Plan de gestion de la réserve nationale de faune de la Pointe-du-Prince-Édouard : chapitre 5
5 Stratégies de gestion
Une gestion active s’impose à la réserve nationale de faune (RNF) de la Pointe-du-Prince-Édouard pour maintenir les habitats humides et en terre haute et les espèces associées. La philosophie de gestion globale de la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard consiste à protéger, à améliorer et à restaurer les habitats en terre haute et de milieu humide pour offrir un habitat de repos et d’alimentation pour la sauvagine et les oiseaux migrateurs, ainsi que pour assurer le maintien des espèces sauvages végétales et animales, y compris les espèces en péril. Toutes les mesures de gestion tiendront compte de l’utilisation de l’habitat par les espèces, des périodes critiques, des habitats essentiels et d’autres contraintes.
La présente section et le tableau 4 décrivent les approches potentielles dans la gestion de la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard. Les mesures de gestion seront toutefois déterminées au cours de l’exercice annuel de planification des activités en fonction des ressources financières et humaines disponibles.
Menaces et défis relatifs à la gestion | Buts et objectifs | Stratégies de gestion (mesures, avec niveau de priorité1) |
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But 1 : Maintenir les habitats pour le bénéfice des espèces migratrices, de la flore et de la faune résidentes indigènes, y compris les espèces en péril. Sous-but 1.1 : Maintenir et améliorer les haltes migratoires et l’habitat de reproduction en terre haute pour les oiseaux migrateurs et les autres espèces fauniques.
Sous-but 1.2 : Maintenir les habitats de prairie afin de maintenir et d’augmenter lorsqu’applicable les populations fauniques résidentes et migratrices qui en dépendent et les espèces significatives (p. ex., espèces en péril ou d’importance régionale).
Sous-but 1.3 : Maintenir et améliorer la qualité des milieux humides riverains et intérieurs associés aux Grands Lacs afin de supporter l’utilisation par les populations fauniques migratrices et résidentes, y compris les espèces en péril.
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But 2 : Réduire les effets des espèces envahissantes et des animaux féraux sur la biodiversité indigène. Sous-but 2.1 : Réduire l’étendue et le pourcentage de couverture des espèces de plantes exotiques envahissantes.
Sous-but 2.2. : Éradiquer les animaux domestiques féraux à l’intérieur de la RNF.
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Objectif 3 : Gérer les utilisations de la RNF par les êtres humains de façon à respecter les normes en vigueur et à assurer l’atteinte des objectifs de conservation. Sous-but 3.1 : Gérer les baux restants (2) à Long Point Harbour afin d’assurer qu’ils soient conformes à l’ensemble des lois, des politiques et des modalités de location fédérales et, au fil du temps, remettre en état les terres et les eaux touchées.
Sous-but 3.2 : Promouvoir les opportunités pour le public d’utilisation et d’accès responsables afin de rapprocher les Canadiens de la nature tout en gérant et en surveillant les activités des visiteurs (personnel, chercheurs, public et partenaires) dans la RNF afin d’assurer un environnement sécuritaire et de réduire les incidences écologiques des utilisations de la RNF par l’être humain.
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But 4 : Accroître la connectivité de l’habitat aux environs de la RNF de la Pointe du Prince Édouard et appuyer les efforts et les partenariats régionaux de conservation du paysage. Sous-but 4.1 : Regrouper et, là où cela est possible, étendre le territoire couvert par des zones protégées afin d’augmenter la connectivité des habitats et des corridors migratoires.
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5.1 Protection et gestion de l’habitat
Prairies et fourrés
Les activités de gestion de l’habitat et de la végétation dans la RNF ont été limitées dans le passé. La succession naturelle a plutôt pris cours sans intervention, ce qui a créé une diversité de types d’habitats dans la RNF utilisés par une vaste gamme d’espèces.
Afin de maintenir cette diversité d’habitat dans la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard, y compris de l’habitat permettrant à des espèces d’oiseaux de prairie, comme le goglu des prés, de se reproduire, une gestion active sera nécessaire.
