Après le défilé

La saison de la Fierté n’est pas qu’une célébration : c’est aussi une manifestation, une commémoration et un appel à l’action. Elle s’inscrit dans des siècles de résistance à la discrimination, à la violence et à l’effacement. Aujourd’hui, la saison de la Fierté reflète les droits et libertés garantis par la Charte canadienne des droits et libertés, qui affirme l’égalité de toute personne, peu importe son orientation sexuelle ou son identité de genre. Note de bas de page 1

Malheureusement, ce n’est pas tout le monde au Canada qui bénéficie de cette protection de façon égale.

Depuis quelques années, on observe une hausse inquiétante des gestes haineux visant les communautés 2ELGBTQI+. Entre 2021 et 2022 seulement, les crimes haineux motivés par l’orientation sexuelle et signalés à la police ont augmenté de 69 %.Note de bas de page 2  Si l’on compare les données de 2016 à 2023, cette hausse grimpe à 388 %.Note de bas de page 3

Et pourtant, la perception du public ne reflète pas toujours cette réalité. Bien que les communautés 2ELGBTQI+ continuent de faire face à des menaces importantes, les deux tiers des adultes au Canada estiment que les personnes 2ELGBTQI+ subissent moins de stigmatisation et de discrimination qu’il y a 10 ans.Note de bas de page 4  Près de la moitié des personnes interrogées croient que l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont un choix, et plus du tiers pensent qu’une personne peut être « influencée » à adopter une orientation sexuelle ou une identité de genre différente.Note de bas de page 4 

Ces croyances alimentent la mésinformation et les préjudices.

Une (très) brève histoire à propos des communautés 2ELGBTQI+ au Canada

Comprendre la saison de la Fierté, c’est aussi connaître son histoire.

Bien avant la colonisation, les nations autochtones présentes sur le territoire qu’on appelle aujourd’hui le Canada reconnaissaient la diversité sexuelle et de genre, et de nombreuses communautés honoraient les personnes bispirituelles en leur confiant des rôles sacrés.Note de bas de page 5   La colonisation a toutefois imposé des normes chrétiennes et européennes qui ont strictement défini les rôles de genre et valorisé l’hétérosexualité, effaçant ces identités à l’aide de lois, de doctrines religieuses et de mécanismes d’assimilation comme les pensionnats.Note de bas de page 5 

Malgré des siècles d’effacement, les personnes 2ELGBTQI+ ont toujours existé et résisté. On considère parfois les droits des personnes trans comme un enjeu « nouveau », mais des personnes militantes comme Rupert Raj, né à Ottawa en 1952, en défendaient déjà les droits dès 1971.Note de bas de page 6 

Pourtant, la stigmatisation persiste.

Un sondage national mené en 2022 révélait que seulement 62 % des personnes au Canada se sentent à l’aise en présence d’une personne dont le genre n’est ni exclusivement homme ni exclusivement femme, et que seulement 66 % se sentent à l’aise en présence d’une personne trans.Note de bas de page 4   Ces données laissent croire que les progrès juridiques ne se traduisent pas pleinement dans la vie quotidienne.

Le gouvernement canadien a aussi sa part de responsabilité. Des années 1950 aux années 1990, le gouvernement fédéral a mené une campagne appelée aujourd’hui la Purge LGBT, qui visait à enquêter sur les personnes 2ELGBTQI+, à les harceler et à les exclure des Forces armées, de la GRC et de la fonction publique. Des milliers de personnes ont perdu leur carrière et leur réputation, au nom de la « sécurité nationale ».Note de bas de page 7

Cette discrimination systémique ne se limitait pas au gouvernement fédéral. Partout au pays, les corps policiers ont procédé à des descentes dans les bains publics, ciblant de manière disproportionnée les hommes gais. Des événements notoires ont eu lieu à Toronto, Montréal, Calgary et Edmonton, criminalisant les lieux fréquentés par les personnes queers et marginalisant encore davantage leurs communautés.Note de bas de page 8

Ce n’est qu’en 2017 que le gouvernement canadien a présenté ses excuses officielles. Devant la Chambre des communes, le premier ministre d’alors a reconnu l’existence de cette discrimination systémique et a exprimé de profonds regrets envers les personnes 2ELGBTQI+ au pays.Note de bas de page 9

Ces exemples ne représentent qu’une infime partie de l’histoire de résistance et de résilience qui a façonné la saison de la Fierté, née de la mobilisation citoyenne et des luttes sociales. Même si le Canada a fait d’importants progrès juridiques, la hausse persistante des gestes haineux et l’incompréhension du public révèlent un écart important entre les droits inscrits dans la loi et la réalité vécue par les communautés 2ELGBTQI+.

Soutenir les communautés 2ELGBTQI+ au-delà du défilé

Trop longtemps, les communautés 2ELGBTQI+ ont dû porter seules le fardeau de leur propre sécurité, dignité et inclusion, souvent au prix de leur bien-être. C’est à tout le monde qu’il revient de combler l’écart entre les droits reconnus et les réalités vécues, en faisant preuve d’un soutien actif au quotidien.

Et c’est plus facile qu’on pourrait le croire.

Voici quelques gestes simples à poser toute l’année pour soutenir votre voisinage, vos collègues, vos proches et les personnes qui vous entourent :

  1. Adopter une attitude d’apprentissage continu : Il existe une foule de termes utilisés pour désigner les communautés 2ELGBTQI+. L’acronyme peut sembler en constante évolution, mais il vise à refléter la diversité de la population canadienne et à faire en sorte que tout le monde se sente à sa place. Ne vous laissez pas décourager! Il existe de nombreuses ressources pour vous aider à comprendre ce que signifie chaque lettre et chaque symbole.
  2. Prendre le temps de réfléchir : Des idées préconçues circulent au sujet des communautés. Par exemple, on pense souvent que seules les jeunes personnes ont une orientation sexuelle ou une identité de genre différente. Pourtant, 26,6 % des personnes 2ELGBTQI+ ont plus de 45 ans. Note de bas de page 10 Les générations plus âgées ont travaillé sans relâche pour bâtir un avenir plus inclusif.
  3. Prendre la parole quand c’est possible : Les petits gestes peuvent avoir de grandes retombées. Employer des termes neutres comme « personnes », « équipe » ou « tout le monde » plutôt que « mesdames et messieurs » permet à tout le monde de se sentir accueilli et respecté.

La saison de la Fierté est un moment pour célébrer, mais aussi pour se souvenir, résister et renouveler notre engagement envers un avenir où tout le monde au Canada pourra vivre à l’abri de la violence, de la discrimination et de la peur. Pour être une société véritablement forte et libre, nous devons défendre les droits et la sécurité de tout le monde, en particulier les personnes dont les identités ou les communautés sont différentes des nôtres.

Ressources supplémentaires :

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2025-08-01