Programme de rétablissement du chevalier cuivré au Canada [finale] 2012 : Habitat essentiel
La Loi sur les espèces en péril (2002) définit au paragraphe 2(1), l’habitat essentiel comme étant :
La Loi définit l’habitat pour les espèces aquatiques en péril comme étant :
L’habitat essentiel pour le chevalier cuivré est désigné dans la mesure du possible et en se basant sur la meilleure information accessible. Il est composé des herbiers du fleuve Saint-Laurent, de la zone littorale de la rivière Richelieu et des rapides en aval des barrages de Saint-Ours et de Chambly (figures 4 à 9). Les herbiers sont des habitats de croissance et d’alimentation, tandis que les rapides servent de frayères. L’habitat essentiel désigné dans la zone littorale de la rivière Richelieu est utilisé pour la croissance des alevins et la migration des adultes vers les frayères. L’habitat essentiel désigné dans ce programme de rétablissement est nécessaire à la survie et au rétablissement de l’espèce, mais il n’est pas suffisant pour l’atteinte des objectifs de population. Le calendrier des études présenté à la section 2.5.4 donne un aperçu des recherches nécessaires pour compléter la désignation de l’habitat essentiel afin d’atteindre les objectifs de population et de répartition.
Dans le cadre de deux ateliers tenus en 2009 et en 2010, avec la participation du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, Pêches et Océans Canada a revu l’information et pris connaissance des nouvelles données afin de définir l’utilisation de l’habitat par le chevalier cuivré dans le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu (MPO, 2010a). En octobre 2010, l’Équipe de rétablissement du chevalier cuivré a également formulé une recommandation pour inclure dans la désignation de l’habitat essentiel, entre autres, les habitats utilisés par le chevalier cuivré dans les rivières des Mille Îles et des Prairies, ceux-ci n’ayant pu être abordés dans le cadre des ateliers, faute de temps. La désignation de l’habitat essentiel dans le présent programme se fonde sur l’information recueillie dans les ateliers (résumée ci-dessous) et la recommandation de l’Équipe de rétablissement.
Habitat de fraie
Afin de déterminer l’habitat essentiel pour la fraie du chevalier cuivré, les experts ont exploré les besoins et les comportements probables de l’espèce, l’utilisation des rapides en aval des barrages de Chambly et de Saint-Ours, et la superficie d’habitat potentiel pour la fraie dans la rivière Richelieu (MPO, 2010b). Le chevalier cuivré aurait un comportement de fraie qui impliquerait deux mâles ou plus par femelle. Il utiliserait les mêmes sites que les autres espèces de chevalier, mais il y aurait un faible niveau de compétition dans les sites étant donné sa fraie tardive. Il posséderait une certaine capacité d’adaptation aux conditions environnementales et serait plutôt fidèle aux sites de reproduction. La superficie nécessaire à l’acte de fraie par femelle (trio) est évaluée à 1 m², ce qui correspond à une superficie minimale requise de 2 000 m² pour 2 000 femelles (pour un objectif de 4 000 individus matures). Cette valeur est extrapolée à partir de données connues pour d’autres espèces de chevalier. La surface potentielle de fraie dans la rivière Richelieu a été estimée à 583 064 m² (Chambly : 488 364 m² et Saint-Ours : 94 700 m²). Cette surface potentielle a été établie à partir de la localisation des frayères, de la variabilité du substrat et des conditions d’hydraulicité, de la dérive des œufs et d’aires de repos utilisées par les géniteurs. L’habitat essentiel pour la fraie désigné dans ce programme est donc jugé suffisant pour atteindre l’objectif de population de 4 000 géniteurs.
Habitat de croissance et de migration
Les habitats fréquentés par les jeunes de l’année et les subadultes peuvent être décrits globalement comme les zones littorales peu profondes à courant faible comportant des herbiers aquatiques. Ces habitats se retrouvent de façon relativement homogène tout le long de la rivière Richelieu et la superficie d’herbier disponible dans la rivière Richelieu demeure inconnue. C’est pourquoi une approche bathymétrique a été proposée pour désigner l’habitat essentiel de croissance des juvéniles. Étant donné les conditions hydrologiques actuelles dans la rivière Richelieu, il serait difficile de restaurer les herbiers perdus. La zone littorale utilisée par les chevaliers cuivrés juvéniles se situe entre 0 et 3 mètres de profondeur. L’habitat essentiel désigné dans la rivière Richelieu couvre cependant la zone littorale de 0 à 4 mètres afin d’inclure la zone de migration des géniteurs.
