Paruline du Canada évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 6

Biologie

Reproduction

La Paruline du Canada niche généralement dans les forêts humides, souvent dans les fougères denses ou dans des branches tombées (Conway, 1999). Elle pond généralement une couvée de quatre à cinq œufs une fois par année (Peck et James, 1987; Curson et al., 1994; Conway, 1999). L’incubation dure environ 12 jours (Conway, 1999) et les oisillons demeurent dans le nid pendant environ 10 jours (Conway, 1999). Après l’envol, la période de dépendance est probablement de deux à trois semaines, comme c’est le cas pour d’autres espèces de parulines forestières (Curson et al., 1994).

En tenant compte de l’âge des individus à la première reproduction (un an; Conway, 1999) et de la durée de vie maximale (huit ans), on estime entre deux et trois ans la durée d’une génération (Klimkiewicz et al., 1983).

Taux de survie

La plus vieille Paruline du Canada jamais enregistrée en Amérique du Nord avait sept ans et onze mois (Klimkiewicz et al., 1983).

Les estimations sur la survie de l’espèce au Canada proviennent surtout du programme MAPS (Monitoring Avian Productivity and Survivorship) (MAPS; Michel et al., 2005). L’objectif du programme MAPS est de déterminer les taux de productivité et de survie des oiseaux terrestres nord-américains en se fondant sur les captures, les marquages et les recaptures réalisés par un réseau de sites d’observation, fournissant une activité de surveillance constante, répartis à l’échelle de l’Amérique du Nord (Michel et al., 2005). La proportion d’adultes recapturés chaque année à ces sites permet de calculer le taux de survie apparent. Les taux de survie de la Paruline du Canada ont été estimés entre 1992 et 2003 pour l’Alaska et le Canada boréal (trois sites), et le nord-est des États-Unis (sept sites; Michel et al., 2005). Les taux de survie apparents des adultes étaient de 0,482 ±0,063 pour l’Alaska et le Canada boréal et de 0,374 ±0,116 pour le nord-est des États-Unis, ce qui est plutôt faible dans les deux cas (Michel et al., 2005).

Productivité

Les seules données sur la productivité de la Paruline du Canada proviennent du programme MAPS et ont été recueillies entre 1995 et 2001 (Michel et al., 2005). La productivité est estimée pour chaque site MAPS sur la base du ratio des oiseaux juvéniles et adultes capturés (indice de productivité). Les résultats montrent une tendance à la baisse de l’indice de productivité de la Paruline du Canada entre 1995 et 2001 (Michel et al., 2005).

Mouvements et dispersion

Les données amassées à la station de baguage de l’observatoire d’oiseaux du Petit lac des Esclaves, en Alberta, suggèrent que la migration automnale débuterait à peu près le 10 juillet et qu’elle prendrait fin autour du 20 septembre (Jungkind, 2001).L’espèce arrive dans ses aires de reproduction entre le 12 mai et le 14 juin (Jungkind, 2001).

Des oiseaux adultes capturés dans des États de la Côte Atlantique (Connecticut, New Jersey et Maryland) pendant la migration du printemps ont été recapturés plusieurs années plus tard sur leur site de reproduction dans la vallée du Saint-Laurent, au Québec (n = 3), et dans le sud du Nouveau-Brunswick (n =1; Brewer et al., 2000). Deux adultes capturés au Michigan au printemps ont été recapturés dans le sud de l’Ontario (Brewer et al., 2000).

Nourriture et habitudes alimentaires

La Paruline du Canada se nourrit principalement d’insectes aériens (c.-à-d. de diptères et de lépidoptères) et d’araignées dans l’étage arbustif (Conway, 1999). Bien qu’elle ne soit pas considérée comme une spécialiste de la tordeuse des bourgeons de l’épinette, elle peut cependant s’en nourrir intensément lors des flambées (Crawford et Jennings, 1989; Patten et Burger, 1998). Elle a recours à une variété de techniques d’alimentation : elle peut attraper une proie en vol ou s’élancer sur elle, ou chercher sa nourriture dans les airs, dans la végétation et au sol (Conway, 1999).

