Séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) : programme de rétablissement 2025

Titre officiel : Programme de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) au Canada

Loi sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement
Adoption en vertu de l’article 44 de la LEP

2025

Séligérie à feuilles aiguës
Séligérie à feuilles aiguës
Information sur le document

Référence recommandée :

Environnement et Changement climatique Canada. 2025. Programme de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril. Environnement et Changement climatique Canada, Ottawa. 2 parties, 15 p. + 22 p.

Version officielle

La version officielle des documents de rétablissement est celle qui est publiée en format PDF. Tous les hyperliens étaient valides à la date de publication.

Version non officielle

La version non officielle des documents de rétablissement est publiée en format HTML, et les hyperliens étaient valides à la date de publication.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, y compris les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes portant sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en périlNote de bas de page 1.

Photographie de la couverture : Séligérie à feuilles aiguës avec trois sporophytes photographiée sur le site (photo par © Richard Caners)

Also available in English under the title "Recovery Strategy for the Acuteleaf Small Limestone Moss (Seligeria acutifolia) in Canada"

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, 2025. Tous droits réservés.

ISBN 978-0-660-75985-2
No de catalogue En3-4/378-2025F-PDF

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu de travailler ensemble pour établir des mesures législatives, des programmes et des politiques visant à assurer la protection des espèces sauvages en péril partout au Canada.

Dans l’esprit de collaboration de l’Accord, le gouvernement de la Colombie‑Britannique a donné au gouvernement du Canada la permission d’adopter le Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës en Colombie‑Britannique (partie 2), en vertu de l’article 44 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Environnement et Changement climatique Canada a inclus une addition fédérale (partie 1) dans le présent programme de rétablissement afin qu’il réponde aux exigences de la LEP.

Le programme de rétablissement fédéral de la séligérie à feuilles aiguës au Canada est composé des deux parties suivantes :

Partie 1 – Addition du gouvernement fédéral au Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) en Colombie-Britannique, préparée par Environnement et Changement climatique Canada.

Partie 2 – Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) en Colombie-Britannique, préparé par le ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie-Britannique.

Partie 1 – Addition du gouvernement fédéral au Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) en Colombie-Britannique, préparée par Environnement et Changement climatique Canada

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996)Note de bas de page 2, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au CanadaNote de bas de page 3. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29)Note de bas de page 4 (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique est le ministre compétent en vertu de la LEP à l’égard de la séligérie à feuilles aiguës et a élaboré la composante fédérale (partie 1) du présent programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec toutes les autorités pertinentes, les conseils de gestion des ressources fauniques, les organisations autochtones et les autres personnes ou organisations concernées en vertu du paragraphe 39(1) de la LEP. L’article 44 de la LEP autorise le ministre compétent à adopter en tout ou en partie un plan existant pour l’espèce si ce plan respecte les exigences de contenu imposées par la LEP au paragraphe 41(1) ou 41(2). La Province de la Colombie-Britannique a remis le plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës ci-joint (partie 2), à titre d’avis scientifique, aux autorités responsables de la gestion de l’espèce en Colombie-Britannique. Ce plan a été préparé en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement et Changement climatique Canada, ou sur toute autre autorité responsable. Tous les membres du public sont invités à appuyer ce programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de l’espèce et de l’ensemble de la société.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement et Changement climatique Canada et d’autres autorités responsables et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme demeure assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des autorités responsables et des organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à favoriser le rétablissement ou la survie de l’espèce. Il fournit à toutes les personnes au Canada de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce, y compris la désignation de l’habitat essentiel, dans la mesure du possible. Lorsqu’elles sont accessibles, les données spatiales sur l’habitat essentiel se trouvent dans l’Ensemble de données national sur l’habitat essentiel des espèces en périlNote de bas de page 5.

Lorsque l’habitat essentiel est désigné, dans un programme de rétablissement ou dans un plan d’action, la LEP fournit un cadre juridique qui permet de protéger cet habitat essentiel.

Dans le cas de l’habitat essentiel désigné pour les espèces terrestres, y compris les oiseaux migrateurs, la LEP exige que l’habitat essentiel désigné dans une zone protégée par le gouvernement fédéral, visée au paragraphe 58(2) de la LEP, soit décrit dans la Gazette du Canada dans un délai de 90 jours après l’ajout dans le Registre public du programme de rétablissement ou du plan d’action qui a désigné l’habitat essentiel. L’interdiction de détruire l’habitat essentiel aux termes du paragraphe 58(1) s’appliquera 90 jours après la publication de la description de l’habitat essentiel dans la Gazette du Canada.

Pour l’habitat essentiel se trouvant sur d’autres terres domaniales qui ne constitue pas une zone de protection fédérale décrite au paragraphe 58(2) de la LEP, le ministre compétent doit prendre un arrêté appliquant l’interdiction de détruire l’habitat essentiel prévue au paragraphe 58(1), si celui-ci n’est pas déjà protégé légalement par une disposition de la LEP ou de toute autre loi fédérale, ou par une mesure prise sous leur régime. Si le ministre compétent ne prend pas l’arrêté, il doit publier dans le Registre public des espèces en péril une déclaration énonçant comment l’habitat essentiel ou des parties de celui-ci sont protégés légalement sur ces terres domaniales.

Si des parties de l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur se trouvent :

  1. dans de l’habitat visé par la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs; et
  2. à l’extérieur du territoire domanial, mais dans la zone économique exclusive ou sur le plateau continental du Canada, et
  3. à l’extérieur d’un refuge d’oiseaux migrateurs

la LEP exige que le ministre recommande au gouverneur en conseil de prendre un décret pour interdire la destruction de l’habitat essentiel, si le ministre compétent estime qu’aucune disposition de la LEP ou de toute autre loi fédérale, ni aucune mesure prise sous leur régime, ne les protègent légalement. Si le ministre compétent ne fait pas cette recommandation, il doit publier dans le Registre public des espèces en péril une déclaration énonçant comment ces parties de l’habitat essentiel de l’oiseau migrateur sont légalement protégées.

En ce qui concerne tout élément ou toute partie de l’habitat essentiel se trouvant hors du territoire domanial (y compris les parties de l’habitat essentiel d’un oiseau migrateur qui ne constituent pas de l’habitat visé par la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs), si le ministre compétent estime qu’une partie de l’habitat essentiel n’est pas protégée par des dispositions ou des mesures en vertu de la LEP ou d’autres lois fédérales, ou par les lois provinciales ou territoriales, il doit, comme le prévoit la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret pour appliquer l’interdiction de détruire l’habitat essentiel prévue au paragraphe 61(1). La décision de protéger l’habitat essentiel se trouvant sur le territoire non domanial et n’étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

L’élaboration du présent programme de rétablissement a été coordonnée par le personnel de la Région du Pacifique du Service canadien de la faune d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC, SCF) : Cindy Bertrán Cerino et Kimberly Dohms. Emma Pascoe et Josiah Becker (ECCC, SCF – région de la capitale nationale) ont fourni des conseils et des commentaires utiles pour la rédaction. Danielle Yu (ECCC, SCF – région du Pacifique) a fourni de l’aide supplémentaire pour la désignation de l’habitat essentiel et la préparation des cartes et des figures. Kella Sadler a fourni une expertise et des conseils utiles sur les versions provisoires du présent document.

Ajouts et modifications apportés au document adopté

Les sections suivantes ont été incluses pour satisfaire à des exigences particulières de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral qui ne sont pas abordées dans le Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Segileria acutifolia) en Colombie-Britannique (partie 2 du présent document, ci-après appelé « plan de rétablissement provincial ») et/ou pour présenter des renseignements à jour ou additionnels.

En vertu de la LEP, il existe des exigences et des processus particuliers concernant la protection de l’habitat essentiel. Ainsi, les énoncés du plan de rétablissement provincial concernant la protection de l’habitat de survie/rétablissement peuvent ne pas correspondre directement aux exigences fédérales. Les mesures de rétablissement visant la protection de l’habitat sont adoptées, cependant on évaluera à la suite de la publication de la version définitive du programme de rétablissement fédéral si ces mesures entraîneront la protection de l’habitat essentiel en vertu de la LEP.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D’après les critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, tel qu’il est décrit dans la Politique sur le rétablissement et la survie des espèces en périlNote de bas de page 6, le rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës au Canada est déterminé comme étant réalisable du point de vue biologique et technique [Environment and Climate Change Canada, 2021]).

1. Caractéristiques de survie : Les caractéristiques de survie peuvent-elles être prises en compte dans la mesure où le risque de disparition de l’espèce de la planète ou du pays par suite de l’activité humaine est réduit?

