Programme de rétablissement du ptéléa trifolié au Canada [finale] 2012 : Information sur l'espèce
Date de l’évaluation : Novembre 2002
Nom commun : Ptéléa trifolié
Nom scientifique : Ptelea trifoliata
Statut (COSEPAC) : Espèce menacée
Justification de la désignation : Espèce dont l’aire de répartition canadienne est limitée et la population de petite taille, présente principalement le long des habitats riverains sableux. Des pertes importantes ont été observées à certains endroits en raison de l’aménagement de chalets, des dommages causés à l’habitat par l’augmentation du nombre de cormorans nicheurs et d’autres facteurs inconnus. Une menace potentielle nouvellement reconnue, mais dont l’incidence est inconnue, est posée par un coléoptère perce pousse récemment découvert, qui cause des dommages aux fleurs et à de grandes parties de la couronne des arbres.
Présence au Canada : Ontario
Historique du statut : Espèce désignée « préoccupante » en avril 1984. Réexamen du statut – l’espèce est désignée « menacée » en novembre 2002. Dernière évaluation fondée sur un rapport de situation à jour.
* COSEPAC = Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
Le ptéléa trifolié, qui a probablement toujours été une espèce rare au Canada en raison de l’aire de répartition limitée de son habitat, figure sur la liste des espèces menacées de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) et sur la Liste des espèces en péril de l’Ontario (ministère des Richesses naturelles de l’Ontario [MRNO], 2010) de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. Il est considéré vulnérable en Ontario (S3) et au Canada (N3), mais non en péril aux États-Unis (N5) et dans le reste du monde (G5) (NatureServe, 2011). Il été introduit au Québec (Rousseau, 1974). Moins de 0,2 % de l’aire de répartition de l’espèce se trouve au Canada (Little, 1976).
Le ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata) est un arbre à feuilles caduques[1], généralement dioïque[2] et à la vie éphémère[3] qui peut atteindre une hauteur de 10 m et un diamètre de 24 cm à maturité (Waldron, 2003). Son tronc est brun roux et souvent ramifié. Ses feuilles composées, presque sessiles, aciculaires et alternes présentent trois folioles et des marges lisses à très finement dentelées ainsi qu’une base cunéiforme (Farrar, 1995). Leur odeur âcre d’agrume a valu à l’arbre le nom de « bois puant », par lequel il est aussi communément désigné. Les fleurs, parfumées et de couleur crème, apparaissent au début de l’été. Le fruit, ou samare, contient en son centre une ou deux graines entourées d’une aile plate et nervurée, et se disperse à la fin de l’automne et en hiver. (Waldron, 2003). Ambrose (2002) fournit d’autres détails.
Les principales caractéristiques de l’aire de répartition canadienne du ptéléa trifolié sont les suivantes :
- L’espèce atteint l’extrémité nord de son aire de répartition dans le sud de l’Ontario (figure 1).
- La plupart des populations se trouvent actuellement dans sept zones centrales bien distinctes : sur les îles Middle et Pelée, dans le comté d’Essex (y compris le parc national de la Pointe-Pelée), sur le territoire de la Première nation de Walpole Island, au parc provincial Rondeau/à Erieau, au parc provincial de Port Burwell et dans la municipalité régionale de Niagara (figure 2).
- La zone d’occurrence canadienne est d’environ 174 km2, tandis que la zone d’occupation est estimée à 7,5 km2 (Ambrose, 2002).
Figure 1 : Répartition de toutes les sous-espèces du ptéléa trifolié en Amérique du Nord (Ambrose et Aboud, 1984)

Figure 2 : Répartition du ptéléa trifolié au Canada (Remarque : Tous les points ne correspondent pas à des coordonnées GPS précises)

- La répartition de l’espèce au Canada semble être naturellement fragmentée; les deux zones centrales les plus importantes se situent aux extrémités ouest (comté d’Essex) et est (municipalité régionale de Niagara) du lac Érié. Ce type de répartition, avec ses quelques populations, est probablement dû à la colonisation à partir des extrémités opposées du lac, à la suite du retrait des glaciers, il y a 8 000 ans (Ambrose et coll., 1985).
- L’espèce est principalement présente dans les habitats riverains sableux, qui sont rigoureux, dynamiques et naturellement limités quant à la disponibilité.
- Des 39 populations connues, 35 subsistent (voir le tableau 1). Il s’agit d’une légère augmentation par rapport aux 34 populations existantes rapportées par Ambrose en 2002. De ces populations, une a été transplantée (Réserve nationale de faune de Long Point), une a disparu[4] (Linden Beach) et deux sont considérées comme historiques[5] (vallée Niagara/gorge Niagara et à quatre miles au nord de Queenston). De nombreuses autres tirent probablement leur origine de la culture (voir l’annexe C). Deux populations que l’on croyait disparues (parc Seacliff et Erie Beach) ont été redécouvertes et de nouvelles populations continuent d’être localisées (Ambrose, 2002, données inédites du MRNO).
Depuis l’évaluation du COSEPAC, en 2002, de nouveaux renseignements ont été rendus disponibles. Les principales caractéristiques concernant la taille et les tendances des populations de ptéléas trifoliés au Canada sont les suivantes :
- On croit que le nombre d’individus matures au Canada, évalué entre 920 et 1 025 (Ambrose, 2002), est maintenant sous-estimé.
