Plan de gestion du marsouin commun du Pacifique (Phocoena phocoena) au Canada [finale] 2009

La série des plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril

Qu’est-ce que la Loi sur les espèces en péril (LEP)?

La LEP est la loi fédérale qui constitue l’une des assises de l’effort national commun de protection et de conservation des espèces en péril au Canada. La Loi est en vigueur depuis 2003 et vise, entre autres, à « favoriser la gestion des espèces préoccupantes pour éviter qu’elles ne deviennent des espèces en voie de disparition ou menacées ».

Qu’est-ce qu’une espèce préoccupante?

Selon la LEP, une espèce préoccupante est une espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou une espèce en voie de disparition par l’effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces signalées à son égard. Les espèces préoccupantes sont inscrites à la Liste des espèces en péril de la LEP.

Qu’est-ce qu’un plan de gestion?

Selon la LEP, un plan de gestion est un document de planification axé sur l’action qui désigne les activités de conservation et les mesures relatives à l’utilisation des terres qu’il faut prendre pour éviter, à tout le moins, que l’espèce préoccupante ne devienne menacée ou en voie de disparition. Pour de nombreuses espèces, le but ultime d’un plan de gestion est d’atténuer les menaces d’origine anthropique et de retirer l’espèce de la Liste des espèces en péril. Le plan fixe des buts et des objectifs, identifie les menaces et propose les principales activités à entreprendre pour atténuer ces dernières.

L’élaboration de plans de gestion est obligatoire en vertu des articles 65 à 72 de la LEP
(http://www.sararegistry.gc.ca/approach/act/default_f.cfm).

Le plan de gestion doit être préparé au plus tard trois ans après l’inscription de l’espèce à la Liste des espèces en péril. Dans le cas des espèces qui ont été inscrites à la LEP lorsque celle-ci a été adoptée, le délai est de cinq ans.

Et ensuite?

Les orientations contenues dans le plan de gestion permettront aux entités responsables, aux collectivités, aux utilisateurs des terres et aux conservationnistes de mettre en œuvre des mesures de conservation qui auront des effets préventifs ou réparateurs. Le manque de certitude scientifique ne doit pas servir de prétexte pour retarder la prise de mesures efficaces pour éviter qu’une espèce ne devienne davantage en péril; la mise en œuvre de telles mesures pourrait même, ultérieurement, éviter d’importantes dépenses.

La série des plans de gestion

Cette série présente les plans de gestion élaborés ou adoptés par le gouvernement fédéral dans le cadre de la LEP. De nouveaux documents s’ajouteront régulièrement à mesure que de nouvelles espèces seront inscrites et que les plans de gestion actuels seront mis à jour.

Pour en savoir davantage

Pour en savoir davantage sur la Loi sur les espèces en péril et les initiatives de conservation, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril (http://www.registrelep.gc.ca).

Référence recommandée

Pêches et Océans Canada. 2009. Plan de gestion du marsouin commun du Pacifique (Phocoena phocoena) au Canada. Série des plans de gestion de la Loi sur les espèces en péril. Pêches et Océans Canada, Ottawa. viii+ 64 p.

Exemplaires supplémentaires :

Il est possible de télécharger des exemplaires de la présente publication à partir du Registre public des espèces en péril : (http://www.registrelep.gc.ca/).

Illustration de la couverture : Chris Hall

Also available in English under the title:
“Management Plan for the Pacific Harbour Porpoise (Phocoena phocoena) au Canada”

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Pêches et des Océans du Canada, 2009. Tous droits réservés.
ISBN 978-1-100-91079-6
No de catalogue : En3-5/3-2009F-PDF

Le contenu du présent document (sauf les illustrations) peut être utilisé sans permission, à condition que la source soit adéquatement citée.

Le marsouin commun du Pacifique est un mammifère marin qui relève de la compétence du gouvernement fédéral. Conformément à la Loi sur les espèces en péril (LEP, article 65), le ministre compétent doit préparer des plans de gestion pour les espèces qui ont été désignées comme étant préoccupantes. Le marsouin commun du Pacifique a été désigné en tant qu’espèce préoccupante aux termes de la LEP en 2003. Pêches et Océans Canada – région du Pacifique a présidé à l’élaboration du présent plan de gestion en collaboration et en consultation avec un grand nombre de personnes, d’organismes et de services gouvernementaux, comme il est indiqué ci-après. Ce plan satisfait aux exigences de la LEP quand au contenu et au processus (LEP, articles 65-68).

La réussite de la gestion de cette espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties qui participeront à la mise en œuvre des orientations formulées dans le présent plan de gestion et ne pourra reposer sur Pêches et Océans Canada ou sur une autre instance seulement. Le plan renferme des conseils à l’intention des entités et des organismes susceptibles ou désireux de participer à des activités visant la conservation de l’espèce. Dans l’esprit de l’Accord national pour la protection des espèces en péril, le ministre des Pêches et des Océans invite les entités responsables ainsi que tous les Canadiens à se joindre à Pêches et Océans Canada pour appuyer le présent plan et le mettre en œuvre au profit du marsouin commun du Pacifique et de l’ensemble de la société canadienne. Le ministre rendra compte des progrès réalisés d’ici cinq ans.

Pêches et Océans Canada (MPO).

Nous tenons à exprimer nos remerciements à Anna Hall, Unité de recherche sur les mammifères marins, Université de la Colombie-Britannique, pour sa contribution à la rédaction du présent plan de gestion. Pêches et Océans Canada tient à remercier tous ceux qui ont participé à l’atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés et dont les avis techniques et scientifiques fort utiles ont permis de produire le présent document, ainsi que toutes les personnes qui ont présenté des commentaires écrits au cours des consultations entourant ce plan de gestion.

Conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une évaluation environnementale stratégique (EES) doit être menée pour tous les documents de planification du rétablissement produits en vertu de la LEP. L’objet de l’EES est d’intégrer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics afin de soutenir la prise de décisions éclairées sur le plan environnemental.

La planification de la gestion profitera aux espèces en péril et à la biodiversité en général. Il est toutefois reconnu que des plans de gestion peuvent produire, sans que cela ne soit voulu, des effets environnementaux négatifs qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des impacts possibles sur les espèces ou les habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement compris dans le plan de gestion lui-même, mais sont également résumés ci-après.

Tout au long du processus d’élaboration du présent plan, de nombreux facteurs qui mettent en péril ou qui peuvent mettre en péril la gestion de ces populations ont fait l’objet d’une évaluation et sont présentés ci-après. Le marsouin commun est particulièrement vulnérable à la perturbation ou à la dégradation de l’habitat, ce qui entraîne une multitude de menaces concrètes et potentielles pour l’espèce. Les principaux facteurs ou les principales menaces d’origine anthropique ayant une incidence sur le marsouin commun en Colombie-Britannique sont les emmêlements dans des engins de pêche ou d’autres types d’engins, la dégradation de l’habitat, les déversements de substances toxiques, la contamination par des produits chimiques et la perturbation acoustique. Dans certains cas, ces facteurs menacent directement la population, dans d’autres cas, ils ont une incidence sur l’habitat du marsouin commun. Nous sommes arrivés à la conclusion que certaines de ces menaces peuvent être atténuées grâce aux lois, aux politiques et aux programmes en vigueur. En fait, nous avons recensé de nombreux exemples de mesures d’atténuation qui sont actuellement mises en œuvre. Toutefois, dans d’autres cas, d’autres mesures d’atténuation (mise en application de la réglementation, élaboration de lignes directrices et de protocoles, etc.) peuvent être requises pour protéger la population. Dans d’autres cas, d’autres activités de recherche ou d’évaluation peuvent être nécessaires avant que l’on ne puisse formuler des recommandations sur des mesures ou des activités particulières. Le type général des recherches, des évaluations et des approches nécessaires en matière d’atténuation des menaces est exposé dans le présent plan de gestion (voir la section 2.3, Mesures).

Tout au long du processus de mise en œuvre des mesures, des activités précises en matière de gestion, de rétablissement et d’atténuation des menaces feront l’objet d’une évaluation, seront exposées en détail pour la présente population et seront accompagnées d’une évaluation des effets et des coûts pour chaque activité ou mesure. En conséquence, compte tenu de la nature générale des nouvelles mesures d’atténuation recommandées pour assurer la gestion de ces populations et du fait que bon nombre de ces recommandations visant à protéger l’habitat relèvent de lois et de politiques en vigueur, le présent plan de gestion ne prévoit pas de nouveaux effets négatifs importants sur l’environnement.

Le marsouin commun (Phocoena phocoena) est un petit mammifère marin qui atteint une longueur d’environ 2,2 m et un poids d’environ 75 kg à maturité, ce qui en fait le plus petit cétacé des eaux canadiennes. L’espèce affiche un dimorphisme sexuel, les femelles étant en général plus grandes que les mâles. Le marsouin commun est souvent difficile à observer à l’état sauvage, notamment en raison de la coloration gris brun de son dos et de la couleur inversement plus pâle de la face ventrolatérale. On peut parfois observer une ou des bande(s) latérale(s) distinctives de couleur gris brun s’étendant du coin de la bouche jusqu’à la nageoire pectorale, des deux côtés de l’animal. Il s’agit d’une espèce craintive que l’on aperçoit rarement dans le sillage des navires et qui exécute rarement, voire jamais, des sauts hors de l’eau. En outre, le fait que leur nageoire dorsale, haute de 15 à 20 cm, produise rarement un éclaboussement lorsqu’elle perce la surface ou replonge dans l’eau complique davantage l’observation des marsouins communs sauvages.

Au Canada, cette espèce est observée dans les eaux relativement peu profondes des plateaux continentaux et les eaux côtières des côtes est et ouest du Canada. Le marsouin commun du Pacifique est présent dans toutes les eaux de la Colombie-Britannique, mais certains secteurs semblent être utilisés davantage de façon saisonnière. Des agrégations plus denses et des densités saisonnières accrues ont été signalées dans le sud du détroit de Georgia ainsi que dans le détroit de Juan de Fuca, près de Victoria.

On sait peu de choses sur l’abondance et les tendances démographiques des marsouins communs du Pacifique en Colombie-Britannique. Cependant, des recherches sur les charges en contaminants et la structure génétique de la population laissent sous-entendre que les marsouins communs présents en Colombie-Britannique peuvent constituer des sous-unités démographiques stratifiées affichant très peu de dispersion régionale. Des rapports indiquent que la population de marsouins communs du sud de la Colombie-Britannique et du nord-ouest de l’État de Washington est en déclin depuis les années 1940. Ce déclin a été établi à partir d’observations qualitatives, et c’est pourquoi il est difficile d’évaluer les tendances au chapitre de l’abondance relative au cours des cinquante dernières années. Il est également possible que l’aire de répartition se soit réduite davantage ou que la population se soit déplacée au fur et à mesure que la population humaine et l’utilisation des eaux côtières se sont accrues.

Comme le marsouin commun habite les zones côtières et semble particulièrement vulnérable à la perturbation environnementale, plusieurs menaces ont été relevées pour cette espèce. Les menaces les plus importantes sont l’emmêlement dans des engins de pêche, la dégradation de l’habitat, les déversements de substances toxiques, la perturbation acoustique et la contamination par des produits chimiques toxiques bioaccumulatifs et persistants. Malgré les incertitudes entourant les besoins alimentaires de l’espèce, la concurrence avec les pêches soulève également des préoccupations modérées en ce qui concerne les impacts à long terme sur la santé de la population. Des nouvelles recherches permettront de clarifier cette menace.

Pour des populations telles que celle du marsouin commun du Pacifique, lesquelles peuvent occuper des aires de répartition peu étendues ou des habitats restreints, les effets cumulatifs de toute combinaison de menaces peuvent être plus graves que l’impact occasionné par une seule menace prise en considération isolément. Il est donc essentiel de réduire le risque d’emmêlement dans des engins de pêche et de dégradation de l’habitat côtier si l’on veut assurer une gestion efficace de cette population. Des incertitudes subsistent concernant l’abondance et le régime alimentaire du marsouin commun en Colombie-Britannique, et c’est pourquoi les mesures et les objectifs porteront sur ces points, entre autres choses. L’adoption d’une approche plurispécifique par les chercheurs permettra une utilisation efficace des ressources disponibles.

Date de l’évaluation : Novembre 2003

Nom commun (population) : Marsouin commun (population de l’océan Pacifique)

Nom scientifique : Phocoena phocoena

Désignation par le COSEPAC : Espèce préoccupante

Justification de la désignation : Le marsouin commun semble particulièrement vulnérable aux activités humaines et a tendance à s’enchevêtrer dans des engins de pêche et à y mourir. Il s’agit d’un animal craintif dont la durée de vie est courte. Il est maintenant rarement observé dans les régions grandement aménagées de Victoria et du détroit de Haro. L’aménagement continu et l’utilisation de l’habitat principal de cette espèce par les humains constituent certaines des principales menaces. Les bruits sous-marins font fuir les marsouins, qui pourraient être aussi affectés par les contaminants présents dans leur chaîne alimentaire.

Occurrence au Canada : Océan Pacifique

Historique de la désignation par le COSEPAC : Espèce étudiée en avril 1991 et classée dans la catégorie « données insuffisantes ». La situation a été réexaminée en novembre 2003, et l’espèce a été inscrite dans la catégorie « espèce préoccupante ». Dernière évaluation fondée sur une mise à jour d’un rapport de situation.

