Programme de rétablissement de l’onagre à fruits tordus au Canada [finale] 2011 : Menaces
Le contenu de la présente section est adapté de la description de l'espèce présentée dans le Rapport de situation sur l'onagre à fruits tordus (COSEPAC, 2006).
Destruction et dégradation de l’habitat
Bien que plusieurs sites soient actuellement protégés parce qu'ils se trouvent dans des parcs, l'aménagement du territoire représente une menace avérée grave et continue dans plusieurs sites répartis à l'échelle de l'aire de l'espèce. La totalité de la population 6 a été détruite durant l'aménagement d'un terrain de golf sur une propriété privée, mais quelques individus ont depuis recolonisé le secteur (tableau 1). La population 3 est établie dans une emprise appartenant au ministère des Transports et des Infrastructures de la Colombie-Britannique. À l'heure actuelle, ce site n'est menacé par aucun plan d'aménagement (C. Wheeler, comm. pers.).
L’utilisation de l’habitat de l’onagre à fruits tordus à des fins récréatives (randonnée pédestre et utilisation de véhicules tout terrain) représente une menace avérée grave, étendue et continue pour les arrière-plages sableuses à presque tous les sites compris dans l’aire de répartition de l’espèce au Canada. L’affluence occasionnée par l’utilisation de certaines arrière-plages sableuses occupées par l’espèce à des fins récréatives (randonnée pédestre, promenade de chiens, bains de soleil, pique-niques) entraîne des dommages graves liés au piétinement. Ce type de dommages touche tout particulièrement les populations 1, 2, 4, 7 et 8. Une grave altération de l’habitat due à la circulation intense de véhicules tout-terrain a été observée au site occupé par la population 8. Des dommages similaires mais de moindre ampleur ont également été signalés aux sites occupés par les populations 5 et 6. La population 2, du fait de sa proximité avec la population 8, pourrait également subir des dommages occasionnés par les véhicules tout-terrain, même si l’installation récente de clôtures a contribué à atténuer au moins partiellement cette menace.
Plantes exotiques envahissantes
Les plantes exotiques envahissantes constituent une menace avérée, grave et continue. Un certain nombre d’espèces exotiques ont envahi l’habitat de l’onagre à fruits tordus, en particulier aux sites occupés par les populations 5 et 7.
Le genêt à balais (Cytisus scoparius) pousse dans le voisinage immédiat ou à l’intérieur même de l’habitat occupé par les huit populations existantes. Cette plante exotique envahissante livre à l’onagre à fruits tordus une compétition agressive pour l’espace. Elle fait également de l’ombrage durant une partie de la journée et pourrait avec le temps causer la stabilisation des zones sableuses semi-actives en formant des fourrés denses. Elle pourrait ainsi favoriser la succession et entraîner l’élimination des zones d’habitat ouvert.
D’autres espèces exotiques et envahissantes constituent une menace grave pour au moins une des huit populations existantes de l’onagre à fruits tordus. C’est notamment le cas de l’ail des vignes (Allium vineale), une Alliacée agressive qui se propage rapidement une fois établie (en particulier au site occupé par la population 5), et de l’ammophile des sables (Ammophila arenaria), qui entraîne la stabilisation des dunes et, ce faisant, altère la dynamique des sols, en particulier au site occupé par la population 7. Une portion de cette population semble avoir disparu, vraisemblablement par suite de l’invasion de son habitat par le genêt à balais et l’ammophile des sables (M. Fairbarns, obs. pers.). Cette population est déjà très petite, et toute perte additionnelle d’individus pourrait compromettre gravement sa survie. D’autres espèces exotiques se rencontrent fréquemment à proximité de l’habitat occupé par l’onagre à fruits tordus et constituent de ce fait une menace pour l’espèce. Ces espèces incluent, chez les graminées, la canche précoce (Aira praecox), la canche caryophyllée (A. caryophyllea), le brome des toits (Bromus tectorum), le brome mou (B. hordeaceus), le brome raide (B. rigidus), la vulpie queue-de-rat (Vulpia myuros) et la vulpie faux-brome (Vulpia bromoides) et, chez les herbacées non graminoïdes, la petite oseille (Rumex acetosella), le céraiste visqueux (Cerastium glomeratum), le liondent des rochers (Leontodon taraxacoides), la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata) et l’érodium cicutaire (Erodium cicutarium).
Animaux exotiques envahissants
Les dommages causés par les animaux herbivores non indigènes représentent une menace potentielle, faible et continue. De dommages légers à modérés ont été observés parmi les populations 1, 2, 5 et 7 (M. Fairbarns, obs. pers.). Ces dommages semblent avoir été infligés par le lapin à queue blanche (Sylvilagus floridanus), car des déjections de cette espèce ont été trouvées en abondance dans la plupart de ces sites ainsi qu’au site occupé par la population 8. Toutefois, l’impact passablement évident du broutage de la végétation concurrente par le lapin compense probablement les légers dommages infligés à l’onagre à fruits tordus.
