Programme de rétablissement du chardon de Hill au Canada [finale] 2011 : Rétablissement
NatureServe a répertorié 141 sites2 de chardon de Hill dans le monde (2009) et le COSEPAC, 64 au Canada (2004) (figures 2 et 3), mais depuis, on en a découvert de nombreux autres; aujourd'hui, on connaît l'existence de 93 sites canadiens de chardon de Hill (Jones, 2004-2009; Jalava, 2004a, 2005, 2007, 2008a, b; données au dossier dans la base de données du CIPN).
2 Par « site », on entend les plants de chardon de Hill et l'emplacement physique où ils sont découverts. Le terme équivaut à une occurrence d'élément (OE), qui peut comprendre plusieurs groupes d'individus situés à moins d'un kilomètre les uns des autres. « Population » est un terme général utilisé pour discuter de groupes d'individus sans nécessairement parler des limites de l'aire de répartition.

Figure 2. Répartition mondiale du chardon de Hill par provinces et états. Zones en rouge : « Gravement en péril »; zones en jaune : « Vulnérable » (NatureServe, 2009).
Au Canada, l'aire de répartition se limite à l'Ontario (figure 3); les populations se situent dans le comté de Simcoe (1 site), dans le comté de Bruce (29 sites) et dans le district de Manitoulin (63 sites, dont 20 sur des îles autres que celle de Manitoulin). L'annexe B fournit une liste complète de tous les sites canadiens de chardon de Hill, et l'annexe C, une liste des sites d'où l'on considère que le chardon de Hill a disparu.

Figure 3. Répartition du chardon de Hill au Canada (Environnement Canada, 2009).
Au Canada, on estime le nombre total d'individus à plus de 13 000 (Jones, 2004-2009; Jalava, 2004a, 2005, 2007, 2008a, b; données au dossier dans la base de données du CIPN). Il existe plusieurs populations et aires d'habitat exceptionnellement importantes (annexe B), et récemment, on a répertorié trois populations contenant plus de 1 000 individus sur l'île Manitoulin (Première nation de Wikwemikong et Taskerville) ainsi que dans la péninsule Bruce (Première nation de Saugeen). La taille des populations de Wikwemikong et de Saugeen n'était pas connue au moment de l'établissement du rapport du COSEPAC en 2004. On a aussi répertorié quatre populations contenant plus de 500 individus.
Il n'existe pratiquement pas de données montrant les tendances relatives à la taille des populations, car aucune surveillance à long terme n'a été effectuée, mis à part dans le parc provincial de Wasaga Beach. À cet endroit, la population est stable depuis 2001; elle a toutefois connu un déclin important pendant toute la période de surveillance allant de 1996 à 2007 (Burke Korol. comm. pers., 2007).
L'ensemble de la population canadienne de chardon de Hill est probablement en déclin en raison de la perte d'habitat due à la succession (envahissement des clairières et des prairies) et aux menaces anthropogéniques. Une perte d'habitat est certainement observable. Selon le COSEPAC (2004), la superficie totale de l'habitat occupé est de 30 km2 (indice de la zone d'occupation3) et aurait connu un certain déclin au cours des 100 dernières années. En effet, on sait que certaines populations ont disparu du pays depuis les années 1970. Toutefois, étant donné que l'on a récemment découvert de nombreuses populations nouvelles, dont certaines très étendues, la tendance générale ou le taux de déclin reste inconnu.
3 L'indice de la zone d'occupation est une estimation du nombre de carrés de quadrillage de 1 x 1 km occupés par des populatins existantes (COSEPAC, 2009).
Les zones herbeuses naturelles et dégagées où l'on trouve le chardon de Hill, par exemple les prairies, les savanes à chêne et les alvars, sont toutes des communautés de végétation jugées en déclin (classées dans la catégorie « vulnérable » ou dans une catégorie inférieure par le CIPN en 2008). On trouve aussi l'espèce dans des clairières herbeuses, qui peuvent être les vestiges d'un habitat autrefois dégagé et de grande superficie.
L'objectif du présent programme de rétablissement est de maintenir les populations viables de chardon de Hill dans leur aire de répartition actuelle au Canada, et ce, à long terme. Plus précisément, le rétablissement du chardon de Hill au Canada est perçu comme un moyen de changer le statut de l'espèce et de le faire passer de la catégorie « menacée » à celle d'" espèce préoccupante " ou à une catégorie de moindre gravité, d'après l'évaluation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Selon l'information présentée précédemment, d'ici à 2020, les objectifs associés à la population et à la répartition du chardon de Hill sont les suivants :
- Freiner le déclin continu du nombre total d'individus à maturité.
- Maintenir les populations dans les quatre principales régions où l'on trouve l'espèce (péninsule Bruce, Wasaga Beach, île Manitoulin et îles environantes).
