Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Sébaste à bouche jaune Sebastes reedi au Canada – 2010
Table des matières
- COSEPAC - Sommaire de l’évaluation
- COSEPAC - Résumé
- Information sur l'espèce
- Répartition
- Habitat
- Biologie
- Tailles et tendances des populations
- Facteurs limitatifs et menaces
- Importance de l'espèce
- Protection actuelle ou autres désignations de statut
- Résumé technique
- Remerciements et experts contactés
- Sources d’information
- Sommaire biographique de la rédacteur du rapport
- Collections examinées
Liste des figures
- Figure 1. Sébaste à bouche jaune adulte (Grant et al., 1996)
- Figure 2. Dessin au trait du sébaste à bouche jaune adulte (Matarese et al., 1989)
- Figure 3. Captures par unité d'effort moyennes (kg/h) du sébaste à bouche jaune pris à la pêche au chalut, représentées par des cellules de grille de 0,10 x 0,0750, le long de la côte de la Colombie–Britannique
- Figure 4. Données sur la fréquence de la profondeur des traits de chalut ayant récolté du sébaste à bouche jaune extraites des journaux de bord de la pêche commerciale au chalut (1996–2007)
- Figure 5. Habitat potentiel du sébaste à bouche jaune le long de la côte de la Colombie–Britannique
- Figure 6. Fréquence relative des stades de maturité du sébaste à bouche jaune, exprimée en mois
- Figure 7. Ogives de maturité du sébaste à bouche jaune en appliquant des âges regroupés par intervalles de 2 ans. L'âge de chaque groupe sert de moyenne d'observation des âges dans chaque groupe
- Figure 8. Emplacements de tous les traits de relevé au chalut effectués par le G.B. Reed (1967–1984) dans lesquels on retrouvait du sébaste à bouche jaune. Seuls les traits dans le goulet de l'île Goose qui ont été utilisés dans le calcul de l'indice de la biomasse sont illustrés
- Figure 9. Emplacements des traits du relevé des crevettes dans le détroit de la Reine-Charlotte de 1999 à 2007
- Figure 10. Emplacements des traits dans la région de Vancouver de la Commission des poissons anadromes du Pacifique Nord pour chacun des sept relevés triennaux qui comprennent les eaux canadiennes
- Figure 11. Historique des prises de sébastes à bouche jaune par les flottes canadienne et américaine le long de la côte de la Colombie–Britannique
- Figure 12. Indice relatif pour le sébaste à bouche jaune dans le détroit de la Reine–Charlotte selon le relevé synoptique au chalut de fond de ce secteur
- Figure 13. Indice relatif pour le sébaste à bouche jaune sur la côte ouest de l'île de Vancouver selon le relevé synoptique au chalut de fond de ce secteur
- Figure 14. Estimations de la biomasse relative pour le sébaste à bouche jaune tirées des relevés au chalut du G.B. Reed dans le goulet de l'île Goose de 1967 à 1984, avec des intervalles de confiance de 95 % à biais corrigés dérivés de 1 000 essais de rééchantillonage
- Figure 15. Estimations de la biomasse relative pour le sébaste à bouche jaune tirées du relevé au chalut à crevettes dans le détroit de la Reine–Charlotte pour lapériode 1999–2007, avec des intervalles de confiance de 95 % à biais corrigés dérivés de 1 000 essais de rééchantillonnage selon la méthode du bootstrap
- Figure 16. Emplacements de tous les traits de relevé au chalut à crevettes dans le détroit de la Reine–Charlotte (1999–2007) dans lesquels on retrouvait du sébaste à bouche jaune. Les cercles sont proportionnels à la densité des prises
- Figure 17. Estimations de la biomasse relative pour le sébaste à bouche jaune tirées des relevés triennaux du National Marine Fisheries Service (NMFS) dans la région de Vancouver de la Commission des poissons anadromes du Pacifique Nord (région totale, partie canadienne et partie américaine) et barres d'erreur de correction du biais à 95 % estimées d’après 5 000 essais de rééchantillonnage selon la méthode du bootstrap
- Figure 18. Séries chronologiques sur les indices des relevés de recherche (à l'échelle) du sébaste à bouche jaune, ajustées pour leurs points d'interception respectifs dans une analyse combinée de covariance