Changements climatiques
Les changements climatiques sont considérés comme une nouvelle menace dont il est pour l'instant difficile de prévoir les effets sur l'onagre à fruits tordus. L'élévation du niveau de la mer et l'altération des régimes pluviométriques sont considérées comme des menaces potentielles pour l'espèce.
Le but global du présent programme de rétablissement (pour la période 2011–2020) est d'assurer le maintien de neuf[2] populations viables au Canada. Le présent programme de rétablissement propose à cette fin quatre objectifs en matière de population et de répartition. Ces objectifs ne sont pas présentés ci-dessous par ordre de priorité (voir le tableau 4 pour connaître l'ordre de priorité des activités recommandées).
- Préserver la zone d’occurrence connue[3] de l’espèce au Canada (d’ici 2015).
- Faire en sorte que les populations maintiennent leur taille actuelle[4] ou augmentent à tous les sites actuellement occupés par l’espèce (d’ici 2015).
- Faire en sorte que les huit populations existantes atteignent et conservent au moins la taille minimale d’une population viable[5] (d’ici 2020).
- Établir une population additionnelle[6] (pour remplacer la population reconnue comme disparue) à un site comportant des parcelles d'habitat propice compris dans l'aire de répartition connue de l'espèce au Canada et veiller à ce que cette population conserve au moins la taille minimale d'une population viable (d'ici 2020).
Un rapport énonçant les mesures de gestion proposées pour les parcs du district régional de la capitale (DRC) (populations 1 et 2) a été élaboré (Fairbarns, 2004). Ce rapport énonce 18 recommandations, incluant les quatre recommandations prioritaires suivantes :
- Resserrer les mesures de conservation ciblant les populations existantes dans les parcs du DRC.
- Promouvoir les valeurs de conservation auprès de la population en accordant une attention spéciale aux espèces de plantes en péril.
- Surveiller les populations de plantes rares associées aux milieux sableux et leur habitat ainsi que les utilisations du parc par les visiteurs.
- Restaurer les parcelles d’habitat dégradé et favoriser l’établissement de nouvelles sous-populations ou l’expansion des populations existantes.
Les autorités des parcs du DRC ont commencé à appliquer les recommandations de gestion en 2007 en érigeant une clôture et des panneaux de signalisation afin de restreindre la circulation pédestre au site occupé par la population 2. Malheureusement, certaines personnes n’hésitent pas à franchir cette clôture, et des dommages graves dus au piétinement sont encore fréquemment signalés (Fairbarns, obs. pers, 2008). Aucune des mesures de rétablissement recommandées pour la population 1 n’a encore été mise en place.
Les parcs du DRC, la municipalité de Central Saanich et la Première nation Tsawout s’affairent à élaborer un plan de gestion pour un secteur qui inclut tout l’habitat sableux propice compris entre la population 2 et la population 8. Le projet prévoit la cartographie de l’habitat et des zones occupées par des espèces rares et l’élaboration d’un plan concerté de gestion de l’accès ciblant les amateurs de randonnée pédestre et les utilisateurs de véhicules hors route. Au site occupé par la population 8, des barrières en béton, des clôtures et des panneaux de signalisation ont été installés au sud du parc municipal Cordova Spit, sur les terres de la Première nation Tsawout, pour protéger cet écosystème fragile et informer les visiteurs.
Les propriétaires privés dont les terres abritent les populations 5 et 6 ont conclu un accord de conservation en vertu de l’article 219 de la Land Titles Act de la Colombie-Britannique. Cet accord vise la totalité du site occupé par la population 5 et une partie de l’emplacement original de la population 6. Conservation de la nature Canada veille au respect des dispositions de l’accord et restreint en grande partie l’accès au site. Cet organisme planifie également la restauration de la population 5.
Le tableau 4 énumère les approches détaillées recommandées pour le rétablissement de l’onagre à fruits tordus. Chaque approche vise l’atteinte d’un ou de plusieurs objectifs en matière de population et de répartition.
2 Neuf populations sont actuellement connues. Il faut donc rétablir au moins neuf populations. Le nombre exact de populations historiques ne peut être déterminé avec certitude à ce stade-ci. L’objectif de neuf populations sera réévalué dans un plan d’action une fois que les relevés et analyses de l’habitat potentiel auront été effectués (voir la liste des approches en matière de recherche au tableau 4).
3 Zone d'occurrence connue = zone d'occurrence cumulée des huit populations existantes et de la population disparue. La zone d'occurrence historique est inconnue.
4 La taille actuelle des populations existantes est indiquée au tableau 1 du présent document.
5 La taille minimale d'une population viable ne peut être déterminée avec certitude à ce stade-ci, mais voir la section 1.4.1 pour l'état actuel des connaissances sur la question et le tableau 4 pour les recommandations relatives à l'établissement d'une taille minimale d'une population viable visant à assurer la viabilité des populations aux sites existants.
6 L’objectif d’établir seulement un nouveau site pourrait changer à l’étape du plan d’action si de futures analyses confirment l’existence de plus de neuf populations historiques au Canada.
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