Pénuries de médicaments au Canada et leurs répercussions sur les régimes publics d’assurance-médicaments, de 2017-2018 à 2019-2020

Présentée dans le cadre de l’ACTP 2022, les 17 et 18 octobre 2022

Étienne Gaudette, Ph. D.

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Introduction

Contexte et objectif : Les pénuries de médicaments représentent un enjeu très important pour tous les Canadiens qu’elles touchent, qu’il s’agisse des patients, des fournisseurs de soins de santé ou des assureurs. Cette présentation a pour but de souligner les éléments clés d’un nouveau rapport sur les pénuries de médicaments au Canada publié par le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetésNote de bas de page 1.

Approche : L’étude porte sur l’analyse des données recueillies sur le site Web Pénuries de médicaments Canada ainsi que des renseignements sur les ventes tirés de la base de données MIDAS® d’IQVIA et de la base de données du Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). À l’aide de cette information, la présente affiche présente les tendances des pénuries de médicaments au Canada, les taux de résolution des pénuries et les répercussions des pénuries sur les bénéficiaires des régimes publics.

Données

Pénuries de médicaments : Les rapports de pénuries de médicaments ont été extraits du site Web Pénuries de médicaments Canada. Les détenteurs d’une autorisation de mise en marché émise par Santé Canada (fabricants) doivent soumettre une déclaration lorsqu’ils ne sont pas en mesure de répondre à la demande pour un produitNote de bas de page 2.

Données sur les ventes : La base de données MIDAS® d’IQVIA (tous droits réservés) a été utilisée pour déterminer la proportion de médicaments vendus au Canada touchés par une pénurie et le segment de marché des médicaments touchés par une pénurie. Les données de la base MIDAS reflètent le secteur national de la vente au détail et des soins hospitaliers au Canada et ailleurs dans le monde, et incluent les payeurs de tous les segments de marché (public, privé et direct).

Régimes publics d’assurance-médicaments : Les données mensuelles sur les bénéficiaires des régimes publics d’assurance-médicaments ont été compilées au niveau du sous-groupe chimique à l’aide de la base de données du Système national d’information sur l’utilisation des médicaments prescrits (SNIUMP), ce qui représente environ sept millions de bénéficiaires actifs assurés dans le cadre d’un régime public. L’analyse a porté sur les régimes publics d’assurance-médicaments de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’Île‑du‑Prince‑Édouard et de Terre‑Neuve‑et‑Labrador ainsi que sur le programme des Services de santé non assurés.

Période d’étude : La période d’étude comprenait les exercices (avril à mars) 2017-2018 à 2019-2020 et précédait la plupart des perturbations liées à la pandémie de COVID-19.

Définitions

Le concept de pénuries de médicaments tient compte des résultats en ce qui concerne les numéros d’identification de médicaments (DIN) dans le cas des pénuries dites « réelles ». Ce concept est utilisé dans les figures 1 à 3.

Le concept de pénuries au niveau du sous-groupe chimique est observé lorsque des pénuries dites « réelles » sont signalées pour au moins un DIN dans un groupe de médicaments s’inscrivant dans le quatrième niveau de la classification anatomique thérapeutique chimique (ATC4), qui comprend des médicaments contenant des composés chimiques similaires utilisés pour les mêmes indications ou pour des indications connexes. Ce concept est utilisé dans la figure 4.

Un bénéficiaire actif est une personne dont au moins une demande de remboursement a été acceptée par un programme ou un régime public. La variation en pourcentage du nombre de bénéficiaires actifs présentée à la figure 4 a été calculée en utilisant le rapport entre le nombre mensuel moyen de bénéficiaires enregistré pendant la pénurie et celui observé jusqu’à six mois avant la pénurie.

Résultats

Les pénuries ont touché plus d’un médicament sur quatre vendus au Canada chaque année.

Entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2020, les fabricants canadiens ont présenté au total 8 558 rapports de pénurie.

En 2019-2020, des pénuries ont été signalées pour 29 % de tous les médicaments sur ordonnance vendus au Canada (figure 1).

Figure 1. Proportion de médicaments vendus au Canada pour lesquels au moins une pénurie a été signalée en 2019-2020 Figure 1
Description de la figure

Cent icônes d’un flacon de médicaments sont groupées selon une grille dix par dix, représentant l’ensemble des médicaments vendus au Canada. Soixante-et-onze icônes sont d’une couleur, représentant le pourcentage des médicaments vendus au Canada pour lesquels aucune pénurie n’a été signalée au cours de l’année. Vingt-neuf icônes sont d’une couleur différente, représentant le pourcentage des médicaments vendus au Canada pour lesquels au moins une pénurie a été signalée au cours de l’année.

Sources des données : www.penuriesdemedicamentscanada.ca; base de données MIDAS®, 2019-2020, IQVIA (tous droits réservés).

La plupart des pénuries ont touché des médicaments pour lesquels une substitution était possible.

91% des rapports de pénurie concernaient des médicaments non brevetés à fournisseurs multiples, pour lesquels plusieurs versions concurrentes du même ingrédient médicinal étaient offertes sur le marché (figure 2).

Les médicaments brevetés et les médicaments non brevetés à fournisseur unique, dont les substituts possibles pour les patients sont limités, comptaient respectivement pour 7 % et 2 % des rapports.

Figure 2. Nombre de rapports sur les pénuries de médicaments par segment de marché, de 2017-2018 à 2019-2020 Figure 2
Description de la figure

Un diagramme circulaire présente la répartition des rapports sur les pénuries de médicaments des exercices 2017-2018 à 2019-2020 selon trois segments de marché, soit les médicaments brevetés, les médicaments non brevetés à fournisseur unique et les médicaments non brevetés à fournisseurs multiples. La répartition est présentée en fonction du nombre de pénuries ainsi que de la part des pénuries totales pour l’ensemble de la période.