Oui : La séligérie à feuilles aiguës est actuellement évaluée comme étant en voie de disparition selon la caractéristique de survie principale de la redondanceNote de bas de page 7 (liée aux indicateurs B2ab i,ii,iii,iv,v) (COSEPAC, 2018). La répartition de la séligérie à feuilles aiguës est très restreinte en Amérique du Nord, où sa présence n’est connue qu’à deux endroits dans l’ouest de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, et à un site dans le sud-est de l’Alaska, aux États-Unis. Il n’y a pas de données historiques sur la population et la répartition de l’espèce, mais on ne croit pas qu’elle était beaucoup plus abondante ou répandue (c.‑à‑d. qu’elle était présente à plus de deux endroits au Canada) avant les effets de l’activité humaine. Néanmoins, il y a un déclin présumé de la zone d’occurrence, de la zone d’occupation, du nombre de localités et de la qualité de l’habitat de l’espèce au Canada en raison des menaces passées et présentes causées par l’activité humaine, à savoir l’exploitation de mines et de carrières, l’entretien des routes, l’exploitation forestière et la récolte du bois. La perte d’habitat connectif entre les localités n’est pas considérée comme pertinente pour la faisabilité du rétablissement, car la distance entre les deux localités connues est plus grande que la distance sur laquelle l’espèce serait en mesure de se disperser. Il est biologiquement et techniquement réalisable de cesser, d’atténuer ou d’éviter les principales menaces d’origine humaine aux deux localités connues de la séligérie à feuilles aiguës au Canada. Dans son état rétabli, l’espèce ne devrait plus répondre aux critères quantitatifs pour être évaluée comme étant en voie de disparition d’après les indicateurs B du COSEPAC. On anticipe toutefois que l’espèce, naturellement précaire, remplira toujours les critères d’évaluation D2 du COSEPAC correspondant au statut d’espèce menacée, d’après le faible indice de zone d’occupation (< 20 km2) et le petit nombre de localités (< 5).

2. Indépendance : L’espèce est-elle actuellement en mesure de persister au Canada sans interventions humaines volontaires et/ou sera-t-elle en mesure d’atteindre et de maintenir son indépendance dans l’état où la condition 1 est respectée (c.‑à‑d. après que les principales caractéristiques de survie ont été prises en compte), de manière à ne pas dépendre d’une intervention humaine majeure, directe et continue?

Oui : L’espèce est considérée comme existante et persistante de façon indépendante aux deux localités connues au Canada. Aucune intervention humaine importante, directe et continue, comme l’augmentation de la population, n’est jugée nécessaire, à condition que les menaces à la redondance qui sont d’origine humaine soient contrées.

3. Amélioration : La condition de l’espèce peut-elle être améliorée par rapport à la condition qu’elle avait lorsqu’elle a été évaluée et désignée comme étant en péril?

Oui : Il est biologiquement et techniquement réalisable d’améliorer de manière significative la condition de la séligérie à feuilles aiguës au Canada, notamment en agissant sur la caractéristique de survie principale de redondance, en ce qui se rapporte aux effets de l’activité humaine (c.‑à‑d., par l’arrêt, l’atténuation ou l’évitement des menaces causées par l’humain), de sorte que le risque de disparition du pays ou de la planète soit réduit.

1. Objectifs en matière de population et de répartition

Cette section remplace la section 5.1, But du rétablissement (population et répartition), et la section 5.2, Justification du but du rétablissement (population et répartition), du plan de rétablissement provincial.

Objectif en matière de population et de répartition

Rétablir la séligérie à feuilles aiguës au Canada en augmentant sa redondance, c’est-à-dire en stabilisant les déclins inférés de la population (nombre d’individus) et de la répartition (étendue de l’occurrence et indice de la zone d’occupation), à tous les sites connus au Canada, y compris les nouveaux sites qui pourraient y être découverts.

Justification

La répartition de la séligérie à feuilles aiguës est très restreinte au Canada, où sa présence n’est connue qu’à deux endroits dans l’ouest de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. Malgré l’absence de données historiques sur la population et la répartition de l’espèce, on ne croit pas que celle-ci était beaucoup plus abondante ou répandue (c’est-à-dire présente à plus de deux endroits au Canada) avant les effets de l’activité humaine (COSEPAC, 2018).

La séligérie à feuilles aiguës est actuellement évaluée comme étant en voie de disparition selon la caractéristique de survie principale de la redondance (liée aux indicateurs B2ab i,ii,iii,iv,v) (COSEPAC, 2018). Il y a un déclin inféré des éléments suivants : i) la zone d’occurrence (< 500 km2), ii) l’indice de zone d’occupation, iii) la superficie, l’étendue et/ou la qualité de l’habitat, iv) le nombre de localités ou de sous-populations, et v) le nombre d’individus matures. En outre, les deux localités connues sont continuellement vulnérables aux menaces d’origine humaine (COSEPAC, 2018).

Les principales menaces qui pèsent sur la séligérie à feuilles aiguës sont l’exploitation de carrières, l’exploitation forestière et les routes. Certains planifient d’exploiter le gisement de marbre au site près de l’anse Wood, où se trouvent les deux tiers de la population canadienne connue. Sachant que l’étendue estimée de la zone d’occurrence de la séligérie à feuilles aiguës n’est que de 8 km2 et que l’indice de zone d’occupation (IZO) est aussi de 8 km2, l’éventuelle exploitation de cette carrière menace de façon imminente cette sous-population (COSEPAC, 2018). Par conséquent, il y a un déclin inféré dans la superficie, l’étendue et la qualité de l’habitat d’occurrence en raison de l’exploitation prévue d’une carrière. Cette exploitation réduirait également l’indice de zone d’occupation et entraînerait une diminution du nombre de localités de la séligérie à feuilles aiguës (COSEPAC, 2018).

La répartition restreinte de la séligérie à feuilles aiguës et sa faible population compromettent la survie de l’espèce à long terme en raison d’un risque accru de perte catastrophique découlant d’un seul événement local. Par exemple, il y a une réduction potentielle (inférée) du nombre total d’individus connus en raison de la possibilité d’exploitation des substrats de marbre à l’anse Wood. Si la carrière devait être exploitée à l’avenir, 50 % des sous-populations, ou environ 62 à 66 % des individus connus, seraient perdus de façon permanente (COSEPAC, 2018).

L’objectif est surtout d’accroître la redondance (étendue de la zone d’occurrence, indice de zone d’occupation, nombre de localités) aux sites existants en faisant cesser ou en atténuant les menaces d’origine humaine, plutôt qu’en tentant délibérément d’augmenter la taille de la population par des activités de croissance ou de remise en état.

Le rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës sera réalisé en faisant cesser, en atténuant ou en évitant les principales menaces d’origine humaine à toutes les localités connues au Canada, de sorte que l’espèce persiste à ces endroits et que des déclins de population (nombre d’individus) et de répartition (zone d’occurrence et indice de zone d’occupation) ne puissent plus être inférés. Dans son état rétabli, l’espèce ne devrait plus répondre aux critères quantitatifs pour être évaluée comme étant en voie de disparition d’après les indicateurs B du COSEPAC. On anticipe toutefois que l’espèce, naturellement précaire, remplira toujours les critères d’évaluation D2 du COSEPAC correspondant au statut d’espèce menacée. La perte d’habitat connectif entre les localités n’est pas considérée comme pertinente pour le rétablissement, car la distance entre les deux localités connues est plus grande que la distance sur laquelle l’espèce serait en mesure de se disperser.

2. Habitat essentiel

Cette section remplace l’ensemble de la section 7 Habitat de survie et de rétablissement de l’espèce du plan de rétablissement provincial.

Aux termes du paragraphe 2(1) de la Loi sur les espèces en péril (LEP), l’habitat essentiel est l’« habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ». L’alinéa 41(1)c) de la LEP exige que les programmes de rétablissement incluent une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, ainsi que des exemples d’activités susceptibles d’entraîner sa destruction. Un des principaux points dont il faut tenir compte dans la désignation de l’habitat essentiel est la quantité, la qualité et l’emplacement de l’habitat requis pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition.

L’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës est désigné, dans la mesure du possible, dans le présent document, et il est considéré comme suffisant pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Il n’est donc pas nécessaire d’établir un calendrier des études pour désigner l’habitat essentiel. À mesure que les autorités responsables ou d’autres parties intéressées effectuent des recherches pour combler les lacunes dans les connaissances, la méthodologie et la désignation de l’habitat essentiel pourront être modifiées ou affinées afin de tenir compte des nouvelles connaissances.

2.1 Désignation de l’habitat essentiel de l’espèce

2.1.1 Description des caractéristiques biophysiques

Une description des éléments et des caractéristiques essentiels de l’habitat de la séligérie à feuilles aiguës qui sont nécessaires à l’exécution des fonctions du cycle vital de l’espèce est présentée dans le plan de rétablissement provincial (partie 2, section 3.3). Les zones géospatiales renfermant de l’habitat essentiel représentent les superficies minimales requises pour soutenir à la fois l’ensemble des éléments qui contribuent au contexte général du site (nécessaires au maintien de l’occurrence) et le ou les lieux de croissance précis. À l’intérieur de ces polygones géospatiaux, les caractéristiques biophysiques de l’habitat essentiel comprennent donc tous les éléments naturels, y compris la végétation et les substrats associés. Ainsi, seules les zones non convenables, c’est‑à‑dire qui ne renferment aucun attribut ni caractéristique dont a besoin la séligérie à feuilles aiguës à un moment ou l’autre de son cycle vital, sont exclues de la désignation de l’habitat essentiel. Voici quelques exemples de ces zones exclues : tout élément non naturel comme les routes, les sentiers, les chemins de fer, les carrières de gravier, ainsi que toutes les zones non boisées ou dépourvues d’arbres et les formations de calcaire non verticales.

2.1.2 Données et méthodes utilisées pour désigner l’habitat essentiel

Les zones géospatiales renfermant de l’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës sont établies en fonction des éléments cumulatifs suivants :

  1. les occurrences ponctuelles, correspondant aux individus ou aux colonies consignés au cours des 25 dernières années;
  2. une distance supplémentaire autour de chaque point afin de tenir compte de l’erreur de localisation possible associée à l’occurrence (la zone d’incertitude varie de 15 à 100 m dans le cas des occurrences de la séligérie à feuilles aiguës)
  3. une distance supplémentaire de 50 m (zone de fonctions essentiellesNote de bas de page 8) au-delà de l’emplacement de chaque occurrence ponctuelle et de l’erreur de localisationNote de bas de page 9 associée, afin de soutenir l’établissement et le maintien des conditions du microhabitat convenable dont la séligérie à feuilles aiguës a besoin
2.1.3 Emplacement géospatial des zones renfermant de l’habitat essentiel

L’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës est désigné pour les deux populations connues de l’ouest de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique, à savoir :

Figure 1. Veuillez lire la description longue.