Le marsouin commun est le plus petit cétacé vivant dans les eaux canadiennes et atteint d’ordinaire une longueur inférieure à 2,2 m et un poids de 75 kg, les femelles étant plus grandes que les mâles. Cette espèce est souvent difficile à observer à l’état sauvage, notamment en raison de la coloration gris brun sur son dos et de la couleur inversement plus pâle de la face ventrolatérale, laquelle va de blanc à gris blanc sur la majeure partie de la face ventrale. Des bandes ou des mouchetures grises sont souvent présentes dans la zone présentant une pigmentation blanche, et des bandes latérales distinctives de couleur gris brun s’étendent du coin de la bouche jusqu’à l’insertion antérieure de la nageoire pectorale, des deux côtés de l’animal. La largeur et la pigmentation des bandes varient d’un individu à l’autre, mais est rarement visible sur les animaux sauvages vivants. En outre, le fait que leur nageoire dorsale produise rarement un éclaboussement lorsqu’elle perce la surface ou replonge dans l’eau, qu’elle mesure approximativement de 15 à 20 cm de hauteur, qu’elle ne présente pas de pigmentation distinctive et que le souffle de l’animal soit rarement visible, complique davantage l’observation des marsouins communs sauvages.

Les estimations de l’âge moyen des marsouins communs varient considérablement dans l’aire de répartition mondiale de l’espèce. Dans les eaux de l’est du Canada, la durée de vie des marsouins communs a été établie à 13 ans (Gaskin et Blair, 1977), tandis qu’elle est de 11 ans au Japon (Gaskin et al., 1991). En Colombie-Britannique, le plus vieux spécimen observé aurait été âgé de 10 ans (Baird, 2003), mais il convient de noter que peu de travaux ont été effectués à ce sujet.

L’âge de la maturité sexuelle et physique diffère d’un sexe à l’autre et varie sur le plan géographique. Dans l’ouest de l’Atlantique Nord, les individus atteignent la maturité entre trois et quatre ans (Gaskin et Blair, 1977), et il est intéressant de noter que la maturité n’est pas atteinte avant cinq ou six ans dans le secteur de la mer du Nord (van Utrecht, 1978).

En règle générale, l’accouplement a lieu en été et au début de l’automne, et la mise bas se produit au printemps et en été (Gaskin, 1992; Read, 1999; Evans et Stirling, 2001), après une période de gestation d’environ 330 jours (Yasui et Gaskin, 1986). Baird et Guenther (1995) ont observé des mises bas entre mai et septembre dans les eaux du sud de la Colombie-Britannique.

Les femelles donnent naissance à un seul petit annuellement ou tous les deux ans (Boran et al., 2001; Read, 1990; Read et Hohn, 1995). On pense que le marsouin commun est polygyne, c.-à-d. que les mâles et les femelles s’accouplent avec différents membres du sexe opposé (Grier et Burk, 1992). Les caractéristiques physiques du mâle (plus petite taille, gros testicules et long pénis) et l’absence apparente de structure sociale (Gaskin, 1992) soutiennent cette hypothèse. L’absence d’observation de comportements de parade nuptiale vient renforcer l’hypothèse en faveur de ce type de système d’accouplement. Cependant, cette absence apparente de comportement peut aussi être attribuable aux difficultés associées à l’observation de marsouins communs à l’état sauvage.

Le sevrage des petits peut se produire à environ quatre ou cinq mois, le volume de lait produit par la mère étant réduit de moitié (Gaskin et al., 1984; Yasui et Gaskin, 1986). La période de lactation totale dure environ de huit à douze mois (Yasui et Gaskin, 1986). Gaskin (1992) avance que le lien entre la mère et son petit peut persister jusqu’à 18 mois, après quoi le petit devient complètement indépendant. Ces données provenant d’études menées dans le Canada atlantique peuvent être pertinentes pour les marsouins communs de la Colombie-Britannique, mais aucune étude n’a confirmé ces faits jusqu’à présent.

Trois sous-espèces sont reconnues dans l’aire de répartition mondiale du marsouin commun, à savoir Phocoena phocoena phocoena dans l’Atlantique Nord, Phocoena phocoena vomerina dans le Pacifique Nord et Phocoena phocoena relicta dans la mer Noire (Rice, 1998). On peut observer le marsouin commun le long du plateau continental, les estuaires, les chenaux à marée et les baies peu profondes, à l’est et à l’ouest de l’Amérique du Nord, dans l’océan Atlantique Nord (y compris au Groenland et en Islande [CITES, 2007]), dans l’océan Arctique et dans le Pacifique Nord. On l’observe également dans la Méditerranée, la mer Baltique, le nord de la mer de Barents et la mer de Béring ainsi que dans les parties nord et est de la mer Noire et de la mer d’Azov (Yasui et Gaskin, 1986; Gaskin 1992). Les populations de la mer Noire, de l’Atlantique Nord et du Pacifique Nord sont en général isolées les unes des autres, et des études de la biologie, du cycle naturel et de l’écologie de ces animaux ont été menées sur ces populations distinctes.

Dans l’hémisphère Nord, le marsouin commun présente une répartition circumpolaire et habite les eaux subarctiques tempérées froides de l’Amérique du Nord, de la Fédération de Russie et de l’Eurasie; on le trouve également près de certaines masses terrestres situées au milieu de l’Atlantique Nord, notamment aux îles Faeroe, au Groenland et en Islande (Gaskin et al., 1974; Gaskin, 1992). Bien qu’il s’agisse d’un odontocète, on l’a également observé dans des cours d’eau saumâtres (Thwaites, 1904-1905; Scheffer et Slipp, 1948; Gaskin, 1991; Guenther et al., 1993).On rencontre rarement des individus de cette espèce dans des eaux de température supérieure à 16 oC (SCF, 2007).

On ignore quelle proportion de l’habitat mondial total disponible du marsouin commun se trouve au Canada. De plus, on ignore quelle proportion de l’abondance mondiale totale du marsouin commun se trouve dans les eaux canadiennes.
Au Canada, l’espèce est présente dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, du Québec, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard. En outre, on a également observé un marsouin commun dans la mer de Beaufort (van Bree et al., 1977).

Dans l’ouest du Canada, l’espèce est observée en Colombie-Britannique, où certains secteurs semblent être davantage fréquentés sur une base saisonnière. Des agrégations localisées plus denses et des densités saisonnières accrues ont été signalées dans le sud du détroit de Georgia (Calambokidis et al., 1997) et dans le détroit de Juan de Fuca, près de Victoria (Hall et al., 2002). Selon la base de données B.C. Ecosystems and Species Explorer (http://srmapps.gov.B.C..ca/apps/eswp/), le marsouin commun est coté G4G5 à l’échelle mondiale, ce qui signifie que l’espèce est apparemment non en péril à l’échelle mondiale (G4) et qu’elle est manifestement répandue et abondante (G5). Cependant, en Colombie-Britannique, le marsouin commun du Pacifique est coté S3 (liste bleue). En vertu de la Loi sur les espèces en péril le marsouin commun du Pacifique est considéré comme une espèce préoccupante, laquelle est définie comme étant une espèce sauvage qui peut devenir une espèce menacée ou une espèce en voie de disparition par l’effet cumulatif de ses caractéristiques biologiques et des menaces signalées à son égard.

On dispose de peu d’information sur l’abondance et les tendances démographiques du marsouin commun du Pacifique. Cependant, des rapports indiquent que la population de marsouins communs du sud de la Colombie-Britannique et du nord-ouest de l’État de Washington est en déclin depuis les années 1940 (Scheffer et Slipp, 1948; Flaherty et Stark, 1982; Cowan, 1988; Gaskin, 1992; Calambokidis et Baird, 1994). Ce déclin présumé a été établi à partir d’observations qualitatives, et c’est pourquoi il est difficile d’évaluer les tendances au chapitre de l’abondance relative du marsouin commun au cours des cinquante dernières années. En conséquence, il est vraisemblablement impossible de déterminer si cette population a véritablement connu un déclin ou si elle a subi un changement dans son aire de répartition, ce qui entraînerait l’apparition d’un déclin apparent dans certains lieux géographiques.

La contraction de l’aire de répartition de l’espèce peut être un autre facteur en jeu du fait que les relevés historiques semblent indiquer que le marsouin commun était couramment observé depuis la rive dans le détroit de Juan de Fuca, près de la région de Victoria (Baird, 2003). L’observation d’un marsouin commun depuis la rive dans cette région serait maintenant considérée comme un événement rare (A. Hall, Unité de recherche sur les mammifères marins, Université de la Colombie-Britannique, comm. pers.). Il est aussi possible que l’aire de répartition se soit réduite davantage ou que la population se soit déplacée au fur et à mesure que la population humaine et l’utilisation des eaux côtières se sont accrues en Colombie-Britannique.

Abondance CV Saison Secteur Référence
845 0,18, non corrigé Été Eaux intérieures du sud de la C.-B. Calambokidis et al., 1997
1025 0,15, non corrigé Été Eaux intérieures de l’État de Washington Calambokidis et al., 1997
Abondance et densité « faibles »; aucune variation saisonnière s. o. Présence à l’année Détroit de Georgia Kemple, 2002
860 0,197, non corrigé
(IC de 95 % :
584-1266)
Été Détroit de Juan de Fuca Hall, 2004
252 0,373, non corrigé
(IC de 95 % : 123-519)
Hiver Détroit de Juan de Fuca Hall, 2004
555 0,18, non corrigé Moyenne annuelle Détroit de Juan de Fuca Hall, 2004
3123* 0,10 Estimation annuelle moyenne Stock des eaux intérieures de l’État de Washington NMFS, 2006
9120 IC de 95 % :
4210-19 760
Été Eaux intérieures de la C.-B. Williams et Thomas, 2007
*N’inclut pas les eaux de la Colombie-Britannique.

Le marsouin commun est une espèce extrêmement difficile à recenser en raison de son comportement naturellement cryptique, de sa coloration et de sa petite taille. Les difficultés associées à l’estimation de l’effectif apparaissent de façon manifeste dans les variations que l’on peut observer entre les quelques estimations disponibles (tableau 1).

Le marsouin commun a une aire de répartition quasi continue dans les eaux côtières de l’ouest de l’Amérique du Nord. Cependant, d’après des recherches portant sur la génétique (Gaskin, 1992; Calambokidis et Baird, 1994; Tiedemann et al., 1996; Andersen et al., 1997; Walton, 1997; Wang et Berggren, 1997; Rosel et al., 1999; Chivers et al., 2002) et sur les contaminants (Calambokidis et Barlow, 1991), il semble exister des sous-unités de populations stratifiées. Il semble que ces sous-unités puissent exister sur de petites échelles géographiques et qu’elles affichent peu de dispersion (Chivers et al., 2002). Cependant, les limites précises des zones occupées par ces sous-unités demeurent inconnues à ce jour, et les échanges génétiques semblent être limités entre les sous-unités du détroit de Georgia, du détroit de Juan de Fuca et de la côte ouest de l’île de Vancouver (Chivers et al., 2002). Une étude des données de photo-identification menée aux îles San Juan démontre également l’existence de sous-populations distinctes et localisées (Flaherty et Stark, 1982), très fidèles aux sites qu’elles occupent.

Figure 1. Aire de répartition du marsouin commun en Colombie­Britannique.

Les profils migratoires et la répartition saisonnière du marsouin commun sur la côte ouest de l’Amérique du Nord sont mal connus, même si l’espèce semble être présente à l’année dans les eaux intérieures de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington (Keple, 2002; Hall, 2004). Le marsouin commun a tendance à occuper un créneau écologique constitué d’eaux relativement peu profondes, en général de moins de 200 m de profondeur (p. ex. Hall, 1996; Lockyer et al., 2001; Hall, 2004). En tant que prédateur des eaux peu profondes, le marsouin commun s’alimente d’une multitude de céphalopodes et de poissons épipélagiques et mésopélagiques, notamment des calmars, des harengs, des lançons et des merluches de taille commerciale (Walker et al., 1998; Hall, 2004). Smith et Read (1992) ont déterminé que les juvéniles s’alimentaient de zooplancton de grande taille (c.-à-d. d’euphausiacés) pendant la transition d’une alimentation lactée à une alimentation solide. L’importance saisonnière d’espèces de proies en particulier n’a pas été établie.

-Hanson et al. (1999) ont démontré, au moyen d’un suivi par radiotélémesure mené dans une zone donnée sur une période de 215 jours, qu’un individu utilisait une aire de répartition relativement restreinte; le marsouin est demeuré dans le sud de la région du détroit de Georgia. Une étude par photo-identification menée dans les années 1980 laisse également sous-entendre que les déplacements sont limités dans les îles San Juan, aux États-Unis (Gaskin et al., 1974; Jefferson, 1988). Ce comportement est contraire à celui affiché par les marsouins communs sur la côte est du Canada, lesquels migrent vers le sud pour suivre leurs proies durant l’hiver (E. Trippel, Pêches et Océans Canada – Région des Maritimes, Sciences, comm. pers.).

Le marsouin commun est l’une des deux espèces de phocœnidés qui vivent dans les eaux de la Colombie-Britannique. Cette espèce occupe le même niveau trophique que le saumon adulte et s’alimente, comme ce dernier, de poissons zooplanctivores. Dans l’est du Canada, les marsouins communs juvéniles sont des prédateurs du deuxième niveau trophique.