Environnement et Changement climatique Canada a entrepris une évaluation des bienfaits et de la faisabilité de maintenir une vaste zone de prairie de 50 ha dans la RNF. Cette vaste superficie est représentative des besoins d’un certain nombre d’espèces d’oiseaux de prairie et d’autres milieux ouverts qui sont sensibles à la superficie de leur milieu. L’évaluation porte sur l’étendue et la dynamique des zones de prairie dans la réserve et sur les possibilités de gestion et de remise en état, y compris les dimensions, l’emplacement et la qualité recommandées des parcelles. L’évaluation portera aussi sur les besoins en matière d’habitat et sur les répercussions probables des stratégies de gestion proposées pour les espèces de prairie et d’autres milieux ouverts, y compris pour les espèces en péril. Les recommandations qui en découleront seront considérées en fonction des buts et des objectifs globaux de la gestion de la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard, ainsi que des besoins à long terme en ressources humaines et financières. À ceci s’ajoute une lutte active contre les espèces envahissantes (plan de traitement d’une durée de trois ans du dompte-venin de Russie), qui sera suivie d’un plan de plantation de végétation pour le monarque (asclépiade, etc.).
Milieux humides riverains
Comme l’étendue des milieux humides riverains est principalement influencée par les niveaux d’eau, qui sont au-delà du spectre de gestion de la RNF, des relevés périodiques seront effectués pour suivre les changements de l’étendue et de la biodiversité des milieux humides et la présence et l’abondance des espèces en péril qui en dépendent. Les activités de recherche et de surveillance permettront aussi d’évaluer les changements de la qualité de l’habitat, notamment en utilisant des indicateurs fauniques comme la présence d’espèces en péril, y compris la tortue serpentine (Chelydra serpentina) et la rainette faux-grillon de l’Ouest (Pseuducris triseriata). Les recommandations découlant des programmes de rétablissement ou des plans d’action existants qui portent sur ces espèces seront aussi intégrées.
Autres types d’habitats
Tous les autres types d’habitats présents dans la RNF -- forêts, milieux humides intérieurs et du littoral -- feront l’objet d’une surveillance assurée au cours de visites périodiques des sites qui visera à repérer les nouveaux problèmes, comme les espèces envahissantes pour lesquelles des mesures de gestion pourraient être nécessaires. Des photographies aériennes et la cartographie de la végétation permettront de suivre les changements de l’étendue et de la composition de l’habitat terrestre.
Connectivité entre les habitats régionaux
Comme la Prince Edward Point est d’une importance particulière pour la faune migratrice, il importe particulièrement de maintenir une connectivité écologique avec des habitats de l’extérieur de la RNF. Cette connectivité implique le chapelet d’îles sur le lac Ontario vers le sud et l’est, ainsi que des parcelles d’habitat réparties sur le territoire du comté de Prince Edward qui aident les oiseaux et d’autres espèces fauniques lors de leur passage. Les initiatives plus générales de conservation du paysage sont donc d’un intérêt direct pour la RNF.
Les efforts visant à maintenir ou à accroître la capacité du personnel du SCF d’ECCC à établir et à entretenir des rapports avec les voisins, les responsables de la planification locale, les organismes de conservation, les entités gouvernementales et les organisations non gouvernementales, les Mohawks de la Première Nation de Bay of Quinte, diverses autres parties concernées et le personnel chargé de l’application de la loi faciliteront une approche globale et coordonnée pour la gestion et la conservation de la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard.
Comme le montre la figure 3, plusieurs parcelles de terres privées se prolongent dans la RNF et dans un cas, il y a rupture complète de la continuité de la propriété publique. Il serait bénéfique d’éventuellement inclure ces terres dans la RNF. En outre, des possibilités éventuelles sont envisageables pour la conservation des terres adjacentes à l’ouest de la RNF lorsque les propriétaires privés chercheront à vendre leurs terres ou seront disposés à envisager d’autres options, comme des servitudes de conservation.
5.2 Espèces végétales non indigènes et envahissantes, et animaux féraux et domestiques
La présence d’espèces végétales envahissantes et exotiques crée une concurrence avec les espèces indigènes. En raison de l’histoirique de ce site, on y trouve déjà de nombreuses espèces non indigènes, dont beaucoup sont établies depuis longtemps et sont essentiellement intégrées aux habitats existants. Des problèmes surgissent lorsqu’il s’agit d’espèces agressives qui se propagent rapidement et délogent des végétaux indigènes.
Des activités de lutte contre les espèces végétales envahissantes et exotiques seront envisagées seulement s’il est établi que celles-ci causent des problèmes importants pour les espèces sauvages ou l’intégrité écologique de leurs habitats. Des suivis d’espèces connues pour être problématiques dans la RNF (dompte-venin de Russie, alliaire officinale, lilas commun) viseront à documenter la taille et le nombre des parcelles d’habitat dominées (plus de 10 % de couverture) par ces espèces. Des interventions visant à limiter la propagation ou à supprimer des espèces envahissantes seront évaluées et implantées dans la mesure du possible.