Figure 1. L’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës au bras de Kashutl (OE1), en Colombie-Britannique, est représenté par le polygone jaune (unité), sauf là où des zones non convenables (comme décrites à la section 2.1.1) sont présentes. Le carré du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km (bordé de rouge) montré dans cette figure fait partie d’un système de quadrillage national de référence utilisé pour indiquer l’emplacement géographique général à l’intérieur duquel se trouve l’habitat essentiel. Les zones à l’extérieur du polygone jaune ne renferment pas d’habitat essentiel.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

NAD 1983 = Système de référence géodésique nord‑américain de 1983

UTM Zone 9N = Zone UTM 9N

Description longue

La figure 1 est une carte illustrant l’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës au bras de Kashutl, en Colombie-Britannique. Le polygone représentant l’habitat essentiel couvre une portion de terre de moins de 1 km sur 1 km et se trouve juste au nord de l’anse Wood. 

Figure 2. Veuillez lire la description longue.

Figure 2. L’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës au lac Kennedy (OE2), en Colombie-Britannique, est représenté par le polygone jaune (unité), sauf là où des zones non convenables (comme décrites à la section 2.1.1) sont présentes. Le carré du quadrillage UTM de référence de 1 km × 1 km (bordé de rouge) montré dans cette figure fait partie d’un système de quadrillage national de référence utilisé pour indiquer l’emplacement géographique général à l’intérieur duquel se trouve l’habitat essentiel. Les zones à l’extérieur du polygone jaune ne renferment pas d’habitat essentiel. Les zones en vert désignent les aires terrestres protégées ou de conservation provinciales.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

NAD 1983 = Système de référence géodésique nord‑américain de 1983

UTM Zone 10N = Zone UTM 10N

Description longue

La figure 2 est une carte illustrant l’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës au lac Kennedy, en Colombie-Britannique. Le polygone représentant l’habitat essentiel couvre une portion de terre de moins de 1 km sur 1 km et se trouve juste à l’ouest de l’extrémité nord du parc provincial du lac Kennedy.

2.2 Activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à sa protection et à sa gestion. La destruction de l’habitat est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’une partie de l’habitat essentiel, de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque l’espèce en a besoin. La destruction peut résulter d’une seule activité ou de plusieurs activités à un moment donné, ou des effets cumulatifs d’une ou de plusieurs activités au fil du temps. Le tableau 4 donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce, mais les activités destructrices ne se limitent pas à celles qui sont indiquées.

Tableau 4. Exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de la séligérie à feuilles aiguës

Description de l’activité

Description de l’effet sur les caractéristiques de l’habitat

Information supplémentaire, notamment les menaces de l’UICN-CMP associéesa

Activités qui entraînent l’enlèvement ou la destruction d’éléments de l’habitat naturel, y compris la végétation et/ou le substrat, par exemple, l’exploitation de carrières, la construction de routes, l’exploitation forestière et la récolte du bois. (COSEPAC, 2018)

L’élimination ou la destruction d’éléments de l’habitat naturel (par exemple, arbres, branches, végétation de sous-étage, substrats) peut entraîner la destruction de l’habitat essentiel par la perte directe et permanente des éléments et des caractéristiques biophysiques nécessaires pour soutenir à la fois le contexte général du site et les lieux de croissance précis dont la séligérie à feuilles aiguës a besoin pour s’établir, croître, se reproduire et se disperser.

Menace de l’UICN-CMP associée : 3.2

Ces activités peuvent entraîner la destruction de l’habitat essentiel à n’importe quel moment de l’année. Elles sont plus susceptibles d’entraîner sa destruction lorsqu’elles se déroulent à l’intérieur des limites de l’habitat essentiel, mais les activités qui modifient de manière importante les régimes locaux de luminosité et de teneur en eau peuvent entraîner la destruction de l’habitat essentiel quand elles se produisent dans des zones hors des limites de l’habitat essentiel, mais adjacentes à celui-ci.

Les activités d’entretien des routes, comme le nivellement ou l’élargissement, qui pourraient entraîner la destruction de l’habitat essentiel sont plus susceptibles de se produire au site du lac Kennedy. Les activités d’extraction qui pourraient entraîner la destruction de l’habitat essentiel sont plus susceptibles de se produire au site du bras de Kashutl.

a La classification des menaces est fondée sur le système unifié de classification des menaces de l’IUCN-CMP (Union internationale pour la conservation de la nature-Partenariat pour les mesures de conservation; www.conservationmeasures.org).

3. Mesure des progrès

Le plan de rétablissement provincial comporte une section sur la mesure des progrès, soit la section 8, qui décrit les indicateurs de rendement visant à atteindre les six objectifs de rétablissement énoncés dans ce plan (c.‑à‑d. à la section 5.3 de la partie 2). Environnement et Changement climatique Canada adopte ce contenu, en y ajoutant les indicateurs de rendement suivants en vue de l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition (comme énoncés à la section 5.1 du présent document) :

4. Énoncé sur les plans d’action

Un ou plusieurs plans d’action visant la séligérie à feuilles aiguës seront publiés dans le Registre public des espèces en péril dans les dix années suivant la publication du programme de rétablissement final.

5. Références

Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). 2018. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) au Canada. Ottawa (Ont.). Séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) : évaluation et rapport de situation du COSEPAC 2018 – Canada.ca site Web : https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/registre-public-especes-peril/evaluations-rapports-situations-cosepac/seligerie-feuilles-aigues-2018.html [consulté le 21 janvier 2022]

Environnement et Changement climatique Canada. 2021. Politique relative au rétablissement et à la survie des espèces en péril : version finale 2021. Ottawa (Ont.). Politique relative au rétablissement et à la survie des espèces en péril : version finale 2021 – Canada.ca site Web : https://www.canada.ca/en/environment-climate-change/services/species-risk-public-registry/policies-guidelines/survival-recovery-2020.html

Annexe A : Effets sur l’environnement et sur les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour toutes les espèces inscrites à la liste de la LEP, conformément à la Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmesNote de bas de page 10. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement, et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable Footnote 11 (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci‑dessous.

La section 9 du plan de rétablissement provincial de la séligérie à feuilles aiguës décrit les effets des activités de rétablissement sur d’autres espèces. Environnement et Changement climatique Canada adopte cette section du plan de rétablissement provincial à titre d’énoncé sur les effets des activités de rétablissement sur l’environnement et les espèces non ciblées.

Les activités de planification du rétablissement visant la séligérie à feuilles aiguës seront mises en œuvre en tenant compte de l’ensemble des espèces en péril cooccurrentes, y compris le Guillemot marbré, de manière à éviter tout impact négatif sur ces espèces ou leur habitat. Certaines mesures de gestion visant la séligérie à feuilles aiguës (inventaire, suivi, atténuation des menaces, conservation de l’habitat, éducation, recherche) pourraient favoriser la conservation d’autres espèces en péril présentes dans les mêmes régions ou qui dépendent de caractéristiques semblables de l’habitat de forêt côtière.

Partie 2 : Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) en Colombie-Britannique, préparé par le ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie-Britannique

Mai 2021

Information sur le document

À propos de la série de programmes de rétablissement de la Colombie-Britannique

La présente série réunit les documents de rétablissement visant à conseiller le gouvernement de la Colombie-Britannique quant à l’approche générale à adopter pour le rétablissement des espèces en péril. Le gouvernement provincial prépare les documents de rétablissement pour coordonner les mesures de conservation et pour respecter ses engagements relativement au rétablissement des espèces en péril dans le cadre de l’Accord pour la protection des espèces en péril au Canada et de l’Accord sur les espèces en péril conclu entre le Canada et la Colombie‑Britannique.

Qu’est-ce que le rétablissement?

Le rétablissement des espèces en péril est le processus visant à arrêter ou à inverser le déclin des espèces en voie de disparition, menacées ou disparues de la province ainsi qu’à éliminer ou à réduire les menaces auxquelles elles sont exposées, de façon à augmenter leurs chances de survie à l’état sauvage.

Qu’est-ce qu’un document de rétablissement provincial?

Les documents de rétablissement résument les meilleures connaissances scientifiques et traditionnelles existant sur une espèce ou un écosystème en vue de la détermination des buts, des objectifs et des approches stratégiques qui assurent une orientation coordonnée du rétablissement. Ces documents décrivent les connaissances et les lacunes à propos d’une espèce ou d’un écosystème; ils cernent les menaces pesant sur une espèce ou un écosystème et expliquent les mesures à prendre pour les atténuer. Les documents de rétablissement fournissent également de l’information sur l’habitat nécessaire à la survie et au rétablissement de l’espèce. L’approche provinciale consiste à résumer, dans un plan de rétablissement, cette information et celle qui servira à orienter la mise en œuvre du rétablissement. Dans le cadre des processus de planification du rétablissement menés par le gouvernement fédéral, l’information est le plus souvent résumée dans un plan de rétablissement composé de deux documents ou plus, à savoir un programme de rétablissement suivi d’un ou de plusieurs plans d’action utilisés pour orienter la mise en œuvre du rétablissement.