En tant qu’espèce de niveau trophique intermédiaire, les marsouins sont des prédateurs qui s’alimentent de poissons et de calmars, mais qui servent également de proies à des espèces de niveau trophique supérieur. Le marsouin commun représente un composant important du régime alimentaire des épaulards migrateurs en Colombie-Britannique (Ford et al., 1998, 2007). En outre, plusieurs espèces de requin s’alimentent de marsouins communs (De Maddalena et al., 2007). Voir la section 1.4.3, Facteurs limitatifs, et la section 1.5.2.2, Menaces naturelles, pour de plus amples renseignements sur la prédation. Comme c’est le cas pour la plupart des mammifères marins, les carcasses des marsouins communs peuvent couler jusqu’au fond de la mer, où ils deviennent une riche source d’éléments nutritifs pour les organismes détritivores benthiques.

Historiquement, les peuples autochtones de la Colombie-Britannique ont considéré le marsouin commun comme une source alimentaire et l’ont chassé sur une base régulière pour s’alimenter (Boas, 1909; Drucker, 1951; Suttles, 1951). Aucune chasse aux marsouins communs n’a actuellement lieu, même s’il ne faut pas exclure la possibilité que les négociations futures de traités au Canada tiennent compte de l’intérêt démontré pour la reprise de la chasse traditionnelle aux cétacés.

En raison des déplacements apparemment limités de l’espèce et de sa position modérément élevée dans le réseau trophique marin, le marsouin commun peut également servir d’indicateur de la qualité de l’écosystème. On peut utiliser les concentrations de contaminants bioaccumulatifs détectés dans les tissus des marsouins communs pour évaluer l’abondance relative de composés particuliers dans des environnements donnés. L’aire de répartition du marsouin commun, jumelée à sa durée de vie relativement courte, en fait une espèce sentinelle idéale pour l’environnement côtier.

Les facteurs limitatifs, du fait qu’ils sont intrinsèques à la biologie de l’espèce, ne peuvent être ni atténués ni gérés. D’ordinaire, ces processus ascendants et descendants sont régis par la disponibilité et la qualité des proies et par les prédateurs, respectivement. Cependant, l’activité humaine peut exercer des contraintes qui modifieront l’équilibre entre ces facteurs limitatifs et menaceront la population. En pareil cas, il faut prendre des mesures qui s’imposeront afin que l’activité humaine n’engendre pas de contraintes indues sur les facteurs limitatifs.

Du fait que la population peut être limitée par sa faible dispersion régionale et compte tenu de la préférence de l’espèce pour les habitats côtiers peu profonds (p. ex. Hall, 1996; Lockyer et al., 2001; Hall, 2004), les sous-populations peuvent être vulnérables à des déclins localisés. Une réduction supplémentaire de la dispersion physique pourra compromettre la vigueur génétique de ces sous-populations.

Le type de proies et leur disponibilité peuvent constituer un facteur limitatif pour les prédateurs, tels les cétacés. Comme le marsouin commun occupe un niveau intermédiaire dans le réseau trophique et qu’il s’alimente d’une multitude d’espèces de proies connues (Walker et al., 1998; Hall, 2004), une diminution de l’abondance d’une espèce proie n’aura vraisemblablement pas d’incidence sur la croissance de la population. Toutefois, la disponibilité de l’ensemble des proies et la composition spécifique régionale peuvent être modifiées par des facteurs naturels et anthropiques. Étant donné qu’on ne connaît pas très bien les particularités saisonnières ou régionales des principales proies du marsouin commun en Colombie-Britannique, il existe une certaine incertitude quant au rôle que jouent les proies en tant que facteur limitatif potentiel.

Des autopsies menées sur des marsouins communs échoués démontrent que des parasites internes affectent couramment cette espèce (MPO-PRC, données non publiées), mais on ignore quelles sont les conséquences de ces parasites sur la survie des individus. Enfin, les changements dans les régimes écosystémiques peuvent avoir une incidence sur les populations en limitant la taille des populations des espèces peu abondantes, sur une base périodique, en limitant des sous-unités de populations sur une échelle locale ou, encore, en jouant un rôle limitatif sur la population dans son ensemble.

Les menaces anthropiques, ou causées par l’homme, se classent en général en deux catégories, à savoir celles qui ont des impacts aigus, qui affectent directement les individus, et celles qui ont des impacts chroniques, qui ont une incidence sur les facteurs limitatifs, comme le type de proies et leur disponibilité, la qualité de l’habitat ou la fonction immunitaire (Baird, 2003).

Pour des populations telles que celles du marsouin commun du Pacifique, qui peuvent vivre sur de petites aires de répartition ou dans des habitats restreints, les effets cumulatifs de n’importe quelle combinaison de menaces parmi celles énumérées ci-après (section 1.5.1, Classification des menaces) peuvent être plus graves que les impacts pouvant découler d’une menace unique pesant sur une population isolée. Il convient également de noter que certaines populations de marsouins communs vivant en Colombie-Britannique peuvent être en train de se rétablir des effets de menaces qui ont pesé sur elles par le passé. La présence de petites populations isolées peut être indicatrice de la disparition de populations à l’échelle régionale dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique. Cette situation peut amplifier les effets des menaces identifiées.

Les évaluations des menaces pesant sur les populations (tableau 2) permettent l’établissement de l’ordre de priorité des mesures de gestion recommandées et autres. On peut ainsi éviter que ces populations ne deviennent menacées ou en voie de disparition et déterminer s’il est possible ou non de prendre des mesures pour atténuer les effets d’une menace. Les définitions des termes utilisés dans les classements sont présentées à l’annexe I (tableau 5).

On a évalué les menaces selon leur probabilité d’occurrence actuelle et la gravité de leur incidence sur la population. En outre, on a incorporé la certitude d’occurrence d’un effet sur l’ensemble de la population afin de fournir une mesure du degré de confiance que l’on peut accorder aux classements de « l’importance » de la menace et de relever les menaces qu’il pourra être utile de surveiller ou d’étudier davantage afin d’éliminer les incertitudes ou de combler les lacunes dans les connaissances. Lorsque la certitude de l’occurrence d’un effet n’est pas démontrée, les données relatives à d’autres cétacés peuvent être considérées comme adéquates pour l’évaluation de l’importance d’une menace.

Le potentiel d’atténuation renvoie à la probabilité qu’une mesure (future ou actuelle) atténuera ou empêchera de façon adéquate l’occurrence d’effets négatifs sur la population. Il convient de noter que le classement indiqué pour l’importance de la menace reflète les préoccupations actuelles relatives à des impacts découlant d’une menace présente et que les évaluations futures pourront entraîner des classements qui différeront de ceux dont il est question dans le présent document. En conséquence, l’importance d’assurer une surveillance à long terme de la population ne peut être mise en doute.

Le potentiel d’atténuation renvoie à la probabilité qu’une mesure (future ou actuelle) puisse atténuer les effets négatifs sur la population ou empêcher leur occurrence. La présente évaluation se veut un reflet à jour de l’état des menaces pesant sur la population et, comme tel, le classement de l’importance de la menace peut changer au fil du temps. L’astérisque (*) signifie que la menace est naturellement présente dans la population (c.-à-d. qu’il s’agit d’un facteur limitatif dont les effets peuvent être amplifiés par l’activité humaine).


Catégorie de menace
Sous-catégorie Stress pour la population Gravité des impacts pour la population Incertitude Importance actuelle Potentiel d’atténuation
Emmêlement et emprisonnement Survie Élevée d’après les données disponibles Élevée ÉLEVÉE Potentiellement élevé si des mesures préventives sont mises en œuvre
Dégradation de l’habitat Effets des agents pathogènes
Taux de reproduction
Disponibilité des proies
Dispersion
Risque de prédation
Hybridation
Potentiellement élevée Moyenne ÉLEVÉE Modéré
Déversement de substances toxiques Effets des agents pathogènes
Taux de reproduction
Disponibilité des proies
Survie
De modérée à élevée selon le lieu du déversement et le moment où il survient Moyenne
Démontrée chez d’autres cétacés
ÉLEVÉE Modéré
Perturbation acoustique Disponibilité des proies
Dispersion
Risque de prédation
Échouement
De faible à élevée De moyenne à élevée MOYENNE- ÉLEVÉE Faible, dans le cas des bruits chroniques
Élevé dans le cas des bruits aigus
Contaminants Produits chimiques toxiques bioaccumulatifs et persistants
(PCTBP) réglementés
Effets des maladies et des parasites
Disponibilité des proies
Taux de reproduction
Survie
De modérée à élevée Moyenne MOYENNE- ÉLEVÉE Élevé
PCTBP non réglementés Effets des maladies et des parasites
Disponibilité des proies
Taux de reproduction
Survie
De modérée à élevée Moyenne MOYENNE- ÉLEVÉE Modéré
Biologiques Effets des agents pathogènes
Taux de reproduction
Échouement?
De faible à modérée Moyenne FAIBLE- MOYENNE De faible à modéré
Réduction de la disponibilité des proies Concurrence avec les pêches Disponibilité des proies
Effets des agents pathogènes
Risque de prédation
Potentiellement élevée De moyenne à élevée MOYENNE Élevé si les incertitudes concernant les besoins relatifs aux principales proies sont éliminées
Changement climatique ou changement dans le régime écosystémique* Disponibilité des proies
Effets des agents pathogènes
Risque de prédation
Inconnue, vraisemblablement variable Élevée INCONNUE Inconnu
Collision avec des navires Survie Inconnue, variable selon la taille et la vitesse des navires Élevée INCONNUE Faible
Prédation* Le risque de prédation peut être modifié par l’existence de menaces naturelles ou anthropiques
Survie
Inconnue Élevée FAIBLE Nul
Maladies et parasites* Les stress peuvent être accrus par l’existence de menaces anthropiques ou des changements de régime
Maladies
Taux de reproduction
D’ordinaire faible Élevée INCONNUE Nul
Faible si provoqués par des facteurs anthropiques
Prolifération d’algues toxiques* Effets des maladies
Disponibilité des proies
Dispersion
Taux de reproduction
Échouement?
Inconnue Élevée FAIBLE Nul
Faible si provoquée par des facteurs anthropiques (c.-à-d. des polluants biologiques)
Échouement* Survie
L’occurrence peut être modifiée par l’existence de menaces naturelles ou anthropiques
Inconnue Élevée INCONNUE Nul
Si vivants, le potentiel d’atténuation pour les individus échoués peut varier de faible à élevé
Hybridation* Taux de reproduction
La fréquence peut être accrue par des facteurs naturels ou la dégradation de l’habitat par l’homme
Potentiellement élevée Élevée INCONNUE De nul à faible (indirectement par les mesures d’atténuation de la dégradation de l’habitat)
1.5.2.1 Menaces anthropiques

Emmêlements dans des engins de pêche et emprisonnements

Dans un examen de la mortalité causée par les filets maillants chez les marsouins à l’échelle mondiale, Jefferson et Curry (1994) ont déterminé que toutes les espèces de marsouins affichaient des interactions importantes avec les pêches au filet maillant. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), la mesure la plus importante que l’on puisse prendre pour assurer la protection de l’espèce à l’échelle mondiale est de réduire la mortalité accidentelle causée par les filets maillants et autres engins de pêche (Klinowska, 1991).

En Colombie-Britannique, on a documenté la mortalité accidentelle provoquée chez les marsouins communs par des engins de pêche (Stacey et al., 1997; Hall et al., 2002; Williams et al., 2008). Des cas d‘emmêlement et de mortalité ont été signalés dans les pêches au filet maillant dérivant ciblant des squales, les pêches à la cuillère au saumon et les pêches au chalut à la merluche (Pike et MacAskie, 1969; Baird et Guenther, 1991, 1995; Stacey et al., 1997). Une évaluation quantitative des prises accessoires de petits cétacés effectuée par Hall et al. (2002) a déterminé que les niveaux les plus importants de mortalité et d’emmêlement dans des engins de pêche sont observés dans la pêche au saumon au filet maillant en Colombie-Britannique. Le marsouin commun peut également être vulnérable à l’emmêlement dans les installations d’aquaculture et dans les pêches aux filets fixes pratiquées par les Premières nations (dans les eaux américaines et le détroit de Haro); cependant, on ne dispose pas de données sur les taux d’emmêlement dans ces types d’engins.

Pour la vaste majorité des emplacements situés un peu partout dans le monde où Jefferson et Curry (1994) ont confirmé des mortalités accidentelles causées par les pêches, aucune estimation de la mortalité totale chez le marsouin commun n’était disponible, et il en était de même pour les données nécessaires à l’évaluation des impacts actuels ou historiques. Ces lacunes dans les données concernent également les taux d’emmêlements dans des engins de pêche ainsi que la vulnérabilité selon le sexe ou l’âge aux emmêlements dans de tels engins dans les eaux de la Colombie-Britannique.

Ces dernières années, on a mis au point des solutions afin de réduire le potentiel d’emmêlement dans les engins. Les taux d’emmêlements chez le marsouin commun sur les côtes est et ouest de l’Amérique du Nord ont diminué de façon significative grâce à l’introduction de filets enrobés de sulfate de baryum et à l’utilisation d’alarmes acoustiques ou d’engins de pêche avec filets dissuasifs dans des pêches expérimentales (Trippel et al., 1999; Gearin et al., 2000; Koschinski et al., 2006). Toutefois, le recours à de telles solutions n’est pas encore obligatoire sur la côte ouest du Canada.

