Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Tway, 2016 chapitre 2

2 Ressources écologiques

2.1 Habitats terrestres et aquatiques

La RNF de Tway chevauche l’écorégion du parc de peupliers faux-trembles de l’écozone des prairies ainsi que l’écorégion de transition boréale de l’écozone des plaines boréales de la Saskatchewan. Les écosites en haute terre représentent 23 % (71 ha) de la RNF (tableau 4). Le Saskatchewan Soil Survey (1989) indique que les hautes terres dans la RNF de Tway sont composées de sol chernozémique limoneux noir, avec une pente moyenne de 2 à 3 %. La texture du sol en haute terre varie de loam sableux sur matières fluviales rocailleuses (Whitesand) à des matières fluviales limoneuses (Hoey).

Initialement, les écosites en haute terre étaient dominés par des prairies composées de fétuque de Hall, d’élyme lancéolé et de stipe à balai (Festuca hallii, Elymus lanceolatus, Hesperostipa curtiseta) sur sol limoneux (Thorpe, 2007a) ainsi que de stipe à balai (Hesperostipa curtiseta) sur loam sableux (Thorpe, 2007b).

Les écosites en haute terre ont été modifiés par des activités humaines (délibérées ou non) au cours du dernier siècle. Historiquement, la majorité des hautes terres ont été labourées pour les cultures agricoles. Tous les secteurs cultivés ont ensuite été ensemencés afin de densifier le couvert de nidification (avec un mélange de mélilot [Melilotus spp.], de luzerne [Medicago saliva], d’agropyre intermédiaire [Thinopyrum intermedium] et d’agropyre élevé [Thinopyrum ponticum]) ou retransformés en haute terre indigène au moyen de la succession naturelle. La plupart des terres sont présentement dominées par des fourrages vivaces d’origine européenne, soit principalement du brome inerme (Bromus inermis) et du pâturin des prés (Poa pratensis).

En raison de la suppression active des feux afin de protéger l’infrastructure et les fourrages, plusieurs habitats des prairies indigènes dans la RNF de Tway comprennent dorénavant des parcelles croissantes d’arbres et d’arbustes, composées notamment de peuplier faux-tremble (Populus tremuloides), de saule (Salix spp.), de symphorine de l’Ouest (Symphoricarpos occidentalis), d’amélanchier à feuilles d’aulne (Amelanchier alnifolia), de noisetier à long bec (Corylus cornuta), et de cornouiller stolonifère (Cornus stolonifera). La suppression à long terme des feux de forêt ainsi que l’arrêt prolongé du pâturage ou de la fenaison dans la RNF de Tway a mené à une production sans restriction de semences et à leur dispersion par le vent. Ces semences, qui étaient composées de brome inerme (Bromus inermis), de chardon du Canada (Cirsium arvense), de laiteron vivace (Sonchus arvensis), de pissenlit officinal (Taraxacum officinale) et de mélilot jaune (Melilotus officinalis), ont envahi et maintenant dominent les quelques terres herbeuses et les prairies humides indigènes qui avaient survécu.

Aucun inventaire de la végétation ni aucune évaluation de la santé écologique des communautés en haute terre et sur les rives lotiques n’ont été effectués pour la RNF.

Les écosites en basse terre et comprenant des eaux libres, des terres humides et des prairies humides d’eau douce à saline occupent 163 ha (77 %) de la RNF de Tway (tableau 4). Les sols dominants sont un sol gleysolique humifère sous les eaux libres peu profondes et des sols mal drainés dans des zones marginales (Saskatchewan Soil Survey, 1989). La végétation émergente entourant le grand bassin de terres humides est dominée par le jonc des chaisiers glauque (Scirpus acutus), la quenouille à feuilles larges (Typha latifolia), l’éléocharide trompeuse (Eleocharis palustris) et le carex (Carex sp.). La végétation partiellement submergée comprend le potamot pectiné (Potamogeton pectinatus), l’anthocérote (Ceratophyllum demersum), le myriophylle à fleurs alternes (Myriophyllum exalbescens), la stellaire moyenne (Lemna minor) et le chara (Chara vulgaris) [Whyte, 1986]. Les communautés de prairies humides n’ont pas fait l’objet d’un inventaire.

En général, les eaux de surface s’écoulent de façon intermittente dans la région de Tway. Les ruisseaux et cours d’eau locaux sont grandement touchés par le ruissellement printanier, et leur salinité subit des variations saisonnières et annuelles. La zone recouverte d’eau dans la RNF de Tway change considérablement selon les saisons et d’une année à l’autre. Certaines années, l’eau est pratiquement absente de la RNF, à l’exception du lac Tway. La rivière Carrot, qui alimente la RNF de Tway, est présente de façon intermittente et connaît habituellement une période sans débit entre novembre et février. Au cours des années sèches, la période sans débit peut s’étendre de juillet à mars. Le débit est habituellement à son point le plus élevé en mai, et diminue rapidement en octobre.

