indicators de Thomson Reuters comme étant l’un des articles les plus cités de sa discipline (environnement/écologie) publiés au cours des deux dernières années. Veuillez lire les questions et réponses du Science Watch avec Tony Scheuhammer
- Stevenson, A.L., et al. 2005. Effects of non-toxic shot regulations on lead accumulation in ducks and American woodcock in Canada. Environmental Contamination and Toxicology 48: 405-413
- Knopper, L.D., et al. 2006. Carcasses of shot Richardson’s ground squirrels may pose lead hazards to scavenging hawks. Journal of Wildlife Management 70: 295-299.
- Clark, A.J. et A.M. Scheuhammer. 2003. Lead poisoning in upland-foraging birds of prey. Ecotoxicology 12 (1-4): 23-30.
- Scheuhammer A.M., et al. 1999. Elevated lead exposure in American woodcock (Scolopax minor) in eastern Canada. Environmental Contamination and Toxicology 36(3): 334-340.
- Burgess, N.M. et M.W. Meyer. 2008. Methylmercury exposure associated with reduced productivity in common loons. Ecotoxicology 17(2): 83-91.
- Scheuhammer A.M. et al. 2001. Mercury, methylmercury and selenium concentrations in eggs of common loons (Gavia immer) from Canada. Environ. Monit. Assess. 72(1): 79-94.
- Evers D.C., et al. 2003. Common loon eggs as indicators of methylmercury availability in North America. Ecotoxicology 12(1-4): 69-81.
- Burgess, N.M., et al. 2005. Mercury and other contaminants in common loons breeding in Atlantic Canada. Ecotoxicology 14(1-2): 241-252.
- Klenavic, K., L. Champoux, et al. 2008. Mercury concentrations in wild mink (Mustela vison) and river otters (Lontra canadensis) collected from eastern and Atlantic Canada: relationship to age and parasitism. Environ. Pollut. 156(2): 359-366.
- Wyn, B., N.M. Burgess, et al. 2010. Increasing mercury in yellow perch at a hotspot in Atlantic Canada, Kejimkujik National Park. Environ. Sci. Technol. 44: 9176-9181.
- Goodale, M.W., N.M. Burgess, et al. 2008. Marine foraging birds as bioindicators of mercury in the Gulf of Maine. EcoHealth 5(4): 409-425.
- Braune, B.M. 2007. Temporal trends of organochlorines and mercury in seabird eggs from the Canadian Arctic, 1975-2003. Environ. Pollut. 148(2): 599-613.
- Inventaire canadien des Plongeons huards, Études d’Oiseaux Canada
- Scheuhammer A.M., Historical perspective on the hazards of environmental lead from ammunition and fishing weights in Canada (PDF en anglais seulement)
- Incidence de la grenaille de plomb chez la Bernache du Canada, Environnement Canada
- Le mercure dans l’environnement, Environnement Canada
- Programme de réglementation de la qualité de l’air, Conseil du Trésor
- Programme scientifique sur le mercure du Programme réglementaire sur la qualité de l’air (en anglais seulement)
- Réseau collaboratif de recherche sur le mercure (COMERN)
- Recherche mercure, Patuxent Wildlife Research Centre, United States Geological Survey (en anglais seulement)
- Ingestion of Spent Lead Ammunition: Implications for Wildlife and Humans, 2008 Conférence convoquée par le Peregrine Fund (en anglais seulement)
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