Malgré les composants inconnus de cette menace pesant sur le marsouin commun dans les eaux de la Colombie-Britannique, les données dont on dispose sur le risque d’emmêlement dans des engins de pêche ailleurs dans le monde et les conclusions de l’IUCN concernant l’application de mesures d’atténuation importantes, l’importance de la menace que représentent les emmêlements dans des engins de pêche ou les emprisonnements pour le marsouin commun dans les eaux de la Colombie-Britannique est « élevée » (tableau 2). Il faut envisager de formuler des recommandations pour la mise en œuvre de modifications efficaces aux engins pour lesquels l’apport de modifications dans d’autres régions (p. ex. Canada atlantique) a donné des résultats concluants pour réduire les taux d’emmêlement chez le marsouin commun.

Dégradation de l’habitat

Le marsouin commun semble être extrêmement vulnérable aux perturbations de l’habitat et, par le fait même, à la dégradation de l’habitat. L’urbanisation des zones côtières occasionnée par la construction de marinas, de quais, de ports pour traversiers et vraquiers, de parcs d’éoliennes, de décharges de billes de bois, de sites aquicoles et d’autres installations du genre peut entraîner l’exclusion physique du marsouin commun de ses habitats de prédilection situés en eaux peu profondes. En outre, ces activités, les travaux et le trafic maritime qui en découle peuvent créer des augmentations localisées des niveaux de bruit ambiant et contribuer à la perturbation acoustique des marsouins (voir également « Perturbation acoustique »). La dégradation physique ou acoustique de l’habitat peut chasser les marsouins communs, nuire à leur capacité de s’alimenter, réduire leur succès reproductif et modifier leurs comportements sociaux.

Comme il s’agit d’une menace chronique mettant en cause de nombreuses activités combinées, cela peut entraîner une diminution de la santé physique des individus et des populations qui se manifestera par des changements de comportement compensatoires. Les effets synergétiques de diverses formes de dégradation de l’habitat sont difficiles à préciser. Cette menace est considérée comme étant d’importance élevée en ce qui concerne ses effets sur la population dans les eaux de la Colombie-Britannique (tableau 2). La possibilité d’atténuer les impacts de la dégradation de l’habitat est considérée comme modérée du fait que le potentiel d’atténuation est fonction du type de dégradation subie par l’habitat.

Déversements de substances toxiques

Les déversements sont des évènements récurrents le long de la côte de la Colombie-Britannique, et la forte densité du trafic maritime augmente vraisemblablement le risque de déversements accidentels. Comme le marsouin commun vit dans des zones côtières qui sont de plus en plus occupées par l’humain (résultat de l’urbanisation) et de plus en plus utilisées par les navires industriels et les bateaux de plaisance, il est fort probable que des déversements de substances toxiques affectent le marsouin commun et son habitat. Un déversement de produits pétrochimiques dans l’habitat du marsouin commun peut à la fois réduire la qualité de l’habitat, en contaminant ou en tuant les espèces proies, et affecter directement les marsouins communs qui inhaleront des vapeurs toxiques. Le faible effectif estimé (Hall, 2004; Williams et Thomas, 2007) et l’utilisation potentiellement restreinte de l’habitat (Hanson et al., 1999) amplifient le risque posé par les menaces régionales telles que les déversements de produits pétroliers.

L’incertitude entourant les estimations de l’abondance de cette petite population engendre un niveau élevé de préoccupation à l’égard des impacts de cette menace (tableau 2). Même si des mesures pour prévenir et atténuer les effets des déversements sont en place à l’heure actuelle, l’efficacité des mesures de nettoyage des lieux d’un déversement chute habituellement entre 5 et 15 % (Graham, 2004) et est fortement fonction de la proximité des centres de population où l’on trouvera le matériel nécessaire pour le nettoyage et l’expertise requise.

Perturbation acoustique

Le marsouin commun affiche des changements comportementaux lorsqu’il est soumis à des niveaux sonores accrus, et on a constaté qu’il était particulièrement affecté par le bruit présent dans son habitat. Le bruit d’origine anthropique altère l’environnement acoustique sous-marin et peut interférer avec les comportements d’alimentation, la capacité d’orientation ou les communications sociales de ces animaux.

Les réactions observées se traduisent par des changements comportementaux variant entre aigus et chroniques, comme l’évitement temporaire d’un habitat ou l’exclusion de régions caractérisées par des augmentations chroniques des niveaux sonores (Culik et al., 2001; Johnston, 2002; Olesiuk et al., 2002; Koschinski et al., 2003; Carstensen et al., 2006). Les sources de perturbation acoustique qui peuvent affecter la population vivant dans les eaux de la Colombie-Britannique produisent des bruits chroniques et aigus. En voici quelques exemples :

Bruits chroniques

Bruits aigus

Carstensen et al. (2006) ont remarqué une augmentation importante des intervalles qui séparaient les ré-observations de marsouins communs sur les sites où l’on construisait des parcs d’éoliennes. Il convient de noter en particulier que l’installation de pieux d’acier, qui provoque des vibrations, a accru les intervalles entre les observations à la fois dans les zones où avaient lieu les travaux de construction et dans les zones de référence, ce qui indique que même les niveaux de bruits atténués dans les zones de référence, situés à bonne distance des zones où avaient lieu les travaux de construction, ont été suffisants pour entraîner des changements dans le comportement des marsouins. Tougaard et al. (2009) ont observé des changements similaires dans le comportement des marsouins à la suite des bruits produits par l’enfoncement de pieux, y compris l’absence de gradation de la réaction selon la distance de la source sonore. Le marsouin commun peut afficher de fortes réactions comportementales à la perturbation par des bruits aigus du fait qu’il utilise les sons pour communiquer et s’alimenter. Cette menace entraîne un vaste éventail d’effets possibles, allant d’un éloignement temporaire des habitats clés (p. ex. habitats d’alimentation et de reproduction) à des blessures physiques ou à la mort.

À l’heure actuelle, plusieurs mesures de gestion sont en place pour atténuer le stress causé par le bruit, même si l’habitat côtier urbain utilisé par le marsouin commun le rend vulnérable au stress acoustique. En conséquence, l’importance de cette menace est considérée comme étant de moyenne à élevée (tableau 2) pour la population. Le potentiel d’atténuation du bruit chronique est vraisemblablement faible, tandis que la gestion des bruits aigus peut être rendue possible par un examen et une révision des protocoles s’appliquant aux activités qui causent un stress par le bruit aigu dans les environnements marins.

Contaminants – Produits chimiques toxiques bioaccumulatifs persistants réglementés et non réglementés et contaminants biologiques

La contamination peut prendre la forme de débris marins, de polluants biologiques d’origine anthropique (p. ex. rejet d’eaux usées) ou de substances chimiques présentes dans l’habitat ou chez les proies. Le marsouin commun ingère des débris de plastique; dans certains cas, cette ingestion a provoqué la mort d’individus (Baird et Hooker, 2000). Même si cette menace peut nuire au marsouin commun ou entraîner sa mort, on ignore quels sont les effets des débris marins sur les populations.

Même si le régime alimentaire du marsouin commun des eaux de la Colombie-Britannique est plutôt mal connu, on sait que ce mammifère s’alimente en général d’une multitude de céphalopodes et de poissons fourrages (p. ex. calmars, harengs, lançons et merluches de taille commerciale) (Walker et al., 1998; Hall, 2004). Même si le marsouin commun occupe le même niveau trophique que le saumon adulte, la mesure dans laquelle les produits chimiques toxiques bioaccumulatifs persistants4 (PCTBP) réglementés ou non réglementés se concentrent dans l’organisme des marsouins communs ou de leurs proies demeure inconnue. Même si la production de nombreux PCTBP anciens ou réglementés (p. ex. BPC, DDT) a cessé en Amérique du Nord, leur concentration dans l’environnement et dans les organismes demeure souvent élevée, et leur disparition dans l’environnement devrait prendre plusieurs décennies (Hickie et al., 2007). Deux études menées au Royaume-Uni révèlent l’existence d’une corrélation positive entre la charge en contaminants associés aux BPC et les infestations de nématodes ainsi que l’existence d’une relation causale avec la mortalité causée par des maladies infectieuses chez le marsouin commun de l’Atlantique (Bull et al., 2006; Jepson et al., 2005). Calambokidis et al. (1986) ont documenté certaines différences régionales dans les niveaux de contamination par des substances toxiques chez les marsouins communs de la côte ouest de l’Amérique du Nord, ce qui laisse sous-entendre qu’il existe non seulement une répartition allopatrique du marsouin commun, mais également des zones de contamination localisée. La relation démontrée entre la charge en contaminants et les effets sur le système immunitaire semble indiquer qu’il faut peut-être mener d’autres études et activités de surveillance des concentrations de contaminants chez le marsouin commun du Pacifique.

De nouvelles générations de PCTBP non réglementés sont produites actuellement aux échelles locale, nationale et mondiale. Ces produits chimiques nouveaux présentent des propriétés semblables à celles des polluants anciens (Ross, 2006) et, habituellement, leur utilisation et leur production vont en augmentant, tandis que leur usage et leur élimination demeurent inadéquatement réglementées (MPO, 2008). À l’heure actuelle, la principale préoccupation concernant ces nouveaux polluants découle des polybromodiphényléthers (PBDE) dont la présence dans les écosystèmes de la Colombie-Britannique augmente rapidement (Rayne et al., 2004; Elliott et al., 2005). Les effets toxiques des PBDE ne sont pas encore bien connus, mais de plus en plus de données scientifiques semblent indiquer que ces produits chimiques peuvent avoir des propriétés toxiques semblables à celles des biphényles polychlorés (BPC) (Ross, 2006).

Les petits cétacés n’ont pas la capacité métabolique de dégrader ou d’excréter les polluants et, de ce fait, en retiennent de grandes quantités dans leur organisme (Tanabe et al., 1988). Ces polluants peuvent accroître le risque d’immunodépression (Hall et al., 2005) et réduire les capacités reproductrices ainsi que la survie néonatale. Les effets historiques et nouveaux de la contamination du milieu marin attribuable à des activités polluantes sur les populations de marsouins communs demeurent incertains. Par contre, étant donné l’existence probable de zones localisées de contamination dans l’habitat du marsouin commun, cette menace est considérée comme étant d’importance moyenne à élevée (tableau 2). La réglementation et la surveillance des sources ponctuelles de contamination peuvent atténuer quelque peu l’importance de cette menace; toutefois, l’exposition chronique à long terme à des polluants (tant réglementés que non réglementés) entraîne une incertitude concernant les effets à long terme sur la santé reproductive de cette population.

La pollution biologique peut prendre la forme d’éléments nutritifs, d’hormones et d’antibiotiques transportés dans l’environnement marin par les rejets d’eaux usées, le ruissellement des terres agricoles et d’autres sources. Des isolats bactériens récupérés chez des phoques communs (Phoca vitulina) dans la région métropolitaine de Victoria et le bras Puget ont révélé de multiples cas de résistance aux antibiotiques (S. Raverty, comm. pers.), ce qui laisse sous-entendre un certain degré de pression sélective ou de pression antimicrobienne éventuelle au sein de l’habitat. En outre, Cryptococcosis, un agent fongique responsable d’infections respiratoires et historiquement observé dans des environnements terrestres, a été associé de façon sporadique avec des pertes chez les mammifères marins (en particulier chez les dauphins gardés en captivité et les animaux sauvages en Australie). Dans le Pacifique Nord-Est (y compris la région côtière de la Colombie-Britannique), on a observé une poussée de cette infection chez des marsouins communs échoués, et cette poussée a été associée avec une épidémie plurispécifique (Raverty et al., 2007).

L’introduction de maladies exotiques dans une population de cétacés affichant un fort comportement social peut entraîner des flambées de maladies menant à un déclin des populations (Guimarés et al., 2007). Puisque certains -avancent que le marsouin commun pourrait être polygyne (Grier et Burk, 1992), celui-ci pourrait être vulnérable aux flambées de maladies fortement contagieuses. Comme l’occurrence de maladies peut résulter de la présence d’agents pathogènes naturels dans l’environnement ou, encore, de la charge en éléments nutritifs ou de l’introduction d’agents pathogènes étrangers d’origine humaine, il faut évaluer les sources de polluants biologiques et en assurer un suivi pour pouvoir appliquer des mesures d’atténuation adéquate contre les menaces anthropiques. Les expositions à des agents contagieux ou à d’autres formes de pollution biologique peuvent entraîner des effets synergétiques négatifs ainsi que d’autres stress.

Réduction de la disponibilité des proies

Chaque année, on récupère des carcasses de marsouins communs sur les plages côtières et dans des cours d’eau du sud de la Colombie-Britannique, et une partie de ces animaux semblent amaigris (MPO-PRC, données non publiées). Même si cela est parfois attribuable à une maladie, à des blessures physiques ou à une obstruction physique, il n’est pas toujours possible d’établir la cause de cet amaigrissement. Celui-ci peut être imputable à une variation dans la disponibilité des proies de grande qualité en raison de la dynamique naturelle des populations ou de l’exploitation ciblée d’espèces proies.

