Plan de gestion de la réserve nationale de faune du Marais-John-Lusby, 2016 : chapitre 2


2 Ressources écologiques

2.1 Habitats terrestres et aquatiques

Le couvert végétal du marais est un assemblage de différentes communautés allant de peuplements presque purs d'une seule espèce à des associations de plusieurs espèces (figures 10 et 11). La distribution des communautés est généralement régulée par la hauteur des marées (Olsen et al., 2005). Chaque espèce réagit à un régime d'inondation particulier (la fréquence et la durée de l'inondation par les eaux salées), au drainage du sol et à la salinité. Les espèces prédominantes sont les spartines (Spartina patens et S. alterniflora), la puccinellie fasciculie (Puccinellia maritime), la salicorne (Salicornia europaea) et le suéda maritime (Suaeda maritime). Les sections inférieures du marais, où Spartina alterniflora est prédominante, sont inondées deux fois par jour. Tout le marais, y compris les parties les plus élevées (marais de S. patens), n'est habituellement inondé que pendant les périodes de hautes marées « printanières ». La hauteur de ces marées peut varier considérablement tout au long de l'année et au cours du cycle des marées de 18 ans (Van Zoost, 1970; Desplanque et Mossman, 2004; Flanary et Chmura, 2007).

Aucun cas de dépérissement soudain n'a été signalé dans les marais salés de la baie de Fundy ou du Canada atlantique. On ne connaît pas avec certitude les causes du dépérissement soudain de la végétation, lorsque Spartina alterniflora meurt soudainement et ne repousse plus, mais plusieurs corrélations ont été cernées, comme l'eutrophisation, dans les cas signalés sur les côtes de l'Atlantique et du Golfe (Alber et al., 2008; Elmer et al., 2012). Phragmites sp. est présent dans les marais salés du Canada atlantique, mais Phragmites sp. n'a pas eu d'incidence négative sur les marais salés de la réserve nationale de faune (RNF) du Marais-John-Lusby ou d'autres marais salés de l'Atlantique (Hanson, 2004; Hanson et Shriver, 2006; Saltonstall, 2003; Weinstein et al., 2003). Par contre, dans les endroits où le sol est humide en raison de la présence d'eau douce, on a constaté une croissance abondante de Phragmites sp. ces dernières années (Hanson, obs. prs.), ce qui est peut-être attribuable à une forme plus invasive de Phragmites sp., dont la présence a été confirmée au Canada atlantique (Saltonstall, 2003; Hanson, obs. pers.).

Deux petits bassins de retenue totalisant 20 ha ont été aménagés en collaboration avec Canards Illimités Canada le long de la frange des hautes terres du marais (MacKinnon et al., 1985). Ils sont inondés par des eaux saumâtres peu profondes et peuplées principalement par la ruppie (Ruppia maritima) et la spartine.

Figure 10 : L'étendue remarquablement plate du marais salé de la RNF du Marais-John-Lusby comprend des habitats dont la composition végétale peut varier selon des différences d'élévation aussi minimes que quelques centimètres.
L'étendue remarquablement plate du marais salé
Photo : C. MacKinnon © Environnement et Changement climatique Canada, 2012
Figure 11 : RNF du Marais-John-Lusby, vue vers l'ouest en direction du bassin de Cumberland.
Vue vers l'ouest en direction du bassin de Cumberland.
Photo : C. MacKinnon © Environnement et Changement climatique Canada, 2012

