AFGH – Mot d’ouverture pour l’honorable Sean Fraser, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté au Comité spécial de la Chambre des communes sur l’Afghanistan (AFGH) sur les mesures d’immigration – 25 avril 2022
Ottawa (Ontario)
Le 25 avril 2022
Introduction et aperçu du programme
Monsieur le Président, je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de prendre la parole devant le Comité sur les efforts déployés par le Gouvernement pour réinstaller les réfugiés afghans.
Comme vous le savez, Monsieur le Président, à la suite de la crise humanitaire en Afghanistan l’été dernier, le Gouvernement s’est initialement engagé à réinstaller 20 000 réfugiés afghans vulnérables, et nous avons maintenant augmenté cet engagement pour réinstaller au Canada au moins 40 000 Afghans vulnérables.
Je suis fier de dire que nous avons accueilli plus de 11 500 Afghans au Canada, et que d’autres vols arrivent chaque semaine.
Aussi récemment que jeudi dernier, plus de 330 Afghans qui ont aidé la mission du Canada en Afghanistan sont arrivés à bord d’un vol nolisé du Pakistan à Calgary, et deux autres avions nolisés arrivent cette semaine, avec à leur bord des réfugiés parrainés par le secteur privé et pris en charge par le gouvernement.
Nous avons mis en place plusieurs voies distinctes et spécialisées pour les réfugiés afghans. Cela, en plus d’obstacles logistiques sans précédent et la situation très difficile sur le terrain, a créé de réels défis pour le programme.
C’est pourquoi je suis heureux d’être ici aujourd’hui et qu’on m’ait proposé de rester pendant les 2 heures complètes, afin que je puisse prendre le temps de répondre à certaines de ces questions et de fournir des renseignements et des éclaircissements supplémentaires. J’attends avec impatience de recevoir les recommandations du rapport du comité pour voir ce que nous pouvons continuer à faire pour aider les Afghans vulnérables.
Nos programmes comprennent les mesures spéciales d’immigration pour les ressortissants afghans qui, comme ceux qui sont arrivés à Calgary la semaine dernière, ont directement aidé le gouvernement du Canada dans le cadre de notre mission en Afghanistan.
Dans le cadre de notre engagement de réinstaller plus de 40 000 Afghans, nous accueillerons environ 18 000 personnes et membres de leurs familles qui ont eu des relations directes, importantes et durables avec le Canada, par le biais de leur travail avec les ministères de la Défense nationale ou des Affaires mondiales.
Un volet spécial que nous avons mis en œuvre vise à réinstaller 5 000 membres de la famille élargie d’interprètes qui vivent déjà au Canada et qui n’ont pas été inclus dans les programmes de 2009 et de 2012.
Nous avons également mis en œuvre un volet humanitaire distinct, afin d’accueillir encore plus de réfugiés afghans en fonction de leurs vulnérabilités particulières, notamment les femmes dirigeantes, les personnes LGBTQ2, les défenseurs des droits de la personne, les journalistes et les membres de minorités religieuses et ethniques.
Comme dans le cas de nos programmes habituels pour les réfugiés, le volet humanitaire fonctionne par l’entremise d’un système de renvoi et les personnes ne présentent pas de demande directe. Au lieu de cela, les personnes sont référées par des partenaires désignés, formés et expérimentés pour évaluer la vulnérabilité et opérer dans des situations de déplacement de masse et de difficultés humanitaires.
Les partenaires de renvoi comprennent le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), Front Line Defenders, Protect Defenders et les répondants privés au Canada.
Compte tenu de la situation actuelle en Afghanistan, et à titre exceptionnel, nous renoncerons à l’exigence de la reconnaissance du statut de réfugié pour certaines demandes de parrainage privé, ce qui élargira l’accès des parrains au programme.
C’est l’une des façons dont nous continuons de travailler avec les milliers de Canadiens à travers le pays qui souhaitent aider de toutes les manières possibles.
En plus de toutes ces voies spéciales, nous allons travailler avec nos partenaires pour utiliser le Projet pilote sur la voie d’accès à la mobilité économique, un programme novateur conçu pour aider les réfugiés qualifiés à se réinstaller au Canada, afin d’accueillir encore plus de réfugiés afghans.