On sait que le marsouin commun du Pacifique s’alimente de divers céphalopodes et de poissons fourrages d’importance commerciale comme le calmar, le hareng, le lançon et la merluche (Walker et al., 1998; Hall, 2004). Cependant, on ne connaît pas l’éventail complet de ses proies. Étant donné que le marsouin commun du Pacifique occupe un niveau trophique moyen et se nourrit d’une variété d’espèces proies (Walker et al., 1998; Hall, 2004), la réduction de la disponibilité d’une seule espèce ne suffira probablement pas à réduire la croissance de la population. En revanche, la disponibilité globale des proies et la composition taxinomique régionale peuvent être affectées par des facteurs naturels ou anthropiques. Le prélèvement d’espèces proies peut modifier l’abondance locale des proies et ainsi influer sur la dynamique des populations de marsouins communs si ceux-ci doivent passer à des espèces proies qui leur apportent moins d’énergie. Une concurrence directe pour les ressources peut survenir, notamment avec les pêches au hareng, à la merluche et au calmar dans les régions côtières du Pacifique. Des recherches supplémentaires permettront d’élucider cette menace.

Comme le marsouin commun et ses proies sont des espèces transfrontalières, l’application de mesures d’atténuation adéquates peut nécessiter une collaboration et une coopération supplémentaires avec les gestionnaires des pêches américains. Si des conditions océanographiques changeantes et d’autres facteurs réduisent ou modifient l’abondance ou la disponibilité des proies, la concurrence avec les pêches commerciales pourrait devenir une menace de plus en plus importante.

Les changements naturels survenant dans les processus écosystémiques (également appelés « changements de régime ») découlant d’événements à grande échelle, tels le phénomène El Niño ou l’oscillation décennale du Pacifique, sont récurrents et peuvent affecter la composition des espèces ou d’autres processus intrinsèques au sein de l’habitat côtier du marsouin commun du Pacifique (Francis et al., 1998; Hare et Mantua, 2000). Bien qu’aucun effet important sur les mammifères marins découlant de changements de régime n’ait été observé en Colombie-Britannique, de tels effets à grande échelle affecteraient la disponibilité et la qualité des proies. Les changements touchant le climat peuvent avoir une incidence sur la répartition des marsouins communs et de leurs proies, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des limites politiques canadiennes, ou avoir des effets aigus manifestes, tels que des impacts sur la viabilité de la population ou sur la survie des individus.

L’occurrence d’autres stress physiques peut accroître la vulnérabilité aux maladies et avoir un effet direct sur la survie (p. ex. manque de nourriture). Malgré l’information limitée dont on dispose concernant le régime alimentaire du marsouin commun, le fait que l’on reconnaisse que plusieurs espèces de poissons d’importance commerciale figurent parmi les proies du marsouin commun soulève une inquiétude modérée quant au stress potentiel pour la population (tableau 2). À l’heure actuelle, le régime alimentaire du marsouin commun de la côte ouest de l’Amérique du Nord ainsi que la variabilité saisonnière ou géographique des espèces de proies demeurent mal connus. De nouveaux travaux nous aideront à combler les lacunes dans les connaissances concernant le régime alimentaire et à mieux identifier les espèces proies importantes, ce qui facilitera la mise au point et l’application de mesures de gestion appropriées.

Collisions avec des navires

Comme nombre d’autres cétacés, le marsouin commun se repose près de la surface. Étant donné que l’habitat du marsouin commun chevauche des environnements marins urbanisés, ce comportement le rend davantage vulnérable aux collisions avec des navires. Le Règlement sur les mammifères marins de la Loi sur les pêches protège le marsouin commun ainsi que tous les autres mammifères marins de toute perturbation. En outre, la brochure intitulée « Respectez les baleines! Directives pour l’observation de la faune aquatique à l’intention des plaisanciers et des observateurs », élaborée en collaboration avec les États-Unis, prescrit une distance d’observation minimale de 100 m pour tous les mammifères marins.

Deux cas de collisions entre des navires et des marsouins communs ont été signalés dans les eaux canadiennes depuis deux ans (MPO-PRC, données non publiées). En raison de la difficulté à détecter le marsouin commun sur l’eau (voir « Description de l’espèce ») et de la faible connaissance du public en général à l’égard de cette espèce, les collisions entre des navires et des marsouins communs sont probablement sous-déclarées, ce qui entraîne une sous-estimation du nombre total d’occurrences annuelles de collisions avec des navires dans les eaux de la Colombie-Britannique. Nous avons besoin d’autres renseignements pour évaluer les impacts potentiels de cette menace sur l’abondance de cette espèce à l’échelle locale et de la côte.

1.5.2.2 Menaces naturelles

Les menaces naturelles pesant sur cette population sont celles qui peuvent être amplifiées par les effets synergétiques qui existent entre les facteurs limitatifs ou encore, par d’autres menaces. Ainsi, l’abondance des proies peut être limitée par un changement de régime naturel ou par des menaces anthropiques (p. ex., contamination par des substances toxiques, captures). Même si les menaces naturelles ne peuvent vraisemblablement pas être gérées ni atténuées, elles peuvent avoir un impact sur le marsouin commun du Pacifique et entraîner des déclins des populations. C’est pourquoi il faut établir quels sont les besoins en matière de recherches supplémentaires et assurer un suivi des populations afin de détecter les tendances relatives à l’abondance et à la répartition et ainsi d’établir les effets potentiels des menaces naturelles.

Prédation

Comme le marsouin commun représente environ 15 % du régime alimentaire de l’épaulard migrateur (Ford et al., 2007), les facteurs entraînant un accroissement de ce taux de prédation pourraient amplifier l’impact sur l’abondance du marsouin commun. Comme on ne dispose d’aucune donnée sur la prédation exercée par les requins dans les eaux de la Colombie-Britannique, les impacts potentiels sur la population demeurent incertains. Voir la section « Facteurs limitatifs » pour de plus amples renseignements sur la prédation.

Même s’il ne fait aucun doute que la prédation a un effet limitatif sur la population de marsouins communs, on considère qu’il ne s’agit pas d’une menace majeure entraînant un déclin des populations (tableau 2). Comme la prédation est un évènement naturel, il est impossible d’appliquer directement des mesures pour l’atténuer. Cependant, les menaces anthropiques qui augmentent le risque de prédation, comme la dégradation de l’habitat, peuvent être atténuées ou gérées.

Maladies et parasites

L’étude des causes pathologiques de mortalité chez le marsouin commun dans les eaux de la Colombie-Britannique représente un sujet de recherche émergent. L’examen de carcasses échouées de petits cétacés en

Colombie-Britannique a permis de relever l’incidence d’agents pathogènes ou de parasites, y compris Brucella spp., dans 47 % des cas (Raverty et al., 2007). Étant donné que les marsouins communs échoués présentent souvent de fortes charges parasitaires, cette situation semble être normale pour l’espèce.

L’incidence de Cryptococcus gatti revêt une importance particulière en tant que cause de décès chez le marsouin commun (Raverty et al., 2005; Raverty et al., 2007). Cette infection aux levures est provoquée par un agent pathogène envahissant d’origine terrestre qui est devenu une menace émergente ces dernières années en Colombie-Britannique, tant pour les mammifères terrestres que pour les mammifères marins.

Les effets à l’échelle de la population des agents pathogènes d’occurrence naturelle demeurent inconnus à l’heure actuelle et varient vraisemblablement selon le type d’infection (p. ex. virulente, aiguë et chronique). Le métabolisme élevé des petits cétacés, comme le marsouin commun (A. Hall, comm. pers.), peut entraîner l’apparition plus rapide des symptômes des maladies, ce qui met en relief l’importance de tenir compte des effets synergétiques des facteurs de perturbation. Les effets combinés de ces facteurs peuvent amplifier les conséquences des maladies ou des infections parasitaires (p. ex. Bull et al., 2006; Jepson et al., 2005).

Proliférations d’algues toxiques

Les proliférations algales sont d’occurrence naturelle et saisonnière sur la côte de la Colombie-Britannique, même si l’accroissement de la charge en éléments nutritifs (p. ex. rejets d’eaux usées et ruissellement des terres agricoles) peut modifier la fréquence ou l’intensité des proliférations dans certains secteurs. Les proliférations d’algues toxiques ont provoqué des maladies et des mortalités chez les mammifères marins (Gulland et Hall, 2007), et on a constaté que des neurotoxines d’origine planctonique, comme la saxitoxine (provenant des marées rouges), se liaient aux tissus cérébraux de certains pinnipèdes et cétacés (Trainer et Baden, 1999). Même si elles ne sont pas reconnues de façon précise comme étant une source de mortalité chez les petits cétacés de la côte de la Colombie-Britannique (tableau 2), les proliférations d’algues toxiques sont considérées comme un facteur limitatif pouvant influer sur leur survie en ayant une incidence sur la disponibilité des proies du fait que ces proliférations ont été mises en cause dans des mortalités de poissons en Colombie-Britannique (Taylor et al., 1994). En conséquence, les sources anthropiques de polluants biologiques susceptibles de contribuer aux proliférations algales doivent faire l’objet d’une surveillance et d’une gestion si l’on veut atténuer l’importance de cette menace.

Échouements

Le marsouin commun est l’espèce signalée le plus couramment lorsqu’il y a échouements de petits cétacés en Colombie-Britannique (Baird et Guenther, 1995), bien qu’il n’y ait aucun signalement de marsouin commun échoué vivant en Colombie-Britannique (c.-à-d. que seuls des animaux morts échoués sur le rivage ont été découverts). On trouve, dans la base de données sur les incidents concernant des mammifères marins de Pêches et Océans Canada, 67 échouements signalés de marsouins communs du Pacifique de 2003 à 2008 (MPO-PRC, données non publiées). Les incidents mettant en cause des échouements concernent d’ordinaire un seul animal, et aucun échouement de masse de marsouins communs ou de marsouin commun vivant n’est documenté en Colombie-Britannique. La maladie a été invoquée comme cause possible de décès dans 47 % des autopsies effectuées sur des petits cétacés en Colombie-Britannique (marsouins de Dall et marsouins communs) (Raverty et al., 2007). Toutefois, il n’a pas toujours été possible de déterminer la cause exacte de la mortalité, pas plus qu’il n’a été possible d’établir l’importance des échouements pour l’ensemble de la population. Les menaces susceptibles d’augmenter l’occurrence des échouements peuvent accroître l’effet qu’a actuellement ce facteur naturel sur une population ou sur une sous-unité d’une population. Ainsi, l’utilisation des sonars tactiques a provoqué des échouements de masse chez des baleines à bec dans les Caraïbes (Jepson et al., 2003). Lorsque des marsouins communs vivants échoués sont signalés, des efforts peuvent être déployés pour sauver l’animal lorsque c’est possible.

Hybridation

Comme on le mentionne dans l’évaluation et le rapport de situation mis à jour du COSEPAC de 2003 (Baird, 2003), l’hybridation chez les espèces de mammifères a d’ordinaire lieu lorsqu’une population est en déclin et que son habitat est perturbé. Même si des hybrides de marsouins communs et de marsouins de Dall ont été observés dans les eaux du sud de la Colombie-Britannique (Baird et al., 1998; Willis et al., 2004), l’importance de cette hybridation en tant que menace potentielle susceptible de causer un déclin de la population demeure imprécise. En théorie, si l’incidence de l’hybridation devait augmenter, on pourrait s’inquiéter de l’intégrité génétique du marsouin commun en Colombie-Britannique. Comme les données actuelles laissent sous-entendre que la population de la Colombie-Britannique est constituée de sous-unités stratifiées ayant une faible dispersion ou peu d’échanges génétiques sur une échelle géographique restreinte (Chivers et al., 2002), il est possible que cela augmente la probabilité que la dégradation de l’habitat puisse accroître le risque d’hybridation localisée entre ces espèces.
En conséquence, même si le potentiel d’atténuation est considéré comme faible (tableau 2), la collecte de données sur les observations de marsouins hybrides ainsi que l’atténuation des effets de la dégradation de l’habitat côtier nous aideront à assurer un suivi du risque posé par ce facteur limitatif potentiel et à le réduire.

1.5.2.3 Effets cumulatifs ou synergétiques des menaces/facteurs limitatifs

Pour des populations telles que celles du marsouin commun du Pacifique, qui peuvent vivre sur de petites aires de répartition ou dans des habitats restreints, les effets cumulatifs de n’importe quelle combinaison de menaces anthropiques ou naturelles parmi celles qui sont énumérées peuvent être plus graves que les impacts pouvant découler d’une menace unique pesant sur une population isolée. Comme les effets des menaces et des facteurs limitatifs peuvent être difficiles à distinguer les uns des autres, il devient souvent difficile d’établir avec précision les causes du déclin des populations. Plusieurs études illustrent la possibilité que les agents de perturbation aient des effets négatifs synergétiques sur la santé du marsouin commun. L’existence de corrélations positives entre la contamination par des substances toxiques, les maladies et de fortes charges en parasites a été documentée pour le marsouin commun (Jepson et al., 2005; Bull et al., 2006). Ces preuves d’effets combinés occasionnés par des stress sur le marsouin commun, jumelées aux incertitudes concernant l’abondance de la population et la possibilité d’existence de sous-populations, démontrent bien qu’il faut mener des recherches afin d’atténuer adéquatement les stress qui affectent cette population en Colombie-Britannique. En conséquence, des programmes de recherche ciblés et des activités de surveillance à long terme joueront un rôle important dans les prévisions concernant les effets sur l’ensemble de la population.

