Plan de gestion de la réserve nationale de faune de la Baie-Wallace : chapitre 2


2 Ressources écologiques

2.1 Habitats terrestres et aquatiques

Les hautes terres et les milieux humides de faible élévation de la réserve nationale de faune (RNF) de la Baie-Wallace abritent une diversité inhabituellement élevée de plantes pour un site de cette superficie dans la région (Blaney et al., 2011). La RNF de la Baie-Wallace abrite 472 espèces de plantes vasculaires, dont 373 espèces indigènes et 99 espèces non indigènes. Étonnamment, seul un nombre relativement faible de ces espèces sont rares, seulement huit d'entre elles sont inscrites sur la liste provinciale des espèces en péril.

Lorsque les terres destinées à faire partie de la RNF ont été achetées par le Service canadien de la faune entre 1971 et 1973, la plupart des terres marécageuses anciennement exploitées à des fins agricoles consistaient en un mélange d'étangs, de marais et de marécages, et peu de traces d'une ancienne activité agricole subsistaient. La végétation est composée de plusieurs espèces, dont la spirée à larges feuilles (Spiraea latifolia), la spartine pectinée (Spartina pectinata), la calamagrostide du Canada (Calamagrostis canadensis), le scirpe des étangs (Scirpus validus), le scirpe souchet (Scirpus cyperinus), le rosier de Virginie (Rosa virginiana) et l'aulne rugueux (Alnus rugosa) (Whitman, 1966).

Depuis l'aménagement des bassins de régulation du niveau d'eau (effectué en collaboration avec Canards Illimités Canada), ces milieux humides d'eau douce peu profonds comportent un mélange de zones d'eau libre et de zones à couvert émergent. La végétation émergente y est dominée par les quenouilles (Typha spp.) et le rubanier à gros fruits (Sparganium eurycarpum), et la végétation submergée et flottante, par la lenticule mineure (Lemna minor) et deux espèces de potamots (Potamogeton pusillus et P. epihydrus).

Le grand marais salé qui s'étend des deux côtés du chenal de marée à l'est du chemin Aboiteau est essentiellement un « haut » marais salé qui n'est généralement pas submergé quotidiennement par les marées, et qui était autrefois ciblé pour des fins d'endiguement par les premiers colons. La végétation de ce marais est dominée par la spartine étalée (Spartina patens). La spartine alterniflore (Spartina alterniflora) est présente dans les sections inférieures du marais et le long des chenaux de marée. Des bassins de marais salé procurant un habitat aux petits poissons sont présents un peu partout dans les milieux humides intertidaux.

Les quelques 100 ha de forêt dans la RNF abritent un mélange de feuillus et de conifères, dont le peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), l'érable rouge (Acer rubrum), le bouleau à papier (Betula papyrifera), le bouleau gris (Betula populifolia), le sapin baumier (Abies balsamea) et des épinettes (Picea spp.). Un îlot de 5 ha situé dans le marais salé est composé de chênes rouges matures (Quercus borealis), de peupliers à grandes dents (Populus grandidentata) et de pins blancs (Pinus strobus). Ce petit îlot est un reliquat d'un type de peuplement qui était vraisemblablement plus commun à l'époque le long de la côte.

La RNF comprend 10 ha de hautes terres agricoles qui sont exploitées par les producteurs locaux sous réserve d'un permis. On y trouve également 14 ha additionnels de friches de début de succession qui abritent plusieurs espèces de graminées, d'herbacées non graminoïdes, d'arbustes et de jeunes arbres.

Pour une liste complète des plantes présentes dans la RNF de la Baie-Wallace, voir Malone, 1978; Spicer et MacKinnon, 1998; Blaney et al., 2011.

2.2 Faune

2.2.1 Oiseaux

Neuf espèces de sauvagine se reproduisent régulièrement dans la RNF de la Baie-Wallace, soit la sarcelle d'hiver (Anas crecca), le canard noir (Anas rubripes), le canard colvert (Anas platyrynchos), le canard pilet (Anas acuta), la sarcelle à ailes bleues (Anas discors), le canard souchet (Anas clypeata), le canard d'Amérique (Anas americana), le fuligule à collier (Aythya collaris) et le harle couronné (Lophodytes cucullatus). Des couvées de canard branchu (Aix sponsa) et de fuligule à tête rouge (Aythya americana), une espèce moins commune, ont également été observées. Fait intéressant, la première couvée de fuligule à tête rouge a été observée en 1979, et au cours de trois des cinq années subséquentes, d'autres couvées ont été découvertes dans la RNF.