Habitat d’alimentation des adultes
Une modélisation basée sur l’utilisation des habitats grâce à des suivis télémétriques et sur 12 variables d’habitat (p. ex. : profondeur, vitesse de courant, densité de végétation) a été utilisée pour désigner l’habitat d’alimentation des adultes. Cette modélisation a été effectuée dans le fleuve Saint-Laurent, entre le lac Saint-Louis et le lac Saint-Pierre. Elle n’a pas été appliquée aux rivières des Prairies et des Mille Îles, mais l’utilisation des portions aval des ces rivières a été confirmée par des suivis télémétriques récents et par des données historiques. À l’échelle du Saint-Laurent (entre Beauharnois et Trois-Rivières), la superficie d’habitat potentiel comme aire d’alimentation et de croissance n’apparaît pas limitative à l’atteinte de la cible de rétablissement. Par contre, la superficie d’habitat actuellement utilisée, confirmée par des suivis télémétriques, est restreinte au tronçon fluvial (entre Montréal et Sorel). En effet, selon le modèle, le potentiel d’habitat est très élevé dans les lacs fluviaux, mais leur utilisation par le chevalier cuivré reste marginale, tandis que la plus faible superficie d’habitat (entre 25 et 35 km² selon les débits) disponible entre Montréal et Sorel est fortement utilisée. L’habitat essentiel d’alimentation des adultes désigné est donc l’habitat possédant les caractéristiques favorables au chevalier cuivré, utilisées par le modèle, dans le tronçon fluvial entre Montréal et Sorel. Cet habitat ne sera cependant pas suffisant pour soutenir une population rétablie de 4 000 géniteurs, dont les besoins sont estimés à 260 km² de superficie d’habitat d’alimentation des adultes (MPO, 2010a).
L’habitat essentiel désigné du chevalier cuivré comprend trois composantes liées à des fonctions du cycle vital : les herbiers, la zone littorale et les rapides. Les caractéristiques de ces composantes sont résumées au le tableau 3.
Habitat de fraie
L’habitat essentiel désigné englobe les deux seules frayères connues du chevalier cuivré, toutes deux situées dans la rivière Richelieu, soit au bief aval du barrage de Saint-Ours (figure 4) et dans les rapides de Chambly (figure 5). Ces frayères sont fréquentées par le chevalier cuivré pendant les mois de mai, juin et juillet. Les caractéristiques de ces frayères sont présentées au tableau 3.
Figure 4. Habitat essentiel pour la fraie du chevalier cuivré au barrage de Saint-Ours.
Habitat de croissance et de migration
L’habitat essentiel dans la rivière Richelieu inclut la zone littorale de la rivière, soit la bande située entre 0 et 4 m de profondeur, à partir du barrage de Chambly jusqu’à l’embouchure de la rivière (figure 6 et figure 7), où se retrouve la végétation aquatique submergée (tableau 3). La rivière Richelieu est le seul cours d’eau où des larves et des jeunes chevaliers cuivrés de l’année ont été observés. Les chevaliers juvéniles de moins de 100 mm, dont le chevalier cuivré, sont inféodés aux herbiers de la zone littorale. L’habitat essentiel pour la croissance des juvéniles est délimité par la zone littorale de la rivière Richelieu de 0 à 4 m de profondeur où se retrouvent les herbiers correspondant aux caractéristiques mentionnées au tableau 3. Ces herbiers, qui jouent un rôle déterminant dans l’alevinage (croissance, alimentation et abris), constituent non seulement un habitat important pour les juvéniles mais également pour les adultes qui fréquentent ce cours d’eau ou qui l’utilisent comme couloir migratoire. En effet, les adultes migrant entre le fleuve Saint-Laurent et les frayères utilisent la zone littorale de 0 à 4 m de profondeur de la rivière Richelieu.
