Épaulard migrateur (Orcinus orca) programme de rétablissement : chapitre 2


1. Contexte

1.1 Évaluation de l’espèce par le COSEPAC

Date de l'évaluation : Novembre 2001

Nom commun (population) : Épaulard migrateur de la côte Ouest

Nom scientifique : Orcinus orca

Désignation du COSEPAC : Menacée

Justification de la désignation : Petite population qui se nourrit de mammifères marins. Les concentrations de polluants toxiques sont élevées chez les individus.

Présence au Canada : Océan Pacifique

Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1999. Réexamen du statut; l'espèce a été désignée « menacée » en novembre 2001. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation existant accompagné d'un addenda. Correspond au critère de la catégorie « en voie de disparition », D1, mais pas à la définition de la catégorie « en voie de disparition » (c. à d. non en danger imminent de disparition); l'espèce est donc désignée « menacée ».

1.2 Description

L’épaulard est le plus imposant membre de la famille des dauphins (famille des delphinidés, sous-ordre des odontocètes, ordre des cétacés). En raison de sa taille, de sa coloration distinctive noire et blanche et de sa grande nageoire dorsale, il est facile de le distinguer des autres cétacés. L’épaulard est sexuellement dimorphe. Le mâle est plus imposant que la femelle et la nageoire dorsale du mâle adulte est plus grande (hauteur moyenne de 1,8 m) que celle de la femelle et des jeunes des deux sexes (habituellement moins de 1 m) (Dahlheim et Heyning, 1999). Chaque épaulard est relativement facile à reconnaître en raison des différences idiosyncrasiques quant à la forme, à la taille et à la position de la tache blanche derrière chaque œil et de la tache en forme de selle (derrière la nageoire dorsale), à la taille, à la forme et à l’angle variables de la nageoire dorsale ainsi qu’aux entailles et aux blessures acquises de façon naturelle (dans de nombreux cas).

Une seule espèce est reconnue à l’heure actuelle, Orcinus orca, mais une variation du régime alimentaire, de la taille, de la coloration, des vocalisations et des caractéristiques génétiques des différentes populations d’épaulards peut entraîner une révision de la taxonomie dans les années à venir (Dahlheim et Heyning, 1999; Ford et al., 2000; Barrett-Lennard et Ellis, 2001; Hoelzel et al., 2002; Pitman et Ensor, 2003; Reeves et al., 2004). Le long du plateau continental et dans les eaux côtières allant de la Californie à l’ouest de l’Alaska, on reconnaît trois formes, ou écotypes, à savoir l’épaulard résident, migrateur et océanique. Ces formes s’associent rarement, voire jamais, et présentent des différences sur le plan du régime et du comportement alimentaire, du comportement vocal, de la structure sociale, de la génétique et de la forme de la nageoire dorsale (Ford et al., 2000; Barrett-Lennard et Ellis, 2001).

Les épaulards résidents se nourrissent exclusivement de poissons et de céphalopodes et se déplacent en groupes acoustiquement actifs de 10 à 25 individus ou davantage (Ford et al., 2000). Contrairement à l’épaulard migrateur, l’épaulard résident a habituellement une structure sociale stable; le mâle et la femelle ne se séparent pas de sa lignée maternelle natale (Bigg et al., 1990; Ford et al., 2000).

Les épaulards migrateurs se nourrissent de mammifères marins, surtout de phoques communs (Phoca vitulina), de marsouins et d’otaries (Ford et al., 1998). Ils se déplacent en petits groupes acoustiquement inactifs et sont des prédateurs furtifs (Morton, 1990; Barrett-Lennard et al., 1996; Ford et Ellis, 1999). Leur temps de plongée est également bien plus long que celui des épaulards résidents (Morton, 1990). Ils sont reconnus pour attaquer et tuer des baleines à fanons, et bien qu’on les observe rarement dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique (Ford et al., 2005), des groupes d’épaulards migrateurs peuvent s’unir quand ils attaquent des baleines à fanons en mer et s’en nourrissent (Barrett-Lennard et Heise, 2006). Dans les eaux côtières, la mise à mort de petits rorquals par de petits groupes d’épaulards migrateurs comporte habituellement une stratégie de confinement dans une baie ou un bras de mer (Ford et al., 2005).

Les épaulards océaniques sont les moins connus des trois écotypes. Leur présence a d’abord été constatée à la fin des années 1980; on les observe le plus souvent au large du plateau continental (Ford et al., 2000) et, à l’occasion, dans les eaux côtières.On les aperçoit le plus souvent en grands groupes acoustiquement actifs d’au moins 20 individus et on pense qu’ils se nourrissent de poissons et d’élasmobranches (Heise et al.,2003; Jones, 2006), bien qu’ils puissent également s’en prendre à des mammifères marins (Herman et al., 2005).

1.3 Populations et répartition

1.3.1 Vue d’ensemble

On trouve des épaulards dans tous les grands océans du globe et leur nombre, selon les estimations, se situe au moins entre 40 000 et 60 000 (Forney et Wade, 2006). La description des écotypes d’épaulards (résidents, migrateurs et océaniques) ne peut être appliquée, de manière fiable, qu’aux populations du Pacifique Nord-Est. Dans d’autres régions du globe, l’épaulard n’est pas aussi bien étudié et dans certaines régions, il est possible qu’il se nourrisse de mammifères marins et de poissons.

1.3.2 Eaux canadiennes du Pacifique

Les trois écotypes distincts d’épaulards présents dans le Pacifique Nord-Est sont subdivisés en au moins sept populations différentes sur le plan social, génétique, culturel et acoustique. La majorité d’entre elles vivent dans les eaux du Canada et des États-Unis et sont reconnues par les gouvernements des deux pays.

Trois populations putatives d’épaulards migrateurs ont été décrites jusqu’à ce jour dans le Pacifique Nord-Est. Il y a celle, communément appelée, des épaulards migrateurs de la côte Ouest, dont l’aire de répartition s’étend de l’État de Washington au sud-est de l’Alaska, celle des épaulards migrateurs AT1,concentrée dans le détroit du Prince William et les fjords de Kenai (Alaska) et celle des épaulards migrateurs du golfe de l’Alaska, habituellement observée dans les eaux des parties centrale et ouest du golfe de l’Alaska (Angliss et Outlaw, 2005). La population migratrice AT1 a connu un déclin précipité ces dernières années et ne compterait que huit individus, aucun n’étant des femelles reproductrices (Saulitis et al., 2005). La population migratrice du golfe de l’Alaska compte au moins 314 individus observés le plus assurément entre le sud-est et l’ouest de l’Alaska (Angliss et Outlaw, 2005). Même si les aires de répartition de ces deux dernières se chevauchent, on ne les a jamais observé en interaction.

La population migratrice de la côte Ouest est la seule reconnue pour fréquenter les eaux canadiennes et est le point central du présent programme de rétablissement. On sait qu’environ 250 individus se déplacent dans toutes les eaux de la Colombie-Britannique, bien que leur aire de répartition s’étende de l’État de Washington au sud-est de l’Alaska (programme de recherche sur les cétacés [PRC]-MPO, données non publiées). Les membres de cette population ne sont pas aussi faciles à définir que ceux des populations résidentes, en grande partie parce qu’on n’observe pas les premiers aussi assurément que les seconds. En outre, contrairement aux épaulards résidents, ils s’éloignent de leur groupe natal. C’est pourquoi on combine un certain nombre de critères dans une approche fondée sur le poids de la preuve pour définir la population migratrice de la côte Ouest. Parmi ces critères, mentionnons les suivants : 1) association (les membres s’associent fréquemment à d’autres membres et rarement, voire jamais, à des membres d’autres populations); 2) partage du répertoire acoustique de vocalisations distinctes; 3) rapprochement génétique; 4) partage de l’aire de répartition; 5) partage du régime alimentaire et d’une série de comportements alimentaires. Dans l’avenir, des profils similaires d’acides gras ou de contaminants pourraient également aider à définir les membres de cette population (voir Herman et al., 2005; Krahn et al., 2007).

Un assemblage d’environ 100 épaulards migrateurs a été documenté au large de la côte californienne (Ford et Ellis, 1999).On a peu étudié cet assemblage et, dans le passé, on l’a considéré comme un prolongement de la population migratrice de la côte Ouest. Selon un groupe de spécialistes des épaulards réunis lors d’un atelier technique qui s’est tenu les 16 et 17 janvier 2007 à Vancouver pour conseiller Pêches et Océans Canada sur des questions d’ordre technique relatives au présent programme de rétablissement, les preuves disponibles laissent entendre que l’assemblage de la Californie appartient à une ou à plusieurs populations distinctes et non définies à l’heure actuelle. Sur le plan acoustique, le répertoire de cris de ces épaulards est similaire, mais pas identique à celui des épaulards migrateurs que l’on trouve en Colombie-Britannique (Deecke, 2003).On a aperçu environ dix de ces individus en Colombie-Britannique et en Alaska ainsi qu’observé parfois leur interaction avec d’autres membres de la population migratrice de la côte Ouest.Ces interactions, même si elles sont rares, nous laissent penser qu’il peut y avoir un flux génétique limité entre les deux groupes.On en connaît très peu sur le statut de l’assemblage de la Californie, car on observe assez rarement ces individus, même dans les eaux californiennes.