2.2 Faune

Près de 140 espèces d’oiseaux ont été observées dans la RNF de Tway (données non publiées : Saskatoon Nature Society, 1991). La plupart des groupes d’espèces d’oiseaux migrateurs qui utilisent actuellement la RNF comprennent des oiseaux des terres humides, comme la sauvagine, les grèbes et les oiseaux de rivage ainsi que des espèces forestières et des prairies, comme les pics, les parulines et les bruants. Le grand bassin de terres humides créé grâce aux installations de régulation des eaux est très utilisé par les canards plongeurs, particulièrement pendant la période de mue (Whyte, 1986). Les espèces de sauvagine qui se reproduisent dans la RNR sont : la Bernache du Canada (Branta canadensis), le Canard colvert (Anas platyrhynchos), le Canard pilet (Anas acuta), la Sarcelle à ailes bleues (Anas discors), la Sarcelle d’hiver (Anas crecca), le Canard d’Amérique (Anas clypeata), le Fuligule à dos blanc (Aythya valisineria), le Fuligule à tête rouge (Aythya americana), le Petit Fuligule (Aythya affinis) et l’Érismature rousse (Oxyura jamaicensis).

Aucun inventaire n’a été dressé pour les plantes, les bryophytes, les mammifères, les reptiles ni les amphibiens dans la RNF de Tway. Les grands ongulés comme le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), le cerf mulet (Odocoileus hemionus), le wapiti (Cervus canadensis) et l’orignal (Alces alces) sont courant dans le secteur et probablement présents dans la RNF à certaines périodes de l’année. Le castor (Castor canadensis) et le rat musqué (Ondatra zibethicus) habitent dans la RNF et représentent un défi relatif à la gestion en raison des branches, des roseaux, et de la boue qu’ils enfouissent dans les installations de régulation des eaux ainsi que des terriers qu’ils bâtissent dans les digues et les barrages. Les gaufres gris (Thomomys talpoides) font beaucoup de monticules dans les terres herbeuses ensemencées.

Le plan de gestion de 1986 contient une liste des espèces qui peuvent être observées dans la RNF ou à proximité de cette dernière (Whyte, 1986).

2.3 Espèces en péril

Deux espèces en péril, soit l’Engoulevent d’Amérique (Chordeiles minor) et le Râle jaune (Coturnicops noveboracensis), qui sont respectivement inscrites comme étant menacée et préoccupante dans l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril, se reproduisent dans la RNF de Tway (tableau 5). On a également observé, dans la RNF, le Bruant de Baird (Ammodramus bairdii), le Grèbe esclavon (Podiceps auritus), l’Hirondelle rustique (Hirundo rustica) et le Goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus), qui sont des espèces recommandées aux fins d’inscription en vertu de la Loi sur les espèces en péril (tableau 5). Le Hibou des marais (Asio flammeus), qui est inscrit comme étant une espèce préoccupante dans l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril, habite dans la zone avoisinante de la RNF de Tway et pourrait donc aussi fréquenter cette dernière.

Les espèces suivantes ont été observées dans la RNF et sont inscrites sur la liste de surveillance du Centre de conservation des données de la Saskatchewan : le Pélican d’Amérique (Pelecanus erythrorhynchos), l’Épervier de Cooper (Accipiter cooperii), la Sterne de Forster (Sterna forsteri), le Grand Héron (Ardea herodias), le Bécassin roux (Limnodromus griseus), l’Urubu à tête rouge (Cathartes aura) et le Grèbe élégant (Aechmophorus occidentalis) [Centre de conservation des données de la Saskatchewan, 2012]. La présence historique d’une espèce de mammifère surveillée, soit la souris à abajoues des Plaines (Perognathus fasciatus), a été relevée à proximité de la RNF (Centre de conservation des données de la Saskatchewan, 2014) (tableau 5).

L’habitat possible de la grenouille léopard (Lithobates pipiens), considérée comme étant une espèce préoccupante dans l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril, est présent dans la RNF de Tway (tableau 5) [Gerry et Pepper, 2000].

Le Centre de conservation des données de la Saskatchewan (2011) a dénombré 13 occurrences d’élément pour des espèces rares et menacées dans la municipalité rurale d’Invergordon, à proximité de la RNF de Tway; bon nombre de ces occurrences sont historiques puisque l’aire de répartition de l’espèce ne comprend plus la région (p. ex. la chevêche des terriers [Athene cunicularia]).

2.4 Espèces envahissantes

La communauté d’herbe cultivée en haute terre est dominée par le brome inerme (Bromus inermis), le chiendent (Elymus repens), le pâturin des prés (Poa pratensis), le mélilot (Melilotus sp.) et la luzerne (Medicago sativa). Le chardon du Canada (Cirsium arvense), le laiteron vivace (Sonchus arvensis) et le pissenlit officinal (Taraxacum officinale) sont aussi courants dans l’ensemble de la RNF.

La tanaisie vulgaire (Tanacetum vulgare), une mauvaise herbe nuisible inscrite sur la liste provinciale, est une plante exotique très envahissante et préoccupante dans les municipalités rurales d’Invergordon et de Three Lakes. On en a vu dans la RNF et à proximité de cette dernière, dans les fossés de route, les prairies de fauche et les pâturages. Le carvi commun (Carum carvi) est une autre plante exotique envahissante qui se trouve à proximité, dans les fossés de route.

Le sanglier (Sus scrofa), une espèce d’animaux d’élevage courante en Saskatchewan, est très répandu à l’état sauvage dans la municipalité rurale d’Invergordon et la région avoisinante.