Saumon atlantique (Salmo salar) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 2

Résumé

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COSEPAC
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Saumon atlantique
Salmo salar

Population du Nunavik, Population du Labrador, Population du nord-est de Terre-Neuve, Population du sud de Terre-Neuve, Population du sud-ouest de Terre-Neuve, Population du nord-ouest de Terre-Neuve, Population de l’est de la Côte-Nord du Québec, Population de l’ouest de la Côte-Nord du Québec, Population de l’île d’Anticosti, Population de l’intérieur du Saint-Laurent, Population du lac Ontario, Population de la Gaspésie-sud du golfe Saint-Laurent, Population de l'est du Cap-Breton, Population des hautes terres du sud de la Nouvelle-Écosse, Population de l'intérieur de la baie de Fundy, Population de l’extérieur de la baie de Fundy

Information sur l’espèce sauvage

Le saumon atlantique (Salmo salar) iest un membre de la famille des Salmonidés. Cette espèce possède un corps fusiforme et parvient à maturité à une taille variant de dix centimètres à plus d’un mètre. Son cycle vital est variable, et une même population peut comprendre plusieurs phénotypes migrateurs et reproducteurs, dont des formes résidentes d’eau douce et des formes migratrices océaniques. Tous les phénotypes se reproduisent cependant en eau douce. La forme océanique migratrice (anadrome) est le phénotype le mieux connu et, à l’exception de la population du lac Ontario, aujourd’hui disparue, la seule forme visée par le présent rapport. Les juvéniles passent entre une et huit années en eau douce avant de migrer vers l’Atlantique Nord pour une à quatre années et ensuite revenir se reproduire en eau douce. D’un point de vue démographique, les unités fonctionnelles sont généralement distinguées à l’échelle du bassin versant, mais des subdivisions de population peuvent exister à l’échelle d’un même bassin versant. L’aire de répartition canadienne de l’espèce a été subdivisée en seize unités désignables (UD) sur la base de données génétiques, des variations générales du cycle vital, de variables environnementales et de la séparation géographique entre ces unités.

Répartition

Anciennement, le saumon atlantique se rencontrait dans tous les pays dont les rivières se jettent dans l’Atlantique Nord et la mer Baltique. En Europe, son aire de répartition s’étendait vers le sud depuis le nord de la Norvège et de la Russie, le long du bassin côtier atlantique, jusqu’au nord du Portugal, en incluant des cours d’eau en France et en Espagne. En Amérique du Nord, l’aire de répartition du saumon atlantique anadrome s’étendait vers le nord à partir du bassin de l’Hudson dans l’État de New York jusqu’à l’extérieur de la baie d’Ungava et à la portion orientale de la baie d’Hudson au Québec. L’aire de répartition canadienne représente environ un tiers de l’aire de répartition mondiale et s’étend, du sud vers le nord, de la rivière Sainte-Croix (à la frontière de l’État du Maine, aux États-Unis) jusqu’à l’extérieur de la baie d’Ungava et à la portion orientale de la baie d’Hudson au Québec. Des estimations récentes laissent penser qu’au moins 700 cours d’eau au Canada abritent ou auraient déjà abrité des populations de saumon atlantique.

Habitat

Les cours d’eau habités par le saumon atlantique sont généralement clairs, frais et bien oxygénés, à déclivité faible à modérée et à fond de gravier, de galets et de blocs rocheux. L’habitat dulcicole est considéré comme une ressource limitant la production en eau douce et sert donc de critère pour établir les densités nécessaires à la conservation de l’espèce dans les cours d’eau canadiens. Un important déclin de la qualité et de la quantité de l’habitat est survenu dans la partie sud de l’aire de répartition canadienne de l’espèce. Cette perte d’habitat d’eau douce pourrait constituer un important facteur de risque de déclin démographique dans plusieurs UD méridionales. En milieu marin, les tendances concernant la qualité et la quantité de l’habitat demeurent pour l’instant largement méconnues, mais des changements à grande échelle dans les écosystèmes océaniques pourraient affecter le saumon atlantique à l’échelle de son aire de répartition.

Biologie

Le saumon atlantique est une espèce itéropare qui revient à sa rivière natale pour frayer avec un niveau de fidélité élevé, même s’il doit effectuer des migrations à l’échelle des océans. Parmi les géniteurs qui reviennent à leur rivière, on compte des proportions diverses de « saumons vierges » (saumons qui se reproduisent pour la première fois) et de « saumons à pontes antérieures ». Les saumons vierges comprennent des individus de petite taille qui reviennent se reproduire après avoir passé un hiver en mer (saumons unibermarins - UBM) et des saumons de plus grande taille qui reviennent après avoir séjourné durant au moins deux hivers en mer (saumons pluribermarins - PBM). Certaines populations de rivière comptent des poissons qui reviennent frayer après avoir passé seulement quelques mois en mer. Dans les remontes, les proportions de saumons vierges, de géniteurs qui frayent chaque année et de géniteurs qui frayent une année sur deux peuvent varier d’une saison de reproduction à l’autre. Collectivement, à l’échelle de l’aire de répartition de l’espèce en Amérique du Nord, les saumons atlantiques adultes regagnent leur rivière natale à partir de leurs aires d’alimentation et de repos en mer principalement entre mai et novembre, mais certaines remontes peuvent débuter aussi tôt qu’en mars et en avril. De façon générale, le moment de la remonte varie selon la rivière, l’âge en mer, l’année et les conditions hydrologiques. La ponte des œufs dans les nids de gravier par les femelles ovipares a généralement lieu en octobre et en novembre dans les cours d’eau rapides à fond de gravier ou dans les infiltrations des eaux souterraines sur les hauts-fonds des lacs. La fertilisation des œufs peut-être assurée tant par des mâles adultes que par des tacons précoces sexuellement matures. Le comportement d’accouplement oppose habituellement des mâles de plusieurs types de cycles vitaux se disputant agressivement l’accès à de multiples femelles. La paternité de la progéniture d’une femelle donnée est de ce fait souvent multiple. Les saumons vides ou charognards regagnent la mer immédiatement après le frai ou demeurent en eau douce jusqu’au printemps suivant. Les œufs déposés dans les nids de gravier se développent durant les mois d’hiver et commencent habituellement à éclore en avril. Les alevins demeurent sur les fonds de gravier durant plusieurs semaines, vivant des réserves nutritives de leur gros sac vitellin. Une fois ces réserves épuisées, les jeunes poissons quittent leur nid de gravier à la fin de mai ou au début de juin. Maintenant désignés « tacons », ils nagent librement et commencent à s’alimenter activement. Les tacons poursuivent leur croissance dans les milieux fluviaux et lacustres pendant un à huit ans puis, après avoir subi une série de transformations comportementales et physiologiques consacrant leur transformation en saumoneaux, migrent vers la mer.