- Figure 19. Tendance de l'indice annuel des données sur les captures par unité d'effort issues de la pêche commerciale au chalut de sébastes à bouche jaune (1996–2006)
- Figure 20. Tendance de l'indice annuel et coefficients pour l'analyse par modèle linéaire général des données sur les captures par unité d'effort issues de la pêche commerciale au chalut de sébastes à bouche jaune (d'avril 1996 à mars 2007)
- Figure 21. Fréquence relative des longueurs du sébaste à bouche jaune par année civile (1966–1982) et type de sortie
- Figure 22. Fréquence relative des longueurs du sébaste à bouche jaune par année civile (1983–1995) et type de sortie
- Figure 23. Fréquence relative des longueurs du sébaste à bouche jaune par année civile (1996–2007) et type de sortie
Liste des tableaux
- Tableau 1. Estimations de la zone d'occurrence (km²) du sébaste à bouche jaune effectuées à l'aide de deux tailles de cellules de grilles différentes : la cellule de grille géographique de Pêches et Océans Canada (0,10 de longitude × 0,0750 de latitude) et la cellule de grille de Mercator transverse universelle du COSEPAC (2 km × 2 km) (Source : Haigh et Starr, 2008). Les valeurs annuelles sont indiquées, ainsi que l'estimation de l'indice de la zone d'occupation global, une fois toutes les données de 1996–2006 rassemblées
- Tableau 2. Fréquence des prises de sébastes à bouche jaune en fonction de différentes catégories de géologie des dépôts meubles dans le bassin de la Reine–Charlotte (Source : Haigh et Starr, 2008)
- Tableau 3. Résumé des indices de biomasse existants pour le sébaste à bouche jaune en Colombie–Britannique. Le taux de changements a été estimé avec une régression log–linéaire, et le niveau de probabilité de l'estimation de la pente est indiqué (valeur prédictive) avec le nombre d'estimations de relevés utilisés (points « n »). La dernière colonne fournit des commentaires sur la fiabilité des indices et des analyses
- Tableau 4. Proportion du total autorisé des captures (TAC) du sébaste à bouche jaune pêché pendant la pêche au chalut des poissons démersaux des saisons de pêche 2006–2007 et 2007–2008 (Pêches et Océans Canada, 2008b)
Liste des annexes
- Annexe 1. Longueur selon l'âge pour les spécimens prélevés dans le cadre a) d'expéditions intérieures de pêche commerciale non observées, b) d'expéditions de recherche, c) d'expéditions de navires de pêche commerciale affrétés, d) d'expéditions intérieures de pêche commerciale, e) d'expéditions conjuguées de recherche et de navires de pêche commerciale affrétés et f) de l'ensemble des expéditions intérieures de pêche commerciale en utilisant l'équation de croissance de von Bertalanffy. M + F = Spécimens mâles et femelles combinés; n = nombre de spécimens (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 2. Prises annuelles (en tonnes) de sébastes à bouche jaune réalisées dans le cadre de diverses pêches dans la région côtière en Colombie–Britannique. Ces prises sont arrondies à la tonne près (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 3. Estimations de la biomasse pour le sébaste à bouche jaune calculées à partir du relevé synoptique au chalut de fond réalisé dans le détroit de la Reine–Charlotte. Ces estimations sont basées sur 1 000 essais de rééchantillonnage selon la méthode du bootstrap; n = nombre de traits, n+ = nombre de traits comprenant des sébastes à bouche jaune, E [B] = biomasse attendue (en tonnes), B = biomasse moyenne (méthode du bootstrap) (BB), B0,05 = quantile de 5 % de BB, B0,95 = quantile de 95 % de BB, CV = coefficient de variation (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 4. Estimations de la biomasse pour le sébaste à bouche jaune calculées à partir du relevé synoptique au chalut de fond réalisé sur la côte ouest de l'île de Vancouver. Ces estimations sont basées sur 1 000 essais de rééchantillonnage selon la méthode du bootstrap; n = nombre de traits, n+ = nombre de traits comprenant des sébastes à bouche jaune, E [B] = biomasse attendue (en tonnes), B = biomasse moyenne (méthode du bootstrap) (BB), B0,05 = quantile de 5 % de BB, B0,95 = quantile de 95 % de BB, CV = coefficient de variation (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 5. Estimations de la biomasse relative pour le sébaste à bouche jaune calculées à partir de relevés au chalut du GB Reed dans le goulet de l'île Goose. Ces estimations sont basées sur 1 000 essais de rééchantillonnage selon la méthode du bootstrap (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 6. Estimations de la biomasse relative pour le sébaste à bouche jaune calculées à partir de relevés au chalut à crevettes réalisés dans le détroit de la Reine–Charlotte. Ces estimations sont basées sur des essais de rééchantillonnage selon la méthode du bootstrap (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 7. Estimations de la biomasse relative pour le sébaste à bouche jaune dans la région de Vancouver de la Commission des poissons anadromes du Pacifique Nord (région totale, partie canadienne et partie des États-Unis), avec des intervalles de confiance de 95 % d'après la répartition de la biomasse estimée par la méthode du bootstrap. Les estimations (bootstrap) sont fondées sur 5 000 échantillonnages aléatoires avec remplacement (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 8. Prises annuelles (en tonnes) de sébastes à bouche jaune par la pêche au chalut dans les zones de la Pacific Marine Fisheries Commission le long des côtes de la Colombie–Britannique (3CD : côte ouest de l'île de Vancouver; 4B : détroit de Georgie; 5AB : détroit de la Reine–Charlotte; 5CD : détroit d'Hécate; 5E : côte ouest des îles Reine–Charlotte; UNK : inconnues; CST : région côtière). Le symbole « — » indique qu'aucune prise n'a été enregistrée (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 9. Prises annuelles (en tonnes) de sébastes à bouche jaune liées à la pêche à l'hameçon et à la ligne le long de la côte de la Colombie–Britannique (zones de la Pacific Marine Fisheries Commission, comme à l'annexe 1). Les prises relevées de 1989 à 1994 proviennent des livres de bord des pêcheurs; les prises intervenues depuis 1995 proviennent quant à elles de registres portuaires validés ou de livres de bord de pêcheurs, selon les chiffres les plus élevés (Haigh et Starr, 2008)
- Annexe 10. Prises accessoires annuelles (en tonnes) de sébastes à bouche jaune dans la pêche au flétan le long de la côte de la Colombie–Britannique (zones de la Pacific Marine Fisheries Commission, comme à l'annexe 1). À partir de 1995, les prises relevées proviennent de registres portuaires validés ou de livres de bord de pêcheurs, selon les chiffres les plus élevés (Haigh et Starr, 2008)
Sébaste à bouche jaune

MENACÉE– 2010
COSEPAC – Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Les rapports de situation du COSEPAC sont des documents de travail servant à déterminer le statut des espèces sauvages que l’on croit en péril. On peut citer le présent rapport de la façon suivante :
COSEPAC. 2010. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le sébaste à bouche jaune (Sebastes reedi) au Canada. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. viii + 70 p.
Note de production :
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) aimerait remercier Andrea L. Smith, qui a rédigé le rapport de situation sur le sébaste à bouche jaune (Sebastes reedi) au Canada, préparé en vertu d’un contrat conclu avec Environnement Canada. Alan Sinclair, coprésident du Sous–comité de spécialistes des poissons marins du COSEPAC et Howard Powles, ancien coprésident du même Sous–comité, ont supervisé le présent rapport et l'ont révisé.
Pour obtenir des exemplaires supplémentaires, s’adresser au :
Secrétariat du COSEPAC
a/s Service canadien de la faune
Environnement Canada
Ottawa (Ontario)
K1A 0H3
Tél. : 819–953–3215
Téléc. : 819–994–3684
Courriel
Site Web
Also available in English under the title COSEWIC Assessment and Status Report on the Yellowmouth Rockfish Sebastes reedi in Canada.
Illustration/photo de la couverture :
Sébaste à bouche jaune — Dessin au trait du sébaste à bouche jaune adulte. Illustration de Wayne Laroche. Source : Matarese et al., 1989.
© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2010.
