Allocution prononcée par l’honorable Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté : Le point sur le soutien dont les Ukrainiens déplacés qui arrivent au Canada bénéficieront après leur arrivée

Discours

L’honorable Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, fait le point sur le soutien dont les Ukrainiens déplacés qui arrivent au Canada bénéficieront après leur arrivée.

Ottawa (Ontario)

Le 13 avril 2022

Tel que prononcé

Je vous remercie de m’accueillir aujourd’hui.

D’emblée, je dois avouer que les événements des dernières semaines ont été extrêmement intéressants à observer pour les pires raisons possible. Nous assistons à une guerre d’agression lancée par Vladimir Poutine, qui a poussé plus loin encore son invasion de l’Ukraine, violant l’intégrité territoriale, la souveraineté et le droit à l’autodétermination du peuple ukrainien. C’est le genre de choses que je me souviens avoir étudiées avec un intérêt purement théorique, mais le fait de vivre une telle situation dans toute sa réalité concrète, en temps réel, est encore plus terrifiant que ce que les mots peuvent laisser entendre. Mais s’il y a quelque chose de positif à tirer de mon expérience des dernières semaines à titre de ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, c’est que les Canadiens - et non seulement ceux des différents ordres de gouvernement et du secteur des services d’établissement, mais également ceux des collectivités d’un océan à l’autre - ont exprimé leur volonté de faire leur part.

Pour répondre à l’argument de Chris, il ne fait aucun doute pour moi que le Canada est le meilleur au monde en ce qui concerne la réinstallation pour des motifs humanitaires, mais ce nouveau défi ne ressemble à rien de ce que nous avons déjà connu. Déjà en place avant cette guerre d’agression, nos systèmes n’ont pas été conçus pour prendre en charge en temps réel des personnes qui cherchent un refuge temporaire sûr. Nous avons donc inventé un modèle de protection provisoire et - j’aime votre façon de le décrire - nous l’avons construit à mesure que nous avancions.

Quand on invente une nouvelle solution pour répondre à une crise, on s’aperçoit que les obstacles surgissent au fil du processus et qu’il faut s’adapter en cours de route. Et je suis extrêmement fier de la façon dont j’ai vu le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, les administrations locales et les Canadiens s’adapter aux circonstances.

Le Canada continue de soutenir le peuple ukrainien qui défend son pays contre cette attaque de Vladimir Poutine. Le Canada a réagi rapidement, et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a pris plusieurs mesures pour soutenir les Ukrainiens.

Je repense aux premiers jours de notre planification en vue de cette crise particulière. Dès le milieu du mois de janvier, le 19 janvier pour être précis, nous avons commencé à nous préparer en créant un groupe de travail interne à IRCC. Nous avons mis sur pied une mission de préparation opérationnelle en envoyant des trousses de collecte de données biométriques et des ressources humaines dans la région, afin d’accueillir l’éventuel afflux, dans les pays européens situés à l’ouest de l’Ukraine, de personnes qui pourraient souhaiter venir au Canada. À ce moment-là, nous avons pris la décision de dispenser les ressortissants ukrainiens de tous les frais associés au processus d’immigration au Canada. Nous avons également prolongé la période pendant laquelle les personnes se trouvant déjà au Canada pourront y demeurer, de façon qu’elles ne soient pas forcées de rentrer en Ukraine à l’échéance de leur permis d’étude ou de travail.

Nous avons également accéléré le traitement de chacune des demandes liées à des ressortissants ukrainiens qui se trouvaient déjà dans nos systèmes, mais nous savions que nous devions en faire davantage. C’est pourquoi nous avons créé l’autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, de façon à offrir provisoirement un refuge sûr aux personnes qui cherchaient un endroit où se réfugier, mais qui souhaitaient rentrer en Ukraine dès qu’ils pourraient le faire en toute sécurité. Je suis aussi très heureux d’annoncer que, dans le cadre de ce programme mis en place le 17 mars, le délai de traitement était de deux semaines. Faites le compte : cela signifie que les premières approbations ont été accordées dès la fin du mois de mars. Depuis, 41 000 Ukrainiens ont été autorisés à venir au pays dans le cadre de ce nouveau programme d’immigration accélérée.

Ce n’est pas une mince affaire. Il s’agit d’une voie d’accès accélérée pour venir au Canada qui prévoit un séjour de trois ans et qui peut être liée à un permis de travail ou à un permis d’étude, pour ceux qui en ont besoin. Les enfants qui arrivent ici seront en mesure d’aller à l’école, et les gens auront accès à des possibilités de travail et d’études. Le programme est extrêmement intéressant pour une autre raison, cependant. Des défis uniques ont en effet surgi au fil du temps. Nous avons ainsi pris conscience qu’il est impossible de prévoir les mouvements migratoires lorsque plus de quatre millions de personnes sont obligées de fuir leur pays en quelques semaines à peine. C’est en temps réel que nous voyons vers quels endroits les gens se déplacent et d’où nous parviennent les demandes de données biométriques; nous devons donc nous adapter en conséquence en dépêchant de nouvelles équipes et de nouvelles ressources dans différentes villes d’Europe où nous constatons de forts volumes de demandes.

