Plan de gestion de la réserve nationale de faune de Tway, 2016 chapitre 3


3 Menaces et défis relatifs à la gestion

Il y a six menaces et défis relatifs à la gestion qui touchent le futur état écologique de la RNF de Tway.

3.1 Espèces exotiques envahissantes

Dans la RNF, la majorité de la végétation de prairies en haute terre est composée de trois herbes exotiques envahissantes (brome inerme, chiendent et pâturin des prés). Trois mauvaises herbes nuisibles (laiteron vivace, chardon du Canada, tanaisie vulgaire) et une légumineuse non indigène (mélilot) sont largement répandues. Ces espèces ont envahi les vestiges de communautés de terres herbeuses indigènes, ce qui y a donc réduit la diversité végétale, modifié la structure des habitats de nidification et changé la composition des fourrages pour le bétail et les ongulés sauvages. Il est impossible d’éradiquer les plantes exotiques envahissantes. Les efforts de gestion doivent porter sur le contrôle des espèces envahissantes, dans une mesure où les caractéristiques de l’habitat sont maintenues ou améliorées.

La décision de gestion visant le réensemencement des terres cultivables avec des herbes fourragères cultivées et des légumineuses, prise dans les années 1970 et qui a mené à une croissance non surveillée pendant des années, a été la plus grande source d’invasion par des espèces exotiques envahissantes dans la RNF de Tway. Les critères en matière d’habitat et de paysage pour la sauvagine ne conviennent pas toujours aux autres espèces d’oiseaux, particulièrement les oiseaux chanteurs de prairie endémiques, dont plusieurs sont en péril. Le couvert vivace est toujours important pour les oiseaux chanteurs de prairie (McMaster et Davis, 2001), mais les réactions à la structure de ce couvert et au paysage environnant diffèrent entre les oiseaux chanteurs et les canards (McMaster et al., 2005). Par exemple, certaines espèces d’oiseaux chanteurs ont besoin de terres herbeuses indigènes pâturées avec un couvert plus court et pourraient éviter les habitats arbustifs ou les bords de terre humide (Koper et Schmiegelow 2006, 2007; Skinner et Clark, 2008).

Le sanglier sauvage représente un problème émergent dans la région avoisinante et pourrait constituer une menace pour la biodiversité indigène (Brook, 2014).

3.2 Installations artificielles de régulation des eaux

Le tracé naturel de la rivière Carrot a été modifié au cours du projet du lac Tway. La RNF de Tway comprend deux installations de régulation des eaux dans la RNF de Tway (figure 3) et plusieurs autres structures de régulation des eaux, qui sont gérées par d’autres organisations en aval et en amont de la rivière Carrot. Ces installations et structures ont tendance à aggraver les inondations au cours des conditions d’humidité et nuisent souvent au passage des poissons. Les terres humides inondées peuvent faire monter les nappes phréatiques dans les sols rocailleux et sableux, ce qui fait augmenter la salinité de l’eau et l’abondance des espèces exotiques envahissantes.

Historiquement, les installations dans la RNF de Tway ont nécessité l’utilisation d’équipement lourd, des excavations et le dépôt de sol et de sous-sol ainsi que la construction de structures en métal et en béton. L’exploitation des installations nécessite un accès pour les véhicules qui s’y rendent plusieurs fois par année entre avril et octobre afin de surveiller le niveau de l’eau et en vue de prendre des décisions sur l’ajout ou le retrait de poutrelles. Dans la région, les terres humides naturelles en bassin fermé se remplissent tôt dans l’année grâce au ruissellement printanier attribuable à la fonte des neiges et perdent de l’eau par évaporation ou infiltration par la suite (Stewart et Kantrud, 1971). Par contre, plusieurs bassins de terres humides dans la RNF de Tway ont des affluents et des décharges artificielles, qui créent un débit non naturel d’eau douce pendant plusieurs jours ou semaines, chaque année à la fin du printemps, afin de remplir les bassins en aval. Il arrive occasionnellement que des castors et des rats musqués soient piégés, que des arbres et des arbustes soient coupés, que des prairies soient labourées et que des fonds de fossé soient dragués afin de faciliter le fonctionnement des installations. Ce type de gestion intensive ne s’inscrit pas dans l’optique de CIC, qui tient à minimiser la gestion écologique et à éviter les activités soutenues, comme le retrait des poutrelles pour gérer les abaissements (communications personnelles de M. Uhrich).