2.2 Faune

2.2.1 Oiseaux

La RNF du Marais-John-Lusby revêt une importance capitale comme site de rassemblement et de migration de la sauvagine (Bateman, 1973; Bateman, 1974; Barkhouse, 1985; Barrow, 1985). Les deux bassins d'eau douce et d'eaux saumâtres, surtout le bassin de retenue Burgess, sont également importants pour les oiseaux de rivage migrateurs (MacKinnon et al., 1985). À l'intérieur de ces bassins, la sauvagine telle que le canard noir (Anas rubripes), le canard pilet (Anus acuta), la sarcelle d'hiver (Anas carolinensis), la sarcelle à ailes bleues (Anas discors) et le canard d'Amérique (Anas americana) sont les espèces les plus abondantes. Les nombreux marais salés et cuvettes de marée sont également un habitat précieux pour une variété d'oiseaux de rivage migrateurs. Quelques espèces, comme le chevalier semipalmé (Tringa semipalmata), sont des résidents d'été. D'autres espèces observées dans les marais comprennent le pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus), le balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), la buse pattue (Buteo lagopus) en hiver, la buse à queue rousse (Buteo jamaicensis), le busard Saint-Martin (Circus cyaneus), le faucon pèlerin (Falco peregrinus) et le hibou des marais (Asio flammeus).

Le bassin de retenue Burgess accueille une variété d'espèces d'oiseaux de rivage migrateurs tous les ans, de la fin de juillet jusqu'au mois d'août (MacKinnon et al., 1985), spécialement si un été sec expose les vasières du bassin peu profond (tableau 3). Les espèces communes dans la RNF comprennent le chevalier semipalmé (Tringa semipalmata), la bécassine des marais (Gallinago gallinago), le chevalier grivelé (Actitis macularius), le petit chevalier (Tringa flavipes), le grand chevalier (Tringa melanoleuca), le bécassin roux (Limnodromus griseus), le pluvier argenté (Pluvialis squatarola), le pluvier semipalmé (Charadrius semipalmatus), le bécasseau semipalmé (Calidris pusilla) et le bécasseau minuscule (Calidris minutilla).

2.2.2 Mammifères

On aperçoit habituellement peu d'espèces de mammifères dans la RNF du Marais-John-Lusby, qui se compose surtout d'habitats de marais salés. Le campagnol des prés (Microtus pennsylvanica) est abondant en milieu surélevé et dans la frange de hautes terres. On s'attendrait à ce qu'au moins la plupart des espèces normalement communes dans la partie continentale de la Nouvelle-Écosse fréquentent cette aire ; des espèces particulièrement communes seraient le coyote (Canis latrans), le renard roux (Vulpes vulpes), le rat musqué (Ondatra zibethicus), le raton laveur (Procyon lotor), la mouffette rayée (Mephitis mephitis), le vison (Neovison vison) et le cerf de Virginie (Odocileus virginianus) [Banfield, 1974; Gilhen et Scott, 1981; Dawe, 2004].

2.2.3 Reptiles et amphibiens

Puisque la RNF se compose principalement de marais salés, aucune espèce de reptiles ou d'amphibiens n'a été documentée dans ce site, même si l'on pourrait s'attendre à la présence d'espèces communes telles que la couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis) le long de la frange des hautes terres (Brannen, 2001).

2.2.4 Poisson

De nombreux chenaux de marée se frayent un chemin dans le marais d'eau salée de la RNF du Marais-John-Lusby. En outre, il y a des cuvettes dans le marais salé à marée basse. Les espèces caractéristiques des cuvettes de marée dont la présence ne surprend pas sont le choquemort (Fundulus heteroclitus) et l'épinoche à quatre épines (Apeltes quadracus).

2.3 Espèces en péril

Aucune espèce en péril ne se reproduit dans la RNF du Marais-John-Lusby, même si le faucon pèlerin est couramment de passage au printemps et à l'automne. Il y a trois nids de faucon pèlerin à moins de 50 km de la RNF.

2.4 Espèces envahissantes

En général, les marais salés sont un environnement où seules des espèces spécialisées de plantes halotolérantes peuvent survivre. La majorité de cette RNF est peuplée de végétaux tels que Spartina alterniflora, S. patens et S. pectinata. Pour le moment, il n'y a pas d'espèces reconnues comme étant envahissantes dans la RNF du Marais-John-Lusby.

Figure 12 : Bassin d'eaux saumâtres Burgess, RNF du Marais-John-Lusby.
Bassin d'eaux saumâtres Burgess, RNF du Marais-John-Lusby.
Photo : C. MacKinnon © Environnement et Changement climatique Canada, 1980

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