Déconstruire les préjugés
Un préjugé est une croyance que certaines personnes ou certaines choses sont meilleures que d’autres. Apprenez quelques faits qui vous aideront à remettre en question les idées fausses les plus répandues.
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1. « Sérieusement, il y a trop de mots, d’identités et d’étiquettes à retenir. C’est une perte de temps d’apprendre tout ça. »
Il y a beaucoup de mots pour décrire les communautés 2ELGBTQI+. Ceux-ci se retrouvent dans ce glossaire, que vous pouvez consulter et tenter de comprendre le sens de chacun.
Si l’acronyme semble changer et se doter de nouvelles lettres constamment, c’est pour représenter la diversité au Canada et pour que tout le monde puisse y trouver sa place. Par exemple, le « 2E » au début de l’acronyme réfère aux personnes aux deux esprits. Il s’agit d’un terme utilisé dans certaines croyances traditionnelles autochtones pour désigner certains individus possédant un esprit masculin et un esprit féminin. Ce terme sert à les désigner de manière générale. Le Musée canadien pour les droits de la personne propose de l’information qui vous permettra d’en savoir plus. Commencer l’acronyme par « 2E » est une manière de souligner que les personnes aux deux esprits ont été les premières communautés 2ELGBTQI+ au Canada.
En plus de ces acronymes, l’utilisation d’un langage plus inclusif est une autre façon de s’assurer que tous les gens sont représentés dans le langage courant.
Les besoins et les droits de certains groupes au Canada ont souvent été mis de côté. C’est pour cette raison qu’on appelle ces groupes des communautés marginalisées. Heureusement, la population canadienne a l’égalité à cœur, et notre pays s’est historiquement efforcé de créer des lois qui protègent et renforcent les droits et libertés de toute la population.
Voici un exercice intéressant à faire : réfléchissez à un aspect de votre identité qui vous tient vraiment à cœur, comme votre héritage culturel. Puis, imaginez-vous que vos proches ne s’intéressent pas à cela et changent de sujet dès qu’il en est question.
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2. « Le sexe, l’orientation sexuelle, le genre et l’expression de genre veulent dire la même chose. »
Ces mots semblent vouloir dire la même chose, mais leur sens est très différent. Examinons chacun d’entre eux.
L’orientation sexuelle est liée au genre des personnes envers lesquelles nous ressentons de l’attirance romantique ou sexuelle. Si une personne est attirée par les gens du sexe ou du genre opposé au sien, son orientation est probablement hétérosexuelle. Inversement, une personne attirée par le même sexe ou genre que le sien se définit généralement comme gaie, lesbienne ou queer. Les gens attirés par les deux sexes ou par plus d’un genre s’identifient souvent comme bisexuels ou pansexuels. Les personnes asexuelles ne ressentent habituellement pas d’attirance sexuelle à l’endroit d’aucun sexe ou genre, mais peuvent éprouver des sentiments romantiques, ou pas. Comme il existe une douzaine d’orientations sexuelles, il est possible qu’une personne se définisse avec un terme que vous n’avez jamais entendu. Vous pouvez demander des clarifications : c’est une manière correcte d’en apprendre plus sur les communautés 2ELGBTQI+.
Le sexe peut vouloir dire plusieurs choses. Ici, nous faisons référence au sexe biologique du corps : les chromosomes, hormones, caractéristiques sexuelles et organes génitaux, qu’on identifie comme masculins ou féminins. Certaines personnes naissent avec un mélange de ces éléments et ne correspondent donc pas nettement à une catégorie. Par exemple, une personne pourrait naître avec une vulve (considérée comme un attribut féminin), mais son corps commence à produire des niveaux de testostérone supérieurs à la moyenne (souvent attribués au sexe masculin) pendant la puberté. Ceci pourrait être un exemple d’une personne intersexuée.
À la naissance, le genre est assigné en fonction du sexe biologique. Un bébé né avec un pénis sera désigné comme un garçon et sera souvent élevé selon des stéréotypes de genre. On aura tendance à l’habiller en bleu et à lui offrir seulement des jouets comme des camions. Les petits garçons sont souvent encouragés à jouer de manière brusque, alors que la douceur est valorisée chez les jeunes filles. Ces attentes différentes selon le genre persistent à l’âge adulte. Les intérêts, les qualités et les vêtements sont traditionnellement séparés en deux catégories : une pour les hommes, une pour les femmes. C’est ce qu’on appelle la binarité des genres. Toutefois, le sexe ou le genre assigné ne dit pas tout d’une personne. Chaque personne est unique, et il arrive qu’une personne ne s’identifie pas au genre qui lui a été assigné à la naissance. C’est pourquoi, au lieu de parler de genre, le terme identité de genre est utilisé.