La majorité des observations d’épaulards migrateurs en Colombie-Britannique tendent à avoir lieu pendant l’été et l’automne, lorsqu’il y a plus de personnes sur l’eau, mais elles on lieu à tous les mois de l’année. Ces épaulards ne sont toutefois pas répartis uniformément à l’échelle de la région et sont trouvés le plus souvent dans les endroits où leurs proies sont particulièrement abondantes. Certains groupes d’épaulards migrateurs se déplacent sur toute l’aire de répartition de la population, l’un d’eux ayant parcouru 2 660 km de Glacier Bay, en Alaska, à Monterey, en Californie (Goley et Straley, 1994). D’autres épaulards n’ont été aperçus que dans certaines régions, comme les îles de la Reine-Charlotte. Il est possible qu’ils puissent avoir des « domaines vitaux » ou des zones préférées, leur connaissance de l’endroit leur donnant un avantage au point de vue de la chasse (Ford et Ellis 1999). Contrairement à l’épaulard résident qui peut demeurer à un endroit pendant plusieurs semaines, voire davantage, en particulier pendant la pointe des montaisons de saumons, l’épaulard migrateur traverse habituellement un endroit assez rapidement, probablement du fait que les proies de la famille des mammifères sortent de l’eau ou l’évitent très rapidement dès qu’elles se rendent compte de sa présence.

1.4 Besoins en matière d’habitat et biologiques, rôle écologique et facteurs limitatifs de l’épaulard migrateur

1.4.1     Besoins en matière d’habitat et biologiques

Les besoins en matière d’habitat de l’épaulard migrateur ne sont pas bien compris. Les techniques spécialisées de chasse qu’il emploie pour capturer des mammifères marins réceptifs sur le plan acoustique nous laissent penser que son habitat doit être assez silencieux pour lui permettre de détecter acoustiquement ses proies. Ces conditions l’aideraient également à maintenir d’autres fonctions vitales, telles que la communication.

L’épaulard migrateur dépend entièrement de populations abondantes de mammifères marins pour survivre. Dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, ses principales proies sont les pinnipèdes et les petits cétacés (Ford et al., 1998; Ford et al., 2005). Les populations de deux de ses proies connues, celles de marsouins communs (Phocoena phocoena) et d’otaries de Steller (Eumetopias jubatus), ont été désignées comme étant préoccupantes par le COSEPAC (COSEPAC, 2003); si elles connaissent un déclin, il peut y avoir un impact sur les disponibilités alimentaires de l’épaulard migrateur. Cela pourrait avoir des répercussions sur la capacité de croissance de la population migratrice. Vous trouverez de l’information plus détaillée sur les préférences de l’épaulard en matière de proies à la section 1.4.3 portant sur les facteurs biologiques limitatifs et le régime alimentaire.

1.4.2 Rôle écologique

L’épaulard migrateur se nourrit d’homéothermes et est considéré comme étant un prédateur de niveau trophique supérieur. Ses préférences alimentaires sont précisées à la section 1.4.3. En Colombie-Britannique, on ne comprend pas bien le rôle que joue la prédation de l’épaulard migrateur dans la dynamique des populations de ses proies. Dans l’ouest de l’Alaska, plusieurs d’entre elles connaissent un déclin grave et, dans la littérature disponible, il y a un débat important sur la question de savoir si la prédation de l’épaulard en est la cause. Les populations de l’Ouest d’otaries de Steller, de loutres de mer (Enhydra lutris) et de phoques communs (Barrett-Lennard et al., 1995; Estes et al., 1998; Springer et al., 2003; Williams et al., 2004; Trites et al., 2007; Wade et al., 2007) figurent parmi ces populations de proies. Même si le débat n’est pas réglé, il semble plausible que l’épaulard, une fois les populations de proies réduites pour une raison ou une autre, soit capable de garder ses proies dans une « fosse » où une prédation continue empêche leur rétablissement.

1.4.3 Facteurs biologiques limitatifs

Les facteurs biologiques limitatifs qui peuvent avoir une incidence sur la croissance de la population d’épaulards migrateurs sont les suivants : régime alimentaire, organisation sociale, survie, dispersion, réussite de la reproduction, comportements d’accouplement, sénescence reproductive, culture, effet de mortalité anticompensatoire, et diverses sources de mortalité naturelle, lesquelles sont décrites ci-après. La prédation n’est pas un facteur qui limite la croissance de cette population, puisqu’elle n’a aucun prédateur naturel.

Régime alimentaire

Des observations sur le terrain (Baird et Dill, 1996; Barrett-Lennard et al., 1996; Ford et al., 1998; Ford et Ellis, 1999) et des analyses des acides gras (Herman et al., 2005) montrent clairement que l’épaulard migrateur fait sa proie de mammifères marins et, à l’occasion, d’oiseaux marins, mais ne consomme pas de poissons. La capture de trois épaulards migrateurs en 1970 renforce cette préférence alimentaire. Après 75 jours à refuser de consommer du poisson, un épaulard est mort et après 79 jours, les deux autres ont commencé à en consommer. Lorsqu’ils ont été ultérieurement retournés dans la nature, les deux épaulards survivants ont repris la consommation de mammifères marins (Ford et Ellis, 1999).

Dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, le phoque commun est la proie la plus fréquemment documentée, suivie du marsouin commun, du marsouin de Dall (Phocoenoides dalli) et de l’otarie de Steller. L’épaulard migrateur se nourrit également d’otaries de Californie (Zalophus californianus), de dauphins à flancs blancs du Pacifique (Lagenorhyncus obliquidens), de baleines grises (Eschrichtius robustus), de petits rorquals (Balaenoptera acutorostrata) et, moins couramment, de loutres de rivière (Lutra canadensis) et d’éléphants de mer (Mirounga angustirostris) (Baird et Dill, 1996; Ford et al., 1998; Ford et al., 2005).

Les proies sont généralement disponibles à l’année, bien qu’il y ait des pics saisonniers liés à la mise bas. C’est peut-être la raison pour laquelle on observe l’épaulard migrateur plus assurément pendant toute l’année que l’épaulard résident (Ford et Ellis, 1999), plus souvent observé dans les eaux côtières à l’été et à l’automne lorsque sa principale proie, le saumon quinnat (Oncorhynchus tshawytscha), est plus facilement accessible à cause de la montaison.

La chasse d’homéothermes, réceptifs sur le plan acoustique, a modelé les comportements sociaux et acoustiques des épaulards migrateurs. Dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, ils se déplacent d’ordinaire en groupes acoustiquement inactifs et chassent furtivement. Ils plongent longtemps par rapport aux épaulards résidents et nagent souvent de manière erratique (Morton, 1990). D’ordinaire, l’épaulard migrateur ne vocalise pas lorsqu’il est en quête de nourriture, et ce, tant qu’il n’aura pas réussi une mise à mort (Deecke et al., 2005). Même si les mises à mort de phoques communs peuvent survenir très rapidement, les attaques d’autres espèces, comme l’otarie, le marsouin de Dall et le petit rorqual peuvent être prolongées et nécessiter une poursuite à grande vitesse sur plusieurs kilomètres (Ford et al., 1998; Heise et al., 2003; Ford et al., 2005).

Organisation sociale

Les épaulards migrateurs sont observés le plus souvent en groupes de deux à six, bien qu’on puisse les trouver parfois seuls ou en plus grands groupes (Ford et Ellis, 1999). Dans leur étude sur les épaulards migrateurs vivant à proximité du sud de l’île de Vancouver, Baird et Dill (1996) ont constaté qu’on les observait le plus souvent en groupes de trois à quatre et que les mères se déplaçaient souvent avec leurs fils adultes. Toutefois, contrairement à l’épaulard résident, les groupes sociaux de l’épaulard migrateur sont bien plus fluides et difficiles à interpréter. Les épaulards migrateurs ne demeurent pas nécessairement leur vie durant au sein de leur lignée maternelle; un certain nombre d’entre eux peuvent s’éloigner. Ceux qui le font peuvent se mêler largement au sein de la population (Ford et Ellis, 1999), bien que de fortes associations à long terme sont possibles (Baird et Whitehead, 2000).

La population entière d’épaulards migrateurs est liée par association; chaque membre a été vu se déplaçant avec au moins un autre membre connu à un moment quelconque. En outre, les épaulards migrateurs de la côte Ouest sont tous liés sur le plan acoustique par le partage de cris (Ford et Ellis, 1999; Deecke, 2003). Ces cris sont différents de ceux utilisés par les épaulards migrateurs AT1 et du golfe de l’Alaska (Saulitis et al., 2005). Les épaulards migrateurs que l’on observe plus souvent en Californie partagent certains cris avec ceux que l’on trouve le plus dans les eaux de la Colombie-Britannique, mais émettent également plusieurs cris uniques (Ford, 1984; Deecke et al., 2005; PRC-MPO, données non publiées).

Survie et longévité

Il est difficile d’estimer les taux de mortalité de l’épaulard migrateur, puisqu’il peut disparaître pendant de longues périodes (années) et ensuite réapparaître. En effet, il est reconnu que des épaulards migrateurs qui n’avaient pas été observés depuis longtemps sont réapparus jusqu’à 15 ans plus tard (PRC-MPO, données non publiées). C’est pourquoi il n’y a actuellement pas assez de données sur la survie propres à l’épaulard migrateur pouvant servir à estimer les taux de survie et de longévité. Ce qui suit est fondé sur les données ayant trait à l’épaulard résident.

La survie des épaulards varie selon l’âge. La mortalité néonatale (de la naissance à six mois) est la plus élevée, se situant entre 37 et 50 % (Olesiuk et al., 1990). L’espérance moyenne de vie est décrite pour les individus qui survivent les premiers six mois, en fonction de données recueillies entre 1973 et 1996 pour l’épaulard résident du Nord, et est estimée à 46 ans pour la femelle et à 31 ans pour le mâle. La longévité maximale est de 80 ans pour la femelle et de 40 à 50 ans pour le mâle (Olesiuk et al., 2005).

Paramètres de reproduction

Tout comme pour les données sur la survie et la longévité, il y a peu de registres détaillés de données sur la reproduction propres à l’épaulard migrateur et une grande partie de ce que l’on connaît au sujet de sa reproduction nous vient de l’épaulard résident. Puisqu’on n’observe pas assurément l’épaulard migrateur tous les ans, il est possible que la femelle puisse mettre bas à un baleineau pouvant avoir survécu ou non. Ce qui suit est donc fondé sur les données ayant trait à l’épaulard résident.