Si une nouvelle plante exotique qui a potentiel de devenir envahissante est détectée, des efforts seront mis en place visant à l’éradiquer dans les deux ans suivant sa détection.
Lorsque les contrôles périodiques effectués dans la RNF révèlent des problèmes particuliers posés par des animaux féraux et domestiques, Environnement et Changement climatique Canada pourrait prendre des mesures afin d’enlever ces animaux, et les personnes qui libèrent ou nourrissent des animaux féraux peuvent être passibles de sanctions.
5.3 Gestion de la faune
Oiseaux migrateurs
À cause de l’importance de la Prince Edward Point pour les oiseaux migrateurs, les activités de surveillance menées dans la RNF seront orientées dans le but de réunir divers renseignements pertinents sur les déplacements, les activités et les effectifs d’oiseaux migrateurs, et à diriger les mesures de gestion de l’habitat.
Le PEPtBO continuera de se charger de la majeure partie des activités de surveillance des oiseaux dans la RNF en vertu d’un permis d’Environnement et Changement climatique Canada. La station du Réseau canadien de surveillance des migrations (RCSM) est actuellement la seule station de surveillance des migrations à plein temps du côté est du lac Ontario et fait partie de l’une des 25 stations du Réseau au Canada. Le PEPtBO constitue la station de surveillance des migrations la plus à l’est sur les Grands Lacs et fournit des renseignements régionaux importants sur les oiseaux migrateurs néotropicaux. La surveillance normalisée des oiseaux chanteurs migrateurs au printemps et à l’automne s’effectue aux stations du Réseau et elle inclut trois types de collecte de données : baguage d’oiseaux, observations quotidiennes et recensement le long de parcours établis.
En 2001, le PEPtBO a lancé un projet de surveillance des hiboux et rapaces nocturnes. Depuis, on a bagué plus de 2 000 hiboux au cours de la période migratoire automnale (Okines, 2009). Environnement et Changement climatique Canada continuera de permettre ces activités de surveillance des migrations dans la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard.
5.4 Surveillance et relevés
Le personnel du SCF et de la Direction de l’application de la loi sur la faune (DALF) d’ECCC ainsi que d’autres organismes et chercheurs fédéraux et provinciaux peuvent être autorisés à mener des activités de surveillance et de relevé lorsqu’elles appuient des besoins établis en matière de recherche et de gestion. Une surveillance efficace et efficiente nécessite une planification soigneuse et une approche coordonnée. En ce qui a trait aux espèces en péril, les emplacements qu’ils utilisent (p. ex. espèces résidentes, nicheuses et migratrices) dans la RNF seront déterminés et surveillés au fil du temps afin d’évaluer la taille et la répartition des populations, de même que les menaces potentielles et existantes. Les méthodes et les priorités en matière de surveillance seront harmonisées avec les protocoles de protection des animaux, les stratégies de rétablissement, les plans de gestion et les plans d’action visant les espèces concernées, et les autres politiques pertinentes. Les besoins en matière de surveillance sont les suivants :
- établir un inventaire de référence et suivre les changements qui se produisent dans les milieux humides, prairiaux et forestiers (c.-à-d. étendue et qualité, biodiversité et espèces en péril qui dépendent de ces habitats);
- établir des estimations de référence des populations et répartitions des espèces végétales et animales clés de la RNF;
- évaluer la qualité globale des écosystèmes dans la RNF pour diverses espèces végétales et animales, en particulier des habitats utilisés par les oiseaux chanteurs migrateurs, la sauvagine, les rapaces nocturnes et diurnes, le monarque et les espèces en péril, de même que par d’autres espèces rares de la province; surveiller les réponses aux menaces;
- évaluer l’efficacité des pratiques de gestion actuelles ou futures;
- surveiller et évaluer les effets des visites et de l’accès à la RNF;
- évaluer les changements de l’étendue et de la densité des peuplements des espèces non indigènes et envahissantes, ainsi que le niveau d’application des méthodes de contrôle et d’éradication;
- évaluer la vulnérabilité des communautés floristiques et fauniques des milieux humides et des prairies aux changements et à la variabilité climatiques.
La surveillance générale du site assurée lors de visites trimestrielles concernera les point suivants :
- état du site (p. ex., routes, clôtures, barrières, présence et densité de mauvaises herbes et d’espèces envahissantes et exotiques);
- installation ou remplacement de panneaux de signalisation indiquant les limites et les règlements de la RNF;
- accès public et utilisation par les visiteurs des sentiers, des stationnements et des toilettes;
- activités interdites, vandalisme ou dommage aux installations;
- conditions météorologiques extrêmes et dangers subséquents (p. ex. érosion, dommages causés par les vents, branches d’arbres tombées).
