Carex des genévriers (Carex juniperorum) : programme de rétablissement 2019

Titre officiel: Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) au Canada

Loi sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement
Adoption en vertu de l’article 44 de la LEP

Carex des genévriers
Information sur le document

Référence recommandée : Environnement et Changement climatique Canada. 2019. Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa, 3 parties, 24 p. + vi + 29 p. + 10 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Samuel Brinker

Also available in English under the title “Recovery Strategy for the Juniper Sedge (Carex juniperorum) in Canada

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d’indiquer la source.

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu de travailler ensemble pour établir des mesures législatives, des programmes et des politiques visant à assurer la protection des espèces sauvages en péril partout au Canada.

Dans l’esprit de collaboration de l’Accord, le gouvernement de l’Ontario a donné au gouvernement du Canada la permission d’adopter le Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario(partie 2) et le document intitulé Carex des genévriers – Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3), en vertu de l'article 44 de la Loi sur les espèces en péril (LEP).Environnement et Changement climatique Canada a inclus une addition fédérale (partie 1) dans le présent programme de rétablissement afin qu’il réponde aux exigences de la LEP.

Le programme de rétablissement fédéral du carex des genévriers au Canada est composé des trois parties suivantes :

Partie 1 – Addition du gouvernement fédéral au Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario, préparée par Environnement et Changement climatique Canada.

Partie 2 – Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario, préparé pour le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’OntarioNote de bas de page 1.

Partie 3 – Carex des genévriers – Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement, préparée par le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario.

Partie 1 – Addition du gouvernement fédéral au Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario, préparée par Environnement et Changement climatique Canada

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement et du Changement climatique est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard du carex des genévriers et a élaboré la composante fédérale (partie 1) du présent programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP. L’article 44 de la LEP autorise le ministre à adopter en tout ou en partie un plan existant pour l’espèce si ce plan respecte les exigences de contenu imposées par la LEP au paragraphe 41(1) ou 41(2). Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario a dirigé l’élaboration du programme de rétablissement du carex des genévriers ci-joint (partie 2), en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada. La Province de l’Ontario a également dirigé l’élaboration de la Déclaration du gouvernement jointe au présent document (partie 3). Cette déclaration est la réponse stratégique du gouvernement de l’Ontario au programme de rétablissement provincial; elle résume les mesures prioritaires que le gouvernement de l’Ontario entend prendre et soutenir.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada ou sur toute autre autorité responsable. Tous les Canadiens et Canadiennes sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du carex des genévriers et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP exige que l’habitat essentiel soit alors protégé.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéralNote de bas de page 2 soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales, le ministre compétent doit, soit faire une déclaration sur la protection légale existante, soit prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions relatives à la destruction de l’habitat essentiel soient appliquées.

Si l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur ne se trouve pas dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, sur le territoire domanial, à l’intérieur de la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, l’interdiction de le détruire ne peut s’appliquer qu’aux parties de cet habitat essentiel — constituées de tout ou partie de l’habitat auquel la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs s’applique aux termes des paragraphes 58(5.1) et 58(5.2) de la LEP.

En ce qui concerne tout élément de l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial, si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autre loi fédérale, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel. La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

La première ébauche de cette addition fédérale a été élaborée par Holly Bickerton, écologiste-conseil, à Ottawa. La préparation additionnelle et la révision du document ont été assurées par Ken Tuininga, Angela Darwin et Krista Holmes (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Ontario) ainsi que par Lauren Strybos et Justine Mannion (auparavant à Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune ‒ Ontario). James Page (Fédération canadienne de la faune), Jennifer Chambers (Parcs Ontario) et des membres du personnel d’été de Parcs Ontario ont participé aux travaux sur le terrain au parc provincial Selkirk. Mike Oldham (Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario – CIPN) a fourni des informations et des données de terrain amassées récemment au parc provincial Selkirk qui ont grandement facilité la conduite des relevés. Angela McConnell, Jude Girard, Ken Corcoran et Elizabeth Rezek (Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune – Ontario), Mike Oldham (CIPN) et Vivian Brownell, Eric Snyder et Mark Hulsman (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario) ont révisé le texte et fourni des commentaires et des conseils durant la préparation du présent document.

Nous tenons à remercier toutes les personnes dont les commentaires et les avis ont éclairé l’élaboration de ce programme de rétablissement, notamment les organisations et les membres des communautés autochtones, les citoyens et les intervenants qui ont offert des commentaires ou qui ont participé aux rencontres de consultation.

Ajouts et modifications apportés au document adopté

Les sections suivantes ont été incluses pour satisfaire à des exigences particulières de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral qui ne sont pas abordées dans le Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario (partie 2 du présent document, ci‑après appelé « programme de rétablissement provincial ») et/ou pour présenter des renseignements à jour ou additionnels.

Environnement et Changement climatique Canada adopte le programme de rétablissement de l’Ontario (partie 2), à l’exception de la section 2, « Rétablissement ». En remplacement de la section 2, Environnement et Changement climatique Canada adopte le but de rétablissement énoncé dans le document intitulé Carex des genévriers – Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissementNote de bas de page 3 (partie 3) comme son objectif en matière de population et de répartition, ainsi que les mesures menées et appuyées par le gouvernement de l’Ontario qui sont énoncées dans le document intitulé Carex des genévriers – Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3) comme stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

En vertu de la LEP, il existe des exigences et des processus particuliers concernant la protection de l’habitat essentiel. Ainsi, les énoncés du programme de rétablissement provincial concernant la protection de l’habitat de l’espèce peuvent ne pas correspondre directement aux exigences fédérales. Les mesures de rétablissement visant la protection de l’habitat sont adoptées, cependant on évaluera à la suite de la publication de la version finale du programme de rétablissement fédéral si ces mesures entraîneront la protection de l’habitat essentiel en vertu de la LEP.

1 Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, le rétablissement du carex des genévriers comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

Oui. Cinq populations existantesNote de bas de page 4 de carex des genévriers sont présentes au Canada. L’estimation exhaustive la plus récente de l’abondance de la population se trouve dans le rapport de situation préparé par le COSEPAC en 2000 (6 600 individus). Le programme de rétablissement de l’Ontario fournit la somme des dénombrements les plus récents au moment de son élaboration pour toutes les populations existantes, y compris une population (20 individus) redécouverte (Brinker, 2002) et une nouvelle population découverte au parc provincial Selkirk (50 individus en 2008) (Bickerton et al., 2015). Des travaux additionnels effectués en 2015 au parc provincial Selkirk ont permis d’y documenter la présence de 90 individus (H. Bickerton, obs. pers., 2015). Des individus fructifères ont été observés dans chaque population, et ces individus sont considérés comme étant capables de se reproduire. Étant donné que cette espèce n’a été décrite que récemment et que seuls des observateurs expérimentés sont en mesure de l’identifier, il se peut que d’autres populations soient découvertes ailleurs en Ontario. Il est également possible que d’autres individus de l’espèce soient trouvés dans le parc provincial Selkirk, car ce dernier comporte de l’habitat convenable additionnel. Le carex des genévriers est également présent aux États-Unis en Ohio, au Kentucky et en Virginie (NatureServe, 2015).

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

Oui. Les populations les plus grandes se trouvent dans la plaine de Napanee, dans des forêts claires de genévriers de Virginie (Juniperus virginiana) et de chênes (Quercus sp.), type d’habitat rare, où de l’habitat additionnel similaire et apparemment convenable est présent (Crowder et al., 2013). Tel que mentionné précédemment, le parc provincial Selkirk comporte également de l’habitat convenable additionnel.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou sur son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

Inconnu. Les principales menaces pesant sur cette espèce sont la disparition et la dégradation de l’habitat, principalement parce que la majorité des individus de l’espèce présents au Canada se trouvent sur des terres privées dans une petite région de l’Ontario (COSEWIC, 2000). Les sites occupés ne sont pas considérés comme étant exposés à un risque immédiat, mais les projets de développement résidentiel, d’aménagement de carrières et de construction de centrales solaires et de parcs d’éoliennes sont communs dans la région. On pourrait, dans une certaine mesure, atténuer le risque de perte d’habitat en sensibilisant les propriétaires fonciers et en les encourageant à participer à des initiatives d’intendance et en achetant des propriétés à des fins de conservation lorsque l’occasion se présente. Les terres privées peuvent également être vulnérables à la dégradation de l’habitat causée notamment par le surpâturage, le rejet de déchets et l’utilisation de VTT. Enfin, le nerprun cathartique(Rhamnus cathartica) est abondant à certains sites, et bien que les méthodes de lutte contre cette espèce envahissante soient bien connues, leur application dans des milieux similaires situés dans la plaine de Napanee s’est révélée difficile et coûteuse (T. Trustham, comm. pers., 2014).

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

Inconnu. Plusieurs techniques de rétablissement sont disponibles pour assurer la conservation de l’habitat existant et des individus de l’espèce. La conservation de l’habitat occupé sur les propriétés privées peut être assurée au moyen de programmes de préservation des terres ou d’intendance (p. ex. Programme d’encouragement fiscal pour les terres protégées), mais certains habitats commencent à être envahis par diverses espèces végétales concurrentes capables de supplanter le carex des genévriers. Des techniques de lutte ont été élaborées et utilisées avec succès contre certaines espèces végétales envahissantes présentes dans les sites abritant le carex des genévriers (OIPC, 2015), mais la lutte contre d’autres espèces telles que le nerprun cathartique soulève des difficultés. En Ohio, des populations présentes dans deux localités ont apparemment très bien réagi au brûlage dirigé (NatureServe, 2015). Comme le carex des genévriers semblent préférer les trouées du couvert forestier et les lisières de forêt, il est possible que l’éclaircissement du couvert permette d’accroître la quantité de lumière et ait un effet bénéfique sur les populations; la vérification de cette hypothèse a été mentionnée comme devant faire l’objet de recherches dans le programme de rétablissement provincial (Bickerton et al., 2015).

2 Évaluation de l’espèce par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada

Date de l’évaluation : Mai 2000

Nom commun (population) : Carex des genévriers

Nom scientifique : Carex juniperorum

Statut selon le COSEPAC : Espèce en voie de disparition

Justification de la désignation : Cette espèce est rare à l'échelle mondiale; on la trouve dans une seule région très limitée où les habitats sont rares à l'échelle provinciale. Elle est menacée par les espèces exotiques et l'aménagement éventuel du territoire.

Présence au Canada : Ontario

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 1999. Réexamen et confirmation du statut en mai 2000.

3 Information sur la situation de l’espèce

Le carex des genévriers est une Cypéracée vivace qui a été décrite récemment (Catling  et al., 1993). Cette espèce est présente dans l’est de l’Amérique du Nord dans environ 35 localités qui, dans bien des cas, sont très éloignées les unes des autres (NatureServe, 2015). À l’échelle mondiale et aux États-Unis, le carex des genévriers est considéré comme vulnérableNote de bas de page 5 (G3/N3)Note de bas de page 6. À l’échelle infranationale, aux États‑Unis, il est classé gravement en péril/en périlNote de bas de page 7 (S1S2) au Kentucky, vulnérable (S3) en Ohio et gravement en péril (S1) en Virginie. Au Canada, il est considéré comme gravement en périlNote de bas de page 8 (N1) et n’y a été observé qu’en Ontario, où il est également classé gravement en péril (S1). Il est présent dans quatre localités dans la région de Napanee (comté de Hastings) et dans une seule localité dans le sud-ouest de la province, dans le parc provincial Selkirk. Le carex des genévriers est inscrit à titre d’espèce en voie de disparitionNote de bas de page 9 à l’annexe 1 de la LEP. En Ontario, il est inscrit à titre d’espèce en voie de disparition dans la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Il est difficile d’estimer le pourcentage de l’aire de répartition mondiale qui se trouve au Canada à partir des cartes de répartition existantes (voir par exemple Kartesz, 2015), mais ce pourcentage pourrait être aussi élevé que 25 % compte tenu du petit nombre de populations et de la superficie restreinte de l’habitat particulier de l’espèce.

4 Information sur l’espèce

4.1 Population et répartition de l’espèce

Certaines données de terrain additionnelles amassées en 2014 et 2015 n’ont pas été incluses dans le programme de rétablissement provincial (2015). La population du parc provincial Selkirk a fait l’objet d’observations en 2014 (par Mike Oldham, Sam Brinker et Mary Gartshore) et en 2015 (par Holly Bickerton, James Pagé et Jennifer Chambers). Les observations effectuées par des membres du personnel du Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario (CIPN) en 2014 et au cours d’années antérieures ont été utilisées pour réaliser un dénombrement rigoureux des touffesNote de bas de page 10 de carex des genévriers au parc provincial Selkirk en juin 2015. Au total, 90 touffes ont ainsi été dénombrées. Ce nombre est supérieur aux estimations précédentes pour cette population (~ 50 touffes, 2014), mais cette différence s’explique probablement par une intensification substantielle de l’effort de recherche cumulé. Comme le parc comporte de l’habitat convenable additionnel, d’autres individus pourraient y être présents.

4.2 Besoins en matière d’habitat

Le type de végétation dans lequel le carex des genévriers se rencontre au parc provincial Selkirk est appelé, selon la classification écologique des terresNote de bas de page 11 (CET), forêt décidue à chênes et caryers sur sol sec à frais (FODM2-2). Bien que le couvert forestier de la communauté végétale avoisinante considérée dans son ensemble soit supérieur à 60 % (c.-à-d. forêt), la majorité des individus de l’espèce poussent en bordure d’un sentier ou dans de petites ouvertures et des trouées du couvert forestier, qui oscille habituellement, à ces endroits, entre 40 et 60 %. La strate arborescente de la forêt de terrain élevé avoisinante est dominée par le chêne rouge (Quercus rubra) et, dans une moindre mesure, par le caryer ovale (Carya ovata) et le frêne blanc (Fraxinus americana). La strate arbustive, bien que clairsemée, est composée de viornes de Rafinesque (Viburnum rafinesquianum), d’aubépines (Crataegus sp.) et de jeunes frênes. Dans tout l’habitat du carex des genévriers, les espèces dominantes du couvert végétal au sol comprennent le carex de Pennsylvanie (Carex pensylvanica), le géranium maculé (Geranium maculatum) et le carex porte-tête (Carex cephalophora).