En moyenne, le mâle atteint la maturité sexuelle à 14,2 ans et la femelle, à 12,8 ans (Olesiuk et al., 2005). La période de gestation est de 16 à 17 mois, soit l’une des plus longues de toutes les baleines (Walker et al., 1998; Duffield et al., 1995). La femelle met bas à son premier baleineau entre 12 et 17 ans (moyenne = 14,1 ans) et n’a qu’un baleineau tous les cinq ans sur une période de reproduction de 24 ans, quoique l’intervalle entre les mises bas soit très variable et puisse osciller entre deux et onze ans (Olesiuk et al. 2005). Les mises bas ont lieu toute l’année, mais culminent entre l’automne et le printemps. À la naissance, le baleineau mesure environ entre 2,2 et 2,5 m de long (Olesiuk et al., 1990).

Comportement d’accouplement

Le comportement d’accouplement entre le mâle et la femelle a été rarement observé dans la nature, d’où l’absence d’information sur ce sujet ou sur le choix d’un partenaire chez l’épaulard migrateur. Des études sur la génétique et l’identification photographique nous laissent entendre que les écotypes (migrateurs, résidents et océaniques) n’immigrent pas et que l’accouplement entre ceux-ci est extrêmement rare, voire inexistant (Barrett-Lennard, 2000). Les épaulards résidents de la Colombie-Britannique mettent surtout bas en automne et en hiver, ce qui suppose que les activités de reproduction culminent au printemps et en été(gestation de 16 à 17 mois; Olesiuk et al., 1990, 2005). On ne dispose pas de suffisamment de données pour déterminer si les épaulards migrateurs obéissent à un cycle saisonnier similaire pour la reproduction et la mise bas.

Sénescence reproductive

On connaît peu de choses sur la sénescence reproductive de l’épaulard migrateur, mais l’épaulard résident femelle met bas à son dernier baleineau à environ 40 ans et peut vivre au moins jusqu’à 70 ans (Olesiuk et al., 2005). Cette période post-reproductive est relativement rare chez les animaux et ne survient que chez des espèces maternantes dont la progéniture est longtemps dépendante.

Culture

De fortes traditions culturelles transmises de génération en génération par l’apprentissage sont évidentes chez la population d’épaulards migrateurs de la côte Ouest. En particulier, sa préférence pour les proies de la famille des mammifères est une caractéristique importante qui aide à la définir. L’épaulard migrateur gardé en captivité qui, en bout de ligne, est mort parce qu’il a refusé de consommer du poisson (section 1.4.3) appuie la force de cette tradition. L’épaulard migrateur de la côte Ouest a un répertoire unique d’appels sonores qui est différent de celui de l’épaulard résident et d’autres populations migratrices (Ford, 1984; Deecke, 2003; Deecke et al., 2005; Saulitis et al., 2005).

Les épaulards migrateurs ne concurrencent pas les épaulards résidents pour la nourriture, ils semblent pourtant les éviter activement (Baird, 2000); selon un compte rendu bien documenté (Ford et Ellis, 1999), ils ont été attaqués agressivement par des épaulards résidents. Il y a beaucoup à apprendre sur le rôle de la culture au sein de la société d’épaulards migrateurs, mais elle est susceptible d’améliorer l’efficacité de la quête de nourriture parce qu’ils se transmettent d’un à l’autre des techniques de chasse et de l’information sur d’importantes aires d’alimentation.

Effet de mortalité anticompensatoire

En Colombie-Britannique, la population d’épaulards migrateurs de la côte Ouest compte environ 250 individus (PRC-MPO, données non publiées) et est considérée comme en péril en raison de sa taille réduite. De manière générale, il est plus probable qu’une petite population affiche une consanguinité et un taux de reproduction inférieur, ce qui peut mener à une variabilité génétique moindre, à une résilience réduite contre les maladies et la pollution, à une diminution de la valeur adaptative de la population ainsi qu’à des risques élevés d’extinction causée par des catastrophes. Il existe des preuves d’au moins un trouble génétique au sein de la population migratrice de la côte Ouest, quoiqu’il soit relativement rare.

En Alaska, l’histoire de la population migratrice AT1 démontre les risques associés à un faible effectif. Cette population a d’abord été observée en 1984 dans le détroit du Prince William et comptait 22 membres. Ces épaulards y ont été régulièrement observés entre 1984 et 1989. Au printemps 1989, le déversement de l’Exxon Valdez survenait dans le détroit. En 1990, neuf individus étaient absents du groupe, trois d’entre eux ayant été aperçus en train de nager dans la nappe de pétrole à proximité du navire peu de temps après le déversement. L’année suivante, deux autres épaulards étaient absents et à l’heure actuelle, tous les onze épaulards sont présumés morts. Depuis 1990, trois autres ont disparu; la population compte actuellement huit membres (Angliss et Outlaw, 2005). L’absence de femelles en âge de procréer dans la population AT1 entraînera sa disparition du pays (Saulitis et al., 2002). Il convient de noter que la population migratrice du golfe de l’Alaska et la population AT1 sont sympatriques, mais qu’elles ne se croisent pas entre elles (Barrett-Lennard, 2000).

Mortalité naturelle

Comme il est mentionné ci-devant, bien des groupes d’épaulards migrateurs ne sont pas régulièrement observés et des carcasses sont rarement récupérées, ce qui explique que l’on sait peu de choses sur les sources naturelles de mortalité. On peut présumer qu’ils sont vulnérables à bon nombre des mêmes risques auxquels sont exposés les épaulards résidents, y compris l’emprisonnement dans des lagons côtiers ou des baies difficile d’accès, les échouements accidentels, la maladie, le parasitisme, les biotoxines et la famine (Baird, 2001). Des facteurs d’origine anthropique peuvent également accroître la vulnérabilité des épaulards migrateurs à des sources naturelles de mortalité. Ainsi, la perturbation causée par un bruit intense peut entraîner des échouements (Perrin et Geraci, 2002). La mort est attribuable en bout de ligne à l’échouement, mais la cause immédiate est d’origine anthropique.

On en connaît peu sur les maladies qui peuvent affecter la survie de l’épaulard à l’état sauvage. Seize agents pathogènes ont été relevés chez des épaulards en captivité et quatre ont été détectés chez des épaulards à l’état sauvage (Gaydos et al., 2004; Stephen Raverty, ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des pêches, Abbotsford, communication personnelle, 17 janvier 2007). Parmi ces agents touchant les mammifères marins, mentionnons Brucella spp.,  Edwardsiella tarda, Toxoplasma gondiiet le poxvirus du cétacé. Vingt-sept autres agents pathogènes susceptibles d’être transmis à l’épaulard ont également été relevés chez des espèces sympatriques d’odontocètes. Puisque l’épaulard migrateur se nourrit de mammifères marins, il peut être exposé à ces agents pathogènes à une concentration plus élevée que celle de l’épaulard résident. Ces agents peuvent causer des avortements, réduire la fécondité ou accroître la mortalité (Gaydos et al., 2004).

On connaît peu de choses sur le rôle des parasites dans la mortalité de l’épaulard migrateur. On n’a pas rapporté la présence de parasites externes chez l’épaulard migrateur de la côte Ouest (Baird, 2000), mais il peut être infecté par des parasites internes. Parmi les parasites internes, on note différentes espèces de trématodes, de cestodes et de nématodes (Dahlheim et Heyning, 1999; Raverty et Gaydos, 2004) qui sont susceptibles d’être acquises par l’ingestion de proies infectées.

L’épaulard migrateur peut parfois être vulnérable à un échouement accidentel ou à un emprisonnement, bien que l’on ait rapporté qu’un échouement accidentel connu. Il s’agissait d’un mâle seul qui s’est échoué sur une barre de sable près de Tofino en 1976 alors qu’il était en quête de nourriture et y est ensuite mort (Ford et Ellis, 1999).

Tout facteur qui modifie nettement l’abondance des proies pourrait être une source majeure de mortalité pour l’épaulard migrateur. Dans d’autres régions du monde, il y a eu d’importantes éclosions de maladies et de biotoxines chez des pinnipèdes et des petits cétacés. Des éclosions deMorbillivirus ont causé une mortalité de masse chez les dauphins et les phoques (Aguilar et Borrell, 1994; Kennedy et al., 2000) et chez les loutres de rivière vivant en milieu océanique en Colombie-Britannique (Mos et al., 2003). L’un des membres du genre Morbilliviruspeut présenter un risque pour les épaulards migrateurs de trois façons : 1) éclosion dans leur communauté, très probablement attribuable à la présence du morbillivirus des dauphins ou des cétacés; 2) éclosion du virus de la maladie de Carré des phoques (phocine distemper virus – PDV) ou virus de la maladie de Carré (CDV) chez leur principale proie – le phoque commun – ce qui pourrait réduire de façon spectaculaire l’abondance des proies des épaulards migrateurs; 3) transfert du PDV ou du CDV des pinnipèdes, de la loutre de rivière ou d’autres espèces aux épaulards migrateurs, dont la probabilité n’est pas connue.

Les proliférations d’algues nuisibles (PAN) peuvent mettre en péril l’épaulard migrateur, soit par la bioaccumulation, soit par une perte de proies. Les PAN produisent des biotoxines, comme la phycotoxine paralysante, l’acide domoïque, la saxitoxine et la brevetoxine.Il a été démontré que plusieurs espèces de mammifères marins présentaient une vulnérabilité potentielle aux effets neurotoxiques des biotoxines (Trainer et Baden, 1999). Comme la fréquence des PAN semble augmenter et qu’elles ont été liées à des mortalités d’otaries de Californie (Scholin et al., 2000), l’épaulard migrateur peut être en péril à l’avenir.