L’identité de genre renvoie à ce à quoi une personne s’identifie profondément et intimement, que ce soit homme, femme, les deux ou aucun des deux. La plupart des personnes âgées de plus de 15 ans au Canada affirment que leur identité de genre correspond à leur sexe biologique. Cela veut dire que si elles sont nées avec des organes génitaux masculins, elles se considèrent comme des hommes. Si elles sont nées avec des organes génitaux féminins, elles s’identifient comme femmes. Ce sont des personnes cisgenres.
Pour certaines personnes, le sexe qui leur a été assigné à la naissance ne correspond pas à ce qu’elles ressentent à l’intérieur d’elles-mêmes. Ainsi, une personne née avec une vulve pourrait se sentir comme un homme. Ces personnes peuvent se considérer transgenres. Dans cet exemple-ci, il s’agirait d’un homme transgenre.
L’expression de genre est un terme utilisé pour décrire le fait que chaque personne a sa manière d’exprimer son genre. Cela peut passer par les vêtements, la coiffure, le maquillage et beaucoup plus. Essentiellement, tous les gens peuvent s’habiller comme ils le souhaitent, peu importe leur identité de genre.
Tout le monde a grandi avec certaines idées sur le genre et le sexe. Les désapprendre peut prendre du temps et demander des efforts.
Essayez ceci : écrivez vos pensées et vos expériences liées au sexe biologique, à l’identité de genre et à l’expression de genre. C’est un excellent moyen de réfléchir à votre perception et de cibler ce qui n’est pas clair.
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3. « Les enjeux 2ELGBTQI+ ne concernent que des groupes culturels précis au Canada. »
L’expérience 2ELGBTQI+ ne se limite pas à un groupe de personnes.
Les communautés 2ELGBTQI+ ont toujours existé, partout dans le monde et tout au long de l’histoire. Des exemples d’identités sexuelles et de genre diverses qui remontent à des milliers d’années ont été retracées dans des communautés autochtones. Au Canada, cela inclut les personnes deux esprits.
Les personnes 2ELGBTQI+ de groupes culturels ayant été exposés à du racisme vivront leur identité différemment. Elles peuvent être exposées à différentes formes de discrimination en même temps. Par exemple, une personne non binaire noire pourrait vivre à la fois du racisme, de l’homophobie et de la misogynie. Elle pourrait avoir plus d’enjeux dans ses relations avec ses collègues, ses proches et les établissements qu’une personne non binaire blanche ou qu’une personne cisgenre hétérosexuelle noire. Par exemple, 70 % des jeunes transgenres au Canada subissent une certaine forme de violence ou de harcèlement sexuel, particulièrement les jeunes de couleur. Le terme QTBIPOC (personnes de couleur queer, transgenres, noires et autochtones) a été créé pour souligner le caractère unique de ces expériences 2ELGBTQI+.
Souvent, la discrimination, la colonisation, la religion et le racisme ont rendu les expériences des personnes QTBIPOC moins visibles et donc plus difficiles à prendre en compte. Une excellente façon de soutenir la communauté QTBIPOC est de s’assurer que les personnes qui maintiennent leurs traditions vivantes aujourd’hui sont reconnues et célébrées.
Comme exercice de réflexion, pensez aux membres de votre communauté et de votre famille. Est-ce que toutes les personnes sont considérées de la même manière? Comment sont-elles traitées? Que pourriez-vous faire pour qu’elles soient mieux incluses?
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4. « Je n’ai aucun problème avec le fait qu’une personne au travail soit 2ELGBTQI+, mais pourquoi a-t-elle besoin d’en parler? »
Vous avez peut-être remarqué que de plus en plus de milieux de travail célèbrent la Fierté, demandent aux gens d’indiquer leurs pronoms dans leur signature de courriel ou créent des comités 2ELGBTQI+. Si vous ne faites pas partie des communautés 2ELGBTQI+, vous pourriez vous demander pourquoi votre milieu de travail a établi ces pratiques. Ces célébrations et ces mesures sont des façons de veiller à ce que tout le monde se sente à l’aise et en sécurité au travail.