Habitat d’alimentation des adultes
L’habitat essentiel désigné pour l’alimentation des adultes se situe dans le fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et Sorel, ainsi que dans les rivières des Prairies et des Mille Îles. L’habitat essentiel pour l’alimentation des adultes dans le fleuve Saint-Laurent est situé dans une zone délimitée par la pointe est de l’île Notre-Dame (figure 8) et l’embouchure de la rivière Richelieu (figure 9), et il correspond aux herbiers riches en gastéropodes présentant les caractéristiques décrites dans le tableau 3. L’emplacement potentiel de ces herbiers a été modélisé grâce à des suivis télémétriques et des variables d’habitat; cette modélisation est représentée en vert dans les figures 8 et 9. L’habitat essentiel désigné dans les rivières des Prairies et des Mille Îles correspond également aux herbiers riches en gastéropodes présentant les caractéristiques décrites dans le tableau 3, à l’intérieur des tronçons situés entre les longitudes 73° 37′ 11″ O (des Prairies) et 73° 35′ 31″ O (des Mille Îles), jusqu’à l’embouchure de ces rivières. Aucune modélisation des emplacements potentiels des herbiers n’a été effectuée dans ces rivières.
Figure 6. Habitat essentiel pour la croissance et la migration dans le secteur amont de la rivière Richelieu. L’habitat essentiel désigné pour la croissance est la zone littorale présentant les caractéristiques du tableau 3 tandis que celui pour la migration correspond à la zone littorale entre 0 et 4 m de profondeur (représentée en rouge), à partir du barrage de Chambly jusqu’à l’embouchure de la rivière (amont).
Figure 7. Habitat essentiel pour la croissance et la migration dans le secteur aval de la rivière Richelieu. L’habitat essentiel désigné pour la croissance est la zone littorale présentant les caractéristiques du tableau 3 tandis que celui pour la migration correspond à la zone littorale entre 0 et 4 m de profondeur (représentée en rouge), à partir du barrage de Chambly jusqu’à l’embouchure de la rivière (aval).
Figure 8. Zone de délimitation (en noir) dans laquelle l’habitat essentiel désigné correspond aux herbiers présentant les caractéristiques décrites dans le tableau 3. Représentée en vert, la modélisation des zones présentant les caractéristiques de l’habitat essentiel pour l’alimentation des adultes dans le fleuve Saint-Laurent, région de Montréal. Les tronçons de rivière dans lequel se situe l’habitat essentiel désigné commencent à la longitude 73° 35′ 31″ O dans la rivière des Mille Îles et à la longitude 73° 37′ 11″ O dans la rivière des Prairies.
Figure 9. Zone de délimitation (en noir) dans laquelle l’habitat essentiel désigné correspond aux herbiers présentant les caractéristiques décrites dans le tableau 3. Représentée en vert, la modélisation des zones présentant les caractéristiques de l’habitat essentiel pour l’alimentation des adultes dans le fleuve Saint-Laurent, région de Contrecœur.
Ce programme de rétablissement présente l’habitat essentiel du chevalier cuivré désigné dans la mesure du possible, et en se basant sur la meilleure information disponible. La quantité et la qualité des habitats désignés pour la croissance des adultes dans ce programme de rétablissement ne semblent pas suffisantes pour fournir un milieu de vie adéquat à une population comprenant 4 000 individus matures. Les lacs fluviaux pourraient offrir un habitat adéquat pour le chevalier cuivré, mais leur utilisation par cette espèce est peu documentée. Des études devront être effectuées afin de désigner l’ensemble de l’habitat essentiel nécessaire à l’atteinte des objectifs de population et de répartition (tableau 4).
Toute activité venant modifier les caractéristiques, présentées au tableau 3, des différentes composantes de l’habitat essentiel désigné peut entraîner sa destruction. Étant donné que l’utilisation de l’habitat varie dans le temps, chaque activité humaine doit être évaluée individuellement et des mesures d’atténuation adaptées doivent être mises en place lorsqu’elles sont efficaces et disponibles. La liste des activités présentées dans le tableau ci-dessous (tableau 5) n’est pas exhaustive. Elle découle directement de la section 1.5 « Menaces » du présent programme de rétablissement. L’absence d’une activité humaine dans cette liste ne peut empêcher ou entraver l’habilité du ministère à la réglementer en vertu de la LEP. De plus, l’inclusion d’une activité dans cette liste n’entraîne pas automatiquement son interdiction, car c’est la destruction de l’habitat essentiel qui est interdite et non l’activité elle-même.