Outre les ententes en vigueur décrites ci-dessus passées avec le PEPtBO pour surveiller les oiseaux migrateurs, Environnement et Changement climatique Canada continuera d’encourager les organisations et les chercheurs et de collaborer avec eux pour qu’ils surveillent diverses espèces indigènes et non indigènes, agents pathogènes et maladies d’espèces sauvages, et évaluent la réponse aux méthodes de gestion utilisées dans la RNF. La surveillance des chauves-souris nocturnes, des tiques comme vecteurs de la maladie de Lyme et des populations de monarques sont des exemples.
Une attention particulière sera possiblement accordée aux populations qui semblent jouer un rôle de proie clé au cours des périodes de migration ou de reproduction. Les petits mammifères, les insectes, les poissons, les crustacés, les amphibiens ou les reptiles pourraient être la cible d’une prédation importante par les oiseaux au cours des périodes de reproduction, de migration ou de rassemblement, ou par ceux qui sont des résidents permanents de la région. Une meilleure compréhension des effectifs et de la répartition de ces espèces-proies pourrait démontrer des relations comportementales ou des habitats privilégiés par les oiseaux, facteurs dont on pourrait tenir compte pour améliorer la gestion de la RNF.
Environnement et Changement climatique Canada collaborera avec Pêches et Océans Canada et l’Unité de gestion du lac Ontario du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario pour identifier et surveiller les espèces aquatiques dans l’étang, les marais riverains et le havre de la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard, et en particulier les espèces en péril.
Des évaluations périodiques des habitats, notamment par cartographie des communautés végétales et inventaire des espèces, seront réalisées pour surveiller les changements des habitats au fil du temps, évaluer les méthodes de gestion, repérer les menaces et stresseurs potentiels pour l’habitat, et afin d’identifier des moyens de les mitiger.
Les endroits de la RNF où se trouve des espèces en péril résidentes seront repérés et surveillés au fil du temps de façon à évaluer les effectifs et la répartition de ces espèces ainsi que les menaces potentielles et existantes pour celles-ci, et à déterminer et mettre en œuvre les meilleures pratiques de gestion et les mesures de rétablissement. Les méthodes et les priorités en matière de surveillance seront conformes aux programmes de rétablissement des espèces et aux autres politiques pertinentes.
5.5 Information et sensibilisation du public
L’initiative Rapprocher les Canadiens de la nature vise notamment à favoriser l’accès du public aux RNF choisies tout en gérant leur visite de telle façon que les activités ne nuiront pas à la conservation des espèces sauvages. Une façon d’atténuer les dommages causés par les activités non autorisées consiste en fait à créer des opportunitées et à promouvoir des activités autorisées, ainsi qu’à en faire clairement part aux utilisateurs éventuels. La section 6.2 énumère les activités autorisées et précise les restrictions particulières pour la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard.
Aucun programme de sensibilisation sur place n’est prévu pour cette RNF. La sensibilisation se fait au moyen du site Web du SCF et de documents disponibles via le site Web des aires protégées d’Environnement et Changement climatique Canada.
Les buts en matière d’information et de sensibilisation du public comprennent les suivants :
- expliquer la nature des RNF, leur importance locale et régionale et le rôle global du réseau d’aires protégées et du programme national des habitats du SCF-ECCC;
- expliquer les phénomènes naturels et anthropiques à l’origine de la diversité des habitats que l’on trouve aujourd’hui dans la RNF;
- expliquer l’importance des différents habitats de la RNF pour les oiseaux migrateurs et souligner l’importance de l’emplacement géographique de la réserve pour les déplacements migratoires annuels;
- souligner l’importance des habitats de la RNF pour les autres espèces sauvages, y compris les espèces en péril (reptiles, amphibiens, mammifères, poissons, plantes, etc.);
- promouvoir l’appréciation de l’habitat et des espèces sauvages de la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard par le public et son rôle dans la protection continue du site;
- faire mieux connaître la Loi sur les espèces sauvages du Canada et le Règlement sur les réserves d’espèces sauvages et en promouvoir son respect.
Pour atteindre ces buts, le SCF-ECCC a créé des documents imprimés comme la fiche d’information sur la RNF de la Pointe-du-Prince-Édouard, mise à la disposition des visiteurs, et installé des panneaux d’interprétation dans les aires publiques.
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