Taille et tendances des populations

Les abondances et les tendances étaient hautement variables dans les 16 unités désignables (UD), et les abondances estimées oscillaient entre moins de 1 000 et 235 874 individus. Même si la population canadienne totale semble être demeurée relativement stable au cours des 3 dernières générations, cette apparente stabilité masque un déclin historique important, une variabilité régionale et un déclin généralisé quoique souvent statistiquement non significatif de l’abondance dans 14 des 16 UD au cours des 3 dernières générations. La stabilité de la population canadienne totale est principalement tributaire des augmentations estimées de l’abondance au Labrador, bien que les données de cette région soient relativement limitées et confèrent un degré d’incertitude considérable aux estimations de l’abondance et aux tendances qui s’y rattachent. Selon les relevés, les populations dans plusieurs UD des régions méridionales (p. ex. UD 16 : intérieur de la baie de Fundy (entrée); UD 15 : extérieur de la baie de Fundy (fond); UD 14 : hautes-terres du sud) ont atteint ou presque atteint leur plus faible niveau jamais documenté. Il est aussi important de signaler que plusieurs analyses de la documentation historique remontant à plus de 4 générations font état d’un déclin considérable de l’abondance de l’espèce au Canada. L’analyse de 3 générations présentée ici doit donc s’inscrire dans ce contexte à plus long terme.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces qui pèsent sur le saumon atlantique comprennent les facteurs suivants, sans toutefois s’y limiter : les changements climatiques, les transformations des écosystèmes océaniques, la pêche (commerciale, de subsistance, récréative et illégale), les barrages et autres obstacles en eau douce, l’agriculture, l’urbanisation, l’acidification, l’aquaculture et les espèces envahissantes. Les contributions relatives de ces facteurs au déclin demeurent mal comprises et varient selon les populations. En eau douce, les menaces sont généralement moins importantes dans les parties septentrionales de l’aire de répartition. Les récents déclins à grande échelle de la survie en milieu marin donnent à croire que la ou les menaces les plus importantes pour l’espèce agissent en milieu marin, bien que dans certaines régions méridionales, la dégradation de l’habitat dulcicole et les problèmes observés aux passes migratoires devraient limiter la croissance de la population même si la survie en milieu marin augmente.

Importance de l’espèce

Le saumon atlantique contribue aux écosystèmes d’eau douce et d’eau salée en participant, à titre d’espèce migratrice, au transfert d’éléments nutritifs entre les écosystèmes et, à titre de proie et de prédateur, au flux d’énergie à l’intérieur des écosystèmes. Cette espèce est utilisée de façon traditionnelle par plus de 49 Premières nations et organisations autochtones et fait l’objet d’une exploitation commerciale et d’une pêche récréative. Les saumons servent aussi de sujets à l’art, aux sciences et à l’enseignement dans certaines régions et de symboles du patrimoine et de la santé pour les peuples du Canada.

Protection, statuts et classifications

Le saumon atlantique est actuellement désigné ou classé par plusieurs organismes nationaux ou internationaux. Aux États-Unis, les populations endémiques au Maine ont été désignées « en voie de disparition » (endangered) en vertu de l’Endangered Species Act. En avril 2006, le COSEPAC a désigné la population de saumon atlantique de l’intérieur de la baie de Fundy (IBF) « en voie de disparition », et la population du lac Ontario, « disparue du Canada ». La population de saumon atlantique de l’intérieur de la baie de Fundy est actuellement désignée « en voie de disparition » en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada.

Connaissances traditionnelles autochtones

Les connaissances traditionnelles autochtones (CTA) sont considérées comme une composante essentielle des évaluations de la situation des espèces sauvages en péril (COSEPAC). Le saumon atlantique, en particulier, est une espèce pour laquelle il existe une somme considérable de CTA. Le Sous-comité des CTA du COSEPAC a amorcé des travaux dans les collectivités autochtones de l’est du Canada en vue de recueillir des CTA à des fins d’inclusion dans le rapport de situation du COSEPAC de 2008 sur le saumon atlantique. Par l’intermédiaire des membres du Sous comité des CTA, les collectivités autochtones ont indiqué qu’elles possédaient de nombreuses CTA et qu’elles étaient disposées à les partager. Toutefois, des difficultés ont surgi au cours de l’élaboration d’une approche satisfaisante pour la collecte des données sur ces CTA. Par conséquent, les CTA susceptibles d’orienter l’élaboration du rapport du COSEPAC pour cette espèce ne sont pas disponibles actuellement. Le Sous-comité des CTA et le COSEPAC continueront de travailler à la collecte des CTA sur le saumon atlantique en vue de leur intégration à un futur rapport.

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