La stabilisation des rives par l’enrochement ou la construction de murets mène à l’artificialisation des rives ce qui modifie l’écoulement de l’eau dans les herbiers et la composition des plantes. Le déboisement des rives empêche de retenir le ruissellement de l’eau de pluie et l’érosion des sols et fait augmenter la température de l’eau. Le remblayage des milieux humides ou des herbiers et la construction de certains types de quais ou autres structures directement dans les habitats entraînent leur modification ou leur destruction. Le dragage et le dépôt de sédiment détruisent le lit des cours d’eau, notamment en faisant disparaître les herbiers aquatiques. De plus, plusieurs activités nautiques de plaisance peuvent entraîner une dégradation du substrat par le piétinement, l’augmentation de la turbidité ou la destruction de la végétation aquatique.
Finalement, tout ouvrage de régularisation des débits et de production d’hydroélectricité modifiant l’apport en eau dans les habitats essentiels du chevalier cuivré peut les altérer ou les détruire. Les ouvrages constituant des obstacles à la migration – montaison et dévalaison – peuvent également détruire l’habitat essentiel.
Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel doit légalement être protégé contre la destruction une fois qu’il a été désigné comme tel. Cette protection sera assurée par un arrêté en vertu de l’article 58 qui interdira la destruction de l’habitat essentiel désigné comme tel, sauf si elle est autorisée par le ministre de Pêches et Océans Canada, en application des conditions de la LEP.
Malgré des efforts considérables consentis pour l’acquisition de connaissances sur une espèce aussi rare, certaines lacunes subsistent. Ces lacunes ont été définies et devront être comblées afin d’établir une stratégie complète et adéquate pour le rétablissement du chevalier cuivré.
Il existe d’autres sites de fraie potentiels (figure 3). Par contre, la présence d’activité de reproduction dans ces sites n’a jamais été clairement démontrée. L’offre que représentent les frayères potentielles et l’adéquation des caractéristiques de l’habitat de fraie devront être examinée.
Certains aspects de la croissance, de l’alimentation et de l’habitat des larves et des juvéniles, catégorie qui inclut les jeunes de l’année et ceux qui ont un an au printemps (entre 25 mm et 60 mm environ), sont maintenant connus. De plus, une importante aire d’alevinage a été localisée dans la rivière Richelieu. Cependant, des lacunes subsistent dans les connaissances sur les larves (moins de 25 mm) et les subadultes, soit les poissons qui ont entre un et dix ans et dont la longueur totale varie entre 100 et 500 mm. Les connaissances sur les larves et les chevaliers subadultes ainsi que leur habitat sont très fragmentaires et se limitent à quelques captures.
De nombreuses questions subsistent donc quant à la répartition et l’habitat des chevaliers immatures, notamment les conditions entourant la dévalaison et la survie des larves, la présence de sites de concentration de juvéniles dans la rivière Richelieu, les caractéristiques et les menaces qui pèsent sur l’habitat des subadultes ou qui limitent leur survie.
La population adulte est composée principalement d’individus âgés et les connaissances disponibles indiquent une faible reproduction naturelle. Les mécanismes d’absorption et les effets physiologiques sur le chevalier cuivré de divers contaminants (atrazine, autres pesticides, produits pharmaceutiques et d’hygiène personnelle) provenant des rejets municipaux, industriels et agricoles n’ont pas encore été démontrés bien qu’ils soient soupçonnés d’agir comme perturbateurs endocriniens et de la reproduction. Des résultats d’études effectuées sur le queue à tache noire (Notropis hudsonius), un petit cyprinidé commun dans le bassin des Grands Lacs et exposé à l’émissaire de la Ville de Montréal ont démontré une forte prévalence de féminisation14 des spécimens.