Les changements climatiques peuvent également entraîner la réduction des disponibilités alimentaires de l’épaulard migrateur et, en bout de ligne, diminuer sa survie. Des épisodes d’El Niño ont été liés à une mortalité de masse chez les pinnipèdes de la Californie (Angliss et Lodge, 2004). Des changements importants qui surviennent dans la circulation et les propriétés physiques de l’océan, appelés « changements de régime », peuvent également influer sur la répartition et l’abondance des proies de l’épaulard (Benson et Trites, 2002).

1.5 Menaces

Caractérisation des menaces au moyen d’une approche fondée sur le poids de la preuve

L’épaulard migrateur de la côte Ouest est un organisme longévif de niveau trophique supérieur. Cependant, son taux de reproduction semble être faible, ce qui réduit considérablement sa capacité de se rétablir d’événements catastrophiques ou de déclins de population. La faible taille de sa population (actuellement estimée à environ 250 individus, PRC-MPO, données non publiées) lui fait courir un risque supplémentaire de menaces d’origine anthropique. Puisque des problèmes d’ordre scientifique, éthique, logistique et juridique empêchent la réalisation d’expériences directes ou causales avec l’épaulard, une approche fondée sur le « poids de la preuve » encadre la caractérisation et la hiérarchisation des menaces auxquelles il est confronté. Une telle approche est courante dans le secteur des produits pharmaceutiques pour l’humain, qui se sert de données sur la toxicité, la sécurité et l’efficacité d’expériences en laboratoire avec groupe témoin réalisées sur des animaux et les extrapole à l’humain. Dans le cas de l’épaulard migrateur, cette approche tient compte de tous les résultats scientifiques découlant d’études sur d’autres mammifères marins (tels que les phoques communs) réalisées en laboratoire avec groupe témoin, avec des individus en captivité et sur le terrain ainsi que d’observations opportunistes et d’expériences en milieu naturel sur des épaulards et d’autres cétacés à l’état sauvage. On a recours à cette approche, dans la mesure du possible, pour décrire les menaces auxquelles l’épaulard peut être vulnérable.

De nombreuses menaces d’origine anthropique pèsent sur la viabilité de l’épaulard migrateur. Les contaminants chimiques (hérités et nouveaux), les polluants biologiques, les métaux traces, la perturbation physique, la perturbation acoustique (chronique et aiguë), les déversements de substances toxiques, les maladies, les collisions avec les bateaux et les effets de l’abattage sélectif sur ses proies (actuellement interdit) figurent parmi ces menaces. De celles-ci, les menaces d’origine anthropique les plus pressantes qui pèsent sur l’épaulard migrateur sont : 1) les contaminants environnementaux; 2) le bruit et les perturbations. En raison de la faible taille de sa population et de son potentiel reproducteur extrêmement limité, la population est particulièrement vulnérable à toute source de mortalité qui peut être considérée comme étant supérieure aux « valeurs de référence ». Toutefois, la mesure dans laquelle les menaces peuvent agir avec synergie pour influer sur les épaulards n’est pas connue, mais il a été démontré que, chez d’autres espèces, la présence de multiples facteurs de perturbation a des effets négatifs forts et souvent mortels, particulièrement lorsque les animaux transportent des concentrations élevées de contaminants environnementaux (Sih et al., 2004).

1.5.1 Classification des menaces

Veuillez consulter l’annexe B pour obtenir des éclaircissements au sujet des termes employés pour classer les menaces par catégorie. Il convient de noter que les polluants organiques persistants sont divisés en contaminants hérités et nouveaux parce qu’il faut différentes stratégies pour les traiter.

Tableau 1 – Tableau de classification des menaces d’origine anthropique
1. Stress – Toxines biocumulatives persistantes (TBP) – Contaminants hérités Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Pollution et changements dans les processus naturels (disponibilités alimentaires) Ampleur Répandue ou concentrée localement
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général TBP Occurrence En cours En cours
Fréquence Continue Continue
Stress précis Effets toxiques directs et transfert (et bioaccumulation) des contaminants à l’épaulard par les proies Certitude causale Attendue Attendue
Gravité Élevée Élevée
Effet Troubles reproducteurs, perturbation endocrinienne, anomalies squelettiques, cancer, etc. Niveau de préoccupation Élevé
2. Stress – Toxines biocumulatives persistantes (TBP) – Contaminants nouveaux Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Pollution et changements dans les processus naturels (disponibilités alimentaires) Ampleur Répandue ou concentrée localement
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général TBP Occurrence En cours En cours
Fréquence Continue Continue
Stress précis Effets toxiques directs et transfert (et bioaccumulation) des contaminants à l’épaulard par les proies Certitude causale Attendue Attendue
Gravité Élevée Élevée
Effet Troubles reproducteurs, perturbation endocrinienne, anomalies squelettiques, cancer, etc. Niveau de préoccupation Élevé
3. Stress – Bruit chronique Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Dégradation de l’habitat Ampleur Répandue
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Bruit causé par les bateaux Occurrence En cours En cours
Fréquence Continue, mais avec une certaine variabilité saisonnière Continue, mais avec une certaine variabilité saisonnière
Stress précis Masquage des signaux de communication, incapacité de bien se nourrir Certitude causale Plausible, mais nécessite une étude plus approfondie Plausible, mais nécessite une étude plus approfondie
Gravité Inconnue Inconnue
Effet Préjudice physiologique et physique Niveau de préoccupation Moyen
4. Stress – Bruit aigu Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Perturbation Ampleur Sources ponctuelles locales à l’échelle de l’aire de répartition
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Bruit impulsif intense Occurrence En cours En cours
Fréquence Récurrente Récurrente
Stress précis relevés sismiques
sonars militaires explosions sous-marines
Certitude causale Attendue Attendue
Gravité Faible à la fréquence actuelle Faible à la fréquence actuelle
Effet Dommage physiologique et possiblement physique (dû aux sonars militaires et explosions sous-marines seulement)
Perturbation comportementale
Niveau de préoccupation Élevé en raison de l’expansion possible
5. Stress – Perturbation physique Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Perturbation Ampleur Localisée, mais répandue
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Activités de loisir
Activités d’observation des baleines
Occurrence En cours  
Fréquence Continue, mais avec une certaine variabilité saisonnière  
Stress précis Interruption de l’alimentation et des comportements sociaux Certitude causale Attendue, mais nécessite une étude plus approfondie  
Gravité Inconnue  
Effet Déplacement possible Niveau de préoccupation Élevé
6. Stress – Polluants biologiques Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Pollution et changements dans les processus naturels (disponibilités alimentaires) Ampleur Localisée
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Réduction du nombre de proies et effets toxiques Occurrence Prévue  
Fréquence Récurrente  
Stress précis Espèces-proies vulnérables aux polluants pouvant se propager rapidement dans l’environnement marin. Impact direct possible sur l’épaulard. Certitude causale Plausible  
Gravité De faible à moyenne  
Effet Changements physiologiques, maladies, disponibilité réduite des proies Niveau de préoccupation Inconnu
7. Stress – Déversements de substances toxiques  Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Dégradation et pollution de l’habitat Ampleur Localisée
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Déversements de substances toxiques, y compris d’hydrocarbures Occurrence Prévue  
Fréquence Récurrente  
Stress précis Ingestion de substances nocives/exposition à celles-ci Certitude causale Démontrée  
Gravité De faible à moyenne  
Effet Impacts physiologiques/mort Niveau de préoccupation Élevé
8. Stress: Collision avec les bateaux Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Mortalité accidentelle Ampleur Localisée
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Trafic de bateaux à grande vitesse Occurrence En cours  
Fréquence Récurrente  
Stress précis Traumatisme résultant d’un choc violent ou de lacérations Certitude causale Démontrée  
Gravité Faible  
Effet Mortalité directe ou indirecte (par infection) Niveau de préoccupation Faible
9. Stress – Déclin en matière de disponibilité ou de qualité des proies Information sur le facteur de perturbation
Catégorie de facteur de perturbation Exploitation non rationnelle ou abattage sélectif Ampleur Répandue
Locale À l’échelle de l’aire de répartition
Facteur de perturbation général Abattage sélectif Occurrence En cours Historique
Fréquence Inconnue Continue jusqu’au début des années 1970
Stress précis Réduction du nombre de proies Certitude causale Plausible Plausible
Gravité Faible Élevée
Effet Manque de nourriture Niveau de préoccupation Faible (selon la gestion actuelle des phoques et les mesures de protection des cétacés)

1.5.2 Description des menaces

Contaminants

L’épaulard migrateur est le mammifère marin le plus contaminé aux biphényles polychlorés (BPC) au monde ayant été décrit jusqu’à ce jour (Ross et al., 2000), ce qui met en lumière les préoccupations selon lesquelles il peut présenter un risque élevé d’effets néfastes sur sa santé. Dans la classe générale des contaminants appelés « toxines biocumulatives persistantes (TBP) » ou « polluants organiques persistants (POP) », les BPC sont la plus importante préoccupation d’ordre toxicologique chez les organismes de niveau trophique supérieur de l’hémisphère Nord. Les TBP sont persistantes, toxiques et biocumulatives, toutes des caractéristiques qui rendent l’épaulard migrateur vulnérable à une forte contamination et à des risques pour la santé. Les TBP n’affichent habituellement pas de toxicité aiguë, mais sont plutôt considérées comme des « modulateurs endocriniens » ou « perturbateurs endocriniens » en raison des effets chroniques, lents et insidieux qu’elles ont sur la croissance et le développement normaux des organes. À ce titre, il a été démontré que les populations touchées présentent une santé génésique réduite, une fonction immunitaire réduite (et incidence accrue des maladies), des anomalies squelettiques et des troubles neurologiques.

