Hirondelle de rivage (Riparia riparia): description de la résidence
Titre officiel : Description de la résidence de l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) au Canada
Préface
L'article 33 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) interdit d'endommager ou de détruire la résidence d'une espèce sauvage inscrite comme étant en voie de disparition, menacée ou disparue du pays. La LEP définit le terme « résidence » de la manière suivante : « gîte – terrier, nid ou autre aire ou lieu semblable – occupé ou habituellement occupé par un ou plusieurs individus pendant tout ou partie de leur vie, notamment pendant la reproduction, l'élevage, les haltes migratoires, l'hivernage, l'alimentation ou l'hibernation » [par. 2(1)]. En ce qui concerne une espèce sauvage inscrite qui est une espèce aquatique ou une espèce d'oiseau protégée par la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, l'interdiction s'applique peu importe où la résidence se trouve au Canada. Dans le cas des autres espèces sauvages inscrites, l'interdiction s'applique automatiquement lorsque la résidence de l'espèce se trouve sur le territoire domanial, mais elle ne s'applique ailleurs que sur le territoire domanial que si un décret est pris en vertu des articles 34 ou 35 de la LEP.Aux termes de l'article 97 de la LEP, quiconque contrevient à l'article 33 de la Loi commet une infraction.
Une résidence serait considérée endommagée ou détruite si une modification à la résidence proprement dite et/ou à la topographie, à la structure, à la géologie, aux conditions du sol, à la végétation, à la composition chimique de l'air ou de l'eau, à l'hydrologie de l'eau de surface ou souterraine, au microclimat ou à un milieu sain entrave temporairement ou de façon permanente les fonctions de la résidence d'un ou de plusieurs individus.
Ce qui suit est une description de la résidence de l'Hirondelle de rivage élaborée dans le but d'accroître la sensibilisation du public et de contribuer à la conservation de l'espèce en faisant la promotion de la conformité aux interdictions mentionnées ci‑dessus.
Au terme de la LEP, l'Hirondelle de rivage possède un seul type de résidence: le terrier occupé.
En vertu de la LEP, l'interdiction de détruire la résidence de cette espèce d'oiseau migrateur s'applique automatiquement sur toutes les terres. Sous réserve de certaines conditions, la LEP prévoit la délivrance de permis pour les activités qui touchent une espèce sauvage inscrite, son habitat essentiel ou la résidence des individus de l'espèce. La LEP prévoit aussi des exceptions pour certaines activités ayant trait à la sécurité ou à la santé publique ou à la sécurité nationale. Le gouvernement du Canada collaborera avec les propriétaires et les gestionnaires des terres pour trouver des solutions lorsque des situations touchant la santé et la sécurité publiques surviennent.
Endommagement et destruction de la résidence
Toute activité qui endommagerait ou détruirait les fonctions du terrier occupé constituerait un dommage ou une destruction de la résidence. Ces activités comprennent, sans toutefois s'y limiter : l'endommagement ou la destruction du terrier; le blocage de l'accès au terrier; le changement de la pente de la paroi verticale utilisée pour la nidification; l'ajout, le déplacement ou le retrait de matière de la paroi verticale causant l'affaissement ou le remplissage du terrier; toute autre activité qui pourrait détruire les fonctions du terrier.

Source des données : BirdLife International (2016)
Description longue
La figure montre l'aire de nidification de l'Hirondelle de rivage en Amérique du Nord. La majorité de l'aire de nidification de l'espèce est comprise entre le nord-est des Territoires du Nord-Ouest et le centre des États-Unis. L'aire de nidification s'étend également de l'Alaska à la côte du Labrador. La nidification peut avoir lieu hors de l'aire de répartition actuellement connue.
1. Le terrier
Aspect physique et contexte
Tout terrier d'Hirondelle de rivage occupéNote de bas de page 1 est considéré comme une résidence. Le terrier de nidification contenant le nid est creusé par les individus de manière parallèle à la surface du sol et perpendiculaire à la paroi des berges (Garrison, 1999). L'Hirondelle de rivage construit un nid rudimentaire fait d'herbages, de plumes, de brindilles, de radicelles, de tiges de plantes ou de feuilles dans une chambre de nidification au fond du terrier (Campbell et al., 1997). La profondeur horizontale du terrier de nidification est en moyenne de 90 cm (de 42 à 180 cm) en Colombie-Britannique (Campbell et al., 1997) et de 63,6 cm (de 15 à 145 cm) en Saskatchewan (Hjertaas, 1984). En Ontario, la profondeur moyenne des terriers riverains était de 71 cm (de 40 à >110 cm; n = 70) et la profondeur moyenne des terriers dans les gravières était de 65 cm (de 25 à >110 cm; n = 88; Burke, 2017).