Traitement
En utilisant notre réseau de bureaux de la migration et en mettant en œuvre des approches flexibles lorsque c’est possible, nous avons simplifié les demandes de l’Afghanistan pour traiter les dossiers le plus rapidement possible.
Dans chaque scénario, nous identifions et mettons en œuvre des solutions créatives, notamment : renoncer à certaines exigences habituelles; élargir l’admissibilité à certaines aides préalables à l’arrivée; fournir des canaux de communication dédiés; fournir de nouveaux outils pour la réception des demandes électroniques; entreprendre des voyages de collecte de données biométriques; et mobiliser des ressources importantes.
Monsieur le Président, de loin, le plus grand défi est que bon nombre des personnes sélectionnées dans le cadre du Programme d’immigration spécial sont toujours en Afghanistan, un pays contrôlé par une organisation terroriste, où le gouvernement du Canada n’a aucune présence militaire ou diplomatique.
Et nos partenaires internationaux habituels ne sont pas en mesure de fournir le soutien logistique ordinaire et d’organiser le voyage de ces personnes.
Il y a des millions de réfugiés afghans qui ont fui l’Afghanistan, et si nous voulions faire venir 40 000 Afghans qui sont déjà dans des pays tiers, nous pourrions exécuter notre programme plus rapidement.
Toutefois, nous nous sommes engagés envers certaines personnes et leurs familles compte tenu de leur travail avec le Canada, et nous ne les laisserons pas tomber, même si cela signifie un travail plus laborieux, c’est-à-dire continuer à chercher des moyens de les sortir d’Afghanistan pour les faire venir au Canada.
Nous faisons tout ce que nous pouvons et trouvons de nouvelles façons d’aider les Afghans à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afghanistan, notamment en collaborant avec des ONG et en mobilisant d’autres gouvernements.
Nous allons continuer à travailler pour assurer le passage sécuritaire des personnes en Afghanistan, afin qu’elles puissent se rendre dans un pays tiers sûr, de façon à nous permettre de terminer le traitement de leur demande et de faciliter leur voyage subséquent vers le Canada.
Nous travaillons avec des partenaires de la région, qu’il s’agisse d’organisations étatiques, internationales ou d’organisations à but non lucratif, afin de déterminer la voie à suivre.
Par exemple, nous avons établi un partenariat avec Aman Lara – une organisation dirigée par des vétérans qui aide à évacuer des personnes de zones de conflit et qui a aidé à assurer le passage sécuritaire de milliers de réfugiés afghans appelés à s’installer au Canada.
Le plus gros obstacle n’est pas la capacité de traitement du gouvernement du Canada – ce sont les facteurs situationnels et environnementaux sur le terrain en Afghanistan. Ce sont des défis sur lesquels nous travaillons tous les jours, que nous partageons avec des partenaires partageant des vues similaires. Nous ne sommes pas les seuls à faire face à de tels obstacles et défis.
Engagement du Canada sur la scène mondiale
Je pense qu’il est important de placer l’engagement du Canada envers les Afghans dans un contexte mondial.
Contrairement à d’autres pays partenaires de la région et à certains de nos alliés, le Canada n’avait pas de présence militaire établie dans les mois et les années précédant la chute de Kaboul, et pourtant, nous avons certains des engagements et des efforts les plus importants consacrés à la réinstallation des réfugiés afghans.
Par habitant, notre objectif d’amener au moins 40 000 ressortissants afghans au Canada nous place parmi les meilleurs pays du monde en matière de réinstallation, juste derrière les États-Unis en termes de nombre.
En ce qui concerne les chiffres bruts, notre engagement de 40 000 est plus important que celui du Royaume-Uni et de l’Australie, et le même que celui de l’Union européenne, qui compte dix fois la population du Canada.
Nous avons une longue et fière tradition d’accueil des plus vulnérables au monde, et nous continuerons de travailler fort pour amener ces personnes au Canada aussi rapidement et en toute sécurité que possible.
Depuis la chute de Kaboul, le gouvernement du Canada a reçu plus d’un million de communications de la part de personnes se disant intéressées à venir au Canada, un nombre de personnes bien plus élevé que celui que nous pourrions faire venir au Canada. C’est la preuve de l’ampleur de la tragédie humaine qui continue de se dérouler en Afghanistan.