No de catalogue CW69–14/605–2010F–PDF
ISBN 978–1–100–94797–6

Nom commun
Sébaste à bouche jaune
Nom scientifique
Sebastes reedi
Statut
Menacée
Justification de la désignation
À l’instar d’autres espèces de sébastes, cette espèce longévive (âge maximal de 100 ans) à croissance lente (durée de génération de 30 ans) est vulnérable à la pêche commerciale. Des relevés de navires de recherche indiquent que l’abondance a connu un déclin considérable au cours des 40 dernières années (1,5 génération). Alors que les relevés contemporains conçus spécifiquement pour les espèces de poisson de fond indiquent une période récente (5 années) de stabilité relative, il n’est pas clair que le déclin ait cessé. La période de déclin initiale s’est produite avec l’exploitation de la pêche commerciale de cette espèce et d’autres espèces de sébastes. Bien que cela soit considéré normal pour une population nouvellement exploitée, le déclin total de l’abondance est inféré comme étant bien au–delà de ce qui est considéré comme étant optimal pour une population exploitée. L’absence de tout événement de fort recrutement au cours des 20 dernières années est également une préoccupation. L’espèce est un élément important de la pêche commerciale de la Colombie–Britannique. La pêche continue de représenter une menace et il n’y a pas de point de référence limite établi pour gérer la pêche de façon prudente.
Répartition
Océan Pacifique
Historique du statut
Espèce désignée « menacée » en avril 2010.

Information sur l'espèce
Le sébaste à bouche jaune est au nombre de plus de 35 espèces de sébastes qui vivent dans les eaux marines le long de la côte de la Colombie–Britannique et de plus de 60 espèces qui se trouvent le long de la côte pacifique de l'Amérique du Nord. Il ressemble au sébaste à longue mâchoire. Par ailleurs, avant le milieu des années 1970, ces deux espèces étaient classées en anglais : « red rockfish » ou « ocean perch ». Le sébaste à bouche jaune porte également les noms vernaculaires anglais de « reedi », « red eye », « red snapper » et « rockcod ». Il se distingue des autres espèces de sébastes par des marques jaunes, rouges et noires dans la bouche. Les sébastes adultes sont essentiellement rouges, avec des taches noires sur le dos. Aucune étude génétique sur des populations de sébastes à bouche jaune n'a été réalisée. D'ailleurs, le présent rapport considère que tous les individus qui vivent au large de la Colombie–Britannique appartiennent à une seule et même population.
Répartition
L’aire de répartition du sébaste à bouche jaune s'étend du nord du golfe d'Alaska au nord de la Californie. L'espèce se trouve en abondance surtout entre le sud–est de l'Alaska et l'Oregon. Le sébaste à bouche jaune vit au large de la pente continentale de la Colombie–Britannique. On le récolte en grande quantité dans le détroit de la Reine–Charlotte, au large du nord–ouest de l'île de Vancouver et au large du détroit de Rennell. On estime que la zone d'occupation du sébaste à bouche jaune dans les eaux canadiennes couvre une superficie variant entre 11 000 km² et 34 000 km².
Habitat
Le sébaste à bouche jaune vit le long de la pente continentale à des profondeurs qui se situent entre 100 m et 430 m. On dispose de peu de renseignements sur les stades larvaire et juvénile, mais à l'instar d'autres sébastes, les jeunes sébastes à bouche jaune sont pélagiques. Les sébastes adultes forment souvent des bancs autour de substrats rocheux. En Colombie–Britannique, le sébaste à bouche jaune est souvent pris à la pêche au chalut entre 130 m et 357 m de profondeur. Compte tenu du fait que cette espèce a une nette préférence pour les profondeurs et les substrats rocheux, on estime la superficie de son habitat potentiel à 48 000 km² au Canada. Cette donnée pourrait aussi servir à mesurer indirectement la zone d'occurrence de cette espèce.
On relève dans la zone de la pente continentale qui sert d'habitat au sébaste à bouche jaune, en Colombie–Britannique, une activité de pêche caractérisée notamment par le chalutage commercial par le fond. Un secteur très réduit de cette zone en haute mer bénéficie de la protection de l'habitat. Le sébaste à bouche jaune cohabite dans les profondeurs intermédiaires avec d'autres espèces de poissons démersaux, dont le sébaste à longue mâchoire, la plie à grande bouche et le sébaste à raie rouge.