L’information fournie dans les documents de rétablissement provinciaux peut être adoptée par Environnement et Changement climatique Canada dans les documents de rétablissement fédéraux préparés par les organismes fédéraux afin de respecter leurs engagements en matière de rétablissement d’espèces en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril.

Prochaines étapes

La Province de la Colombie-Britannique accepte l’information présentée dans ces documents à titre d’avis pour la mise en œuvre de mesures de rétablissement, y compris les décisions relatives aux mesures de protection de l’habitat de l’espèce.

La réussite du rétablissement d’une espèce dépend de l’engagement et de la coopération de nombreux intervenants qui pourraient participer à la mise en œuvre du présent document. Tous les Britanno-Colombiens sont encouragés à participer à ces travaux.

Pour de plus amples renseignements

Pour en apprendre davantage sur le rétablissement des espèces en péril en Colombie-Britannique, veuillez consulter la page Web du ministère de l’Environnement portant sur la planification du rétablissement à l’adresse suivante (en anglais seulement) :
Recovery Planning

Référence recommandée

Ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie-Britannique. 2021. Plan de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) en Colombie-Britannique Ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie-Britannique, Victoria (Colombie-Britannique). 22 p.

Exemplaires supplémentaires

On peut télécharger la version anglaise du présent document à partir de la page Web du ministère de l’Environnement de la Colombie-Britannique portant sur la planification du rétablissement à l’adresse suivante (en anglais seulement) :

Recovery Planning

Avis

Ce plan de rétablissement a été préparé par le ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie‑Britannique à titre d’avis aux autorités responsables et aux organismes responsables qui pourraient participer au rétablissement de l’espèce. Le Ministère a obtenu cet avis afin de respecter ses engagements aux termes de l’Accord pour la protection des espèces en péril au Canada et de l’Accord Canada – Colombie-Britannique sur les espèces en péril.

Ce document présente les stratégies de rétablissement jugées nécessaires pour rétablir les populations de séligéries à feuilles aiguës en Colombie-Britannique, à la lumière des meilleures connaissances scientifiques et traditionnelles dont nous disposons. Les mesures de rétablissement à adopter pour atteindre les buts et les objectifs exposés dans le présent plan sont assujetties aux priorités et aux contraintes budgétaires des organismes participants. Ces buts, objectifs et approches pourraient être modifiés de manière à tenir compte de nouveaux objectifs et de nouvelles conclusions.

Les autorités responsables et tous les membres de l’équipe de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës ont eu l’occasion d’examiner ce document. Malgré tout, le contenu ne reflète pas nécessairement la position officielle des organismes concernés ou les opinions personnelles de tous les particuliers qui siègent à l’équipe de rétablissement.

Le rétablissement de cette espèce dépend de l’engagement et de la coopération d’un grand nombre d’intervenants qui participent à la mise en œuvre des orientations exposées dans le présent plan. Le ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie-Britannique invite tous les citoyens de la province à participer au rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës.

Remerciements

Le présent plan de rétablissement a été préparé par G. Karen Golinski, conservatrice des collections, herbier de l’Université de la Colombie-Britannique. Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a financé la préparation du présent document. Les personnes suivantes ont participé à l’évaluation des menaces dans le cadre du rapport d’évaluation et de situation du COSEPAC de 2018 : G. Karen Golinski et Richard Caners (rédacteurs du rapport d’évaluation et de situation du COSEPAC et membres du Sous-comité de spécialistes [SCS] des mousses et lichens), René Belland (coprésident du SCS des mousses et lichens), Dwayne Lepitzki (modérateur et coprésident du SCS des mollusques du COSEPAC), Darwyn Coxson (membre du SCS des mousses et lichens), Jennifer Doubt (membre du SCS des mousses et lichens et membre du COSEPAC pour le Musée canadien de la nature), Dave Fraser (membre du COSEPAC pour la Colombie-Britannique), Joe Carney (coprésident du SCS des mollusques) et Angèle Cyr (Secrétariat du COSEPAC). Brenda Costanzo (ministère de l’Environnement et de la Stratégie sur les changements climatiques de la Colombie-Britannique [ENV]), Alanah Nasadyk (ENV), Ian Parnell (ECCC), Angela Barakat (ECCC), Megan Harrison (ECCC), Lindi Anderson (ministère de l’Énergie, des Mines et de l’Innovation à faible émission de carbone [EMIFC]) et Christopher Minchuk (EMIFC) ont examiné le document et formulé des commentaires.

Sommaire

La séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) a été désignée comme espèce en voie de disparition au Canada par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2018. En Amérique du Nord, la présence de l’espèce n’est connue qu’à deux sites dans l’ouest de l’île de Vancouver (Colombie-Britannique), au Canada, et à un site dans le sud-est de l’Alaska, aux États-Unis. La population canadienne croît sur des affleurements humides de calcaire légèrement granulaire qui se trouvent sous un haut couvert arboré de conifères et près de la côte, à une altitude proche du niveau de la mer. Les deux sous-populations canadiennes se situent dans la variante méridionale de la sous-zone hypermaritime très humide de la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest (CWHvh1).

L’espèce a été inscrite à titre d’espèce en voie de disparition au Canada à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2021. En Colombie-Britannique, elle est cotée S1 (gravement en péril) par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et figure sur la « liste rouge » provinciale. Les deux principales menaces qui pèsent sur la séligérie à feuilles aiguës sont l’exploitation de carrières et l’entretien des routes. L’exploitation forestière sera une menace importante si elle est réalisée à proximité des sous-populations.

Le but du rétablissement pour cette espèce est d’accroître, grâce à la gestion des menaces causées par l’humain, la résilience des sous-populations existantes au Canada ainsi que des autres sous‑populations qui pourraient y être découvertes.

Les objectifs de rétablissement s’énoncent comme suit :

  1. Rétablir la séligérie à feuilles aiguës au Canada en augmentant, grâce à la gestion des menaces causées par l’humain, la résilience des sous-populations existantes ainsi que des autres sous-populations qui pourraient y être découvertes;
  2. Réaliser des inventaires dans l’habitat convenable afin de découvrir d’autres sous‑populations;
  3. Mener des recherches scientifiques pour combler les lacunes en matière de connaissances quant aux besoins biologiques et aux caractéristiques de l’habitat de l’espèce;
  4. Lancer un programme de surveillance officiel dans le but de consigner, de manière fiable, des données sur les tendances de la population;
  5. Sensibiliser la population à l’égard de la séligérie à feuilles aiguës;
  6. Accroître la capacité de conservation de cette espèce et d’autres bryophytes en voie de disparition en Colombie-Britannique.

L’atteinte des objectifs de rétablissement énoncés exigera la protection et la gestion de l’habitat, la réalisation d’inventaires et de recherches scientifiques ainsi que des activités de surveillance, de sensibilisation et d’éducation.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D’après les quatre critères suivants qu’Environnement et Changement climatique Canada utilise pour définir le caractère réalisable du rétablissement, il a été déterminé que le rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës en Colombie-Britannique est réalisable du point de vue technique et biologique.

1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

Oui. Les séligéries à feuilles aiguës de la population canadienne produisent des sporophytes, et de nouvelles plantes s’établissent à mesure que les surfaces calcaires qu’elles occupent s’érodent lentement.

2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.

Oui. De l’habitat convenable est disponible.

3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

Oui. Les menaces liées à l’exploitation de carrières, à l’entretien des routes et à l’exploitation forestière peuvent toutes être atténuées.

4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition, ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

Oui. Les objectifs en matière de population et de répartition peuvent être atteints en atténuant les menaces actuelles et futures.

1. Évaluation de l’espèce par le COSEPAC*

Sommaire de l’évaluation : Avril 2018

Nom communa : Séligérie à feuilles aiguës

Nom scientifiquea :Seligeria acutifolia

Statut : En voie de disparition

Justification de la désignation : Cette minuscule mousse à l’habitat spécifique possède une aire de répartition très restreinte au Canada, où elle est présente seulement dans deux sites de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. L’espèce est confinée aux affleurements de calcaire près du niveau de la mer qui se trouvent sous un couvert forestier élevé de conifères dans les régions climatiques hypermaritimes à proximité de la côte. Les principales menaces incluent les impacts de l’exploitation des carrières, de l’exploitation forestière et des routes sur l’habitat. À l’heure actuelle, il n’est pas prévu que le site près du lac Kennedy sera exploité. Cependant, on prévoit exploiter le gisement de marbre dans le site près de Wood Cove, où les deux tiers de la population canadienne connue se trouvent, ce qui menace la sous-population de façon imminente .

Répartition au Canada : Colombie-Britannique

Historique du statut : COSEPAC : Espèce désignée « en voie de disparition » en avril 2018.

* COSEPAC = Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.

a Les noms communs et scientifiques mentionnés dans le présent plan de rétablissement respectent les conventions d’appellation du Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et peuvent différer des noms utilisés par le COSEPAC.