Les espèces du sous-étage suivantes ont également été trouvées à proximité immédiate (jusqu’à environ 2 m) du carex des genévriers dans le parc provincial Selkirk : carex porte-tête, carex granuleux (Carex granularis), circée du Canada (Circaea canadensis), fraisier des champs (Fragaria virginiana), frasère de Caroline (Frasera caroliniensis), benoîte du Canada (Geum canadense), jonc grêle (Juncus tenuis), luzule multiflore (Luzula multiflora), plantain majeur (Plantago major), podophyle pelté (Podophyllum peltatum), espèce de prenanthe indéterminée (Nabalus sp.), rosier multiflore (Rosa multiflora), schizachné pourpré (Schizachne purpurascens), verge d’or jonciforme (Solidago juncea), espèce de verge d’or indéterminée (Solidago sp.), pigamon dioïque (Thalictrum dioicum), renoncule à bec recourbé (Ranunculus recurvatus), véronique officinale (Veronica officinalis), viorne trilobée (Viburnum trilobum) et espèce de violette indéterminée (Viola sp.) (H. Bickerton, obs. pers., 2015).

5 Objectifs en matière de population et de répartition

En vertu de la LEP, un objectif en matière de population et de répartition doit être établi pour l’espèce. Conformément à l’objectif de rétablissement énoncé dans la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3), préparée par le gouvernement de l’Ontario, l’objectif en matière de population et de répartition d’Environnement et Changement climatique Canada pour le carex des genévriers est de :

Le carex des genévriers est une espèce rare à l’échelle mondiale. Même si de l’habitat similaire et présumément convenable existe ailleurs, le carex des genévriers n’a été trouvé qu’à environ 35 localités dans l’est de l’Amérique du Nord (NatureServe, 2015). Il est donc extrêmement important de maintenir ou d’accroître l’abondance du carex des genévriers dans les cinq populations existantes au Canada pour assurer la conservation de cette espèce. Comme de nombreuses populations sont également très isolées les unes des autres et peuvent être séparées par des centaines de kilomètres, chaque localité est très importante pour le maintien de l’aire de répartition et de la zone d’occupation actuelles de l’espèce. Un certain nombre de stratégies destinées à maintenir ou à accroître l’abondance des populations aux localités actuelles ont été décrites comme des mesures menées et appuyées par le gouvernement de l’Ontario dans la Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement.

Le carex des genévriers a probablement toujours été une plante rare dans l’est de l’Amérique du Nord. Aucune occurrence historique ou disparue n’étant connue, le rétablissement est donc axé sur le maintien des populations existantes. Étant donné que sa description est relativement récente et que seuls des observateurs expérimentés sont en mesure de l’identifier, le carex des genévriers peut passer inaperçu. Il est possible que de nouvelles populations soient encore découvertes au Canada.

6 Stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs

Les mesures menées et appuyées par le gouvernement de l’Ontario qui sont énoncées dans les tableaux du document intitulé Carex des genévriersDéclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3) sont adoptées comme stratégies et approches générales pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Environnement et Changement Climatique Canada n’adopte pas les approches énoncées à la section 2 du Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario (partie 2).

7 Habitat essentiel

7.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

En vertu de l’alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Aux termes du paragraphe 2(1) de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ».

La LEVD de l’Ontario n’exige pas que les programmes de rétablissement provinciaux comprennent une désignation de l’habitat essentiel. Aux termes de la LEVD, une espèce qui est inscrite sur la Liste des espèces en péril en Ontario comme espèce en voie de disparition ou menacée bénéficie automatiquement d’une protection générale de l’habitat. Le carex des genévriers bénéficie actuellement d’une protection générale de son habitat en vertu de la LEVD. Dans certains cas, un règlement sur l’habitat peut être élaboré en remplacement des dispositions sur la protection générale de l’habitat. Le règlement sur l’habitat est l’instrument juridique par lequel la Province de l’Ontario prescrit une aire qui sera protégéeNote de bas de page 12 à titre d’habitat de l’espèce. Aucun règlement sur l’habitat du carex des genévriers n’a été élaboré en vertu de la LEVD. Le programme de rétablissement provincial (partie 2) contient toutefois une recommandation concernant l’aire à considérer dans l’élaboration d’un tel règlement.

Le présent programme de rétablissement fédéral désigne dans la mesure du possible l’habitat essentiel du carex des genévriers au Canada, sur la base de cette recommandation et de la meilleure information accessible en décembre 2015. L’habitat essentiel est désigné pour les cinq populations existantes connues de carex des genévriers en Ontario (figures 1 et 2; tableau 1). Des limites plus précises de l’habitat essentiel pourraient être cartographiées et de l’habitat essentiel additionnel pourrait être ajouté dans l’avenir si des informations nouvelles ou additionnelles soutiennent l’inclusion de zones au-delà de celles qui sont actuellement désignées (p. ex. colonisation de nouveaux sites ou expansion de sites existants dans des secteurs adjacents).

La désignation de l’habitat essentiel du carex des genévriers repose sur deux critères : l’occupation de l’habitat et le caractère convenable de l’habitat.

7.1.1 Occupation de l’habitat

Le critère d’occupation de l’habitat fait référence aux zones d’habitat convenable pour lesquelles on peut affirmer avec une certaine certitude qu’elles sont actuellement utilisées par l’espèce.

L’habitat est considéré comme occupé dans les cas où :

L’occupation de l’habitat est fondée sur les mentions d’occurrence récentes se rattachant aux populations existantes, obtenues du CIPN et du COSEPAC. Le carex des genévriers est une petite plante qui passe facilement inaperçue et que seuls des botanistes expérimentés sont en mesure de reconnaître. Comme le carex des genévriers a été décrit pour la première fois en 1993, seulement un petit nombre de relevés systématiques a été effectué en Ontario; cette fenêtre de temps permet l’inclusion de toutes les données se rattachant aux cinq populations existantes connues du carex des genévriers au Canada.

7.1.2 Caractère convenable de l’habitat

Le caractère convenable de l’habitat s’applique aux zones présentant un ensemble particulier de caractéristiques biophysiques permettant aux individus de l’espèce de mener à bien les aspects essentiels de leur cycle vital. Dans l’ensemble de son aire de répartition dans l’est de l’Amérique du Nord, le carex des genévriers se rencontre généralement dans des clairières ou des petites ouvertures dans des forêts claires de genévriers de Virginie et de chênes. En Ontario, il occupe généralement des milieux légèrement ombragés à sol argileux alcalin peu profond dérivé d’une assise calcaire et reposant sur une telle assise. Son habitat diffère toutefois entre les deux régions de l’Ontario où il se trouve. Dans le comté de Hastings, le carex des genévriers se rencontre dans l’habitat d’alvar boisé typique de l’espèce, mais dans le parc provincial Selkirk, des individus se trouvent dans la forêt décidue. L’habitat principal de cette espèce, l’alvar boisé, est très rare en Ontario.

L’habitat convenable pour le carex des genévriers présente les caractéristiques biophysiques suivantes :

OU

D’après la meilleure information accessible, l’habitat convenable pour le carex des genévriers est actuellement défini comme étant l’étendue des caractéristiques biophysiques là où l’espèce est présente en Ontario. En Ontario, l’habitat convenable pour le carex des genévriers peut être décrit au moyen du système de classification écologique des terres (CET) pour le sud de l’Ontario (Lee et al., 1998). La CET fournit un cadre normalisé pour la détermination et l’interprétation des limites dynamiques des écosystèmes. Ce système catégorise les milieux non seulement en fonction des communautés végétales, mais aussi en fonction de l’humidité du sol et de la topographie, et il englobe ainsi les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable pour le carex des genévriers. De plus, de nombreux gestionnaires de terres et spécialistes de la conservation connaissent bien la terminologie et les méthodes employées dans la CET et ont adopté cet outil comme approche normalisée en Ontario.

Dans la CET de l’Ontario, les limites des types de végétation représentent le mieux l’étendue des caractéristiques biophysiques requises par l’espèce. Le type de végétation comprend les aires occupées par le carex des genévriers ainsi que les aires voisines qui comportent les conditions de l’habitat convenable permettant à l’espèce d’accomplir ses processus vitaux essentiels ainsi que les processus naturels liés à la dynamique des populations et à la reproduction (p. ex. dispersion et pollinisation). Aucune information précise sur la dispersion des graines n’est disponible, mais le type de végétation de la CET occupé devrait être suffisant pour assurer la dispersion des graines et l’expansion des populations (c.-à-d. augmentation de l’abondance des populations existantes). Cette plus grande superficie autour des individus de l’espèce pourrait également accroître la résilience de l’écosystème à l’égard des plantes envahissantes tout en protégeant les communautés végétales présentes, qui sont généralement rares en Ontario. Elle contribuera également de façon générale à maintenir l’écoulement local des eaux de surface qui détermine le cycle de l’eau saisonnier des alvars. Dans les cas où le type de végétation ne peut être déterminé à l’aide de la CETNote de bas de page 13, l’habitat convenable est défini comme étant l’étendue des caractéristiques biophysiques là où le carex des genévriers existe en Ontario, jusqu’à une distance maximale de 100 m (distance radiale) de tout individu de l’espèce. Comme il est expliqué dans le programme de rétablissement provincial, la protection d’une zone d’habitat convenable d’un rayon de 100 m permet d’assurer le maintien des conditions de l’habitat, notamment liées au couvert forestier et aux processus hydrologiques, dans le but de préserver les fonctions écologiques de la zone nécessaire à la persistance du carex des genévriers.

Les types de végétation de la CET (Lee et al., 1998) abritant le carex des genévriers ont été décrits comme l’alvar boisé à genévrier de Virginie et renoncule fasciculée (ALT 1-5) dans le comté de Hastings, et la forêt décidue à chênes et caryers sur sol sec à frais (FOD2‑2) dans le parc provincial Selkirk. Des évaluations additionnelles de l’habitat s’imposent pour cartographier les types de végétation de la CET précis actuellement occupés par le carex des genévriers dans le comté de Hastings.

En plus de l’habitat convenable, une zone de fonctions essentielles de 50 m (distance radiale) est appliquée lorsque les caractéristiques biophysiques s’étendent sur moins de 50 m autour d’un individu de l’espèce. Cette distance de 50 m est considérée comme une « zone de fonctions essentielles » minimale ou comme la superficie d’habitat minimale nécessaire au maintien des propriétés constitutives du microhabitat d’une espèce (p. ex. seuils de luminosité, de température, d’humidité et de teneur en eau de la litière nécessaires à la survie). Actuellement, on ignore exactement à partir de quelle distance les processus physiques et/ou biologiques commencent à avoir des effets négatifs sur le carex des genévriers. Des études sur les gradients microenvironnementaux en bordure des habitats, notamment la luminosité, la température et l’humidité de la litière (Matlack, 1993), et sur les effets de bordure sur les plantes dans les forêts de feuillus mélangés, qui se traduisent par des changements de la structure et de la composition des communautés végétales (Fraver, 1994), montrent que les effets de bordure peuvent être décelés jusqu’à 50 m à l’intérieur des fragments d’habitat; toutefois, d’autres études montrent que l’intensité des effets de bordure et la distance sur laquelle ils s’exercent varient en fonction de la structure et de la composition des types d’habitats adjacents (Harper et al., 2005). Selon Forman et Alexander et Forman et al. (2003), les effets de bordure associés à la construction de routes et à la circulation répétée se font principalement sentir, chez les végétaux, dans les premiers 30 à 50 m. Une distance de 50 m de tout individu de l’espèce a donc été choisie comme distance assurant le maintien des propriétés du microhabitat dans la désignation de l’habitat essentiel. L’aire comprise dans la zone de fonctions essentielles peut englober de l’habitat convenable et de l’habitat non convenable, car des individus peuvent pousser à proximité de la zone de transition entre l’habitat convenable et l’habitat non convenable. Si de nouvelles informations sur les besoins en matière d’habitat de l’espèce et les caractéristiques propres à chaque site (p. ex. hydrologie) devenaient disponibles, ces distances pourraient être révisées.

Les structures résultant de l’activité humaine (p. ex. routes entretenues, bâtiments) ne possèdent pas les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable ou ne participent pas au maintien des processus naturels.

7.1.3 Application des critères de désignation de l’habitat essentiel du carex des genévriers

L’habitat essentiel du carex des genévriers est désigné comme étant l’étendue d’habitat convenable (section 7.1.2) où le critère d’occupation de l’habitat (section 7.1.1) est respecté. Tel que mentionné précédemment, en Ontario, le type de végétation de la CET est l’échelle la plus appropriée pour la désignation de l’habitat convenable de l’espèce. On ne dispose actuellement pas des descriptions et des limites des types de végétation nécessaires à la désignation de l’habitat essentiel pour toutes les populations en Ontario. Dans les cas où la délimitation des types de végétation de la CET se révèle impossible, l’habitat convenable pour le carex des genévriers est désigné comme l’étendue des caractéristiques biophysiques là où le carex des genévriers existe en Ontario, jusqu’à une distance maximale de 100 m (distance radiale) de tout individu de l’espèce. En outre, dans les cas où l’habitat convenable s’étend sur moins de 50 m autour d’un individu de l’espèce, une zone de fonctions essentielles englobant une zone à l’intérieur d’une distance radiale de 50 m est également incluse comme habitat essentiel.

En Ontario, l’habitat essentiel est situé à l’intérieur de ces limites là où les caractéristiques biophysiques décrites à la section 7.1.2 sont présentes et là où le critère d’occupation de l’habitat (section 7.1.1) est respecté. Une fois que les limites des types de végétation de la CET auront été précisées, la désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour.

L’application des critères de désignation de l’habitat essentiel mentionnés ci‑dessus à la meilleure information accessible permet de désigner l’habitat essentiel des cinq populations existantes connues de carex des genévriers au Canada (voir les figures 1 et 2; tableau 1). La désignation de l’habitat essentiel est considérée comme complète et suffisante pour atteindre l’objectif en matière de population et de répartition établi pour le carex des genévriers.

