Plan de gestion de la réserve nationale de faune de la Baie-Wallace : chapitre 1
1 Description de l'aire protégée
La réserve nationale de faune (RNF) de la Baie-Wallace est située dans le fond de la baie Wallace, immédiatement à l'ouest de l'embouchure de North Wallace River dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse (45° 50' N 63° 34' O). On y trouve une grande diversité de milieux différents réunis sur un territoire relativement restreint, progressant de marais salés, de marais saumâtres et de marais d'eau douce à niveau d'eau contrôlé vers une bordure de hautes terres boisées et de milieux ouverts (figure 1 et figure 2).
La RNF est divisée en deux parties par un chemin et un barrage adjacent muni de vannes à sens unique appelé Aboiteau road. Cet ouvrage de régulation du niveau d'eau protège environ 250 hectares (ha) de milieux humides principalement d'eau douce du côté ouest du chemin, dont un marécage boisé, des bassins d'eau douce, des marais intertidals et le chenal de la rivière. Du côté de l'aboiteau orienté vers la baie, la RNF englobe environ 195 ha de marais salé, de chenaux de marée et de bassins de retenue. Ces milieux humides salés sont bordés par environ 140 ha de hautes terres comprenant une mosaïque de forêts de conifères et de feuillus, de friches en début de succession et de terres agricoles.
Ce site côtier constitue une importante aire de repos et halte migratoire pour la sauvagine et d'autres espèces d'oiseaux qui dépendent des milieux humides. La RNF de la Baie-Wallace est gérée par le Service canadien de la faune (SCF) d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et est classée comme une aire protégée de catégorie VI selon la classification de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette classification est fondée sur des objectifs de gestion, et la catégorie VI est assignée aux aires protégées gérées à des fins d'utilisation durable des ressources naturelles des écosystèmes et milieux naturels.
Le gouvernement a acheté les terres de la baie Wallace à des intérêts privés entre 1971 et 1973, et le site a été désigné réserve nationale de faune le 5 juin 1980. La RNF de la Baie-Wallace est administrée en vertu du Règlement sur les réserves d'espèces sauvages de la Loi sur les espèces sauvages du Canada .
Catégorie | Information |
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Désignation de l'aire protégée | Réserve nationale de faune |
Province ou territoire | Nouvelle-Écosse |
Latitude et longitude | 45° 50' N 63° 34' O |
Superficie (ha) | 585 ha |
Critère de sélection de l'aire protégée | Historique : Protection d'une aire fréquentée par des concentrations d'oiseaux. Actuels : L'aire satisfait au critère 1a), selon lequel l'aire répond aux besoins de la population d'une espèce ou d'une sous-espèce, ou d'un groupe d'espèces, qui s'y concentre pendant une partie quelconque de l'année. Cette zone satisfait aussi au critère 2b), selon lequel l'aire a une valeur particulière pour le maintien de la diversité génétique et écologique d'une région en raison de la qualité et de l'unicité de sa faune et de sa flore. |
Système de classification des aires protégées | Référence : Guide des aires protégées, annexe 8. |
Classification de l'Union internationale pour la conservation de la faune | VI |
Numéro de décret en conseil | C.P. 1980-1479 |
Numéro du Répertoire des biens immobiliers fédéraux | 3217 |
Publication dans la Gazette du Canada | 5 juin 1980 |
Autres désignations | Aucune |
Importance faunistique et floristique | Cette zone contient de nombreux milieux humides côtiers, dont des marais d'eau douce et d'eau salée, et constitue un habitat important pour la sauvagine et les oiseaux qui dépendent des milieux humides. Une grande diversité d'habitats est concentrée sur un territoire restreint. |
Espèces envahissantes | Des érables de Norvège (Acer platanoides) sont présents de façon localisée autour de maisons abandonnées. |
Espèces en péril | Quelques espèces en péril ont été observées. Le faucon pèlerin est vraisemblablement le seul visiteur régulier en automne (voir la section 2.3). |
Organisme de gestion | Service canadien de la faune |
Accès public et utilisation publique | L'accès à la RNF de la Baie-Wallace est autorisé pour des activités telles que l'observation d'espèces animales sauvages, la photographie, la cueillette (non commerciale) de petits fruits, la randonnée pédestre et le canotage. La chasse, la pêche et le piégeage (principalement du rat musqué) sont autorisés comme indiqué sur les avis publics affichés à l'entrée de la RNF, pourvu que ces activités soient menées à bien en conformité de la réglementation fédérale et provinciale applicable. Une aire de stationnement et une rampe de mise à l'eau ont été aménagées et sont entretenues à l'intention du public en bordure du chemin Aboiteau; l'utilisation d'embarcations munies d'un moteur de moins de dix chevaux-puissance est autorisée. |
Autres renseignements pertinents | Les plaisanciers doivent faire preuve de prudence lorsqu'ils naviguent à proximité de l'aboiteau sous le chemin Aboiteau, la voie publique qui divise la RNF en deux parties. Ils doivent également vérifier l'horaire des marées. |
1.1 Contexte régional
La RNF de la Baie-Wallace est une parcelle de terrain de 585 ha de forme allongée et au contour irrégulier qui est située dans le fond de Wallace Bay, dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse (Barkhouse, 1980). Elle se trouve dans l'écozone maritime de l'Atlantique, une des quinze écozones terrestres du Canada. L'écozone maritime de l'Atlantique englobe la totalité du Nouveau-Brunswick, l'île du Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse ainsi que la péninsule gaspésienne, au Québec. À l'intérieur de cette écozone, la RNF est située dans l'écorégion des Basses terres des Maritimes et dans l'écodistrict des Basses terres de Pictou-Cumberland (Webb et Marshall, 1999) (figure 3).