L'importance que revêt actuellement la RNF de la Baie-Wallace pour la reproduction de la sauvagine résulte en grande partie des travaux d'aménagement de milieux humides et d'amélioration de l'habitat réalisés depuis 1972 par Canards Illimités Canada en collaboration avec le Service canadien de la faune. Ces milieux humides supportent actuellement entre 70 et 80 couvées de canards par année. Les milieux humides de la RNF constituent également d'importantes aires de repos et haltes migratoires pour la sauvagine. Le nombre d'individus augmente de façon soutenue peu après le milieu de juillet avec l'arrivée d'adultes s'étant déjà reproduits et de jeunes de l'année pour culminer à plus de 1 000 individus vers le milieu de septembre. Les principales espèces qui utilisent la RNF de la Baie-Wallace comme aire de repos ou halte migratoire sont la bernache du Canada (Branta canadensis), la sarcelle d'hiver, le canard noir et la sarcelle à ailes bleues. D'autres espèces, dont le canard d'Amérique, le fuligule à collier, le harle couronné et le grand harle (Mergus merganser), se rencontrent communément en plus faible abondance. Le fuligule milouinan (Aythya marila) se rencontre en petits groupes à la fin de l'automne (tableau 4).

Tableau 4 : Nombre maximal d'individus par espèce de sauvagine observés quotidiennement dans la RNF de la Baie-Wallace (données d'ECCC/SCF)
Espèces de sauvagine Nombre maximal observe
Canard noir 600
Bernache du Canada 500
Sarcelle d'hiver 250
Sarcelle à ailes bleues 200
Fuligule à collier 100
Canard d'Amérique 50
Grand harle 100
Harle couronné 75
Fuligule milouinan 50

Les milieux humides de la RNF de la Baie-Wallace sont également importants pour diverses autres espèces d'oiseaux de marais. La bécassine de Wilson (Gallinago delicata), la marouette de Caroline (Porzana carolina) et le grèbe à bec bigarré (Podilymbus podiceps) sont fréquemment observés dans les milieux humides d'eau douce. Le butor d'Amérique (Botaurus lentiginosus) et le troglodyte des marais (Cistothourus palustris) sont également présents, mais plus rarement observés (Cash et al., 1981). Le petit blongios (Ixobrychus exilis), désigné « espèce menacée » par le COSEPAC, a été observé dans le bassin de retenue no 1 en 1981 (Cash et al., 1981; Erskine, 1992).

2.2.2 Mammifères

La plupart des mammifères terrestres communément observés en Nouvelle-Écosse sont suceptibles d'être présents dans la RNF de la Baie-Wallace (Banfield, 1974; Gilhen et Scott, 1981; Dawe, 2004). Presque la totalité des plus grands mammifères y est présente. Le rat musqué (Ondatra zibethicus) est probablement l'espèce la plus commune et la plus visible dans les milieux humides. Cinq espèces de petits mammifères, soit la musaraigne cendrée (Sorex cinereus), la musaraigne des Maritimes (Sorex maritimensis), la grande musaraigne (Blarina brevicauda), la souris sylvestre (Peromyscus maniculatus) et le campagnol des champs (Microtus pennsylvanicus), ont été observées. La présence de cinq autres espèces de petits mammifères est jugée probable, compte tenu de l'habitat disponible (Dawe, 2004).

2.2.3 Reptiles et amphibiens

La plupart des espèces de reptiles et d'amphibiens communément observées dans la région sont probablement présentes dans la RNF de la Baie-Wallace. Aucun inventaire détaillé n'a été effectué, mais les espèces suivantes y sont fréquemment observées : grenouille verte (Rana clamitans), rainette crucifère (Hyla crucifer), salamandre maculée (Ambystoma maculatum), ouaouaron (Rana catesbeiana), grenouille du Nord (Rana septentrionalis) etcouleuvre rayée des Maritimes (Thamnophis sirtalis pallidulus). Neuf autres espèces sont peut-être présentes dans la RNF (Brannen, 2001).