2. Information sur la situation de l’espèce

Séligérie à feuilles aiguësa

Désignation légale

Forest and Range Practices Actb : Non

Oil and Gas Activities Actb : Non

Wildlife Act de la C.-B.c : Non

Loi sur les espèces en périld : annexe 1

Cotes de conservatione

Liste de la C.-B. : Rouge
Cote en C.-B. : S1 (2015)

Cote nationalef : N1 (2016)
Cote mondiale : G3G5 (2000)

Autres cotes infranationales : S. O.

a Sources de données : Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique (2020), sauf indication contraire.

b La mention « Non » signifie que l’espèce n’est pas inscrite dans l’une des catégories d’espèces sauvages nécessitant une attention particulière en matière de gestion destinée à réduire les impacts des activités menées dans les forêts et les parcours naturels sur des terres de la Couronne au titre de la Forest and Range Practices Act (FRPA; Province of British Columbia [2002]) et/ou des activités pétrolières et gazières sur des terres de la Couronne au titre de l’Oil and Gas Activities Act (OGAA; Province of British Columbia [2008]).

c La mention « Non » signifie que l’espèce n’est pas désignée comme espèce sauvage au titre de la Wildlife Act de la Colombie-Britannique (Province of British Columbia, 1982).

d La mention « annexe 1 » signifie que l’espèce inscrite sur la Liste des espèces sauvages en péril de la LEP (Government of Canada, 2002).

e Rouge : cette liste comprend toutes les espèces ou sous-espèces indigènes qui ont, ou qui pourraient avoir, le statut d’espèce disparue, en voie de disparition ou menacée en Colombie-Britannique. S = infranational; N = national; G = mondial; 1 = gravement en péril; 2 = en péril; 3 = espèce préoccupante, vulnérable à la disparition du territoire ou de la planète; 4 = apparemment en sécurité; 5 = répandue, abondante et en sécurité; S. O. = sans objet.

f Source des données : Conseil canadien de conservation des espèces en péril (2016).

3. Information sur l’espèce

3.1 Description de l’espèce

La séligérie à feuilles aiguës (Seligeria acutifolia) est une délicate mousse vert pâle. Elle mesure moins de 3 mm de hauteur, et ses feuilles végétatives raides et dressées ont une longueur inférieure à 1 mm. Les feuilles sont généralement linéaires à lancéolées et courtement subulées (base large s’effilant en une pointe fine). La nervure médiane de la feuille atteint le sommet de la feuille, mais ne se prolonge pas au-delà de celui-ci. La marge des feuilles est entière (non dentée) (Vitt, 1976; 2007).

La séligérie à feuilles aiguës se distingue des espèces étroitement apparentées notamment par ses feuilles périchaetiales (c.-à-d. les feuilles spécialisées entourant l’archégone, organe reproducteur femelle) longues et embrassantes, lesquelles sont au moins deux fois plus longues que les feuilles végétatives (Vitt, 1976), et par ses soies (tiges supportant les capsules remplies de spores) droites et robustes, dont la longueur varie de 1 à 1,5 mm (Smith, 1978; Vitt, 2007). Les capsules sont environ aussi hautes que larges et atteignent leur largeur maximale au niveau de l’orifice (Vitt, 2007; Smith, 1978). Le péristome (anneau de dents qui bordent l’orifice de la capsule) comprend 16 dents rouges bien développées, triangulaires à trapézoïdales (Vitt, 1976, 2007). Les spores sont sphériques et brunâtres et mesurent 12 à 14 µm de diamètre (Vitt, 2007).

Figure 1 à partie 2. Veuillez lire la description longue.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

leaves = feuilles

cells = cellules

perich. leaf = feuille périchaetiale

habits, dry = port, à l’état sec

Figure 1 de la partie 2. Port, feuilles et feuilles périchaetiales de la séligérie à feuilles aiguë (Seligeria acutifolia) (Flora of North America Association, 2020).

Description longue

La figure 1 de la partie 2 est un dessin scientifique illustrant le port, les feuilles et les feuilles périchaetiales de la séligérie à feuilles aiguës. La plante est haute de 0,5 mm à l’état sec, alors que les feuilles et les feuilles périchaetiales ont une longueur de 0,2 mm.

Séligérie à feuilles aiguës
Figure 2 de la partie 2. Séligérie à feuilles aiguës in situ présentant trois sporophytes (photo gracieusement fournie par Richard Caners)

3.2 Répartition, abondance et tendances des populations

Au Canada, la présence de la séligérie à feuilles aiguës est connue à deux sites de l’ouest de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. Ailleurs en Amérique du Nord, elle a été recueillie à un site dans le sud-est de l’Alaska, et sa présence est également connue dans de nombreux pays de l’hémisphère Nord.

La population canadienne connue comprend deux sous-populations : une près de l’anse Wood, située dans le bras de Kashutl, dans le nord-ouest de l’île de Vancouver, et une autre près du lac Kennedy, de Tofino et d’Ucluelet, dans l’ouest de l’île de Vancouver. Les sous-populations n’ont pas fait l’objet d’un suivi, et on ignore donc les tendances en matière de population. On sait, cependant, que les deux sous-populations persistent depuis au moins 45 ans (COSEWIC, 2018).

Figure 2 à partie 2. Veuillez lire la description longue.

Veuillez voir la traduction française ci-dessous :

YT = Territoire du Yukon

NWT = Territoires du Nord-Ouest

AK = Alaska

Queen Charlotte Islands = Îles de la Reine-Charlotte

Vancouver Island = Île de Vancouver

WA = État de Washington

ID = Idaho

MT = Montana

Figure 3 de la partie 2. Répartition de la séligérie à feuilles aiguës au Canada (COSEWIC, 2018).

Description longue

La figure 3 de la partie 2 présente une carte de la Colombie-Britannique indiquant la répartition de la séligérie à feuilles aiguës au Canada. Une sous-population se trouve à l’extrémité nord-ouest de l’île de Vancouver, et l’autre, près du centre de la côte dans la partie ouest de l’île, à proximité de Tofino.

Tableau 1 de la partie 2. Situation et description des sous‑populations de séligéries à feuilles aiguës en Colombie‑Britannique
Sous-population No d’occurrence d’élément du CDC Situationa Année de la dernière mention Description Régime foncier
Bras de Kashutl 102930 Existante 2016 Deux colonies, pour un total estimé de 500 à 1 000 gamétophytes (COSEWIC, 2018) Terres publiques provinciales
Lac Kennedy 106517 Existante 2016 Une colonie, pour un total estimé de 300 à 500 gamétophytes (COSEWIC, 2018) Terres publiques provinciales

a Existante : l’occurrence a été vérifiée récemment et existe encore (NatureServe, 2002).

3.3 Habitat et besoins biologiques de la séligérie à feuilles aiguës

La séligérie à feuilles aiguës est une espèce étroitement spécialiste en matière d’habitat. Les deux sous-populations connues en Colombie-Britannique occupent des surfaces verticales humides d’affleurements de calcaire légèrement granulaires qui se trouvent dans des milieux couverts près du niveau de la mer, dans des régions côtières où le climat est frais et très humide (COSEWIC, 2018). Ces deux sous-populations se situent dans la variante méridionale de la sous-zone hypermaritime très humide de la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest (CWHvh1). Les affleurements de calcaire sur lesquels elles sont présentes sont « purs » à « très purs » et semblent être associés aux formations non différenciées de Parson Bay et de Quatsino, et possiblement à une formation non différenciée du groupe de Buttle Lake (BCGS, 2017). Les sous-populations sont ombragées par un couvert élevé de conifères matures (COSEWIC, 2018). L’une des deux sous-populations se trouve à proximité d’une chute d’eau et l’autre, à proximité d’un lac.

En Europe, l’espèce est présente sur des substrats de grès calcaires friables et dans des cavernes (voir par exemple Smith, 1978; Dia et Hallingback, 2005; Ellis et al., 2011).

Même si les caractéristiques de l’habitat biophysique de la séligérie à feuilles aiguës ont été décrites de façon quantitative, ni les besoins biologiques de l’espèce ni son habitat — que ce soit en Colombie-Britannique ou ailleurs dans son aire de répartition — n’ont été quantifiés par la recherche et la surveillance.

Tableau 2 de la partie 2. Résumé des fonctions essentielles, des éléments et des caractéristiques de l’habitat de la séligérie à feuilles aiguës en Colombie-Britannique
Stade du cycle vital Fonctionsa Élémentsb Caractéristiquesc
Gamétophyte à sporophyte Croissance, reproduction, dispersion Parois de falaises de calcaire abritées et verticalesd Régime d'humidité : humide
Intensité lumineuse : basse (ombrage par un couvert élevé de conifères)
Substrat : calcaire pur à très pur (teneur très élevée en carbonate de calcium [CaCO3])
Pente : verticale (paroi de falaise)

a Fonction : un processus du cycle vital de l’espèce (par exemple, croissance, reproduction, dispersion).

b Élément : élément structurel essentiel de l’habitat dont l’espèce a besoin.

c Caractéristique : composante de base ou paramètre mesurable d’un élément. Remarque : dans le cas de la séligérie à feuilles aiguës, des données supplémentaires doivent être recueillies pour mieux quantifier les caractéristiques essentielles des éléments.

d Remarque : des relevés du Seligeria acutifolia ont été réalisés à de nombreuses parois verticales de falaises de calcaires, sans qu’on puisse y trouver l’espèce. Davantage de données sur les besoins précis de l’espèce sont nécessaires pour présenter un portrait complet de ses besoins biophysiques.

3.4 Facteurs limitatifs

Les facteurs limitatifs ne sont généralement pas d’origine humaine et comprennent des caractéristiques qui rendent l’espèce moins susceptible de réagir aux activités de rétablissement ou de conservation (par exemple, petite taille de la population, isolement génétique).

Les deux sous-populations connues de séligéries à feuilles aiguës au Canada sont petites et très isolées, et la niche écologique de l’espèce est extrêmement étroite. En 2016, de nombreuses capsules ont été observées dans les deux sous-populations, et les spores étaient probablement viables, puisque les spores viables permettent aux Seligeria de recoloniser régulièrement leur habitat qui s’érode (s’effrite) lentement (K. Hassel, comm. pers., 2018). Toutefois, Vitt (1976) a laissé entendre que toutes les espèces de Seligeria sont limitées sur le plan de la dispersion parce que les spores sont délicates et ont des parois minces et une courte durée de vie; ainsi, il est peu probable qu’elles persistent pendant de longues périodes. La délicatesse des spores, conjuguée à l’absence d’habitat convenable à proximité, limite probablement les possibilités d’expansion de l’aire de répartition de l’espèce.