L’habitat essentiel désigné du carex des genévriers est représenté au moyen de carrés du quadrillage UTM de 1 km × 1 km. Les carrés du quadrillage UTM présentés aux figures 1 et 2 font partie du système de quadrillage de référence qui indique les zones géographiques générales renfermant de l’habitat essentiel, à des fins de planification de l’aménagement du territoire et/ou d’évaluation environnementale. En plus d’offrir ces avantages, le quadrillage UTM de 1 km × 1 km est conforme aux ententes de partage des données avec la Province de l’Ontario. L’habitat essentiel dans chaque carré du quadrillage se trouve là où la description du critère d’occupation de l’habitat (section 7.1.1) et celle du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) sont respectées. De plus amples renseignements sur l’habitat essentiel peuvent être obtenus, à des fins de protection de l’espèce et de son habitat et sur justification, auprès d’Environnement et Changement climatique Canada, Service canadien de la faune, à ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Figure 1
Figure 1. Carrés du quadrillage renfermant de l’habitat essentiel du carex des genévriers dans le parc provincial Selkirk. L’habitat essentiel du carex des genévriers se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de 1 km x 1 km (carrés ombrés en rouge), là où les critères décrits à la section 7.1 sont respectés.
Description longue

La figure 1 représente quatre carrés du quadrillage UTM normalisé entourant le parc provincial Selkirk, situé dans le sud de l’Ontario.

Figure 2
Figure 2. Carrés du quadrillage renfermant de l’habitat essentiel du carex des genévriers dans le comté de Hastings. L’habitat essentiel du carex des genévriers se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de 1 km x 1 km (carrés ombrés en rouge), là où les critères décrits à la section 7.1 sont respectés.
Description longue

La figure 2 représente quinze carrés du quadrillage UTM normalisé au nord de Shannonville, dans le comté de Hastings, en Ontario.

Tableau 1. Carrés du quadrillage renfermant de l’habitat essentiel du carex des genévriers au Canada. L’habitat essentiel du carex des genévriers se trouve à l’intérieur de ces carrés du quadrillage UTM de référence de 1 km ×1 km, là où la description du caractère convenable de l’habitat (section 7.1.2) et celle du critère d’occupation de l’habitat (section 7.1.1) sont respectées
Population Code d’identification du carré du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 kma Province Coordonnées du carré  du quadrillage UTMbUTM Est Coordonnées du carré  du quadrillage UTMbUTM Nord Régime foncier
Alvar de la rivière Salmon : à l’ouest de la piste de course 18TUP2968 Ontario 326000 4898000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : à l’ouest de la piste de course 18TUP2969 Ontario 326000 4899000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ2081 Ontario 328000 4901000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ2082 Ontario 328000 4902000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ2091 Ontario 329000 4901000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ2092 Ontario 329000 4902000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ2093 Ontario 329000 4903000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ3001 Ontario 330000 4901000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ3002 Ontario 330000 4902000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ3003 Ontario 330000 4903000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : au nord de la route 401 (Alvar Lonsdale) 18TUQ3012 Ontario 331000 4902000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : environ 2 km au SSO de Lonsdale 18TUQ2070 Ontario 327000 4900000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : environ 2 km au SSO de Lonsdale 18TUQ2080 Ontario 328000 4900000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : environ 2 km au SSO de Lonsdale et alvar de la rivière Salmon : à l’est de la piste de course 18TUP2979 Ontario 327000 4899000 Territoire non domanial
Alvar de la rivière Salmon : environ 2 km au SSO de Lonsdale et alvar de la rivière Salmon : à l’est de la piste de course 18TUP2989 Ontario 328000 4899000 Territoire non domanial
Parc provincial Selkirk 17TNH8440 Ontario 584000 4740000 Territoire non domanial
Parc provincial Selkirk 17TNH8441 Ontario 584000 4741000 Territoire non domanial
Parc provincial Selkirk 17TNH8450 Ontario 585000 4740000 Territoire non domanial
Parc provincial Selkirk 17TNH8451 Ontario 585000 4741000 Territoire non domanial

a Fondé sur le système militaire de quadrillage UTM de référence ; les deux premiers caractères correspondent à la zone UTM, les deux lettres suivantes indiquent le quadrillage UTM de référence de 100 km × 100 km suivies de deux caractères pour représenter le quadrillage UTM de référence de 10 km × 10 km. Les deux derniers caractères représentent le quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km renfermant la totalité ou une partie d’une unité d’habitat essentiel. Ce code alphanumérique unique s’inspire de la méthodologie utilisée pour les Atlas des oiseaux nicheurs du Canada.

b Les coordonnées indiquées sont une représentation cartographique de l’emplacement de l’habitat essentiel, présenté comme étant le coin sud-ouest du carré du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km renfermant la totalité ou une partie d’une l’unité d’habitat essentiel. Les coordonnées peuvent ne pas faire partie de l’habitat essentiel et ne fournissent qu’une indication générale de l’emplacement.

7.2 Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’un élément de l’habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque exigé par l’espèce. La destruction peut découler d’une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d’une ou de plusieurs activités au fil du temps. Il convient de noter que les activités qui se déroulent à l’intérieur ou à proximité de l’habitat essentiel ne sont pas toutes susceptibles d’en entraîner la destruction. Le tableau 2 donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l'habitat essentiel de l'espèce; il peut toutefois exister d’autres activités destructrices.

Tableau 2. Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel
Description de l’activité Description de l’effet relatif à la perte de fonction de l’habitat essentiel Détails de l’effet
Toute forme de développement résidentiel, agricole ou industriel (p. ex. construction d’habitations et de structures, aménagement de routes, de jardins, de carrières, de lignes de services publics, d’installations de production d’énergie renouvelable, incluant les activités entraînant l’extraction de sol). Les activités de construction à l’intérieur de l’habitat essentiel entraînent la conversion de l’habitat et la perte directe de l’habitat essentiel dont dépend la survie de l’espèce, la germination des graines et l’établissement des semis. L’extraction directe de sol ou de substrat rendrait l’habitat non convenable pour l’espèce en éliminant les caractéristiques biophysiques dont celle-ci dépend. Si cette activité se produit à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, peu importe le moment de l’année, elle aura des effets directs et entraînera assurément la destruction permanente de l’habitat essentiel. Aucun seuil ne peut être établi pour cette activité. Les activités limitées à la surface des routes et voies d’accès existantes et des sentiers récréatifs n’entraîneraient pas la destruction de l’habitat essentiel.
Activités modifiant l’écoulement des eaux de surface à l’échelle locale (p. ex. exploitation de carrières, labourage intensif ou excavation de fossés) L’altération de l’écoulement des eaux de surface sur les alvars peut perturber les fonctions écologiques de l’habitat essentiel, ce qui peut compromettre le caractère convenable de l’habitat pour le carex des genévriers et accroître la capacité de compétition d’autres espèces. Si cette activité se produit à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, peu importe le moment de l’année, ses effets seront probablement directs et/ou cumulatifs. Les renseignements dont on dispose actuellement sont insuffisants pour établir des seuils pour cette activité.
Recouvrement de l’habitat par des déchets (c.-à-d. création de dépotoirs) Le rejet de déchets peut entraîner le recouvrement de la surface de l’habitat convenable au point d’empêcher les rayons du soleil d’atteindre le sol. Les débris peuvent contenir des substances chimiques susceptibles d’altérer la chimie du sol ou favoriser l’introduction d’espèces végétales ou animales exotiques susceptibles de modifier l’environnement naturel au point de le rendre non convenable pour l’espèce. Si cette activité se produit à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, peu importe le moment de l’année, ses effets seront probablement directs et/ou cumulatifs. Les renseignements dont on dispose actuellement sont insuffisants pour établir des seuils pour cette activité.
Activités favorisant l’introduction d’espèces exotiques (p. ex. introduction de graines de plantes ou de plantes non indigènes, de sol ou de gravier provenant de sources non locales, compostage ou rejet de résidus de jardin, utilisation de VTT, surpâturage par le bétail) L’introduction d’espèces envahissantes peut faire en sorte que le carex des genévriers soit supplanté par celles‑ci et/ou modifier les propriétés physiques et chimiques de l’habitat au point de le rendre non convenable pour l’espèce. Si cette activité se produit à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel ou dans l’habitat adjacent, peu importe le moment de l’année, ses effets peuvent être cumulatifs. Cette activité peut provoquer l’introduction d’une espèce envahissante et ainsi mener à la destruction graduelle de l’habitat essentiel au fil du temps. Les renseignements dont on dispose actuellement sont insuffisants pour établir un seuil pour cette activité.

8 Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action visant le carex des genévriers seront complétés et publiés dans le Registre public des espèces en péril d’ici le 31 décembre 2024.

9 Effets sur l’environnement et les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement élaborés en vertu de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci‑dessous.

Les mesures prises pour protéger et maintenir l’habitat du carex des genévriers au Canada devraient favoriser la protection d’autres espèces et habitats rares. À un des sites situés dans la plaine de Napanee, une espèce de carex rare à l’échelle provinciale (Carex conoidea, S3) se rencontre en étroite association avec le carex des genévriers, et la diversité du couvert végétal au sol associé à cette espèce est considérée comme élevée. Plusieurs autres espèces de plantes rares dans la province sont présentes dans l’habitat convenable dans certains des sites situés dans la région de Napanee (COSEWIC, 2000). L’importance de la flore des alvars de la plaine de Napanee a été bien documentée par Catling (1995), Brownell et Riley (2000) et d’autres auteurs. L’habitat essentiel du micocoulier rabougri (Celtis tenuifolia, espèce menacée) a été désigné dans la ZINS de la rivière Salmon. Au parc provincial de Selkirk, le carex des genévriers partage l’habitat de chênaie claire avec la frasère de Caroline (espèce en voie de disparition, S2).

La possibilité que la mise en œuvre du programme ait des conséquences néfastes imprévues sur d’autres espèces a été envisagée. Actuellement, les mesures de rétablissement ciblant le carex des genévriers sont axées sur la reconnaissance, la protection et le suivi des populations et de leur habitat, sur la conduite de recherches visant à mieux comprendre l’espèce et son habitat et sur la gestion des menaces. De façon générale, il est peu probable que ces activités aient des effets néfastes sur d’autres espèces qui partagent le même habitat ou ont la même aire de répartition que le carex des genévriers. Seules les mesures de gestion de l’habitat (p. ex. lutte contre les espèces envahissantes, gestion des menaces) pourraient avoir des effets directs sur d’autres espèces indigènes, mais les retombées de ces activités devraient se révéler bénéfiques pour les espèces indigènes et leur habitat.

L’EES a permis de déterminer que le programme aura certainement un effet bénéfique sur l’environnement et qu’il n’entraînera pas de conséquences néfastes notables.

Références

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Bickerton, H., obs. pers. 2015. Observation personnelle. Juin 2015. Écologiste-conseil, Ottawa, Ontario.

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Catling, P.M., A.A. Reznicek et W.J. Crins. 1993. Carex juniperorum (Cyperaceae), a new species from northeastern North America, with a key to Carex sect. Phyllostachys. Systematic Botany 18:496-501.

Catling, P. M. 1995. The extent of confinement of vascular plants to alvars in southern Ontario. Canadian field-naturalist. Ottawa ON 109:172-181.

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Trustham, T., comm. pers. 2014. Communication personnelle avec H. Bickerton. Juin 2014. Écologiste, Quinte Conservation, Belleville, Ontario.

Partie 2 – Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario, préparé pour le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario

Carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario
Série de Programmes de rétablissement de l’Ontario
Programme de rétablissement préparé en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition.
2015

À propos de la Série de Programmes de rétablissement de l'Ontario

Cette série présente l'ensemble des programmes de rétablissement préparés ou adoptés à l'intention du gouvernement de l'Ontario en ce qui concerne l'approche recommandée pour le rétablissement des espèces en péril. La province s'assure que la préparation des programmes de rétablissement respecte son engagement de rétablir les espèces en péril en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD 2007) et de l'Accord pour la protection des espèces en péril au Canada.

Qu'est-ce que le rétablissement?

Le rétablissement des espèces en péril est le processus par lequel le déclin d'une espèce en voie de disparition, menacée ou disparue du pays est arrêté ou inversé et par lequel les menaces qui pèsent sur cette espèce sont éliminées ou réduites de façon à augmenter la probabilité de survie à l'état sauvage.

Qu'est-ce qu'un programme de rétablissement?

En vertu de la LEVD 2007, un programme de rétablissement fournit les meilleures connaissances scientifiques disponibles quant aux mesures à prendre pour assurer le rétablissement d'une espèce. Un programme de rétablissement présente de l'information sur les besoins de l'espèce en matière d'habitat et sur les types de menaces à la survie et au rétablissement de l'espèce. Il présente également des recommandations quant aux objectifs de protection et de rétablissement, aux méthodes à adopter pour atteindre ces objectifs et à la zone qui devrait être prise en considération pour l'élaboration d'un règlement visant l'habitat. Les paragraphes 11 à 15 de la LEVD 2007 présentent le contenu requis et les délais pour l'élaboration des programmes de rétablissement publiés dans cette série.

Après l'inscription d'une espèce sur la Liste des espèces en péril en Ontario, des programmes de rétablissement doivent être préparés dans un délai d'un an pour les espèces en voie de disparition et de deux ans pour les espèces menacées. Une période de transition de cinq ans (jusqu'au 30 juin 2013) est prévue pour l'élaboration des programmes de rétablissement visant les espèces menacées et en voie de disparition qui figurent aux annexes de la LEVD 2007. Des programmes de rétablissement doivent obligatoirement être préparés pour les espèces disparues de l'Ontario si leur réintroduction sur le territoire de la province est jugée réalisable.

Et ensuite?

Neuf mois après l'élaboration d'un programme de rétablissement, un énoncé de réaction est publié. Il décrit les mesures que le gouvernement de l'Ontario entend prendre en réponse au programme de rétablissement. La mise en œuvre d'un programme de rétablissement dépend de la collaboration soutenue et des mesures prises par les organismes gouvernementaux, les particuliers, les collectivités, les utilisateurs des terres et les partenaires de la conservation.

Pour plus d'information

Pour en savoir plus sur le rétablissement des espèces en péril en Ontario, veuillez visiter la page Web des espèces en péril du ministère des Richesses naturelles

Information sur le document

Référence recommandée : Bickerton, H., A. Crowder, T. Norris et H. Knack. 2015. Programme de rétablissement du carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario. Série de programmes de rétablissement de l’Ontario. Préparé pour le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, Peterborough (Ontario). vi + 29 p.