L’épaulard migrateur est particulièrement vulnérable à une contamination aux TBP parce qu’il est longévif et se nourrit à un niveau trophique élevé, son régime alimentaire étant composé d’autres individus déjà contaminés aux TBP (Ross et al., 2004; Mos et al., 2006). Les femelles adultes, tant chez l’épaulard résident que l’épaulard migrateur, sont moins contaminées aux TBP que leurs homologues mâles du fait qu’elles transfèrent certaines TBP à leur progéniture pendant la reproduction, c’est-à-dire la gestation et la lactation (Ross et al., 2000, 2002; Rayne et al., 2004; Ross, 2006). Le phoque commun, l’une des principales proies de l’épaulard migrateur, est reconnu pour être relativement contaminé aux TBP, en particulier près de zones urbaines (Ross et al., 2004). Les concentrations de BPC observées chez le phoque commun de Puget Sound ont été associées à l’immunosuppression et à des perturbations endocriniennes (Mos et al., 2006; Tabuchi et al., 2006).

Contaminants hérités

Les TBP incluent les contaminants « hérités », tels que les BPC et le dichlorodiphényltrichloréthane (DDT), dont l’usage n’est plus largement répandu dans les pays industrialisés, mais leur présence persiste dans l’environnement. Les dioxines et les furannes ont diminué dans l’environnement et sont présents à des concentrations relativement faibles chez l’épaulard, ce qui montre l’élimination métabolique des composés à des niveaux croissants du réseau trophique (Ross et al., 2000). L’épaulard migrateur affiche des concentrations de BPC dépassant de deux à quatre fois celles du béluga du Saint-Laurent (Delphinapterus leucas), qui est une espèce menacée (Martineau et al., 1987; Béland et al., 1993; Ross et al., 2000). Bien qu’il soit presque impossible d’obtenir des preuves non équivoques dans le monde réel caractérisé par une diversité complexe de contaminants, on soupçonne que ce béluga présente des troubles reproducteurs et une immunosuppression associés aux contaminants, tous pouvant expliquer l’incapacité de la population de se rétablir depuis qu’elle a été protégée de la chasse en 1979 (De Guise et al., 1995). Ces concentrations sont considérablement plus élevées que celles reconnues pour causer des troubles reproducteurs, des anomalies squelettiques, une perturbation endocrinienne et une immunotoxicité associés aux BPC chez les pinnipèdes (Ross, 2000; Ross et al., 2004). Bien que les concentrations de BPC diminuent dans l’environnement, de nouveaux modèles nous laissent entendre qu’il faudra des décennies avant que celles de l’épaulard passent sous les seuils liés à l’apparition d’effets néfastes (Hickie et al., 2007). Étant donné que l’épaulard migrateur se nourrit de proies contaminées, ses concentrations de contaminants ne diminueront pas aussi rapidement que celles de l’épaulard résident, même si on n’utilise plus le contaminant.

Nouveaux contaminants

Même si on a grandement réglementé les TBP héritées dans le monde industrialisé, un certain nombre de contaminants ayant des propriétés similaires demeurent sur le marché ou représentent des sous-produits de pratiques actuelles. Elles incluent les polybromodiphényléthers (PBDE) employés en tant qu’ignifugeants dans des applications allant des textiles aux télévisions, en passant par les ordinateurs.Deux des trois préparations commerciales (penta et octa) ont été bannies en Europe ou retirées du marché en Amérique du Nord, mais le décaBDE est toujours en usage.Puisque le décaBDE se décompose dans l’environnement en pentaBDE et en octaBDE, l’exposition de l’épaulard à des concentrations croissantes de PBDE perturbatrices du système endocrinien demeure une préoccupation importante.Les concentrations de PBDE chez les humains et les pinnipèdes ont doublé, et ce, environ à tous les deux à cinq ans (Hites, 2004; Ross, 2006).Même si de nombreuses questions sur la nature de la toxicité sont demeurées sans réponse, les preuves de plus en plus nombreuses d’une perturbation endocrinienne et d’une immunotoxicité (Darnerud, 2003; Hall et al.,2003) mettent en lumière la nouvelle préoccupation liée à cet ignifugeant actuellement en usage.Selon les analyses, l’épaulard migrateur présente des concentrations plus élevées de PBDE que celles des membres de la population d’épaulards résidents du Sud (Ross, 2006).

Un certain nombre d’autres TBP peuvent également affecter l’épaulard migrateur, dont les hydrocarbures aromatiques persistants, le dibutylétain et le tributylétain, le perfluro-octane, les alkylphénols éthoxylés ainsi que les naphtalènes, les paraffines et les terphényles polychlorés.La liste des TBP et le risque potentiel qu’elles présentent pour l’épaulard migrateur et ses proies ainsi qu’un court résumé de leurs sources se trouvent à l’annexe C.

On se préoccupe beaucoup des impacts potentiels des TBP sur l’épaulard migrateur. Une approche fondée sur le poids de la preuve doit être intégrée à la recherche, à la planification de la conservation et à la prise de décisions réglementaires afin de mieux protéger l’épaulard migrateur et ses proies contre ces composés très toxiques.

Polluants biologiques

L’épaulard migrateur peut être plus vulnérable aux impacts des maladies exotiques ou de la « pollution biologique » en raison de sa préférence pour les proies appartenant à la famille des mammifères.Les virus, les bactéries et les macroparasites franchissent habituellement les barrières interspécifiques plus facilement lorsque les deux espèces sont plus étroitement liées.L’épaulard migrateur peut être exposé à des agents pathogènes qui sont endémiques à ses proies de la famille des mammifères ou dispersés par des sources terrestres, telles que les animaux domestiques ou le bétail. Les manifestations de maladies infectieuses liées aux eaux usées ou au ruissellement chez le phoque commun du détroit de Puget (Lambourn et al., 2001) et l’otarie de Californie (Miller et al., 2002)rendent cette voie préoccupante pour l’épaulard migrateur.

Un certain nombre de mortalités de masse de premier plan chez plusieurs espèces ont permis d’attirer l’attention sur la menace potentielle que pose la pollution biologique pour les mammifères marins et d’établir ces polluants en tant que nouvelles préoccupations en matière de conservation (DeSwart et al., 1995; Miller et al., 2002; Ross, 2002; Mos et al., 2003; Mos et al., 2006). Ces polluants biologiques peuvent agir de deux façons, soit en infectant ou en affectant les proies, soit en infectant l’épaulard migrateur. En outre, la nature immunotoxique des TBP présentes à des concentrations très élevées chez cet épaulard peut le prédisposer à un risque ou à une gravité accrus d’infection causée par les polluants biologiques (Jepson et al., 1999; Ross et al., 1996, Mos et al., 2006).

Les agents pathogènes peuvent se propager rapidement chez les populations de mammifères marins. À titre d’exemple, les épidémies de Morbillivirus chez le phoque et le dauphin se propagent à une vitesse de 3 000 à 6 000 km par année (McCallum et al., 2003). Certains agents pathogènes, tels que Morbillivirus spp., sont naturellement présents dans l’environnement marin. Parmi certaines des espèces bien connues de cet agent pathogène qui ont été identifiées, mentionnons le virus de la maladie de Carré, le virus de la maladie de Carré chez le phoque et deux formes de morbillivirus des cétacés (dauphin et marsouin). L’infection qu’on lui attribue peut causer une pneumonie, une réduction de la production lymphocytaire et une encéphalite. En 1987-1988, les morbillivirus des cétacés ont provoqué la mort de plus de 50 % de la population de dauphins à gros nez le long de la côte est des États-Unis (Di Guardo et al., 2005). Ils ont été détectés chez des dauphins échoués au large de la Californie, mais il n’y a pas eu d’épidémie dans le Pacifique (Reidarson et al., 1998).

D’autres agents pathogènes, comme Brucella spp. et probablement Toxoplasma gondii, sont dispersés à partir de sources terrestres par les eaux usées et le ruissellement des terres agricoles (Lambourn et al., 2001; Miller et al., 2002; Mos et al., 2006). Des analyses sanguines réalisées sur douze épaulards échoués ont révélé que neuf d’entre eux ont obtenu un résultat positif à l’épreuve de dépistage de Brucella(S. Raverty, MAAPCB, Abbotsford, communication personnelle, 17 janvier 2007). Chez les cétacés, Brucella est associée à des lésions dans l’appareil génital de même qu’à l’encéphalite (González et al., 2002; Steven Raverty, MAAPCB, communication personnelle, 17 janvier 2007). Le phoque commun exposé au ruissellement de zones urbaines et agricoles présente un certain nombre d’agents pathogènes bactériens et protozoaires, auxquels il est plus vulnérable compte tenu de ses charges accrues de contaminants chimiques (Mos et al., 2006).

On compte environ 100 000 phoques communs en Colombie-Britannique (P. Olesiuk, SBP, MPO, données non publiées). Si une importante flambée pathogène causait une mortalité de masse chez ce mammifère marin dans cette province, comme celle qui est survenue dans le nord-ouest de l’Europe en 1988 (18 000 mortalités) et de nouveau en 2002 (21 000 mortalités, Di Guardo et al., 2005), il pourrait y avoir des conséquences pour les épaulards migrateurs, vu qu’ils perdraient l’une de leurs principales proies. Étant donné que l’épaulard migrateur est très contaminé par des produits chimiques et probablement immuno-supprimé, il peut également être vulnérable à une infection directe causée par ces mêmes agents pathogènes.