En milieu naturel, les Hirondelles de rivage creusent des terriers dans des berges quasi verticales composées de dépôts de limon ou de sable exposés et non consolidés (Falconer et al., 2016). La hauteur des berges aux colonies de nidification est en moyenne de 1,8 m (de 0,5 à 6,6 m) en Saskatchewan (Hjertaas, 1984; Hjertaas et al., 1988). En Ontario, des colonies d'Hirondelles de rivage ont été trouvées sur des parois verticales d'une hauteur moyenne de 5,6 m (de 1,2 à 10,8 m; Burke, 2017). Sur les rivières du sud de l'Ontario (n = 41 colonies), la longueur et la hauteur moyennes des parois de colonies étaient de 64,2 m (de 2,0 à 289,5 m) et de 6,3 m (de 0,7 à 40,9 m), respectivement (M. Cadman et M. Browning, comm. pers.). Dans les gravières de l'Ontario, la longueur et la hauteur de la paroi occupée par une colonie étaient en moyenne de 39,1 m (de 2,5 à 333,9 m) et de 3,44 m (de 0,5 à 28,4), respectivement (M. Cadman et M. Browning, comm. pers.). Les colonies de nidification en milieu naturel sont généralement situées le long des rivières, des ruisseaux, des lacs et des côtes océaniques (Garrison, 1999). L'emplacement le long des plans d'eau contribue généralement à l'érosion naturelle du profil vertical, ce qui permet à la berge de demeurer propice à la nidification (Garrison, 1999; Falconer et al., 2016).
Les terriers sont regroupés en colonies de tailles extrêmement variables, allant de quelques couples nicheurs à plusieurs milliers (Garrison, 1999; COSEWIC, 2013). En Colombie-Britannique, Campbell et al. (1997) ont décrit une fourchette de 3 à 3 035 terriers (n = 491 colonies). La taille moyenne des colonies en Saskatchewan est de 5 nids (de 1 à 48, n = 79 colonies; Hjertaas, 1984). Les colonies situées le long des cours d'eau dans le sud de l'Ontario (n = 50 colonies) comptaient en moyenne 100 terriers (de 1 à 1 256), mais la médiane était de 38 terriers (M. Cadman et M. Browning, comm. pers.). Les relevés des colonies riveraines au lac Érié, en Ontario, indiquent que la taille moyenne et la taille médiane des colonies sont de 130 et de 50 nids environ, respectivement (Falconer et al., 2016). Dans le sud de l'Ontario, la taille moyenne des colonies semble plus faible dans les gravières (112 ± 17 terriers) que dans les sites riverains (560 ± 138 terriers; Burke, 2017).
L'Hirondelle de rivage niche souvent dans des habitats artificiels. Les terriers peuvent se trouver dans les parois verticales des gravières, le long des tranchées de route et dans des monticules de sable, de gravier ou de sciure (Garrison, 1999; COSEWIC, 2013; Falconer et al., 2016). L'Hirondelle de rivage peut aussi construire ses nids dans des orifices de structures artificielles ou occuper des parois artificielles construites comme habitat de substitution (Laberge et Houde, 2015). Des travaux de reprofilages d'une paroi verticale faite de substrat approprié peut permettre à une colonie de perdurer dans le temps ou de s'y installer (Falconer et al., 2016).
Des terriers inoccupés sont généralement présents dans les colonies de nidification actives (Garrison, 1999; Burke, 2017). Ces terriers peuvent être des vestiges de périodes de nidification antérieures, découler de tentatives d'excavation ratées par des couples d'Hirondelles de rivage, ou avoir été abandonnés par des mâles qui n'ont pas attiré de femelle (Garrison, 1999). Le taux d'occupation moyen des terriers, soit le pourcentage de terriers dans une colonie qui contiennent un nid actif, se situe entre 43 et 74 % et varie annuellement, selon la saison et les caractéristiques de l'habitat (Garrison, 1999; COSEWIC, 2013). Une étude récente menée en Ontario (n = 3 205 terriers; Burke, 2017) a révélé que le taux d'occupation des terriers est semblable entre les sites riverains (63 %) et les gravières (60 %).