2.2.4 Poissons

La présence de neuf espèces de poissons a été documentée dans la RNF de la Baie-Wallace, mais d'autres espèces de poissons marins sont certainement présentes. Le gaspareau (Alosa pseudoharengus) et l'anguille d'Amérique (Anguilla rostrata) font l'objet d'une pêche commerciale au moyen de filets tendus dans le chenal de marée à proximité de l'aboiteau. Les nombreux chenaux de marée et bassins d'eau salée abritent des espèces typiquement d'eau saumâtre et d'eau salée telles que le fondule barré (Fundulus majalis), l'épinoche à neuf épines (Pungitius pungitius) et l'épinoche à quatre épines (Apeltes quadracus), trois espèces importantes à titre d'espèces proies pour diverses espèces sauvages.

2.3 Espèces en péril

Sept espèces désignées « menacées » par le COSEPAC et une autre espèce classée « en voie de disparition » (bécasseau maubèche) pourraient être observées dans la RNF de la Baie-Wallace. Trente-neuf autres espèces sont jugées ou ont déjà été jugées préoccupantes à l'échelle provinciale.

Quelques espèces inscrites sur la liste de la Loi sur les espèces en péril (LEP) ont été observées dans la RNF de la Baie-Wallace. Certaines d'entre elles, comme le faucon pèlerin, visitent probablement la région occasionnellement, tandis que d'autres, comme le petit blongios, une espèce qui préfère les peuplements denses de quenouilles, pourraient trouver un habitat qui leur convient dans la RNF (tableau 5).

Tableau 5 : Espèces en péril de la RNF de la Baie-Wallace.

Noms commun et scientifique de l'espèce Statut
Canada
LEPc
Statut
Canada
COSEPACd
Statut
Nouvelle-Écosse
Cote provincialee
Présencef

Oiseaux Hirondelle rustique Hirundo rustica Non classée Menacée En voie de disparition (2013) Probable
Oiseaux Goglu des prés Dolichonyx oryzivorus Non classée Menacée Non classée Probable
Oiseaux Martinet ramoneur Chaetura pelagica Menacée Menacée En voie de disparition (2007) Probable
Oiseaux Engoulevent d'Amérique Chordeiles minor Menacée Menacée Menacée (2007) Probable
Oiseaux Petit blongios Ixobrychus exilis Menacée Menacée Non classée Confirmée
Oiseaux Faucon pèlerin Falco peregrinus anatum Préoccupante Préoccupante Vulnérable (2007) Confirmée
Oiseaux Hibou des marais Asio flammeus Préoccupante Préoccupante Non classée Potentielle

c Loi sur les espèces en péril : Disparue, disparue du pays, en voie de disparition, menacée, préoccupante, non en péril (évaluée ou jugée comme n'étant pas susceptible de disparaître) ou aucun statut (non classée).

d Comité sur la situation des espèces en péril au Canada : mêmes catégories que celles utilisées dans la LEP.

e Catégories utilisées dans la liste provinciale, le cas échéant.

f Catégories de présence : confirmée, probable ou potentielle.

2.4 Espèces envahissantes

Quelques érables de Norvège (Acer platanoides) isolés persistant à proximité d'anciennes habitations dans la RNF pourraient présenter un problème, car ils pourraient exclure par compétition des espèces végétales indigènes. Des relevés floristiques périodiques permettent de surveiller la propagation d'espèces telles que l'érable de Norvège et d'identifier les nouvelles espèces potentiellement préoccupantes. Les autres 97 espèces de plantes non indigènes répertoriées dans la RNF ne sont pas considérées comme envahissantes.

Bien que sa présence n'ait pas été signalée dans les eaux immédiates de la RNF, le crabe vert (Carcinus maenas), une espèce envahissante originaire d'Europe, a été observé à proximité de la RNF, dans le havre de Wallace Bay, en 2001. Cette espèce livre une compétition aux espèces indigènes et représente une menace pour l'industrie des mollusques et de la zostère marine ainsi que pour la faune indigène (Seymour et al., 2002; Klassen et Locke, 2007).

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