Selon le système de classification de la Nouvelle-Écosse, la RNF se trouve également dans l'écorégion des Basses terres de Bras d'Or Northumberland et dans l'écodistrict des Basses terres de Northumberland (Neily et al., 2003). Cette région est caractérisée par une faible élévation rarement supérieure à 50 m et présente des conditions climatiques parmi les plus favorables à la croissance en Nouvelle-Écosse. Les eaux du détroit de Northumberland contribuent à maintenir les températures modérées, et l'apparition des glaces s'en trouve retardée de quelques semaines. À 1 128 mm, la moyenne des précipitations annuelles est relativement faible pour la province; les régions côtières peuvent être un peu plus sèches que les secteurs plus continentaux (Neily et al., 2003).
La géographie sous-jacente consiste en des sédiments carbonifères de grès rouge parsemés de dépôts occasionnels de gypse et de sel (Roland, 1982). L'exploitation minière commerciale la plus proche, la Canadian Salt Co. Ltd, se trouve à 5 km à l'ouest de la RNF, près du village de Pugwash (Neily et al., 2003).
1.2 Contexte historique
La région de Wallace Bay était autrefois connue sous le nom de Remsheg. Ce nom est apparemment dérivé d'un mot micmac signifiant « le lieu entre » (Brown, 1973). Le secteur était sans aucun doute important pour les micmacs en raison de ses eaux côtières productives, riches en sauvagine, en coquillages et en poissons anadromes tels que le gaspareau (Alosa pseudoharengus) et l'alose d'été (Alosa aestivalis).
Les Acadiens ont établi une petite colonie dans le havre de Wallace vers 1710 et ont reconquis de la mer les marais côtiers. Après la déportation des Acadiens en 1755, les terres autour de Wallace Bay ont été recolonisées en 1784 par des Loyalistes de l'Empire-Uni provenant de New York. Une grande partie du territoire ainsi recolonisé était compris dans la « Remsheg Grant » (Brown, 1973). Bon nombre des noms des familles qui s'y sont établies figurent sur la carte de Church illustrant la colonie vers 1873 (figure 4); un certain nombre de descendants de ces colons ressentent un fort attachement pour les terres de leurs ancêtres et occupent toujours les mêmes fermes aujourd'hui.
Entre le milieu et la fin des années 1800, les terres marécageuses endiguées et drainées reconquises de la mer fournissaient des fourrages de grande valeur. Ces basses terres se prêtaient à l'utilisation d'équipement de fauche tiré par des chevaux et, à la fin du XIXe siècle, les recettes tirées de la vente de ce fourrage constituaient un apport important à l'économie de la région. La culture du foin s'est poursuivie durant plusieurs années jusqu'au XXe siècle, mais la superficie des terres exploitées a progressivement diminué sous l'effet de la mécanisation accrue de l'équipement agricole et de la réduction de la main-d'œuvre. La population locale a continué de s'efforcer d'empêcher la mer de reprendre ses droits sur les terres au niveau de l'aboiteau jusqu'au début du XXe siècle (figure 5). Toutefois, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la quasi-totalité des terres marginales et des terres marécageuses étaient inexploitées, à l'exception de quelques pâturages (Brown, 1973).
De nos jours, un chemin provincial et un aboiteau divisent presque également la RNF de la Baie-Wallace en deux portions constitués de milieux humides d'eau douce et d'eau salée. L'aboiteau agit à la façon d'une vanne à sens unique, empêchant les eaux de marée de pénétrer dans les milieux humides principalement d'eau douce de la section ouest tout en permettant la sortie de l'eau douce. La première structure aménagée au site de l'aboiteau, alors appelé « le passage », a été construite en 1838. Au fil des ans, et aussi récemment qu'en 1984, d'importants travaux de réfection et de remplacement ont dû être effectués pour préserver la structure. À compter de 1973, la construction de digues et d'ouvrages de régulation du niveau d'eau en collaboration avec Canards Illimités Canada (CIC) a permis de reconvertir en marais d'eau douce 138 ha de terres agricoles inexploitées depuis de nombreuses années, principalement du côté de l'aboiteau orienté vers les milieux d'eau douce (Canards Illimités Canada et Service canadien de la faune, 1989).