Les changements climatiques peuvent jouer un rôle important, bien qu’indirect, dans le développement d’épidémies de maladies infectieuses. Par exemple, les changements survenus dans l’oscillation australe-El Niño ont causé des effets mesurables sur le développement d’agents pathogènes, les taux de survie et la transmission des maladies dans l’environnement marin (Harvell et al., 2002). On ignore dans quelle mesure exactement les changements climatiques et le réchauffement planétaire peuvent avoir une incidence sur la vulnérabilité aux agents pathogènes des épaulards, et en particulier de leurs proies, mais les agents pathogènes sont peuvent devenir une menace plus importante dans l’avenir à mesure que les températures océaniques continuent d’augmenter.

Métaux traces

Il y a peu d’information disponible sur les concentrations et les effets des métaux-traces sur les mammifères marins. Les métaux traces sont présents naturellement dans l’environnement marin et les épaulards ont développé la capacité de détoxifier certaines de ces substances, comme le mercure (Martoja et Berry, 1980). On peut cependant en trouver des concentrations élevées dans les zones urbaines et industrielles, et ils peuvent être préoccupants à la fois pour les populations d’épaulards et pour leurs proies (Grant et Ross, 2002).

Perturbation acoustique

Lorsque le rapport de situation du COSEPAC sur les épaulards a été rédigé (Baird, 2001), les impacts potentiels du bruit sur les mammifères marins étaient relativement peu connus. Depuis, on est de plus en plus sensibilisé au fait que le bruit représente vraisemblablement une menace importante pour la vie marine causant une dégradation de leur habitat.Il peut aussi affecter la capacité des mammifères marins de détecter les proies et celle des prédateurs, de communiquer et d’acquérir de l’information sur leur environnement. Le bruit peut perturber des comportements naturels, comme l’alimentation, éloigner les proies, altérer potentiellement l’audition, sur une base temporaire ou permanente, et causer un préjudice physiologique (Barrett-Lennard et al.,1996, Erbe, 2002; CNRC, 2003).

Il est difficile de décrire et d’évaluer les effets de la perturbation, car les réactions peuvent être subtiles ou difficiles à interpréter. Des animaux peuvent ne montrer aucune réaction comportementale évidente à la perturbation et être tout de même affectés négativement. Todd et al.(1996) ont constaté que des rorquals à bosse étaient restés à proximité immédiate d’explosions sous-marines et n’avaient montré aucune réaction comportementale évidente. Cependant, les taux d’enchevêtrement étaient sensiblement plus élevés pendant cette période et les nécropsies de deux rorquals qui s’étaient noyés dans des filets ont révélé un trauma acoustique (Ketten et al., 1993). Bien que l’étude sur la mesure dans laquelle les sources anthropiques de bruit affectent les mammifères marins soit relativement récente, les épaulards dépendent grandement de l’utilisation du son et la perte d’audition pourrait être grave pour eux.

Il peut y avoir deux types de perturbation acoustique : chronique et aiguë. Leurs impacts potentiels peuvent être différents et nécessiter des stratégies d’atténuation distinctes. Pour cette raison, les perturbations acoustiques chronique et aiguë sont considérées séparément dans l’examen de cette question et dans le tableau 1.

Bruit chronique

Le bruit chronique est associé au trafic maritime, en particulier le transport de marchandises, et dans certaines régions de la côte, à l’observation des baleines. Des études où l’on a mesuré les changements survenus dans les niveaux de bruit sous-marin de fond au cours des 100 dernières années attribuent une grande partie de sa hausse à l’accroissement spectaculaire de la navigation commerciale. Le bruit des bateaux couvre une grande bande de fréquences et constitue actuellement la source dominante de bruit de fond entre 0 et 200 Hz (CNRC, 2003). On ne comprend pas bien exactement dans quelle mesure cette hausse peut affecter l’épaulard. Le bruit chronique peut causer un masquage, ce qui peut rendre la communication difficile. Le masquage peut perturber les contacts sociaux ou interférer avec les comportements coordonnés de façon acoustique. C’est d’autant plus préoccupant pour l’épaulard migrateur, car il vocalise moins souvent que l’épaulard résident (Deecke et al., 2005). En outre, l’épaulard migrateur dépend grandement de sa capacité de détecter acoustiquement ses proies  (Barrett-Lennard et al., 1996), et c’est pourquoi une hausse du bruit sous-marin peut réduire leur capacité de s’alimenter efficacement.

Bruit aigu

Les sonars militaires, les relevés sismiques, les sonars commerciaux ainsi que les explosions sous-marines habituellement associées à la construction constituent des sources de bruit aigu dans l’environnement marin. Nombre de ces sons impulsifs intenses sont susceptibles de voyager sur de grandes distances sous l’eau (de moins de 10 à voire plus de 100 km). Selon des preuves récentes, de tels bruits peuvent avoir des effets importants sur les cétacés; cependant, on doit effectuer d’autres recherches afin de mieux comprendre les mécanismes par lesquels ces effets se produisent. Chez d’autres espèces de mammifères marins, le bruit aigu a été associé à des modifications des seuils d’audition, à la production d’hormones en réponse au stress et à des dommages tissulaires probablement dus à la formation de bulles d’air ou conséquents à des phénomènes de résonance (Ketten et al., 1993; Crum et Mao, 1996; Evans et England, 2001; Finneran, 2003; Jepson et al., 2003; Fernandez et al., 2004). Les mammifères marins seraient particulièrement vulnérables à la résonance en raison de la présence de cavités d’air dans leurs sinus, dans leur oreille moyenne et dans leurs poumons ainsi que de la présence de petites bulles de gaz dans leur intestin.

Le sonar de fréquence basse à moyenne a été associé à un accroissement des échouements du rorqual à bosse et de la baleine à bec (CBI, 2004) de même qu’à des comportements inhabituels chez l’épaulard résident (K. C. Balcomb, communication personnelle, dans Wiles, 2004). Des observations systématiques des cétacés ont été effectuées au cours de relevés sismiques dans les eaux du Royaume-Uni et ont montré que les épaulards et d’autres cétacés étaient généralement observés à une plus grande distance pendant qu’avaient lieu les relevés (Stone, 2003). Bien qu’ils n’aient pas vu d’épaulards au moment où des relevés sismiques ont été effectués dans le sud de la Colombie-Britannique et au nord de l’État de Washington, Bain et Williams (2006) ont constaté que le marsouin commun et l’otarie de Steller ont montré d’importantes réactions d’évitement aux bruits intenses, et ce, même à des niveaux relativement bas et à des distances atteignant au moins 70 kilomètres.

Même s’il n’existe aucune preuve directe des effets qu’ont les sons de forte intensité sur l’épaulard migrateur en particulier, on peut déduire à partir d’autres espèces de cétacés que ces sons ont probablement un effet néfaste sur lui. L’épaulard migrateur est particulièrement vulnérable à une exposition à de tels sons. Comme ces épaulards migrateurs ne sont pas faciles à détecter, tant visuellement qu’acoustiquement, il est extrêmement difficile d’élaborer des mesures d’atténuations appropriées pour s’attaquer au problème des sons aigus. Les épaulards migrateurs se déplacent typiquement en petits groupes, et la probabilité de les détecter visuellement chute de façon nette à des distances supérieures à un kilomètre (Wade et al., 2003).

Perturbation physique causée par les bateaux et les avions

Les cétacés sont soumis à des quantités croissantes de perturbations physiques causées par des bateaux et des avions (CBI, 2004). On ne comprend pas encore très bien dans quelle mesure ces perturbations peuvent affecter l’épaulard migrateur, mais on s’inquiète de fait qu’elles pourraient diminuer leur quête de nourriture puisque l’approche de bateaux dans le milieu immédiat peut perturber le comportement de l’épaulard qui chasse. Les attaques d’épaulards sur des mammifères marins se prolongent souvent et peuvent se dérouler sur plusieurs kilomètres. L’intensité du trafic maritime dans une zone est donc proportionnelle à la possibilité que l’attaque soit interrompue.

L’observation commerciale des baleines a connu un essor considérable en Colombie-Britannique ces dernières années (Baird, 2002; Osborne et al., 2003). Bien qu’on observe majoritairement des épaulards résidents, il arrive à l’occasion qu’on observe des épaulards migrateurs. L’épaulard résident est probablement beaucoup plus habitué au « comportement » des bateaux d’observation que ne l’est l’épaulard migrateur; pourtant, le premier montre des réactions aux bateaux les suivant à une distance de 100 mètres (Williams et al., 2002). Parmi ces réactions, mentionnons une diminution du temps d’alimentation, ce qui est susceptible de réduire de manière significative la prise énergétique chez l’animal étant donné qu’il perd des occasions de s’alimenter (Williams et al., 2006). Reconnaissant que les techniques spécialisées de chasse utilisées par l’épaulard migrateur le rendent probablement plus vulnérable à la perturbation que l’épaulard résident, la Whale Watch Operators Association Northwest (WWOANW, 2006) propose que tous les bateaux se tiennent à une distance de 200 mètres des épaulards migrateurs qui se livrent activement à une mise à mort. Il reste que la simple proximité immédiate des bateaux et les bruits qui y sont associés peuvent perturber une attaque.

Collision avec les bateaux

Jusqu’à tout récemment, on a signalé relativement peu de cas d’épaulards heurtés par des bateaux, mais au cours des trois dernières années, on a rapporté quatre cas en Colombie-Britannique, dont deux de mortalité de l’animal (PRC-MPO, données non publiées). Ces mortalités nous laissent croire que l’épaulard est exposé à un risque croissant de collision; soit qu’il meurt à la suite d’un trauma résultant d’un choc violent, soit qu’il meure de la perte de sang résultant de lacérations causées par une hélice de bateau. Tant le trafic de bateaux commerciaux que celui de paquebots de croisière ont connu un essor spectaculaire au cours des deux dernières décennies, et il est probable qu’ils continueront de s’accroître, augmentant ainsi davantage le risque de collisions avec des épaulards. On ignore si le comportement de plongée souvent erratique et imprévisible de l’épaulard migrateur (Morton, 1990) le met plus en danger de collision que l’épaulard résident.