Le Canada continuera de collaborer avec ses partenaires pour fournir une aide humanitaire essentielle à ceux qui en ont le plus besoin, afin d’aider le peuple courageux d’Afghanistan dans les années à venir. Et, nous fournirons une nouvelle maison au Canada à plus de 40 000 d’entre eux.
Je sais que ce sera des nouvelles incroyablement dures pour de nombreuses personnes vulnérables, mais la dure réalité, c’est que tous ceux qui ont indiqué souhaiter venir au Canada ne seront pas admissibles à notre programme.
Comme nous l’avons dit, nous avons pour priorité les personnes qui ont directement appuyé la mission du Canada en Afghanistan, les familles d’interprètes et d’autres Afghans de groupes ciblés par les Talibans.
Et je sais que beaucoup attendaient une réponse du gouvernement du Canada concernant leur admissibilité au volet des mesures spéciales d’immigration.
Au cours des prochaines semaines, nous communiquerons directement avec des centaines d’autres personnes nouvellement admissibles à notre programme, ainsi qu’avec celles qui ne sont pas admissibles pour le moment.
Et, permettez-moi d’être clair : nous avons travaillé d’arrache-pied pour amener au Canada les personnes déjà approuvées dans le cadre de ce programme, et d’autres vols arrivent chaque semaine partout au pays. Cela malgré les graves défis opérationnels auxquels nous et nos alliés sommes confrontés sur le terrain.
Installation
Nous devons également nous assurer d’appuyer les Afghans dès leur arrivée au Canada, et la réussite de cette initiative de grande envergure continuera d’exiger la collaboration à l’échelle du gouvernement du Canada, ainsi qu’avec les provinces et les territoires, les fournisseurs de services de réinstallation et d’établissement, les répondants privés, les communautés francophones en situation minoritaire, d’autres intervenants et tous les Canadiens.
Des Canadiens de tous horizons se sont mobilisés pour aider, et il a été vraiment réconfortant de voir de nombreux anciens réfugiés syriens offrir leur soutien aux Afghans nouvellement arrivés.
Nous avons également mis sur pied le Comité directeur national pour les Afghans en août dernier, dirigé par Fariborz Birjandian. Il est lui-même un ancien réfugié et le directeur général de l’un des organismes de réinstallation les plus importants et les plus prospères – la Calgary Catholic Immigration Society.
Le Comité directeur coordonne les bénévoles et les dons au nom de tous les fournisseurs d’aide à la réinstallation du Canada qui accueillent les réfugiés afghans dans leurs collectivités.
Il est parfois facile de se perdre dans les chiffres et d’oublier l’élément humain de ce récit.
Plus de 11 500 Afghans sont déjà arrivés au Canada. C’est plus de 11 500 vies qui se sont radicalement améliorées, alors qu’elles sont accueillies dans leurs nouvelles maisons et collectivités partout au pays.
Cette initiative me tient à cœur, et chaque fois que je rencontre une personne qui est arrivée dans le cadre de notre programme, je me rappelle qu’il ne s’agit là que d’un prolongement de l’engagement humanitaire de longue date du Canada à aider les plus vulnérables du monde entier.
Je pense aux enfants de défenseurs afghans des droits de la personne avec qui j’ai joué au soccer à Calgary, aux interprètes que j’ai rencontrés dans la rue le même jour et qui venaient de terminer leur quarantaine de deux semaines, aux familles à qui j’ai souhaité la bienvenue alors qu’elles débarquaient d’un vol nolisé du Tadjikistan à Toronto, et lorsque j’étais en Colombie-Britannique, j’ai rencontré des Afghans-Sikhs qui sont venus au Canada avec l’aide de la Manmeet Singh Bhullar Foundation.
Ils représentent tous des débuts uniques au Canada, et ils font partie de notre pays et de notre société. Ils peuvent tous maintenant contribuer à l’histoire du Canada.
Nous continuerons de travailler très fort pour accueillir plus d’Afghans au Canada aussi rapidement et en toute sécurité que possible.
Monsieur le Président, je serai maintenant heureux de répondre à toutes les questions que les membres du Comité pourraient avoir.
Je vous remercie.
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