Il est possible que le mode d’obtention des connaissances sur l’ensemble de l’aire de répartition ait entraîné un biais dans les données au détriment du lac Saint-Louis. Les connaissances découlant de la pêche commerciale effectuée dans le lac Saint-Pierre proviennent des captures accidentelles tandis que les travaux de recherche sont concentrés sur le fragment de la population située dans la rivière Richelieu et le couloir fluvial, en aval de Montréal. De plus, aucune campagne d’échantillonnage n’a été effectuée depuis 1995 dans les rivières Noire et Yamaska. Bien que ces milieux soient fortement dégradés et soumis à des étiages sévères, la présence ou l’absence de l’espèce dans ces deux rivières ne peut donc pas être confirmée. On s’interroge également sur les facteurs (p. ex. : herbiers peu propices) qui pourraient expliquer la faible fréquentation de certaines zones potentielles d’habitat estival situées dans les lacs fluviaux.
Lorsque des espèces exotiques envahissantes telles que la tanche, le gobie à taches noires, la moule zébrée, la châtaigne d’eau et le roseau commun sont implantées dans un milieu, elles contribuent à modifier le milieu physique et la chaîne trophique. Cependant, les effets de ces nouveaux arrivants sur la population de chevaliers cuivrés ne sont pas bien documentés.
Les connaissances sur l’habitat hivernal demeurent encore fragmentaires et sont basées sur un suivi télémétrique de 11 poissons effectué à l’hiver 2008.
Malgré ces lacunes, les connaissances sur le chevalier cuivré sont importantes et généralement d’une bonne qualité compte tenu de la rareté de cette espèce. Il serait judicieux de réduire le plus possible les manipulations requises pour acquérir des connaissances, car elles présentent un risque pour la survie de l’espèce.
Le Règlement sur le refuge faunique Pierre-Étienne-Fortin, R.Q.c. C-61.1, r.3.01.3.3, offre des mesures de protection à la frayère des rapides de Chambly. Le territoire du refuge faunique est la propriété d’Hydro-Québec et de la municipalité de Richelieu. Selon les articles 3 et 4 du Règlement : « nul ne peut, au cours de la période du 20 juin au 20 juillet, accéder, séjourner, circuler ou se livrer à une activité quelconque dans les secteurs B et C du refuge faunique » et « nul ne peut, dans le refuge faunique, se livrer à une activité quelconque susceptible de modifier un élément biologique, physique ou chimique de l’habitat du chevalier cuivré, du chevalier de rivière et du fouille-roche gris (Percina copelandi) » (c. C-61.1, r.46, articles 3 et 4). Un agrandissement du refuge pour englober toutes les zones de ponte sera nécessaire pour protéger efficacement cet habitat essentiel
Le lieu historique national du Canal-de-Saint-Ours sur la rivière Richelieu, incluant le pont-barrage avec la passe migratoire, la rive ouest adjacente et l’île Darvard, est sous la juridiction de l’Agence Parcs Canada. Le bief aval du barrage est une frayère connue tandis que la passe migratoire est une étape obligée de la migration des chevaliers cuivrés vers la frayère de Chambly.
Le Service canadien de la faune d’Environnement Canada est propriétaire de plusieurs îles dans l’archipel de Contrecœur, constituées en réserve nationale de la faune grâce au Règlement sur réserves d’espèces sauvages (C.R.C., ch. 1609) de la Loi sur les espèces sauvages du Canada. La Réserve nationale de faune des îles de Contrecœur est d’une superficie de 312 hectares et englobe onze îles de l’archipel.
Les îles Jeannotte et aux Cerfs, situées en aval du bassin Chambly dans la rivière Richelieu, ont été acquises par Conservation de la Nature Canada. La propriété de l’île aux Cerfs a depuis été transférée au MRNF. Les rives de ces îles sont donc protégées du développement urbain. Cette protection est bénéfique pour les herbiers autour de l’archipel. La mise en place d’un refuge faunique dans ces îles est envisagée.
Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Les progrès précis réalisés en vue de la mise en œuvre du programme de rétablissement seront mesurés par rapport aux indicateurs définis dans les plans d’action ultérieurs.