Comme il a été mentionné précédemment, cette espèce est étroitement spécialiste sur le plan de l’habitat. Même si le substrat calcaire n’est pas rare dans plusieurs zones côtières de la Colombie-Britannique, la combinaison de l’ensemble des caractéristiques de l’habitat dont l’espèce a besoin, elle, est rare.

4. Menaces

Les menaces sont définies comme étant des activités ou des processus immédiats qui ont entraîné, entraînent ou pourraient entraîner la destruction, la dégradation et/ou la détérioration de l’entité évaluée (population, espèce, communauté ou écosystème) dans la zone d’intérêt (mondiale, nationale ou infranationale) (adaptation de Salafsky et al., 2008). Aux fins de l’évaluation des menaces, seules les menaces actuelles et futures sont prises en compte. Des menaces passées peuvent avoir été répertoriées, mais elles ne sont pas prises en compte dans le calcul de l’impact des menaces. On tient compte des effets des menaces passées (s’ils ne persistent pas) pour déterminer les facteurs de tendance à long terme et à court terme (Master et al., 2012). Les menaces historiques, les effets indirects ou cumulatifs des menaces ou toute autre information pertinente qui aiderait à comprendre la nature des menaces sont présentés à la section Description des menaces.

4.1 Évaluation des menaces

La classification des menaces présentée ci-dessous est fondée sur le système unifié de classification des menaces et des actions de l’UICN-CMP (Union internationale pour la conservation de la nature-Partenariat pour les mesures de conservation) (version 2.0). Le système de classification des menaces de l’UICN-CMP est conforme aux méthodes utilisées par Environnement et Changement climatique Canada et le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, et adopte une norme internationale. Pour une description détaillée de ce système, veuillez consulter le site Web « Open Standards » (Open Standards, 2016). Les menaces peuvent être observées, inférées ou prévues à court terme. Elles sont caractérisées ici en fonction de leur portée, de leur gravité et de leur immédiateté. L’« impact » d’une menace est calculé selon la portée et la gravité de celle‑ci. Pour des précisions sur l’établissement des valeurs, voir NatureServe Conservation Status Assessments: Factors for Evaluating Species and Ecosystem Risk (en anglais seulement), Master et al. (2012);  et les notes au bas du tableau. Les menaces qui pèsent sur la séligérie à feuilles aiguës ont été évaluées pour l’ensemble de la province (tableau 3).

Tableau 3 de la partie 2. Tableau de classification des menaces pour la séligérie à feuilles aiguës en Colombie-Britannique
Menacea Description de la menace Impactb Portéec Gravitéd Immédiatetée Sous-populationf
3 Production d’énergie et exploitation minière Élevé Grande Extrême Élevée-modérée Sans objet
3.2 Exploitation de mines et de carrières Élevé Grande (31-70 %) Extrême (71-100 %) Élevée-modérée Bras de Kashutl
4 Corridors de transport et de service Élevé-moyen Grande-restreinte Extrême Modérée Sans objet
4.1 Routes et voies ferrées Élevé-moyen Grande-restreinte (11-70 %) Extrême (71-100 %) Modérée Lac Kennedy
5 Utilisation des ressources biologiques NC Grande-restreinte Extrême Faible Sans objet
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois Non calculé (en dehors de la période d’évaluation) Grande-restreinte (11-70 %) Extrême (71-100 %) Faible (possiblement à long terme, > 10 ans) Lac Kennedy
6 Intrusions et perturbations humaines Négligeable Généralisée Négligeable Élevée Sans objet
6.3 Travaux et autres activités Négligeable Généralisée (71-100 %) Négligeable (< 1 %) Élevée (menace toujours présente) Bras de Kashutl, lac Kennedy
9 Pollution Inconnu Grande-restreinte Inconnu Élevée Sans objet
9.5 Polluants atmosphériques Inconnu Grande-restreinte (11-70 %) Inconnu Élevée (menace toujours présente) Lac Kennedy
11 Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents Inconnu Généralisée Inconnue Inconnue Sans objet
11.2 Sécheresses Inconnu Généralisée (71-100 %) Inconnue Inconnue Bras de Kashutl, lac Kennedy

Remarque : les menaces présentées dans ce tableau sont décrites à la section 4.2.

a Les numéros renvoient aux menaces de niveau 1 (chiffres entiers) et de niveau 2 (chiffres avec décimales).

b Impact – Mesure dans laquelle on observe, infère ou soupçonne que l’espèce est directement ou indirectement menacée dans la zone d’intérêt. Le calcul de l’impact de chaque menace est fondé sur sa gravité et sa portée et prend uniquement en compte les menaces présentes et futures. L’impact d’une menace est établi en fonction de la réduction de la population de l’espèce. Le taux médian de réduction de la population pour chaque combinaison de portée et de gravité correspond aux catégories d’impact suivantes : très élevé (déclin de 75 %), élevé (40 %), moyen (15 %) et faible (3 %). Inconnu : catégorie utilisée quand l’impact ne peut être déterminé (par exemple lorsque les valeurs pour la portée ou la gravité sont inconnues); non calculé : l’impact n’est pas calculé lorsque la menace se situe en dehors de la période d’évaluation (par exemple l’immédiateté est non significative/négligeable [menace passée] ou faible [menace possible à long terme]); négligeable : lorsque la valeur de la portée ou de la gravité est négligeable; n’est pas une menace : lorsque la valeur de la gravité est neutre ou qu’il y a un avantage possible.

c Portée – Proportion de l’espèce qui, selon toute vraisemblance, devrait être touchée par la menace d’ici 10 ans. Correspond habituellement à la proportion de la population de l’espèce dans la zone d’intérêt (généralisée = de 71 à 100 %; grande = de 31 à 70 %; restreinte = de 11 à 30 %; petite = de 1 à 10 %; négligeable < 1 %).

d Gravité – Au sein de la portée, niveau de dommage que causera vraisemblablement la menace sur l’espèce d’ici une période de 10 ans ou de 3 générations. Étant donné que la durée d’une génération a été établie à 5 à 8 ans pour cette espèce, la gravité a été évaluée sur 15 ans. La gravité est habituellement mesurée comme l’ampleur de la réduction de la population de l’espèce (extrême = 71 à 100 %; élevée = 31 à 70 %; modérée = 11 à 30 %; légère = 1 à 10 %; négligeable < 1 %; neutre ou avantage possible ≥ 0 %).

e Immédiateté – Élevée = menace toujours présente; modérée = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à court terme [< 10 ans ou 3 générations]) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à court terme); faible = menace pouvant se manifester uniquement dans le futur (à long terme) ou pour l’instant absente (mais susceptible de se manifester de nouveau à long terme); non significative/négligeable = menace qui s’est manifestée dans le passé et qui est peu susceptible de se manifester de nouveau, ou menace qui n’aurait aucun effet direct, mais qui pourrait être limitative.

f Une description des populations est présentée au tableau 1 de la partie 2, et leur répartition est illustrée à la figure 2 de la partie 2.

4.2 Description des menaces

Les menaces pesant sur la séligérie à feuilles aiguës au Canada ont été évaluées par le COSEPAC (2018) et sont décrites ci-dessous. L’impact global des menaces, qui tient compte de l’impact cumulatif de menaces multiples, est très élevéFootnote 12 . La plus grande menace qui pèse sur l’espèce est l’exploitation de carrières (tableau 3 de la partie 2). L’information détaillée est exposée ci‑dessous, par catégorie de menace de niveau 1.

Menace 3. Production d’énergie et exploitation minière
3.2 Exploitation de mines et de carrières (impact élevé)

La menace la plus importante pour la séligérie à feuilles aiguës est l’exploitation de carrières. L’espèce pousse exclusivement sur le substrat calcaire, qui est extrêmement vulnérable aux dommages physiques et à d’autres formes de dégradation (Harding et Ford, 1993; Holt, 2007; Stokes et al., 2010). Si le substrat rocheux est détruit ou endommagé, les sous-populations seront éliminées, puisque, selon les connaissances dont on dispose, le genre Seligeria ne colonise pas les substrats perturbés mécaniquement, et on ignore si la transplantation pourrait servir de moyen d’atténuation.

La sous-population du bras de Kashutl est présente dans des « bancs de calcaire riches en calcium » (Kikauka, 2012), lesquels sont visés par deux concessions minières actives contiguës (504873 et 501945). L’exploitation de carrières à cet endroit détruirait la sous-population, et la modification de l’écosystème environnant aurait une incidence sur le microclimat et la circulation de l’eau au site. Des drapeaux et des marqueurs de levé ont été observés pendant le travail sur le terrain en vue de l’évaluation de la situation du COSEPAC en 2016, et le promoteur a engagé des dépenses importantes pour ce site (25 000 $ en 2018, R. Pope, comm. pers., 2018). Les concessions minières ont été transférées à W.E. Pfaffenberger de la Fundamental Resource Corporation en novembre 2011, et viendront à échéance le 18 juin 2024 (R. Pope, comm. pers., 2018).

Il n’y a pas de concession minière connue sur le gisement de calcaire du lac Kennedy.