À l'époque, la portion intertidale du chenal de Wallace Bay constituait pour les habitants de la région une importante source de poissons, de mollusques et de crustacés, en particulier d'éperlans, de gaspareaux et d'huîtres. Le gaspareau et les huîtres font actuellement l'objet d'une récolte commerciale. Le ministère des Pêches et de l'Aquaculture de la Nouvelle-Écosse gère une concession aquicole de 2,2 ha (numéro de site 0331) dans le chenal de la baie Wallace.
À l'intérieur de la RNF, la majeure partie des quelques 134 ha de hautes terres bordant une grande partie du côté sud de la RNF a été déboisée et convertie en terres agricoles après la colonisation de la région de Wallace Bay en 1784. Les vestiges de huit maisons, d'un magasin et d'un moulin sont encore visibles dans la RNF (Brown, 1973). Toutes ces structures étaient déjà abandonnées depuis longtemps lorsque la réserve nationale de faune a été créée.
1.3 Propriété des terres
La plupart des hautes terres et des milieux humides mentionnés dans la Gazette du Canada comme étant compris dans la RNF de la Baie-Wallace appartiennent au gouvernement du Canada. Les limites de la propriété de ces parcelles côtières suivent la ligne annuelle moyenne des hautes eaux (marée normale). Les terres se trouvant sous les eaux de marée dans la RNF appartiennent à la province de la Nouvelle-Écosse.
La RNF englobe 10 ha de terres agricoles utilisées comme pâturages ou affectées à la culture du foin ou de céréales par les producteurs voisins. Cette forme d'utilisation des terres s'inscrit dans la tradition locale et permet le maintien d'un agroécosystème qui profite aux espèces qui se nourrissent de restes de grains au sol et des oiseaux qui nichent dans des milieux prairiaux. Ces activités sont autorisées sous réserve d'un permis délivré en vertu du Règlement sur les réserves d'espèces sauvages .
Le gouvernement fédéral ne détient pas les droits d'exploitation du sous-sol pour la RNF de la Baie-Wallace (figure 6).
1.4 Installations et infrastructure
Il n'y a ni routes ni édifices dans la RNF de la Baie-Wallace. Une aire de stationnement et une rampe de mise à l'eau donnant accès aux bassins d'eau douce et au chenal ont été aménagées à l'intention du public du côté sud-ouest du pont-jetée d'Aboiteau Road. L'utilisation d'embarcations munies d'un moteur hors-bord de moins de 10,0 chevaux-puissance est autorisée, mais les véhicules hors route sont interdits. Des visites d'entretien sont régulièrement effectuées pour inspecter les lieux et remplacer au besoin les panneaux de signalisation (panneaux indiquant les limites de la RNF, avis publics et panneaux d'identification de la RNF de 2 pi x 4 pi) (tableau 2).
La plus grande infrastructure dans la RNF est le réseau de digues et d'ouvrages de régulation du niveau d'eau dont l'entretien est assuré par Canards Illimités Canada, en collaboration avec le Service canadien de la faune (tableau 3).
Type d'installation ou d'infrastructure | Longueur ou superficie approximative ou nombre | Gestionnaire ou propriétaire |
---|---|---|
Limites de la propriété | 20,9 km | SCF - ECCC |
Panneaux indiquant les limites | 300 | SCF - ECCC |
Panneaux d'identification de la RNF | 1 | SCF - ECCC |
Avis publics | 10 | SCF - ECCC |
Sentiers (non améliorés) | 3,7 km | SCF - ECCC |
Passerelles | 3 | SCF - ECCC |
Rampe de mise à l'eau | 1 | SCF - ECCC |
Aire de stationnement (1) | 900 m² | SCF - ECCC |
Points d'accès pour l'entretien | (2) | SCF - ECCC |
Bassins de retenue/projets (7)a | 186,5 ha | Canards Illimités Canada |
Ouvrages de régulation des eaux | 7 | Canards Illimités Canada |
a Canards Illimités Canada et Service canadien de la faune
Numéro du projet | Nom du projet | Année de la construction | Superficie (ha) | Élévation du marais (pieds)b | Niveau maximal d'exploitation (pieds)b | Niveau normal d'exploitation (pieds)b |
---|---|---|---|---|---|---|
6144 | 1 | 1973 | 52,6 | 0,2 | 4,0 | 1,7 |
6145 | 2A | 1973 | 44,5 | 0,2 | 2,8 | 1,2 |
6145 | 2B | 1973 (digue transversale en 1979) | 8,9 | 0,3 | 2,7 | 2,7 |
6145 | 2C | 1973 (subdivisé de 2A en 1988) | 9,7 | 0,3 | 2,8 | 1,1 |
6152 | 3A | 1974 | 18,2 | 3,2 | 5,5 | 3,9 |
6152 | 3B | 1978 | 4 | 3,6 | 5,5 | 5,3 |
6190 | Marais naturel | 1977 | 48,6 | - | - | - |
TOTAL | - | - | 186,5 | - | - | - |
b Système canadien de référence altimétrique de 1928 (CGVD28); élévation au-dessus du niveau de la mer.
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