Tortule à poils lisses (Syntrichia laevipila) évaluation et rapport de situation du COSEPAC : chapitre 4
Répartition
Répartition mondiale
Le Syntrichia laevipila a une répartition mondiale vaste mais éparpillée. L’espèce se rencontre dans le sud de l’Amérique du Sud, en Europe, en Asie, en Afrique du Nord et dans l’ouest de l’Amérique du Nord (Harpel, 1997; Smith, 1989). Les spécimens d’Australie et de Nouvelle-Zélande portant le nom de S. laevipila et déposés à l’herbier de la University of British Columbia (UBC) ne semblent pas appartenir à cette espèce; il faudrait un examen plus approfondi pour pouvoir confirmer la présence de l’espèce dans ces pays. Cette répartition mondiale changera probablement lorsqu’un examen taxinomique approfondi de l’espèce aura été réalisé.
En Amérique du Nord, la répartition du Syntrichia laevipila suit essentiellement celle d’un écosystème de l’ouest du continent, la chênaie de Garry. La mousse se rencontre dans la zone côtière en Colombie-Britannique et davantage à l’intérieur des terres dans l’État de Washington, en Oregon et en Californie (figure 3). Harpel (1997) a récolté six fois le S. laevipila var. laevipila et huit fois le S.laevipila var. meridionalis dans diverses localités de la partie ouest des îles San Juan, à moins de 20 km des sites connus de Colombie-Britannique. En Oregon, l’espèce semble être plus commune qu’on le pensait (Merrifield, 2000).
Selon NatureServe Explorer (2002), le Syntrichia laevipila var. laevipila (sous le nom de Tortula laevipila) est fréquent dans la plus grande partie de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, mais rare dans le nord de l’Écosse, et est également présent en Europe continentale, dans l’ouest, le centre et l’est de l’Asie, en Algérie, au Maroc, aux Canaries, aux Açores, en Amérique du Nord, dans le sud de l’Amérique du Sud ainsi qu’en Australie.
Figure 3. Répartition du Syntrichia laevipila en Amérique du Nord.
Répartition canadienne
Au Canada, l’aire de répartition du Syntrichia laevipila est relativement restreinte, étant limitée à la zone côtière de Colombie-Britannique, plus exactement aux chênaies de Garry de l’île de Vancouver, depuis le sud de l’île jusqu’aux environs de Nanaimo (figure 4). Elle est surtout commune dans la région de Victoria, qui compte de nombreuses populations réparties entre plusieurs localités, dont Oak Bay, Saanich, North Saanich, le mont Beacon et le mont Tolmie (on trouvera au tableau 1 une liste des populations et sites connus). À l’extérieur de la région de Victoria, l’espèce est peu commune et se rencontre dans seulement quelques localités, depuis la baie Pedder, à l’ouest de Victoria, jusqu’aux environs de Nanaimo. L’espèce a aussi été signalée dans deux des îles Gulf, soit l’île Salt Spring et l’île Galiano. Bien que le Syntrichia laevipila soit répandu dans la région de Victoria, il n’est jamais une espèce dominante sur l’écorce du chêne de Garry, et il n’est pas commun dans les grandes chênaies. Ryan (1996) mentionnait la présence de l’espèce aux îles de la Reine-Charlotte, mais on a découvert par la suite que cette mention était fondée sur une erreur d’identification.
Miles (2001) a entrepris à Victoria une étude sur la répartition et la situation du Syntrichia laevipila var. meridionalis, parrainée par le British Columbia Conservation Data Centre. Cette étude était approfondie mais ne portait que sur la variété meridionalis. Miles n’a pas recherché ni récolté la variété laevipila, outre quelques spécimens recueillis par inadvertance. Elle a cependant pu montrer que la variété meridionalis est relativement répandue dans la chênaie de Garry de la zone côtière de Colombie-Britannique. D’ailleurs, les travaux de terrain réalisés pour le présent rapport ont montré que cette variété est la plus commune des deux au Canada.
Miles a examiné environ 1 200 chênes de Garry dans toute l’aire de répartition de cet arbre dans l’île de Vancouver et les îles Gulf. Elle a trouvé le Syntrichia laevipila sur 66 de ces arbres, soit environ 5 p.100 des chênes examinés. Elle a également examiné une vingtaine d’arbres appartenant à d’autres espèces, principalement l’érable à grandes feuilles (Acer macrophyllum), mais n’y a trouvé la mousse qu’une fois (sur un érable, population nº 39). En plus de l’examen des populations connues de la région de Victoria, T. McIntosh a examiné environ 400 chênes qui n’avaient pas été examinés par Miles; ces arbres se trouvaient principalement près de Duncan et de Nanaimo ainsi qu’à l’île Salt Spring, c’est-à-dire dans des secteurs situés en périphérie de l’aire connue de la mousse, et il a trouvé celle-ci sur trois des chênes. Il a également examiné des arbres poussant en terrain dégagé mais appartenant à d’autres espèces, notamment l’érable à grandes feuilles, mais sans y consacrer autant d’effort que pour le chêne de Garry; il n’a trouvé aucun S. laevipila sur ces arbres.
Les travaux de terrain de T. McIntosh ont permis de confirmer 25 sites du Syntrichia laevipila, dont un grand nombre, comme nous le signalions, sont regroupés aux environs de Victoria. La mousse a également été recherchée dans des chênaies de Garry situées au nord de Victoria, mais la présence de la mousse n’a pu y être confirmée qu’à l’île Salt Spring.
Figure 4. Répartition du Syntrichia laevipila au Canada.
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