Nous avons observé des changements non seulement en ce qui a trait à l’emplacement de nos trousses de collecte de données biométriques et de nos ressources humaines, mais également sur le plan des exigences. Suivant les conseils d’experts de la sécurité, nous avons pris la décision de déroger aux exigences relatives aux données biométriques dans le cas de certaines cohortes à faible risque, soit les enfants de moins de 18 ans, les personnes âgées de plus de 60 ans, ainsi que les personnes qui peuvent démontrer qu’elles ont déjà voyagé au Canada. Nous avons également pris la décision de ne pas exiger de vignette matérielle sur les visas dans certains cas, de façon à réduire le nombre de visites à des endroits particuliers, dans l’éventualité où les gens devaient passer par un centre de réception des demandes de visa.

Dans le cas des personnes qui se présentaient sans passeport, nous avons pu délivrer des documents de voyage d’aller simple. L’une des facettes particulières de la situation, qui la distingue des autres programmes habituels de réinstallation de réfugiés, est le fait que nous devons composer avec des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes qui, après avoir été autorisées à venir au Canada, ne restent pas nécessairement à un endroit précis en attendant que leur vol arrive. En réalité, une fois que ces personnes ont obtenu leur autorisation, elles continuent de se déplacer, à la recherche d’un endroit sûr n’importe où en Europe. Nous devons donc maintenant joindre chacune des personnes approuvées afin de connaître leurs plans de voyage, le moment où ils prévoient se déplacer, ainsi que leurs points de départ et d’arrivée, de façon à mieux nous préparer à leur arrivée ultérieure au pays.

C’est l’un des aspects sur lesquels Chris a mis l’accent : le fait qu’il a fallu inventer non seulement une nouvelle façon d’autoriser des gens à venir au Canada, mais également un nouveau moyen de les soutenir après leur arrivée, bien que la plupart des Ukrainiens entrent au pays à titre de résidents temporaires. En reconnaissance des circonstances particulières qui affectent les Ukrainiens, nous avons récemment annoncé que nous prolongions l’aide à l’établissement offerte à tous ceux qui arrivent au Canada dans le cadre de ces programmes. Cela signifie qu’ils auront accès à des services clés qui faciliteront leur établissement dans leurs nouvelles collectivités, ces services comprenant notamment des cours de langue, de l’aide à l’emploi et de l’information sur l’inscription des enfants à l’école.

Nous le savons, et les collectivités aussi : ce sont les organismes d’établissement présents dans les collectivités qui sont le mieux placés pour aider les gens à s’établir dans ces collectivités. Parfois, ce sont des démarches officielles, comme les cours de langue; à d’autres occasions, il s’agit de montrer à une personne comment utiliser les transports en commun dans son nouveau quartier, de déterminer comment inscrire leurs enfants à l’équipe locale de soccer ou de fournir des services de garde d’enfants pendant que les parents suivent des cours de langue. Il s’agit d’aider une personne à trouver un emploi, cette aide comprenant des services destinés aux femmes, aux personnes âgées, aux jeunes et aux personnes LGBTQ2+. Ce sont là des choses vraiment significatives, et je tiens à remercier les intervenants du secteur des services d’établissement du Canada. C’est très, très important.

Pour ceci, nous allons compter sur plus de 550 organismes de services d’établissement d’un bout à l’autre du Canada qui se mobilisent pour jouer un rôle clé dans le soutien des Ukrainiens après leur arrivée.

Par ailleurs, je veux souligner que ce mois-ci, la Croix-Rouge, avec le soutien du gouvernement du Canada, a commencé à remettre de la documentation d’arrivée aux Ukrainiens dans les aéroports, l’initiative ciblant d’abord Toronto, Vancouver et Edmonton. Présentée en ukrainien, cette documentation comprend de l’information clé sur les mécanismes de soutien et les services, ainsi que d’autres renseignements à l’intention des Ukrainiens venant tout juste d’arriver. En fait, quand mon vol a atterri à l’aéroport de Vancouver plus tôt aujourd’hui, j’ai assisté à ma première réunion de la journée au pied d’un escalier mécanique, car j’y ai vu la Croix-Rouge qui offrait justement ces services.

J’ai rencontré là des personnes capables de prodiguer les premiers soins et de fournir du soutien psychosocial en matière de santé mentale; des gens qui prenaient en note les compétences des arrivants afin de les aiguiller vers des possibilités d’emploi dans leur collectivité d’accueil; et d’autres qui les renseignaient sur la marche à suivre pour ouvrir un compte bancaire et obtenir un numéro d’assurance sociale. C’est le genre de choses qui font en sorte que les réfugiés ne sont pas simplement accueillis ici; ils sont pris en charge en vue de faciliter leur réussite dès leur arrivée.