Dans l'évaluation effectuée par le COSEPAC en 2004, le chardon de Hill figurait au nombre des espèces menacées en raison de sa très petite population et du déclin de son nombre d'individus matures. Malgré qu'il satisfaisait aux critères applicables aux espèces en voie de disparition dans la catégorie 1 (moins de 2 500 individus, déclin continu du nombre d'individus matures, aucune population totalisant plus de 250 plants à fleur) et dans la catégorie 2 (moins de 1 000 individus matures), le chardon de Hill a été désigné menacé plutôt qu'en voie de disparition parce que sa disparition imminente du pays était peu probable étant donné l'occurrence de nombreux sites, parce qu'environ le tiers de ses populations se trouvaient dans des aires protégées, parce qu'il n'avait subi aucune perte récente et parce que tous les sites n'avaient pas été recensés complètement (COSEPAC, 2004).
Tel que mentionné dans la section sur le contexte de la population et de sa répartition, on a découvert 29 nouvelles populations depuis l'établissement du rapport de situation du COSEPAC en 2004 (une augmentation de 45 %), et on a mieux répertorié la taille des populations de chardon de Hill. En 2004, on estimait le nombre d'individus matures à environ 500 plants à fleurs. Récemment, on a répertorié trois populations comptant plus de 1 000 individus, et quatre autres de plus de 500 individus. La population canadienne totale est maintenant estimée à plus de 13 000 individus. La proportion du nombre total d'individus matures au cours d'une année donnée demeure en grande partie inconnue pour les populations du Canada, et peut varier d'une population à l'autre. Cependant, il convient de noter qu'actuellement, ce nombre se situe tout près du seuil des 1 000 plants matures.
Par conséquent, on s'attend à ce que, grâce à l'atteinte des objectifs énoncés précédemment, le nombre de chardons de Hill matures ne soit plus considéré comme étant peu élevé et en déclin lors des prochaines évaluations, même si la population totale demeure très petite et sa répartition restreinte. Le COSEPAC utilise le terme « déclin continu » pour décrire « un déclin récent, en cours ou projeté pour l'avenir (soit régulier, irrégulier ou sporadique), qui peut se poursuivre à moins que des mesures correctives ne soient prises ». Bien qu'on s'attende à ce que certaines des très petites populations (p. ex. celles de moins de 10 individus) disparaissent « naturellement » du pays, principalement parce que l'habitat n'est plus propice en raison de l'envahissement de la végétation, ces pertes isolées pourraient bien être compensées, à long terme, par la croissance et l'expansion de certaines des populations les plus importantes, plus particulièrement celles des aires protégées.
Pour ne plus être qualifié d'espèce menacée, le chardon de Hill doit satisfaire à un autre critère important : l'indice de sa zone d'occupation doit être supérieur à 20 km2. L'indice mesuré est de 56 km2, soit 39 % des 145 km2 d'habitat essentiel cartographié dans le programme de rétablissement, et la zone d'occurrence4 de 9 150 km2, soit 48 % de la superficie approximative totale de 18 990 km2). Ces facteurs contribuent grandement à l'atteinte des objectifs de rétablissement.
4 La zone d'occurrence est la superficie délimitée par un polygone sans angles concaves comprenant la répartition géographique de toutes les populations connues d'une espèce sauvage (COSEPAC 2009).
Le maintien du chardon de Hill dans ses quatre principales aires de répartition empêchera la réduction importante de l'aire de distribution de l'espèce et en préservera éventuellement la diversité génétique et les adaptations locales.
Le rétablissement du chardon de Hill sera en grande partie assuré par les mesures fondées sur l'écosystème pour le rétablissement des alvars ou d'autres habitats dégagés, ainsi que par les mesures qui profiteront directement à l'espèce. Les méthodes générales viseront principalement la protection et le maintien des populations existantes, la réduction des menaces pesant sur l'habitat, la promotion de l'intendance des sites grâce à la diffusion externe et à l'éducation du public, et l'utilisation des renseignements obtenus à la suite des activités de recherche et de surveillance pour orienter les mesures de rétablissement.
Le chardon de Hill est l'une des nombreuses espèces en péril dans la région de la péninsule Bruce et de l'île Manitoulin. Il est essentiel que le rétablissement de cette espèce soit coordonné aux activités de rétablissement entreprises pour d'autres espèces en péril de la même région. On optimisera ainsi l'utilisation des ressources et du personnel. Il sera aussi très important de tenir le public au courant et de prévenir la confusion entre les espèces. Les efforts de rétablissement du chardon de Hill dans la région de la péninsule Bruce et de l'île Manitoulin seront déployés en concertation avec ceux de l'équipe de rétablissement du chardon de Pitcher et des herbes des dunes, qui travaille également dans la région de l'île Manitoulin et du lac Huron. Certaines personnes font partie des deux équipes, et certains membres du personnel de l'Agence s'occupent des efforts de rétablissement des deux groupes.