Déversements de substances toxiques

L’épaulard ne semble pas tenter d’éviter les hydrocarbures, comme l’a prouvé le comportement d’un groupe d’épaulards migrateurs dans les environs du déversement de l’Exxon Valdez en 1989 dans le détroit du Prince William en Alaska (voir la description à la section 1.4.3.8). Ce déversement a été associé à une mortalité sans précédent d’épaulards migrateurs et résidents et, il est probable qu’ils soient morts à la suite de l’inhalation de vapeurs d’hydrocarbures (Matkin et al., 1999). La Colombie-Britannique a connu des déversements sur une plus petite échelle, notamment celui du Nestucca (875 tonnes en décembre 1988) à Gray’s Harbor, dans l’État de Washington, et dont la marée noire qui en a résulté a dérivé dans les eaux canadiennes. Plus récemment, en août 2006 dans la baie Howe, un bateau-citerne a déversé 50 tonnes de combustible de soute. Une quantité considérable de bateaux-citernes transitent actuellement par les détroits de Puget etde Georgia, ce qui représente un risque pour l’épaulard (Baird, 2001; Grant et Ross, 2002). Si le projet de la Gateway Pipeline pour la construction près de Kitimat d’un oléoduc d’un diamètre de 30 pouces qui transporterait 400 000 barils/jour se réalise, on s’attend à une augmentation significative du risque de déversement d’hydrocarbures lié à la circulation de bateaux-citernes partant des eaux côtières vers la Californie et l’Asie.

Les déversements autres que ceux d’hydrocarbures représentent également un risque pour l’épaulard, et il ne s’agit pas d’événements purement hypothétiques comme l’illustre un cas récent.

Réduction de la disponibilité ou de la qualité des proies

Dans l’ouest de l’Alaska, on a noté des déclins très importants de populations de phoques communs, d’otaries et de phoques à fourrure. On présume que ces déclins ont entraîné un changement dans les proies de l’épaulard migrateur, lequel s’est tourné vers des espèces moins intéressantes comme la loutre de mer (Estes et al., 1998). Il n’existe pratiquement aucune information sur l’abondance ou les tendances démographiques des populations de petits cétacés et de petits rorquals enColombie-Britannique qui nous permette de déterminer les changements potentiels dans l’importance ou la disponibilité des cétacés qui figurent parmi les proies de l’épaulard migrateur.

Les tendances historiques et les abondances actuelles des pinnipèdes, en particulier pour ce qui est du phoque commun et de l’otarie de Steller, sont beaucoup mieux connues. Jusqu’au début des années 1970, il y a eu un programme actif d’abattage sélectif des deux espèces en Colombie-Britannique. Au moment de sa conclusion, les populations de phoques communs atteignaient 1/10 de ce qu’on pensait être leur taille historique et depuis, leurs effectifs sont revenus à l’abondance précédant l’abattage sélectif (Olesiuk, 1999). Les effectifs d’otaries de Steller ont également doublé depuis la fin du programme d’abattage sélectif (MPO, 2003). Il est probable que le rétablissement de ces populations de proies ait eu un effet positif majeur sur la population d’épaulards migrateurs (Ford et Ellis, 1999), puisque le phoque et l’otarie occupent une place importante dans son régime alimentaire.

Au cours des dernières années, on a demandé de ramener l’abattage sélectif du phoque commun et de l’otarie parce qu’ils nuisent aux pêches commerciales et récréatives en se nourrissant d’espèces ciblées par ces pêches et en pillant les engins de pêche. Comme le phoque et l’otarie constituent des proies importantes pour l’épaulard migrateur, tout programme d’abattage sélectif des pinnipèdes est susceptible de réduire ses disponibilités alimentaires, et probablement de nuire à la population entière.

Les charges de contaminants chez les populations de petits cétacés et de pinnipèdes peuvent également réduire la qualité ou la quantité des proies de l’épaulard migrateur. Ainsi, une mortalité de masse chez les phoques communs, liée à une maladie infectieuse, pourrait avoir un impact considérable sur les disponibilités alimentaires de l’épaulard migrateur. La fréquence de ces épidémies est susceptible d’augmenter en raison de l’augmentation des concentrations de TBP dans l’environnement et des changements du climat océanique liés au réchauffement de la planète (Walther et al., 2002).

1.6 Activités déjà réalisées ou en cours

1.6.1 Recherche

En Colombie-Britannique, depuis le début des années 1970, des chercheurs du MPO, de l’Aquarium de Vancouver ainsi que d’universités ont entrepris des études intensives sur le terrain portant sur l’épaulard résident et migrateur. Depuis ce temps, l’identification photographique annuelle des différents épaulards sert de fondement à des études sur leur cycle biologique, leur acoustique, leur génétique et leur spécialisation alimentaire. Ces études, conjuguées à une collaboration transfrontalière avec des chercheursdes États de Washington,dela Californieetde l’Alaska, se sont révélées d’une valeur inestimable pour nous permettre de mieux comprendre le cycle biologique et l’écologie de la population migratrice dont l’aire de répartition s’étend sur la côte Ouest. Un résumé des recherches actuelles figure ci-après.

Les données sur le cycle biologique sont recueillies au moyen de la documentation photographique d’individus effectuée chaque année, dans la mesure du possible. L’estimation de la longévité, des taux de natalité et de la survie entre autres, ainsi que l’estimation de l’abondance générale de la population reposent fortement sur la capacité d’identifier et de suivre des individus au fil du temps. Cette capacité sert également de fondement à l’analyse d’autres données, comme les analyses de l’acoustique et des contaminants. On comprend mieux le comportement et les préférences alimentaires de l’épaulard grâce aux observations directes et au prélèvement de fragments de proies qui sont effectués ainsi qu’à l’utilisation d’enregistreurs de données acoustiques et d’enregistreurs de temps et de profondeur.

On analyse actuellement des échantillons obtenus par biopsie afin de détecter la présence de contaminants chimiques chez l’épaulard. Ces analyses fournissent des données sur les charges de contaminants que présentent les prédateurs de niveau trophique supérieur, y compris les humains. Jusqu’ici, les analyses ont révélé que l’épaulard compte parmi les mammifères marins les plus contaminés au monde. On analyse également la présence de contaminants chez les espèces-proies de l’épaulard, en particulier le phoque commun. Les échantillons prélevés chez ces espèces-proies reflètent aussi la charge de contaminants des prédateurs de niveau trophique supérieur, sont plus faciles à prélever (en fonction de l’âge et du sexe) que ceux provenant de l’épaulard et servent à évaluer la qualité du régime alimentaire de l’épaulard migrateur (c’est-à-dire une mesure de l’exposition à des contaminants par l’intermédiaire du régime alimentaire). Grâce à des initiatives en cours telles que l’examen réglementaire des produits chimiques d’Environnement Canada et les programmes non gouvernementaux comme le Guide à l’usage du plaisancier et Pelouses sans pesticides de même que la mise en œuvre du Plan d’action du bassin de Georgia (Environnement Canada, 2003), les apports en contaminants dans l’environnement ont été efficacement réduits.

On recueille actuellement des données sur la structure démographique et les modes d’accouplement de l’épaulard migrateur au moyen de l’analyse génétique d’échantillons obtenus par biopsie. Jusqu’à présent, ces études ont montré que les épaulards migrateurs, résidents et océaniques sont génétiquement distincts, ce qui donne à penser qu’ils ne se croisent pas entre eux (Barrett-Lennard, 2000).

Les vocalisations sous-marines de l’épaulard migrateur sont suivies directement à l’aide d’hydrophones pendant les observations et aussi au moyen d’hydrophones placés à distance. En outre, ces derniers peuvent se révéler utiles pour suivre l’utilisation de l’habitat au cours des périodes de l’année pendant lesquelles les chercheurs ne peuvent pas travailler en mer.

L’épaulard fait l’objet d’un suivi visant à détecter la présence de maladies infectieuses chez lui et à connaître son état de santé général au moyen de l’échantillonnage effectué dans le cadre d’une nécropsie, et plus récemment, au moyen de l’analyse des échantillons d’exhalations ou de matières fécales provenant d’épaulards à l’état sauvage.

On utilise pour l’épaulard des modèles bioénergétiques combinés à des données sur l’abondance historique de l’otarie de Steller et du phoque commun en Colombie-Britanniquepour estimer la taille maximale de la population d’épaulards migrateurs qui aurait pu être maintenue par les pinnipèdes.

Le MPO entreprend actuellement une évaluation du potentiel de rétablissement (EPR) dans le but d’étudier les paramètres du cycle biologique de l’épaulard migrateur, y compris la capacité de la population de croître et de se rétablir. Ce travail éclairera la détermination du rétablissement de la population et facilitera l’établissement des objectifs démographiques futurs.

L’équipe responsable de l’étude écologique de l’épaulard, composée de chercheursprovenant de la Californieàl’Alaskaqui examinent des questions à l’échelle de l’aire de répartition des épaulards, a proposé un programme de recherche bilatéral Canada/États-Unis. Ce programme à vaste échelle et pluriannuel à la grandeur du Pacifique Nord vise à étudier le rôle écologique de l’épaulard migrateur et ses effets sur des espèces de mammifères marins en voie de disparition.

1.6.2 Gérance et gestion

Les programmes de surveillance et d’éducation à l’égard de l’observation des baleines fondés sur la gérance continuent de promouvoir l’adoption de comportements sécuritaires par les propriétaires de bateau en présence d’épaulards migrateurs. À l’heure actuelle, ces programmes touchent le détroitde Johnstoneet les eaux transfrontalièresdu détroitde Georgia, du détroit de Juan de Fuca ainsi que les passages et les chenaux de communication connexes. Le MPO a récemment mis à jour les lignes directrices du code de conduite « Respectez les baleines » qui propose aux propriétaires de bateau d’adopter des comportements appropriés à proximité des baleines.