En dépit de l’attention spéciale portée à ce programme de résidence temporaire, je tiens à mentionner que nous avons également mis en place une voie d’accès spéciale à la résidence permanente pour la catégorie du regroupement familial. J’espère pouvoir vous donner de plus amples détails dans les semaines qui viennent.

C’est ce que nous devons faire. Nous savons que venir vivre dans un nouveau pays, même temporairement, n’est pas facile, et nous continuerons à chercher des moyens de soutenir davantage les Ukrainiens après leur arrivée.

Nous savons toutefois que nous pouvons continuer à faire encore plus. Le weekend dernier, lors de la conférence des donateurs « Agir pour l’Ukraine » qui était coprésidée par le premier ministre, vous avez peut-être vu ce dernier annoncer la mise en place de mesures de soutien supplémentaires destinées aux Ukrainiens qui fuient le conflit, ou plutôt la guerre illégale menée par Vladimir Poutine. Dans le cas des personnes qui arrivent ici en vertu d’une autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, nous fournissons un soutien au revenu d’une durée de six semaines après l’arrivée. Nous veillons à affréter des vols pour faciliter l’arrivée au Canada et nous offrirons le logement temporaire à l’hôtel pour une durée de deux semaines aux personnes qui n’ont peut-être pas d’hébergement approprié à leur arrivée, afin qu’ils aient la certitude de pouvoir se rendre ici en toute sécurité et se prévaloir de quelques-uns des mécanismes de soutien offerts dans la collectivité.

Je tiens également à remercier nos partenaires provinciaux et territoriaux qui se sont mobilisés pour permettre aux Ukrainiens d’accéder aux soins de santé et à l’éducation.

Votre appui, de même que celui des organismes de services de réinstallation d’un bout à l’autre du Canada, s’est révélé essentiel pour faire en sorte que les personnes qui fuient la guerre reçoivent du soutien avant et après leur arrivée. J’en suis absolument enchanté, et pas seulement en raison de la blague que j’ai faite aux dépens de Nathan au début de mon allocution! J’ai été enchanté de voir les provinces prendre l’initiative comme elles l’ont fait, de voir le secteur des services d’établissement prendre l’initiative comme il l’a fait. Ce fut un effort d’équipe - d’Équipe Canada - dès le début. Peu importe l’ordre de gouvernement ou le parti politique, chacun a levé la main et exprimé son désir de participer. Alors, travaillons ensemble de manière à être efficaces.

J’ai la conviction que peu importe où un ressortissant ukrainien arrivera au Canada, le nouveau site Web mis en fonction aujourd’hui lui permettra d’obtenir de l’information essentielle sur le logement d’urgence et les soins de santé, la soumission d’une demande de numéro d’assurance sociale, la recherche d’emploi et (inaudible) avec un permis de travail ouvert. Rien de plus canadien que de rassembler chaque semaine tous les intervenants d’un bout à l’autre du pays pour cerner les lacunes qui restent et résoudre les problèmes ensemble. Qu’il s’agisse de l’approche appliquée ici en Colombie-Britannique avec la Croix-Rouge, ou de celle de Toronto, qui est coordonnée par COSTI et la ville de Toronto, chaque province élabore sa propre démarche adaptée à son territoire de compétence, en partenariat avec les organismes locaux de services d’établissement, qui connaissent le mieux les collectivités, ainsi qu’avec les sections provinciales du Congrès des Ukrainiens Canadiens.

C’est bien plus qu’un site Web. Il s’agit d’un service essentiel pour les Ukrainiens qui cherchent un refuge sûr.

Je veux remercier les organismes du secteur des services d’établissement de l’ensemble du pays pour avoir, encore une fois, répondu présent et soutenu de nouveaux arrivants dans le besoin tandis qu’ils s’affairaient toujours aussi ardemment à composer avec un afflux de réfugiés afghans - j’en ai d’ailleurs rencontré quelques-uns hier après-midi, à Halifax - sans parler des réfugiés qui arrivent au Canada en provenance des quatre coins du globe. La situation évolue si rapidement que je demande à tous ceux qui sont concernés de rester à l’affut de l’information à mesure qu’elle est diffusée. Nous continuons de relever les défis qui surviennent en temps réel et de tenir les gens informés à mesure que les renseignements sont disponibles.

J’ai cependant grandement confiance que les mesures prises jusqu’ici démontrent notre appui continu et indéfectible au peuple ukrainien. En terminant, je veux remercier encore une fois tous ceux qui ont levé la main et manifesté le désir d’aider au sein de leurs propres collectivités. Ma mère est l’une de ces personnes, qui est impatiente d’accueillir une famille après que ses six enfants ont quitté le foyer familial. Quoi de plus canadien, en fait? Je garderai pour toujours le souvenir d’avoir eu la possibilité - le privilège, en réalité - de jouer un petit rôle. Mais je ne peux pas y arriver seul, et le gouvernement fédéral non plus. Mais grâce aux partenaires des provinces et du secteur des services d’établissement, je sais que nous y arriverons ensemble et que nous y arriverons correctement. Je vous remercie infiniment. C’est avec plaisir que je suis avec vous ici aujourd’hui.

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