Illustration de la couverture : Photo par Wasyl Bakowsky

Le contenu du présent document (à l’exception de l’illustration de la couverture) peut être utilisé sans autorisation, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Auteurs

Holly Bickerton, écologiste-conseil, Ottawa

Adele Crowder, professeur émérite, Queen’s University, Kingston

Todd Norris, écologiste de district, MRNFO, district de Peterborough

Hilary Knack, ancienne stagiaire, espèces en péril, district de Peterborough

Remerciements

Le présent programme de rétablissement est en grande partie fondé sur un document antérieur (A Multi-species Recovery Strategy for the Alvar Ecosystems of the Napanee – Prince Edward Plain in southeastern Ontario) (Crowder et al., 2013) élaboré en collaboration avec une équipe de rétablissement réunissant des expertises et des perspectives diverses. Nous remercions ici les membres de cette équipe de rétablissement : John Blaney (Hastings-Prince Edward Land Trust), Patrice Bouchard (Agriculture et Agroalimentaire Canada), Adele Crowder (Queen’s University), Don Cuddy (MRNFO, retraité), Karen Hartley (MRNFO), Rosita Jones (anciennement du CIPN, MRNFO), Hilary Knack (anciennement du MRNFO), Dale Kristensen (expert‑conseil, Kingston, Ontario), Blaine Loft (Première Nation Mohawk de la baie de Quinte), Kristin Maracle (Première Nation Mohawk de la baie de Quinte), Andy Margetson (Conseil d’intendance du comté de Prince Edward), Gray Merriam (Carleton University, retraité), Todd Norris (MRNFO), Jim Pedersen (Conseil d’intendance du comté de Hastings), Steve Pitt (Conseil d’intendance du comté de Lennox et Addington), Tim Trustham (Quinte Conservation) et Ken Tuininga (Environnement Canada). De nombreuses autres personnes ont fourni des informations sur les alvars de la plaine de Napanee-Prince Edward, et leur contribution a grandement facilité l’élaboration du présent programme de rétablissement.

Bill Crins (MRNFO), Vivian Brownell (MRNFO), Dan Brunton (expert-conseil, Ottawa), Paul Catling (Agriculture et Agroalimentaire Canada), Judith Jones (Winter-Spider Eco‑consulting, île Manitoulin) et Mike Oldham (MRNFO) ont contribué à améliorer de façon substantielle la qualité du présent document en fournissant des informations utiles et de précieux éléments de discussion sur le carex des genévriers et son habitat d’alvar.

Amelia Argue, Simon Dodsworth, Jay Fitzsimmons et Heather Riddell (MRNFO) ont gracieusement fourni des renseignements de base et partagé leur expertise technique et rédactionnelle. Amanda Fracz a préparé la carte de l’Ontario présentée à la page 3; Paul Gammon a assuré le soutien SIG. Sincères remerciements à tous!

Déclaration

Le présent programme de rétablissement du carex des genévriers a été élaboré conformément aux exigences de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Il a pour objet de conseiller le gouvernement de l’Ontario, d’autres autorités responsables et les nombreuses parties concernées par le rétablissement de l’espèce.

Le programme de rétablissement ne représente pas nécessairement l’opinion de toutes les personnes qui ont fourni des conseils ou qui ont participé à sa préparation, ni les positions officielles des organismes avec lesquels ces personnes sont associées.

Les buts, les objectifs et les approches de rétablissement mentionnés dans le programme sont fondés sur les meilleures connaissances disponibles et pourraient être modifiés à mesure que de nouveaux renseignements seront disponibles. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et organisations participantes.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des orientations définies dans le présent programme.

Autorités responsables

Ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario

Environnement Canada – Service canadien de la faune, Ontario

Sommaire

Le carex des genévriers (Carex juniperorum) est une petite plante distinctive et très rare de la famille des Cypéracées. Cette espèce a été décrite récemment en 1993 et n’a été observée à l’échelle mondiale que dans environ 35 sites, tous situés dans l’est de l’Amérique du Nord. À l’échelle mondiale, elle est considérée comme vulnérable (G3), et au Canada, comme gravement en péril (N1). En Ontario, le carex des genévriers est désigné en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. Cinq occurrences ont été documentées en Ontario, et toutes sont considérées comme existantes. Quatre d’entre elles se trouvent sur des terres privées dans la zone d’intérêt naturel et scientifique (ZINS) de l’alvar de la rivière Salmon de la plaine de Napanee, dans l’est de l’Ontario; l’autre population se trouve dans un parc provincial, dans le sud-ouest de la province.

Selon l’estimation la plus récente, effectuée en 2000, la population ontarienne comptait 6 600 individus répartis dans quatre populations. Une petite population a depuis été découverte, mais très peu de relevés ont été réalisés, si bien qu’on ne dispose d’aucune estimation à jour ou d’aucun aperçu des tendances de la population.

On sait très peu de choses sur la biologie ou l’écologie du carex des genévriers, qui est considéré comme une espèce des alvars boisés qui se rencontre tout particulièrement en association avec le genévrier de Virginie. Dans la plaine de Napanee, le carex des genévriers se rencontre dans des alvars boisés caractéristiques où la végétation est dominée par le genévrier de Virginie, sur des sols calcaires peu profonds reposant sur une assise calcaire. La population présente dans le sud-ouest de l’Ontario est établie dans une forêt décidue de terrain élevé à dominance de chêne rouge.

La principale menace pesant sur le carex des genévriers est probablement la perte d’habitat occasionnée par le développement. Les sites qui se trouvent dans la plaine de Napanee sont également menacés par des plantes envahissantes telles que le nerprun cathartique et le lilas commun. La dégradation de l’habitat, la succession naturelle et possiblement la suppression des incendies sont considérées comme d’autres menaces potentielles. Il convient toutefois de rappeler que les sites n’ont fait l’objet d’aucune visite récente visant à y évaluer les menaces.

Le but de rétablissement pour le carex des genévriers consiste à maintenir ou à accroître l’abondance de la population et la zone d’occupation en Ontario et à assurer la persistance à long terme de l’espèce dans son aire de répartition actuelle. Les objectifs de rétablissement sont les suivants :

Il est recommandé qu’un règlement sur l’habitat du carex des genévriers protège l’aire comprise à moins de 100 mètres des individus de l’espèce. Il s’agit d’une approche prudente qui vise à assurer le maintien des conditions de l’habitat entourant directement les individus de l’espèce. Dans les cas où les aires protégées sont séparées par une distance inférieure à 100 mètres, la zone intercalaire devrait également être protégée si elle contient de l’habitat convenable.

1 Renseignements généraux

1.1 Évaluation et classification de l’espèce

Nom commun: Carex des genévriers

Nom scientifique : Carex juniperorum

Statut selon la liste des EEPEO : En voie de disparition

Historique dans la liste des EEPEO : En voie de disparition (2004)

Historique d’évaluation du COSEPAC : En voie de disparition (2000)

Annexe 1 de la LEP : En voie de disparition (5 juin 2003)

Cotes de conservation : COTE G : G3 COTE N : N1 COTE S : S1

Le glossaire présenté à la fin du présent document donne la signification des acronymes utilisés ci-dessus et d’autres termes techniques mentionnés dans le présent document.

1.2 Description et biologie de l’espèce

Description de l’espèce

Le carex des genévriers est une petite plante vivace distinctive classée dans la section Phyllostachyae du genre Carex (Cypéracées ou famille du carex). Les membres de ce groupe forment des touffes compactes et se distinguent le plus facilement des espèces des autres groupes par les écailles pistillées foliacéesNote de bas de page 14 qui enveloppent le périgyneNote de bas de page 15 sur l’inflorescenceNote de bas de page 16 et par le nombre très réduit d’écailles staminées (Crins, 1990).

En Ontario, le carex des genévriers ressemble le plus aux autres membres de la section Phyllostachyae, dont le carex de Back (Carex backii, S4S5), le carex de James (Carex jamesii, S4, zone carolinienne) et le carex de Willdenow (Carex willdenowii, S1, région de Niagara). Il se différencie du carex de Back par ses écailles pistillées plus étroites (1,2-2,5 mm de largeur) qui n’enveloppent pas entièrement le périgyne en‑dessous. Contrairement à ce qu’on observe chez les carex de James et de Willdenow, la marge des écailles pistillées n’est pas hyaline (mince et translucide) chez le carex des genévriers, et les tiges sont généralement plus courtes (moins de 6,5 cm de hauteur, comparativement à 8-30 cm chez les espèces apparentées) (Catling et al., 1993).

Toutefois, cette brève description est présentée uniquement à titre d’information générale. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les critères permettant de différencier le carex des genévriers des espèces qui lui ressemblent, le lecteur est invité à consulter la description botanique et les clés techniques présentées dans Catling et al. (1993). Le carex des genévriers n’apparaît pas dans les flores de référence populaires largement utilisées en Ontario parce qu’il présente une aire de répartition très restreinte et qu’il n’a été décrit que relativement récemment.

Biologie de l’espèce

On sait très peu de choses sur la biologie du carex des genévriers, décrit pour la première fois en 1993. En Ontario, la floraison a lieu en mai et en juin (Catling et al., 1993). On ne dispose d’aucune information précise sur la pollinisation, la formation des graines, la dispersion ou les caractéristiques démographiques de l’espèce. Les graines de la plupart des espèces de Cypéracées sont probablement dispersées par l’eau ou les animaux (Leck et Schütz, 2005). Celles du carex des genévriers sont peut-être dispersées par l’eau durant les inondations saisonnières, par les sabots d’ongulés ou par les petits mammifères, les oiseaux ou les insectes (p. ex. fourmis), ou encore par gravité. Comme d’autres membres du genre Carex (Bernard, 1990), cette espèce dépend probablement en bonne partie de la multiplication végétative pour sa reproduction. Le carex des genévriers forme des colonies denses et se reproduit probablement par voie asexuée en émettant des tiges souterraines appelées rhizomes. La durée de vie des individus est inconnue. La durée d’une génération est également inconnue, mais elle a été estimée à plusieurs années (COSEWIC, 2000).

Le carex des genévriers semble tolérant au feu. Les populations de deux localités en Ohio ont apparemment très bien réagi au brûlage dirigé, augmentant en abondance, présentant une plus grande vigueur et colonisant les terres brûlées avoisinantes (NatureServe, 2014).

La section Phyllostachyae de la famille des Cypéracées, y compris le carex des genévriers, a fait récemment l’objet d’importants travaux taxinomiques (voir par exemple Ford et al., 1998; Starr et al., 1999; Starr et Ford, 2001; Ford et al., 2008; Starr et al., 2009). Des études génétiques de 44 populations nord-américaines ont révélé que le carex des genévriers présente un très haut niveau de variabilité génétique en comparaison d’espèces apparentées et montre des niveaux étonnamment élevés de flux génétique et une faible différenciation entre les populations même s’il se rencontre dans un petit nombre de régions géographiquement isolées (Ford et al., 1998). Aucun hybride entre cette espèce et d’autres membres du genre Carex n’a été découvert à ce jour (COSEWIC, 2000).

1.3 Répartition, abondance et tendances des populations

Le carex des genévriers est une espèce rare à l’échelle mondiale (G3) qui présente une répartition inhabituellement disjointe. En plus des cinq occurrencesNote de bas de page 17 connues en Ontario, la présence de l’espèce a été documentée dans seulement environ 35 sites localisés au Kentucky, en Ohio et en Virginie. Sur chaque territoire où il se rencontre, le carex des genévriers est considéré comme une espèce dont la conservation soulève des préoccupations (i.e., S1-S3) (NatureServe, 2014).

Quatre des cinq occurrences de l’espèce en Ontario se trouvent dans le comté de Hastings, dans l’alvar de la rivière Salmon, dans la plaine de Napanee (figure 3, tableau 3). En 2005, une cinquième occurrence a été découverte dans le comté de Haldimand, dans le parc provincial Selkirk, près du lac Érié, à l’est de Port Dover.

Figure 3. Répartition historique et actuelle du carex des genévriers en Ontario. Les mentions d’occurrence qui se chevauchent à l’est de Belleville représentent quatre mentions (voir le tableau 1 pour plus de détails). Carte établie d’après les données du Centre d’information sur le patrimoine naturel (NHIC, 2014a).
Description longue

La figure 3 indique les lieux d’occurrence de l’espèce dans le sud de l’Ontario. Trois points sont situés au nord-est de Belleville, et un point est situé près de la pointe Peacock.

Tableau 3. Occurrences du carex des genévriers en Ontario
ID OE Localité Dernier dénombrement de la population Population Rang d’OEc Menaces Propriétaire ou gestionnaire
22262 Alvar de la rivière Salmon, à l’ouest de la piste de course 2000 170+ individus (dénombre-ment partiel, Veit, 2000) B Espèces envahissantes, développement, pâturage par le bétail Privé
5872 Alvar de la rivière Salmon, au nord de la route 401 (alvar Lonsdale) 1995 5 000 individus
(COSEWIC, 2000)
A Développement, espèces envahissantes Privé
22271 Alvar de la rivière Salmon, à environ 2 km au SSO de Lonsdale 2002 20 tiges (Brinker, 2002) Xd Espèces envahissantes, développement, pâturage par le bétail Privé
22263 Alvar de la rivière Salmon, à l’est de la piste de course 2000 400+ individus (dénombre-ment partiel, Veit, 2000) AB Espèces envahissantes, développement Privé
92788 Parc provincial Selkirk 2008 Environ 50 individus, mais possiblement davantage (NHIC, 2014a) AB Aucune menace évidente Parcs Ontario

c Le rang d’occurrence d’élément (OE) fournit une indication de la viabilité estimée ou de la probabilité de persistance de chaque population (NatureServe, 2014). A : excellente; B : bonne; C : passable; D : faible; E : confirmée existante (viabilité non évaluée); X : disparue. Des rangs intermédiaires (p. ex. AB) sont utilisés dans certains cas. Pour de plus amples renseignements, consulter le site NatureServe Explorer, Raking species occurences - A generic approach (disponible en anglais seulement).

d Cette population a été redécouverte en 2002; une mise à jour du rang d’OE s’impose.