Il n’y a pas si longtemps les membres des communautés 2ELGBTQI+ ne pouvaient pas occuper des postes gouvernementaux. Des années 1950 au début des années 1990, le gouvernement canadien ciblait les personnes qu’il employait, y compris celles du service extérieur, des forces militaires et de la GRC. Des gens ont fait l’objet d’enquête, ont été forcés de divulguer leur orientation sexuelle, puis ont été licenciés en raison d’une fausse croyance selon laquelle l’homosexualité était une « faiblesse de caractère » qui menaçait la sécurité nationale.
Le 28 novembre 2017, le gouvernement canadien a présenté ses excuses pour avoir maltraité et discriminé les membres des communautés 2ELGBTQI+. Le Parlement a également adopté le projet de loi C-66 en 2018, afin d’établir une procédure d’effacement de certaines condamnations historiquement injustes. Ces actions constituent des étapes importantes dans la reconstruction d’un lien de confiance entre ces communautés et le gouvernement. Pourtant, les personnes 2ELGBTQI+ sont toujours trois fois plus susceptibles que les hétérosexuelles de se trouver en situation d’emploi instable.
Certaines personnes 2ELGBTQI+ pourraient éviter de discuter de leur vie privée, cacher des parties d’elles-mêmes ou même éviter leurs collègues par peur d’être jugées ou discriminées. Imaginez avoir peur d’être victime de violence si vous parliez de votre mariage ou d’être mal à l’aise quand une personne se réfère à vous d’une manière qui ne correspond pas à votre identité de genre.
Une étude menée par Conseillers en ressources humaines agréés Canada a démontré l’importance de la mise en place et de l’application de politiques d’équité, de diversité et d’inclusion par les entreprises. Un environnement plus inclusif aide les entreprises et les organisations à être plus productives et innovantes. Tout le monde peut bénéficier d’une culture inclusive. Si les gens sont à l’aise d’être eux-mêmes au travail, ils passeront moins de temps à se soucier de la perception des autres et plus de temps à relever les défis qui se présentent à eux.
À titre d’exercice, pensez à un élément de votre identité, tel que votre origine, votre religion ou votre langue maternelle, et imaginez que vous travailliez dans un environnement où cet élément a déjà été illégal. Vous sentiriez-vous à l’aise de parler librement de votre vie personnelle? Comment est-ce que votre entreprise ou vos collègues pourraient contribuer à ce que vous vous sentiez plus en sécurité d’aborder cet aspect de vous-même?
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5. « Il n’y a pas de mal à questionner les personnes transgenres sur leur apparence d’avant et leur ancien prénom. »
Les personnes transgenres et non binaires se font souvent poser des questions personnelles par des gens qu’elles rencontrent pour la première fois. « As-tu eu une opération? » « Quel était ton prénom avant? » sont des questions trop personnelles. C’est l’équivalent de demander à une personne que vous venez de rencontrer si elle prend de la médication ou si elle a eu une belle enfance. Essayez plutôt de les interroger par rapport aux livres qu’elles aiment ou aux nouveaux restaurants qu’elles auraient découverts. Dans le doute, tenez-vous-en aux sujets légers.
Il vaut mieux attendre qu’elles se sentent à l’aise avec vous et les laisser aborder elles-mêmes les sujets par rapport à leur passé. Sachez que certaines personnes transgenres ne voudront jamais partager cette dimension d’elles-mêmes avec vous, et c’est tout à fait correct. Cela n’a rien à voir avec votre relation avec elles, elles ne veulent tout simplement pas en parler.
Essayez ceci : pensez à une occasion où une personne vous a posé une question trop personnelle et réfléchissez à la manière dont cela vous a fait sentir.
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6. « Je ne me sentirais pas à l’aise de recevoir les soins d’une personne 2ELGBTQI+ (dans un contexte médical, académique ou de consultation psychologique, par exemple). »
Une consultation médicale ou un entretien dans un contexte académique peut vous mettre mal à l’aise parce qu’une personne inconnue vous évalue ou vous traite. Ce sentiment inconfortable peut faire en sorte que vous alliez vers des spécialistes qui ont des similarités avec vous, comme l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Rappelez-vous que chaque spécialiste a suivi une formation pour fournir des services qui respectent les normes de sa profession. Les spécialistes veillent à faire un bon travail, peu importe leur identité ou leur opinion – et cela inclut les personnes 2ELGBTQI+.