Les installations de régulation des eaux de CIC dans la RNF de Tway sont arrivées à la fin de leur vie utile et doivent maintenant être reconstruites ou mises hors service. La dégradation continue des structures peut entraîner des dangers en matière de sécurité. Les travaux de reconstruction de l’infrastructure au lac Tway pourraient comprendre l’installation de déversoirs en tôle avec crête fixe, conçus pour avoir une vie utile de 50 ans. De telles structures de régulation auraient des évacuateurs à pente faible faits de roches afin de faciliter le passage des poissons (p. ex. grand brochet [Esox lucius] et doré jaune [Sander vitreus]) et aussi réduire la vulnérabilité aux dommages causés par les castors. CIC cherche des partenaires pour financer les travaux de reconstruction dans le cadre du projet du lac Tway et fournir des services de gestion à long terme.

La mise hors service du projet du lac Tway impliquerait le retrait des structures de régulation et la modification des ouvrages afin que le niveau d’eau des terres humides revienne à un niveau naturel. Les niveaux d’eau naturels seraient inférieurs, en raison de la profondeur réduite du lac Tway, et il resterait seulement des terres humides peu profondes dans les bassins en aval (communications personnelles de M. Uhrich).

Peu importe l’option choisie (reconstruction ou retrait), elle nécessitera du temps afin d’affecter les ressources et le personnel requis. Les activités nécessaires pour reconstruire ou retirer les installations de régulation des eaux dans la RNF de Tway sont des activités interdites selon l’article 3 du Règlement sur les réserves d’espèces sauvages. Le principal facteur atténuant en faveur de ces activités interdites dans la RNF de Tway est le résultat positif possible pour les habitats humides, les populations d’oiseaux aquatiques et la sécurité des personnes.

Si la mise hors service est l’option choisie, la réduction de la superficie des terres humides pourrait potentiellement nécessiter des activités de restauration active de la végétation afin d’éviter la colonisation des anciennes terres humides par des espèces envahissantes.

3.3 Feux et suppression des feux

La suppression des incendies dans la région a permis à de nombreuses espèces ligneuses de proliférer et à des espèces exotiques envahissantes de se répandre. Ces deux changements réduisent la diversité végétative. Les photos aériennes historiques montrent une augmentation des peuplements de trembles entre les années 1970 et aujourd’hui. Dans les prairies de fétuques, l’hétérogénéité spatiale et la composition des espèces augmentent après un incendie, ce qui entraîne des communautés végétales plus éparses (Gross et Romo, 2010). Il faut établir un intervalle entre les incendies variant entre dix et onze ans pour ce type de prairie (Pylypec et Romo, 2003). Les incendies sont bénéfiques pour plusieurs espèces sauvages qui utilisent les habitats au sein de la RNF de Tway, notamment les oiseaux de prairie, qui connaissent un déclin d’abondance et de densité de nidification lorsque le couvert forestier augmente (Grant et al., 2004; Davis, 2005).

3.4 Pâturage du bétail

Le pâturage du bétail peut créer une hétérogénéité spatiale et temporelle dans la structure végétative dans les prairies, ce qui peut présenter des avantages dans les prairies indigènes en tant qu’habitat (Fuhlendorf et al., 2012). Dans la RNF de Tway, on a reporté le pâturage afin de créer une hétérogénéité dans l’habitat de nidification et supprimer l’accumulation de litière pour réduire l’intensité des incendies potentiels.

Le manque de gestion active relativement aux prairies ensemencées pendant plusieurs décennies et le report du pâturage à la fin de l’été et à l’automne a entraîné une production de semences et une importante invasion par des espèces végétales exotiques vivaces et bisannuelles. Bien que la communauté végétative sert de couvert de nidification aux canards et constitue un habitat de prédilection pour les gaufres gris et les souris, il s’agit d’un habitat qui ne convient pas à la plupart des espèces d’oiseaux migrateurs de haute terre ou des espèces en péril.