Il est difficile de déterminer l’abondance actuelle de la population ontarienne de carex des genévriers pour plusieurs raisons. La majorité des populations se trouvent sur des terres privées et n’ont fait l’objet d’aucun dénombrement depuis une décennie (T. Norris, M. Oldham, comm. pers., 2014). Cette espèce forme des colonies denses qui rendent difficile la distinction de chacun des individus qui les composent; ces colonies sont probablement constituées de clones et représentent un nombre inconnu d’individus génétiquement distincts. Au fil des ans, différentes méthodes ont été utilisées pour les recensements des populations, certains relevés prenant en compte le nombre d’individus, et les autres, le nombre de tiges (tableau 1). En dehors de la période de fructification, le carex des genévriers ressemble également beaucoup à d’autres espèces de carex, ce qui rend les dénombrements difficiles.

On ne dispose d’aucune estimation précise et à jour de la taille de la population ontarienne. La somme des dénombrements les plus récents (incluant les dénombrements partiels) de toutes les occurrences s’élève à 5 640+ individus (tableau 1). Toutes les occurrences sont considérées comme existantes. Trois occurrences dans la plaine de Napanee ont récemment fait l’objet d’observations, mais aucun dénombrement n’a été effectué (P. Catling, comm. pers., 2014). Les dénombrements partiels les plus récents de populations individuelles ont été réalisés en 2000 et en 2002 (Veit, 2000; Brinker, 2002).

L’estimation exhaustive la plus récente de la population est tirée du rapport de situation du COSEPAC de 2000. La population avait alors été estimée à 6 600 « individus » répartis dans trois occurrences existantes. Depuis, une occurrence tenue pour disparue a été redécouverte (20 individus; Brinker, 2002), et une nouvelle occurrence a été découverte au parc provincial Selkirk (50 individus). Une plus grande étendue d’habitat convenable inexploré est présente au parc provincial Selkirk, et d’autres individus pourraient s’y trouver. Quoi qu’il en soit, ces estimations de l’abondance de l’espèce sont probablement largement supérieures au nombre réel d’individus génétiquement distincts en raison de la propension de l’espèce à produire des clones.

Il est impossible de déterminer les tendances de la population de l’espèce en Ontario, car aucun des sites connus n’a fait l’objet de recensements systématiques ou répétés. Aucune information couvrant une période plus longue n’est disponible puisque l’espèce a été décrite relativement récemment (1993). En dépit des importantes menaces répertoriées dans l’ensemble de l’aire de répartition de l’espèce, l’abondance du carex des genévriers semble stable à cette même échelle, des populations de l’Ohio ayant bien réagi au brûlage dirigé périodique (NatureServe, 2014).

1.4 Besoins en matière d’habitat

Dans l’ensemble de son aire de répartition dans l’est de l’Amérique du Nord, le carex des genévriers se rencontre généralement dans des forêts claires de genévriers de VirginieNote de bas de page 18 (Juniperus virginiana) et de chênes (Quercus spp.). Les assemblages d’espèces végétales dans les clairières occupées par le carex des genévriers sont caractéristiques des habitats de prairie ou d’alvar (Catling et al., 1993). En Ontario, le carex des genévriers pousse généralement dans des milieux légèrement ombragés où la fermeture du couvert oscille entre 50 et 70 % (Norris, 1994) et ne se rencontre pas dans les milieux très ombragés ou en plein soleil (COSEWIC, 2000). Le carex des genévriers préfère généralement des sols argileux alcalins peu profonds à pH de 7,0 à 7,8 dérivés d’une assise calcaire et reposant sur une telle assise (Catling et al., 1993).

Le carex des genévriers est présent dans deux régions en Ontario, et son habitat diffère dans les deux régions. Les quatre occurrences présentes dans le comté de Hastings sont situées dans la plaine de Napanee–Prince Edward et se rencontrent dans des alvars boisés, habitat typique de l’espèce. La plupart des individus poussent dans des ouvertures entre des genévriers de Virginie (Juniperus virginiana) ou d’autres arbres. Norris (1994) a décrit de façon générale l’habitat du carex des genévriers comme étant des landes calcaires arborées très sèches à genévrier de Virginie, chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa), pin blanc (Pinus strobus), frêne blanc (Fraxinus americana) et tilleul d’Amérique (Tilia americana). Selon les descriptions des habitats de la classification écologique des terres (CET) de Lee et al. (1998), ce type de communauté correspond à l’alvar boisé à genévrier de Virginie et renoncule fasciculée (ALT 1‑5). D’autres types de communautés (p. ex. landes rocheuses arborées) mentionnés dans les versions plus récentes de la CET (p. ex. Lee et al., 2008) peuvent également s’appliquer. Il est possible que certains sites soumis à la succession naturelle soient maintenant considérés comme des forêts conifériennes selon les méthodes de la CET.

Le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica) et le genévrier commun (Juniperus communis) étaient associés au carex des genévriers dans trois des sites du comté de Hastings visités en 1994 (COSEWIC, 2000). Les espèces associées dominantes du couvert végétal au sol à tous les sites incluaient la danthonie à épi (Danthonia spicata) et le fraisier des champs (Fragaria virginiana var. virginiana). Les espèces suivantes étaient également communes dans l’habitat du carex des genévriers : aster à feuilles cordées (Symphyotrichum cordifolium), carex sec (Carex siccata), carex de Pennsylvanie (Carex pensylvanica), carex en ombelle (Carex umbellata), comandre à ombelle (Comandra umbellata), épervière des Florentins (Pilosella piloselloides) et pâturin comprimé (Poa compressa). Les espèces de mousses associées comprenaient l’Abietinella abietina et une espèce du genre Brachythecium (Catling et al., 1993).

Une liste exhaustive des espèces du couvert végétal au sol qui sont associées au carex des genévriers dans trois sites du comté de Hastings est présentée dans COSEWIC (2000) (pages 9 et 10). Les relevés effectués à ces trois sites ont indiqué que l’habitat du carex des genévriers est caractérisé par une diversité d’espèces relativement élevée, 66 espèces de plantes du couvert végétal au sol poussant à moins de 1 m d’un carex des genévriers (COSEWIC, 2000). Les sols dans cette région de l’Ontario consistent en un loam de Farmington sur une assise de calcaire du groupe de Black River (Gillespie et al., 1962). Ces sols mesurent généralement moins de 30 cm de profondeur et sont bien drainés (COSEWIC, 2000).

Compte tenu du nombre d’années écoulées depuis que les descriptions de l’habitat ont été effectuées au cours des années 1990, certaines parties de l’habitat se sont peut‑être refermées sous l’effet de la succession naturelle au point où le taux de fermeture du couvert forestier y est maintenant supérieur à 60 %. Le type de végétation ne pourrait plus y être considéré comme un alvar boisé selon la CET (Lee et al., 1998). En 2000, une description de l’habitat de certaines sous-populations sur l’alvar de la rivière Salmon a révélé que le couvert forestier oscillait entre 75 et 80 % (Veit, 2000); ces milieux seraient maintenant probablement considérés comme des forêts conifériennes. Il est possible que ces secteurs ne constituent plus un habitat optimal pour le carex des genévriers, et une gestion de l’habitat pourrait s’imposer pour y assurer le maintien de la population en place.

L’occurrence du parc provincial Selkirk, dans le sud-ouest de l’Ontario, occupe une forêt décidue de terrain élevé, type d’habitat passablement différent de celui occupé par l’espèce dans les autres localités. Les espèces arborescentes dominantes comprennent le chêne rouge (Quercus rubra), le caryer ovale (Carya ovata), l’ostryer de Virginie (Ostrya virginiana), diverses espèces de frênes (Fraxinus spp.) et l’érable à sucre (Acer saccharum). Les aubépines (Crataegus spp.), l’hamamélis de Virginie (Hamamelis virginiana) et la viorne de Rafinesque (Viburnum rafinesquianum) sont communes au niveau de la strate arbustive. Les espèces du couvert végétal au sol incluent la desmodie glutineuse (Hylodesmum glutinosumNote de bas de page 19), l’impatiente du Cap (Impatiens capensis), la violette pubescente (Viola pubescensNote de bas de page 20) et la lysimache ciliée (Lysimachia ciliata) (NHIC, 2014a).

Bien qu’une description détaillée des espèces associées de la communauté végétale ait été effectuée pour plusieurs populations (voir par exemple Catling et al., 1993; Norris, 1994; Veit, 2000; Brinker, 2002), l’étendue de l’habitat occupé par les occurrences de l’Ontario n’a pas été déterminée selon les méthodes normalisées de la classification écologique des terres (CET) pour le sud de l’Ontario (Lee et al., 1998).

1.5 Facteurs limitatifs

Le principal habitat de cette espèce, l’alvar boisé, est présent en quantité très limitée en Ontario. La majorité des types de communautés végétales associées aux alvars boisés y sont considérés comme rares à l’échelle provinciale (S1-S3) par le Centre d’information sur le patrimoine naturel (NHIC, 2014b), et certains d’entre eux sont peut‑être également rares à l’échelle mondiale. En conséquence, la disponibilité de l’habitat a été considérée comme un facteur limitant la répartition et l’abondance du carex des genévriers à l’échelle de son aire de répartition (Catling et al., 1993; COSEWIC, 2000).

Toutefois, la population de carex des genévriers récemment découverte dans le parc provincial Selkirk est établie dans une forêt décidue, un type de communauté végétale beaucoup plus commun. Il semble donc que l’absence d’habitat convenable ne constitue pas pour l’espèce un facteur limitatif aussi important qu’on le croyait auparavant.

1.6 Menaces pour la survie et le rétablissement

Perte d’habitat

Historiquement, la perte d’habitat était probablement la principale menace pour cette espèce en Ontario. Le développement est probablement la menace la plus imminente dans les sites de la plaine de Napanee (P. Catling, comm. pers., 2014). Le développement résidentiel est généralisé sur les alvars dans la région de la plaine de Napanee, et Crowder et al. (2013) décrivent comment la construction d’habitations et l’aménagement de jardins ont entraîné la destruction de nombreuses petites parcelles d’alvars restants. La construction de routes principales a probablement séparé et isolé les occurrences existantes. L’expansion de carrières a déjà été considérée dans le passé comme une menace à une de ces occurrences (COSEWIC, 2000), mais on ignore si c’est encore le cas. L’élargissement de routes et l’exploitation de gravrières pour l’aménagement des bords de route sont de façon générale considérés comme une source de préoccupation pour les alvars dans la région (Crowder et al., 2013). Norris (1994) a noté que l’aménagement de corridors de transport d’électricité et de gazoducs a entraîné d’importantes pertes d’habitat et l’altération des sites d’alvar dans la zone d’intérêt naturel et scientifique (ZINS) de l’alvar de la rivière Salmon. Les centrales solaires et les parcs d’éoliennes sont de plus en plus nombreux dans la région. Quatre des cinq occurrences existantes en Ontario se trouvent sur des terres privées et sont très vulnérables à la perte d’habitat. Les données amassées à ce jour donnent à croire qu’il est impossible de restaurer complètement les écosystèmes d’alvar une fois que ceux-ci ont été détruits ou gravement endommagés (Catling, 2013).

Dégradation de l’habitat

Outre la perte d’habitat, la dégradation de l’habitat occupé représente encore probablement une menace pour cette espèce. L’habitat d’alvar du carex des genévriers dans la plaine de Napanee a été utilisé durant de nombreuses années comme pâturage pour le bétail (Norris 1994), mais on ignore si cette pratique a encore cours dans certains sites. Le surpâturage par le bétail est une menace bien connue pour les alvars, car il réduit les populations de certaines espèces indigènes au profit d’autres espèces (Reschke et al., 1999). Dans la plaine de Napanee, le surpâturage est particulièrement dommageable s’il se produit durant la saison sèche, et il peut favoriser la prolifération d’espèces arbustives ligneuses et de mauvaises herbes plus agressives telles que les chardons (Cirsium sp.) (Crowder et al., 2013). Le rejet de déchets a été observé à une occurrence et constitue un problème dans de nombreux sites d’alvar en Ontario. Le caractère plat des alvars et la perception selon laquelle ces milieux à végétation clairsemée et à faible potentiel agricole n’ont aucune valeur contribuent à favoriser cette pratique (Reschke, 1999; COSEWIC, 2000). L’utilisation de véhicules tout terrain (VTT) est fréquente dans l’habitat d’alvar et peut y occasionner des dommages très importants dans les zones à sol peu profond, en particulier lorsque les sols sont humides (Reschke et al., 1999; Crowder et al., 2013).

Espèces envahissantes

Le nerprun cathartique est commun et est parfois l’espèce dominante dans tous les sites de la plaine de Napanee. Il peut empêcher les rayons du soleil d’atteindre le sous‑étage et ainsi rendre l’habitat non convenable pour le carex des genévriers (COSEWIC, 2000). Au cours des relevés effectués en 2000, aucun carex des genévriers n’a été trouvé dans les secteurs où le nerprun cathartique était l’espèce dominante (Veit, 2000). Le lilas commun (Syringa vulgaris) est également largement réparti et en expansion rapide dans la région (P. Catling, comm. pers., 2014). D’autres espèces exotiques, dont le pâturin comprimé (Poa compressa) et le millepertuis commun (Hypericum perforatum), étaient considérées comme des menaces potentielles pour l’habitat du carex des genévriers lors des relevés de 1994 (COSEWIC, 2000). Le pâturage et l’utilisation de remblais et de gravier contaminés peut favoriser le transport de graines d’espèces non indigènes et envahissantes (Crowder et al., 2013).

Succession naturelle et/ou suppression des incendies

La succession naturelle peut favoriser la conversion de l’habitat d’alvar boisé ouvert en forêt fermée dans la plaine de Napanee, mais on ignore si c’est le cas dans les sites occupés par l’espèce, ces derniers n’ayant pas été visités récemment. Le rôle du feu dans l’écologie des alvars des Grands Lacs est complexe, certains alvars ayant presque certainement été créés par le feu alors que d’autres ne montrent aucune trace d’incendies passés (Reschke et al., 1999). L’historique des incendies dans la plaine de Napanee n’est pas bien compris, mais de façon générale, la suppression des incendies est considérée comme une menace potentielle pour les alvars de la région (Crowder et al., 2013). Dans l’alvar Burnt Lands, dans l’est de l’Ontario, il a été démontré que le feu contribuait au maintien de communautés végétales distinctives et diversifiées (Catling et Brownell, 1998; Catling, 2009). Le carex des genévriers semble tolérer le feu et même en tirer profit, et aux États-Unis, les populations dans certains sites ayant fait l’objet de brûlages dirigés ont augmenté et se sont étendues. La suppression des incendies est considérée comme une menace importante pour certaines populations en Ohio car elle favorise la prolifération des grandes graminées et des espèces arbustives (NatureServe 2014).