Indicateurs de rendement
- Augmentation du nombre d’adultes recensés à la passe migratoire Vianney-Legendre pendant la montaison ;
- Pourcentage de 3% de chevaliers cuivrés parmi tous les chevaliers échantillonnés dans le cadre de campagne d’échantillonnage;
- Pourcentage de 3% de chevaliers cuivrés parmi tous les chevaliers juvéniles recensés dans la rivière Richelieu;
- Augmentation du nombre et du pourcentage de juvéniles recensés dans la rivière Richelieu provenant de la reproduction naturelle;
- Au moins deux frayères utilisées par l’espèce;
- Augmentation du nombre d’individus recensés dans le lac Saint-Louis, le lac Saint-Pierre, la rivière des Mille Îles et la rivière des Prairies;
- Maintien de la superficie en km² de l’aire de répartition du chevalier cuivré.
La Loi sur les espèces en péril stipule que : « Il est interdit de tuer un individu d’une espèce sauvage inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée, de lui nuire, de le harceler, de le capturer ou de le prendre. » (paragraphe 32(1)). Tel qu’indiqué au paragraphe 83(4) de la Loi sur les espèces en péril, « Les paragraphes 32(1) et (2), l’article 33, les paragraphes 36(1), 58(1), 60(1) et 61(1) ne s’appliquent pas à une personne exerçant des activités autorisées, d’une part, par un programme de rétablissement, un plan d’action ou un plan de gestion et, d’autre part, sous le régime d’une loi fédérale, notamment au titre d’un règlement pris en vertu des articles 53, 59 ou 71. »
Pêcheries
Bien que la pêche du chevalier cuivré ne soit pas permise au Québec, des individus sont capturés accidentellement lors de certaines activités de pêche commerciale ou sportive. La remise à l’eau de ces poissons est cependant obligatoire selon le Règlement de pêche du Québec (1990), DORS/90-214 pris en vertu de la Loi sur les pêches, L.R.C., 1985, ch. F-14. Tel que mentionné dans la section « Menaces », le risque de mortalités accidentelles par la pêche commerciale est très faible. Un projet éducatif visant les pêcheurs du lac Saint-Pierre pour évaluer les prises accidentelles de chevalier cuivré dans la pêche commerciale a permis de confirmer qu’aucun chevalier cuivré n’a été capturé accidentellement par ces pêcheurs (Comité ZIP du lac Saint-Pierre, 2010). Le risque de mortalité par la pêche commerciale dans le tronçon fluvial est considéré comme n’étant pas préjudiciable au chevalier cuivré, car le seul permis de pêche au verveux sera racheté (P. Dumont, MRNF, communication personnelle) et les filets maillants utilisés pour la pêche à l’esturgeon et à la carpe sont peu susceptibles de capturer des chevaliers cuivrés (Vachon et Chagnon, 2004; Chagnon, 2006c, b, a).
En vertu du paragraphe 83(4) de la LEP, le présent programme de rétablissement autorise les pêcheurs à exercer des activités de pêche sportive ou commerciale sous réserve des conditions suivantes :
- l’activité de pêche est exercée conformément à un permis de pêche sportive ou à un permis de pêche commerciale délivré en vertu du Règlement de pêche du Québec (1990), DORS/90-214 ;
- toute personne qui capture accidentellement un chevalier cuivré pendant qu’elle exerce l’activité de pêche doit le remettre sur-le-champ dans l’eau où elle l’a pris, en prenant soin, si le poisson est toujours vivant, de le blesser le moins possible.
En vertu du paragraphe 83(4) de la LEP, le présent programme de rétablissement autorise les pêcheurs à pêcher au titre d’un permis communautaire sous réserve des conditions suivantes:
- l’activité de pêche est exercée conformément à un permis communautaire délivré en vertu du Règlement sur les permis de pêche communautaires des Autochtones, DORS/93-332 ;
- toute personne qui capture accidentellement un chevalier cuivré pendant qu’elle exerce l’activité de pêche doit le remettre sur-le-champ dans l’eau où elle l’a pris, en prenant soin, si le poisson est toujours vivant, de le blesser le moins possible.
Recherches
Depuis 2004, un plan de reproduction artificielle et d’ensemencement est mis en œuvre pour pallier à la faiblesse de la reproduction naturelle. Ce plan vise à reconstituer le stock reproducteur en maintenant au moins 90% de la diversité génétique de départ de la population sur une période de 100 ans (Bernatchez, 2004). La reproduction artificielle est réalisée par le MRNF, à même les installations de Parcs Canada et est appuyée par le MPO depuis 2009.