Biologie
Le sébaste à bouche jaune a fait l'objet de très peu de recherches. En Colombie–Britannique la fécondation a lieu en février puis, du mois d'avril jusqu'au mois de juin, les femelles mettent au monde de jeunes poissons vivants. Les jeunes sébastes à bouche jaune restent pélagiques jusqu'à l'âge d'un an, période durant laquelle les larves se métamorphosent en jeunes sébastes qui s'établiront enfin au fond de l'océan. Le recrutement interannuel chez les différentes espèces de sébastes se caractérise habituellement par une forte variabilité. Le dernier recrutement important qu'on ait enregistré chez le sébaste à bouche jaune a eu lieu en 1982 au Canada.
Les individus deviennent adultes à 10 ans environ, âge auquel la longueur moyenne des femelles atteint 39 cm et celle des mâles 37 cm. La longueur maximale relevée chez cette espèce est égale à 60 cm. Les mesures des otolithes révèlent que la longévité maximale des individus est de 99 ans en Colombie–Britannique. L'âge moyen des poissons pris entre 1978 et 1993 était de 22 ans. La durée d'une génération (âge moyen des parents dans la population) est de 30 ans. À l'instar des autres sébastes, le sébaste à bouche jaune possède une vessie natatoire de type physocliste, ce qui le rend sujet aux blessures lorsqu'il est capturé dans les eaux profondes. Les jeunes sébastes peuvent être la proie d'autres poissons, tels que la merluche ou le saumon, ainsi que des oiseaux marins. Le sébaste à bouche jaune cohabite dans les profondeurs intermédiaires avec d'autres espèces de poissons démersaux, dont le sébaste à longue mâchoire, la plie à grande bouche et le sébaste à raie rouge.
Tailles et tendances des populations
Depuis les années 1930, la pêche du sébaste à bouche jaune se fait surtout au chalut. Avant le milieu des années 1970, on ne consignait pas toujours les renseignements concernant la composition de l'espèce et les rejets sélectifs, ce qui accentue l'incertitude au sujet des estimations des prises de sébastes à bouche jaune dans le passé. On estime que la quantité totale des prises effectuées par des bateaux de pêche canadiens et étrangers dans la région côtière depuis le début de la pêche de ce poisson équivaut au moins 60 000 tonnes (soit, 41 millions de poissons). Les prises effectuées par des bateaux canadiens ont atteint leur sommet en 1986, avec 2 491 tonnes de poissons pêchés, et leur moyenne était de 1 842 tonnes par an, entre 1997 et 2007.
Les relevés contemporains renferment peu de renseignements sur les tendances d'abondance du sébaste à bouche jaune, parce que les séries chronologiques sont trop courtes (moins de 5 ans, dans la plupart des cas) et les indices varient considérablement. Les anciens relevés qui remontent à 1967 ne contenaient aucune information sur la couverture spatiale synoptique de l'ensemble des unités désignables (UD). D'ailleurs, les résultats de ces relevés variaient considérablement, eux aussi. Néanmoins, ces anciens relevés indiquent une importante baisse de l'abondance du sébaste à bouche jaune entre 1967 et 1999. Les données sur les captures par unité d'effort (PUE) entre 1996 et 2007 révèlent une chute annuelle de 2,5 % de l'abondance de l'espèce. Cette tendance pourrait être imputable aux changements des pratiques de pêche. Plus encore, les niveaux d'abondance pourraient refléter le faible taux de recrutement, qui caractérise la population de la Colombie–Britannique, depuis le début des années 1980.
On dispose de peu d'information sur l'état des populations de sébastes à bouche jaune voisines dans les eaux américaines. La Colombie–Britannique semble être la région de concentration de l'espèce, étant donné que les niveaux de prises sont plus faibles aux États–Unis.
Facteurs limitatifs et menaces
Le cycle biologique du sébaste, caractérisé par une croissance lente, une maturité tardive et une longévité prolongée, pourrait exposer cette catégorie de poissons démersaux à la surpêche et à la destruction de l'habitat, à cause du chalutage par le fond et des changements environnementaux néfastes. Le recrutement varie considérablement et on en ignore les facteurs déterminants, par ailleurs. Le sébaste à bouche jaune cohabite habituellement avec d'autres espèces de poissons démersaux qui sont importants sur le plan commercial et qui sont visés par la pêche plurispécifique.