La présence d'une colonie de nidification devrait être confirmée à partir du bas de la paroi verticale, ou sinon en face de la paroi, car il est facile de ne pas remarquer la présence et la taille de la colonie du haut de la berge, au-dessus de la colonie. La présence d'une résidence peut être déterminée par une ou plusieurs Hirondelles de rivage entrant ou sortant d'un terrier, ou par la présence de jeunes à l'entrée du terrier. L'occupation d'un terrier peut être confirmée à partir d'une seule de ces observations.
Fonction
Le terrier assure la thermorégulation des œufs et des oisillons, ainsi que la protection contre les prédateurs et le mauvais temps (Garrison, 1999; Burke, 2017). Du début de l'excavation du terrier au début de la ponte, le terrier est utilisé pour le repos par les deux membres du couple nicheur (Garrison, 1999). Le nid lui-même forme une plateforme rudimentaire sur laquelle l'Hirondelle de rivage peut pondre, couver ses œufs et élever ses petits. Au Canada, la taille moyenne des couvées est de 5 œufs (de 2 à 7 œufs; Falconer et al., 2016); les œufs sont surtout couvés par les femelles (COSEWIC, 2013). Les deux parents nourrissent les jeunes dans le nid. Les jeunes quittent le nid habituellement vers l'âge de 18 à 22 jours (Garrison, 1999), mais ils utilisent encore les terriers pour se percher jusqu'à une semaine après l'envol (COSEWIC, 2013).
L'Hirondelle de rivage est une espèce hautement coloniale pour ce qui est de sa nidification (COSEWIC, 2013). La nidification en colonie offre une protection contre les prédateurs (Burke, 2017), et la présence de colonies fournit à l'espèce une indication de la qualité de l'habitat (Garrison, 1999; COSEWIC, 2013). Un grand nombre d'individus adultes dans les colonies de nidification peuvent détecter, houspiller et dissuader plus efficacement les prédateurs potentiels. Durant la dispersion post-envol, les jeunes visitent de multiples colonies, probablement afin d'évaluer les sites de nidification pour les années futures (COSEWIC, 2013).
Période et fréquence d'occupation
Au Canada, la période d'occupation possible de la résidence est d'environ quatre mois, généralement de mai à la fin août. Les Hirondelles de rivage examinent de nombreux sites de nidification potentiels, sur plusieurs kilomètres, à leur arrivée dans les lieux de nidification (Garrison, 1999). Les périodes de pointe pour la ponte comprennent la première moitié de juin en Ontario (Peck et James, 1987); en Colombie-Britannique, 55 % des nids contenant des œufs ont été observés entre le 14 et le 28 juin (Campbell et al., 1997). Des deuxièmes couvées peuvent avoir lieu au Canada, mais les données probantes à ce sujet sont limitées (Falconer et al., 2016).
Les Hirondelles de rivage présentent des taux de fidélité de 55 à 92 % à leurs sites de nidification antérieurs (Falconer et al., 2016). L'emplacement des colonies peut changer en raison de la nature éphémère de l'habitat de nidification, tandis que divers facteurs peuvent rendre les sites de nidification antérieurs non convenables à la nidification d'une année à l'autre. Les grandes colonies sont plus susceptibles d'être trouvées au même endroit (Freer, 1977; Garrison, 1999) et sont plus fréquemment réutilisées que les petites. Dans les sites naturels le long des cours d'eau, les colonies ont tendance à se trouver au même endroit d'une année à l'autre, bien qu'elles puissent occuper d'autres sites certaines années. Les adultes qui ont niché avec succès au cours des années précédentes retournent souvent dans la même zone de nidification générale (Falconer et al., 2016). Cependant, les adultes qui connaissent d'importants épisodes de mortalité des nids, y compris par la prédation et l'effondrement des berges, ne semblent pas recoloniser le même site de nidification, bien que d'autres individus puissent recoloniser ces sites au fil des années (Freer, 1979; Falconer et al., 2016).