Autres menaces

La modification du régime de drainage, l’exploitation forestière et l’aménagement de centrales solaires et de parcs d’éoliennes d’envergure ont été mentionnés comme des menaces potentielles et avérées pour les alvars de la plaine de Napanee–Prince Edward (Crowder et al., 2013). Aucun projet de cette nature ne menace actuellement l’alvar de la rivière Salmon (T. Norris, obs. pers., 2014).

Aucune menace n’a été décelée lors de la découverte initiale de l’occurrence au parc provincial Selkirk (M. Oldham, obs. pers., 2014). Les plantes y bénéficient d’une protection contre la destruction et la dégradation de l’habitat, mais la population ne fait pas l’objet d’un suivi régulier, et aucune information récente sur la présence d’espèces envahissantes ou la succession naturelle n’est disponible.

1.7 Lacunes dans les connaissances

L’obtention d’information additionnelle sur le carex des genévriers s’impose de manière urgente en appui au rétablissement de l’espèce. Les principales lacunes dans les connaissances sont exposées ci-dessous.

Situation des populations et de l’habitat

Les principales lacunes dans les connaissances susceptibles de compromettre le rétablissement du carex des genévriers en Ontario ont trait à la situation actuelle des populations existantes, en particulier celles de la plaine de Napanee. Bien que certains sites aient été visités régulièrement, on ignore la taille et l’étendue actuelles de la population totale ainsi que la propriété des terres occupées par l’espèce. La gravité des menaces dans la majorité des sites est également inconnue. Aucune menace immédiate pour la population n’a été décelée dans le parc provincial Selkirk, mais il convient de noter que ce site n’a pas été visité récemment. Comme la mise au point de méthodes normalisées de recensement des populations de carex des genévriers demeure à faire, il est difficile de déterminer les tendances en matière de population ou d’occupation. Les communautés végétales présentes dans chacun des sites ont été décrites de façon générale, mais la cartographie de l’habitat de ces communautés au moyen des méthodes de la CET (Lee et al., 1998) fournirait des informations utiles pour l’élaboration d’un règlement sur l’habitat.

Besoins en matière d’habitat et écologie

Pratiquement tous les aspects de la biologie et de l’écologie du carex des genévriers demeurent méconnus. On ne sait pratiquement rien de la démographie de l’espèce (y compris la longévité, la formation des graines, le recrutement et la viabilité des populations) ainsi que de la pollinisation ou de la dispersion des graines. L’obtention d’informations plus détaillées sur les préférences de l’espèce en matière d’habitat, ses rôles écologiques (p. ex. tolérance à l’ombre, au pâturage et à d’autres facteurs de perturbation) et ses relations avec d’autres espèces présentes aux sites de l’Ontario aiderait à mieux comprendre les besoins particuliers du carex des genévriers en matière d’habitat. Il importe également d’étudier l’hydrologie des sites de l’alvar de la rivière Salmon et son rôle possible dans la dispersion des akènes (ou graines). On sait peu de choses sur l’historique des incendies à l’alvar de la rivière Salmon, et l’obtention de données aiderait à évaluer si le feu peut être un outil de gestion approprié. La découverte récente de l’espèce dans une forêt décidue plus fermée donne à croire qu’elle peut tolérer d’autres types d’habitats et est peut-être plus largement répartie qu’on le croyait jusque-là.

Gestion de l’habitat

Très peu d’information est disponible pour aider les propriétaires fonciers à orienter la gestion de cette espèce ou de son habitat en Ontario. Une bonne compréhension des réactions du carex des genévriers à diverses techniques de gestion faciliterait la conservation de l’espèce. Il serait notamment intéressant de connaître la réponse du carex des genévriers et de son habitat d’alvar boisé à des techniques telles que la lutte contre les espèces envahissantes et/ou l’enlèvement de celles‑ci, l’éclaircie des strates arborescente et arbustive et, possiblement, le brûlage dirigé. Les effets d’espèces envahissantes telles que les nerpruns (Rhamnus spp.) sur le carex des genévriers n’ont pas été étudiés en détail.

1.8 Mesures déjà achevées ou en cours

En collaboration avec un certain nombre d’intervenants dans la région, un programme de rétablissement multi-espèces a été élaboré pour les écosystèmes d’alvar de la plaine de Napanee–Prince Edward, dans le sud-est de l’Ontario (Crowder et al., 2013). Le carex des genévriers est une espèce focale de ce programme de rétablissement, qui décrit les besoins en matière de rétablissement et les menaces qui pèsent sur plus de 50 alvars dans la plaine de Napanee–Prince Edward. Douze autres espèces de plantes rares et en péril sont également mentionnées dans ce programme de rétablissement, dont le micocoulier rabougri (Celtis tenuifolia), une espèce menacée. Ce programme de rétablissement d’écosystèmes visait à répertorier les activités de rétablissement requises pour favoriser la protection et l’amélioration de l’habitat d’alvar dans la région de la plaine de Napanee–Prince Edward. Il ne traite pas cependant du rétablissement du carex des genévriers dans l’ensemble de son aire de répartition en Ontario.

Les derniers relevés ciblant le carex des genévriers effectués dans les sites de la plaine de Napanee ont été réalisés en 2000 et en 2002 (Veit, 2000; Brinker, 2002; T. Norris, comm. pers., 2014). Des observations ont été faites récemment dans certains sites, mais aucune donnée de relevé détaillée n’y a été recueillie (P. Catling, comm. pers., 2014). Aucune autre mesure de rétablissement n’a été prise à ce jour pour favoriser le maintien de cette espèce en Ontario.

2 Rétablissement

2.1 But de rétablissement

Le but de rétablissement pour le carex des genévriers consiste à maintenir ou à accroître l’abondance de la population et la zone d’occupation en Ontario et à assurer la persistance à long terme de l’espèce dans son aire de répartition actuelle.

2.2 Objectifs en matière de protection et de rétablissement

Les objectifs de rétablissement du carex des genévriers sont principalement axés sur la protection des populations existantes (tableau 2 partie 2).

Tableau 4. Objectifs en matière de protection et de rétablissement
No Objectifs en matière de protection ou de rétablissement
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.
2 Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.
3 Combler les lacunes dans les connaissances sur l’écologie et la gestion du carex des genévriers.
4 Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.
5 Si la chose est réalisable et nécessaire, envisager d’assurer la conservation ex situ de l’espèce par des initiatives de conservation de germoplasme.

2.3 Approches de rétablissement

Tableau 5. Approches de rétablissement du carex des genévriers en Ontario
Objectifs

Priorité relative

Échéancier relatif

Volet du rétablissement

Approche de rétablissement

Menaces ou lacunes dans les connaissances visées

1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Critique

Court terme

Communication, protection, intendance

1.1 Identifier les propriétaires fonciers actuels et communiquer avec eux pour évaluer leur intérêt à participer à la protection et à la gestion des populations de carex des genévriers. Assigner une cote de priorité aux sites aux fins de la mise en œuvre de mesures de protection.

Menaces :

  • Perte d’habitat
  • Dégradation de l’habitat

Lacunes dans les connaissances :

  • Situation des populations et de leur habitat
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Critique

Long terme et continu

Communication

1.2 Assurer la coordination et la communication des mesures de rétablissement parmi les groupes participant au rétablissement du carex des genévriers, y compris le MRNFO, les fiducies foncières, les groupes d’intendance, les offices de conservation de la nature, les municipalités et autres parties concernées, au besoin.

Menaces :

  • Toutes les menaces
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Critique

Court terme et continu

Protection, intendance

1.3 En collaboration avec les propriétaires fonciers, examiner les diverses options disponibles pour assurer la protection à long terme des populations (p. ex. intendance, servitudes, préservation de terres privées; désignations additionnelles ou zonage sur des terres publiques, si nécessaire).
  • Promouvoir l’utilisation des sources de financement prévues pour l’intendance des espèces en péril, du Programme de financement pour l’intendance environnementale des terres et la restauration des habitats (anciennement appelé Programme de participation communautaire à la gestion du poisson et de la faune), des incitatifs fiscaux offerts dans le cadre du Programme d’encouragement fiscal pour les terres protégées (PEFTP), du programme de dons écologiques et d’autres programmes de financement disponibles au sein de la collectivité agricole pour appuyer les activités de protection et d’intendance.

Menaces :

  • Perte d’habitat
  • Dégradation de l’habitat
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Nécessaire

Court terme

Protection,
communication

1.4 En collaboration avec les municipalités, répertorier les sites occupés par l’espèce sur des terres privées et établir un zonage afin de veiller à ce que les sites et l’habitat d’alvar bénéficient d’une protection adéquate dans le cadre des mécanismes de planification municipaux.

Menaces :

  • Perte d’habitat
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Nécessaire

Long terme

Protection, intendance

1.5 Cartographier l’habitat du carex des genévriers.
  • Décrire et cartographier l’habitat du carex des genévriers au moyen des méthodes de la CET afin de faciliter l’élaboration d’un règlement sur l’habitat.
  • Dans la mesure où cette option aura été retenue au point 1.3, élaborer des directives applicables à la cartographie de l’habitat afin de faire en sorte que l’habitat du carex des genévriers soit admissible au PEFTP.

Menaces :

  • Perte d’habitat
  • Dégradation de l’habitat

Lacunes dans les connaissances :

  • Situation des populations et de leur habitat
  • Besoins en matière d’habitat et écologie
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Nécessaire

Long terme

Protection, communication

1.6 Veiller à ce que les informations récentes sur les occurrences soient versées dans la base de données du CIPN et à ce que les municipalités, les offices de conservation de la nature et les experts-conseils puissent y avoir accès. Promouvoir la protection de l’habitat d’alvar boisé dans les plans officiels locaux et par l’entremise d’autres instruments de la Déclaration de principes provinciale (DPP).

Menaces :

  • Perte d’habitat
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Nécessaire

Long terme

Communication, éducation et sensibilisation

1.7 Mener à bien des activités de sensibilisation afin de promouvoir la conservation et l’intendance de l’habitat d’alvar dans la plaine de Napanee–Prince Edward par le biais de démonstrations publiques, de visites des sites, de bioblitz, de conférences et d’autres activités.

Menaces :

  • Perte d’habitat
  • Dégradation de l’habitat

Lacunes dans les connaissances :

  • Situation des populations et de leur habitat
1 Répertorier et protéger les populations et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.

Nécessaire

Long terme

Inventaire

1.8 Répertorier les zones d’habitat potentiellement convenable additionnelles et y effectuer des relevés.

Menaces :

  • Perte d’habitat

Lacunes dans les connaissances :

  • Situation des populations et de leur habitat
  • Besoins en matière d’habitat et écologie
2 Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.

Critique

Court terme

Inventaire,
suivi et évaluation

2.1 Réaliser des relevés de toutes les populations existantes et, notamment :
  • réaliser des relevés visant à établir la présence ou l’absence de l’espèce et son abondance en utilisant des méthodes et une terminologie normalisées (voir 2.2.).
  • déterminer par GPS l’étendue des populations, de l’habitat et des communautés végétales selon la CET.
  • analyser les menaces et cerner les besoins en matière de gestion propres à chaque site.

Menaces :

  • Toutes les menaces

Lacunes dans les connaissances :

  • Situation des populations et de leur habitat
  • Besoins en matière d’habitat et écologie
2 Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.

Critique

Court terme

Inventaire,
suivi et évaluation

2.2 Élaborer et mettre en place des méthodes de suivi normalisées applicables à tous les sites. Veiller à ce que les méthodes soient publiées ou rendues largement accessibles pour fins d’utilisation. Effectuer immédiatement des relevés de base des populations et répéter les relevés selon un intervalle minimal de trois à cinq ans.

Menaces :

  • Toutes les menaces

Lacunes dans les connaissances :

  • Situation des populations et de leur habitat
  • Besoins en matière d’habitat et écologie
3 Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.

Critique

Continu

Recherche,
gestion

3.1 Mener à bien des recherches expérimentales sur les effets des activités de gestion de l’habitat (p. ex. traitements de pâturage, éclaircies du couvert forestier, lutte contre les espèces envahissantes) sur l’habitat d’alvar boisé et/ou les populations de carex des genévriers.

Menaces :

  • Espèces envahissantes
  • Succession naturelle et/ou suppression des incendies
  • Dégradation de l’habitat

Lacunes dans les connaissances :

  • Gestion de l’habitat
3 Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.

Nécessaire

Continu

Recherche

3.2 Mener à bien des recherches sur l’écologie du carex des genévriers en Ontario (préférences à l’égard de l’habitat, historique des incendies).

Menaces :

  • Toutes les menaces

Lacunes dans les connaissances :

  • Besoins en matière d’habitat et écologie
3 Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.

Nécessaire

Long terme

Recherche

3.3 Mener à bien des recherches sur les divers aspects du cycle vital du carex des genévriers présentant un lien avec son rétablissement (p. ex. démographie, reproduction, viabilité des populations, pollinisation, dispersion des graines, génétique des populations).

Lacunes dans les connaissances :

  • Besoins en matière d’habitat et écologie
4 Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.

Critique

Continu

Suivi et évaluation, gestion,
intendance

4.1 Répertorier les menaces et élaborer un plan d’action priorisé pour chaque site.

Menaces :

  • Toutes les menaces
4 Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.

Critique

Continu

Gestion,
intendance

4.2 Évaluer la pertinence de mettre en place des mesures pour contrer la menace posée par les espèces envahissantes (en particulier le nerprun cathartique) et, au besoin, appliquer de telles mesures.
  • En collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres, évaluer la menace posée par les espèces envahissantes à chaque site et établir les priorités en matière de lutte.
  • Mener les activités de lutte et de remise en état de l’habitat en respectant l’ordre de priorité établi.
  • Effectuer le suivi des résultats obtenus et poursuivre les activités si nécessaire, en évaluant régulièrement les réactions du carex des genévriers aux mesures mises en place.