La pêche commerciale constitue la principale menace pour le sébaste à bouche jaune. Cette espèce est essentiellement capturée par chalutage pélagique et chalutage par le fond en Colombie–Britannique. Étant donné l'absence de données historiques et contemporaines sur l'abondance du sébaste à bouche jaune, il est difficile de déterminer l'état actuel de la population de cette espèce dans toute son aire de répartition. De plus, le sébaste à bouche jaune peut être confondu avec le sébaste à longue mâchoire quand il est pêché.
Importance de l'espèce
Le sébaste à bouche jaune est une espèce importante sur le plan commercial en Colombie–Britannique. Lors de la saison de pêche de 2007–2008, la valeur au débarquement de la quantité totale de prises de cette espèce au Canada avoisinait 1,5 million de dollars.
Protection actuelle
Le sébaste à bouche jaune ne bénéficie d'aucune protection, que ce soit dans les eaux canadiennes ou américaines. Aucune évaluation de la situation de l'espèce quant à sa conservation n'a été entreprise.
Le sébaste à bouche jaune est assujetti depuis 1979 au même quota de prises, qui est actuellement fixé à 2 364 tonnes pour la saison de pêche 2008–2009. Aux États–Unis, il est assujetti aux quotas de pêche d’assemblage d’espèces de sébastes de la pente continentale. En revanche, il est probable que cette espèce bénéficie d'une protection partielle dans les aires de conservation des sébastes, ainsi que par les interdictions de chalutage en vigueur dans certains secteurs de son aire de répartition américaine.

HISTORIQUE DU COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a été créé en 1977, à la suite d’une recommandation faite en 1976 lors de la Conférence fédérale–provinciale sur la faune. Le Comité a été créé pour satisfaire au besoin d’une classification nationale des espèces sauvages en péril qui soit unique et officielle et qui repose sur un fondement scientifique solide. En 1978, le COSEPAC (alors appelé Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada) désignait ses premières espèces et produisait sa première liste des espèces en péril au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée le 5 juin 2003, le COSEPAC est un comité consultatif qui doit faire en sorte que les espèces continuent d’être évaluées selon un processus scientifique rigoureux et indépendant.
MANDAT DU COSEPAC
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) évalue la situation, au niveau national, des espèces, des sous–espèces, des variétés ou d’autres unités désignables qui sont considérées comme étant en péril au Canada. Les désignations peuvent être attribuées aux espèces indigènes comprises dans les groupes taxinomiques suivants : mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, poissons, arthropodes, mollusques, plantes vasculaires, mousses et lichens.
COMPOSITION DU COSEPAC
Le COSEPAC est composé de membres de chacun des organismes responsable des espèces sauvages des gouvernements provinciaux et territoriaux, de quatre organismes fédéraux (le Service canadien de la faune, l’Agence Parcs Canada, le ministère des Pêches et des Océans et le Partenariat fédéral d’information sur la biodiversité, lequel est présidé par le Musée canadien de la nature), de trois membres scientifiques non gouvernementaux et des coprésidents des sous–comités de spécialistes des espèces et du sous–comité des connaissances traditionnelles autochtones. Le Comité se réunit au moins une fois par année pour étudier les rapports de situation des espèces candidates.
DÉFINITIONS (2010)
Espèce sauvage Espèce, sous–espèce, variété ou population géographiquement ou génétiquement distincte d’animal, de plante ou d’une autre organisme d’origine sauvage (sauf une bactérie ou un virus) qui est soit indigène du Canada ou qui s’est propagée au Canada sans intervention humaine et y est présente depuis au moins cinquante ans.
Disparue (D)
Espèce sauvage qui n’existe plus.
Disparue du pays (DP)
Espèce sauvage qui n’existe plus à l’état sauvage au Canada, mais qui est présente ailleurs.
En voie de disparition (VD)*
Espèce sauvage exposée à une disparition de la planète ou à une disparition du pays imminente.
Menacée (M)
Espèce sauvage susceptible de devenir en voie de disparition si les facteurs limitants ne sont pas renversés.
Préoccupante (P)**
Espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou en voie de disparition en raison de l'effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces reconnues qui pèsent sur elle.
Non en péril (NEP)***
Espèce sauvage qui a été évaluée et jugée comme ne risquant pas de disparaître étant donné les circonstances actuelles.