- Récemment, une étude ciblée menée au parc national de la Pointe-Pelée a montré qu’il existait près de 16 900 troncs de toutes les classes d’âge dans une zone d’occupation de 1,75 km2 (Jalava, 2008). Depuis, d’autres arbres ont été découverts le long de la rive est du parc (Parcs Canada, données inédites). D’après les estimations de populations faites précédemment, cela représente la majorité des arbres canadiens de cette espèce, soit possiblement 96 %.
- On croit que la taille de la population de Lighthouse Point, sur l’île Pelée, a été sous-estimée, peut-être par un facteur de 10 (Woodliffe, comm. pers., 2009).
- En ce qui concerne la taille de nombreuses autres populations, les données disponibles (Ambrose, 2002) doivent être mises à jour.
- Au moins 18 nouvelles occurrences ont été découvertes depuis 1984. Bien que certaines d’entre elles appartiennent à des populations jusque-là non découvertes, rien ne permet de conclure au rétablissement de l’espèce depuis la production du rapport du COSEPAC, en 2002. Bon nombre de ces occurrences élargissent une zone connue, couverte par des populations existantes.
- Les tendances des populations, fondées sur l’information disponible, peuvent être résumées comme suit :
- En 2002, on a démontré que six populations avaient connu un déclin global de 12 %, et que le nombre d’individus capables de se reproduire avait chuté de 43 % au sein de 17 populations (pour lesquelles on possède des données de comparaison) et de 60 % dans la Réserve naturelle provinciale de Fish Point uniquement, en 17 ans. Lorsque toutes les populations ont été prises en considération, on a soupçonné que le déclin du nombre d’individus matures était plus faible et moins dramatique (Ambrose, 2002), bien que ce soit le taux de 43 % qui ait été utilisé par le COSEPAC pour désigner l’espèce comme étant menacée.
- Selon l’information actuelle, la population de ptéléas trifoliés de la partie continentale du parc national de la Pointe-Pelée est relativement stable (Jalava, 2008), tandis que celle de l’île Middle a connu une légère augmentation, passant de 322 à 342 individus de toutes les classes d’âge entre 2000 et 2008 (Ambrose, 2002, Jalava et coll., 2008). Toutefois, des changements importants découlant de la présence du cormoran à aigrettes (Phalacrocorax auritis) ont été observés sur l’île Middle et pourraient avoir des répercussions à long terme (Jalava et coll., 2008).
AC = Aire de conservation, CNC = Conservation de la nature Canada; PP = Parc provincial; MR = Municipalité régionale
Au Canada, le ptéléa trifolié est présent uniquement dans le sud-ouest de l’Ontario en raison du climat, du nombre croissant de jours de dégel et des besoins particuliers de l’espèce en matière d’habitat. La zone d’occupation de la petite population canadienne est restreinte (seulement 7,5 km2) et se concentre presque entièrement le long des rives sableuses, bien drainées, souvent xériques[6], et perturbées du lac Érié (Ambrose, 2002). À ces endroits, on trouve l’espèce à la lisière de la végétation ligneuse du littoral, le plus souvent dans les taillis qui s’étendent entre les ammophiles à ligules courtes et/ou les communautés de savane, ainsi qu’aux abords de forêts sèches, quoique moins fréquemment (Ambrose et coll., 1985, Ambrose, 2002, Jalava et coll., 2008). Sur les îles Pelée et Middle, l’espèce pousse dans des substrats secs, y compris dans les alvars[7] et les fossés de drainage argileux et argilo-loameux d’origine lacustre de l’île Pelée (Ambrose, 2002). Le ptéléa est intolérant à l’ombre. Lorsqu’il y est exposé, l’arbre produit beaucoup moins de fleurs et de fruits, voire aucun, même lorsque l’exposition n’est que partielle (Ambrose et coll., 1985). Les semis établis peuvent et doivent résister à la température élevée des sols, à l’évaporation importante, à la sécheresse, à la faible teneur du sol en nutriments et à l’instabilité du sable (McLeod et Murphy, 1983). Les fleurs ont besoin des insectes pollinisateurs (Ambrose et coll., 1985). Les fruits ailés, ou samares, peuvent être disséminés par le vent, l’eau ou le transport glaciel. Toutefois, les graines tendent à demeurer sous les arbres existants ou près de ceux-ci et, par conséquent, de grandes parties d’un habitat apparemment adéquat demeurent inoccupées (Ambrose et coll., 1985).
1 Les arbres à feuilles caduques perdent leurs feuilles chaque année.
2 Chez les plantes dioïques, les fleurs mâles et les fleurs femelles poussent sur deux pieds différents.
3 Ambrose (2002) a rapporté que les très grands individus étaient rares et que le taux de renouvellement était élevé au sein des populations.
4 Par « population disparue », on entend une population dont ont a confirmé la disparition et qui n’existe plus à un endroit donné.
5 Par « population historique », on entend une population qui a autrefois été répertoriée dans un endroit donné, mais qui n’a fait l’objet d’aucune vérification depuis les 20 dernières années.
6 Les plantes qui poussent dans des habitats xériques n’ont besoin que d’une petite quantité d’humidité.
7 Dans le bassin des Grands Lacs, le terme « alvar » désigne un espace naturel découvert dont la couche de sol est mince et repose sur un substrat calcaire assez plat, et où il n’y a pas d’arbres ou du moins des arbres qui ne forment pas un couvert permanent (Reschke et coll. 1999, Brownell et Riley, 2000).
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