Par ailleurs, un grand nombre de populations de chardon de Hill se trouvent sur des terres appartenant aux Premières Nations. Les communautés des Premières Nations ont préservé les écosystèmes locaux pendant des générations grâce à l’utilisation de connaissances écologiques traditionnelles. Il importe de recueillir et de communiquer ces connaissances écologiques traditionnelles afin d’assurer la protection et le rétablissement de l’espèce et de l’écosystème. Ensemble, les connaissances écologiques traditionnelles et la science peuvent étayer les activités d’évaluation, de surveillance et de rétablissement des écosystèmes qui abritent les espèces en péril.
L'évaluation des outils de conservation adaptés aux sites est nécessaire, car on trouve le chardon de Hill dans différents types de propriété ainsi que dans divers États et provinces; il faut disposer d'une gamme variée de mesures de protection. Le rétablissement dans les aires protégées sera fondé sur des mesures de gestion telles que le contrôle de l'utilisation à des fins récréatives (ou à d'autres fins représentant une menace) pour prévenir les répercussions sur le chardon de Hill et son habitat, la construction de barrières pour limiter l'accès, et l'établissement d'un zonage approprié dans les secteurs où pousse l'espèce. À l'extérieur des aires protégées, on pourrait utiliser certains outils de conservation adaptés aux sites, notamment des programmes d'incitation fiscale, des servitudes de conservation, le financement de mesures de protection des habitats comme le clôturage, etc. L'acquisition, par des partenaires de conservation, de sites de haute priorité mis en vente peut aussi être une voie à suivre. Il faut également encourager la conformité et appliquer les lois lorsque les autres mesures de gestion ne suffisent pas à protéger le chardon de Hill.
L'atténuation des menaces sera rendue possible principalement grâce à la protection des populations existantes et à la promotion d'une bonne intendance. Les méthodes utilisées dépendront des menaces présentes à chacun des sites. On pourrait notamment avoir recours à la collaboration avec des gestionnaires pour réaliser des activités adaptées aux sites, comme l'installation de panneaux de signalisation et la construction de clôtures pour réduire les dommages causés par les piétons et les véhicules, ainsi qu'à la collaboration avec les municipalités pour faire en sorte que le chardon de Hill et son habitat soient pris en considération dans la planification de nouveaux développements. On pourrait aussi avoir recours à l'application de la loi dans certains sites.
L'atténuation de la menace que pose la perte d'habitat causée par l'envahissement de la végétation peut s'avérer complexe. L'une des méthodes importantes consiste à déterminer si le brûlage dirigé est un outil utile. L'enlèvement à la main des arbustes pour dégager le sol est aussi une mesure possible qui doit être mise à l'essai.
Le rétablissement sur les terres municipales nécessitera la coordination et l'échange de renseignements sur l'habitat avec les services d'urbanisme, la tenue de discussions sur les méthodes juridiques et stratégiques et la participation à la planification de gestion des différents sites. La collaboration avec l'industrie d'extraction d'agrégats pour la protection et la restauration des alvars pendant et après l'extraction fera aussi partie des approches privilégiées. Sur les terres privées et les terres des Premières nations, il faudra collaborer avec les propriétaires et les collectivités pour l'adoption de pratiques exemplaires de gestion. On encouragera la cueillette et le transfert de connaissances écologiques traditionnelles.
La diffusion de communications invitant le public à valoriser et à protéger le chardon de Hill et les habitats dégagés est indispensable. Pour encourager une bonne intendance, il faut aider les propriétaires et les gestionnaires fonciers à comprendre ce qui se trouve sur leurs terres. De plus, comme de nombreuses populations de chardons de Hill se situent sur des rivages traversés par un droit de passage public, l'éducation du public à l'égard de l'utilisation consciencieuse de ces endroits devra faire partie des méthodes adoptées. En ce qui a trait aux populations situées sur des terres des Premières nations, il faudra avoir recours à la communication et à la diffusion externe pour obtenir l'aide de la collectivité dans la protection du chardon de Hill et de son habitat. Il faudra également collaborer avec les partenaires locaux, comme les conseils d'intendance locaux, les clubs de chasse et de pêche, etc., afin de sensibiliser les gens et de protéger l'habitat accessible au public.
Les renseignements recueillis grâce aux activités de surveillance seront essentiels au rétablissement, car ils permettront de savoir où les efforts doivent être placés en priorité. La surveillance peut indiquer si certaines menaces doivent être atténuées de toute urgence, ou si les mesures de protection donnent les résultats escomptés. Elle peut prendre la forme d'un suivi de la circulation pédestre sur les sentiers où l'on trouve le chardon de Hill, ou encore d'une vérification du broutage par les cerfs, pour voir s'il y a un problème. La surveillance des tendances en matière d'abondance et de population sera aussi utilisée pour faire un suivi du rétablissement. La recherche est l'une des principales méthodes utilisées dans le rétablissement du chardon de Hill, et la section 1.6 (Lacunes dans les connaissances) traite des principaux sujets actuellement à l'étude.
Le calendrier d'exécution et les points repères des diverses méthodes sont décrits à la section 2.6 (Mesure des progrès).
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