En vertu du paragraphe 83(4) de la LEP, le présent programme de rétablissement autorise les employés du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec à se livrer, dans l’exercice de leurs fonctions, aux activités relatives au programme de reproduction artificielle du chevalier cuivré, aux conditions suivantes :
- Ces activités sont également autorisées en vertu du paragraphe 3(3) du Règlement de pêche du Québec (1990), DORS/90-214;
- Une surveillance constante du filet est effectuée ainsi qu’un démaillage immédiat du poisson lors de la capture;
- Les géniteurs sont manipulés avec soin, en priorité et sont sous surveillance constante par du personnel expérimenté;
- Les manipulations des spécimens sont réalisées sous anesthésie et conformément au Guidelines for the Use of Fishes in Research (2004) de l’American Fisheries Society;
- L’endroit où sont réalisées toutes les étapes de la reproduction artificielle n’est pas accessible au public afin de limiter le dérangement. Les lieux sont sécurisés et des mesures d’urgence sont prévues en cas de panne électrique afin d’assurer l’alimentation constante en eau des bassins.
Un protocole de suivi du recrutement des jeunes chevaliers de l’année de la rivière Richelieu a été élaboré et exécuté sur une base presque annuelle. Ces travaux visent à mettre au point un indice de rendement des mesures de conservation et de soutien mises en place et à venir. Certaines corrélations, bien que préliminaires, ont pu être dégagées entre l’abondance, la croissance des jeunes de l’année et les conditions climatiques et hydrologiques du milieu (Vachon, 1999b, 2002, 2007). Ces travaux ont également permis de confirmer la survie à court terme des jeunes chevaliers cuivrés ensemencés et ont contribué à améliorer nos connaissances sur les juvéniles plus âgés.
En vertu du paragraphe 83(4) de la LEP, le présent programme de rétablissement autorise les employés du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec à se livrer, dans l’exercice de leurs fonctions, aux activités relatives au programme de suivi du recrutement du chevalier cuivré, aux conditions suivantes :
- Ces activités d’échantillonnage et d’identification sont également autorisées en vertu du paragraphe 3(3) du Règlement de pêche du Québec (1990), DORS/90-214;
- Le triage des espèces en péril telles que les chevaliers cuivré et de rivière, le dard de sable et le fouille-roche gris est prioritaire;
- Tous les spécimens de chevalier cuivré âgés d’un an ou plus sont mesurés et remis à l’eau immédiatement après un prélèvement de tissu;
- Les espèces en péril capturées autres que le chevalier cuivré seront mesurées et relâchées sur les lieux de capture.
Des lacunes subsistent dans les connaissances sur les subadultes, soit les poissons qui ont entre un et dix ans et dont la longueur totale varie entre 100 et 500 mm. Les connaissances sur ces poissons ainsi que leur habitat sont très fragmentaires et se limitent à quelques captures. Un effort de recherche sur cette composante de la population (objectif 3 de ce programme) sera nécessaire afin de mieux la protéger.
En vertu du paragraphe 83(4) de la LEP, le présent programme de rétablissement autorise les employés du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec à se livrer, dans l’exercice de leurs fonctions, aux activités relatives au programme d’échantillonnage de subadultes de chevalier cuivré, aux conditions suivantes :
- Ces activités d’échantillonnage sont également autorisées en vertu du paragraphe 3(3) du Règlement de pêche du Québec (1990), DORS/90-214;
- L’échantillonnage est effectué au moyen d’engins de pêche sécuritaires tels le verveux, la seine coulissante et le chalut;
- Le triage des espèces en péril telles que les chevaliers cuivré et de rivière, le dard de sable et le fouille-roche gris est prioritaire;
- Tous les spécimens de chevalier cuivré sont mesurés et remis à l’eau immédiatement après un prélèvement de tissu;
- Les espèces en péril capturées autres que les chevaliers cuivrés seront mesurées et relâchées sur les lieux de capture.
Un ou plusieurs plans d’action seront publiés sur le Registre des espèces en péril d’ici juin 2017.
14La féminisation est le développement de caractéristiques sexuelles femelles induit par des hormones.
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