La Loi sur les espèces en péril (LEP) promulguée par le gouvernement fédéral exige que des plans de gestion soient élaborés pour les espèces préoccupantes telles que le marsouin commun du Pacifique, ce qui a entraîné l’élaboration du présent plan de gestion. Même si aucune mesure de gestion n’a été prise pour assurer expressément la conservation du marsouin commun du Pacifique, plusieurs mesures déjà prises pour protéger et préserver d’autres espèces et écosystèmes de l’environnement marin peuvent se révéler utiles pour la gestion de cette population. Les mesures et les initiatives énumérées ci-après peuvent atténuer les stress ou fournir des occasions intéressantes d’acquisition de connaissances ou de sensibilisation de la population. On peut avoir inscrit des mesures déjà mises en œuvre dans la section 2.3 (Mesures) et dans la section 4 (Plans connexes) afin de promouvoir leur achèvement ou d’accroître leur efficacité pour les besoins de la protection du marsouin commun.

Le marsouin commun est actuellement protégé en vertu des lois, politiques et protocoles suivants:

Des stratégies de conservation marine pour les espèces de mammifères marins en péril ont été proposées au moment de la promulgation de la LEP, en 2003. Ces documents recommandent des mesures pour la protection des espèces de mammifères marins. Dans un contexte plus vaste, ces mesures de gestion peuvent également profiter au marsouin commun du Pacifique. Voir la section 4.0, Plans connexes, pour connaître les plans de rétablissement particuliers ainsi que les mesures concernant la protection et la gestion du marsouin commun en Colombie-Britannique.

La réalisation d’efforts supplémentaires de recherche pour combler les lacunes dans les données nous aidera à élaborer des mesures de gestion pour protéger le marsouin commun en Colombie-Britannique. Dizon et al. (1992) laissent sous-entendre qu’il est particulièrement important de combler les lacunes concernant la structure des populations des espèces lorsque vient le temps d’élaborer des stratégies de conservation.

Les paramètres du cycle biologique du marsouin commun semblent varier d’une région à l’autre (Gaskin et Blair, 1977; van Utrecht, 1978; Gaskin et al., 1991; Baird, 2003). Ainsi, en obtenant des précisions quant aux taux de reproduction, à la longévité et à l’âge à la maturité sexuelle chez les marsouins communs vivant en Colombie-Britannique, nous serons davantage en mesure de déterminer les taux de croissance démographique potentiels. En outre, l’étude de la structure des âges et des sexes au sein de la population viendra compléter ces efforts et pourra nous donner une indication préliminaire de la santé de la population. Les études en cours sur le patrimoine génétique du marsouin commun de la côte ouest de l’Amérique du Nord demeureront axées sur des questions concernant la stratification potentielle de la population ainsi que sur la dispersion locale et régionale. Les renseignements sur la structure génétique des stocks permettront de mieux comprendre les menaces qui pèsent sur les populations et d’assurer la gestion du marsouin commun vivant en Colombie-Britannique.

Même si l’on sait que le marsouin commun habite des zones côtières un peu partout sur la planète, l’utilisation de l’habitat par le marsouin commun en Colombie-Britannique, à l’extérieur de la partie sud du détroit de Juan de Fuca et du détroit de Haro, demeure mal connue. Comme c’est le cas pour tous les cétacés, l’utilisation de l’habitat est vraisemblablement fonction avant tout de la disponibilité des espèces proies. Même si l’on sait que le marsouin commun s’alimente de poissons fourrages et de calmars (Walker et al., 1998; Hall, 2004), on ne sait pas quelles espèces sont des proies importantes sur le plan saisonnier ou régional. En outre, on ne sait pas quelles zones particulières de l’habitat principal peuvent être importantes pour la reproduction, la mise bas, l’alimentation et d’autres besoins du cycle biologique du marsouin commun.

Parmi les incertitudes entourant l’ampleur des menaces ou les facteurs limitatifs, mentionnons les suivantes :

Malgré l’incertitude entourant la biologie de l’espèce ou les besoins en matière de conservation, il convient de mettre en œuvre des mesures de gestion qui peuvent réduire le risque d’effets des menaces sur la population.

Le but du plan de gestion du marsouin commun du Pacifique est de maintenir une population autonome dans son aire de répartition connue dans les eaux canadiennes du Pacifique.

Comme il existe une grande incertitude concernant le nombre de marsouins communs qui utilisent l’habitat disponible en Colombie-Britannique, il n’est pas prudent d’établir un but en fonction d’un nombre donné d’individus. Il est plutôt prioritaire de soutenir la population de marsouins communs du Pacifique afin qu’elle maintienne une abondance assurant son autonomie. Comme il subsiste des lacunes dans les connaissances concernant la structure du stock, le maintien du potentiel génétique et la diversité comportementale (c.-à-d. les sous-unités de population), il peut être important de préserver les caractéristiques uniques de cette population afin d’éviter qu’elle ne devienne « menacée » ou « en voie de disparition ». Comme le marsouin commun se déplace entre les eaux canadiennes et américaines, le rôle du Canada en matière de gestion sera axé sur la protection de la population au Canada et de contribuer aux initiatives de recherche et de conservation mises en œuvre aux États-Unis, lorsque cela est possible. Il faudra également se pencher sur les lacunes dans les connaissances concernant la biologie du marsouin commun (voir section 1.7) et les menaces afin d’atteindre le but établi.

D1 Maintenir l’aire d’occupation et de répartition actuelle de la population sur la côte de la Colombie-Britannique.

Il existe peu d’estimations de l’abondance du marsouin commun en Colombie-Britannique et dans l’État de Washington (Calambokidis et al., 1997; Hall, 2004; NMFS, 2006; Williams et Thomas, 2007). Malgré certaines incertitudes entourant les estimations de l’abondance, le maintien d’une abondance égale ou supérieure aux estimations de l’abondance actuelle moyenne en été dans les eaux intérieures de la Colombie-Britannique (9120 individus, coefficient de variation (CV) en pourcentage = 40,3 %), de même qu’une abondance égale ou supérieure à l’abondance locale en été dans le détroit de Juan de Fuca (moyenne établie sur cinq ans de 860 individus, CV = 19,7 %) constitue un point de départ préliminaire pour faciliter l’établissement de cibles de conservation mesurables pour cette population. L’utilisation d’indices de suivi de l’abondance à des emplacements clés nous aidera à atteindre ces objectifs (P1, P2). Il faut aussi s’atteler à l’objectif de recherche relatif à l’étude des niveaux de mortalité causée par l’homme (R4) qui ne compromettront pas la possibilité d’atteindre les objectifs P1 et P2 si l’on veut être en mesure de déterminer si ces objectifs ont été atteints ou s’ils peuvent l’être dans les conditions actuelles. Une évaluation récente reposant sur des données actuelles, quoique peu nombreuses, porte à croire que les niveaux de mortalité d’origine anthropique sont suffisamment élevés pour entraîner des effets sur les populations (Williams et al., 2008). Le travail de mise en œuvre de ce plan de gestion exigera notamment de déterminer les répercussions sur la gestion associées aux seuils de mortalité trouvés.

Lorsque de nouvelles données seront disponibles, il faudra vraisemblablement passer en revue les objectifs relatifs à la population et à la répartition afin de tenir compte des progrès accomplis dans les connaissances scientifiques et assurer une conservation prudente de la population. Du point de vue de la gestion canadienne, la priorité demeure la réalisation de recherches pour mieux définir la répartition et l’effectif de marsouins communs dans les eaux de la Colombie-Britannique.

Au cours des dix prochaines années, les objectifs en matière de recherche à atteindre seront les suivants :

D’importantes lacunes dans les connaissances subsistent en ce qui concerne la biologie en général et le rôle écologique du marsouin commun du Pacifique, et le fait de se pencher sur ces lacunes dans les connaissances concernant le marsouin commun dans les eaux de la Colombie-Britannique au cours des dix prochaines années nous aidera à orienter les efforts de gestion. Même s’il faut consentir des efforts en matière de recherche pour atténuer les incertitudes en lien avec les menaces pesant sur la population, il demeure tout de même plus important de se pencher sur les questions concernant la biologie en général (objectif R3) à l’heure actuelle. Les efforts consentis pour atteindre les objectifs de recherche R1 à R3 nous fourniront des données qui faciliteront l’évaluation du niveau de mortalité d’origine anthropique soutenable (R4). Le modèle des prélèvements biologiques potentiels a été élaboré et est utilisé à grande échelle aux États-Unis (Wade, 1998). Des travaux récents effectués par Williams et al. (2008) nous fournissent des analyses préliminaires de l’adéquation de ce modèle pour la population de marsouins communs de la Colombie-Britannique. La collaboration avec des chercheurs américains contribuera à la constitution d’un corpus de connaissances grandissant sur le marsouin commun de la côte ouest de l’Amérique du Nord.

Au cours des dix prochaines années, les objectifs de gestion à atteindre seront les suivants:

L’emprisonnement et l’emmêlement dans des engins de pêche, la dégradation de l’habitat, les déversements catastrophiques, la perturbation acoustique et les contaminants sont considérés comme étant les principales menaces pesant sur les marsouins communs du Pacifique (tableau 2). Malgré les lacunes dans les données concernant ces menaces, les objectifs de gestion susmentionnés visent à améliorer la gestion des activités qui entraînent un stress pour la population afin de protéger de façon proactive le marsouin commun dans les eaux de la Colombie-Britannique. Si l’on ajoute à cela des efforts de recherche visant à étudier les seuils de mortalité d’origine anthropique et à combler les lacunes dans les connaissances, il sera plus facile d’atteindre le but mentionné et de contribuer à une gestion efficace de la mortalité causée par l’homme. Comme toutes ces menaces sont également présentes à l’extérieur du territoire canadien, le soutien à la collaboration internationale contribuera aux efforts de conservation transfrontaliers.

Les menaces qui ont été évaluées comme étant d’importance faible ou inconnue ne font pas l’objet d’objectifs particuliers ni de nouvelles recommandations en matière d’atténuation; les lacunes dans les connaissances se rapportant à ces menaces seront plutôt comblées par des moyens opportunistes ou peu coûteux lorsque cela est possible. Les effets de certaines menaces ont une incidence sur les individus et n’affectent pas l’ensemble de la population. Lorsque l’applicabilité de mesures d’atténuation est élevée (tableau 2) et que des ressources sont disponibles, il est prudent de gérer ces menaces et d’atténuer leurs effets.

Le but des mesures suivantes (non énumérées par ordre de priorité) est de soutenir les buts et les objectifs en matière de gestion décrits aux sections 2.1 et 2.2 afin de faire en sorte que le marsouin commun ne devienne pas une espèce inscrite comme étant « menacée » ou « en voie de disparition ». Nombre des mesures décrites ci-après sont en cours (voir section 1.6, Mesures déjà prises ou en cours) et peuvent être présentées dans d’autres documents de planification du rétablissement (voir la section 4, Plans connexes). La synchronisation des activités de protection, de gestion et de recherche énumérées facilitera l’application d’une approche plurispécifique pour la conservation des mammifères marins en Colombie-Britannique et permettra une utilisation efficace des ressources disponibles. On recommande la prise de mesures lorsque leur mise en œuvre est jugée pratique et réalisable et lorsque ces mesures sont les plus susceptibles d’assurer une protection appropriée à la population de marsouins communs de la Colombie-Britannique.

Lorsqu’il a été établi que la responsabilité des mesures relève de Pêches et Océans Canada, la mise en œuvre de celles-ci sera effectuée directement, pour autant que le permet la disponibilité des ressources financières et autres. Cependant, la collaboration avec d’autres agences et organismes responsables sera nécessaire dans certains cas pour assurer la mise en œuvre des mesures en question. Si la responsabilité des mesures à mettre en œuvre ne relève pas du mandat ou du champ de compétences de Pêches et Océans Canada, l’octroi d’un soutien pour la mise en œuvre de la ou des mesures et la contribution aux efforts seront prioritaires lorsque cela est possible. Les agences et organismes participants ainsi que les calendriers de mise en œuvre pour chacune des mesures énumérées sont présentés au tableau 4. Les organismes qui participent actuellement à la collecte de données sur le marsouin commun du Pacifique sont présentés, quant à eux, à l’annexe II.

Comme c’est le cas pour tous les cétacés, la population de marsouins communs du Pacifique est protégée en vertu du Règlement sur les mammifères marins de la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral. Toutefois, une protection supplémentaire peut être requise du fait que la Loi sur les pêches ne donne pas d’orientation particulière sur la réduction, la prévention ou la gestion de la mortalité accidentelle.

Les mesures requises pour la gestion des principales menaces sont énumérées ci-après. Même si les contaminants sont inscrits comme étant une menace majeure pour le marsouin commun, la gestion de la contamination chimique et biologique relève d’Environnement Canada.

Les domaines suivants sont considérés comme prioritaires et doivent faire l’objet d’activités de recherche qui combleront les principales lacunes dans les connaissances entourant la biologie de l’espèce. Lorsque cela est possible, Pêches et Océans Canada favorisera l’exécution des efforts de recherche suivants. D’autres domaines de recherche potentiels sont indiqués dans les sections précédentes du présent plan de gestion (voir la section 1.7, Lacunes dans les connaissances) et doivent également être pris en considération quant à leur utilité pour soutenir les efforts consentis sur les sujets énumérés ci-après.