Menace 4. Corridors de transport et de service
4.1 Routes et chemins de fer (impact élevé à moyen)

La sous-population de séligéries à feuilles aiguës du lac Kennedy est située à moins de 30 mètres du chemin West, un chemin forestier de gravier très fréquenté. Les activités d’entretien des routes, comme le nivellement ou l’élargissement des routes, auraient une incidence néfaste sur la sous-population si l’affleurement rocheux était dynamité, si des arbres étaient enlevés ou si la quantité de poussière produite par la circulation routière était accrue. Ce dernier point est abordé plus en détail à la section 9.5 (pollution atmosphérique).

Menace 5. Utilisation des ressources biologiques
5.3 Exploitation forestière et récolte du bois (impact non calculé – en dehors de la période d’évaluation)

Au milieu des années 1990, Ryan (1996) a souligné la vulnérabilité de la séligérie à feuilles aiguës du lac Kennedy aux effets de l’exploitation forestière. L’exploitation forestière à proximité des sous-populations causerait des dommages aux substrats calcaires, ce qui a pour conséquence connue d’entraîner l’affaissement des formations du sous-sol et de modifier les régimes d’écoulement de l’eau souterraine. La perturbation et l’érosion des sols à texture fine ont entraîné la sédimentation et le blocage des réseaux hydrographiques (Holt, 2007), et dans les régions du nord de l’île de Vancouver où le climat est semblable, l’exploitation forestière des écosystèmes karstiquesFootnote 13  a causé d’importantes pertes de sol, de mousse et de litière, surtout sur les pentes abruptes ou dans les cas où des débris ont été brûlés (Harding et Ford, 1993). On estime que les forêts perturbées par l’exploitation forestière mettront des siècles à se rétablir (Harding et Ford, 1993).

En plus des dommages physiques et des répercussions sur les régimes d’écoulement de l’eau, on pourrait s’attendre à ce que l’exploitation forestière modifie le microclimat du milieu. Les deux sous-populations de séligéries à feuilles aiguës se trouvent sous un couvert intact de conifères matures, ce qui permet de modérer la lumière, l’humidité et la température. À moins de 100 m de la sous-population du lac Kennedy, les affleurements rocheux exposés qui ont été endommagés par la construction d’une route abritent une communauté robuste de grandes mousses et d’hépatiques qui supplanteraient facilement la petite séligérie à feuilles aiguës.

Un bloc de coupe forestière de 2012 près de la sous-population du lac Kennedy a peut-être déjà causé des effets néfastes, puisque, dans les forêts intactes ailleurs sur l’île de Vancouver, on a signalé la présence d’effets de lisièreFootnote 14  sur les communautés de bryophytes jusqu’à 45 m des zones de récolte (Baldwin et Bradfield, 2005). En 2016, des arbres marqués de ruban portant la mention « limite de coupe des arbres » ont été observés à la base des affleurements rocheux se trouvant à quelques centaines de mètres de la sous-population de séligéries à feuilles aiguës près du lac Kennedy, bien que l’industrie n’avait apparemment pas prévu d’enlever immédiatement les arbres (Dave Fraser, comm. pers., 2016).

En 1999, la forêt coniférienne qui entourait les gisements de marbre de l’anse Wood a été exploitée par hélicoptère (Kikauka, 2012; Leo Jack, comm. pers., 2015). Les effets sur la sous‑population de séligéries à feuilles aiguës sont inconnus.

Menace 6. Intrusions et perturbations humaines
6.3 Travaux et autres activités (impact négligeable)

Si elles sont soigneusement planifiées et exécutées, les futures activités de recherche et de surveillance devraient avoir un impact minimal sur la population canadienne de séligéries à feuilles aiguës.

Menace 9. Pollution
9.5 Polluants atmosphériques (impact inconnu)

La poussière est nuisible aux plantes vasculaires, puisqu’elle réduit l’activité photosynthétique et la croissance, en plus d’accroître la nécrose des feuilles et de favoriser la sénescence de celles-ci (Farmer, 1993). Ses effets sur la séligérie à feuilles aiguës sont inconnus, mais elle causerait probablement une semblable diminution de l’activité photosynthétique ainsi qu’une augmentation de la disponibilité des nutriments et des températures à la surface des substrats calcaires durant l’hiver, en raison des changements d’albédo de surface. La sous-population de séligéries à feuilles aiguës du lac Kennedy est située à moins de 30 mètres d’un chemin forestier actif, et la circulation lourde des véhicules produit probablement de la poussière qui ne serait pas présente autrement.

Menace 11. Changements climatiques et phénomènes météorologiques violents
11.2 Sécheresses (impact inconnu)

La présence de la séligérie à feuilles aiguës n’est connue que dans les régions de l’Amérique du Nord où règne un climat hypermaritime, et toutes les sous-populations sont situées près de l’océan ou d’un grand lac. ClimateBC (Wang et al., 2012) prévoit des changements dans les régimes de précipitations actuellement présents dans la variante méridionale de la sous-zone hypermaritime très humide de la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest (CWHvh1), notamment une augmentation globale des précipitations annuelles, mais une diminution des précipitations pendant les mois d’été et de celles tombant sous forme de neige. Ces changements pourraient placer la mousse dans des conditions climatiques dépassant ses seuils de tolérance. En particulier, l’augmentation des précipitations au printemps et à l’automne peut exposer l’espèce à un débit d’eau excessif ou rendre les affleurements de calcaire humides durant une période excessivement prolongée, tandis qu’une baisse des précipitations en été pourrait faire en sorte d’exposer l’espèce à la sécheresse durant trop longtemps. Les deux scénarios pourraient avoir une incidence sur la production de sporophytes et la viabilité des spores.

5. Buts et objectifs en matière de rétablissement

5.1 But du rétablissement (population et répartition)

Le but du rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës est d’accroître, grâce à la gestion des menaces causées par l’humain, la résilience des sous-populations existantes ainsi que des autres sous-populations qui pourraient être découvertes.

5.2 Justification du but du rétablissement (population et répartition)

La séligérie à feuilles aiguës a été désignée comme espèce en voie de disparition en raison de la petite taille de sa population (deux sous-populations au Canada; COSEWIC, 2018), qui compromet la résilience de celle-ci. Bien qu’on ne dispose pas de données historiques sur la population et la répartition de la séligérie à feuilles aiguës, on croit que cette espèce n’était pas beaucoup plus abondante ou répandue avant les effets de l’activité humaine et qu’elle serait donc, même dans un état rétabli, toujours évaluée comme étant en voie de disparition. Il est malgré tout possible d’atténuer les menaces à sa persistance qui sont d’origine humaine, et ainsi d’accroître la taille et la résilience des deux sous-populations existantes connues (de même que de toutes les autres qui pourraient être découvertes à l’avenir). Les principales menaces d’origine humaine qui pèsent sur cette espèce sont le risque d’extraction du calcaire de grande qualité sur lequel elle pousse, et l’entretien ou l’élargissement d’une route adjacente.

5.3 Objectifs de rétablissement

Les objectifs de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës sont les suivants :

  1. Rétablir la séligérie à feuilles aiguës au Canada en augmentant, grâce à la gestion des menaces causées par l’humain, la résilience des sous-populations existantes ainsi que des autres sous-populations qui pourraient y être découvertes;
  2. Réaliser des inventaires dans l’habitat convenable afin de découvrir d’autres sous‑populations;
  3. Mener des recherches scientifiques pour combler les lacunes en matière de connaissances quant aux besoins biologiques et aux caractéristiques de l’habitat de l’espèce;
  4. Lancer un programme de surveillance officiel dans le but de consigner, de manière fiable, des données sur les tendances de la population;
  5. Sensibiliser la population à l’égard de la séligérie à feuilles aiguës;
  6. Accroître la capacité de conservation de cette espèce et d’autres bryophytes en voie de disparition en Colombie-Britannique.

6. Approches pour l’atteinte des objectifs

Les mesures suivantes ont été catégorisées selon la version 2 du système de classification des actions de conservation de l’UICN-CMP (CMP, 2016). Leur état d’avancement pour la séligérie à feuilles aiguës est indiqué entre parenthèses.

6.1 Mesures déjà achevées ou en cours

Le processus de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës en est encore aux stades préliminaires. Jusqu’à présent, le rapport de situation du COSEPAC sur la séligérie à feuilles aiguës a été terminé, et le Comité a désigné l’espèce comme étant en voie de disparition en 2018.

6.2 Tableau de planification du rétablissement

Les mesures sont décrites dans le tableau 6 de la partie 2 en fonction de l’objectif, des mesures désignées pour l’atteindre, de la méthode de mesure du rendement, des menaces ou des préoccupations visées et de la priorité [essentiel = mesure urgente et importante qui doit commencer immédiatement; nécessaire = mesure importante, mais non urgente qui peut être prise dans les deux à cinq prochaines années; bénéfique = mesure bénéfique qui pourrait être prise quand cela sera possible].

Tableau 4 de la partie 2. Mesures de rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës

B. Changement comportemental / actions de réduction de la menace
3. Sensibilisation
Objectif Numéroa Classification des mesures Mesures à prendre pour atteindre les objectifs Indicateurs de rendement Menacesb ou préoccupations visées Prioritéc
Sensibilisation et renforcement du soutien 3.1 Sensibilisation et communications Accroître la prise de conscience à l’égard de l’espèce par la sensibilisation du public. Billet de blogue rédigé. Sous-appréciation des bryophytes en voie de disparition Bénéfique
C. Actions concernant les conditions favorables
6. Désignation et planification de la conservation
Objectif Numéroa Classification des mesures Mesures à prendre pour atteindre les objectifs Indicateurs de rendement Menacesb ou préoccupations visées Prioritéc
Protection 6.1 Désignation et/ou acquisition d’aires protégées Protéger cette espèce contre les activités d’extraction des ressources, y compris l’exploitation de carrières de calcaire, l’exploitation forestière et les corridors de transport, en désignant comme aires protégées les zones où elle se trouve. Aires protégées désignées par le gouvernement de la Colombie-Britannique.