Segment de marché Nombre de pénuries Part des pénuries

Médicaments brevetés

613

7 %

Médicaments non brevetés à fournisseur unique

156

2 %

Médicaments non brevetés à fournisseurs multiples

7 789

91 %

Sources de données : www.penuriesdemedicamentscanada.ca; base de données MIDAS®, 2017-2020, IQVIA (tous droits réservés); CEPMB.

Plus de la moitié des pénuries de médicaments signalées ont été résolues dans les trois mois suivant leur apparition.

55 % des pénuries ont été mises à jour à l’état de « résolue » dans les trois mois, et 74 % dans les six mois (figure 3). Les pénuries de médicaments brevetés et de médicaments non brevetés à fournisseur unique ont été résolues plus rapidement que celles de médicaments non brevetés à fournisseurs multiples.

Figure 3. Taux de résolution des pénuries de médicaments au cours des six premiers mois suivant leur apparition, de 2017-2018 à 2019-2020 Figure 3
Description de la figure

Un graphique à barres horizontales superposées montre la répartition des pénuries de médicaments déclarées entre les exercices 2017-2018 à 2019-2020 au moment où la pénurie est résorbée. Elles sont classées selon trois périodes : un mois, un à trois mois et trois à six mois après le début de la pénurie. Les résultats sont présentés pour toutes les pénuries, les pénuries prévues et non prévues, ainsi que par segment de marché : les médicaments brevetés et les médicaments non brevetés à fournisseur unique et à fournisseurs multiples.

  Part résorbée dans le mois après le début Part résorbée un à trois mois après le début Part résorbée trois à six mois après le début Part résorbée six mois après le début

Toutes les pénuries

24 %

31 %

19 %

74 %

Médicaments brevetés

48 %

30 %

10 %

87 %

Médicaments non brevetés à fournisseur unique

43 %

35 %

12 %

90 %

Médicaments non brevetés à fournisseurs multiples

22 %

31 %

20 %

72 %

Sources de données : www.penuriesdemedicamentscanada.ca; base de données MIDAS®, 2017-2020, IQVIA (tous droits réservés); CEPMB.

Moins d’une pénurie sur dix était associée à une forte baisse du nombre de bénéficiaires faisant remplir des ordonnances.

Seulement 8 % des pénuries ont été suivies d’une baisse de plus de 20 % du nombre de bénéficiaires de régimes publics ayant reçu une ordonnance pour un médicament appartenant au même sous-groupe chimique (figure 4)Note de bas de page 3.

Les pénuries associées à une baisse de plus de 20 % se sont produites principalement dans des sous-groupes de médicaments comptant un petit nombre de bénéficiaires et pour lesquels il y a peu de médicaments génériques disponibles pour la substitution.

Figure 4. Répartition des pénuries de médicaments définies selon le sous-groupe chimiqueNote de bas de page 3 en pourcentage du nombre de bénéficiaires actifs pendant la pénurie, 2017-2018 à 2019-2020 Figure 4
Description de la figure

Un graphique à barres montre la répartition des pénuries de médicaments selon la diminution du nombre de bénéficiaires actifs pendant la pénurie au niveau du sous-groupe chimique (ATC4). La diminution du nombre de bénéficiaires se mesure en pourcentage de la diminution du nombre de bénéficiaires par rapport aux six mois précédant le début de la pénurie. Les pénuries signalées entre les exercices 2017-2018 et 2019-2020 sont évaluées pour cette analyse, avec un total de 532 pénuries au niveau ATC4.

Pourcentage de diminution des bénéficiaires Part des pénuries au niveau ATC4

Aucune diminution

51 %

0 % à 20 %

41 %

20 % à 40 %

4 %

40 % à 60 %

3 %

60 % à 80 %

1 %

80 % à 100 %

0 %

Sources de données : www.penuriesdemedicamentscanada.ca; base de données du SNIUMP, Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Conclusions

Bien qu’une part importante des médicaments vendus au Canada ait été touchée par des pénuries entre 2017-2018 et 2019-2020, la très grande majorité concernait des médicaments non brevetés offerts par de multiples fabricants concurrents, ce qui a permis des substitutions dans de nombreux cas. Ces résultats fournissent un contexte important, mais ils ne visent pas à minimiser les répercussions néfastes que les pénuries peuvent avoir sur les patients et le système de soins de santé, en particulier lorsqu’aucune substitution n’est possible ou lorsque les variations dans la concentration et la formulation ne sont pas interchangeables.

Des analyses plus approfondies de ces résultats et d’autres aspects des pénuries de médicaments au Canada sont présentées dans le nouveau rapport intitulé Les pénuries de médicaments au Canada et leurs répercussions sur les régimes publics d’assurance-médicaments, de 2017-2018 à 2019-2020, qui peut être consulté en ligneNote de bas de page 1.

Limites

L’analyse du sous-groupe chimique n’a permis de cerner que les substitutions au sein du même sous-groupe chimique et non pas les substitutions valables possibles par des médicaments appartenant à d’autres sous-groupes. Les analyses sont de nature observationnelle et les variations pourraient être causées par d’autres facteurs. Par exemple, des fluctuations macroéconomiques et des changements apportés aux politiques au cours de l’analyse pourraient avoir eu une incidence sur la population admissible à la couverture et, par conséquent, sur les dépenses.

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