Pêches et Océans Canada encourage d’autres agences et organismes à participer à la conservation du marsouin commun du Pacifique dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan de gestion. Les agences énumérées au tableau 3 ont été identifiées en tant que partenaires de mise en œuvre des mesures recommandées.

Le tableau 4 résume les mesures qui sont recommandées pour appuyer les buts et objectifs de la gestion. Les activités mises en œuvre par Pêches et Océans Canada seront fonction des ressources financières et autres disponibles. Au besoin, des partenariats avec des organismes et des secteurs particuliers nous permettront de disposer de l’expertise et des ressources nécessaires pour mener à bien les mesures indiquées. Toutefois, cette liste n’est présentée qu’à titre indicatif pour les autres organismes, et la mise en œuvre de ces mesures sera fonction des priorités et des contraintes budgétaires de chaque organisme. Les organismes qui recueillent actuellement des données sur le marsouin commun du Pacifique figurent à l’annexe II.

Les mesures de gestion décrites dans ce plan doivent être mises en œuvre, lorsque cela est approprié, en partenariat avec les organismes suivants.

Organisme Acronyme
Pêches et Océans Canada MPO
Marine Mammal Response Network MMRN
Ministère de la Défense nationale MDN
Environnement Canada EC
Transports Canada TC
Ressources naturelles Canada RNCan
Garde côtière canadienne GCC
Office national de l’énergie ONE
Premières nations PN
Gouvernement de la Colombie-Britannique Gouv. de la C.-B.
Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêches MAAP
Vancouver Aquarium Marine Science Centre VAMSC
B.C. Cetacean Sightings Network B.C.CSN
Straitwatch Straitwatch
Universités menant des programmes de recherche pertinents Universités
U.S. National Marine Fisheries Service,
National Oceanic & Atmospheric Administration,
National Marine Mammal Lab
NOAA
Pacific Whale Watch Association PWWA
Organisations non gouvernementales de l’environnement ONGE
À déterminer
Mesure Obj. Priorité Menaces ou préoccupations étudiées Agences participantes * Échéancier
Protection
1. Examiner le protocole du MDN concernant l’utilisation de sonars tactiques et le réviser au besoin. P2; D1; M4 M Blessures aux animaux imputables à l’utilisation de sonars tactiques; déplacement à long terme hors de l’habitat. MPO, MDN À déterminer
2. Protéger la population contre les perturbations physiques, les interactions avec des navires et le stress dû aux bruits chroniques.
a) Achever les modifications au RMM. D1; M2 M Protection accrue contre les perturbations physiques et acoustiques; collisions avec des navires. MPO En cours, achèvement prévu dans 1 an
b) Poursuivre la mise en application du RMM et d’autres règlements, et promouvoir les lignes directrices régionales. D1; M2 M Protection continue contre les perturbations physiques et acoustiques; collisions avec des navires. MPO, GCC En cours
Gestion
3. Élaborer des programmes de recherche concertée. De R1 à R5; de M1 à M6. É Traitement des lacunes dans les données; menaces; biologie de l’espèce; soutien à la recherche indépendante; prévention du chevauchement des efforts. MPO, Universités, PN, PWWA, à déterminer Application immédiate
4. Renforcer les mesures visant à réduire le risque d’emmêlement dans des installations aquicoles et des engins de pêche.
a) Recueillir des données pour formuler des avis sur les mesures d’atténuation du risque d’emmêlement dans des engins de pêche.
i) Continuer de fournir des données sur les prises accessoires et les emmêlements dans des engins de pêche. R4; R5; P1; P2 É Tenue d’une base de données sur les incidents; réseaux; collecte de données. MPO, à déterminer En cours
ii) Poursuivre l’élaboration de normes et de lignes directrices concernant les rapports des observateurs des pêches; identification des espèces, collecte de données. P1; P2; D1; R4; R5; M1 É Précision de l’ampleur des interactions avec les pêches. MPO, industrie des pêches, à déterminer 1 an
b) Élaborer des méthodes pour réduire le risque d’emmêlement dans les filets maillants utilisés dans la pêche au saumon.
i) Passer en revue la faisabilité de la mise en œuvre de dispositifs de dissuasion acoustique sur les filets maillants utilisés dans la pêche au saumon en tant que mesure d’atténuation temporaire d’urgence dans les zones névralgiques où les taux d’emmêlements sont importants. P1; P2; D1; M1 M Atténuation d’urgence du risque d’emmêlement dans des engins de pêche. MPO, industrie des pêches 3 ans
ii) Passer en revue la faisabilité de mettre en œuvre l’utilisation de filets enduits de sulfate de baryum pour une réduction à long terme du risque d’emmêlement. P1; P2; D1; M1 É Réduction à long terme du risque d’emmêlement dans des engins de pêche. MPO, industrie des pêches 1 an
iii) Envisager l’utilisation d’autres types d’engins de pêche (lorsque de l’information à ce sujet sera disponible) afin de réduire le risque d’emmêlement. P1; P2; D1; M1 É Réduction du risque d’emmêlement dans des engins de pêche. MPO, industrie des pêches Lorsque de l’information sur d’autres types d’engins de pêche sera disponible
c) Élaborer, examiner et mettre en œuvre des protocoles en aquiculture afin de réduire le nombre d’emmêlements dans les installations.
i) Terminer l’élaboration des exigences en matière de déclaration des emmêlements dans les installations aquicoles; identification des espèces, collecte de données, délai pour les déclarations. P1; P2; D1;R5; M1 FM Réduction du risque d’emmêlement dans des engins de pêche. MPO, industrie des pêches 4 ans
ii) Élaborer des normes opérationnelles pour atténuer le risques d’emmêlements dans les sites aquicoles non exploités. P1; P2; D1; M1 FM Réduction du risque d’emmêlement dans des engins de pêche. MPO, industrie des pêches 4 ans
5. Gérer et réduire les apports de substances chimiques introduites dans l’habitat du marsouin commun.
a) Élaborer des mesures propres aux mammifères marins et les inclure dans les programmes d’intervention en cas de déversement catastrophique.
i) Élaborer un plan d’intervention d’urgence pour faire participer des experts en mammifères marins aux initiatives d’intervention en cas de déversement. P2; M2; M3; M5; M6 É Intervention efficace et coordonnée en cas de déversement de substances toxiques qui affectent les mammifères marins. MPO, EC, GCC, gouv. de la C.-B., TC, NOAA 1 an
ii) Élaborer un manuel opérationnel propre aux mammifères marins. P2; M2; M3; M5; M6 É Intervention progressive efficace et coordonnée en cas de déversement de substances toxiques; collecte de données normalisée; surveillance. MPO, EC, GCC, gouv. de la C.-B., TC, NOAA 1 an
b) Effectuer un examen et un suivi régulier des sources de contamination ponctuelles recensées dans l’habitat connu du marsouin commun dans les eaux de la Colombie-Britannique.
i) Passer en revue la gestion des sources ponctuelles de contaminants chimiques afin d’évaluer l’utilité des seuils de contamination fédéraux, provinciaux et régionaux (produits chimiques énumérés à l’annexe 1). P1; P2; M2; M3; M5; M6 Utilité des lignes directrices et des seuils relativement aux effets physiologiques sur les mammifères marins occasionnés par la charge en contaminants dans l’habitat et chez les proies. EC, Gouv. de la C.-B., municipalités À déterminer
ii) Assurer un suivi régulier de ces sources ponctuelles afin d’évaluer leur conformité aux lignes directrices fédérales, provinciales et régionales qui déterminent les seuils à respecter. P1; P2; M2; M3; M5; M6 Conformité aux lignes directrices et aux seuils pour les contaminants rejetés dans l’environnement; charge en contaminants dans l’habitat et chez les proies. EC, Gouv. de la C.-B., municipalités À déterminer
iii) Élaborer des règlements pour les PCTBP nouveaux et émergents, en particulier les PBDE. P1; P2; M2; M3; M5; M6 Élaboration de lignes directrices mesurables et de règlements pour la gestion des PCTBP. EC, Gouv. de la C.-B., municipalités Publication du Règlement sur les PBDE de la LCPE en juillet 20088
6. Poursuivre la délivrance de permis pour des activités de recherche, de surveillance et d’évaluation menées à l’extérieur du MPO. R1 à R5; M6 É Clarification des menaces; biologie de l’espèce, soutien à la recherche indépendante; prévention du chevauchement des efforts. MPO, à déterminer En cours
7. Soutenir le programme du MMRN. R4; R5 FM Collecte de données normalisée sur les incidents; autopsies. MPO, PWWA, à déterminer En cours
Recherche
8. Relevés menés à partir de navires de reconnaissance pour estimer l’abondance sur l’ensemble de la côte. Relevés aériens lorsque c’est possible. R1;R2; R3; R5; M6 É Estimations de l’abondance; répartition saisonnière. À déterminer, MPO, ONGE, NOAA, universités 1 an
9. Élaborer des méthodes pour les études portant sur les besoins en matière d’habitat et d’alimentation.
a) Déterminer les espèces proies importantes sur le plan saisonnier ainsi que les besoins nutritionnels du marsouin commun dans les eaux de la C.-B. P1; P2; R1; R3 Besoins en matière d’alimentation. MPO, ONGE, universités, NOAA 2 ans
b) Soutenir, dans la mesure du possible, la tenue de relevés par télémesure. D1; R1; R3 FM Utilisation saisonnière de l’habitat, principales zones importantes. À déterminer, MPO, ONGE, NOAA, universités 4 ans
10. Déterminer l’aire de répartition et l’occurrence saisonnière dans les eaux de la Colombie-Britannique.
a) Partager des données sur le marsouin commun provenant de relevés effectués par des navires de reconnaissance. D1; R1; R3; R5 É Partage de données; répartition saisonnière. MPO, ONGE, universités, NOAA, à déterminer 1 an
b) Partager des données sur le marsouin commun provenant d’ensembles de télésurveillance acoustique. D1; R1; R3 É Partage de données; répartition saisonnière. MPO, ONGE, universités, NOAA, à déterminer 1 an
11. Participer aux analyses génétiques en recueillant des échantillons de tissus, lorsque c’est possible. R3 F Détermination de la structure du stock; variabilité génétique au sein de la population. MPO, NOAA, à déterminer, ONGE, universités Sur une base opportuniste
12. Évaluer l’âge des animaux échoués en procédant à des autopsies, au moyen de techniques de détermination de l’âge acceptées, lorsque c’est possible. R3 FM Intervention en cas d’échouement, collecte d’échantillons, détermination de la structure des âges. MPO, MAAP, NOAA, à déterminer En cours
Surveillance et évaluation
13. Assurer un suivi de l’abondance régionale et saisonnière.
a) Participer à la détermination de la fréquence des relevés nécessaire pour assurer un suivi de l’abondance régionale et saisonnière. P2; D1; R1; R2 R3; M6 Élaboration de méthodes à utiliser dans le cadre des relevés. À déterminer, MPO, NOAA, ONGE, universités 3 ans
b) Participer aux choix de sites repères appropriés pour les besoins du suivi à long terme dont il est question à la mesure 13a. P2; D1; R1; R2 R3; M6 Choix des sites appropriés pour les relevés. À déterminer, MPO, NOAA, ONGE, universités 3 ans
c) Soutenir, dans la mesure du possible, les relevés terrestres ou effectués à partir de navires afin d’exécuter les activités prévues aux points 13a et b. P2; D1; R1; R2 R3; R5 M6 Détermination de l’abondance locale. À déterminer, MPO, NOAA, ONGE, universités 3 ans
d) Soutenir, dans la mesure du possible, la réalisation d’analyses photographiques d’individus à l’appui des mesures 13a, b et c. P2; D1; R1; R2 R3; M6 FM Détermination de l’occurrence saisonnière; fidélité au site; déplacements. À déterminer, MPO, NOAA, ONGE, universités 4 ans
14. Continuer de soutenir la collecte de données sur les observations. R1 M Répartition et occurrence; menaces; collecte de données. MPO, B.C.CSN, PWWA En cours
15. Mener des évaluations de la vulnérabilité aux menaces identifiées.
a) Coordonner la collecte de carcasses d’animaux échoués qui seront autopsiées et le prélèvement d’échantillons de tissus. R3; R4 Détermination des causes de mortalité; charge en contaminants et en agents pathogènes, détermination de l’âge, intervention en cas d’échouement. MPO, MAAP, NOAA, à déterminer En cours
b) Tenir à jour une base de données des incidents déclarés mettant en cause des marsouins communs. R4: R5 Précision de l’ampleur des menaces; emmêlement; prises accessoires; déversements de substances toxiques; perturbation acoustique. MPO, à déterminer En cours
16. Évaluer le potentiel d’interaction avec les pêches.
a) Utiliser les données sur l’occurrence saisonnière et les sites de pêche afin de déterminer le risque de prises accessoires. P1; P2; D1; R3; R4; M1 Précision de l’ampleur des menaces; emmêlement; prises accessoires À déterminer, MPO, NOAA 2 ans, selon les résultats au point 10.
b) Évaluer le potentiel de concurrence pour les ressources en utilisant les résultats de recherches sur le régime alimentaire du marsouin commun et les niveaux de prélèvement de harengs et de merluches. P1; P2; D1; R3; R4 M Détermination du risque potentiel de limitation de la disponibilité des proies. MPO, NOAA, à déterminer, universités 3 ans, en fonction des résultats obtenus à la mesure 9a
Vulgarisation et communication
17. Favoriser l’établissement des réseaux de communication.
a) Établir des réseaux de communication intra- et inter-agences. P2; D1; M2; M3; M5; M6 É Communication efficace pendant les interventions en cas de déversement catastrophique; réduction du risque d’emmêlement dans des engins de pêche. MPO, EC, GCC, gouv. de la C.-B., TC, municipalités, ONGE, industries, NOAA, MDN, à déterminer 1 an
b) Faire la promotion du RMM et des lignes directrices énoncées dans la brochure « Respectez les baleines! ». P2; D1; M6 M Réduction de la perturbation physique et acoustique chronique; vulgarisation, communication. MPO, PWWA, ONGE, Straitwatch En cours
c) Favoriser les programmes d’éducation sur la perturbation acoustique chronique, la dégradation de l’habitat et l’emmêlement dans des engins de pêche. P2; D1; M1; M2; M4; M6 FM Soutien au programmes indépendants; vulgarisation; communication; perturbation acoustique; dégradation de l’habitat; emmêlements dans des engins de pêche. MPO, B.C.CSN, Straitwatch, ONGE, PWWA, à déterminer 5 ans
d) Collaboration transfrontalière et intergouvernementale. Tous les objectifs É Partage de données; soutien aux programmes menés en collaboration. MPO, NOAA, PN, PWWA, ONGE, MDN, à déterminer Application immédiate
* Les agences gouvernementales et organisations non gouvernementales sont présentées à titre indicatif, et leur désignation n’oblige pas celles-ci à mettre en œuvre la mesure inscrite. La mise en oeuvre des mesures sera fonction des priorités et des contraintes budgétaires de chaque organisme ou agence.