Pendant la période de reproduction, l’espèce cherche sa nourriture dans les conifères et dans les feuillus. Au Wisconsin, elle concentre ses recherches dans les conifères (Sodhi et Paszkowski, 1995), alors que dans le nord de la Colombie-Britannique, elle s’alimente principalement dans les cornouillers stolonifères (Cornus sericea) et dans les jeunes bouleaux blancs (Betula papyrifera; Enns et Siddle, 1996).

Pendant la migration, la Paruline du Canada s’alimente dans l’étage arbustif, à une hauteur de moins de 7 m (Keast, 1980). Dans ses aires d’hivernage, elle s’alimente souvent dans des groupes mixtes (Ridgely et Gwynne, 1989).

Relations interspécifiques

Comme la majorité des passereaux des forêts, la Paruline du Canada est territoriale pendant la période de reproduction. Cela dit, elle peut intégrer de petits groupes mixtes pendant la dispersion et la migration, et dans les sites d’hivernage (Bent, 1953; Ridgely et Gwynne, 1989). On signale également des interactions agnostiques avec d’autres parulines lors de l’alimentation pendant la période de reproduction (Conway, 1999).

Il n’y a aucune donnée spécifique sur les interactions avec les prédateurs (Conway, 1999).

Domaine vital et territoire

Des études par télémesure réalisées au Vermont ont montré que les mâles établissaient leur territoire à la fin mai (Chase, 2005). Selon cette étude et une autre réalisée dans le secteur de Fort Liard, la taille moyenne du territoire serait respectivement de 0,4 ha (n = 29 couples; Chase, 2005) et de 0,75 ha ± 0,36 ET (n = 40 territoires; Machtans, 2006). Selon l’étude menée au Vermont, la taille moyenne du domaine vital serait de deux hectares (Chase, 2005).

Comportement et adaptabilité

L’habitat de reproduction de la Paruline du Canada doit compter un étage arbustif dense. Par conséquent, l’espèce montre une certaine adaptabilité aux perturbations anthropiques, notamment à l’exploitation forestière. L’espèce occupe des forêts qui sont en régénération à la suite de coupes, surtout celles de 6 à 20 ans dans l’est (Lambert et Faccio, 2005) et celles de 20 à 30 ans dans l’ouest (Hobson et Schieck, 1999; Schieck et Hobson, 2000). Cette préférence pourrait être attribuable au fait que l’étage arbustif atteint son apogée au cours des premiers stades de régénération (Sodhi et Paszkowski, 1995; Norton et Hannon, 1997; Tittler et al., 2001). La Paruline du Canada occupe également des peuplements en régénération à la suite d’un feu (Hobson et Schieck, 1999; Schieck et Hobson 2000), mais y est moins abondante que dans ceux en régénération à la suite d’une coupe (Hobson et Schieck, 1999).

La Paruline du Canada semble par ailleurs tolérer relativement bien la fragmentation de son habitat par l’exploitation forestière (Schmiegelow et al., 1997). Cette tolérance est peut-être attribuable à la régénération, et donc à la présence d’un étage arbustif dense, qui a lieu entre les fragments à la suite des coupes (Schmiegelow et al., 1997). D’autres données suggèrent quant à elles que la Paruline du Canada tolérerait relativement mal la fragmentation associée aux activités agricoles (Robbins et al., 1989; Hobson et Bayne, 2000c).

Dans ses aires d’hivernage, la Paruline du Canada montre une certaine capacité d’adaptation aux changements se produisant dans son habitat (Terborgh, 1989). Dans les Andes, l’espèce a utilisé de façon assez importante les plantations de café (Terborgh, 1989; Finch et Stangel, 1993), quoiqu’un certain pourcentage du couvert végétal doit être maintenu au-dessus des plantations (Terborgh, 1989).

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