3.2 Exploitation de mines et de carrières 4.1 Routes et voies ferrées

5.3 Exploitation forestière et récolte du bois

9.5 Polluants atmosphériques

Essentielle
Protection 6.4 Planification de la conservation Planifier la protection de cette espèce contre les impacts possibles des activités d’entretien des routes. Accords d’intendance en place.

4.1 Routes et voies ferrées

9.5 Polluants atmosphériques

Essentielle
8. Recherche et suivi
Objectif Numéroa Classification des mesures Mesures à prendre pour atteindre les objectifs Indicateurs de rendement Menacesb ou préoccupations visées Prioritéc
Recherche; Suivi; Inventaire 8.1 Recherche fondamentale et suivi de la situation

Déterminer l’habitat convenable pour cette espèce. Décrire et quantifier les besoins en matière d’habitat. Cerner les obstacles potentiels à la reproduction et à la persistance de la population.

Modéliser les effets des changements climatiques.

Faire le suivi des sous-populations connues pour veiller à leur stabilité.

Réaliser des inventaires dans l’habitat potentiel pour découvrir d’autres sous‑populations.

Besoins en matière d’habitat cartographiés. Rapport ou autre document publié.

Modèle climatique préparé à l’aide des paramètres de l’habitat futur et des futures conditions environnementales pour cette espèce.

Programme de suivi créé et suivi de la population effectué tous les deux ans.

Inventaire réalisé dans l’habitat potentiel pour déterminer s’il existe d’autres sous-populations.

11.2 Sécheresses; lacunes dans les connaissances Essentielle
9. Éducation et formation
Objectif Numéroa Classification des mesures Mesures à prendre pour atteindre les objectifs Indicateurs de rendement Menacesb ou préoccupations visées Prioritéc
Sensibilisation et renforcement du soutien 9.1 Éducation formelle Sensibiliser les étudiants de niveau postsecondaire à l’espèce et aux autres bryophytes en voie de disparition par l’enseignement de la conservation des bryophytes. L’espèce est intégrée dans le module du cours de bryologie qui porte sur la conservation des bryophytes. Lacunes dans les connaissances Bénéfique
Sensibilisation et renforcement du soutien 9.2 Formation et développement des capacités individuelles Sensibiliser à l’espèce par l’offre d’un atelier d’identification axé sur les petites bryophytes associées aux calcaires. Au moins une activité de sensibilisation a été offerte aux bryologues amateurs et professionnels. 6.3 Travaux et autres activités; lacunes dans les connaissances Bénéfique
10. Développement institutionnel
Objectif Numéroa Classification des mesures Mesures à prendre pour atteindre les objectifs Indicateurs de rendement Menacesb ou préoccupations visées Prioritéc
Sensibilisation et recherche collaborative 10.3 Développement d’alliances et de partenariats Approfondir la compréhension de la biologie de l’espèce et de sa situation mondiale en collaborant avec des bryologues de l’UICN de pays où l’espèce est présente. L’évaluation du Seligeria acutifolia aux fins de la Liste rouge mondiale de l’UICN a été rédigée et publiée. Lacunes dans les connaissances Bénéfique

a Les actions sont numérotées selon la version 2.0 de la classification des actions de conservation de l’UICN-CMP.

b Les menaces sont numérotées selon la version 2.0 de la classification des menaces de l’UICN-CMP.

c Essentielle = urgente et importante, la mesure doit être prise immédiatement; nécessaire = importante, mais non urgente, la mesure peut être prise dans les deux à cinq prochaines années; bénéfique = la mesure est bénéfique ou peut être prise à tout moment convenable.

d Les lignes ayant un fond noir indiquent la classification hiérarchique de « niveau 0 » selon la classification des actions du CMP. Selon ce système, il s’agit de la classification des actions la plus générale, laquelle permet de regrouper les actions connexes de manière logique.

e Il est à noter que l’inclusion explicite de ces actions dans la classification normalisée ne signifie pas que nous appuyons ces procédés.

6.3 Commentaires à l’appui du tableau de planification du rétablissement

Les mesures recommandées ont été groupées d’après la classification des actions de conservation de l’UICN-CMP.

6.3.1 Action 3 : Sensibilisation
Action 3.1 : Sensibilisation et communication

Il sera profitable de faire connaître la séligérie à feuilles aiguës au moyen d’activités de sensibilisation. Cela peut se faire par la publication de billets de blogue, la rédaction d’articles, des conférences publiques et d’autres activités similaires.

6.3.2 Action 6 : Désignation et planification de la conservation
Action 6.1 : Désignation et/ou acquisition d’aires protégées

Les deux sous-populations connues de séligéries à feuilles aiguës se trouvent sur des terres publiques provinciales. Il est essentiel de protéger l’espèce contre les activités d’extraction des ressources, y compris l’exploitation de carrières de calcaire, l’exploitation forestière et les infrastructures de transport associées, en désignant comme aires protégées les zones où elle se trouve.

Action 6.4 : Planification de la conservation

L’élaboration d’un accord d’intendance visant la préservation de l’espèce contre les impacts possibles des activités d’entretien des routes, en collaboration avec les gestionnaires fonciers concernés, est essentielle à sa conservation.

6.3.3 Action 8 : Recherche et suivi
Action 8.1 : Recherche fondamentale et suivi de la situation

La recherche fondamentale et le suivi de la situation sont essentiels à la conservation de la séligérie à feuilles aiguës en Colombie-Britannique. Les activités suivantes, de la plus haute priorité, sont jugées essentielles au rétablissement de l’espèce :

Toutes ces activités devraient commencer immédiatement.

6.3.4 Action 9 : Éducation et formation
Action 9.1 : Éducation formelle

Le fait de former les étudiants universitaires au sujet de l’espèce et d’autres bryophytes en péril sera bénéfique pour renforcer le soutien et la capacité de conservation à long terme dans la province et ailleurs au pays.

Action 9.2 : Formation et développement des capacités individuelles

Des présentations au public axées sur la conservation des bryophytes, des excursions sur le terrain pour les botanistes et autres personnes intéressées, et des ateliers pratiques pour enseigner aux praticiens comment identifier les petites bryophytes associées au substrat calcaire seront profitables à la séligérie à feuilles aiguës par la sensibilisation et la formation des personnes à l’égard de l’espèce.

6.3.5 Action 10 : Développement institutionnel
Action 10.3 : Développement d’alliances et de partenariats

Le développement d’alliances et de partenariats axés sur la production de connaissances et la coordination des activités de conservation favorisera le rétablissement de la séligérie à feuilles aiguës. La collaboration avec des bryologues étrangers en provenance de pays où l’espèce est présente, dans le but d’obtenir des données et de rédiger conjointement une évaluation aux fins de la Liste rouge de l’UICN, permettra d’approfondir les connaissances sur l’espèce et d’améliorer sa situation à l’échelle mondiale. La collaboration avec des bryologues de partout au Canada qui travaillent à la conservation d’autres bryophytes inscrites sur la liste du COSEPAC profitera également à la séligérie à feuilles aiguës.

7. Habitat de survie et de rétablissement de l’espèce

L’habitat de survie et de rétablissement est défini comme l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement de l’espèce. Il s’agit de la zone où l’espèce est naturellement présente ou dont elle dépend, directement ou indirectement, pour accomplir les processus de son cycle vital, ou encore de la zone que l’espèce occupait auparavant et où elle pourrait être réintroduite.

7.1 Description biophysique de l’habitat de survie et de rétablissement de l’espèce

Une description des éléments biophysiques connus de l’habitat et des caractéristiques qui sont nécessaires à l’accomplissement des processus (fonctions) du cycle vital de l’espèce se trouve à la section 3.3.

7.2 Description spatiale de l’habitat de survie et de rétablissement de l’espèce

La superficie d’habitat de survie et de rétablissement dont une espèce a besoin dépend de la quantité d’habitat nécessaire pour atteindre le but du rétablissement. Le présent document ne comporte aucune carte, mais il est recommandé de fournir une description des emplacements de l’habitat de survie et de rétablissement dans le paysage, de manière à rendre possible l’atténuation des menaces pesant sur l’habitat et à faciliter la mise en œuvre des mesures visant l’atteinte des objectifs de rétablissement (population et répartition).

8. Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-après offrent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte du but et des objectifs de rétablissement (population et répartition). Une liste d’indicateurs est présentée pour chaque objectif, avec pour cible la réalisation de chacun d’eux dans les délais prescrits. Ces indicateurs sont intégrés au tableau des mesures de rétablissement, à la section 6.2.

Indicateurs liés à l’objectif 1

Indicateurs liés à l’objectif 2

Indicateurs liés à l’objectif 3

Indicateurs liés à l’objectif 4

Indicateurs liés à l’objectif 5

Indicateurs liés à l’objectif 6

9. Effets sur les espèces non ciblées

L’outil IMAP du CDC de la Colombie-Britannique n’a permis de relever aucune espèce ou communauté en péril inscrite sur les listes provinciales ou fédérales à proximité des deux sous‑populations de séligéries à feuilles aiguës. De plus, les activités de rétablissement prévues ne devraient pas avoir d’incidence négative sur les espèces et les communautés non ciblées, ni sur les processus écologiques, la terre, l’air ou l’eau.

10. Références

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2025-03-18