Les observations et les rencontres d’épaulards faites par des membres du public sont documentées de l’une des deux manières suivantes. Si un membre du public observe ou rencontre un épaulard vivant, il transmet l’information au réseau BC Cetacean Sightings Network (http://www.wildwhales.org/stewardship/sightings.intro.html). Qu’il s’agisse d’un individu blessé ou mort, d’un individu interagissant avec les humains d’une manière inhabituelle ou bien d’une possible violation, le MPO recueille l’information. Tout incident peut être signalé grâce à une ligne directe accessible 24 heures par jour au 1-800-465-4336. Dans la mesure du possible, des nécropsies sont pratiquées et peuvent fournir de l’information sur le régime alimentaire, la cause de décès, les charges de contaminants et d’autres aspects d’intérêt biologique concernant l’épaulard.

Environnement Canada revoit actuellement son projet de Stratégie de gestion du risque pour les polybromodiphényléthers (PBDE), en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE). Cette stratégie appuie l’interdiction de plusieurs formes de PBDE (mais pas de toutes) que l’on sait se bioaccumuler chez l’épaulard.

Le ministère de la Défense nationale (MDN) a établi des protocoles pour protéger les mammifères marins contre la perturbation ou les dommages causés par l’utilisation de sonars actifs militaires. L’Ordre du Commandement maritime46-13 pour la prise de mesures d’atténuation à l’intention des mammifères marins exige que l’on évite d’utiliser un sonar chaque fois qu’un mammifère marin est observé dans la zone d’évitement définie dans le cadre de ces mesures d’atténuation, qui est établie spécifiquement pour chaque type de sonar. À cette fin, le personnel du bateau reçoit une formation relative à l’identification et à la détection des mammifères marins.

Le MPO a élaboré une version provisoire d’unénoncé des pratiques canadiennesintitulé Atténuation des incidences des levés sismiques dans le milieu marin (MPO, 2005a) afin de se pencher sur les préoccupations concernantl’effet potentiel des activités  sismiques sur les mammifères marins et d’autres formes de vie marines. Un processus derévision et deconsultation plus approfondie en lien avec l’énoncé provisoireest en cours. Dans larégion du Pacifique, chaque relevé sismique proposé est passé en revue par des experts des mammifères marins du MPO, et des mesures d’atténuation sont élaborées en fonction de l’espèce préoccupante présente dansla zone visée par les levés,pour chaque projet. Il faut procéder à une évaluation plus approfondie afin de déterminer la nature et l’ampleur de cette menace et l’efficacité de ces mesures d’atténuation.

Le rapport de situation du COSEPAC sur l’épaulard fait actuellement l’objet d’une révision. Ce nouveau rapport fournira de l’information à jour sur la situation de la population d’épaulards migrateurs et comprendra un examen des menaces qui pèsent maintenant sur la population.

1.7 Lacunes dans les connaissances

1.7.1 Lacunes dans les données relatives à la population migratrice

  • L’estimation exacte de toute la population migratrice de la côte Ouest présente de nombreuses difficultés et constitue une préoccupation urgente. Or, il est prioritaire de réaliser un consensus parmi les chercheurs afin que l’on puisse établir des critères pour définir et recenser la population.
  • On ne connaît pas encore les paramètres du cycle biologique propres à la population migratrice, la principale raison étant qu’une partie importante de la population n’est pas observée de façon fiable chaque année. Il est particulièrement difficile d’établir avec précision les taux de mortalité en raison des longs intervalles qui séparent les ré-observations de bon nombre d’individus de la population. Le fait de déployer des efforts plus soutenus pour rencontrer l’épaulard migrateur en particulier aiderait à atténuer ce problème et permettrait d’acquérir des données sur l’acoustique, la génétique, la répartition et les comportements de l’animal, ce qui comblerait de nombreuses autres lacunes quant aux connaissances sur cette population. On utilise actuellement des méthodes statistiques, comme des techniques de marquage-recapture (ou observation-ré-observation) pour estimer l’abondance de la population.
  • L’abondance historique de l’épaulard migrateur demeure inconnue. Or, si l’on dispose de meilleures estimations de l’abondance historique de la population, il sera plus facile d’établir des cibles valables pour son rétablissement.
  • On ne comprend pas bien les conséquences démographiques d’une population de petite taille ni ses effets sur la durabilité et la viabilité de la population d’épaulards migrateurs. Une meilleure compréhension des rapports génétiques tant à l’intérieur des populations migratrices qu’entre elles permettra de déterminer l’effectif requis pour maintenir la diversité culturelle et génétique de l’épaulard migrateur de la côte Ouest.
  • Les effets des catastrophes environnementales sur l’abondance de l’épaulard migrateur et de ses proies ainsi que sur son habitat ne sont pas bien compris; il en est de même des effets qu’ont les changements climatiques ou environnementaux sur l’épaulard migrateur, ses proies et son habitat.

1.7.2 Lacunes dans les connaissances relatives à la répartition

  • Les membres de la population migratrice de la côte Ouest se déplacent sur un vaste territoire, et leur répartition spatiale et temporelle n’est pas bien comprise. Pour une petite partie de la population seulement, on a estimé les zones ou les domaines vitaux préférés de certains individus.
  • On n’a pas déterminé l’habitat essentiel et important pour l’épaulard migrateur.

1.7.3 Lacunes dans les connaissances relatives au régime alimentaire

  • Même s’il est bien connu que l’épaulard migrateur s’attaque à des mammifères marins, de nombreuses questions demeurent quant à son alimentation et à ses besoins énergétiques pendant l’année. On ne connaît pas bien dans quelle mesure il dépend de certaines espèces-proies. On ne connaît également pas bien la facilité avec laquelle il passe d’une espèce-proie à l’autre ni la raison qui le pousse à le faire. Enfin, on ne comprend également pas bien les stratégies d’alimentation qu’il utilise pour détecter et réussir à attraper sa proie.
  • On ne dispose pas de renseignements sur les conséquences des changements qui sont survenus chez les populations de proies. Ce fait est particulièrement préoccupant, car on a observé un déclin chez les populations de proies dans l’ouest de l’Alaska et l’épaulard migrateurdu golfe de l’Alaska semble privilégier d’autres espèces-proies importantes.Comme on sait peu de choses sur la répartition et l’abondance des petits cétacés en Colombie-Britannique, il est donc difficile de connaître leur rôle dans le régime alimentaire de l’épaulard migrateur pendant l’année.
  • On n’a pas encore établi les profils des acides gras et des contaminants qui pourraient nous fournir des renseignements supplémentaires sur l’éventail complet des proies de l’épaulard migrateur de la côte Ouest.
  • Les indicateurs de la santé des populations de proies à l’état sauvage ne sont pas bien établis. Généralement, on ne recueille des données que sur les petits cétacés et les pinnipèdes échoués.

1.7.4 Lacunes dans les connaissances relatives aux contaminants

  • On manque nettement de données sur le large éventail de contaminants environnementaux d’origine anthropique auxquels sont exposés l’épaulard migrateur et ses proies.
  • On ne dispose pas de données de référence sur les concentrations de contaminants chez les mâles, les femelles et les jeunes épaulards ni sur les tendances au fil du temps.
  • On comprend mal les effets des contaminants sur l’épaulard, tant à l’échelle individuelle et qu’à l’échelle de la population, ainsi que les effets qu’ils ont sur ses proies et son habitat. En outre, on ne connaît pas bien les effets des contaminants que les femelles reproductrices transmettent à leur progéniture.
  • On ne dispose que de très peu de données de référence sur les concentrations de contaminants, y compris d’hydrocarbures, dans l’environnementcôtier de la Colombie-Britannique (habitat de l’épaulard migrateur de la côte Ouest), ce qui rend difficile l’atténuation des sources possibles.
  • Les moyens dont on dispose pour évaluer la santé de l’épaulard à l’état sauvage (p. ex. biomarqueurs avec échantillons obtenus par biopsie) sont insuffisants.
  • La virulence des agents pathogènes chez l’épaulard n’est pas bien comprise.

1.7.5 Lacunes dans les connaissances relatives au comportement social

  • Les profils d’association de l’épaulard migrateur de la côte Ouest et les facteurs qui influent sur sa dispersion ne sont pas bien compris.
  • On ignore le degré de concurrence qui existe à l’intérieur des groupes d’épaulards migrateurs ou entre eux, et s’il s’agit d’un facteur dans la dispersion des individus (de manière temporaire ou permanente).
  • La reproduction de l’épaulard migrateur n’est pas bien comprise. Les mécanismes qu’ils utilisent pour éviter la consanguinité demeurent inconnus, en particulier du fait que tous les membres de la population de la côte Ouest partagent des appels sonores.
  • On comprend mal les rapports sociaux entre l’épaulard résident et l’épaulard migrateur. On ne connaît pas les rapports entre l’épaulard migrateur de la côte Ouest et d’autres populations d’épaulards migrateurs.

1.7.6 Lacunes dans les connaissances relatives aux perturbations

  • Les effets à long et à court terme de la perturbation physique (p. ex. transport de marchandises, observation des baleines) sur l’épaulard migrateur ne sont pas bien compris.
  • Les effets à long et à court terme de la perturbation acoustique (aussi bien chronique qu’aiguë) sur l’épaulard migrateur et sur sa proie ne sont pas bien compris.
  • Il existe très peu de données sur les niveaux de bruit ambiant dans toute l’aire de répartition du migrateur de la côte Ouest. Ces données permettraient d’obtenir un important cadre de référence pour l’évaluation des effets de la perturbation acoustique.
  • On doit étudier davantage les effets du stress associé à la perturbation chronique chez le migrateur.

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