Depuis 2008, il n’y a aucun pâturage dans la RNF de Tway, ce qui a mené à une invasion accrue des fourrages cultivés dans les terres herbeuses indigènes et à l’expansion des communautés de trembles. Le nombre d’éleveurs de bétail dans la région de Tway pourrait avoir diminué, ce qui représente possiblement un défi pour trouver un titulaire de permis prêt à respecter les prescriptions en matière de pâturage visant à faire bénéficier la faune dans la RNF.

3.5 Extraction de gravier

Plusieurs gravières se trouvent à proximité de la RNF de Tway, et le gravier est transporté jusqu’à Saskatoon par l’autoroute 41. L’exploitation des gravières est bruyante et peut directement perturber la faune qui se trouve à proximité, ou indirectement changer l’habitat en modifiant les nappes phréatiques locales et les tendances de drainage ainsi qu’en introduisant de nouvelles espèces exotiques envahissantes. La situation amène des contraintes supplémentaires sur les terres adjacentes puisque les gravières existantes sont vides. Chaque année, des demandes de permis sont envoyées pour créer des gravières dans d’autres RNF de la Saskatchewan, et il est probable qu’une telle demande soit faite pour celle de Tway.

3.6 Effluents agricoles

Le bassin hydrographique de la rivière Carrot est classé comme étant « stressé » en raison de la réduction de la surface et de la qualité de l’eau souterraine ainsi que les problèmes en matière de parcours naturel et de santé des rives (Saskatchewan Watershed Authority, 2012b).

Le bassin hydrographique avoisinant a une superficie de plusieurs centaines de kilomètres carrés et comprend des terres qui pourraient faire l’objet d’un drainage. Le ruissellement résultant du drainage contient des engrais et des pesticides non utilisés, ce qui pourrait entraîner une charge en éléments nutritifs dans les terres humides situées en bordure de la rivière Carrot et une contamination des terres humides par les herbicides, les fongicides et les insecticides résiduels ou les produits de leur dégradation. L’application d’engrais (azote et phosphore) et de pesticides est élevée dans le bassin hydrographique. La gravité des effets à long terme est incertaine. Les effluents du bétail sont cotés comme étant d’intensité moyenne dans le bassin hydrographique, mais ils pourraient avoir des répercussions locales (Saskatchewan Watershed Authority, 2012b).

Figure 4 : Terres protégées à proximité de la réserve nationale de faune de Tway.
Carte de proximité de la réserve nationale de faune de Tway
Long description for figure 4

Carte montrant les terres protégées à proximité de la réserve nationale de faune de Tway. La RNF de Tway apparait au centre de la carte, incluse à l'intérieur d'un projet sur les terres humides de Canards Illimités Canada. Il y a un autre projet identique situé au sud-ouest de la RNF. La carte montre quatre terres achetées par Canards Illimités Canada, deux au nord-est de la RNF et deux au sud-ouest de la RNF. La Saskatchewan Wildlife Federation a acheté un terrain situé au sud-est de la RNF. La carte indique aussi les terres protégées appartenant au gouvernement telles que les terres du fish and wildlife development fund, à l'est et au nord-est de la RNF, une réserve faunique provinciale au nord-est de la RNF, et des terres provinciales pour la conservation de l'habitat. La carte montre d'autres lacs, des localités comme Crystal Springs, Yellow Creek, Tway et Tarnapol, les autoroutes 320, 41 et 20, et d'autres routes. L'échelle de la carte est en mètres et la projection de Mercator transverse universel est la zone 13N. Avertissement: la présente carte n'est présentée qu'à titre informatif et ne doit pas servir à définir les frontières légales. Autoroutes, routes pavées et routes de gravier, lacs et terres humides, ruisseaux et rivières et les terres provinciales agricoles de la Couronne sont indiqués sur la carte, ainsi que les terres protégées appartenant à des organisations non gouvernementales telles que Canards Illimités Canada - Projets sur les terres humides, Canards Illimités Canada - Achat, et Saskatchewan Wildlife Federation - Achat, et les terres protégées appartenant au gouvernement telles que la RNF de Tway, la terre du Fish and Wildlife Development Fund, une réserve faunique provinciale, et la terre provinciale pour la conservation de l'habitat.

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