Les Hirondelles de rivage creusent habituellement de nouveaux terriers chaque année, car l'érosion ou les activités humaines peuvent causer l'effondrement des parois verticales et ainsi exposer de la nouvelle matière (Garrison, 1999). L'aménagement des terriers s'étend habituellement sur une période de 4 à 5 jours, mais peut prendre plus de temps selon le type et la composition du sol (Garrison, 1999). S'il reste d'anciens terriers, certains peuvent être réutilisés, agrandis et approfondis grâce aux activités d'excavation des terriers qui font partie du processus de formation des couples. Les anciens nids sont souvent retirés des terriers réutilisés, et de nouveaux nids sont construits (Garrison, 1999).
En vertu de la LEP, le terrier occupé est considéré comme une résidence à partir de la date à laquelle des adultes sont vus y entrer ou en sortir pour la première fois, jusqu'à la date à laquelle un oiseau est vu pour la dernière fois au terrier.
Renseignements supplémentaires
Pour obtenir de plus amples renseignements sur l'Hirondelle de rivage.
Pour de plus amples renseignements sur la LEP.
Citation recommandée
Veuillez citer le présent document de la façon suivante :
Gouvernement du Canada. Registre public des espèces en péril. Descriptions de résidences. Description de la résidence de l'Hirondelle de rivage (Riparia riparia) au Canada. Mai 2019. (Date de consultation).
Références
BirdLife International and Handbook of the Birds of the World. 2016. Bird species distribution maps of the world. Version 6.0. [consulté le 6 novembre 2017].
Burke, T. 2017. Bank Swallow (Riparia riparia) breeding in aggregate pits and natural habitats. Mémoire de maîtrise. Trent University, Peterborough, ON. 109 pp.
Campbell, R. W., N. K. Dawe, I. McTaggart-Cowan, J. M. Cooper, G. W. Kaiser, M. C. E. McNall et G. E. J. Smith. 1997. The birds of British Columbia. Vol. 3. Passerines: Flycatchers through vireos. Vancouver: University of British Columbia Press.
COSEWIC. 2013. COSEWIC assessment and status report on the Bank Swallow Riparia riparia in Canada. Committee on the Status of Endangered Wildlife in Canada. Ottawa. ix + 48 pp. (Également disponible en français : COSEPAC. 2013. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l'hirondelle de rivage (Riparia riparia) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. ix + 59 p.)
Falconer, M., K. Richardson, A. Heagy. D. Tozer, B. Stewart, J. McCracken et R. Reid. 2016. Recovery Strategy for the Bank Swallow (Riparia riparia) in Ontario. Ontario Recovery Strategy Series. Prepared for the Ontario Ministry of Natural Resources and Forestry, Peterborough, Ontario. ix + 70 pp.
Freer, V. M. 1977. Colony structure and function in the Bank Swallow, Riparia riparia L. Thèse de doctorat. State Univ. of New York, Binghamton, 312 pp.
Freer, V. M. 1979. Factors affecting site tenacity in New York Bank Swallows. Bird-Banding 50: 349–357.
Garrison, B. A. 1999. Bank Swallow (Riparia riparia), version 2.0. In The Birds of North America (P. G. Rodewald, editor). Cornell Lab of Ornithology, Ithaca, New York, USA. [consulté le 27 février 2018].
Hjertaas, D. G. 1984. Colony site selection in Bank Swallows. Mémoire de maîtrise, Univ. of Saskatchewan, Saskatoon, SK.
Hjertaas, D. G., P. Hjertaas et W. J. Maker. 1988. Colony size and reproductive biology of the Bank Swallow, Riparia riparia, in Saskatchewan. Can. Field-Nat. 102: 465–470.
Laberge, V. et B. Houde. 2015. Suivi 2015. Hirondelle de rivage. Projet d'aménagement de nichoirs pour l'Hirondelle de rivage pour l'Administration portuaire de Québec (APQ). Septembre 2015. Écogénie, Québec (Québec). 26 p.
Peck, G. K. et R. D. James. 1987. Breeding birds of Ontario: nidiology and distribution, Vol. 2: passerines. Royal Ontario Museum. Life Sciences Misc. Publication. Toronto, ON. 387 pp.
Remerciements
T. Burke (M.Sc.) et M. Cadman (Service canadien de la faune – Ontario) ont fourni des données et des commentaires précieux sur le suivi des colonies d'Hirondelles de rivage en Ontario. Des données découlant de travaux réalisés conjointement par le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l'Ontario (M. Browning) et le Service canadien de la faune ont été utilisées dans le présent document.