Menaces :

  • Espèces envahissantes
  • Besoins en matière d’habitat et écologie
4 Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.

Critique

Long terme et continu

Intendance, communication, gestion

4.3 Gérer les sites de manière à protéger les populations des dommages causés par les VTT, le surpâturage et le rejet de déchets.
  • En collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres, répertorier les menaces (p. ex. surpâturage, utilisation de VTT, rejet de déchets) susceptibles d’avoir des effets néfastes sur le carex des genévriers ou sur son habitat.
  • Élaborer des méthodes adaptées à chaque site pour contrer les menaces (p. ex. érection de clôtures, modification des pratiques de pâturage, installation de panneaux, communication).
  • Évaluer et partager les résultats.

Menaces :

  • Dégradation de l’habitat

Lacunes dans les connaissances :

  • Besoins en matière d’habitat et écologie
4 Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.

Nécessaire

Long terme

Intendance, recherche,
gestion, communication

4.4 Élaborer un document décrivant en détail les pratiques de gestion ciblant les communautés d’alvar :
  • résumant les principales menaces, en particulier la succession par les espèces ligneuses (suppression des incendies), le pâturage et les espèces envahissantes;
  • décrivant les pratiques de recherche et de gestion (y compris les pratiques appliquées par d’autres instances) utilisées avec succès pour contrer ces menaces.

Menaces :

  • Dégradation de l’habitat
  • Succession naturelles et/ou suppression des incendies
  • Espèces envahissantes
4 Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.

Nécessaire

Long terme

Recherche, communication, intendance

4.5 Évaluer sur le terrain et documenter l’utilisation de diverses pratiques de gestion dans l’habitat du carex des genévriers.

Menaces :

  • Dégradation de l’habitat
  • Succession naturelle et/ou suppression des incendies
  • Espèces envahissantes

Lacunes dans les connaissances :

  • Besoins en matière d’habitat et écologie
5 Si la chose est réalisable et nécessaire, envisager d’assurer la conservation ex situ de l’espèce par des initiatives de conservation de germoplasme.

Bénéfique

Long terme

Recherche,
gestion

5.1 Si nécessaire, envisager de recourir aux techniques de conservation ex situ suivantes :

  • préservation du matériel génétique de l’espèce (stockage de semences) pour les populations de l’Ontario dans une installation reconnue.
  • augmentation des populations;
  • multiplication de plantes.

Menaces :

  • Perte d’habitat
Commentaires à l’appui des approches de rétablissement

Pour protéger le carex des genévriers et assurer son maintien en Ontario, il sera essentiel d’obtenir l’appui des propriétaires des terres privées concernés. Quatre des cinq populations existantes, y compris la plus grande population au Canada, se trouvent sur des terres privées. Le succès des activités de rétablissement, même des activités d’inventaire et de suivi, dépendra du succès des initiatives d’intendance sur les terres privées.

Comme c’est le cas pour de nombreuses autres espèces en péril, l’examen et la détermination des sources de financement et des autres incitatifs disponibles pour assurer la protection du carex des genévriers sur les terres privées joueront un rôle crucial dans l’obtention de l’appui des propriétaires fonciers. Diverses approches, y compris l’achat de parcelles d’habitat de l’espèce de propriétaires consentants, pourraient être requises pour atteindre les objectifs énoncés dans le présent programme de rétablissement.

Il est également important d’obtenir l’appui des propriétaires pour amasser des informations à jour sur la situation et l’écologie de l’espèce. Comme il a déjà été mentionné, on sait si peu de choses sur la biologie et l’écologie du carex des genévriers que toute recherche à long terme sur pratiquement n’importe quel aspect du cycle vital et de l’écologie de l’espèce devrait fournir des informations utiles. Étant donné la découverte récente d’une population dans un habitat différent, il serait utile d’examiner plus à fond les préférences de l’espèce à l’égard de l’habitat à l’échelle de son aire de répartition. Il est possible que la tenue de relevés dans d’autres régions comportant de l’habitat convenable mène à la découverte de nouvelles populations.

Les alvars de la région des Grands Lacs sont exposés à des menaces communes, en particulier l’exploitation de carrières, le développement, l’utilisation de VTT, le pâturage et le broutage et les espèces envahissantes (Reschke et al., 1999). Un examen et une synthèse des meilleures pratiques utilisées pour gérer des menaces communes pourraient être bénéfiques pour le carex des genévriers et d’autres espèces rares et en péril associées aux alvars en Ontario.

Le rétablissement du carex des genévriers sera entrepris concurremment aux initiatives décrites dans le document A multi-species Recovery Strategy for the Alvar Ecosystems of the Napanee – Prince Edward Plain in southeastern Ontario (Crowder et al., 2013) et dans divers documents à l’appui tels que le plan directeur élaboré par Conservation de la nature Canada et les plans de conservation des aires naturelles. Un certain nombre de fiducies foncières locales (p. ex. Friends of the Salmon River, Hastings-Prince Edward Land Trust et Kingston Frontenac Lennox and Addington Land Conservancy) pourraient également contribuer au rétablissement de l’espèce.

2.4 Mesures de rendement

Mesures
Objectif Mesures de rendement
1. Répertorier et protéger les populations de carex des genévriers et leur habitat en collaboration avec les propriétaires fonciers et les gestionnaires des terres.
  • Aucune population existante n’a disparu. Les populations sont stables ou en hausse en termes d’abondance et/ou d’étendue. L’abondance des populations est mesurée au moyen de méthodes normalisées (p. ex. nombre de tiges, zone d’occupation).
  • Les propriétaires fonciers concernés ont été identifiés et contactés à compter de 2015.
  • Un nombre accru de sites se trouvant sur des terres privées sont protégés par des accords d’intendance ou d’autres méthodes.
  • L’étendue des populations et de l’habitat a été déterminée.
2. Effectuer un suivi régulier de toutes les populations et de leur habitat et rendre compte des résultats obtenus.
  • De nouveaux relevés ont été entrepris en 2016.
  • Des techniques de suivi normalisées ont été élaborées et utilisées.
  • Une description des méthodes de suivi a été publiée dans des rapports ou des articles revus par des pairs.
  • Les sites font l’objet d’un suivi tous les trois à cinq ans.
3. Combler les lacunes dans les connaissances sur l’écologie et la gestion du carex des genévriers.
  • Notre compréhension du cycle vital et de l’écologie du carex des genévriers s’est accrue considérablement (en cours).
4. Répertorier et gérer les menaces au moyen de mesures de suivi et de gestion des populations de l’espèce et de leur habitat.
  • Les menaces actuelles ont été répertoriées, et une liste des priorités pour tous les sites a été élaborée pour 2016.
  • L’ampleur des menaces a été réduite à chaque site.
  • Le nombre de sites faisant l’objet d’une gestion des menaces a augmenté.
5. Si la chose est réalisable et nécessaire, envisager d’assurer la conservation ex situ de l’espèce par des initiatives de conservation de germoplasme.
  • La nécessité et la faisabilité de mettre en place un programme de conservation de germoplasme ont été évaluées.
  • Si une telle initiative est jugée nécessaire et réalisable, les mesures qui s’imposent sont entreprises.

2.5 Aire à considérer dans l’élaboration d’un règlement sur l’habitat

En vertu de la LEVD, un programme de rétablissement doit comporter une recommandation au ministre des Richesses naturelles et des Forêts concernant l’aire qui devrait être prise en considération lors de l’élaboration d’un règlement sur l’habitat.Un tel règlement est un instrument juridique qui prescrit une aire qui sera protégée à titre d’habitat de l’espèce. La recommandation énoncée ci-après par l’auteur sera l’une des nombreuses sources prises en compte par le ministre lors de l’élaboration du règlement sur l’habitat de cette espèce.

Le carex des genévriers est une plante très rare en Ontario et ailleurs dans le monde. Il est donc important de protéger adéquatement son habitat pour assurer sa conservation à l’échelle mondiale, une responsabilité qui incombe en bonne partie à l’Ontario.

On sait toutefois très peu de choses sur cette espèce. Dans de nombreuses régions, son habitat n’a pas été évalué ou décrit récemment et peut avoir changé (p. ex. boisés évoluant en forêts sous l’effet de la succession naturelle) depuis qu’il a été décrit de façon détaillée au cours des années 1990. La classification des terres n’a pas été effectuée selon les méthodes de la CET ou d’autres méthodes appropriées, et aucune information sur la taille et l’étendue des communautés végétales entourant les occurrences n’est disponible. Dans la plaine de Napanee, l’habitat du carex des genévriers est fragmenté et perturbé. Ce carex se rencontre généralement dans de petites clairières dans des communautés végétales plus étendues qui, dans la plupart des cas, ont été altérées par des perturbations liées aux activités humaines comme le pâturage et les espèces non indigènes envahissantes.

Il est recommandé que le règlement sur l’habitat englobe le polygone contigu des types de végétation délimités selon la CET (Lee et al., 1998) à l’intérieur duquel l’espèce est présente, jusqu’à une distance maximale de 100 mètres de tout individu de l’espèce. Si la communauté végétale à l’intérieur de laquelle un individu de l’espèce est présent ne correspond à aucun des types de végétation existants reconnus par la CET (Lee et al., 1998), une zone de protection d’un rayon de 100 m devra être établie autour de cet individu.

L’élaboration d’un règlement sur l’habitat fondé sur la communauté végétale aidera à préserver les fonctions écologiques de l’aire ainsi que les conditions écologiques nécessaires à la persistance du carex des genévriers. Un tel règlement pourrait également faciliter la multiplication végétative de l’espèce et/ou la dispersion locale de ses akènes.

La protection d’une zone de rayon maximal de 100 m a été choisie pour plusieurs raisons. D’abord, on sait peu de choses sur le type ou l’étendue des communautés végétales de la CET présentes autour des occurrences. Il se peut que ces communautés végétales forment de vastes étendues de types de végétation identiques mais inoccupés, et les conditions nécessaires à l’occupation des sites par cette espèce de carex très rare ne sont pas bien comprises. Il est également possible que la délimitation selon la CET des communautés végétales dans lesquelles le carex des genévriers se trouve soulève des difficultés, notamment en raison des perturbations subies par les sites dans le passé. Les conditions de l’habitat et les types de communautés végétales de la CET requis par le carex des genévriers sont mentionnés au tableau 3 comme des lacunes importantes dans les connaissances nécessitant la tenue d’études additionnelles.

Compte tenu de ces inconnues, il est recommandé de protéger une zone de rayon maximal de 100 m contenant un habitat similaire présumé convenable afin d’assurer le maintien des conditions biotiques et abiotiques présentes directement autour de chaque individu de l’espèce. Le carex des genévriers préfère des conditions partiellement ombragées, et l’établissement d’une zone protectrice de 100 m contribuera au maintien de ces conditions. Les perturbations et les plantes non indigènes envahissantes peuvent également avoir des impacts négatifs sur le carex des genévriers, et l’établissement d’une telle zone protectrice conférera à l’espèce une certaine protection contre ces menaces. Des études menées dans un autre alvar des Grands Lacs (Reschke et al., 1999) ont montré que les eaux de surface locales, et non pas l’écoulement des eaux souterraines à l’échelle régionale, constituent le principal déterminant du cycle d’inondations saisonnières des alvars. On considère que la protection d’une zone de 100 m contribuera généralement à maintenir l’écoulement local des eaux de surface régissant le cycle saisonnier d’inondation et d’assèchement des alvars.

Il est recommandé que l’aire prescrite à titre d’habitat réglementé englobe tous les sites où la présence du carex des genévriers a été documentée, à l’exception des sites où des recherches approfondies menées par des botanistes expérimentés auront confirmé la disparition de l’espèce. La majorité des sites n’ont pas été revisités récemment, et l’espèce peut facilement échapper à la détection. On ne peut présumer de la disparition de l’espèce d’un site à moins que son absence y ait été confirmée.

L’habitat convenable pour le carex des genévriers est décrit à la section 1.4. Cet habitat peut comprendre des alvars boisés (cette catégorie peut inclure des alvars dégradés ou des landes rocheuses arborées), des boisés et des forêts. Il peut également inclure des types de végétation qui sont considérés comme façonnés par les activités humaines (p. ex. boisés résultant de l’activité humaine). Les milieux qui ne conviennent pas à cette espèce comprennent les milieux humides, les forêts conifériennes denses, les prés de fauche et les terres cultivées, les routes pavées et les routes de gravier ainsi que les pelouses entretenues. Ces milieux ne devraient pas faire partie de l’habitat réglementé.

Le carex des genévriers est une petite plante peu visible qui a été décrite assez récemment et que seuls des botanistes expérimentés peuvent reconnaître. Il est possible que de nouvelles populations soient découvertes en Ontario. Le règlement sur l’habitat devrait avoir la souplesse voulue pour assurer la protection des éventuelles nouvelles occurrences selon un processus de délimitation de l’habitat similaire dans chaque site.

Le carex des genévriers est une plante naturellement très rare, et aucun site disparu n’est connu au pays. L’augmentation expérimentale des populations et/ou l’introduction de l’espèce ne constituent pas un objectif de rétablissement à ce stade-ci. Toutefois, si une modification des objectifs de rétablissement s’imposait, on pourrait réglementer au besoin l’habitat de rétablissement pour de nouvelles populations.

Glossaire

Akène :
Fruit sec ressemblant à une graine ou à une nucule. Pour une définition botanique plus détaillée, voir Voss et Reznicek (2012).

Alvar :
Communauté naturelle centrée autour de dallages de calcaire ou de dolomie à stratification horizontale érodés par les glaciers. Les alvars sont caractérisés par une flore et une faune distinctives et par un couvert arborescent inférieur à 60 % dont le maintien est assuré par des processus géologiques et hydrologiques associés et autres processus liés au paysage (définition adaptée de Reschke et al., 1999).

Chaume :
Nom donné à la tige d’une graminée ou d’un carex.

Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO) :
Comité créé en vertu de l’article 3 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition; il est responsable de l’évaluation et de la classification des espèces en péril en Ontario.

Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) :
Comité créé en vertu de l’article 14 de la Loi sur les espèces en péril; il est responsable de l’évaluation et de la classification des espèces en péril au Canada.