Les documents dont il est question ci-après sont des plans ou des programmes de rétablissement qui relèvent des menaces pesant sur d’autres espèces de mammifères marins en péril et qui contiennent des recommandations à l’égard des mesures d’atténuation des menaces identifiées semblables à celles dont il est question dans le présent plan de gestion du marsouin commun du Pacifique au Canada. La mise en œuvre des mesures mentionnées (section 2.3) dans le présent document et les plans et programmes de rétablissement décrits ci-après offriront une approche plurispécifique et plurigouvernementale axée sur la conservation des mammifères marins sur la côte ouest de l’Amérique du Nord.

Tableau 5. Détails sur les termes utilisés pour l’évaluation des menaces pesant sur la population de marsouins communs du Pacifique.
TERMES CLASSIFICATION DÉFINITIONS
Incertitude Faible L’effet de la menace présente un lien causal avec la diminution de la viabilité de la population et est susceptible d’entraîner l’échec de l’atteinte des objectifs du plan de gestion.
Moyenne L’effet de la menace est corrélé avec la diminution de la viabilité de la population et a une incidence négative sur les objectifs du plan de gestion.
Élevé L’effet négatif de la menace sur la viabilité de la population ou sur l’atteinte des objectifs du plan de gestion est présumé ou plausible.
Gravité Négligeable La menace n’a pas d’effet détectable sur la population.
Faible Les effets de la menace sont sublétaux et entraîneront probablement des changements de comportement à court terme.
Modérée Les effets de la menace entraînent des changements comportementaux ou physiologiques chroniques (p. ex. possibilité de déplacement à long terme hors de l’habitat).
Élevée Les effets de la menace sont létaux.
Inconnue L’information disponible est insuffisante pour que l’on puisse établir la mesure dans laquelle la menace peut affecter la viabilité de la population.
Potentiel
d’atténuation
Faible La mise en œuvre de mesures pour atténuer ou éviter les impacts sur la viabilité de la population est impossible ou sera vraisemblablement un échec.
Modéré La mise en œuvre de mesures pour atténuer ou éviter les impacts sur la viabilité de la population est faisable et susceptible de donner certains résultats.
Élevé La mise en œuvre de mesures pour atténuer ou éviter les impacts sur la viabilité de la population est en cours et il devrait être très facile d’appliquer, à l’avenir, des mesures qui seront vraisemblablement très fructueuses.
Inconnu L’information disponible ne nous permet pas d’établir s’il est possible d’atténuer les effets de la menace.

Le tableau suivant est tiré de la version finale du Programme de rétablissement des épaulards résidents du Nord et du Sud (MPO, 2008).

Polluant Utilisation/source Persistant Bioaccumulatif Risques
DDT
Dichlorodi-phényle trichloroéthane
Pesticide utilisé dans certains pays, banni en Amérique du Nord, persiste dans les eaux de ruissellement 30 ans après l’interdiction d’usage, pénètre dans l’atmosphère à partir des régions où il est encore en usage. oui oui Troubles de la reproduction, immunosuppression, effets sur les glandes surrénales et thyroïdiennes.
BPC
Biphényles polychlorés
Transformateur électrique et fluide de condensateur, usage restreint en Amérique du Nord, mais pénètre dans l’environnement par les eaux de ruissellement, les déversements accidentels et l’incinération. oui oui Troubles de la reproduction, anomalies squelettiques, immunotoxicité et perturbations endocriniennes.
Dioxines et furanes Sous-produit du blanchiment au chlore, de la fabrication du bois et de la combustion incomplète. Les usines représentent maintenant une source moins importante. Les sources courantes comprennent la combustion de bois chargé de sel, les incinérateurs municipaux, la combustion résidentielle de bois de chauffage et de déchets de bois, les eaux de ruissellement provenant des boues d’épuration et le traitement du bois. oui oui Dommages au thymus et au foie, anomalies congénitales, troubles de la reproduction, perturbations endocriniennes, immunotoxicité et cancer.
HAP
Hydrocarbures aromatiques polycycliques persistants
Sous-produit de la combustion de carburant, fusion de l’aluminium, traitement du bois, déversements accidentels d’hydrocarbures, usines métallurgiques et cokeries, usines de pâtes et papiers. oui non Cancérogène.
Ignifuges, surtout PBB et PBDE
Éthers diphényliques polybromés
Ignifuges; dans les composants électriques et boîtiers de téléviseurs et d’ordinateurs, dans le textile et les rembourrages dans les automobiles, très répandu dans l’environnement. Deux des trois PBDE sont bannis en Europe. Ces deux mêmes produits ont été retirés du marché en Amérique du Nord en 2005, mais un produit (décaPBDE) est encore utilisé à l’échelle mondiale. oui oui Perturbations endocriniennes, dommages au foie et à la thyroïde.
PFO
Perfluro-octane sulfonate
Agents antitaches, hydrofuges et oléofuges (présent dans le Scotchgard jusqu’à tout récemment), mousse extinctrice, ignifuges, insecticides et frigorigènes, très répandu dans l’environnement. oui oui (dans le sang, le foie, les reins et les muscles) Favorise la croissance de tumeurs.
TBT, DBT
Tributylétain Dibutylétain
Pesticide (peinture antisalissures) utilisé sur les navires. oui oui Inconnu, mais associé récemment à une perte de l’ouïe.
PCP
Paraffines polychlorées
Ignifuges, plastifiants, peintures, agents de scellement et additifs utilisés dans les huiles lubrifiantes. oui oui Perturbations endocriniennes.
PCN
Naphtalènes polychlorées
Isolants pour navires, fils électriques et condensateurs, additif pour huiles de moteur, incinérateurs municipaux et fabriques de chlore et de soude caustique, contaminant dans les BPC. oui oui Perturbations endocriniennes.
APE
Alkylphénols éthoxylés
Détergents, shampooings, peintures, pesticides, plastifiants, usines de pâtes et papiers, industrie du textile, présents dans les effluents d’eaux usées et les sédiments. modéré modéré Perturbations endocriniennes.
TPC
Terphényles polychlorés
Ignifuges, plastifiants, lubrifiants, encres et agents de scellement, pénètre dans l’environnement par les eaux de ruissellement. oui oui Perturbations endocriniennes et troubles de la reproduction.
Références : Grant et Ross, 2002, principalement, mais aussi Lindstrom et al., 1999, Hooper et MacDonald, 2000, Kannan et al., 2001, Hall et al., 2003; Van deVijver et al., 2003, Rayne et al., 2004, et Song et al., 2005.

Organismes qui participent actuellement à la recherche sur le marsouin commun du Pacifique en Colombie-Britannique.

Le marsouin commun du Pacifique est inscrit en tant qu’« espèce préoccupante » à l’annexe I de la Loi sur les espèces en péril (LEP). En tant qu’espèce aquatique, il relève de la compétence du gouvernement fédéral et est géré par Pêches et Océans Canada (MPO), 200 -– 401, rue Burrard, Vancouver, Colombie-Britannique, V6C 3S4.

Peu de gens, au Canada ou ailleurs, possèdent des connaissances scientifiques, techniques, traditionnelles ou locales sur le marsouin commun du Pacifique. En conséquence, le MPO a constitué un petit groupe de travail interne rassemblant des experts en sciences et en gestion et l’a chargé d’élaborer une ébauche du présent plan de gestion.

En novembre 2007, on a tenu un atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés afin de partager les connaissances et l’expertise sur un certain nombre d’« espèces préoccupantes » de cétacés pour lesquelles des plans de gestion ont été élaborés. Un groupe d’experts scientifiques et techniques, y compris des chercheurs indépendants et des représentants d’organisations non gouvernementales de l’environnement et du personnel gouvernemental (fédéral et provincial) tant du Canada que des États-Unis, ont été invités à participer à cet atelier. On a également envoyé une lettre d’invitation à l’ensemble des Premières nations vivant sur la côte afin de les inviter à participer à l’atelier. Celui-ci s’est révélé un outil fort utile pour aider le groupe de travail interne du MPO à rédiger l’ébauche du plan de gestion du marsouin commun du Pacifique au Canada. Étant donné que la population visée par le présent plan de gestion fréquente à la fois les eaux canadiennes et américaines, on a tenté d’obtenir de l’information et la collaboration des ressources gouvernementales et non gouvernementales des deux pays.

Une version provisoire du plan de gestion a été affichée sur le site Web de la région du Pacifique du MPO pendant une période de commentaire publique allant du 7 au 12 mai 2008. Ces consultations ont été menées principalement sur le Web, et on a également effectué des envois postaux à toutes les Premières nations vivant sur la côte. Une ébauche initiale du plan de gestion, un guide de discussion et un formulaire de rétroaction ont été fournis. En outre, un message annonçant l’élaboration du plan de gestion a été envoyé à MARMAM, un service de diffusion d’information sur les mammifères marins ayant un vaste réseau de distribution local et international auprès des chercheurs sur les mammifères marins et des parties intéressées, ainsi qu’à des ressources liées aux baleines figurant sur une liste d’envoi fournie au MPO ces dernières années par des groupes de défense de l’environnement, des organisations non gouvernementales, des organismes gouvernementaux et le secteur de l’écotourisme. Le plan de gestion proposé a été affiché pour commentaires sur le registre public de la LEP du 25 septembre au 24 octobre 2009. Un message annonçant la publication du plan sur le registre a été envoyé aux participants de l’atelier technique ainsi qu’à MARMAM.
Au cours des deux périodes de consultations, sept sources indépendantes et trois organismes gouvernementaux (le ministère de la Défense nationale, Environnement Canada et le gouvernement de la Colombie-Britannique) ont commenté le plan de gestion. Des processus de coordination et de consultation entre le gouvernement fédéral et celui de la Colombie-Britannique sur la gestion et la protection des espèces en péril sont brièvement décrits dans l’Entente entre le Canada et la Colombie-Britannique sur les espèces en péril (2005). Ressources naturelles Canada, l’Agence Parcs Canada et Transports Canada n’ont pas commenté l’ébauche de document. Enfin, aucune des Premières nations sollicitées n’a répondu aux lettres de consultation.

Les commentaires formulés par le public, les organismes gouvernementaux et les experts scientifiques ont été étudiés avec attention dans la production du plan de gestion final. On n’a pas jugé nécessaire de procéder à un examen par des pairs du document du fait que les experts qui auraient procédé à cet examen ont participé à l’atelier technique sur la planification de la gestion des cétacés et qu’ils ont eu l’occasion d’exprimer leur avis dans le cadre des consultations publiques.


http://www.sararegistry.gc.ca/species/speciesDetails_f.cfm?sid=493

2 Aucune exploration pétrolière et gazière n’a lieu à l’heure actuelle en raison du moratoire sur l’exploration/extraction des combustibles fossiles au large de la Colombie-Britannique.

3 L’utilisation de dispositifs de dissuasion acoustique aux sites aquicoles n’est plus permise en Colombie-Britannique.

4 Les produits chimiques bioaccumulatifs persistants qui peuvent affecter le marsouin commun sont énumérés à l’annexe I.

5 Pour consulter les modifications proposées au Règlement sur les mammifères marins, voir le site http://www-comm.pac.dfo-mpo.gc.ca/pages/consultations/marinemammals/mmr-update_f.htm

6 Inclure dans le manuel opérationnel les mesures décrites dans le document de Pêches et Océans intitulé « Marine mammal incident response » (ébauche) et « Sea otter oil spill response plan for Canada’s Pacific coast » (document de travail).

7 Loi canadienne sur la protection de l’environnement, Règlement sur les PBDE (il est interdit de fabriquer, d’utiliser, de vendre, de mettre en vente ou d’importer des polybromodiphényléthers). Pour consulter le Règlement, se reporter à :
http://canadagazette.gc.ca/rp-pr/p2/2008/2008-07-09/html/sor-dors218-fra.html

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