Données insuffisantes (DI)****
Une catégorie qui s’applique lorsque l’information disponible est insuffisante (a) pour déterminer l’admissibilité d’une espèce à l’évaluation ou (b) pour permettre une évaluation du risque de disparition de l’espèce.
* Appelée « espèce disparue du Canada » jusqu’en 2003.
** Appelée « espèce en danger de disparition » jusqu’en 2000.
*** Appelée « espèce rare » jusqu’en 1990, puis « espèce vulnérable » de 1990 à 1999.
**** Autrefois « aucune catégorie » ou « aucune désignation nécessaire ».
***** Catégorie « DSIDD » (données insuffisantes pour donner une désignation) jusqu’en 1994, puis « indéterminé » de 1994 à 1999. Définition de la catégorie (DI) révisée en 2006.
Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada assure un appui administratif et financier complet au Secrétariat du COSEPAC.
Rapport de situation du COSEPAC sur le Sébaste à bouche jaune Sebastes reedi au Canada – 2010.
Le sébaste à bouche jaune, Sebastes reedi (Westrheim et Tsuyuki, 1967) appartient à l'ordre des Scorpéniformes et à la famille des Sebastidae. Au début on l'avait classifié comme Sebastodes reedi (Westrheim et Tsuyuki, 1967); ensuite, on en a redéfini le genre pour le mettre avec les Sebastes, après les révisions de la classification taxonomique du sébaste du Pacifique qui ont été effectuées dans les années 1970 (Bailey et al., 1970). Une étude taxonomique récente a permis de définir une phylogénie du genre Sebastes fondée sur une argumentation solide, qui indique qu'il est monophylétique et que le sébaste à bouche jaune est très proche du sébaste tacheté (Sebastes crameri; Hyde et Vetter, 2007). Sur le plan morphologique, le sébaste à bouche jaune ressemble au sébaste à longue mâchoire (Sebastes alutus). D'ailleurs, dans les registres des pêches avant le milieu des années 1970, les deux espèces se retrouvent sous les noms vernaculaires anglais : « red rockfish » ou « ocean perch » (Pêches et Océans Canada, 1999a). Cette espèce porte également les noms vernaculaires anglais de « reedi », « red eye », « red snapper » et « rockcod ». (Love et al., 2002; Oregon Department of Fish and Wildlife, 2007).
Le sébaste à bouche jaune adulte ressemble à plusieurs autres espèces de sébastes (p. ex., le sébaste à longue mâchoire, le sébaste de Goode (Sebastes goodei), le sébaste à raie rouge (Sebastes proriger) et le sébaste à menton pointu (Sebastes zacentrus), tout en se distinguant d'elles par les marbrures jaunes, rouges et noires de sa bouche de couleur blanc–rosâtre (Westrheim et Tsuyuki, 1967). Les adultes sont essentiellement de couleur rouge entremêlée d'un jaune dont les nuances vont jusqu'à l'orange (ou mélangée à du noir, pour les individus dont la longueur est inférieure à 40 cm), avec des taches éparses sur le dos de couleur olivâtre (figure 1) (Orr et al., 2000). Ces poissons arborent trois rayures foncées indistinctes sur la tête et une raie latérale rosâtre le long du corps (Kramer et O’Connell, 1995). Le sébaste à bouche jaune possède une mâchoire inférieure allongée, avec une bosse symphysienne un peu large et une nageoire caudale légèrement dentelée (Hart, 1973; Kramer et O’Connell, 1995). Les individus possèdent 13 épines dorsales et 3 anales (figure 2) (Kramer et O’Connell, 1995).
Figure 1. Sébaste à bouche jaune adulte (Grant et al., 1996). Photo d’un sébaste à bouche jaune adulte.

Figure 2. Dessin au trait du sébaste à bouche jaune adulte (Matarese et al., 1989). Dessin au trait d’un sébaste à bouche jaune adulte (Sebastes reedi).

On ne connaît aucune étude génétique qui aurait eu pour objet la structure génétique de la population du sébaste à bouche jaune. Westrheim et Tsuyuki (1967) ont effectué des analyses électrophorétiques de l'hémoglobine du sébaste à bouche jaune pris entre l'Oregon et l'Alaska, ce qui leur a permis d'en trouver deux variants protéiques. Aucune différence morphologique ou méristique correspondante n'a été relevée.
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