Cote de conservation :
Classement attribué à une espèce ou à une communauté écologique, qui indique essentiellement le degré de rareté de cette espèce ou de cette communauté aux échelles mondiale (G), nationale (N) ou infranationale (S). Ces classements, appelés cote G, cote N et cote S, ne sont pas des désignations juridiques. Le statut de conservation d’une espèce ou d’un écosystème est désigné par un nombre de 1 à 5, précédé par les lettres G, N ou S indiquant l’échelle géographique de l’évaluation. Les significations des nombres sont les suivantes :

1 = gravement en péril
2 = en péril 
3 = vulnérable 
4 = apparemment non en péril  
5 = non en péril

Disjointe :
Qualifie l’aire de répartition d’une espèce qui est présente dans des régions très éloignées les unes des autres.

Écaille pistillée :
Chez les espèces du genre Carex, bractée qui sous-tend les fleurs femelles ou les akènes dans l’inflorescence.

Germoplasme :
Collection de ressources génétiques pour un organisme. Dans le cas des végétaux, le germoplasme peut être conservé sous forme de collection de semences (p. ex. banque de semences) ou dans une pépinière.

Hyalin :
Mince et translucide.

Inflorescence :
Ensemble de fleurs groupées sur une tige, y compris celle‑ci et les bractées (Voss et Reznicek, 2012).

Liste des espèces en péril en Ontario (EEPEO) :
Règlement passé en vertu de l’article 7 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition qui établit les statuts de conservation officiels des espèces en péril en Ontario. Cette liste a d’abord été publiée en 2004 à titre de politique, puis est devenue un règlement en 2008.

Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) :
Loi provinciale qui confère une protection aux espèces en péril en Ontario.

Loi sur les espèces en péril (LEP) :
Loi fédérale qui confère une protection aux espèces en péril au Canada. Dans cette loi, l’annexe 1 constitue la liste légale des espèces sauvages en péril. Les annexes 2 et 3 renferment des listes d’espèces qui, au moment où la Loi est entrée en vigueur, devaient être réévaluées. Une fois réévaluées, les espèces des annexes 2 et 3 jugées en péril sont soumises au processus d’inscription à l’annexe 1 de la LEP.

Occurrence d’élément :
Superficie terrestre et/ou aquatique abritant ou ayant déjà abrité un élément. Une occurrence d’élément peut correspondre à une ou plusieurs observations et constitue une localité importante pour la conservation de l’espèce ou de la communauté considérée. Dans le cas des végétaux, les occurrences d’élément sont définies comme des populations séparées par une distance d’au moins un kilomètre.

Périgyne :
Chez les espèces du genre Carex, bractée en forme de sac qui sous‑tend la fleur pistillée (femelle) et enveloppe la graine (ou akène) (Voss et Reznicek, 2012).

Pistillé :
Du pistil, une des structures femelles ou productrices de graines d’une fleur (Voss and Reznicek, 2012).

Rang d’occurrence d’élément (OE) :
Le rang d’occurrence d’élément (OE) fournit une indication de la viabilité estimée ou de la probabilité de persistance de chaque population (NatureServe, 2014). A : excellente; B : bonne; C : passable; D : faible; E : confirmée existante (viabilité non évaluée); X : disparue. Des rangs intermédiaires (p. ex. AB) sont utilisés dans certains cas. Pour de plus amples renseignements, consulter le site NatureServe Explorer : Ranking Species Occurences (en anglais seulement).

Staminé :
De l’étamine, une des structures mâles ou productrices de pollen d’une fleur (Voss et Reznicek, 2012).

Zone d’occupation :
Superficie réellement occupée par une espèce à l’intérieur de son aire de répartition. Cette définition tient compte du fait que l’ensemble de l’aire de répartition d’une espèce peut contenir des habitats non convenables ou inoccupés. Pour une description plus détaillée, voir le site http://www.cosewic.gc.ca/fra/sct2/sct2_6_f.cfm.

Références

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Partie 3 – Déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement du carex des genévriers, préparée par le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario

Ministère des Richesses naturelles et des forêts
Naturel, Apprécié, Protégé

Le carex des genévriers est une petite plante vivace de la famille des cypéracées, dont les feuilles mesurent jusqu'à 30 cm. Cette plante se trouve à cinq emplacements en Ontario, dont quatre sont sur des terrains boisés de type alvar.

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité - la diversité des organismes vivants sur la Terre - nous fournit de l'air et de l'eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d'autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l'engagement juridique du gouvernement de l'Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu'une espèce est désignée comme disparue de l'Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu'une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l'égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d'une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l'élaboration d'un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l'Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le Programme de rétablissement pour le carex des genévriers (Carex juniperorum) a été achevé le 25 juin, 2015.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l'Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d'autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en oeuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Démarches futures pour protéger et rétablir le carex des genévriers

Le carex des genévriers est considéré comme une espèce à risque en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition (LEVD), qui protège à la fois la plante et son habitat. Aux termes de la LEVD, il est interdit d'endommager ou de perturber cette espèce, et d'endommager ou de détruire son habitat, à moins d'y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

Le carex des genévriers est une plante rare de la famille des cypéracées à l'échelle mondiale et se trouve seulement dans l'est de l'Amérique du Nord. L'espèce a été décrite pour la première fois en 1993 et a été identifiée sur 35 sites dans le monde. L'abondance de l'espèce sur toute l'aire de répartition semble stable, malgré les menaces présentes sur tous les sites connus. Au Canada, le carex des genévriers se trouve seulement en Ontario. Dans la province, on note cinq emplacements de l'espèce : quatre sur une terre privée de la zone d'intérêt naturel et scientifique (ZINS) de l'alvar de la rivière Salmon, située sur la plaine de Napanee, dans le comté de Hastings, et un dans le comté de Haldimand, dans le parc provincial Selkirk.

Les plus récentes données des enquêtes réalisées en 2000 estiment la population de carex des genévriers en Ontario à 6 600 plants. Les enquêtes de 2000 ont porté sur quatre des cinq populations de l'Ontario, puisque la dernière population a été découverte en 2008. Il est difficile d'évaluer la population actuelle en Ontario, puisque la plupart des groupements se trouvent sur des terres privées. Le manque de documentation à long terme sur le carex des genévriers s'explique par le fait que l'espèce n'a été décrite que très récemment. De plus, cette plante évolue en peuplements denses, ce qui complique la distinction des individus lors des enquêtes. Les méthodes des enquêtes précédentes n'étaient pas uniformes, puisque certaines utilisaient les « plants » pour énumérer les populations, alors que d'autres utilisaient les « tiges ».

La plupart des populations de carex des genévriers de l'Ontario se trouvent dans un habitat sur un terrain boisé de type alvar. Les habitats de type alvar constituent des écosystèmes rares qui se développent sur un substrat rocheux plat de calcaire ou de dolomie, où les sols sont très peu profonds. Ces écosystèmes sont très vulnérables aux perturbations. Les alvars de la région des Grands Lacs font face à des menaces courantes, comme l'extraction, l'exploitation, l'utilisation de véhicules tout terrain, le broutage et le pâturage, le déversement de déchets dans l'habitat et les espèces envahissantes. En plus de ces menaces, le carex des genévriers de l'Ontario est aussi menacé par la suppression d'incendies et la succession naturelle qui peut modifier la dynamique des écosystèmes dans les alvars. Parmi ces changements, on peut nommer la succession des plantes ligneuses, l'augmentation de la concurrence pour les nutriments et l'humidité, ainsi que l'épaississement du couvert forestier, qui fait en sorte que les plantes basses, comme le carex des genévriers, ont moins de lumière.

En règle générale, nous en savons très peu au sujet de la biologie et de l'écologie du carex des genévriers. Le carex des genévriers est considéré comme une espèce dépendante des habitats boisés de type alvar, mais la découverte récente d'une population dans le parc provincial Selkirk change la donne, puisqu'il s'agit d'une forêt à feuilles caduques en zone sèche beaucoup plus commune. Cette découverte suggère que le manque d'habitat convenable pourrait ne pas limiter l'espèce comme nous le croyions. Des recherches approfondies sont nécessaires pour établir les limites et les besoins relatifs à l'habitat de l'espèce, pour estimer la population actuelle et pour mieux comprendre les menaces touchant les populations de l'Ontario. La réduction des menaces pour les espèces dans des sites favorisera l'accroissement naturel de la population ontarienne. Les approches de rétablissements pour l'espèce se concentreront sur le travail collaboratif avec les gestionnaires de terres et les propriétaires fonciers de manière à gérer efficacement l'habitat et à réduire les menaces, à combler les lacunes de connaissances grâce à la recherche et à mettre en place des programmes de surveillance.

L'objectif du gouvernement en matière de rétablissement du carex des genévriers consiste à maintenir les niveaux de population actuels de la distribution de l'espèce en Ontario et de favoriser des accroissements naturels pour améliorer la longévité à long terme.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l'autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l'Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir le carex des genévriers, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du carex des genévriers. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l'examen et de la délivrance d'autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu'ils élaborent des projets ou des plans d'atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d'intervention : Protection et gestion de l'habitat

Objectif : Protéger et gérer l'habitat du carex des genévriers afin de réduire les menaces pour l'espèce en collaboration avec les propriétaires fonciers et les partenaires de la collectivité.

La perte et la dégradation de l'habitat constituent une importante menace pour de nombreuses espèces qu'on trouve dans les alvars, y compris le carex des genévriers. Puisque les populations de carex des genévriers se trouvent dans des zones d'intérêt naturel et scientifique (ZINS) de type alvar et dans un parc provincial, de nombreux organismes se mobilisent déjà et ont déjà approfondi des pratiques exemplaires de gestion pour aider les espèces locales. En accordant la priorité à la mise en place de ces pratiques exemplaires de gestion, nous permettrons aux municipalités, aux organismes de conservation, aux gestionnaires de terres protégées et aux propriétaires fonciers privés d'entreprendre des mesures pour gérer l'habitat, de sécuriser les terres où se trouve l'habitat et de jouer un rôle de gardien et de protecteur pour l'espèce.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Gérer les habitats existants du carex des genévriers grâce à l'expertise de la collectivité et de l'espèce pour ce qui est de la mise en place de pratiques exemplaires de gestion. Ces pratiques peuvent inclure :
    • le retrait mécanique ou ciblé de la végétation ligneuse indigène ou envahissante dans l'habitat du carex des genévriers, y compris le nerprun commun;
    • la protection des populations contre les véhicules tout terrain, le surpâturage et le déversement de déchets dans les zones habitées grâce à l'utilisation d'affiches et de clôtures, s'il y a lieu; et
    • l'évaluation de l'efficacité des techniques de gestion de l'habitat, comme les traitements pour le pâturage, l'ouverture du couvert forestier, les brûlages dirigés et le contrôle des espèces envahissantes.
  2. Lorsque les occasions se présentent, travailler avec les propriétaires fonciers locaux et les partenaires de la collectivité pour favoriser la protection de l'habitat du carex des genévriers grâce à des programmes existants de protection des terres et d'intendance.

Secteurs d'intervention : Surveillance et recherche

Objectif : Accroître les connaissances relatives à l'abondance et à la distribution de l'espèce, aux menaces propres aux sites, aux exigences en matière d'habitat, aux processus d'évolution biologique et aux réactions à la gestion de l'habitat.

Les niveaux de population actuels du carex des genévriers en Ontario demeurent inconnus. La combinaison des méthodes d'enquête non uniformes et de la présence de populations sur des terres privées a contribué au manque de connaissances fiables et à jour. Si nous travaillons en partenariat avec les organismes communautaires pour créer et mettre en place un protocole de surveillance normalisé, nous améliorerons grandement notre capacité à surveiller l'espèce et à assurer le suivi de sa progression. En comblant les lacunes relatives à l'évolution biologique du carex des genévriers, à ses exigences en matière d'habitat et à ses réactions devant les techniques de gestion de l'habitat, nous contribuerons à mettre en oeuvre des mesures de protection et de rétablissement de l'espèce pour l'avenir.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Collaborer avec les partenaires et les propriétaires fonciers locaux pour élaborer et mettre en place un protocole de surveillance normalisé afin de fournir des données quantitatives de base pour la surveillance future de toutes les populations existantes. Ce protocole devrait comprendre :
    • l'élaboration d'une approche normalisée pour établir la présence ou l'absence de l'espèce;
    • le développement d'une approche normalisée pour énumérer le nombre de plantes présentes et l'établissement d'une orientation claire sur la façon de mettre en place cette approche lors des enquêtes;
    • l'estimation de l'abondance de la population;
    • la surveillance des changements relatifs aux menaces propres aux sites sur les populations de carex des genévriers;
    • l'identification du type de groupement végétal sur les sites occupés; et
    • la mesure des niveaux d'eau et d'humidité sur les sites occupés.
  2. Repérer d'autres zones représentant un habitat approprié potentiel pour le carex des genévriers et y mener des enquêtes pour établir la présence ou l'absence de l'espèce.
  3. Étudier les caractéristiques de l'évolution biologique de l'espèce et les réactions aux activités de gestion de l'habitat qui favoriseront la mise en oeuvre de mesures de rétablissement de l'espèce. Ces mesures peuvent inclure :
    • l'étude des mécanismes de pollinisation, de dissémination des graines et des conditions de germination;
    • la réalisation d'analyses de la viabilité des populations; et
    • l'étude des réactions de l'espèce devant les changements de l'hydrologie.
  4. Étudier la faisabilité et la nécessité de préserver le matériel génétique des populations de carex des genévriers de l'Ontario grâce à l'entreposage de semences (conservation du patrimoine génétique).

Mise en oeuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en oeuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l'entremise du Fonds d'intendance des espèces en péril, ou du Programme d'encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l'égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d'entreprendre le projet.

La mise en oeuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l'ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en oeuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l'exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l'efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l'espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l'élaboration du Programme de rétablissement pour le carex des genévriers (Carex juniperorum) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements suplémentaires :
Consultez le site Web des espèces en péril.
Communiquez avec votre bureau de district du MRN
Communiquez avec le Centre d'information sur les ressources naturelles
1-800-667-1940
ATS 1-866-686-6072
Courriel : mnr.nric.mnr@ontario.ca
Site: Ministère des Richesses naturelles et des Forêts, Ontario

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