Il est également important que des services soient offerts par des personnes des communautés 2ELGBTQI+. Un sondage de 2020 a révélé que plusieurs personnes transgenres et non binaires au Canada avaient des besoins non satisfaits en matière de soin de santé et que certaines (12 %) d’entre elles évitaient même les urgences par peur de recevoir des mauvais traitements.
C’est une bonne chose que plus de spécialistes offrent des services s’adressant particulièrement aux personnes 2ELGBTQI+, afin que tous les gens puissent recevoir les soins qu’ils méritent.
Voici un autre exercice utile : pensez aux réserves que vous pourriez avoir à l’idée de recevoir des services d’une personne 2ELGBTQI+. Puis remettez en question ces idées. Sont-elles fondées sur des faits ou sur des préjugés?
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7. « Je crois que je ne me sens pas complètement à l’aise que des membres de ma famille reçoivent les soins d’une personne 2ELGBTQI+ ou que celle-ci dirige leurs activités. »
Faire confiance à une personne que vous ne connaissez pas très bien pour prendre soin des membres de votre famille peut être inconfortable.
Cela peut faire en sorte que vous redoublez de prudence ou que des préjugés vous influencent plus facilement. Un préjugé courant est que les personnes 2ELGBTQI+ pourraient tenter de persuader vos proches d’adhérer à leurs opinions ou de les inciter à recevoir un traitement contre leur gré. Lorsque votre proche est avec une personne 2ELGBTQI+ professionnelle – que ce soit dans un contexte de camp de jour, d’entraînement sportif ou de consultation médicale – celle-ci va se concentrer sur l’aide apportée à votre proche et non sur les enjeux 2ELGBTQI+.
Toute interaction avec des membres des communautés 2ELGBTQI+ aidera autant votre proche que vous à déconstruire des préjugés que vous pourriez avoir.
Essayez ceci : demandez-vous si vous seriez plus à l’aise que ce soit une personne 2ELGBTQI+ qui fournisse un service dans une situation plutôt que dans une autre. Par exemple, si vous n’avez pas de problème à recevoir des soins médicaux d’une personne 2ELGBTQI+, mais que vous êtes mal à l’aise qu’une personne 2ELGBTQI+ entraîne votre enfant. Si c’est le cas, pourquoi? Est-ce que c’est une préoccupation valable ou un préjugé?
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8. « Je pense que nous ne devrions pas mêler les enfants à ces questions. Les enfants devraient pouvoir rester des enfants. »
Discuter des enjeux des communautés 2ELGBTQI+ avec des adultes peut être délicat, c’est donc compréhensible qu’en parler aux enfants soit difficile. Ces sujets sont souvent associés à la sexualité, qui ne sont pas toujours faciles à aborder avec des enfants. Être 2ELGBTQI+ va bien au-delà de cela. Cela touche les relations, les familles, les identités et plus encore. Par exemple, vous pourriez parler du fait que des enfants ont deux mères ou deux pères, ou que les jouets et les vêtements, comme les camions et les robes, ne sont pas réservés à un seul genre – ils sont pour tout le monde.
Apprendre aux enfants à accepter les différences et à ressentir de la fierté par rapport à leur identité, quelle qu’elle soit, est vital. C’est une bonne manière de les encourager à adopter des comportements acceptants et inclusifs à partir d’un jeune âge, ce qui mènera à un avenir plus inclusif!
Voici une autre question à vous poser pour réfléchir : y a-t-il des sports pour lesquels vous croyez qu’un homme gai entraîneur serait plus apte que d’autres? Si oui, pour quelles raisons? Est-ce que vous vous appuyez sur des faits ou des préjugés?
Félicitations! Il ne reste plus qu’une étape à franchir.
Apprenez à promouvoir des environnements inclusifs et à prendre parole.


« Je lui donne l’espace pour qu’il partage ses expériences avec moi. »
Découvrez les histoires vécues de gens au Canada qui apprennent à soutenir les personnes 2ELGBTQI+ dans leur vie.
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